Laurent Quevilly

Paisible, le bourg de Sainte-Marguerite ? Que nenni ! Sous la Révolution, il y eut ici deux révoltes. La première, menée par des bigotes. La seconde poussée par la faim..
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Le 6 avril 1795, par une après-midi printanière, le calme apparent de Sainte-Marguerite est brusquement rompu. Vers trois heures, une foule de femmes et d’enfants se masse devant la maison commune. Les visages sont tendus, les voix s’élèvent. Mais la porte de la mairie restera close. La séance municipale s’est achevée voici plus d'une heure. Alors, tout aussi déterminée, la foule se rend chez Jean-Baptiste Pécot, le maire, pour exiger qu’on leur rende la messe. Oui la messe, symbole d’un culte catholique qu’ils chérissent. Le vieux maire, affaibli par ses infirmités, tente de temporiser : c'est qu'il n’est pas seul à décider, il lui faut consulter l’ensemble de la municipalité. Mais les femmes, impatientes, ne l’entendent pas e cette oreille. Quelques-unes l’assaillent de reproches et de noms d'oiseaux qui fusent dans l’air.


Et elles coupent les arbres !


La marie, l'église sans son clocher...

La foule, insatisfaite, se rend au presbytère pour s’assurer que Sallentin, ex-curé devenu instituteur, acceptera de célébrer le messes. Son absence attise la colère : certaines menacent de trouver un autre prêtre et le loger ici, à sa place, si jamais il se défile.

La foule, toujours plus agitée, retourne à la maison commune. Ah ! cette fois, il y a du monde. Les citoyens Louis Lannier, agent national, et François Lecouteux, officier municipal, ont été alertés par le son de la cloche. Et les voilà face à cette tempête humaine. Les femmes exigent une réunion le lendemain à huit heures. Puis, dans un geste de défi, arrachent les cocardes tricolores des chapeaux des deux hommes. Leur colère ne s’arrêtera pas là. En chemin, elles s’arrêtent devant les arbres de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, symboles de la République. Sans hésiter, elles décident de les abattre. Les haches et les fauches s’abattent sur les troncs, les branches, sous les yeux des deux officiers municipaux, contraints de participer à l’élagage. Les arbres tombent, et les femmes allument un feu de joie pour les réduire en cendres, sur la place même où ils étaient plantés. 
Après trois heures d’agitation et de clameurs, la foule se disperse, laissant derrière elle un village apaisé, mais marqué par cet acte de révolte.


Le lendemain matin...


Le 7 avril, dès huit heures, le conseil général de la commune se réunit dans une atmosphère lourde. Jean-Baptiste Pécot, le maire, est entouré des officiers municipaux Saillard, Lecouteux, Duval, de l’agent national Louis Lannier et des membres du conseil, dont Sallentin, l'ancien curé de la commune, instituteur, qui remplac au pied levé Charles Eusèbe Lieury, le secrétaire absent. Sallentin et Pécot se détestent. Mais là, il feront cause commune.

On fait le point. Une pétition, portée par le peuple, réclame la liberté de pratiquer le culte catholique et de faire célébrer la messe. La veille, l’attaque contre les arbres de la liberté a montré combien les esprits sont échauffés, mêlant ferveur religieuse et frustration face à la pénurie de vivres.

Conscient du danger d’un refus, le conseil tranche avec prudence : les arbres de la liberté doivent être replantés avant toute concession. Cependant, il acte la volonté des pétitionnaires d’exercer le culte catholique et leur choix de Sallentin pour officier.

À six heures du soir, la cérémonie de replantation des trois arbres a lieu, solennelle. La municipalité prête serment de fidélité à la République, de haine aux tyrans et de soumission aux lois.


"Les coupables pleurent"

Lors de la cérémonie, Sallentin, l’instituteur, prend la parole. Dans un discours vibrant, il explique que détruire les arbres ne résoudra pas la disette, mais risque au contraire d’apporter des larmes aux fautifs. Émus, les coupables pleurent leurs actes. Les arbres, symboles de la liberté, sont à nouveau debout, et la municipalité espère qu’ils ne seront plus profanés. Sallentin, convaincu que son rôle d’éducateur est plus utile que celui de prêtre, s’engage à guider le peuple vers l’obéissance aux lois et l’amour de la patrie, plutôt que de céder sur le champ à leur demande de messe.


