On dansait au cimetière
L'église d'Hénouville est de différentes architectures, qui datent du XIIIe au XVIe siècle. Elle existait du temps de l'Abbé Le Gendre, à peu près telle qu'elle est aujourd'hui. Un nouveau Presbytère a été bâti au nord de l'Eglise. L'ancien, qui subsiste encore, construit en colombages et autrefois couvert en tuiles, servait de cabaret, il y a quarante ans. On y buvait, on y dansait le dimanche. Une des portes de l'auberge s'ouvrait même sur le cimetière, dont les morts auraient pu se réveiller au son des violons, au bruit des danses et aux chants des buveurs. A ce cimetière et à ce cabaret si étrangement voisins, attenait une grande cour complantée de pommiers, où j'ai remarqué de vieux murs en brique et caillou, qui avaient sans doute servi de clôture au verger du Curé-horticulteur.
Prosper Blanchemain, 1876.
Condamné à entendre la messe
Charles Ribault, sieur du Mesnil-Ribault, à Hénouville, près Rouen, fut reçu conseiller au Parlement en 1631 ; il avait épousé, l'année précédente, Elisabeth des Hommets, fille de Jacques des Hommets, sieur de Guichainville. Un des quatre fils sortis de cette union, Jacques Ribault, fut condamné, à la suite d'une rixe dans la cathédrale de Rouen, à entendre la messe un cierge à la main, devant l'autel du Vœu. Il fut maintenu de noblesse, le 2 janvier 1608, avec les titres de seigneur du Mesnil-Beaucamp et du Bosbénard-Commin, gentilhomme ordinaire de Monsieur, frère unique du roi, demeurant à Paris et au Mesnil, paroisse d'Hénouville.
Ribault : de gueules à la fasce d'or, chargée de 3 tourteaux de gueules, accompagnée de 3 croix ancrées d'argent 2 et 1.
Pays de grains...
Hénouville, en Normandie, diocèse, parlement, intendance & élection de Rouen. On y compte un feu privilégié & 117 feux taillables. Cette paroisse est située à quelque distance de la rive droite de la Seine, en pays de grains , de fruits & de pâturages, à 2. lieues & tiers O. N. O. de Rouen , & 3. & demie E. S. E. de Caudebec.
La prospérité de Duclair
Cette industrie fruitière, il est bon de rappeler cela, eut ses premiers développements dès le dix-septième siècle : l'abbé Legendre, curé d'Hénouville, homme instruit et très riche, avait fait de son presbytère un jardin modèle où furent élevées, greffées avec soin, les meilleures espèces, qui se propagèrent vite en toute la contrée. Cela fit, dès le siècle suivant, l'importance du petit port de Duclair pour le commerce des fruits, importance qui s'est continuée et toujours augmentée,
Eugène Noël, 1894.
Miracle !
D'une fille, nommée Marguerite, de la paroisee d'Henouville, près de Rouen, qui parloit sans langue.
Je m'en allois luy en rapporter quelques-uns dont j'ay été le témoin occulaire ; comme d'avoir donné à une personne la facilité de la parole, après avoir perdu la langue qui luy étoit tombée de la bouche pourrie dès la racine par la petite vérole, & l'avoir fait jouir de ce bénéfice si miraculeux l'espace de plus de vingt ans, durant lesquels je l'ay veuë & parlée plusieurs fois.
Louis-François d'Argentan, 1680.
Le caillou tire-lire
Au bord de la route départementale n° 4, au lieu dit la Caboterie, on m'a signalé et j'ai vu moi-même, en 1862, des murs romains chaînés de briques. — Le Musée de Rouen possède des fragments de meules à broyer en poudingue, trouvés, en 18G2, au hameau de La Fontaine.
Sous Louis XVI, un tombeau antique a été trouvé à Hénouville. En 1775, une note sur ce sujet a été communiquée à l'Académie royale de Rouen. Elle est restée manuscrite dans les archives de cette Compagnie.
L'œil en se promenant découvre huit clochers,
Dont les noms par hasard, terminés tous en ville,
Semblent servir de rime à celui d'Hénouville.
Vers attribués à Corneille qui fait allusion à Bardouville, Yville, Anneville, Berville, Ambourville, Barneville, Bocherville, Saint-Pierre-Manneville.
Un vicaire nommé Denis Bocquet
Auteur de considérations essentiellement météorologiques, le curé du Vaurouy fut d'abord vicaire à Saint-Michel-d'Hénouville. Il raconte...
Je fut fait prestre en 1720, le 21 septembre, sous Monseigneur de Besons, transféré de Bordeaux à Rouen, par Monseigneur César Lé Blanc, évêque d'Avranche, son nepveu. Je fus envoyé vicarier à Hénouville, doyenné de Saint-George proche Montigny, sous M. de Villers, curé de la paroisse, doyen du doyenné jusqu'en 1726, qu'il mourut le 14 septembre.
Les années furent assez bonnes, excepté 1725, où, depuis le mois de may jusqu'en septembre, il n'y eut pas un seul jour sans pluye. Le bled fut très cher depuis la Pentecoste jusqu'à la récolte, 8,9,10 livres le boisseau.
