et Jean-Yves Marchand.
Photos de Marc Ribès

Quand
une paroisse est
coupée en deux par un fleuve comme la Seine, la
simplicité n'a rien de biblique. En 1710, le curé
de Jumièges demande un nouveau vicaire pour desservir
Heurteauville. Déjà,
la
rive droite de sa paroisse est très étendue.
Entre les Sablons et le Conihout, "séparé
de l'église par des marests qui sont affreux par leurs
digues et fossés qui le traversent et
environnent..." Mais pour visiter ses ouailles
d'Heurteauville, alors
là il
lui faut traverser sans cesse la Seine au risque de sa vie. Viel doit
aussi aller chercher le corps des défunts pour les
accompagner jusqu'à
l'église
paroissiale. Le
voyage, par tous les temps,
est parfois impossible et "quantité
de malades sont morts
sans visite et sans sacrements." C'était
encore le cas, le 27 janvier 1709. Anne Hébert
dut être enterrée à la Mailleraye. Le
fleuve était gelé...
Enfin, Viel
assure encore avec les
moines le service
exigé à la chapelle du Torp par son donateur en
1083. Une trentaine de messes pas an... Le Torp ? Ancienne
villa
romaine, affublé d'une nom scandinave, ce domaine agricole
est
situé dans un essart
dans la forêt de Brotonne, à Guerbaville.
Robert de Meulan en a fait don aux religieux de Jumièges qui
y
édifièrent une chapelle Saint-Philibert. En
contrepartie,
à perpétuité, deux moines devaient y
résider pour prier au salut du comte et de
sa postérité.
![]() |
La chapelle
mesure 18,15 m de long
sur 6,85 m de large. A l'arrière, la sacristie est un rajout
opéré en 1890.
|
![]() |
De
leur côté, les paroissiens d'Heurteauville
traversent la Seine plus de 80 fois par an pour assister aux messes
dominicales, l'office de 10 h du matin et les vêpres de deux
heures et demie, mais aussi aux fêtes du calendrier. Sans
compter les baptêmes, mariages, inhumations... Alors pour ce
faire,
ils n'empruntent pas le bachot du passage, mais leur propre flette qui
les mène au bout de la rue des Iles. Ce qui n'est pas
toujours du goût des riverains. En
1722, excédé, revendiquant la rive,
SA rive, Nicolas Boquet fit
"démarrer par
ses fils et ses gens"
la barque de Jean Tuvache. Il était venu assister
à
l'office de l'Ascension. Plainte... Les enfants eux aussi doivent
traverser le fleuve pour recevoir l'enseignement catholique et
général.
Vingt noyés introuvables !
La statuaire
comprend notamment une vierge à l'enfant, le curé
d'Ars, sainte Austreberthe (XVIe)...
|
Le 15 août 1726, les habitants d'Heurteauville demandent donc l'érection d'une chapelle face aux risques encourus "une grande partie de l'année pour assister au service à l'église sur la rive droite de la Seine". Plusieurs érudits expliquent la pétition par la noyade d'une vingtaine de paroissiens se rendant à l'office divin. Les registres paroissiaux n'en disent rien. Tout au plus trois noyés dans un même accident en juillet 1722 . Mais bon, les noyés ont souvent la bougeotte... Le 11 juillet 1722, on inhuma avec la permission des religieux et du bailly de Justice le corps de Valentin Vastey "qui a été noyé par un accident". On n'en dit pas plus de la victime. Il y eut aussi Valentin de la Metterie, 24 ans, fils de Valentin et Catherine Roger. Victime encore Jean Deconihout, dit Duflac, 21 ans. |
Tout
ira très vite. L'archevêché ouvre une
enquête de commodo
et incommodo dès
novembre 1726. Mgr Lavergne de Tasseran ordonne la
construction. Suivi par l'Intendance de la
Généralité de Rouen au mois de janvier
suivant.
Résultat: un
arrêt du
Conseil d'Etat autorise la construction de la chapelle, le 1er avril
1727, sur un terrain cédé par les sieurs Chantin
et
Saffray. Juste Houel nous affirme qu'elle sera
édifiée
sur les fondations d'une ancienne chapelle. Ce que confirme
l'abbé Cochet. Pour lui s'élevait là
un ancien
oratoire pour satisfaire la piété des marins qui
remontaient ou descendaient le fleuve. Certains auteurs
n'hésitent pas à y voir les restes de Saint-Vast
où Rollon aurait déposé les reliques
de sainte
Hermentrude.
