Par Jean-Pierre HERVIEUX.


Mauvais soldat, Poilu héroïque... Au sein des Bat' d'Af', Louis Binet eut un parcours sinueux que nous retrace Jean-Pierre Hervieux...

Louis Augustin Binet est né le 9 avril 1873 à Saint Pierre de Varengeville au hameau des Broches ; fils de Louis Tranquille Binet, journalier et de Héloïse Célestine Drapier, ouvrière de filature.
En 1890 et 1891, Louis Binet connaît quelques soucis avec la Justice : il est condamné à des peines de prison à cinq reprises pour vol et braconnage.

Le 8 avril 1892, il s’engage pour 4 ans auprès du 2ème bataillon d’infanterie légère d’Afrique. Il arrive au corps, stationné à Bougie (Algérie) le 4 mai 1892. Les bataillons d’infanterie légère d’Afrique, les Bat d’Af étaient composés de repris de justice, fortes têtes ayant un point commun : un casier judiciaire non vierge. Louis Binet ne va pas déparer.

Le 9 août 1892, il est condamné par le tribunal de guerre d’Alger à 1 an de prison pour refus d’obéissance ; puis le 31 janvier 1893 à nouveau condamné par le même tribunal à 3 ans de travaux publics pour destruction d’effets. 


(Dessin : Bat' D'Af', par Steinlen).


                                 
Libéré de sa peine le 23 août 1895, Louis Binet est passé le dit jour au 5ème bataillon d’infanterie légère d’Afrique stationné à Batna, comme chasseur de 2ème classe. Il arrive au corps le 5 septembre 1895 puis est passé le 11 mars 1896 aux compagnies disciplinaires des colonies. Louis Binet est condamné le 9 septembre 1896 par le conseil de guerre de Dakar à 10 ans de travaux publics pour outrages par paroles, gestes et menaces à ses supérieurs à l’occasion du service. 
                                         
Libéré de sa peine le 1er février 1903 il est passé le même jour au 4ème bataillon d’Afrique stationné à Gabès (Tunisie). Condamné le 21 juillet 1903 par le conseil de guerre de Tunisie à 5 ans de travaux publics pour dissipation d’effets, outrages à un supérieur pendant le service, destruction volontaire d’effets et refus d’obéissance. Condamné le 20 septembre 1904 par le conseil de guerre de Tunis à 2 ans de prison pour refus d’obéissance Louis Binet est libéré le 30 décembre 1908. Passé au 5ème bataillon d’Afrique il y arrive le 7 janvier 1909 toujours comme chasseur de 2ème classe.

Louis Binet est  réformé par la commission de réforme de Sousse le 25 septembre 1909 pour bronchite chronique ; le certificat de bonne conduite lui sera refusé !

Pendant sa période d’engagement dans les Bat’ d’Af, de 1892 à 1909, Louis Binet aura passé plus de temps à purger les peines auxquelles il était condamné qu’à servir l’armée.

Rentré en France, Louis Binet regagne la Normandie à pied. En cours de route il est condamné pour vagabondage à 8 jours de prison par le tribunal de Beaune (Côtes-d’Or).     
Le 22 octobre 1910, à Bihorel, il épouse Charlotte, Héloïse Houisseau.

L’armée, qui avait trouvé en 1909 un moyen de se passer de ses services, se rappelle à son bon souvenir six ans plus tard : Louis Binet est mobilisé  le 8 avril 1915 et rejoint le  21ème  régiment d’infanterie coloniale comme soldat de 2ème classe.

Louis Binet  est tué à l’ennemi le 6 octobre 1915 à Massiges (Marne).

Le 11 décembre 1915 il est cité à l’Ordre du 21ème d’infanterie coloniale : ‘’a été tué en faisant bravement son devoir’’. Le 7 mai 1919 il est cité à l’Ordre du régiment : ‘’soldat brave et courageux. Tombé glorieusement au Champ d’Honneur en faisant vaillamment son devoir le 6 octobre 1915  à Massiges’’

Louis Binet est décoré de la Croix de Guerre avec étoile de bronze. Mort pour la France ;  l’acte de décès est transcrit à Rouen le 9 mai 1916. Son nom figure sur le monument aux morts de Rouen sous la simple inscription : BINET L A.

Jean-Pierre HERVIEUX.

Sources

ADSM : matricules militaires
 Etat civil Saint-Pierre-de-Varengeville



 
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