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L'église
abbatiale de Boscherville, contrairement à
Jumièges, eut la
chance d'échapper aux démolisseurs. Quant à ses dépendances,
dépecées, leur
histoire est intimement liée à la famille
Goumet... |
En
1790, l'abbé commendataire était Claude du
Cheylar,
vicaire général de Dijon, qui ne
résidait ni dans
son abbaye ni dans son diocèsse, mais à Paris. Le
prieur
claustral était Pierre Dupont, en fonctions depuis quelques
mois
seulement. Il ne restait plus que sept moines vivant dans un
misérable mobilier et le cheptel ne comptait que deux
chevaux et
deux vaches. Le village de Boscherville, c'était un peu plus
de
200 feux, soit une
population d'un millier d'âmes.

L'abbaye
dans toute sa splendeur. Les bâtiments conventuels seront en
grande partie démolis...Les jardins dessinés par
Le
Nôtre seront effacés. Ils ont
été depuis
reconstitués..
C'est
le 13 février 1790 que fut
décrétée, par
l'Assemblée Nationale, la suppression des ordres religieux.
Le 26 avril suivant, les officiers municipaux de la
commune se transportèrent dans
l'abbaye pour prendre note de ce qu'elle contenait et signifier aux
sept derniers moines qu'ils n'étaient plus chez
eux.
L'abbaye
fut
fermée quelques jours après. Elle avait
existé
676 ans sous les Bénédictins, 740 ans depuis sa
fondation vers
1050. Existence marquée surtout par l'exercice de
la charité. La tombe d'un abbé fut
profanée.
Guidé par des habitants, Deville retrouvera plus tard son
cercueil dans les ronces, près du portail de l'abbaye.
Les raisons
d'un sauvetage
Des circonstances heureuses vont
permettre
la conservation des deux parties les plus précieuses de
l'ancienne abbaye : l'église et la salle
capitulaire. Vendus
comme bien nationaux, les bâtiments abandonnés des
monastères étaient à la merci de leurs
acquéreurs qui en disposaient suivant leurs
intérêts.
Dans
les
campagnes, la création d'une industrie était le
seul moyen de tirer parti de ces vastes constructions;
mais lorsque ce moyen manquait ou que le succès en
paraissait
aléatoire, il n'y avait plus qu'à vendre les
matériaux, qui presque toujours étaient
excellents : c'est
même à ce procédé
expéditif et en
apparence le plus avantageux qu'on s'arrêta parfois sans
autre
examen. |
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Le
6 août 1791, pour 31.000 livres, les bâtiments
conventuels
furent attribués à Jacques
François Le
Barbier, teinturier du faubourg de Martainville à Rouen. Il
projetait d'y installer une filature. Cloître, dortoir,
hôtellerie croulent sous la pioche des
démolisseurs. Le 26
décembre, la fabrique sauve l'abbatiale...
On vendit les terres agricoles de l'abbaye comme celles tenues
par les sieurs Thiberville, Bellamy, Chedeville, Leroux ( clos
à
l'Abbé), la ferme de la Lavanderie tenue par Lemonnier ou
encore
des pièces de terre à Quevillon tenues pas la
veuve
Desmarets, le sieur Caron. Les sieurs Duhamel ou encore Lemasson
achetèrent des prairies.
|
La
situation de Saint-Georges fut en quelque sorte mixte : une partie des
constructions fut sacrifiée,
comme le cloître du XVIIe, mais il fut possible d'utiliser le
grand bâtiment neuf, qui
enchâssait la vieille salle capitulaire, pour une petite
manufacture.
L'abbaye
entière avait été estimée
par les experts,
le 27 octobre 1790, à 22,000 francs seulement, sur lesquels
l'église comptait pour près de moitié,
soit 10,000
francs.
Le
puits Renaissance de la cour du cloître perdu parmi les
pommiers.
Le cloître avait été bâti par
l'abbé
Victor et reconstruit au XVIe et XVIIe siècle. Il n'en reste
que
deux arcades au Musée des Antiquités.
Alors
que ses illustres voisines, les basiliques de Jumièges et de
Saint-Wandrille étaient découronnées
de leurs
toitures, partiellement démolies et abandonnées
à
la ruine, l'église Saint-Georges parut bonne à
garder.
L'église
Saint-Georges était en bon état, pourvue d'un
mobilier
suffisant, d'un jeu d'orgue complet et d'une remarquable
sonnerie campanaire. La mise à prix, 10,000
francs, ne s'appliquait qu'à la construction, le mobilier
devant
être compté à part. L'achat et la
perspective d'un
entretien qui s'annonçait comme très abordable
n'effrayèrent pas les habitants de
Saint-Martin-de-Boscherville,
dont au reste l'amour-propre était flatté
à la
pensée d'avoir au milieu de leur village, cette fois bien
à eux, un aussi bel édifice.