Quoi qu'il en soit, le Conseil nomme par
l'intermédiaire du sieur de
Gasville
un certain Martinet comme architecte-expert. Il dressera les plans et
devis d'une chapelle-église. Ce dernier inclut l'achat d'un
terrain, la création d'un cimetière et d'un
presbytère. Les
habitants aisés se proposent
aussitôt d'en financer l'entretien. Le
financement
des terrains, de la construction, de l'entretien de la nouvelle
chapelle et du prêtre viendra d'une imposition sur
les
propriétaires d'Heurteauville. 2 à 300 livres par
an
aussi longtemps que Gasville le jugera à propos.
![]() La
nef autrefois...
...et depuis la restauration. L'autel majeur en bois est du XIXe. Ex-voto représentant le Saint-François, trois-mâts carré. |
![]() |
La voûte est la réplique de l'ossature d'un navire...
L'ancienne chapelle du Torp semble alors abandonnée. Située à Guerbaville dans un corps de ferme, elle est éloignée d'Heurteauville, la traversée du marais de la Harelle est difficile... Aussi, les messes y sont rares. Si bien que le grenier au dessus du chœur sert à stocker foins et fourages. Tout cela est consigné dans un procès-verbal et par une ordonnance du 10 novembre 1727, l'archevêque promet à l'abbé Saint-Simon de faire démolir la vieille chapelle. Les matériaux, la cloche, les vases, linges, images et ornements sacrés iront au nouvel édifice.
Iici, lors d'une porte ouverte en juillet 2008.
Placée
sous le vocable de saint Simon et de saint Jude, la
chapelle d’Heurteauville est achevée en 1730. Sans
guère de modifications du projet initial. Contrairement
à
ce que prévoyait l'arrêté du 1er avril
1727, les
pierres de la chapelle du Torp n'ont pas servi à la
construction. On alla puiser dans les carrières de
Port-Jumièges, propriétés de l'abbaye.
En
revanche, ornements, charpente et cloche proviennent bien du Torp. A
Port-Jumièges se voyaient encore une chapelle
ruinée qui,
vouée à Sainte-Austreberthe, avait, dit-on,
été entourée d'un
cimetière. Une statue de
la sainte abbesse fut paraît-il transportée de cet
ancien
sanctuaire vers le nouveau et l'on fêtera Austreberthe chaque
lundi de Pentecôte. Plus tard, au dessus de la porte, on
hissera
une statue venue de l'abbaye.
En attendant, le service de Guerbaville qui rebutait tant le
curé
Viel est
reporté sur Heurteauville et son vicaire percevra 100 livres
par
an pour cette peine.
1728: l'imposition des gros propriétaires est transormée en rente sur une portion de prairie mesurant dix acres.
Des mariages "secrets" ?On
traite des faits divers, à la chapelle du Bout-du-Vent : "Le
mardy vingt cinq juillet mil sept cent soixante neuf a
été par nous, vicaire de cette paroisse et
desservant la
chapelle d'Heurteauville, inhumé dans le
cimetière
Jean-Baptiste Martin, âgé de dix ans, qui a eu le
malheur
de tomber dans les fossés de tourbes où il s'est
noyé étant à garder les vaches chez
Jean Dantin,
tourbier au hameau d'Herteauville... " Orphelin de mère, ce
garçon était originaire de
Bénouville-en-Caux.
Jacques Nobert , le curé Grenier et le tourbier Dantin
signèrent l'acte.
Mais y célèbre-t-on des mariages secrets ? En cette chapelle du Bout du vent, il se serait très vite établi une coutume qui permettait d'unir les jeunes gens sans l'autorisation parentale. Il suffisait alors de solliciter le vicaire. Cela aurait duré jusqu'à la Révolution. C'est M. Boimare, sacristain de l'église d'Hautot, qui aurait confirmé cette tradition à l'abbé Tougard. Il citait son église mais aussi la chapelle de la Mardote, à Moulineaux ainsi que la chapelle du Bout-du-Vent pour cadre de cette coutume. Tougard la mentionne en 1874 dans son ouvrage sur Moulineaux puis en 1879 dans sa Géographie de la Seine-Inférieure.
