Par Didier Cavelier

Didier Cavelier nous retrace ici le parcours d'un nouveau Poilu originaire du canton de Duclair et mort pour la France...

Emile Louis Lefrançois est né à Duclair le 12 aout 1882. Son père, Joseph, est gendarme. Sa mère est Louise Caroline Prunier du Mesnil-sous-Jumièges. Ils se sont mariés en cette commune le 16 octobre 1878. Caroline Prunier est la fille de Louis Oscar Prunier et de Caroline Baron, commerçants demeurant au Mesnil. Elle a un peu moins de 16 ans et l’époux 27 ans.



On retrouve son père – alors brigadier 
à Forges les Eaux où sa mère décédera à 26 ans le 7 janvier 1889 en « l’hôtel de la gendarmerie ». Emile n’a pas encore sept ans. Son père mourra le 28 février 1903 à Rouen.

Sa fiche matricule, classe 1899, indique comme profession "enfant de troupe". Il s’engage pour 5 ans le 12 août 1900 à la mairie des Andelys, où se trouvait une Ecole Militaire Préparatoire (créée en 1884). Il est alors incorporé au 136e Régiment d’Infanterie. Il gravit alors les échelons : caporal le 12 février 1901, sergent le 6 octobre 1901, sergent fourrier le 22 avril 1902.

Il se réengage pour 3 ans le 22 octobre 1904, à effet du 12 août 1905. Il est alors admis comme élève officier à l’école d’infanterie en mars 1905. Il prend ses fonctions de sous-lieutenant au 129e Régiment d’Infanterie le 1er avril 1906 puis de lieutenant le 1er.

Entre temps, il s’est marié à Dieppe le 6 février 1907 à l’âge de 24 ans avec Clémence Marie Madeleine Hervé âgée de 19 ans.

Il devient Capitaine à titre temporaire « pour la durée de la Guerre » le 27 octobre 1914 puis à titre définitif le 22 janvier 1915. Il est blessé à la tête par un éclat d’obus à Neuville-Saint-Vaast le 30 mai 1915 (offensive de l’Artois). Il est cité à l’ordre de la Division le 20 juin 1915 puis à l’ordre de l’Armée le 20 octobre 1915, date à laquelle il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur. Il est titulaire de la Croix de Guerre avec palmes.

La progression continue en devenant capitaine adjudant-major le 18 mars 1916 – c’est-à-dire adjoint du commandant du bataillon – du 3e bataillon puis du 2e à compter du 10 septembre 1917 puis chef de bataillon, à titre temporaire, le 29 janvier 1918. Entre temps le 16 juin 1916 il a été cité à l’ordre du Régiment.
Mai 1917 a vu des mutineries dans plusieurs régiments dont le 129e RI. Quatre soldats seront fusillés en juin, le Commandant du régiment sera relevé et placé en réserve, nombreuses mutations d’officiers, 159 soldats sont envoyés aux « colonies lointaines », 120 vont renforcer l’Armée d’Orient et le 1er bataillon sera dissous.

Le 12 avril 1918 (et le 11 selon le JMO du régiment) il est blessé par balle au ventre au Bois- le-Prêtre. Il reçoit la rosette d’Officier de la Légion d’Honneur à 19h à l’ambulance 5/69 à Minorville en Meurthe et Moselle où il y meurt le 18 avril 1918. Le 19 juin 1918 il est fait officiellement officier de la Légion d’Honneur à effet du 12 avril 1918. Il est cité à l’ordre de la Division le 12 aout 1918.
L’Historique du 129e RI précise qu’il a été atteint par une balle de mitrailleuse et parle d’un « chef parfait et homme de cœur »

Son acte de décès est retranscrit le 15 mars 1919.

La Vigie de Dieppe, ancêtre des Informations Dieppoises indique dans son édition du 26 avril 1918 qu’il avait participé aux batailles de Charleroi, de la Marne, d’Artois, et de Verdun et nous apprend que son épouse a pu le rejoindre à l’hôpital sur le front par autorisation spéciale du Colonel. Il avait deux enfants. Son nom apparait sur le monument aux morts de Dieppe. Sa tombe n’est pas répertoriée dans la base de « Mémoire des Hommes ».

Didier CAVELIER.

SOURCES

Base Léonore
AD de Seine Maritime
Site Mémoire des hommes  www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
 Historique de 14-18 : www.chtimiste.fr
Bibliothèque de Dieppe http://my.yoolib.com/bmdieppe/