La vieille
église menaçait ruine
Un
motif plus positif, acheva de déterminer les
Bochervillois. Dédiée en 1233, contenant le
tombeau de
l'abbé d'Orléans-Longueville, l'église
Saint-Martin, centre paroissial,
était délabrée et d'aspect
désagréable. Sa reconstruction s'imposait.
C'était
donc
une excellente affaire pour les paroissiens que de se rendre
acquéreurs de l'église abbatiale. De plus, comme
l'église Saint-Martin était isolée
depuis que le
village s'était regroupé auprès du
monastère. Ces questions de distance et de
commodité enlevèrent les
dernières hésitations.
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Le 21 octobre 1819, les
matériaux de l'ancienne église furent mis en
vente
par adjudication sur une première mise à prix de
600F. La
vente eut lieu sur place, dans le cimetière, de huitaine en
huitaine en présence du maire et de son conseil ainsi que
d'une
représentant de la fabrique. |
Voici
ce que découvrit l'érudit
anglais
Thomas
Dibdin...
Une visite en mai 1818
Nous
descendimes à l’auberge, et, pendant que nos
chevaux, aussi bien que
notre postillon, déjeunaient, nous sortîmes pour
aller goûter d’un mets
d’une autre espèce. Nous suivîmes une
rue en pente sur la gauche,
ombragée de rameaux qui se croisaient en berceau sur nos
têtes. Nous
pressâmes notre marche, toujours appuyant sur la gauche, et
nous
aperçûmes bientôt, à travers
les arbres , et à peu de distance, le
vénérable monument ecclésiastique,
reconnaissable au ton blafard et
toujours frais, cependant, de sa couleur. Il nous parut petit, mais
extrêmement beau ; son vieil aspect surtout nous charma. En
un moment
le village fut sur pied. C’était presque toutes
femmes et enfants, les
hommes se trouvant alors occupés dans la campagne. Le bonnet
de cauchoise en forme de tour et les souliers de bois indiquaient
que nous étions toujours dans le voisinage de Rouen. Le
village nous
parut sale et pauvre.
Nous demandâmes le concierge; il était absent;
madame son épouse vint à sa place. Nous
examinâmes avec beaucoup de
soin le portail occidental; je trouvai que c’était
un fort bel
échantillon de l’architecture des
douzième et treizième siècles; car il
y a bien certainement des parties plus anciennes que certaines autres.
Je savais, par M. Leprevost, que M. Cotman avait dessiné cet
édifice
presque en entier, à l’exception de la salle
capitulaire, à
gauche du portail d’occident. L’inspection de cette
salle me remplit de
chagrin et de satisfaction tout ensemble. De chagrin: que la
révolution
eût dénaturé le caractère du
monument, aujourd’hui métamorphosé en
filature; de satisfaction: que les parties subsistantes fussent encore
aussi belles, et dans un tel état de conservation.
La pierre, d’un
grain très serré, est aussi blanche, aussi
parfaite que si elle sortait
de la carrière. La salle, où de jeunes enfans des
deux sexes,
nu-jambes, travaillaient aux différents métiers,
présente une voûte à
nervures du travail le plus délicat. Depuis peu, on
a construit un
plancher à l’intérieur de ce vieil
édifice; de sorte qu’il se compose
aujourd’hui d’un rez-de-chaussée et
d’un étage. Ce fut de ce plancher
intermédiaire que nous pûmes examiner avec tant de
détail les nervures
de la voûte. J’imagine que toute cette portion du
monument formait
le chapitre, et que l’espace actuellement occupé
par une longue suite
de constructions modernes, l’était autrefois par
le réfectoire et le
dortoir. Il est possible aussi que ce soit tout le contraire, et il
importe peu que ce que nous vîmes ait
été le réfectoire ou le chapitre.
Un établissement commercial dans un lieu originairement
destiné aux exercices religieux, présente un
étrange aspect. Ce n’est pas la
première
métamorphose de ce genre. Il y a environ quatre-vingts ans
que
le vaste monument dont je viens de parler fut
érigé par
un gentilhomme ou prince, fatigué du bruit de la vie
publique.
Il consacra une grande fortune à
l’érection de
cette demeure dont il fit un monastère pour un prieur et dix
sept frères-lais. Elle est au milieu d’une belle
pièce de terre, ou parc entouré de murs, qui se
trouve
aujourd’hui dans un pitoyable abandon.
L’intérieur
lui-même, où est établie la
manufacture, offre le
même aspect de dégradation. Le
contre-maître qui
nous faisait voir chaque partie de ce vaste édifice, nous
dit
que le propriétaire était dans
l’intention de le
vendre, ou du moins d’en céder
la moitié, moyennant 35,000 francs. La modicité
apparente
de cette somme étonnerait d’abord un manufacturier
anglais; mais toutes choses, vous le savez, ont un degré de
valeur relatif au pays où l’on se trouve. Ici
terre et
main-d’œuvre sont à un prix raisonnable
et
modéré; mais quoiqu’une
amélioration
générale se fasse sentir, les demandes sont
lentes et
incertaines.
