La seigneurie de Mauny avait jadis sa haute justice. Les audiences avaient lieu le mardi, àç 10h. Les mêmes officiers exerçaient aussi une juridiction de verderie. Les appels ressortissaient à la Cour et aux Eaux et Forêts. Elle s'étendait sur les terres de Mauny proprement dites, La Bouille, Caumont, Bosgouet, Saint-Ouen-de-Thouberville et Barneville.

Le bailli de la haute justice de Mauny se devait de comparaître devant le Parlement de Rouen.

Profitant sans doute de l'absence de Diane de Poitiers retirée à Anet ou retournée à la cour, les vassaux de la baonnie étaient parvenus peu à peu à s'affranchir de la sujétion de haute justice et de juridiction mentionnée dans leurs aveux. La veuve de Louis de Brézé s'en plaignit au roi, et le 13 octobre 1546, elle obtenait de François Ier des lettres patentes qui la maintenaient dans son droit de haute justice et juridiction avec ordre aux vassaux de la baronnie d'avoir à s'y conformer. Ces lettres patentes furent vérifiées et enregistrées au Parlement de Normandie le 16 juillet 1546.

L'abbé Cochet eut entre les mains un aveu de 1685 où l'on mentionne la ferme de la Cohue comme siège de la Juridiction. La partie basse du bâtiment avait usage de prison.











Parmi les passagers du bateau de la Bouille étaient les avocats qui postulaient à la haute-justice de Mauny, et qui, pour cela, s'y rendaient chaque semaine. Ces messieurs, ne voulant point se mêler à la foule, avaient pris l'habitude de se retirer dans la cabine, d'où le fermier n'avait osé les renvoyer.

Ceux qu'on y voyait les plus assidus étaient Maîtres Bigot, Charité, Tricotté, Dubus, Yvelin de Beville. Chouquet, alors fermier des bateaux, voyant que, malgré le tarif, ces messieurs ne payaient pas, n'avait jamais osé les y contraindre; cela dura jusqu'en 1761.

Mais alors, Lesage, successeur de Chouquet, moins respectueux ou moins timide que lui devant MM. les avocats, les assigna sans plus de façon. Il demanda qu'ils fussent condamnés à payer leur place dans la chambre à raison de 1o sols, et, de plus, à payer l'arriéré qu'ils devaient depuis 1744.

Le vicomte de l'Eau écarta la demande d'arrérages, et, de l'obéissance passée à l'audience par les avocats, il les condamna à payer, pour l'avenir, 8 sols pour leur place dans la chambre.

Malheureusement, quand les héritiers de la famille d'Estampes vendirent le château, en 1833, ils brûlèrent toutes les archives du domaine. Acte stupide. Un dossier subsiste cependant aux archives départementales sous la cote 87 BP 1. Il est daté d'Octobre 1791. Si ça vous tente... Il existe aussi un dossier sous la cote 9 H 87 : « Grands pleds de la baronnye de Jumièges ou tous les hommes et vassaux de ladicte baronnye pour les paroisses dudict Jumièges, Le Mesnil et Yainville possédans lieuex et. mazions rellevans desdictes paroisses sont tenus comparoir pour faire eslection du prévost pour l’année présente MVIe cinquante huict, tenu audit lieu par nous, Adrian Ellye, licencié es loix, advocat à la cour, bailly de Mauny et senechal des baronnyes dudit lieu de Jumièges et Ducler... ». Le terrier seul est folioté.