Elle s'appelait Mrs Stoner. Mais ses racines étaient normandes. Jeannette Legallet fut volontaire dans l'armée américaine durant la Grande-Guerre. Hommage...

Tous descendent d'un certain Michel, mort dans les années 1600. La famille Legallet est enracinée dans la Manche mais quelques-unes de ses branches sont venues s'établir en Seine-Inférieure. C'est ainsi que Pierre-François Legallet, né en 1819 à Trelly, vint élire domicile à Duclair. Et c'est là que naquit son fils, Louis-Pierre, qui fut le boulanger du chef-lieu. Ce dernier, en 1877, épousa une jeune femme de Jumièges, Marie Caroline Rosalie Laillier.

Louis-Pierre Legallet et Marie Laillier

Leur fils, Gaston Raymond, est né à Heurteauville en 1893. Employé de bureau chez Mustad puis commerçant, il participa à la Grande guerre, fut blessé à Neuville-Saint-Vaast par un éclat d'obus, anima la section des anciens combattants de Duclair et mourut prématurément en 1934, salué par ses concitoyens.

Mariage de Gaston Legallet et d'Elisa Constance Savalle à Duclair en 1919.

Go West !

Mais une autre branche des Legallet de la Manche vint également s'établir en Haute-Normandie. A Orival, elle donna naissance, en 1855, à Eugène-Joseph Legallet, Il excerça le métier de Mégissier. Autrement dit, il apprêtait les peaux de lapin et de moutons récoltées en sillonnant la campagne. Et puis un jour, à bord du Labrador, il alla rejoindre son oncle d'Amérique, Dominique-Jean, installé à San Francisco. Il fit le voyage en compagnie de son frère, Arthur Narcisse. Celui-ci va devenir très vite un des leaders de la colonie française. Il sera président de la Banque Franco-Americaine, premier président de l'hopital francais et vice-président de l'Alliance française aux Etats-Unis. Il revindra vivre à Paris avec son épouse et son fils en 1916, recevra la Légion d'honneur en 1918 avant de décéder le 13 décembre 1919.

Mais revenons à son frère Eugène-Joseph. Lui, il va rester aux USA. En 1888, à San-Francisco, il épouse une Américaine d'origine lorraine, Marie Cleu. Avec elle, il tentera l'aventure dans les montagnes de la Sierra Nevada et deviendra industriel. Une épopée que, selon leurs descendants, rappella le feuilleton Bonanza dans les années 60.

Volontaire dans l'US Army

Jeannette Catherine Victoire Legallet



Jeannette Catherine Victoire Legallet est l'un de leurs dix enfants. Née à Oakland, elle fera connaissance avec le pays de ses ancêtres en servant, durant la Grande guerre, comme opératrice téléphonique et traductrice au commandement du général Pershing en France. Ces standardistes du Signal corp furent recrutées en 1917 par voie de presse, essentiellement dans les rangs de la compagnie Bell. Pour la première fois, des soldats des tranchées étaient en relation directe avec leur commandement basé à Chaumont. Jeannette racontera souvent qu'un jour, Pershing étant occupé, elle pria quelqu'un de bien vouloir patienter. Seulement, ce quelqu'un s'appelait... Wilson. Woodrow Wilson ! Ce qui vaudra à Jeannette les remontrances de ses supérieures. Elle devra jurer de ne plus jamais faire attendre le président des Etats-Unis d'Amérique...

Décembre 1918 : le président Wilson passe Noël au cantonnement de l'US Army à Chaumont.

Ce n'est qu'en 1979 que le Congrès américain reconnut enfin ces femmes qui, comme Jeannette Legallet, furent volontaires dans l'US Army. En 1982, deux ans avant sa mort, elle reçut une médaille de la Victoire des mains du général Russo. Victoire, comme son prénom.

Aujourd'hui, Kevin West, petit-fils de Jeannette Legallet, fait vivre la mémoire de sa grand-mère. Son site : 




SOURCES

Jean Legallet, Duclair. Ses pages généalogiques :