Procession
devant les bâtiments claustraux, Langlois, 1821. Sur cette
gravure, on voit 14 rangées de fenêtres sur la
façade et le toit dépourvu de fronton. Sur le
dessin
réalisé avant la Révolution, les
fenêtre
sont au nombre de quinze et le toit est couronné
d'un fronton en triangle percé de trois ouvertures.
Le
mot seul de monastère m’inspira la
curiosité de
visiter l’intérieur du monument. Je suivis mon
guide,
montai plusieurs escaliers de pierre, traversai une suite
d’appartements et différents corridors. Je donnai
aux
dortoirs l’attention qu’ils méritaient,
et, comme
vous le pensez bien, je m’informai vivement de la
bibliothèque. Il n’en restait plus que les
tablettes. La
crainte de la Révolution, ou la fureur des
révolutionnaires, l’avaient depuis longtemps
dépossédée de tout ce qui ressemblait
à un
livre. L’intérieur de la salle était
peint en
blanc. Je comptai onze divisions perpendiculaires.
D’après
le peu d’espace laissé entre les tablettes
supérieures, il faut que la collection des in-douze ait
été considérable. Les
désignations de
chaque classe étaient tracées en lettres blanches
sur un
fond gros bleu. Les Bibles occupaient la première division,
les Pères la seconde, il paraît aussi
qu’on
attachait une égale importance aux ouvrages des
Hérétiques et à ceux qu’on
range dans la
classe des litteræ humaniores, puisqu’un espace
égal
était réservé à
l’une et à
l’autre de ces divisions.
Je fis une question précise
à mon guide, et
j’appris qu’un jour de la Révolution
avait suffi
pour vider la pauvre bibliothèque. A la
vérité, la
salle est fort petite. Il y avait quelque chose
d’extrêmement pénible dans
l’aspect de ces
ruines prématurées. Gros murs, appartemens
spacieux,
encore assez fraîchement décorés, mais
déserts...
Des fenêtres de
l’édifice,
particulièrement de celles qui donnent sur les
derrières,
l’œil découvre dans leur entier ces
vergers
autrefois chargés de fruits, ces potagers abondants, ces
promenades ombragées. Riche par sa nature,
précieux par
le voisinage d’une grande ville, un tel domaine chez nous
reprendrait en quelques
années sa beauté, sa
fertilité premières, et charmerait les yeux
d’un
éclat tout nouveau.
Que les débris de
l’architecture ecclésiastique sont
intéressants !
comme la maison du Seigneur semble plus sainte au milieu d’un
pareil paysage !
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Et voici les Goumet
En juillet 1820 fut mis en vente un
manège à deux
attelages avec lequel un seul cheval faisait mouvoir treize machines,
carde, laminoir, ventilateur etc. Pour le voir, il fallait s'adresser
à M. Colmar-Barbié, filateur à
Boscherville.
A
cette époque, la maison abbatiale, du moins ce qu'il en
reste, est rachetée par Charles-Noël Goumet, lui
aussi
teinturier à
Rouen et proche de Lebarbier, le premier acheteur. Goumet descend d'une
vieille famille d'Isneauville. Ses frères sont
également
teinturiers à Rouen quant à
ses sœurs, elles
font de beaux mariages. Noël Goumet est pour sa
part l'époux de Marie Florence
Prudence Hébert, fille d'un défunt industriel de
Sotteville. Elle lui donnera en tout neuf enfants, dont sept viables,
et la dernière naîtra ici, à l'ancienne
abbaye de
Boscherville. |
L’aspect de ces lieux était en
harmonie
avec les sentiments de mon cœur; là, pour la
première fois depuis que le tramtran de Rouen
n’étourdissait plus mes oreilles, je trouvais tout
ensemble le calme des champs et la majesté de notre vieille
architecture; je l’avoue, j’éprouvai, en
quittant
Saint-George, une émotion difficile à
décrire.
Nous revinmes à l’auberge; les chevaux nous
attendaient;
le cabriolet était prêt à nous
recevoir; nous
montàmes, et le postillon fouetta pour Duclair.
Les
bâtiments claustraux avant... et après ! Ne
subsiste que l'aile gauche
et
une partie du bâtiment de façade dont on n'a
conservé qu'un étage.
L'intervention
des antiquaires
Dibdin publia ces lignes dans son
Voyage bibliographique, archéologique et pittoresque en
France
paru en 1821. Et
très tôt, on écrit sur Saint-Georges :
Taylor et Nodier dans leur Voyage
pittoresque et romantique
dans l'ancienne France commencé en 1820, le
comte de Laborde dans les Monuments
de la France publiés de 1816 à
1826. Ces écrits rendent plus
chère l'église à l'administration
locale. Elles attirent aussi l'attention des
administrations supérieures qui n'ont pas attendu ces
écrits pour agir...