On alerte le district


Le 8 avril, la municipalité rédige un rapport aux administrateurs du district d’Yvetot. On y détaille par le menu les événements survenus ces deux derniers jours. S'agssant de rouvrir l’église au culte,on s'en remettra à l'avis du district et des autorités supérieures avant de statuer. D'ici là, la surveillance et la sécurité seonr assurés conformément à la loi du 9 ventôse. 
Puis les jours passent, en quelques mois, les ventres se creusent encore, la colère gonfle...

La révolte de Juin

Quarante mutins chez Lecouteux


8 juin 1795, une nouvelle tempête éclate, cette fois portée par la faim. Une foule de trente à quarante hommes envahit la maison de François Lecouteux, cultivateur et officier municipal. Ils exigent du pain, forcent l’entrée et le menacent. Lecouteux, armé d’une broche à rôtir, est maîtrisé par quatorze ou quinze individus qui le plaquent au sol. Les assaillants s’emparent de l'outil et se rendent à la maison commune pour la déposer, en guise de pièce à conviction. Car ils accusant Lecouteux de tentative d'homicide. Le lendemain, les troubles persistent, et des propos séditieux circulent. Surpris par ce tumulte, des voyageurs de passage à Sainte-Marguerite alertent un élu.

Sept citoyens à l'index

Face à cette révolte, la municipalité, réunie sous l’égide du procureur, gardien de la légalité républicaine, décide de dénoncer les meneurs au procureur syndic du district d’Yvetot. Sept citoyens sont pointés du doigt comme instigateurs des troubles. : Louis Bracquehaye, Romain Hauselet, Jacques Leroux, Pierre Amand, Robert Ponty, Jean-Baptiste de Caux et Noël Saulnier.
La municipalité, dépassée, déclare ne plus pouvoir assumer ses fonctions face à une telle désobéissance.

Le 21 juin 1795, le conseil général de la commune se réunit dans un climat d’exaspération. Autour de la table, ses membres font un constat d'impuissance. Ce sont les officiers municipaux Saillard, Lecouteux, Leclerc, Miot et Duval, le procureur Lannier enfin les notables Lieury, Loiselier, Blondel et Sallentin. Mais où donc est passé Pécot, le maire d'avril?Chaque réunion est en tout cas perturbée par des troubles. Ce jour-là, Marianne Lebaron, épouse d’un cordonnier, insulte la municipalité avec une audace qui défie toute autorité. Puis, Jean-Baptiste Cousin, marchand de sabots, somme l'assemblée de lui fournir du pain, menaçant de forcer les portes à coups de hache si on le lui refuse. Ses propos injurieux visent particulièrement Lannier.

Face à ces outrages et à l’inaction du district après ses plaintes, le conseil suspend ses séances. Quatre commissaires – Saillard, Miot, Lecouteux et Lannier lui-même – iront porter ce procès-verbal au district, rappelant leur démission du 26 ventôse et la dénonciation des sept meneurs du 20 prairial. Bref, ils certifient leur incapacité à maintenir l’ordre.

Deux gendarmes pour en imposer


Après la réponse du district, qui insiste sur la modération avant la rigueur, la municipalité prend des mesures. Les gendarmes Godivelle et Massif, de la garnison d’Yvetot, sont invités à patrouiller dans la commune, accompagnés des officiers municipaux, pour intimider les agitateurs. En cas de nouveaux troubles, la gendarmerie sera appelée en renfort à la première réquisition. La municipalité voit dans cette mesure l’expression d’un gouvernement juste et humain, espérant rétablir l’ordre à Sainte-Marguerite-sur-Duclair...

Laurent QUEVILLY.

Notes

Laboureur, Jean-Baptistes Pécot s'est marié 19 mai 1775. Il est le fils de Pierre et Anne Vigier. Il épousa Mari-Anne Serre, de Duclair, fille d'Etienne et Catherine Hannin. 