En 1724, grande tempeste. Le onze d'aoust la moitié des fruits fut abattue, jour de Saint-Taurin.
En 1726, le premier février, je perdis mon père âgé de 54 ans, six mois. En 1727, je perdis un frère âgé de 29 ans deux mois, mort à Rouen, le 15 ile may, d'une fluxion de poitrine, inhumé à Saint-Laurant au pied de la croix au cimetière. Aussitost, j'eus une grande maladie dont je ne fus guéri passablement que vers la Toussaint.
Un deuxième frère se maria le 1er septembre.
En 1728, le 1er février, mourut ma chère mère, âgée de 55, étant née le 22 janvier 1673 : Elle se nommoit Marguerite Jonquais. Son père Jaques Jonquais était mort en 1707, âgé de 79 à dix ans. Je luy ai des obligations infinies: Sans elle, jamais je ne serois parvenu au sacré sacerdoce. Elle mourut avec moy, dans mon vicariat à Henouville, où elle est inhumée au pied de la. croix.
Cette mesme année j'eus la fièvre tout l'esté.
Le 28 juin mourut madame de Berruyer, laquelle en mourant demanda à M. son mari qu'il m'appellât au Vaurouy si la cure vaquoit, ce qui arriva le 12 novembre an 1728; et je fus nommé le 14 du mesme mois.
La mort du curé
Journal du curé du Vaurouy
(*) Maître Jean-François de Lormel
Les chauffeurs de la RévolutionExécuté en 1798, Duramé et sa bande de chauffeurs de pieds firent des émules qui vinrent sévir à Hénouville...
Le
soir même, une troupe nombreuse d'individus masqués ou
dont le visage était barbouillé de suie, attaqua une
grosse ferme située près d'Hénouville (canton de
Duclair). On enfonça, comme du temps de Duramé, les
portes à la bombe, c'est-à-dire avec un énorme
soliveau poussé avec force.
Le fermier, un sieur Porcher, ayant d'abord refusé de livrer son
argent, eut les pieds affreusement brûlés. On viola deux
servantes et la fille même du maître de la maison, une
pauvre enfant à qui cette catastrophe fit perdre la raison.
Les amours de Duramé / par Théodore Henry
Florence Chauvière était la plus jeune d'une famille de sept enfants; ses frères et soeurs s'étant mariés, elle resta seule à la maison paternelle, ayant à soutenir son père et sa mère infirmes. Elle dévidait du coton qu'elle allait chercher à pied, de son village d'Hénouville, près Duclair, à Rouen. Partant à quatre heures du matin, lacourageuse enfant revenait chez elle, à pied, avec sa charge de coton.
Son père étant mort, elle entre en service d'abord comme fille de basse-cour, puis en 1861 elle fut placée comme bonne chez M.Beaucantin. Elle est encore au service de Mme veuve Beaucantin. Le dévouement qu'elle avait montré pour son père infirme, pour sa vieille mère, par elle soutenue jusqu'à sa mort, elle l'exerça égalementenvers ses maîtres.
En 1897, M. Beaucantin fut atteint d'une longue et cruelle maladie, dont il mourut. Jour et nuit, Florence Chauvière le soigna. Ses gages étaient modestes : 25 fr. par mois ; cependant l'adversité ayant atteint ses maîtres, elle ne voulut pas les quitter et,actuellement, elle ne reçoit que ce qui est nécessaire à son entretien.
Plusieurs fois elle a refusé des offres de placement avantageuses; elle était tellement attachée à la famille Beaucantin qu'aucune offre ne la tentait et qu'elle considérait comme une offense la pensée qu'elle aurait pu quitter ses maîtres après tant d'années de dévouement.
Mlle Chauvière est bien digne de la récompense que nous sommes heureux de lui décerner.
Dans la même famille depuis cinquante-trois ans, la vieille domestique, âgée aujourd'hui de soixante-treize ans, que nous vous présentons, a toujours été appréciée et estimée pour son excellent caractère, sa grande probité, son dévouement dans les soins prodigués à un maître devenu difficile dans ses dernières années ; mariée, mais privée de son mari atteint d'un mal inexorable, elle a reporté sur ses ascendants et sur des nièces ses besoins d'affection ; nous sommes heureux de décerner la grande médaille d'argent de la Société à Mme Millon, née Joséphine-Victorine Avisse, domestique chez M. Darcel, à Hénouville.
Les riants coteaux d'Hénouville, qui couronnent la vallée de la Seine, ont encore vu, au XVIIe siècle, leurs sommets fraîchement plantés de vignobles par l'abbé Antoine Legendre, l'ami du grand Corneille et l'intendant des jardins de Louis XIII. Cet horticulteur éminent, qui inventa l'espalier, qui nous a donné tout un Traité sur les arbres fruitiers, avait planté la lisière de la forêt de Roumare et établi un vignoble à peu de distance de son vieux presbytère d'Hénouville, sur un terrain concédé par le Roi lui-même. On montre encore aujourd'hui le bosquet étage qui perpétue le nom de l'abbé Legendre, digne et véritable souvenir d'un Lenôtre champêtre.
