Une gribane échouée au château de la 

Cheminée Tournante à Anneville-Ambourville…


Par Gilbert Fromager
En 1819, « l’Eugénie » s’échoue devant le château. C’est une gribane. Charles Bataille patron de chantier naval à la Mailleraye est chargé de démanteler l’épave comme il est stipulé aux archives dans le matricule de ce bateau (ci-contre).

Il s’agit bien du château très connu à Anneville-Ambourville mais comment interpréter ces quelques lignes un peu floues extraites des archives par Pierre Lair ?


Pierre Lair, descendant de Louis Frémont capitaine de navire à Quillebeuf, a retrouvé dans les archives des signalements des bâtiments cette note très intéressante pour nos racines…« Dépecée en 1819 par sieur Charles Bataille, patron de chantier à la Mailleraye, à la Cheminée Tournante entre Duclair et Yville, suivant certificat de la même date».

L’Eugénie

Cette gribane, construite en l’an 7 au chantier de Dieppedalle et appartenant à Michel Deconnihout de Jumièges depuis 1818 se serait échouée devant le château. Charles Bataille, aurait démantelé « l’Eugénie » à proximité de la « Cheminée Tournante ». Cette version semble plausible car il n’y a jamais eu de chantier naval dans la commune ! Ce sont les seuls éléments connus à propos de cette gribane maintenant disparue.

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Le Joble est au sec sous son toit « conservateur ». Pour obtenir une coque aux formes harmonieuses, il faut un œil exercé. Le cintrage des lames de chêne contre les varangues demande un savant tour de main de la part des charpentiers de navire.

C’est quoi une gribane ?

Une gribane c’est une énorme barque pontée tout en chêne qui naviguait sur la Seine au bornage c’est-à-dire de petits ports en petits ports pour le transport des matériaux divers et variés. C’est l’ancêtre des péniches. Elle a de belles mensurations : longueur 20 mètres, largeur 6 mètres et tirant d’eau 0.90 mètre d’où sa faculté d’accoster à peu près partout le long des rives de Seine…

Pour la construire, sur sa quille de section carrée de 20 centimètres, on dispose l’étrave en chêne naturellement courbée, puis l’étambot et les varangues aussi en chêne. La coque est bordée de planches de chêne clouées avec des carvelles et calfatées de trois couches d’étoupe. Le pont du milieu qui accepte de lourdes charges est renforcé par des barrots soutenus par des épontilles… Une structure résistant à toute épreuve. Le reste est ponté de façon normale

La proue du Joble toujours à l’avant du métier de marin digne de la grande famille qu’est la batellerie de Seine.

Coll. Parc Naturel Régional des Boucles de la Seine Normande, MuséoSeine à Caudebec-en-Caux.

Coll. Parc Naturel Régional des Boucles de la Seine Normande, MuséoSeine à Caudebec-en-Caux.


Par contre, une autre gribane est toujours en vie à MuséoSeine à Caudebec en Caux. C’est le Joble. Il est d’une autre génération puisqu’il a été construit fin XIX° aux chantiers Pecqueur de Petit Quevilly. Il a résisté contre vents et marées après de longues années de services et est parvenu jusqu’à nous en très bon état après bien des péripéties.

Le Joble nait et renait…

En 1886, à sa naissance, il s’appelait « L’Enfant de France », il croisait au large de notre village pour livrer des pierres depuis les carrières de Biessard jusqu’à Berville sur Seine où des digues étaient construites en face de Duclair afin de protéger les berges « mangées » par le fleuve. Il a œuvré dans ce secteur jusqu’en 1920 puis a été doté d’un moteur de camion pour travailler entre Le Havre et Quillebeuf. Il livre les marchands en charbon, en bois et en épicerie jusqu’en 1939. A cette date le fret diminue à cause du début de la concurrence avec le transport routier. Monsieur Duchemin, propriétaire de la gribane, loue alors son bateau pour le renflouement du Télémaque, un vaisseau du XVIII° siècle ayant sombré près de Quillebeuf avec le trésor royal en fuyant la Révolution. Le relevage de l’épave n’a pas permis de retrouver la moindre trace du trésor légendaire.

En 1940, il est abandonné et gît au fond de la Seine faute de moyens pour le relever…

En aout 1943, les Ponts et Chaussées le remettent à neuf ne conservant que la quille et le fond plat. « L’Enfant de France » est rebaptisé « Joble » d’un lieu-dit de Fatouville Grestin près d’Honfleur.

Durant 30 ans, il reprendra du service comme bateau-atelier pour l’entretien des digues et estacades. Le Joble a aussi servi de kiosque à musique lors des régates de Quillebeuf.

En 1973, le service des Ponts et Chaussées le remplace par une vedette, il est alors vendu comme résidence dans un bras mort de la Seine à Issy les Moulineaux.

En 1981, le Parc Naturel de Brotonne 1 de l’époque l’achète et en 1985 il est exposé au MuséoSeine de Caudebec en Caux où il passe depuis des jours paisibles au bord de la Seine au sec, admiré par de nombreux visiteurs.

Gilbert FROMAGER

  1. Maintenant Parc Naturel Régional des Boucles de la Seine Normande

En août 1943, les Ponts et Chaussées le remettent à neuf ne conservant que la quille et le fond plat. « L’Enfant de France » est rebaptisé « Joble » d’un lieu-dit de Fatouville Grestin près d’Honfleur.Durant 30 ans, il reprendra du service comme bateau-atelier pour l’entretien des digues et estacades. Le Joble a aussi servi de kiosque à musique lors des régates de Quillebeuf.

En 1973, le service des Ponts et Chaussées le remplace par une vedette, il est alors vendu comme résidence dans un bras mort de la Seine à Issy-les-Moulineaux.

La maquette du Joble en lattes de chêne d’après photos du vrai Joble prises au MuséoSeine de Caudebec en Caux réalisée par l’auteur de cet article.

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La maquette, tout en chêne, au 1/20 ° copie conforme du Joble, est presque terminée. Un mètre de long, 0.30 mètre de large. Sur la partie centrale du pont on peut remarquer la place réservée au fret.







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