Siammoisier, Louis Lannier s'est marié le 8 novembre 1773. Il est fils d'Antoine et Marie Anne Hannin. Il épousa Marie Anne Frémont, fille de Charles et Marie Anne Roger

Les textex originaux

Extrait du registre des délibérations de la commun de Sainte-Marguerite-sur-Duclair. 

Le 17 germinal, 3e année républicaine (6 avril 1795), un rassemblement de femmes et d’enfants des deux sexes a eu lieu aujourd’hui, trois heures de relevée, la foule s’est portée à la maison commune et en ayant trouvé la porte fermée depuis environ une heure que la municipalité avait levé la séance, aurait été trouver le citoyen Jean-Baptiste Pécot, maire, pour lui demander de leur faire dire la messe. Sur la réponse que leur aurait faite le citoyen Jean Pécot qu’il n’était pas maître seul, qu’il fallait prévenir toute la municipalité et savoir si tout le monde était d’accord, plusieurs femmes l’auraient vivement pressé de se rendre à la municipalité et comme il se serait excusé sur ses infirmités, le dit Jean Pécot aurait éprouvé quelques mauvais propos. 

De retour à la maison commune, les femmes auraient trouvé les citoyens Louis Lannier, agent national, et François Lecouteux, officier municipal, qui s’étaient rendus au son de la cloche. Elles leur auraient fait promettre de se trouver le lendemain huit heures du matin en la maison commune et leur auraient arraché du chapeau leur cocarde aux trois couleurs et auraient fait signe de se retirer jusqu’à ce qu’étant arrivées auprès des arbres de la liberté, de l’égalité et de la fraternité elles eusses décidé de les couper, ce qu’elles auraient exécuté sur le champ en présence des dits citoyens Louis Lannier et François Lecouteux qu’elles forcèrent débrancher même les arbres qu’elles vinrent à bout de trancher à coups de haches et de fauches et qu’elles mirent ensuite au feu qu’elles allumèrent auprès de la place où étaient plantés les dits arbres.

D’après cet attentat commis envers les emblèmes de la liberté, ces mêmes femmes se sont retirées et le plus grand calme a succédé à trois heures d’agitation et de murmures. 

Signé Jean Baptiste Pécot, maire, Saillard, Lecouteux, Duval, officiers municipaux, Louis Lannier, agent national, Fortin et Sallentin, membres du conseil de la commune. Collationné conforme à l’original par moi, soussigné membre du conseil de la commune pour l’absence du citoyen Charles Eusèbe Lieury, secrétaire greffier. Sallentin.

Le dix huit germinal 3eannée républicaine (7 avril 95), le conseil général de la commune de Sainte-Marguerite sur Duclair assemblé au lieu ordinaire de ses réunions où étaient les citoyens Jean-Baptiste Pécot, maire, Saillard, Lecouteux et Duval, officiers municipaux, Louis Lannier, agent national, Nicolas Lieury fils, Fortin, Failleul et Sallentin, membres du conseil de la communes, le dernier remplissant provisoirement les fonctions de secrétaire pour l’absence du citoyen Charles Eusèbe Lieury. 

Il aurait été adressé de la part du peuple assemblé une pétition à l’effet de jouir de la liberté décrétée pour l’exercice du culte catholique et de se procurer les moyens de faire dire la messe. 

Vu la dite pétition et le danger qui aurait pu résulter d’un refus à une demande qui avait pour objet la religion dont l’idée jointe à la pénurie des subsistances échauffe les esprits, comme on en avait eu de trop fâcheux exemples la veille. Le conseil général de la commune, l’agent national entendu A arrêté qu’il ne serait consenti au désir du peuple qu’au préalable les arbres de la liberté ne fussent replantés que néanmoins il était accordé acte au pétitionnaire de l’intention où ils étaient d’exercer le culte catholique comme aussi du chois qu’il disaient du citoyen Sallentin ex curé de cette commune pour emplir le ministère attaché au dit culte.

La municipalité se réservant les mesures de sûreté de police et de surveillance prescrites par la loi du 9e ventôse conformément au dispositions du dit arrêté la municipalité aurait assisté à la plantation de trois autres arbres et aurait à la suite de la dite cérémonie qui a eu lieu à six heures du soir prêté le serment de fidélité à la république, de haine aux tyrans et de soumissions aux lois et aux autorités constituées, 

et quant aux autres dispositions du dit arrêté relativement à l’exercice du culte catholique, le conseil de commune n’aurait pas voulu disposer de la ci-devant église réclamée par le peuple pour le local du dit culte que le district et les autorités supérieurs n’aient été consultées à cet égard. 

