La jeune mariée avait-elle pour amant son propre frère ? Le mari en était persuadé. En 1823, Jean-Baptiste Gazet se rendit chez l'armurier de Rouen. Puis commit l'irréparable...
Tous deux étaient nés
à Quevillon. Le 27 février 1821, Jean-Baptiste
Gazet, agriculteur du cru, épouse Anastasie Desmarest.
Mariage banal. Deux ans plus tard, il leur vient une fille que l'on
prénomme Adélaïde. Mais une obsession
taraude déjà l'esprit de Gazet. Il
soupçonne sa femme d'entretenir des relations incestueuses
avec son propre frère, Constant Desmaret. Celui-ci vit
toujours chez sa veuve de mère, née
Léguillon. Gazé s'est forgé cette conviction sur des
éléments concrets. Aussi,
quand sa jeune épouse
quitte la ferme pour se rendre à la maison de son enfance,
son époux est rongé par la jalousie. Pire : la
haine. La haine pour sa belle-mère qui favorise,
à ses yeux, les entrevues sulfureuses du frère et
de la sœur. Plusieurs fois, il tentera d'exercer des
violences sur les Desmarets. On l'entendit même
proférer des menaces de mort.
On s'en souviendra...
Le village de Quevillon garde un lourd secret...
Le 11 décembre 1823, Gazet s'en vint à Rouen où il acheta trois pistolets, des balles et de la poudre. Le surlendemain, alors que sa femme est encore absente, il se rendit tout droit chez sa belle-mère. Mais la veuve Desmarest est absente lorsqu'il s'annonce à sa porte. Seulement, il croit entendre des pas dans l'escalier qui conduit à l'étage. Il y grimpe quatre à quatre mais ne trouve personne. Pourtant, c'était bien son épouse. Anastasie s'est jetéee par la croisée donnant sur la cour pour s'enfuir. Elle craignait pour sa vie dira-t-elle.
En
redescendant, Gazet tombe nez à nez avec sa
belle-mère. Le ton monte. La veuve Desmarets ordonne
à son gendre de déguerpir. Il s'incline et sort.
Mais étant sur le seuil, Gazet se retourne soudain, la main
armée d'un pistolet et tire sur sa belle-mère.
Atteinte au flanc gauche, la veuve Desmarest a encore la force de
fermer sa porte au verrou. Puis elle s'affale sur le plancher. Le
lendemain matin, son corps fut découvert par Louis Richer et
Adam Bellamy, deux ouvriers agricoles.
Ses
menaces, ses tentatives d'agression... Aussitôt, le bruit
court
très vite. Gazet est l'assassin ! On le recherche. On le
retrouve, caché dans le four au père Campion.
Quand il y
est repéré, cerné par une quinzaine
d'hommes en
armes mobilsés par le maire, il tire par l'une des portes et
annonce sa détermination de se défendre. On
appelle la
gendarmerie. Mais lorsque le brigadier Bourdin
pénètre
par surprise dans cette retraite, Gazet est neutralisé sans
qu'il puisse faire usage de ses trois pistolets placés
près de lui. Bourdin fut alors rejoint par ses
collègues
Georges puis Levert. Le lundi soir, on conduisait Gazet sous bonne
escorte à la prison de la Conciergerie.
A son procès d'assises, Gazet manifestera le plus vif attachement pour sa femme. Comme on lui demandait de préciser ces soupçons d'inceste, il s'y refusa, arguant qu'il n'entendait en rien compromettre son épouse. Il se repentit aussi du meurtre de sa belle-mère qu'il ne pensait pas avoir blessé mortellement. Il ne voulait pas la tuer. On le condamna à mort et murmurant aussitôt que le roi aurait sûrement pitié de lui.
Des questions
Jean-Baptiste Gazet est mort en 1829, cinq ans après son crime. On ne sait dans quelle condition. Sa veuve ne se remaria pas. Elle est morte à Quevillon en 1865 à 71 ans. Quant à sa fille Adélaïde et son frère Constant, on n'en retrouve pas la trace dans les relevés généalogiques du Pays de Caux...
Le Journal de Rouen.