Dès le début de 1818, le préfet de
Kergariou
fonde à Rouen la Commission des Antiquités.
Dès ses premières
séances, elle s'occupe de Boscherville.
Le 21 mars, Auguste Le Prévost
range cette église parmi les types
caractéristiques de
l'architecture du XIe siècle. Le 23 mai, le même,
dans une notice, fait de
Saint-Georges «la
plus belle église à plein cintre que renferment
les
départements de la Seine-Inférieure et de
l'Eure».
A la séance du 22 décembre 1821, Le
Prévost, qui, avec Deville, aura été
le
grand
bienfaiteur de Saint-Georges, obtient son classement officiel
parmi les églises monumentales du
département. La
séance du 8 juin 1822 est plus décisive encore.
Auguste Le
Prévost a l'oreille du
nouveau préfet,
le baron de Vanssay.
Péril
en la demeure
Si
l'église Saint-Georges,
affectée au culte,
n'avait pas besoin d'assistance,
la salle
capitulaire était, en 1822, dans une situation critique. Sa
manufacture fermée, Goumet avait
jeté la sape du
démolisseur sur le grand bâtiment, pour vendre au
détail la pierre de
Saint-Leu qui en formait les assises. Une tradition familiale veut que
Goumet ait vendu le grand escalier pour le faire transporter en
Belgique. Le
bassin, les
ballustres et les éléments architecturaux du
grand jardin furent
dispersés dans divers manoirs de la région. Le tour de la salle capitulaire
allait arriver, et l'on s'en émut à Rouen. En
attendant, elle servait
d'écurie.
Le Prévost rédigea un rapport alarmiste
: «
Parmi tous les monuments du moyen-âge, nous n'en connaissons
pas qui se
recommandent plus puissamment aux soins conservateurs de
l'administration que l'église et le chapitre
de Boscherville situés à deux lieues de
Rouen. Il semble,
à la vue des deux édifices, que les arts du XIe
et du XIIe siècles
aient rassemblé à l'envi dans un espace aussi
rapproché tout ce qu'ils
pouvaient offrir de plus brillant, de plus caractéristique,
de plus
propre à charmer les yeux et à guider les
recherches de l'antiquaire.

La
salle capitulaire transformée en écurie. On voit
à
droite une mère en coiffe avec ses enfants. Le petit dernier
est
dans une armature en osier pour lui apprendre à marcher.
«
La salle capitulaire, si intéressante par
elle-même, est
vouée à la destruction, si on ne se
hâte de la
sauver. Elle n'existerait même déjà
plus si M. le
Préfet n'eût réclamé un
délai pour
instruire S. E. le Ministre de l'Intérieur de la perte de ce
monument et pour solliciter les moyens de la prévenir par
son
acquisition immédiate ».
Avant la fin de
l'année 1822, grâce à un secours de
3,000 francs
accordé par le ministre, la salle capitulaire
était propriété du
Département.
La vie des
Goumet à l'abbaye
Pour
les Goumet, ce qui reste des
bâtiments claustraux sert de maison de campagne. Puis de
résidence principale. Et c'est ainsi que le 7 mars 1825, Mme
Goumet met au
monde son dernier enfant, Flore. Le père,
Charles-Noël, est
dit cultivateur à Boscherville. Il déclare sa
fille en
mairie en compagnie de Jacques Auzouf, cabaretier et Abraham Levasseur,
marchand farinier, voisin et amis. Le maire est alors Martin Allain.
L'archéologue Deville, parlant des
bâtiments claustraux, écrit en 1827 : "Le
propriétaire actuel l'a fait démolir pour en
vendre des
matériaux. Il ne reste plus au moment où nous
écrivons qu'un simple corps-de-logis occupé par
le
fermier de l'enclos et par une école de charité."
Florence
Hébert, épouse Gourmet, la dame de Boscherville.
Son
époux fut photographié à l'abbaye mais
cette
image, conservée longtemps dans la famille, est
aujourd'hui
introuvable.
Les Goumet sont-ils attachés
à leur
demeure ? On peut en douter. Charles-Noël et sa famille
allèrent un temps s'établir en Belgique pour y
mener leur
activité de teinturiers. En
janvier 1831, la propriété est mise en vente
par
adjudication en l'étude de Me Lebourgeois, rue aux Ours.
Elle
consiste en "une maison
de maître, plusieurs autres maisons et
bâtiments, cours, jardins, vergers et terres labourables, le
tout
contenant ensemble environ 8 acres et entouré de murs garnis
de
beaux espaliers en plein rapport". Pour la visiter, on
pouvait
s'adresser à MM Hulin et Ozouf qui en occupaient une partie
ou
à Nicolas Bonaventure Goumet, frère de
Charles-Noël qui demeurait à Rouen, rue de la
Pannevert.
