19 novembre 1852. La commune du Trait fut le théâtre d’un curieux événement qui mit en émoi tous les habitants d'alentour...

Mardi soir, un individu se présente chez les époux Cauvigny, cultivateurs au Trait, et leur demande l'hospitalité qui lui est accordée. Cet individu, qui était arrivé vers quatre heures de l'après-midi, s'était promené dans la salle où l’on fait la cuisine.

Ils dansent, s'agitent...


Vers six heures les époux Cauvignv sortent. A neuf heures, ils furent tous les deux pris d'une sorte de délire fiévreux qui les porta à danser et à s’agiter. 

Les Cauvigny...

Natif de Berville, fils de douanier établi au Trait, Nicolas Cauvigny a épousé  Julie Delaunay en l'église Saint-Nicolas en 1847. Native du cru, Julie exerçait alors la profession de couturière. Le couple eut quatre enfants et alla par la suite s'établir à Saint-Wandrille.

Puis ils dorment !


Cet état tenait du délire. Mais après cette agitation singulière, ils tombèrent dans une espèce de léthargie profonde.
Le matin, les voisins des époux Cauvigny, ne les voyant pas sortir, entrèrent dans leur maison, et les aperçurent tous les deux étendus sur le sol et sans mouvement. Tout d'abord, croyant qu'ils avaient été victimes d'un assassinat, ils se mirent à la recherche de l'individu a qui, la veille, on avait accordé l'hospitalité et qu'ils présumaient être l'auteur de ce crime. Cet individu a été arrêté grâce à l'activité du brigadier dle gendarmerie.

Hier, M. Bone, juge d'instruction, M. Duhamel, substitut du procureur de la République, et M. le docteur Blanche, se sont transportés au Trait. Ils y trouvèrent les époux Cauvigny toujours plongés dans la même léthargie et sans mouvement.

M. le docteur Blanche, après avoir inspecté les deux immobiles, constata qu'ils étaient sous l’influence d'un narcotique pris a haute dose. Il examina les aliments qu'ils avaient consommés la veille, et reconnut qu'on avait introduit dans ces aliments de la graine de datura stramonium que les voleurs de profession emploient pour commettre le vol à l'endormeur.
M. le juge d’instruction a consigné ces faits dans son procès-verbal et a ordonné de ramener à Rouen le prévenu, qui, d’après son passeport, s’appelle Badeau.

Hier encore, les époux Canvigny n’étaient point réveillés. M. le docteur Blanche a prescrit tous les soins nécessaires peur combattre les conséquences des substances nuisibles qu'ils ont absorbées. Leurs jours ne sont pas en danger.

Source

Nouvelliste de Rouen.