Fait et signé en municipalité le même jour mois et an que dessus. Jean-Baptiste Pécot, maire etc.

Sainte-Marguerite-sur-Duclair, 19 germinal 13e année républicaine, 

aux citoyens administrateurs du district d'Yvetot, 

les maire et officiers municipaux de la commune de Sainte-Marguerite-sur-Duclair. 

Citoyens, 

Un rassemblement de femmes et d'enfants des deux sexes a eu lieu le 17 à trois heures après midi, il y avait environ une heure et demie que la municipalité avait levé le sa séance, lorsque la foule se porta en la maison commune et en ayant trouvé les portes fermées, elle se rendit chez le citoyen Jean-Baptiste Pécot, maire pour lui demander de leur permettre de faire dire la messe, et d'exercer le culte catholique. Sur la réponse du maire qu'il fallait prévenir le conseil de la commune et savoir si tout le monde était d'accord, le dit maire fut engagé à se rendre à la maison commune où beaucoup de monde l'attendaient et qui avaient été appelés par le son de la cloche. 

Le citoyen Jean Pécot allégua ses infirmités mais promit de se trouver le lendemain, 8 heures du matin, lorsque le conseil de la commune serait assemblé. 

La foule se retira et alla ensuite au ci-devant presbytère pour s'assurer si le citoyen Sallentin, ex curé actuellement instituteur public, voudrait leur dire la messe et comme il était absent, quelques femmes en auraient pris de la mauvaise humeur et auraient même dit que s'il ne voulait pas remplir son ministère, elle en trouveraient un autre et le logeraient dans le presbytère. 

Jusque là, tout paraissait devoir se borner à quelques démarches indiscrètes et à quelques propos inconsidérés, mais de retour à la maison commune, les femmes y ayant trouvé les citoyens Louis Lannier, agent national et François Lecouteux, officier municipal, elles lui firent part de la réponse du maire et demandèrent une assemblée pour le lendemain, 8 heures du matin. 

Lorsque les deux membres de la municipalité eurent promis de convoquer leurs collègues pour le jour et l'heure indiqués, la foule parut se dissiper mais dans le moment où les femmes se retiraient ayant au milieu d'elle l'agent et l'officier municipal, elle les les conduisirent sur la place où étaient plantés les trois arbres de la liberté, de l'égalité et de la fraternité et forcèrent ces deux membres de la municipalité, après leur avoir arraché de leur chapeau leur cocarde aux trois couleurs, d'ébrancher eux-mêmes les dits arbres que ces femmes coupèrent ensuite et essayèrent de brûler sur le champ.

La foule se dissipa ensuite et le calme régna jusqu'au lendemain, 8 heures du marin, auquel moment une assez grande affluence de personnes de tout sexe et de tout âge se rendit à la maison commune. Leur demande était la même que la veille avec cette différence que les esprits étaient plus tranquilles, sur la proposition d'un des membres du conseil, le secrétaire greffier donna lecture de la loi du 3 ventôse concernant le libre exercice du culte et la municipalité par rapport à l'article six qui lui donne la surveillance et la police envers les assemblées qui auront pour objet un culte quelconque remontra aux coupables le tord qu'elles avaient eu d'outrager le symbole de la liberté.

Il fut donc arrêté d'une voix unanimes que les trois arbres coupés seraient replantés et la cérémonie eut lieu le soir à six heures en présence de la municipalité qui a renouvelé son serment de fidélité à la république de haine aux tyrans et de soumission et de respect au lois et la convention.

Le citoyen Sallentin, instituteur public, adressa au nom de la municipalité aux assistants un discours analogue aux circonstances, il leur a fait voir que ces arbres coupés ne produiraient pas l'abondance, qu'ils pouvaient au contraire coûter bien des regrets et des larmes aux auteurs du délit. Les coupables pleurent en ce moment leurs fautes, le symbole de la liberté revit parmi nous et nous osons nous flatter qu'il ne sera plus de nouveau outragé. 