En
1834, la propriété était encore en
vente. La
veuve Hulin en occupait toujours une partie. On pouvait encore
s'adresser
à Nicolas Bonaventure.
Rentré de
Belgique, Charles-Noël
Goumet retrouve son abbaye. Le 16 janvier 1838, Emelie
Goumet, l'une des filles aînées, épouse
à Boscherville Jean-Amédée
Bachelet, un agent
d'affaires natif d'Oissel et demeurant à
Somménil,
près Yvetot. Il est le fils d'un fabricant en filature.
Charles-Noël, le père de la mariée, est
toujours dit
teinturier. Les témoins de ces épousailles sont
les
frères du marié : Jean-Baptiste Bachelet, 35 ans,
curé de Torcy-le-Grand, Adolphe Bachelet, 21
ans, épicier à Rouen, Jacques-Baudouin
Bertault,
teinturier à Rouen, 37 ans, beau-frère de la
mariée et Pierre Bellenger, son oncle, lui aussi teinturier
et
âgé 57 ans. Hélas, Emelie mourra
prématurément.
De leur maison, les Goumet voient affluer touristes et savants. En
Cette même année 1838, en novembre, le couple
Bachelet a la douleur de perdre son premier enfant, une fille
prénommée Marie Amélie et qui avait
été placée en nourrice à
Boscherville chez
Michel Thiel, un journalier.
Si les Goumet vivent dans l'ancienne abbaye, ils y meurent aussi. C'est
le cas de Bonaventure, fils du frère
aîné de Charles-Noël. Il rend
l'âme le 29 mai 1842. Il a 31 ans et laisse une jeune veuve,
Léocarde Roussel.
Le
8 mars 1843, la famille célèbre un double
mariage. Zénaïde Bathilde Goumet épouse
Félix Bernard Raulin, natif de Berville, fabricant
à
Rouen. Quand à sa sœur
Elisa, elle convole avec Jean-Amédée Bachelet,
devenu
veuf et désormais homme de loi à Oissel, sa
commune
natale. Il réside à présent
à Boscherville
et en sera bientôt maire. A ces noces, on retrouve le
curé
de Torcy mais aussi Florimond Bachelet, un autre frère,
commis
à Petit-Quevilly, Jacques-Baudouin Bertault,
époux de
l'aînée des Goumet, Félix Raulin,
fabricant
à Rouen, oncle de l'un des époux,...
Le portrait
de Zénaïde Goumet, épouse Raulin.
En octobre de la même année
paraît une nouvelle annonce dans le Journal de Rouen :
A
louer pour Pâques prochain une maison de maître
avec
écurie et remise, cour d'honneur, jardins anglais et
légumier, bosquets, pavillon d'été,
serre et
étang, le tout clos de murs et dans le meilleur
état. On
donnera le droit de chasse dans des bois et plaines d'une
étendue assez considérable. Loyer, 800 francs.
S'adresser
pour en traiter rue de Fontenelle, n° 56. Nota : cette jolie
propriété, qui est située à
Saint-Martin-de-Boscherville, à 4 kilomètres de
Rouen,
est occupée par Mme veuve Goumet jeune, dont tout le
mobilier
est en vente maintenant.
Cette veuve est manifestement Léocade Roussel, femme de
Bonaventure mort dix mois plus tôt.
En janvier 1844, à Boscherville, le nouveau
couple Bachelet accueillit une fille : Marie Blanche Elisa.
Nouveau mariage
le 25 octobre 1848. Alors que Charles-Noël est adjoint au
conseil municipal, sa fille Flore épouse Pierre Prosper
Lesort, natif de Cuy-Saint-Fiacre. Le tirage au sort lui a
épargné le service militaire et il est
instituteur,
à Boscherville aux côtés de Patrice Monville.
Le sous-inspecteur des écoles du département et
un
directeur d'école de Rouen, MM Lesort et Gaudet sont les
témoins de l'époux. Bertault et Raulin entourent
l'épouse. Jean-Amédée Bachelet est
alors maire
provisoire. Puis maire.
Elisa
Goumet et son époux, Jean-Amédée
Bachelet, maire
de Boscherville de 1849 à 1852. Ils s'établirent
par la
suite à Quevillon où Bachelet fut maire. Veuve,
Elisa
revint à Boscherville sur la fin de sa vie.
Deux
jours après ces noces, on procéda sur place
à la
vente volontaire pour cause de départ des meubles de la
veuve
Goumet jeune. Batterie de cuisine, vaisselle, dinanderie, chaises,
tables diverses et à allonges, buffets, armoire, rideaux,
matelas, lits de plumes, oreillers, baignoire en cuivre.