Sous l'ancien régime, la chapelle d'Heurteauville n'a pas titre de succursale, pas de clocher et, comme on ne dîme qu'en vertu de celui-ci, les ressources du desservant consistent dans une rente de MM. les religieux et dans le revenu de 7 acres environ de prairies, qu'il récolte lui-même et dont il envoit les foins au marché de Caudebec.
On connaît quelques desservants
d'Heurteauville sous l'ancien régime. L'abbé
Pouchin en 1746, l'abbé
Adam en 1773. Il est ainsi l'auxiliaire du curé de
Jumièges, Jean-Pierre Grenier, à qui il
succède
aussitôt.
En 1780, on demande dans les six mois la
création du cimetière initialement
prévu. En vain. Les habitants d'Heuteauville continueront
d'être
inhumés
à Jumièges. Jusqu'au crépuscule du XXe
siècle, il subsistera un carré
réservé
dans le champ mortuaire
de Saint-Valentin. Dans
les années 1780, Monsieur Daviron est le prêtre
vicaire d'Heurteauville. Il il
enseigne le catéchisme, fait classe, administre
en principe les sacrements, hormis celui du mariage.
En principe, car les gens d'Heurteauville semblent continuer
à
traverser la Seine pour nombre de devoirs religieux. Daviron
prêtera serment à la Révolution. Comme
ses
collègues de la presqu'île. Il mourra à
Epreville-en-Roumois.
17 articles ! 1780, c'est l'année où le cardinal de La Rochefoucauld réglementa les obligations respectives du curé de Jumièges et de son chapelain. Le premier peut venir célébrer à sa guise, le 17 octobre, la fête de Saint-Simon et Saint-Jude. Son vicaire le remplace alors sur l'autre rive. Ce dernier est tenu de s'y rendre à la Saint-Valentin, de remplacer le curé à Jumièges en cas d'absence mais de rentrer dormir à Heurteauville.
La chaire à prêcher |
1791: le desservant est nommé à Jumièges. Les habitants demandent à l'administration de pouvoir se choisir un chapelain. Mais le district de Caudebec confie ce recrutement au curé du Mesnil. 1792: le nouveau chapelain est pourvu de la cure de Guerbaville. Les habitants demandent à nouveau de pouvoir choisir un prêtre. L'évêque Gratien soutient que c'est au curé de nommer le desservant. on en resta là. Ce fut un ancien moine, Dom de Montigny, qui officia en ces années-là. En 1794, la cloche fut sans doute fondue comme nombre de ses sœurs pour former des canons. |
Si un ancien moine, Desaulty, fut maire de Jumièges et trépassa chez celle qui passait pour sa maîtresse, Mlle Diniaumare, deux autres bénédictins finirent leurs jours à Heurteauville. D'abord Louis Charles de Mésanges. Né à La Ferrière-Béchet, diocèse de Séez, le 3 mai 1714, il avait fait profession le 13 novembre à l'abbaye de Saint-Evoult. A la Révolution, sénieur, Louis Charles de Mésanges a 76 ans. Religieux depuis 58 ans, à Jumièges depuis 27, il déclare que "dans la crainte qu'un changement d'air et de climat n'altera sa santé au point de le réduire à un état de langueur (...) son intention est de se retirer dans quelques maisons du village de Jumièges". En attendant d'en savoir plus... Affublé d'un tel nom, Mésanges fut le grand chantre de l'abbaye et il garda, paraît-il, sa voix la plus pure jusqu'à à la mort. Il est décédé à 84 ans le 29 novembre 1796 à trois heures du matin chez ses logeurs, Marie-Rose Carpentier, veuve Belliard 52 ans et son fils Jacques, menuisier de 25 ans. L'ancien organiste de l'abbaye, adjoint municipal de Jumièges, David Foutrel alla s'assurer du décès.
