Les
sœurs
Paine, Edith et Denise, sont les témoins d’un
vécu peu ordinaire.
Durant leur enfance elles ont subi l’inconfort et les dures
conditions de vie de l’époque en milieu rural.
Dans cette grande
demeure à colombages où la bise hivernale passe
allègrement à
travers les murs, il faut résister coûte que
coûte. Elles ont
quitté cette
« antiquité » avant
leur mariage dans les
années 50.
La
bâtisse est du XVI°
siècle, 1560 précisément.
Lors de travaux on a retrouvé sur un linteau de
porte une
monnaie attestant l’époque de la construction.
Située au hameau
du Rouage en bordure de Seine, elle jouit d’un paysage
grandiose
qui s’oppose à la rusticité des lieux.
C’est d’abord
une demeure de villégiature et à partir du XVIIe
siècle, elle possède sa propre chapelle
dédiée à Sainte-Clotilde desservie par
Maistre Pol Le Carpentier, le chapelain. Selon un texte du
début du
XVIIIe siècle : « elle
est bien
lambrissée et décorée. Son plancher
est souvent mis à mal par les crues de la
Seine! »
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L’ouvrage
ne
manque pas. Les
journées passent à récolter les
cerises et les prunes abondantes
en bord de Seine, à traire les vaches, à tourner
le foin… «Tout
était fait à la main dans la bonne entente. Rire
était encore le meilleur remède aux brutales
conditions de vie »
précise Denise. A la petite ferme fruitière
s’ajoute un peu
d’élevage. Quelques vaches normandes et 2 ou 3
cochons. Edith
ajoute « la
soue aux cochons était tout
près de la maison habitée désormais
par Geneviève et Bernard Château,
c’était aussi ma
réserve de friandises…».
A l’époque cette maison faisait partie de la ferme
du Rouage.
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Deux
siècles plus tard, sur ces photos prises vers 1950, on
remarque une
façade des plus rustiques manquant totalement
d’entretien. Les
pierres du soubassement sont disjointes. Sur les colombages
recouverts d’essentages en bois, on distingue une
tête de
sanglier. A l’intérieur le sol recouvert de
briques et de pierres
inégales laissent apprécier la
difficulté pour passer la serpillère à
genoux.
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La façade
côté Seine telle
qu’on pouvait la voir en se promenant le long du fleuve avant
1957. La
typologie de construction est classique : soubassements en
pierres de
Caumont et murs à pans de bois à grille ou
colombages, toit à longs
pans avec croupes…
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Le colonel Guyon a
commencé à effacer les outrages du temps en
s’attaquant au gros œuvre, Emma et Jean Marie ont
continué à peaufiner autant la
décoration de la maison que l’agencement des
jardins.
La vieille
bâtisse est transformée en
magnifique demeure de charme, une restauration authentique,
réalisée dans le respect des règles de
l’art.
(Cliquer
sur les images pour agrandir)
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Des trous partout, même dans les
escaliers. Les rats
déguerpissent au moindre mouvement.
C’est
une fermette comme toutes les petites fermes
fruitières du bord de Seine, on vit de la vente des fruits, du lait, des
volailles au marché de Duclair...
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Lors d’une
récente visite 70 ans après
leur départ, Edith et Denise n’ont pas reconnu les
lieux de leur enfance. C’est l’évolution
due au rouage de la modernité ! |
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La
façade arrière de la bâtisse devant
laquelle trône le tas de fumier à gauche.
Les
fermiers souriants devant l’objectif chouchoutent leur
nouveau-né … |
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La
famille Paine-Bataille devant leur ferme du Rouage. Cette photo a
été prise par des Anglais en panne de bateau vers
1950. Le couple
Bataille au milieu et les sœurs Edith et Denise sur les
côtés du
banc près du porche maintenant disparu. |
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Mère
d'Edith
et Denise, Madeleine Bataille, de retour du cellier les bras
chargés
de bouteilles de cidre. |
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Les
vieilles demeures demeurent à Anneville…

La ferme de la
Grève et
son architecture composite datant des
XVII°
et XVIII° siècles. L’édifice du
milieu est à pans
de bois avec des croix de saint André (en forme de X). |
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La
ferme du manoir Brésil ou Brescy du XVII°
siècle. Gros œuvre en
calcaire pour le rez de chaussée, colombages au premier
étage,
toiture à pans longs en ardoises. |
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Maison du
fossé Chauvon du XVIII° siècle, rez-de-
chaussée en pierre de taille de Caumont, toiture
à pans longs en ardoises. |
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Maison du
fossé Merre du XVII° siècle, toit
à longs pans, croupe et pignons ouverts. Escalier de
distribution central comme dans la plupart de ces édifices. |
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Ces grandes
maisons de maître à pans de bois et de pierres
sont toutes édifiées
sur le bourrelet alluvial en bordure de Seine ( là
où la terre
argilo-calcaire est riche). Par conséquent elles sont
éloignées de
la route longeant la Seine et desservants les hameaux (voie des
Prés). Ainsi à chaque barrière une
niche en bois portant le nom du
propriétaire est fixée à un arbre ou
surmonte un pieu. Elle sert
au facteur ou au boulanger à abriter le pain. Ce dispositif
particulier au marais évite de parcourir le chemin entre la
route et
la maison distant d’une centaine de mètres.
Au fil du
temps, beaucoup de bâtiments de ferme sont devenus des
habitations.
Les fermes disparaissent pour laisser place aux résidences
des gens
venus des villes. Ils sont passionnés de restauration de nos
vieilles demeures typiques du bord de Seine, une
particularité de
notre patrimoine !
Gilbert
FROMAGER.
Les
photos de ces vieilles demeures d’Anneville sont de 1959.
Elles
proviennent d’un inventaire de la collection Mouton. Archives
76.73.398, 399, 408, 413.
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Maison de
la Chaussée du Pont vers 1970, rez-de-chaussée en
pierre, toit à longs pans, croupe et pignons ouverts.
Subsistent quelques tôles sur le toit et un tas de fumier
devant la porte. Ces défenseurs du patrimoine
n’ont jamais baissé les bras ! |
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