Les
meubles de salon en acajou étaient composés de
fauteuils,
canapés, bergères, tables à jeu,
guérisons,
consoles, secrétaires, commodes, bureaux, tables de nuit et
de
toilette, couches, tapis, glaces, pendules, garnitures de
cheminée. On notait un piano neuf en bois de palissandre
à six octaves et demi de Fournier, facteur du Roi. On
vendait
aussi un cheval et son harnais, un beau tilbury neuf du genre moderne
avec sa capote, des bouteilles de vins vieux de Beaune et de Bordeaux,
du cidre, du bois... Ce fut maître Dehors, huissier de Rouen,
qui procéda à la vente.
Le
12 avril 1849, Bachelet accueille la Société
française
d'archéologie, dirigée par M. de Caumont, qui
tient
ici une
de ses
séances générales. M. de Glanville y
prononce, en présence des membres et des habitants,
un discours dans lequel il résumera les
annales du monastère et les caractères
architectoniques
des deux monuments préservés. La
cérémonie eut pour épilogue
l'inauguration d'un
marbre gravé et posé aux frais de la
Société. Ce marbre est encastré dans
le mur du
collatéral de gauche, à la sixième
travée.
PAR LA PIEUSE MUNIFICENCE
DE RAOUL DE
TANCARV1LLE
GRAND CHAMBELLAN
DE GUILLAUME II
DIT LE
CONQUERANT
DUC DE NORMANDIE
CETTE EGLISE
A ETE CONSTRUITE
ENTRE LES ANNEES 1050 ET 1066
LAUS DEO, PAX VIV1S, REQUIES DEFUNCTIS
Au
haut de la plaque est gravé l'écusson des
Tancarville :
De gueules, à lecu d'argent en abîme,
entouré de
six angemmes d'or, posées en orle ; avec, sur un
phylactère, le cri de guerre: TANCARVILLE A
NOTRE-DAME !
Nouvelle naissance à l'abbaye. Le
couple Lesort accueille un fils, Ludovic, qui naît en octobre
1849. Son
grand-père et un jeune docteur en médecine,
Auguste
Holley, déclarent la naissance en mairie où
officie
Bachelet. L'instituteur quittera l'école communale de
Boscherville en 1851 pour Sotteville puis Rouen où il pourra
prématurément. Quand à Bachelet, il
achèvera son mandat de maire en juillet 1852.
La fin des Goumet
Après
les enfants, les petits-enfants
Goumet, les Bertault, les Bachelet, les Lesort font de Boscherville
leur résidence
d'été. Courant au Generay, à la
Salle-Verte, découvrant leurs premiers émois
amoureux entre cousins. Les jardins de l'abbaye ont la
particularité de produire des figues, les jours
s'écoulent, rythmés par des jeux de
société. Les descendants Goumet se forgent
d'inoubliables
souvenirs d'enfance.
Les cheveleux longs, la barbe blanche, Charles-Noël Goumet
veille
sur ce petit monde en patriarche. Mais ces jours heureux vont
bientôt
prendre fin. D'abord, la famille est endeuillée par la perte
de
l'instituteur Lesort et d'une fille Bachelet. Et puis, le 21 janvier
1858, Marie Florence
Hébert, figure matriarale de la maison,
décède
à l'abbaye. Les Hilarion Quibel, père et fils,
cultivateur, voisins et amis de la défunte,
déclarèrent le décès en
mairie.
Charles Noël Goumet mourra
quatre ans après son épouse, le 22
décembre 1862. Le douanier
Delauné et le jardinier Monborgne
déclarèrent le décès.
En
1862, Jacques-Baudouin Bertault, époux de
l'aînée
des Goumet, est attesté à Boscherville. Il est
impliqué dans un procès concernant une succession
dans sa
famille. Teinturier, il demeurait auparavant 19, route de
Darnétal à Rouen.
Frère puiné de Charles-Noël, Nicolas
Bonaventure Goumet est mort
le 25 juin 1865 à 82 ans. Emmanuel Platel, rentier de 70
ans et l'instituteur Grenet déclarèrent le
décès. Rose Feray, son épouse, le
suivit très vite dans la tombe, le 23 octobre 1865.
Adolphe Senard, maçon de 45 ans, signe l'acte de
décès avec l'instituteur.
Juillet
1867 : le prince Arthur d'Angleterre visite les ruines de
Jumièges et de Boscherville.
Commission des
Antiquités, 1871 : L'occupation
allemande, dont notre pays a été victime pendant
la
dernière guerre, aura laissé sa trace
à
Saint-Georges-de-Boscherville. M. le Président communique
une
lettre de M. le curé de Saint-Georges qui lui apprend que
les
Prussiens ont fait une écurie de la belle salle
capitulaire.
