Un dossier d'Hubert
Vézier
Mise en page : Laurent Quevilly
Mise en page : Laurent Quevilly
Un chalutier, une chaloupe et
son annexe... Cette carte postale de La Cigogne, tous les
collectionneurs la connaissent. Combien savent son histoire ?
La voici, relatée dans la presse locale du 28 mars 1948.

A Duclair, en face du bac, sur le bord de la Seine se dresse la silhouette d'un chalutier en construction. Ce ne sont pas pourtant là des chantiers de construction navale, c'est la cour d'une maison ouvrière, c'est la cour de M. Billard, pêcheur et charpentier en navire qui a constuit lui même son chalutier pour partir avec cinq hommes d'équipage à la pêche au large du Havre et de Honfleur.
M.
Samuel Billard avec son matelot Victor Saint-Denis, qui l'aide depuis
le début, travaillent encore sur leur bateau. Les mains
rougies par le froid, il montent à la corde des
pièces du moteur. M. Billard est d'une vieille famille de
pêcheurs et pêcheur lui-même, mais il fut
pendant quelques années, de 1922 à 1925,
charpentier en navires à l'arsenal de Cherbourg. Depuis, il
vit à Duclair, à côté du
bac, et s'en va à la pêche avec une petite
chaloupe qu'il a faite lui -même pendant la guerre.
Mais il a voulu faire mieux. Au lieu de partir chaque matin et de rester chaque soir à la marée avec quelques kilos de poisson, il s'est mis en tête de construire un chalutier et passer ses jours en mer sur un bateau qu'il aurait constuit lui-même, à ses moments perdus.
Il
mit de côté petit à petit les planches
et les pièces nécessaires. Mais il fut
sinistré et pillé. Trop heureux dans leur
débâcle de trouver là, sur la rive
gauche de la Seine, des planches dont ils avaient tant besoin pour
faire des radeaux, les soldats de la Wehrmacht en déroute
pillèrent toute sa réserve d'environ 50
mètres cubes de beau bois sec. Sa maison fut, en outre,
gravement endommagée.
Sans se décourager, il recommença à accumuler les planches et voix dix-neuf mois, il put mettre son bateau en chantier. Tout en continuant à pêcher pour vivre, tous les soirs, fêtes et dimanches, il travaillait avec son matelot à la construction de son chalutier. Si bien qu'aujourd'hui, il est presque terminé et sera lancé dans quelques semaines.
C'est un chalutier de 14 mètres de long, 5,24m de large, 32 tonneaux, équipé d'un robuste moteur Bolinder's de 45 cv à huile lourde. Toute la carapace est faite en chêne. Sous les écoutilles, la cale à filets, les vastes cales à poisson, le poste d'équipage avec ses six couchettes, la cuisine, les machines et le poste du mécanicien, conçus exactement comme dans les chalutiers les plus modernes. Sur le pont, le poste de pilotage qu'occupera M. Billard lui-même qui est, paraît-il, aussi bon capitaine qu'habile charpentier.

Il ne manque plus que la crapaudine en fonte du gouvernail, que la fonderie de Quevilly est en train de fabriquer. Il suffira ensuite de faire des glissières pour le lancement. Et, cette semaine, aux grandes marées, sans doute jeudi 26, le chalutier, fin prêt, sera lancé dans la Seine.
Il s'appellera "Patrice", dit M. Billard, si la Marine veut bien m'y autoriser. C'est le nom de mon premier petit-fils, le plus gâté. Je compte, avec mon chalutier, aller pêcher en mer cinq ou six jours et remonter une fois par semaine sur Rouen vendre mon poisson. Toujours si l'on veut bien m'y autoriser.

Ainsi les Rouennais verront-ils sans doute le charpentier-pêcheur de Duclair venir chaque semaine sur les quais leur vendre son poisson après avoir fourni un bel exemple de ténacité et mis en relief l'esprit d'observation et l'habileté manuelle de la pain-d'œuvre de notre pays.
Le "Patrice" a été brillamment lancé
Samedi, comme prévu, à 15 h exactement, devant une foule très nombreuse, 300 personnes au moins, M. Billard, son matelot et quelques amis ont procédé avec succès au lancement du chalutier "Patrice".

