Le 27 avril 2008, l'association des Baronnies effectua une randonnée de Berville à Ambourville. Hubert Vézier en a conservé l'itinéraire commenté dans ses archives...

10h : parking de la mairie et de l'église de Berville :

L'église Sainte-Marie de Berville a été reconstruite en deux périodes, le chœur à la fin du Xve et la nef au début du XVIe. Au XIIe, le patronage a été donné par Guillaume des Authieux et par l'impératrice Mathilde au prieuré de Bonne-Nouvelle de Rouen. Autrefois, un pèlerinage se faisait à Saint-Lubin.

Le chœur a été bâti en pierres et la nef en briques et pierres. De beaux graffiti de bateaux sont visibles sur les murs extérieurs. Un nouveau clocher a été construit au XIXe devant l'entrée de la nef. Le clocher précédent, du XVe, se trouvait entre le chœur et la nef, décoré de plombs formant des chevrons et des blasons sur la croix.

L'intérieur présente surtout de beaux vitraux classés M.H. Depuis 1935.

Dans le chœur, les vitraux datent environ de 1470 et présentent beaucoup de similitudes avec des vitraux de la cathédrale de Rouen de l'atelier de Guillaume Barbe.

La baie centrale présente le Christ en croix entre la Vierge Marie et saint Jean. Remarquer les inscriptions dans la bordure des vêtements, les angelots tenant des instruments et les blasons de Robert Osmont et de Thomasse Mustel, seigneurs de Berville depis 1447 et morts en 1485.
Osmont : « D'argent au chevron de sable accompagné de trois étoiles du même ».
Mustel : « De gueules semé de fleurs de lys d'or à la bande d'azur encagé de trois herses d'or. »

Au mur nord, les vitraux représentent sainte Anne et l'éducation de la Vierge Marie dans la baie 1 et saint Denis de Paris portant sa tête coupée et des angelots et sainte Face dans le tympan de la double baie 3.

Au mur sud, les vitraux des baies 2 et 4 sont disparus, sauf des petits anges au tympan de la baie 4.

Dans la nef, les vitraux datent environ de 1514-1525.

Au mur nord, la double baie 5 représente à droite sainte Anne et l'éducation de la Viers Marie, avec la donatrice et ses filles et à gauche saint Jacques de Compostelle tenant le bourdon des pèlerins avec le donateur et son fils avec le blason de Nicolas ou de Jacques Osmont, seigneur de Berville.

La double baie 7 conserve seulement une Trinité, des anges et un bateau de pêche au tympan. L'abbé Cochet avait remarqué des fragments d'une « pêche miraculeuse » en 1871, qui aurait peut-être été placée à cet endroit.

La double baie 9 montre à droite saint Jean-Baptiste avec l'agneau sur le livre « Jahel » et à gauche saint Lubin (?) évêque de Chartres, au-dessus des fragments d'une charité de saint Martin avec inscription de « 1514 » (?) et de « Thoumasse ».

Au mur sud, la double baie 6 conserve à droite saint Damien proposant un pot à onguement à un enfant malade et son frère saint Côme disparu pouvait occuper la baie de gauche. Au tympan, le blason entouré d'angelots représente la famille Chuffes du fief du Pont d'Anneville. « D'hermines à la bande de sable, chargée de 3 molettes d'éperons d'or. »

La double baie 8 montre seulement une Trinité et des anges au tympan.

La double baie 10 conserve un tympan avec des pampres de vigne.

Dans le chœur, les deux autels latéraux étaient dédiés à saint Firmin et à saint Saire. Des carreaux émaillés sont décorées d'une ancre cantonnée de 4 roses, en jaune sur fond rouge. A droite de l'autel, une double piscine-crédence permettait de rejeter l'eau utilisée pendant la messe. Au sol, une dalle funéraire de Henry Decaux et de Marie Delivet relate leur inhumation en 1592 et en 1612. Une litre funéraire de veuve, sur un écu en losange, de Marie de Planterose, avec une cordelière et longue bande noire du XVIIIe est visible dans le chœur. Une autre litre funéraire de son mari, François de Brèvedent de Sahurs, seigneur de Berville, est marquée dans la nef. Au fond de la nef, les statues de saint-Pierre et saint Jacques de Compostelle sont encore polychromées.