C'était là une humiliation qui manquait
à
l'histoire de ce vieil édifice. Heureusement M. le maire de
Saint-Martin-de-Boscherville a obtenu qu'on n'y
plaçât pas
de râtelier.
En 1873, l'abbé Coipel écrit
:
"Le souvenir des moines et de leur charité est encore vivant
dans la
paroisse ; quatre-vingts ans ne suffisent pas à effacer huit
siècles de
bienfaits. Il y a quelque temps le dernier des pauvres dont les
Bénédictins avaient lavé les pieds le
jeudi saint, est allé les
rejoindre au ciel. L'industrie et la petite
propriété n'ont pas morcelé
les jardins que protège encore une longue ceinture de
murailles
gothiques. Des vastes constructions du monastère,
il reste un corps de
logis de médiocre étendue et relativement
moderne. Les deux étages
voûtés en pierres de taille savamment
appareillées, et surtout la
grande salle du premier, à deux nefs
séparées par un rang de colonnes,
offriraient, si on les débarrassait des planchers et des
cloisons qui
les encombrent, un beau
spécimen du style un peu froid, mais large et majestueux, de
la Congrégation de Saint-Maur."
En 1874, on enleva le badigeon hideux que l'on avait cru bon de poser
à l'intérieur de l'église,
opération
à la suite de laquelle les murs, colonnes, profils et
sculptures
furent légèrement grattés, et les
joints des
pierres passés au feu.
Le
20 avril 1876, Elisa Goumet est rentière à
Boscherville.
Elle a perdu son mari, l'ancien maire, à Quevillon en 1873.
Aujourd'hui, elle marie sa fille Marie-Mathilde à Anatole
Chivé.
1876 : "Le lundi de la
Pentecôte, sur une invitation faite peu de temps avant sa
mort
par le regretté curé de
Saint-Georges-de-Boscherville,
une trentaine de sociétaires du Cercle se dirigeaient vers
l'abbaye, où ils chantèrent la Messe
célébrée par leur aumônier,
au milieu du
pieux concours de la population. L'hospitalité la plus
généreuse et la plus cordiale les attendait dans
la
propriété de M. et de Mme Duchemin, qui
montrèrent
avec une grâce charmante combien la classe
ouvrière est
aimée des bons chrétiens. Bientôt on
retourne
à l'abbaye pour les Vêpres et le Salut
chanté en
musique. M. le curé de Saint-Nicaise, ayant bien voulu
prendre
part à la fête de ses enfants,
présidait. La bande
joyeuse revient enfin saluer et remercier ses hôtes, puis,
sous
la belle charmille, après le goûter d'adieu ,
devant la
statue de Marie environnée de fleurs, les cœurs
s'épanchent dans le chant du Regina coeli. 0 Marie,
protégez les bienfaiteurs des Cercles d'ouvriers, dont vous
êtes mère et maîtresse !"
Louis Müller, 1890 : A
droite de
la façade se trouve, au fond d'une vaste cour, une ferme. Il
ne
faut pas oublier de franchir le seuil de la porte, car la cour renferme
une charmante salle capitulaire, de style ogival naissant, de la lin du
XIIe siècle. Dans la cour, des statues mutilées,
des
fûts de colonnes brisés, des pierres verdies par
la
mousse, un vieux puits avec son arcature de fer, sont à peu
près tout ce qu'il reste du cloître construit
là au
XIVe siècle.
En 1897, un descendant de la famille habitait
toujours Boscherville : Georges Brouesse.
Après
l'épopée des Goumet, l'ancienne abbaye fut encore
une exploitation agricole
qui fonctionna jusqu'en 1987, l'ancienne maison de maître
ayant
été délaissée. Par la
suite, le
Département devindra propriétaire des
bâtiments
claustraux.
Depuis
1930, Société archéologique de l'Orne
: "Certaines
parties des bâtiments conventuels sont actuellement
utilisés comme dépendances de la ferme qui
l'avoisine."
La Croix, 1933 :
Quelques fragments
épars de colonnettes, de chapiteaux, de niches, marquent
l'emplacement du cloître anéanti.Dans une maison
voisine,
dite la ferme, en dépit de ses hautes fenêtres
cintrées du XVIIIe siècle, qui fut
bâtie sur
l'emplacement du logis de l'Abbé, on pourrait retrouver des
vestiges d'autrefois, notamment un vieux puits àmargelle
octogonale et des caves voûtées. Mais à
la porte un
écriteau arrêtetoute tentative d'accès
: « On
ne visite pas. »
J'ai trouvé
meilleur accueil
dans une habitation située de l'autre
côté
del'église, au café de l'Abbaye, où
j'étais
allée m'approvisionner de cartes postales. Les patrons,
complaisants, me conduisirent dans leur jardin. Là, pas de
caves, mais les traces d'un souterrain ayant son entrée au
bout
d'un pacage, sous un oratoire, et qui allait, dit-on, vers le
monastère de Sainte-Barbe. Au bout du potager, le sol se
relève en une sorte de terrasse c'était le
promenoir des
moines.