M. l'ingénieur de la Marine nationale Adrien, M. Vincent, maire de Berville-sur-Seine, assistaient notamment à cette cérémonie qui consacre le persévérant travail de M. Billard et de son matelot.
Dimanche matin, à 3 h, M. Billard ne perdait d'ailleurs pas de temps et mettait le "Patrice" au sec pour le charger de son lest, 10 à 12 tonnes de ciment, et, à 7 h du matin, en ce jour de Pâques, il était déjà au travail pour mélanger sable, cailloux et ciment.
Bonne chance et bonnes pêches au "Patrice" et à ses courageux marins !
QUIZ
Que devint ce navire. Et le petit Patrice ?...

A Duclair, en face du bac, sur le bord de la Seine se dresse la silhouette d'un chalutier en construction. Ce ne sont pas pourtant là des chantiers de construction navale, c'est la cour d'une maison ouvrière, c'est la cour de M. Billard, pêcheur et charpentier en navire qui a constuit lui même son chalutier pour partir avec cinq hommes d'équipage à la pêche au large du Havre et de Honfleur.

Mais il a voulu faire mieux. Au lieu de partir chaque matin et de rester chaque soir à la marée avec quelques kilos de poisson, il s'est mis en tête de construire un chalutier et passer ses jours en mer sur un bateau qu'il aurait constuit lui-même, à ses moments perdus.

Sans se décourager, il recommença à accumuler les planches et voix dix-neuf mois, il put mettre son bateau en chantier. Tout en continuant à pêcher pour vivre, tous les soirs, fêtes et dimanches, il travaillait avec son matelot à la construction de son chalutier. Si bien qu'aujourd'hui, il est presque terminé et sera lancé dans quelques semaines.
C'est un chalutier de 14 mètres de long, 5,24m de large, 32 tonneaux, équipé d'un robuste moteur Bolinder's de 45 cv à huile lourde. Toute la carapace est faite en chêne. Sous les écoutilles, la cale à filets, les vastes cales à poisson, le poste d'équipage avec ses six couchettes, la cuisine, les machines et le poste du mécanicien, conçus exactement comme dans les chalutiers les plus modernes. Sur le pont, le poste de pilotage qu'occupera M. Billard lui-même qui est, paraît-il, aussi bon capitaine qu'habile charpentier.

Il ne manque plus que la crapaudine en fonte du gouvernail, que la fonderie de Quevilly est en train de fabriquer. Il suffira ensuite de faire des glissières pour le lancement. Et, cette semaine, aux grandes marées, sans doute jeudi 26, le chalutier, fin prêt, sera lancé dans la Seine.
Il s'appellera "Patrice", dit M. Billard, si la Marine veut bien m'y autoriser. C'est le nom de mon premier petit-fils, le plus gâté. Je compte, avec mon chalutier, aller pêcher en mer cinq ou six jours et remonter une fois par semaine sur Rouen vendre mon poisson. Toujours si l'on veut bien m'y autoriser.

Ainsi les Rouennais verront-ils sans doute le charpentier-pêcheur de Duclair venir chaque semaine sur les quais leur vendre son poisson après avoir fourni un bel exemple de ténacité et mis en relief l'esprit d'observation et l'habileté manuelle de la pain-d'œuvre de notre pays.
Le "Patrice" a été brillamment lancé
Samedi, comme prévu, à 15 h exactement, devant une foule très nombreuse, 300 personnes au moins, M. Billard, son matelot et quelques amis ont procédé avec succès au lancement du chalutier "Patrice".

M. l'ingénieur de la Marine nationale Adrien, M. Vincent, maire de Berville-sur-Seine, assistaient notamment à cette cérémonie qui consacre le persévérant travail de M. Billard et de son matelot.
Dimanche matin, à 3 h, M. Billard ne perdait d'ailleurs pas de temps et mettait le "Patrice" au sec pour le charger de son lest, 10 à 12 tonnes de ciment, et, à 7 h du matin, en ce jour de Pâques, il était déjà au travail pour mélanger sable, cailloux et ciment.
Bonne chance et bonnes pêches au "Patrice" et à ses courageux marins !
QUIZ
Que devint ce navire. Et le petit Patrice ?...