La municipalité veillera pour contenir les malveillants et les citoyens trompés par une religion mal entendue. Le citoyen Sallentin bien persuadé qu'il peut être plus utile en instruisant la jeunesse et en la formant aux vertus morales et politiques qu'en se rendant au voeu de ses concitoyens pour leur dire la messe espère par l'aide de ses collègues contenir le peuple dans le devoir et lui montrer que la meilleure religion consiste à obéir aux lois, aimer sa patrie et faire du bien à ses semblables. 

Salut et fraternité. Jean-Baptiste Pécot, maire etc.

Le vingt prairial, troisième année républicaine, sur la convocation du citoyen Louis Lannier, procureur de la commune, et vue l'urgence du cas s'étant rendu à la maison commune les citoyens Lecouteux, Jean Le clerc, Pierre Miot tous trois officiers municipaux, Pierre Fortin et Louis Sallentin, notables et Louis Lannier, procureur de la commune. 

Ce dernier aurait exposé qu'il était de son devoir d'arrêter le germe d'une révolte qui se fomentait dans la dite commune et aurait dit qu'il était informé que la veille, un rassemblement de plus de trente à quarante personnes avait eu lieu environ une heure de relevée qu'il s'était porté chez le citoyen François Lecouteux, cultivateur et officier municipal qu'ils auraient forcé de leur donner du pain après être entré en force chez le dit Lecouteux ainsi que celui-ci l'a déposé et signé au greffe de la municipalité, que les attroupés avaient forcé le dit Le couteux à prendre des mesures de rigueur contre eux, qu'ils l'avaient saisi et arrêté dans sa maison, lui avaient arraché une broche à rôtir dont le citoyen Lecouteux s'était armé contre 14 ou 15 individus qui le tenaient étendu par terre, qu'en suite ils s'étaient retirés, emportant avec eux la broche en ajoutant qu'ils reviendraient encore et s'étaient rendus à la maison commune où ils auraient déposé la broche en demandant acte de leur dépôt ainsi que la déposition qu'ils avaient à faire contre le citoyen Lecouteux. 

Que le rassemblement aurait continué le lendemain matin et que des particuliers auraient même tenu des propos au moment qu'ils commençaient leur marche, dont des étrangers et des voyageurs en auraient même prévenu un des officiers municipaux. 

Vu ce qu'il résulte ci dessus, les conclusions et le rapport du citoyen Louis Lannier, procureur de la commune entendu La municipalité arrête que les principaux fauteurs, conducteurs et orateurs du dit rassemblement seraient dénoncés sur le champ au procureur syndic du district d'Yvetot. Pourquoy la municipalité observerait que depuis longtemps elle aurait remarqué que dans toutes les étincelles de discordes qui avaient paru jusqu'alors, les citoyens Louis Bracquehaye, Romain Hauselet (?), Jacques Leroux, Pierre Amand (?), Robert Ponty, Jean-Baptiste de Caux et Noël Saulnier auraient porté, tant par leur discorde que par leur démarche le reste des individus à la discorde et à la révolte. 

En conséquence, pour obvier aux suites fâcheuses que pourraient entraîner une désobéissance formelle aux lois un manque total de respect à la municipalité ainsi que les projets liberticides et destructeurs de toute sûreté et propriétés individuelles, les sur dénommés soient donnés au citoyen leur procureur syndic du district qu'il ordonnera ce qu'il appartiendra. La municipalité déclarant ne pouvoir plus tenir à son poste et ne voulant pas répondre des suites fâcheuses que les circonstances actuelles pourraient entraîner. 

Fait et signé à la copie ainsi qu'au registre des délibérations le même jour, mois et an que dessus? Signé Lecouteux, Fortin, Miot, Le clerc, Sallentin et Lannier. 

La municipalité observe que plusieurs fois elle a été sollicitée mais en vain pour marcher à la tête d'un attroupement pour qu'elle arrête les convois et navires chargés de grain au soin de la république. 

Signé Lannier.


Le 3e messidor, 3e années républicaine, (21 juin 1795) 

le conseil général de la commune assemblé où étaient les citoyens Jean Saillard, François Lecouteux, Jean Leclerc, Pierre Miot et Jacques Duval, officiers municipaux, Louis Lannier procureur de la commune, Nicolas Lieury fils, Joseph Loiselier, François Blondel et Louis Sallentin, notables. 