1954 : création de l'ATAR, l'association touristique de
l'abbaye romane.
Depuis ont été entreprises : la restauration de
l'ancienne maison Goumet, reconvertie en lieu d'accueil au
rez-de-chaussée et d'exposition au premier étage,
la
reconstruction d'une partie du cloître, la reconstitution des
jardins et de la grange-pressoir, la réfection des murs
d'enceinte et de la chapelle des Chambellans
épargnée au
XIXe siècle par les démolisseurs. De nombreuses
fouilles
ont eu lieu sur le site qui est un lieu d'animations.
Laurent QUEVILLY.
Sources
Besnard, architecte, Monographie de Boscherville, Lechevallier,
Paris, 1899. (extraits)
Catherine Chenu-Chamussy, Le paradis perdu des
Goumet.
Thomas Frognall Dibdin, Voyage
bibliographique, archéologique et pittoresque en France..
La
semaine religieuse, 1873. Compilation : Laurent Quevilly.
Annexe : la famille Goumet
Les
Goumet, jadis Gomet, comptent pour ascendants des Houais, Barberie,
Saint-Ouen, Moisel... Le berceau de la famille est à
Isneauville où
Martin, l'ancêtre, est attesté en 1615. Nous
débuterons cette dynastie
aves Nicola Goumet, mort à Isneauville en 1799. De Marie-Catherine Osmont, eut plusieurs enfants :
1)
Nicolas Pascal Goumet,
née en 1778, teinturier, demeurant 5, pavé
Saint-Hilaire à Rouen, dit
encore pavé de Darnétal, à l'angle de
la rue Saint-Gilles. En 1825, sa teinturerie était
occupée par le sieur Bance-Tiercelin. Elle donnait sur le
Robec.
Il est l'époux de Cécile Sophie Desaubris dont il
prenda le nom. Elle
est décédée en 1834. Lui en 1836. Deux
fils ; Louis-Nicolas,
teinturier, même adresse, époux de sa cousine
Sophie Goumet et
Bonaventure, 96 rue Saint-Gervais, époux Léocade
Roussel et qui mourut à 31 ans à l'abbaye.
2) Pierre
Victorien Goumet, teinturier, demeurant à
Cholet.
3) Marie
Catherine Goumet, épouse Pierre Bellanger,
fabricant, 1, rue Caumont à Rouen.
4) Charles
Noël Goumet,
né en 1781 à Saint-Maclou-de-Folleville,
teinturier,
l'acheteur de
Boscherville, époux en 1809 de Marie Florence Prudence
Hébert. En 1812, demeure 32 rue Préfontaine. En
janvier
1828, il
habite Enreghem-sous-Auderlockt, un faubourg de Bruxelles et deux de
ses enfants feront souche en Belgique.
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Les
enfants de Charles Noël Goumet
Prudence
Goumet, Rouen, 1810, épouse Bertault.
Emilie Goumet,
épouse Bachelet.
Elisa Goumet,
épouse du même Bachelet.
Zanaïde
Goumet, épouse Raulin.
Narcisse Goumet,
époux Vandevelde.
Benjamin Goumet,
épouse belge.
Flore Goumet,
née à Boscherville, épouse Lesort. |
5) Nicolas
Bonaventure Goumet,
né en 1783 à Saint-Maclou-de-Folleville,
manufacturier en 1828, 3, rue
de la Pannevert. Il fut copropriétaire de l'abbaye de
Boscherville. En
1836, il est commis de négociant, propriétaire,
mais demeure chez son
beau-frère, M. Saint-Saëns, petite rue
Saint-Gervais, faubourg
Cauchoise. Epoux de Rose Feray, il eut pour fille Lucie-Catherine,
épouse Guéroult.
6)
Prosper Julien Goumet, cultivateur,
Fontaine-sous-Préaux.
7) Rosalie
Goumet,
née en 1790, Montreuil-en-Caux, épouse Pierre
Follatre,
marchand de bois, Isneauville. Elle y est
décédée
en 1844.
8) Floreal
Goumet,
née en 1794 à Isneauville, épouse
François Saint-Saens, fabricant, 10,
rue du Lieu-de-Santé, Rouen. Dont quatre enfants. En 1851,
elle est
fabricante de Rouenneries, 11, petite Rue-Saint-Gervais. Elle y vivait
encore en 1875.
9) Tranquille
Goumet,
teinturier, 20, rue Préfontaine, Rouen. Il fit faillite en
1840 et
résidait alors 10, rue du Cat-Rouge. On l'emprisonna pour
dettes. En
1843, il occupe la teinturerie du 5, de la route de
Darnétal. Elle
appartient à Goumet fils aîné,
propriétaire à Saint-Martin-du-Vivier.
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