11h15 : château d'Ambourville


Le château d'Ambourville, dit le manoir des Templiers, a été construit au XIIIe avec une tourelle d'escalier, surmontée d'un épi de faîtage du XVe-XVIe et des modifications sur les portes et fenêtres au XVIIIe. Ce château appartenait aux Malet de Graville au XIVe. Pendant l'occupation anglaise, il est occupé par Falstroff puis par Louis de Robessart depuis 1419. Les Malet de Graville retrouvent leurs biens qui passent par alliance aux Balzac depuis 1510. Il passa au XVIIe à la famille Delisle de Marivaux et par vente au du Fay de Limanville en 1775.

Les blasons des Malet de Graville, « De gueules à 3 fermeaux ou bloucles d'or », et des Balzac, « D'azur à 3 sautoirs d'argent 2 et 1, au chef d'or chargé de 3 sautoirs d'azur » étaient représentés à l'entrée de la tourelle avec les Rohan et Visconti. Le colombier XVIe-XVIIe environ présente les traces des mêmes blasons. La ferme voisine possède des construcitons du XVIIe. Une importante grange limite les deux propriétés.

En 1828, le château appartenait à Amable Dufay de Limanville et la ferme appartenait à Le Filleul de Longthuit.

Le fief d'Ambourville possédait 7 garennes à lapins, cause de procès avec tout son voisinage en 1717 et 1755. Le Bois de la Garenne, que nous allons traverser, se prolonge par le Bois de la Glacière, sans doute le lieu d'une ancienne glacière pour conserver de la glace autrefois.


11 h 45 : moulin à vent de Charles Savalle à Ambourville.

 Nous n'irons pas sur le site de l'ancien moulin à vent d'Ambourville, actuellement situé auprès de la piste de karting, dans une zone de carrières, au lieu-dit Claquevais.

Ce moulin à vent était en ruines en 1651 quand François de Lisle de Marivaux et d'Ambourville le vend à Guilleaume Lespagnol, à charge de le reconstruire. En 1652, Guillaume Lespagnol baille le moulin à Jean Chapelle pour 6 ans. En 1659, Guillaume Lespagnol fils cède le moulin à vent à Jacques Menissier. En 1732, Nicolas Lemanissier vend le moulin à Charles Savalle.

Dans le plan d'Anneville de 1780 environ, le moulin est représenté à la limite des paroisses d'Anneville et de Bardouville. Il est construit avec une cage de bois sur un pivot.

En 1809, le moulin fait une mouture à la grosse, soit très peu de blé, seigle, sarrasin et orge. Il écrase 150 kg ou 300 l de farine par jour. Ses meules proviennent de Brie.

Le moulin est revendu en 1820 à Pierre-Charles Savalle, meunier à Duclair.

Dans le plan cadastral d'Ambourville de 1828, l'ancien moulin en ruines est remplacé par un nouveau moulin sur pivot placé à côté. Après diverses mutation, le moulin est détruit en 1882.

12h église d'Ambourville.

L'église Saint-Rémi d'Ambourville a été reconstruite au XVIe pour la nef et au XIXe pour le chœur. Elle fut donnée par l'impératrice Mathilde au prieuré de Bonne-Nouvelle de rouen au XIIe. Elle est le lieu d'un ancien pèlerinage à saint Côme et saint Damien. Cette église possède les statues des deux saint médecins retrouvées en 1907. Les pèlerins devaient déposer des œufs dans un trou du sol, un par un ou deux par deux. La putréfaction des œufs était reconnu comme le signe du recul du mal. La chapelle Saint-Côme à Ettouteville est un autre lieu célèbre de pèlerinage pour les guérisons.

De 1355 à 1395, la paroisse ne fonctionne plus car elle est occupée par une bande de pillards alors que les habitants ont pris la fuite.

L'église a perdu ses vitraux du XVIe qui représentaient saint Rémi, saint Côme et saint Damien. Elle conserve les dalles tumulaires de plusieurs seigneurs d'Ambourville. A l'extérieur, quelques graffiti sont encore visibles, surtout du côté nord de la nef.

12h30 : pique-nique en bord de Seine

Manoir du Passage de la Fontaine

14h30 : passage d'eau de la Fontaine

L'ancien passage d'eau de la Fontaine dépendait autrefois des seigneurs d'Ambourville qui détenaient également un droit de pêche sur la Seine. Ensuite, le passage d'eau devient une annexe pour celui de Duclair. Ce passage d'eau a fonctionné jusqu'en 1972 pour les piétons. Il était situé au changement de côté du chemin de halage depuis 1729 environ. Ce passage a été supprimé depuis la Révolution jusqu'en 1857. Vers 1830, le passage d'eau fonctionne une seule fois par an le dimanche pour le pèlerinage de sainte Anne à la Fontaine. Le 21 août 1799, douze déserteurs attaquent huit gardes nationaux et prennent la barque du passage.