Une avalanche de grêle, qui n'a pas duré moins de trois quarts d'heure, a tout saccagé à Duclair. Les arbres fruitiers sont hachés, les jardins fortement endommagés. La foudre est tombée en plusieurs endroits.
Mort d'un notable
Un ancien magistrat, qui fut aussi journaliste à son heure, M. Charles Langlois du Plichon, vient de mourir, à l'âge de soixante et onze ans, dans son château d'Hénouville, près de Rouen.
M. du Plichon appartenait à l'ancienne noblesse de Normandie. Procureur du roi sous Charles X, il donna sa démission après les journées de 1830, et fonda la Gazette de Normandie, à Rouen, pour défendre les intérêts de la dynastie tombée.
La situation ravissante d'Hénouville entre les collines boisées qui le dominent et les rives de la Seine qui l'embrassent, une végétation pleine de sève, les reflets argentés du fleuve attirèrent tour à tour nos regards.
A cinquante pas de la Fontaine-sur-Duclair, la Barre, qui semblait nous avoir attendus, se déroula de l'un à l'autre rivage dans toute sa splendeur ; et plus loin, les traces d'une génération disparue, la chaise de Gargantua, fixaient notre attention. Nous n'avions pas achevé de nous communiquer nos impressions, que nous entrions à grand bruit dans Duclair où un relais nous attendait.
Nous savions que, là encore, il y avait à glaner pour l'archéologie: un renseignement transmis par M. Alfred Darcel, dont l'absence était vivement regrettée, nous avait appris l'existence, dans l'église du bourg, de deux chapiteaux gallo-romains...
Congrès archéologique de France, 1860.
Mais, je me hâte de le dire, malgré ces défauts des rochers blancs, il y en a un d'un effet admirable: entre le poteau qui indique le chemin d'Hénouville et le village de Duclair, la chaise de Gargantua, entre autres, fixe les yeux de tous ceux qui savent regarder; ici le roc a des teintes plus roussâtres et plus chaudes; on dirait des ruines, un reste de dôme et de pinacle gothique. Les hommes cherchent souvent à imiter la nature, ici la nature a semblé vouloir copier leurs plus beaux ouvrages, leurs vieux temples à l'Éternel; et que l'on ne croie pas que, sur cette jolie route, les yeux seuls aient leur part : « Non, dit Nodier, les deux rives de la Seine, depuis Duclair jusqu'à Caudebec, sont riches de tous les souvenirs des rois mérovingiens. »
Joseph Alexis Walsh - 1842
La naissance de l'école
LOUIS PHILIPPE, Roi des Français,
Vu le décret du 31 février 1808;
Vu les lois des i5 et 16 floréal an x et 5 ventôse an XII.
Vu le procès-verbal d'information de commodo et incommodo;
Le plan dudit terrain et le procès-verbal, en date du 1er décembre 1842, par lequel des experts nommés contradictoirement ont estimé le sol du terrain dont il s'agit à la somme de cent vingt-cinq francs;
Une nouvelle délibération, du 27 mai 1843, par laquelle le conseil municipal a voté les fonds nécessaires pour le payement tant du prix principal que des frais auxquels la concession et l'ouverture des fossés de séparation pourront donner lieu;
L'avis du préfet de la Seine-Inférieure et celui de notre ministre secrétaire d'état de l'intérieur;
Les observations de l'administration des forêts;
Considérant que la concession demandée a pour objet une mesure d'utilité publique comunale, et qu'ainsi il y a lieu à l'application du décret du 21 février 1808;
Sur le rapport de notre ministre secrétaire d'état des finances,
Nous Avons Ordonné et Ordonnons ce qui suit:
Art. 1er. Le préfet du département de la Seine-Inférieure est autorisé à concéder à la commune d'Henouville, arrondissement de Rouen, moyennant la somme de cent vingt-cinq francs, prix résultant de l'estimation qui en a été faite, un terrain nu d'une contenance de vingt-cinq ares, dépendant de la forêt domaniale de Roumare, tel qu'il est désigné et limite au procèsverbal d'estimation et au plan, lesquels resteront annexés à la minute de l'acte de concession.
2. La commune d'Henouville sera tenue, 1° de verser à la caisse du domaine ladite somme de cent vingt-cinq francs, aux époques et avec les intérêts fixés par les lois des 15 et 16 floréal an X et 5 ventôse an XII; 2° d'acquitter tous les frais auxquels la concession a pu ou pourra donner lieu, y compris les frais d'expertise; 3° de séparer de la forêt de Roumare le terrain concédé par des fossés de la longueur et de la dimension déterminées par les agents forestiers.
Rouen, 15 janvier.
Le Petit Parisien, janvier 1911.
Un violent incendie s'est déclaré au domicile des époux Guilbert, à Hénouville, à la suite d'une explosion dont lanature n'a pu être définie. Malgré les efforts des sauveteurs, la maison et tout le mobilier ont été anéantis. Mme Guilbert, en essayant de sauver la comptabilité de son mari, a été grièvement brûlée aux jambes.