Le costume traditionnel dans le canton de Duclair
Femmes de Duclair


Le premier à répertorier nos costumes régionaux fut Louis-Marie Lanté, collaborateur du Journal des Dames et de la Mode. Il parcourut le Pays de Caux en 1819 et publia ses planches en 1827. Les cartes postales ci-dessous représentent ses dessins avec quelques variantes en attribuant le costume de Rouen aux femmes de Duclair et autres lieux. Celle de gauche représente à l'origine une blanchisseuse de linge fin, celle de droite une bouquetière tenant commerce sur une place de la capitale normande. La forme de leur coiffe est rectiligne. Elle diffère très sensiblement de celles que nous rencontreront bientôt...

Dans l'un de ses contes normands, Charles-Philippe de Chennevières-Pointel décrit ainsi une femme rencontrée à Duclair en 1842 : " Ses membres n'avaient pas la rudesse des filles de campagne. Ils semblaient plus souples et la coupe de ses jupes les faisait mieux valoir. Au lieu de la haute coiffe de la province, elle ne portait que le bonnet bas du temps. La petite cocarde aux trois couleurs faite de drap tailladé était, suivant la coutume, fixée au sein gauche et toute cette gorge était d'une saillie ferme, repoussant, autant que faire se pouvait, la mode de Basse-Normandie qui ramasse les deux seins d'une femme en un fagot ignoble. "

En 1888, dans Le costume historique, Auguste Racinet confirme l'influence rouennaise dans nos contrées :

" Quelques femmes des bords de la Seine, à Jumièges, à Duclair, se coiffent comme les ouvrières de Rouen de la première partie de ce siècle. Dans ce bonnet, la passe et le fond sont entièrement recouverts par les barbes. Celles-ci se composent d'une longue pièce de mousseline doublée dans le sens de sa largeur et posée par le milieu du front où on relève ensuite les extrémités pour les entrecroiser l'une sur l'autre, après avoir formé des deux côtés un large pli tombant jusqu'au dessous de l'oreille. "

En 1924, Georges Dubosc confirme cette description en donnant un nom à ce bonnet : le bavolet. Il ajoute qu'en 1789, nos femmes n'ont pas délaissé leurs coiffes pour adopter celles de la Révolution.

Cliquez sur les images

Femmes de Jumièges

La Restauration voit le foisonnement des variantes du costume régional. Poussés par la vague romantique, nombre de peintres plantent leur chevalet dans les ruines de Jumièges et agrémentent leur composition de femmes en coiffe. Leurs costumes sont très colorés comme en témoignent les images ci-dessus.

La procession du Loup Vert
A vingt ans d'intervalle, deux gravures donnent un aperçu de la vêture des gens de Jumièges. La première est de Hyacinthe Langlois dont Freeman s'est inspiré pour réaliser la seconde. On voit que, seul, le costume masculin a évolué.






A la foire, à l'église, aux champs...
                                     Sortie de messe à l'abbaye (Ellebé)

                                       Aux Fontaines, entre Jumièges et Yainville...
Costume dessiné par Lanté au début du XIXe siècle à  Saint-Martin-de-Boscherville lors de la foire de Saint-Gorgon. (collection Jean-Pierre Hervieux).

La coiffe de Berville, face à Duclair, en 1835. Elle porte le nom de Marmotte. Un modèle plus sophistiqué s'appelle Pierrot du Roumois.

Femme dessinée par Hyacinthe Langlois à l'abbaye de Saint-Wandrille, 1825.
Au marché...

Ci-dessous, ces  fameuses cartes postales du marché de Duclair illustrent parfaitement l'évolution du costume traditionnel au début du XXe siècle.


Les hommes portent la blaude et sont coiffés de casquettes où de chapeaux. Chez la femme, la haute coiffe a disparu. Ci-dessous, on distingue deux variantes : un modèle noir qui rappelle certaines coiffes bretonnes et un bonnet blanc. A droite, le capuchon et l'accoutrement de cette vieille femme sont étonnants...
La  blaude est apparue peu avant la Révolution. Après le premier Empire, elle est partout. Elle évoluera jusque dans les années 1950. Accessoires : le parapluie et la casquette à pont qui se répand vers 1850, le mouchoir autour du cou.




Carte postale de 1902 représentant des paysans des environs de Rouen. (Collection Jean-Pierre Hervieux). Toute une série a été réalisée à la même époque avec les mêmes personnages mais représentés seuls et non en couple. L'homme porte le bonnet. Le col de sa blaude est sophistiqué. La coiffe de la femme s'apparente bien à celle rencontrée plus haut à Jumièges.




Les photos du marché de Duclair, datant des années 20, montrent que nos femmes résistèrent aux modes. Car les coiffes disparurent avec la Grande guerre. En 1924, Georges Dubosc le constate : "Elles n’apparaissent plus dans toute leur grâce frèle et légère, mais cependant, dans quelques grandes fêtes, dans quelques bals normands ou quelques réunions enfantines, on les revoit avec plaisir..." Ces coiffes furent en effet à l'honneur lors des grandes fêtes normandes organisées par le Souvenir normand à Rouen en 1904, 1909 et surtout 1911, année

du Millénaire normand où elle fut portée avec grâce par Mlle Anquetil, reine de Normandie.

Les enfants aussi...

A gauche, une représentation d'enfants des environs de Rouen en 1827 (collection Jean-Pierre Hervieux).

Plus tard, les fillettes portent une petite coiffe en forme de bonnet. Elle est assortie à un foulard noué autour du cou. En 1891, on en compte encore une parmi les écolières d'Yainville.
(Collection : famille Chéron).



Le challenge : trouver la photo où figure la dernière coiffe portée dans le canton.


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