Le second moine fut curé
d'Heurteauville. Né
à Falaise le 12 avril 1744 de Jean Baptiste de Montigny et
de
Jacqueline Anseaume, établis à
Saint-Pierre-sur-Dives,
Jean-Jacques de Montigny fut profès à
Séez le 8
octobre 1761. A 46 ans, il est procureur et cellérier de
l'abbaye en 1790 en 1790, il déclare le 27 mai « qu'il se
réserve à se
décider lorsqu'il saura quelles sont les maisons qui seront
conservées et le régime qu'on sera
obligé d'y
suivre » (Arch.
Nat. D XIX 13, n° 181).
Assermenté, il dessert la chapelle d'Heurteauville de 1790
à 1793.
Le 17 mai 1796,
un passeport révolutionnaire lui est
délivré. On
le dit à Jumièges depuis 13 ans, soit depuis
1783,
originaire de Falaise et âgé de 51 ans. Taille 5
pieds,
cheveux et sourcils roux, yeux bleus, nez retroussé, bouche
moyenne, menton allongé, front haut, visage ovale, inscrit
n° 516, signe.
Montigny
reprend du service en 1802 comme desservant de la chapelle
d'Heurteauville jusqu'en 1807. Pourtant, il serait subitement
mort à l'autel de la chapelle le 31 mars 1811 sous
les yeux de ses paroissiens. Une mort
à la Molière... C'est du moins la
légende
coloportée par Savalle dans les Derniers moines de l'abbaye de
Jumièges. L'acte de décès
signé de
Dinaumare, premier suppléant au juge de Paix du canton de
Duclair et David Foutrel, organiste, tous deux voisins du
défunt, signale qu'il est mort à 10h du matin en
sa
maison. Mais le 31 mars était bien à dimanche et
le
créneau horaire correspond à la messe dominicale.
Mort
à 66 ans, il avait été
franc-maçon au sein
de la loge de Caudebec en compagnie d'autres moines...
1812 : la succursale devient cure. Les habitants réclamaient l'exercice des sacrements, de TOUS les sacrements en la chapelle.
Une nouvelle cloche est hissée en 1819 avec plusieurs motifs. Les frises et marques des maîtres fondeurs Reveilhac Bertrand Frères de Paris.L'abbé Dujardin est le prêtre desservant la chapelle d'Herteauville en 1820. Il est avec le notaire Charles-Antoine Deshayes et le curé de Jumièges, l'abbé Testu, signataire d'une pétition pour le rétablissement du marché de Jumièges.
Dans les années 1820, les assauts du fleuve rongent la rive, près de la chapelle. Si bien que pour boucher une excavation, on édifie un talus de 1.200 pieds de long sur 12 à 14 pieds d'épaisseur. Le travail s'achevait à peine que la marée en emportait déjà 100 pieds.
1829: la chapelle est toujours propriété des habitants possédant fonds.
N°
19,910. — Décret Impérial
(contre-signé par le garde des sceaux, ministre de la
justice et des cultes) qui :
1°) Érige en succursale l'église d'Heurteauville, dite de la Harelle, section de la commune de Jumièges, canton de Duclair, arrondissement de Rouen (Seine-Inférieure); 2°) Autorise l'acceptation du legs fait par le sieur Pasquier à la fabrique de l'église précitée et consistant en une somme de mille francs pour l'achat d'ornements nécessaires au culte. (Paris, 14 Juin 1865.) |
Les curés
Edouard Paul Gille (1849-1850), né à Bolbec le 10 janvier 1811, ordonné prêtre en 1849, il est nommé à Heurteauville qu'il quitte très vite, en mars 1850, pour La Haye, Saint-Aignan-sur-Ry et enfin Menthieville. L'abbé Gille y est mort le 4 décembre 1873 à 62 ans.
Augustin-Justin Drieu(1856-1859). Né le 4 mai 1830 et ordonné prêtre le 17 mai 1856, M. l'abbé Drieu est nommé à Heurteauville en août 1856 et nous quitte en janvier 1859. On le retrouve à Saint-Vaast-du-Val en 1861, Glasville en 1872, Penly en 1876 et de Guilmécourt en 1886. Il y est mort en 1891 à l'âge de 71 ans.
Jules-Elphège Marical (1859-1861). Né à Ourville, le 18 avril 1827, et ordonné le 5 juin 1852, M. l'abbé Marical avait été nommé : vicaire à Hautot-Saint-Sulpice en 1852 puis vicaire à Cany. Desservant d'Heurteauville en janvier 1859, il en part en novembre 1861 pour Contremoulins, Morville en 1865. Démissionnaire depuis 1891, il est décédé à Limésy, le 17 juin 1894.
