Anneville-Ambourville comme Pompéi
a ses vestiges romains…


Il y a tout juste 40 ans, en 1983, lors de la construction du pavillon de M. Lécuyer rue Cabourg, des archéologues ont mis à jour les fondations d’une luxueuse villa gallo-romaine. C’est un peu à l’écart du vicus (groupe de maisons) déjà connu de la Longue Fosse où un trésor à été découvert en labourant le champ en 1975.

Gérard Broglio archéologue rouennais, autorisé par la direction des antiquités historiques, a  procédé aux fouilles dans les règles de l’art. Il a trouvé avec son équipe quelques murs arasés très épais et des pilettes de tuiles, éléments essentiels et rares d’une villa hypocauste. C’est un dispositif permettant le chauffage par le sol, l’ancêtre du chauffage central.
Une luxueuse villa datée du IIe et IIIe siècle a donc existé à Anneville et a été oubliée pendant près de 2000 ans.



Progressivement, la fouille révèle ce qui a dû être un luxueux établissement de bains comme les Romains en construisaient dans les villas opulentes. L’aisance sociale des Annevillais de l’époque dans un édifice aussi prestigieux est évidente. Les soubassements des murs très richement appareillés constitués de matériaux solides ont défié le temps.

Exemple de dispositif de chauffage appelé hypocauste. Au sommet des pilettes étaient posées une, deux voire trois couches de larges briques carrées recouvertes d'un béton de tuileau (mortier + gravier + tuile pilée) suivi d'un mortier fin étanche. Ces larges briques les bipedales soit 2 pieds romains soit environ 60 x 60 cm dont les dimensions devaient être suffisantes pour reposer solidement sur 4 pilettes. Le sol de la pièce chauffée était un pavage quelconque, un dallage de pierre noble (marbre), ou pavement de mosaïque. L'épaisseur de tous ces éléments pouvait atteindre 40 cm


Dans la parcelle de terrain voisine, les archéologues ont sondé le terrain par résistivité et ont retrouvé l’extrémité de la salle hypocauste. Au total 492 pilettes ont été répertoriées, elles supportaient un sol d’une pièce de 123 mètres carrés. Les tessons de poteries permettent de dater la construction de la villa entre les années 100 et 300, excepté un élément qui semble dater du premier siècle.

Les archéologues pensent que la dalle de béton et la construction ont subi de nombreux remaniements à toutes époques même proches de la nôtre.

Elément de poterie signée Albucianus de Gaule centrale…

Et décors sur sigilée de Gaule centrale trouvés lors de la fouille à Anneville Ambourville en 1983


Le praefurnium, foyer alimenté en bois, n’a pas été retrouvé malgré des mini sondages de détection. Son emplacement devait être sous le garage de M. Lecuyer, la couche de suie étant très épaisse dans ce secteur. La partie la plus chaude des thermes étant le caldarium et la partie tiède étant le tepidarium.
A l’extérieur de l’hypocauste, deux sondages et une stratigraphie ont apporté des éléments nouveaux : une fracture dans un mur due à la récupération de moellons pour un réemploi dans une maison voisine.

Les murs antiques à faible profondeur sont facilement exploitables. Apparait aussi un monnayage important de Trajan à Victorin avec 17 unités du II° siècle et 55 du III° siècle. Les sesterces du III° siècle sont plaqués dans le mortier à la base des structures. Les empereurs représentés sont Trajan, Hadrien, Antonin le Pieux, Marc Aurèle, Philippe l’Arabe, Gallien, Quintille et aussi les usurpateurs de la deuxième partie du III° iècle tels Victorin, Tétricus, Postume Laelionus, Macrin.


Enduits peints sur des fragments de murs montrant la richesse des décors trouvés dans les débris de la villa gallo-romaine d’Anneville Ambourville.

Parmi les objets trouvés dans la fouille, ont été mentionnés lors de la conférence-exposition à l’ancienne salle des fêtes qui a suivi la fin des travaux, quantité d’objets en fer comme des clés de serrures, des clous… D’autres objets en bronze, des épingles en os, des fragments de verre… Ils ont aussi trouvé de nombreux fragments d’enduits allant du rouge  pompéien uniforme aux décors variés et polychromes preuves de la singularité, de la richesse et de la diversité des  décors des murs. Ainsi on peut penser à un luxueux établissement de bains intégré à une grande villa gallo romaine, un témoin de l’importance de notre village il y a près de 2000 ans.



Dans les déblais, portions de murs gallo-romains. Au fond, d'autres pavillons en construction rue Cabourg.


La conclusion revient à Gérard Broglio : « On se doit d’insister sur le caractère artisanal de l’endroit (terre noire, déchets de plomb, matériel ferreux, eau à proximité etc…) On aurait donc une fabrication sur place ce qui est une règle établie pour beaucoup d’établissements gallo romains. La datation du IIe et IIIe siècle semble bien établie».

Sources


1- Paris Normandie et Courrier Cauchois

2- Archives de Gérard Broglio du Centre de Recherche Archéologique de Haute-Normandie (CRAHN), responsable de l’intervention et chargé de la rédaction du rapport.

    

Réagir à cet article




 



Haut de page








Supplément virtuel du Journal de Duclair fondé en 1887

Site  hébergé  chez

depuis le siècle passé