Délibérant sur l'impossibilité de pouvoir tenir à leur poste et de remplir désormais leurs fonctions par rapport aux troubles qui sont apportés chaque fois que la municipalité s'assemble. 

Considérant que plusieurs fois, ils ont tenté d'imposer silence aux turbulents qui, par leurs menaces, excitaient à la révolte, qu'en vain ils invoquaient les amis du bien être et de l'obéissance aux lois de leur prêter main forte et de donner protection aux autorités constituées, 

que notamment ce jourd'huy, la citoyenne Marianne Lebaron, femme du citoyen Pierre Lieury, cordonnier, avait tenu les propos les plus hardis et les plus insultants à la loi et à la municipalité assemblée sans qu'il eut été possible de la contenir ni de la faire sortir du lieu des séances de la municipalité, 

que sur ces entrefaites était survenu le citoyen Jean-Baptiste Cousin, marchand de sabots qui aurait sommé la municipalité de lui fournir du pain dans le courant du jour, faute de quoi il prendrai une hache pour enfoncer la porte de celui qui lui refuserait du pain, qu'il aurait ajouté à cela plusieurs propos révoltants et insultants, particulièrement contre le citoyen Lannier, procureur de la commune. 

Vu ce qui résulte ci dessus et d'après de la … de la part de l'administration du district de répondre aux différents procès verbaux et plaintes contre différents individus qui ont été dénoncés pour cause d'attroupement et de manquement de respect envers la loi et la municipalité ; 

Le citoyen Louis Lannier, procureur de la commune entendu Le conseil de la commune a arrêté.

1. qu'à compter de ce jour d'huy, 3e messidor, les séances de la municipalité seraient interrompues et suspendues qu'il serait sur le champ nommé quatre commissaire dans le sein de la municipalité pour porter au district le présent procès verbal et lui rappeler les différents procès verbaux qui lui ont été adressés, entre autres le procès verbal de leur démission en date du 26 ventôse qui est resté sans exécution et un autre procès verbal en date du 20 prérial (sic) dernier portant dénonciation contre sept particuliers y dénommés qui avaient été les auteurs d'un attroupement le 19 et 20 du même mois. 

2. Que les dits commissaires certifieront au district l'impossibilité où ils sont de pouvoir tenir à leur poste. Pourquoi les citoyens Saillard, Miot et Lecouteux, tous trois officiers municipaux, et Louis Lannier, procureur de la commune, ont été désignés pour se transporter de suite et sur le champ au directoire du district qui est invité et conjuré de prendre sur le champ tel parti qu'exige l'urgence du cas. 

Fait et signé...

Nous, officiers municipaux et procureur de la commune de Sainte-Marguerite-sur-Duclair soussignés 

communication prise de la réponse du district au procès verbal de la municipalité en date du 3e messidor et de l'ordre donné aux citoyens gendarmes nationaux de la résidence d'Yvetot. Le tout tendant à maintenir le bon ordre dans la municipalité du dit lieu et à en imposer à quelques séditieux qui pour cause de subsistance sèment la discorde parmi le peuple. 

Vu le défi du directoire du district qui nous conseille tous les moyens de tempérament avant d'en venir aux voies de rigueur, 

le procureur de la commune entendu, avons arrêté ce qui suit: 

1. Que les citoyens Godivelle et Massif, gendarmes nationaux de la résidence d'Yvetot seraient invités de se transporter, accompagnés des officiers municipaux, dans l'étendue de la dite commune pour, par leur présence, tâcher d'en imposer aux turbulents. 

2. Qu'en cas de récidive de la part des agitateurs et fauteurs d'attroupements, la gendarmerie nationale serait appelée pour prêter main forte à la première réquisition qui leur serait faite à la loi et aux autorités constituées. 

La municipalité regardant cette dernière mesure comme un effet d'un gouvernement où l'humanité et la justice sont à l'ordre du jour ; 

Fait et signé...


Source


ADSM L 1597. Documents numérisés par Jean-Yves et Josiane Marchand.