Commence une première période de binage relativement stable puisqu'elle est assurée par l'abbé Prévost, curé de Jumièges, de novembre 1861 à décembre 1865. Le 14 juin 1865, il voit la chapelle d'Heurteauville obtenir le statut de chapelle succursale, autrement dit d'église indépendante desservie par un titulaire amovible, prêtre appelé desservant. Mais bien sût on lui donne du Monsieur le curé. |
Du binage...
Avant 1827, le binage, pour un curé,
desservant ou
vicaire, consiste simplement à dire deux messes le
même
dimanche, dans deux paroisses différentes.
Après la circulaire du 30 juin 1827 puis du 2 août
1833, le mot binage est remplacé par "double
service".
Outre les deux messes, le prêtre autorisé
à
biner doit desservir réellement une seconde paroisse, y
faire des instructions, visiter les malades, administrer les
sacrements. |
Prévost est connu pour son ouvrage sur le culte de saint Valentin. Heurteauville va retrouver ensuite un titulaire pour plusieurs années :
Guillaume Adolphe Anthime Caumont (1865-1873). Né à Epretot le 29 août 1828, ordonné prêtre le 18 décembre 1852, il a d'abord été nommé vicaire à Yébleron en 1853. Il est affecté à Heurteauville le 23 décembre 1865. Il connut donc l'érection de la section d'Heurteauville en commune à part entière le 9 octobre 1868.

L'abbé Caumont quitta Heurteauville le 23 janvier 1873 pour Auzouville-l'Esneval, de Sorquainville en 1876, Saint-Aubin-sur-Mer en 1885 où il mourut à la fin de l'année suivante.
Durant l'année qui suivit le départ d'Heurteauville de l'abbé Caumont, l'abbé Hénault, curé d'Yainville, vient biner de janvier à avril puis ce fut Brismontier, curé du Trait, d'avril à décembre 1873. Heurteauville va garder ensuite le même desservant durant sept ans.
Alexandre Boulanger (1873-1880). Né le 23 janvier 1824 à Saint-Léger-du-Bourg-Denis, ordonné le 23 décembre 1854, nommé curé de Rebets en 1854, d'Esteville en 1862, de Freneuse en 1866. Le presbytère d'Heurteauville s'ouvre à lui en 1873. Il s'y installe avec son domestique, Albert Petit. Le 31 août 1880, il quitte Heurteauville pour Esclavelles, puis Bezancourt en 1885, Saint-Honoré en 1891, Bardouville en 1897. Démissionnaire en 1899, l'abbé Boulenger est décédé à Bonsecours, le 30 juin 1906.
A Heurteauville, il reçut par deux fois l'archevêque de Rouen.
En avril 1874, l'archevêque de Rouen effectua une visite pastorale dans le canton de Duclair. Monté à bord d'une péniche des douanes, à Jumièges, il se rendit à Heurteauville. La presse diocésaine : Une grande partie des habitants réunis sur la rive attendaient, le Maire à leur tête, l'arrivée de Son Eminence. Par une attention des plus délicates, M. l'ingénieur des ponts et chaussées, chargé des travaux de la basse Seine, avait, dans la nuit, fait préparer une cale de débarquement en face de l'église. Monseigneur le Cardinal y mit pied à terre, reçut les hommages de bienvenue de M. le Maire, et se rendit à l'église. Son Eminence, après l'avoir visitée, examina l'emplacement destiné à la construction d'un presbytère ; puis, montant de nouveau dans la péniche des douanes, vint débarquer sur la rive droite dans la paroisse du Trait.
1875: mise en chantier du nouveau presbytère près de la chapelle.
En mai 1879 eut lieu une nouvelle visite épiscopale : Avant de quitter Duclair, Monseigneur le Cardinal avait promis de visiter Heurteauville. Son Eminence s'y est rendue mardi dans l'après-midi. La paroisse s'étend sur la rive gauche de la Seine, en face de la presqu'île de Jumiéges. A trois heures et demie, la péniche de l'administration des douanes, gracieusement mise à la disposition de Monseigneur le Cardinal, attendait Son Eminence au passage d'Yainville.
