En 1889, Duclair voulut son marché aux bestiaux franc et mensuel. Six communes de l'Eure s'y opposèrent. Les débats

Conseil général de l'Eure, session du 30 avril 1889.
 
Messieurs,
 
« Le conseil municipal de Duclair (Seine-Inférieure), dans sa séance du 24 juin dernier, a pris une délibération tendante à obtenir la création d'un marché franc et mensuel pour la vente des boeufs, vaches, chevaux, moutons, poulains, pailles et fourrages de toute espèce ; l'opportunité de ce marché lui paraissait démontrée et fondée, par cette considération, entr'autres, que la commune de Duclair est éloignée de plus de trois myriamètres des centres
où se tiennent de semblables marchés. Il conclut à son caractère d'utilité publique incontestable.

 

«  Considérant, dit la délibération, « qu'un marché, approuvé par M. le préfet de la Seine-Inférieure, se tient déjà tous les mardis à Duclair, demande que ce marché actuel pour la vente des boeufs, chevaux, poulains, vaches, moutons, pailles et fourrages soit transformé en un marché franc et mensuel qui se tiendrait le deuxième mardi de chaque mois. »
 
«  Sur les 23 communes du département qui ont été invitées à se prononcer sur ce projet, 16 ont émis des avis favorables, 6 ont formé opposition, une seule s'est abstenue.
 
« Les conseils municipaux de Routot, de Bourg-Achard et autres de l'arrondissement de Pont-Audemer, ont motivé leur opposition ; nous les citons :
 
«  Routot : « Considérant que la création d'un marché franc dans la commune de Duclair, pour la vente des boeufs, vaches, chevaux, poulains, moutons et fourrages de toute espèce, ne pourrait être que préjudiciable au marché de Routot, est d'avis unanime que le marché franc ne doit pas être autorisé. »
 
« Bourg-Achard : Le conseil municipal, après un examen sérieux, ayant reconnu que la création d'un marché franc à Duclair, fixé, comme il est demandé, au deuxième mardi de chaque mois, pourrait nuire aux intérêts de la commune de Bourg-Achard, notamment en ce qui concerne les foires des 10 avril, 11 juin et 9 novembre qui se tiennent annuellement dans la dite commune ; attendu que, bien souvent, le jour du marché franc coïnciderait avec le
jour des foires précitées ; par ces motifs, le conseil, à l'unanimité, émet l'avis que la création du marché franc dont il s'agit ne soit pas autorisée, surtout le deuxième mardi de chaque mois. »
 
« Vieux-Port: « Considérant que la création d'un marché franc à Duclair porterait préjucice à celui de Routot, en retirant de ce dernier marché un certain nombre de vendeurs, refuse, à l'unanimité, de donner son approbation. »
 
« La Haye-Aubrée : Considérant qu'il existe un assez grand nombre de débouchés dans la région, sans en créer de nouveaux ; que, d'ailleurs, la création de ce marché serait nuisible à celui de Routot, déclare ne pas l'approuver. »
 
« Brestot : Considérant que le marché dont on demande la création à Duclair n'est d'aucune utilité et qu'il ne pourrait que nuire à celui de Routot, émet l'avis que la demande du conseil de Duclair soit rejetée. »
 
« Bosbénard : « Le conseil municipal de Bosbénard, à l'unanimité, est d'avis que la demande faite par le conseil municipal de Duclair ne soit pas prise en considération par l'autorité supérieure, attendu que si la création du marché franc dont il s'agit était autorisée, cela nuirait aux intérêts des cultivateurs et petits ménagers, qui ont l'habitude de conduire leurs bestiaux aux foires qui se tiennent à Bourg-Achard à des dates aux mêmes époques ou à peu près.»
 
« Messieurs, votre 3e commission est d'avis que, d'après les observations faites par ces six communes, le Conseil général donne un avis défavorable pour la création de ce marché.
 
M. le Président : — Il n'y a pas d'opposition?... Les conclusions de la 3e commission sont adoptées


Sources

Délibérations du conseil général de l'Eure.

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