Mars 1972 : l'un des derniers passages du bac de la Fontaine sous la conduite d'André Lebourgeois (Source : http://bacsdeseine.over-blog.com)

Les seigneurs d'Ambourville détenaient aussi un droit de pêche depuis le port de Saint-Georges-de-Boscherville jusqu'à l'Anerie.

La chaise de Gargantua est connue pour son beau point de vue et pour la légende du colporteur qui voulut traverser la Seine sur la jambe du géant assis à cet endroit. La « Curia Gigantis » est citée dans une charte de Jumièges de 1188.

15h15 chapelle Saint-Joseph de Joseph Piquefeu

La chapelle Saint-Joseph a été construite par M. Joseph Piquefeu dans son domaine de l'Isle le Roy. On y trouve au-dessus de la porte l'inscription de « 1719 ». A 1,10 m au-dessus du seuil de la porte, une autre inscription de « 1740 » montrait autrefois le niveau d'une grande inondation.

Le 14 juin 1721, Joseph Piquefeu, auditeur en la cour des comptes, constitue une rente de 2.200 livres et fait installer un chapelain recevant 100 livres par an, à charge de dire deux messes basses chaque semaine le dimanche et le lundi à 8 heures du matin. Son héritage sera continué par son gendre, Jean Harel, de 1781 à 1787. De 1721 à 1755, Antoine Salmon est chapelain, suivi par Jacques Aubé de 1755 à 1764, François Rivière de 1764 à 1781, Samuel Trubel de 1781 à 1787 et Marie-Paul Le Poulletier de Montenant depuis 1787.

En 1770, le manoir, constitué de plusieurs corps de logis dans une masure, appartient à Jean Harel, époux d'Anne Piquefeu et à Nicolas-Pierre Piquefeu après avoir appartenu à Pierre Piquefeu en 1679.

Le manoir en pans de bois des Xve et XVIIe était décoré de peintures dans la salle principale. Une volière à pigeons avait été construite à proximité de la chapelle. Ces biens, vendus à Jean Darcel en 1815, appartenaient à Alphonse Darcel en 1829, au lieu-dit les Hogues ou la Cour-de-l-Isle.

La propriété est représentée sur des plans de 1768 et de 1829 montrant l'état primitif du manoir détruit, formé de deux ailes et d'une chapelle dans une petite cour fermée.

16h manoir du Pré-Thorin.

Le manoir du Pré-Thorin date des Xve-XVIe environ. Il possède un escalier hors œuvre au sud et une chapelle au premier étage vers l'ouest, éclairé par une petite fenêtre à réseau flamboyant en bois. L'intérieur de la chapelle était autrefois décoré de fleurs de lys, sans doute du blason de Thomasse Mustel, épouse du seigneur Robert Osmont, décédée en 1485. Un bel épi de plomb ancien décore la toiture au-dessus. En 1560, Jacques Osmont vend la seigneurie de Berville à Laurent Romé de Fresquienne, qui la transmet ensuite par alliance à François de Brévedent de Sahurs en 1606. Leur nouveau logis seigneurial était situé au manoir de Trémauville, proche du passage d'eau de Duclair.

De 1658 à 1664, le manoir du Pré-Thrin passe à M. Decaux de l'Ozeraye à la veuve Coignard et à David Coignard. En 1683, l'aveu est fait par Suzanne Coignard, veuve de Samuel Thorin. Son fils Samuel Thorin profita de l'édit de 1689 et donna un acte d'abjuration, car toute sa famille était protestante, pour conserver ses biens. Le souvenir de cette famille est conservé dans le nom du « jardin protestant ». En 1770, Samuel-Louis Thorin possède le manoir constitué de plusieurs corps de logis dans une masure.

En 1829, le comte Estièvre de Trémauville de Sahurs possède le manoir alors que Alphonse Darcel possède la ferme du Pré-Thorin.

Les plans de 1768 et de 1829 montrent le manoir et la ferme du Pré-Thorin qui ont ensuite été divisés en deux propriétés. Un vaste espace de jardins était implanté entre les divers bâtiments.




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