Plongée dans les archives municipales avant leur transfert aux archives départementales Par Gilbert FROMAGER. Depuis une quinzaine d’années, les registres d’état civil et de délibérations de conseils municipaux d’Anneville et d’Ambourville ont intégré la tour des archives de Rouen. Les belles reliures cuir regroupant les différents actes depuis Henri IV à nos jours, financées par la municipalité, ne paradent plus sur les étagères des deux mairies. L’aspect administratif A la mairie d’Anneville, les volumes étaient convenablement installés dans un grand placard de la salle des délibérations et dans un petit cabinet attenant à la salle. Ils ont été inventoriés en 1908 par l'instituteur, secrétaire de mairie de l’époque. Les actes d'état civil remontaient à 1593. Ils étaient reliés jusqu'en 1892 et ont été transférés aux archives départementales vers 2010. Indépendamment des actes de l'état civil, la commune d'Anneville, possédait aussi des documents antérieurs à 1790, conservés avec soin dans un vieux coffre en chêne. Voici quelques-uns de ces documents intéressants à signaler. Des copies de lettres, qui appartiennent au trésor de l'église d'Anneville, ont été faites le 8 juillet 1607 par Jean Le Bourgeois curé du village sur ordonnance de M. Behotte, grand archidiacre. Ambourville : Acte d’inhumation de Charles Savalle, syndic proposé pour le recouvrement des deniers royaux de la paroisse d’Aubourville relevé sur le site des archives de Rouen page 108 du 8 mars 1773. En bas de l’acte signé de l’abbé Boudin curé d’Ambourville est mentionné la présence des Charités de Barneville, Yville, Saint Pierre de Manneville et Anneville. En 1607, les articles relatifs à l'achat du « vin à communier à Pâques ». En 1612, il ordonne aux trésoriers « de se fournir d'un clerc qui soyt cappable affin de aider au curé à faire le service, administrer les sacrements et tenir les escolles ». En 1613, il défend « à tous et chascun des paroissiens d'envoyer leurs enfants à l'escolle chez aultres que ceux faisant profession de la religion catholique, apostolique et romaine, à peine d'excommunication, leur enjoignant contribuer avec leur curé pour fournir les gages du clerc, lequel tiendra les escolles »; s'ils refusent de se soumettre à cette contribution, le curé les fera citer devant l'official 1 ; la mention du cimetière catholique par opposition au cimetière protestant. En 1618, un legs testamentaire de l'évêque de Noyon. En 1627, l'inhumation dans le chœur de Jean Le Bourgeois, curé. En 1636, le don d'ornements d'autel par noble François Mouret, sieur du Pont. En 1633, la permission de placer un tronc dans l'église pour la confrérie du Rosaire nouvellement établie. En 1646, une ordonnance de M. Lecornier, grand archidiacre et vicaire général de l'archevêché prescrivant de travailler incessamment à la réparation de la nef qui était endommagée, d'apporter au promoteur général au prochain synode d'automne, les noms de quelques paroissiens qui, depuis deux ans, n'avaient pas satisfait au devoir pascal. En 1659, des pièces relatives aux droits de commune et de pêche des habitants d'Anneville. Des pièces concernant la propriété et possession de terrains communaux, parmi lesquelles la copie d'une charte de Charles VII. Les collections administratives (Bulletins des lois et du Ministère de l'Intérieur et Recueil des actes de la Préfecture) ne sont reliées que jusqu'en 1853. Les délibérations municipales remontent à 1791. Les volumes composant la bibliothèque n'ont pas été marqués du timbre de la mairie. Vernier, archiviste en chef du Département 1908. A Ambourville comme à Anneville,
on a maintenant le privilège de pouvoir consulter en ligne les
registres paroissiaux depuis 1547. Les actes de naissances, de mariages
et de décès sont très aisés à
trouver sur le site des archives départementales du 76. L’aspect religieux Les charitons. C’est une histoire remontant au Moyen-Age à l’époque des épidémies de grandes pestes. Famille, voisins et villageois s’unirent pour porter assistance aux personnes décédées et les enterrer. C’est ainsi que naquit au XVII° siècle deux confréries de charitons à Anneville sur Seine, la confrérie du Rosaire en 1646 et celle de la Charité en 1663. Une confrérie exprime toujours le sentiment communautaire. Chaque confrérie de Charité étant attachée à une paroisse et se distingue par une bannière, une croix, des tintenelles et autres objets consacrés. Actuellement la bannière noire existe toujours mais la croix de la confrérie de Charité ci-contre, véritable trésor de l’église a disparu. La croix processionnelle. Voici ce qu'écrivait Alfred Darcel à propos du trésor des charitons d’Anneville : « La
croix processionnelle en
argent, admirablement entretenue par les frères de
charité, qui en
sont orgueilleux, comme on dit dans le pays, et ne la confient qu'au
maître en charge, qui la garde chez lui. Elle les
accompagne ou
les précède dans toutes les
cérémonies auxquelles ils assistent.
