Garde-Champêtre
Valérie Blondel-Frémont, petite fille de l’avant dernier garde champêtre, témoigne sur ce métier phare presque oublié.

Par Gilbert Fromager

Elle est le témoin direct de cette profession rurale quasiment disparue. Valérie est la petite fille de Henri Levillain, l’avant dernier garde champêtre d’Anneville-Ambourville. Elle reste toujours très fière de son grand père photographié ici en uniforme. Son képi et ses boutons argentés brillent encore dans ses yeux.

Elle se souvient de son tendre papy qui pouvait dresser des procès-verbaux pour incivilité bien sûr tout en se montrant très tendre avec sa petite fille.
Le contraste était saisissant mais fonction officielle oblige, il prête serment au Palais de Justice de Rouen.


A droite, Henri Levillain, garde champêtre en tête du défilé de la Saint Jean en 1978, passe devant la maison de Madame Duvivier. La reine du village et ses demoiselles d’honneur sont à ses côtés. Monsieur Gibouin maire et des conseillers suivent ainsi que les majorettes. (Cliquer pour agrandir)

Henri est d’abord tourneur à la boulonnerie de Duclair de 1964 à 1967. Pendant ce temps il lui arrive d’aller chercher de l’acide à Rouen avec un camion De Dion Bouton, c’est dire l’expérience que peut avoir cet homme prêt à tout. Il fut aussi été employé à la savonnerie Le Chat de Yainville.

A la fermeture de cette usine il devient employé communal. La commune d’Anneville a besoin d’un homme à tout faire, grâce au tracteur de sa petite fermette, il obtient ce poste. Les travaux sont divers et variés, ça va de la coupe de chardons dans les prés communaux à l’épandage d’engrais, à l’entretien des routes avec Marcel Agasse et Fernand Poulet.

Peu de temps après, il est promu garde champêtre et là, ça se complique, il doit aussi prévenir les familles lors des décès accidentels, par pendaison par exemple, creuser les tombes… Il lui faut aussi enfourcher la mobylette avec des outils attachés sur le porte bagage tout en distribuant des plis administratifs. Henri est sur tous les fronts.

Valérie 5 ans porte le képi de son grand père. Elle est maintenant coiffeuse à domicile.

Il va si vite qu’un jour Claude Ouvry lui propose de passer à travers sa salle à manger en mobylette pour éviter de perdre du temps à faire demi-tour. Claude a dû s’inspirer du film de Jacques Tati « Jour de fête » avec la fameuse tournée à l’américaine du facteur « hélicoptère »

Valérie se souvient très bien alors qu’elle n’avait que 5 ou 6 ans que son papy prenait quand même le temps de la promener sur son tracteur lors de la remise en route des éoliennes dans le Marais. Elles étaient précieuses ces machines à remonter l’eau, elles permettaient de donner à boire au bétail paissant dans les prés communaux.

Monsieur Gibouin, maire du village, ne pouvait qu’être ravi d’avoir à sa disposition un homme aussi serviable, doté d’une grande conscience professionnelle et accomplissant toutes sortes de tâches pour le bien de ses administrés.



Henri Levillain, garde champêtre retraité prononce un discours entre son épouse et Monsieur Gibouin maire. Cette réception à l’ancienne salle des fêtes permet de rendre hommage à l’homme qui a rendu tant de services à la commune d’Anneville Ambourville.

En avril 1987, il y a 30 ans exactement, c’est Eugène Vigé qui endosse le dernier costume de garde champêtre sitôt la retraite sonnée de Henri Levillain. Depuis la disparition d’Eugène, aucun autre employé municipal n’a rempli cette tâche ingrate qui demande à la fois du désintéressement et de la psychologie.

Henri est aussi le père d’Evelyne Fremont qui a travaillé à la cantine scolaire avec tante Odette et Madame Polbost, d’autres figures locales qui ont aussi rendu de grands services à la collectivité annevillaise. (Cliquer)


Rappel de la fonction

Ce fonctionnaire territorial dispose en effet d'un pouvoir important afin de constater par procès-verbal les contraventions et les délits portant atteinte aux propriétés rurales et forestières ainsi que les contraventions aux règlements et arrêtés de police municipale, des maires comme des préfets. Au-delà de ces prérogatives, il exerce ses compétences dans plus de 150 domaines dont la police de la route, la police de l'eau ou encore la police de l'urbanisme. De plus en plus, les missions du garde champêtre s'orientent vers la protection de l'environnement et la préservation des espaces naturels sensibles.


Concernant l’habillement, l’uniforme n’est pas obligatoire par contre le garde doit porter une plaque en métal. Cette plaque doit comporter les mentions "LA LOI", le nom de la commune ainsi que celui de l’homme assermenté, il est équipé en quelque sorte comme un « shérif ».

Depuis 1958, la fonction de garde champêtre n’est plus obligatoire dans les communes ce qui porte préjudice à la profession.

En tout, ce sont 30.000 postes de gardes champêtres non remplacés qui disparaissent mais un retour de la profession semble naitre sous la forme de police municipale intercommunale du fait d’élus soucieux de l’environnement et de la ruralité.

Gilbert FROMAGER.











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