Par l'abbé Cochet

Pierre-Nicolas Poisson,
naquit en 1727, l'année même où l'on imprimait notre nouvel Antiphonaire. Il vint au monde à Rouen, selon les uns, à Duclair, selon les autres. (N.D.L.R. il n'y a pas de naissance à ce nom à Duclair en 1727).

 La première cure qu'il occupa fut celle de Bardouville, sur les bords de la Seine. Il y arriva en 1766 et en partit au mois de mars 1780, pour devenir curé de Boscherville. Il fut le dernier titulaire de la vieille église de Saint-Martin, à présent disparue. En 1791 il prêta serment à la
constitution civile du clergé et devint curé constitutionnel de sa propre paroisse. Il demeura en fonction jusqu'au commencement de 1794, époque où tout culte chrétien cessa en France. Il se cacha pendant la Terreur, puis reparut comme curé dès 1798.

Cette même année, il ouvre un registre de baptêmes: les actcs en sont signés
Poisson, ministre du culte catholique. Du reste c'était là l'expression consacrée à l'époque. M. Leblanc de Beaulieu.évêque constitutionnel de Rouen, signe lui-même chef du culte catholique la lettre qu'il adresse au citoyen préfet de Rouen, le 14 vendémiaire an IX, pour le prévenir de la tenue du concile métropolitain.

Cependant en cette même année 1800, M. Poisson signe curé de Boscherville et doyen de Saint-Georges. On voit que dès-lors il cherchait à faire revivre les vieilles institutions. Mais on peut dire qu'il se trompait de temps et de titre.

Saint-Georges avait perdu pour toujours son doyenné; seulement de 1800 à 1802, M. Poisson, curé de Saint-Georges, avait été nommé archiprétre de Canteleu, division diocésaine créée par M. Leblanc de Beaulieu et qui ne survécut pas à son auteur.



M. Poisson resta curé de Boscherville et archiprétre de Canteleu, jusqu'au 20 mai 1802, où il fut transféré à la cure du Héron, sur les bords de l'Andelle. Ce fut pour lui un grand chagrin de quitter sa pauvre paroisse où il avait vécu 22 ans et passé de bien mauvais jours. On raconte qu'à une époque sa misère était si grande que pour gagner sa vie il avait été réduit à filer du coton avec sa vieille servante. Du reste il a laissé des souvenirs à Saint-Georges. Les vieillards parlent encore de sa belle voix, de son amour pour le chant d'église et de son talent pour la musique.


M. Poisson mourut au Héron, le 22 mars 1806, à l'âge de 79 ans. Il fut inhumé dans le vieux cimetière autour de l'église. Mais dans ces derniers temps M. de Pommereu a donné à la commune un nouveau cimetière qui a été bénit le 11 mars 1850. Par une attention particulière pour le bon curé qu'il avait connu, M. de Pommereu l'a fait exhumer en janvier 1851 et transporter dans le cimetière quasi-monumental qu'il vient d'ériger. Non content de l'inhumer près de la chapelle de Saint-Michel, il doit lui accorder une concession perpétuelle et placer une croix sur sa tombe. Nous applaudissons à cette pensée généreuse et touchante.
Jean Benoît D. COCHET.




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