C'est derrière elle que cette charitable association a
porté en
terre toutes les générations qui se sont
succédé dans la paroisse
depuis qu'elle y fut acquise en 1663, et c'est derrière elle
qu'espère bien être porté un jour au
cimetière de son village
votre très affectionné collaborateur.
Cette croix est
haute de 67 centimètres et large de 34
centimètres, en la mesurant
du sommet au bas de la douille et horizontalement de
l'extrémité de
l'un des bras à l'autre extrémité. La
date 1689 est gravée sur
la croix d'Anneville.
Le calice
fort élégant, en vermeil repoussé, qui
appartient à la paroisse
de Jumiéges, est de la même époque et
sort probablement du même
atelier que la croix d'Anneville. Comme elle, il est
décoré
sur son pied, sur son nœud et sur sa fausse coupe, de
têtes ailées
de séraphins qui alternent avec les instruments de la
Passion
semblables à ceux que l'on voit sur la hampe de
la croix. La
paroisse d'Anneville étant voisine de celle de
Jumiéges et l'abbé
du monastère de Jumiéges étant alors
le seigneur d'Anneville, il
n'y a rien d'étonnant à cette similitude.
Les deux burettes et leur plateau sont de même style que le calice dont je viens de parler. Toutes ces pièces appartiennent au même temps et paraissent plus voisines du milieu que de la fin du XVIIe siècle ». Les deux bannières des deux confréries sont sorties de l'église d'Anneville-sur-Seine. C'est la bénédiction par l'abbé Desbois des véhicules lors de la Saint-Christophe de 1931. La bannière blanche Notre-Dame appartient aux charitons du Rosaire et la noire appartient aux charitons de la Charité. La procession du Saint Sacrement « Les habitants de ces deux communes (Anneville et Berville) placés sous la houlette d'un même pasteur étaient en grande fête dimanche dernier. Pour la première fois, le très saint Sacrement était porté processionnellement à un grand reposoir dressé à l'arrivée de bac de Duclair. « Vases et corbeilles de fleurs magnifiques, verdure, candélabres, séries de pavillons, guirlandes, rien n'avait été négligé pour le rendre aussi beau que possible. Après une courte allocution, le curé donna la bénédiction solennelle au son du tambour, des cloches de Duclair. De douces harmonies parfaitement exécutées par des instrumentistes venus de Barentin. Les enfants portaient des oriflammes, travail de mains pieuses de la paroisse. Sur le parcours de la procession se trouvaient trois autres reposoirs où chacun avait rivalisé de zèle.» La semaine religieuse, juin 1898. Deux visions de
l’histoire de notre village
allant du XVIIe au XXe, l’une
consacrée à l’administration
civile tintée d’une forte rigueur religieuse
jusqu’à la
Révolution et l’autre consacrée
à l’église, avec ses
processions, ses symboles, ses rites et coutumes… Deux
mondes
imbriqués qui se transformeront avec les
événements, la Révolution
de 1789 et la séparation de l’église et
de l’Etat le 9 décembre
1905.
SOURCE
Gilbert FROMAGER.
Le site « Le canard de Duclair » de Laurent Quevilly avec son aimable autorisation |