M. le capitaine des douanes était venu de la Mailleraye, sa résidence, pour avoir l'honneur de l'accompagner. Monseigneur le Cardinal prit place dans l'embarcation, et quatre vigoureux rameurs ne tardèrent pas à la conduire, pavillon flottant au vent, de l'autre côté du fleuve.
Paul-Eugène Masson (1889-1896). Né à Ancourteville le 7 juin 1861, ordonné le 20 décembre 1884, l'abbé Masson fut nommé vicaire à Notre-Dame-de-Bondeville en 1884. La cure d'Heurteauville lui fut confié le 31 août 1889. Un an plus tard avait lieu une mission. En octobre 1890, la presse diocésaine la relate ainsi :
Dimanche dernier, a eu lieu, dans l'église d'Heurteauville, la clôture de la mission prêchée par le R. P. Marcellin, Franciscain d'Amiens.
L'éloge du prédicateur n'est plus à faire dans ce recueil. Qu'il nous suffise de dire qu'il s'est surpassé. Sa parole persuasive a porté des fruits de salut. Quarante-trois retours ont consolé le cœur de l'apôtre, si bien que la paroisse d'Heurteauville, qui a été neuf années consécutives privée de pasteur, est actuellement en bonne voie. Cent vingt personnes au moins sont en règle avec Dieu. M. le curé remercie toutes les personnes qui ont prié pour la réussite de la mission.
Masson loge au presbytère en compagnie de ses parents, Eléonor Masson et Antoinette Hédouin. Sous son ministère, en 1891, fut construite une sacristie.
Le 17 mai 1896, les paroissiens se rendirent à Jumièges ainsi que ceux du Mesnil pour assister à la visite pastorale de l'archevêque de Rouen.
En septembre 1896, Masson quitte la paroisse pour Authieux-sur-le-Port-Saint-Ouen. Démissionnaire pour raison de santé en 1931, il s'était retiré à Bonsecours. Il est décédé le 27 janvier 1935.
Auguste Jean Pantène Sampic (1896-1897). Né à Gerponville le 7 juillet 1863, et ordonné prêtre le 18 juillet 1886, M. l'abbé Sampic avait été nommé vicaire à Eu en 1886; aumônier du collège de cette ville en 1887 ; curé de Saint-Aignan-sur-Ry en 1889 ; curé d'Auberville-la-Manuel en 1893. Il prend possession de la cure d'Heurteauville en septembre 1896. Démissionnaire pour raison de santé en juillet 1897, il se retrire à Montmorillon où il est mort en 1899.
Curé du Trait, l'abbé Sampic vient butiner la paroisse de septembre 1896 jusqu'à juillet 1897, mois où il se retire pour raison de santé. Son confrère du Trait, l'abbé Onice, lui succède de juillet 1897 à décembre 1898. Après quoi, de décembre 98 à septembre 99, on retrouve Onice et Lequy, curé de Jumièges. Un curé d'Heurteauville retrouve enfin le presbytère le 1er octobre 1899.
Pierre-Louis Thibaut (1899-1901). Natif de Petitville. Ordonné prêtre en juillet 1899, il est nommé à Heurteauville le 1er octobre 1899. Au presbytère, il vit avec sa domestique, Clémence Mazot. Nommé curé de Sorquainville en janvier 1902, il ne fut pas installé et devint vicaire de Londinières puis de Lillebonne en 1903.
Après sa mort, le presbytère fut loué à des particuliers et c'est le curé de La Mailleraye qui vint officier au Bout-du-Vent.
18
mars 2007: inauguration de travaux de rénovation
après deux ans de chantier.
& Jean-Yves MARCHAND.
Sources
Recherches aux archives départementale, (4 V 125) et registres paroissiaux, Jean-Yves Marchand
Un passage de la Basse-Seine, Jumièges, Jean-Pierre-Derouard, 1993.
La chapelle du Bout-du-Vent se raconte, Comité départemental du Tourisme, 2008.
Juste Houël, Harelle de Harteauville, 1829.
Presse diocécaine.
Géographie de la Seine-Inférieure, Tougard.
Moulineaux, Tougard, 1874.