Anneville-Ambourville a failli s’appeler

Anneville-les-Trois-Eglises en 1856…


Par Gilbert Fromager

Un mariage à trois, les communes Anneville, Berville et Ambourville a failli se réaliser en 1856 mais devant les désaccords des conseils municipaux, le projet tombe à l’eau. Une cascade de réunions n’aboutit en partie que plus d’un siècle plus tard…

Le dossier de fusion des 3 communes est consultable sur internet sur le site des archives départementales de Berville sur Seine (cote 3 E 305/2 page 137/212). Ce sont les seules archives de délibérations de conseils municipaux en ligne de la presqu’île.

A l’ordre du jour du 18 décembre 1856 un dossier extraordinaire du conseil municipal de Berville. Il s’agit de la réunion des 3 villages Anneville, Berville et Ambourville

« L’assemblée étant en majorité pour délibérer, le maire donne lecture de la dépêche de monsieur le préfet par lequel le gouvernement souhaite réunir les communes topographiquement rapprochées qui ne peuvent, dans leur état actuel à cause de l’insuffisance de leur population et de leur ressources respectives, pouvoir venir isolement aux exigences des services municipaux. 

Cette situation motive cette réunion : proximité des territoires, population peu nombreuse, identité proche avec école, prêtre ; bureau de bienfaisance et tout ce qui constitue la prospérité croissante d’une commune suffisamment peuplée et dotée. 

Ce projet avait déjà été évoqué en 1843 et repoussé par Ambourville.


Dans la crainte qu’une fusion des propriétés communales, cette objection disparaissant devant les dispositions de la loi qui assurent le maintien exclusif de la propriété des biens particuliers à chaque section naguère indépendante d’une commune nouvellement constituée par réunion. Il n’existe plus de raisons sérieuses de repousser ce projet.

Il invite en conséquence à saisir de la question le conseil municipal et les plus imposés.

L’assemblée, après discussion adoptant les motifs énumérés de la dépêche préfectorale, est d’avis que la commune de Berville soit réunie à celle d’Ambourville sous le nom d’Ambourville-Berville».

Délibéré et signé par les conseillers municipaux…

On remet le couvert trois mois après…

Le 16 mars 1857, nouvelle session extraordinaire du conseil et les plus imposés de Berville à propos de la réunion des villages de Berville, Ambourville et Anneville. Monsieur le maire donne lecture d’une nouvelle dépêche du préfet qui demande de prendre une nouvelle résolution dans le sens du meilleur intérêt de toutes les communes.

Il en résulte beaucoup de considérations depuis la dernière réunion il y a 3 mois. Sont notées 19 fois « considérant… » au registre de délibérations.

Il est trop fastidieux de les recopier toutes ici, voici quelques passages des plus intéressants.

« Considérant que la commune de Berville sur Seine dans l’état actuel de ses ressources, elle ne peut elle seule aux besoins de l’instruction primaire…

Considérant que la commune d’Ambourville se trouve dans la même situation.

Considérant que la commune d’Anneville sur seine présente les mêmes besoins, c’est avec le concours que lui prêtent les communes de Berville et d’Ambourville réunies pour le culte et l’instruction primaire…

Considérant que les trois communes sont peu étendues, peu de population, que leur sol est de même nature, qu’il y a identité d’intérêt et d’habitude dans leurs populations.

Considérant qu’il résulte du rapport de l’agent voyer d’arrondissement que la commune d’Ambourville ne pourra jamais avoir les ressources vicinales pour 

l’entretien des chemins, qu’il faudra 15 ans à la commune de Berville pour exécuter le même travail et qu’enfin les chemins de la commune d’Anneville sont impraticables.

Considérant que par suite de l’insuffisance de leurs ressources actuelles les communes ne peuvent allouer à leurs gardes champêtres et à leurs cantonniers qu’un traitement tellement exigu qu’on ne peut envisager d’eux un service efficace.

Considérant que cette réunion des 3 communes ne changerait en rien les habitudes des populations puisque depuis plus de 60 ans le service de l’instruction primaire s’assure à Anneville.

Considérant qu’Anneville possède une église en bon état, deux maisons d’écoles nouvellement construites et un presbytère convenable, que ces établissements sont d’une grandeur suffisante pour les besoins des 3 communes. Que par la suite de la fusion des 3 communes, Berville et Ambourville seraient dispensées de consacrer des sommes importantes à la restauration ou à la construction de ces édifices. Ces fonds pourraient être affectés à la réparation des chemins vicinaux.

Considérant ces motifs, l’assemblée est d’avis qu’il y a lieu de réunir sous le nom d’Anneville les 3 églises sous une seule et même commune dont le chef lieu serait la section d’Anneville. L’assemblée émet le vœu que dans le cas où cette réunion serait prononcée les sections seraient maintenues distinctes pour les élections, les édifices publics et les cimetières ».

Hélas, malgré les écrits, les paroles s’envolent, le statuquo demeure…mais le projet fait son chemin lentement.

Après de multiples tentatives, le projet n’abouti pas au XIX° siècle. C’est le 23 décembre 1975, 120 ans plus tard que le projet ressort des tiroirs et se confirme. Enfin le mariage tant attendu d’Anneville avec Ambourville est prononcé officiellement. Il tient toujours pour le meilleur et pour le pire (voir le N° 38 du P’tit journal)

Gilbert FROMAGER.

Les mairies des trois communes sœurs



La mairie d'Ambourville, belle construction en briques de la fin du XIXe. 

La mairie de Berville-sur-Seine, une construction classique en brique de la fin XIX° siècle avec l’école des filles d’un côté et l’école des garçons de l’autre

La mairie d’Anneville-sur-Seine, l’ensemble fut construit en 1857, y compris l’école de filles (voir le P’tit journal N° 12).





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