Par Laurent Quevilly

C’est en 1873 que se crée, à Duclair, une société des régates. Immédiatement, Henri Denise, le maître canardier, en prend le secrétariat. Croisière en Seine en à rebrousse-temps ...

 


Les régates de 1879

 

Elles ne seront pas les seules, dans la contrée. Des régates, il s'en disputera à La Bouille, Guerbaville, Caudebec, Villiquier, Quillebeuf... Mais très vite, celles de Duclair prennent de l’ampleur. Sous la plume d'Henri Vernoy, L’Univers illustré du 26 juillet 1879 en publie un compte-rendu intéressant et surtout cette superbe gravure...

 « Duclair est une charmante localité normande, située à quelques lieues de Rouen, sur les bords de la Seine, et entourée de belles falaises blanches de l'aspect le plus pittoresque. C'est là que se trouve la fameuse « Chaise de Gargantua », ce rocher gigantesque qui a fourni le sujet de poèmes légendaires bien connus des lettrés et des chercheurs.

 Notre dessin donne les armes de la cité, car Duclair est d'ancienne origine, et, à côté, se trouve le clocher de l'église édifice d'un style curieux, mi-Renaissance mi-Roman.

« En haut de notre gravure apparaît là malle-poste de Duclair, attelée de cinq chevaux. Les régates avaient attiré tant de monde qu'il avait fallu entasser des voyageurs jusque sous la bâche de la voiture.

« Le temps a été splendide, et, dès huit heures du matin, la fête commençait au milieu d'une immense foulé d'étrangers et de Parisiens, qui donnaient à la paisible cité un air de fête tout à fait exceptionnel.
  

« La veille, une belle retraite aux flambeaux parcourait les larges quais du fleuve; mais c'est seulement le dimanche, à une heure et demie, que les régates ont commencé.

« C’était un spectacle ravissant qu'offrait au spectateur cette quantité innombrable de coquettes embarcations déployant leurs voilés blanches et se reflétant dans l'eau, escortées sur les deux rives par une foule joyeuse et sympathique. 

« Les prix ont été vaillamment disputés, et e'était aux acclamations enthousiastes du;public que les vainqueurs arrivaient au poteau d'arrêt, pendant que des salves de canon retentissaient et se répercutaient à l'infini dans les larges vallées qui encadrent le fleuve. Différents jeux publics et un brillant feu d'artifice ont terminé cette fête du sport nautique, qui a obtenu un brillant succès. »


En attendant le train

4 mars 1880. On écrit de Duclair au Journal de Rouen : Les régates de Duclair sont fixées au 4 juilllet prochain, époque où nous espérons voir marcher notre chemin de fer, définitivement jusqusqu'à Duclair. La date du 4 juillet est choisie afin que les canotiers Parisiens et Rouennais se rendant aux régates du 11 juillet, du Havre, puissent trouver les nôtres en passant.

Le ponton percuté


9 Mai 1905, la Navigazette. « Ainsi que nous l'avons annoncé dans le précédent numéro, le Comité de tourisme nautique du Touring-club de France a été informé par M. Godron, ingénieur de la navigation, délégué nautique à Rouen, que l'appontement de Duclair avait été en partie démoli par un vapeur. L'ouvrage va être remis rapidement en état par le service de la navigation. »

L’inauguration du club-house

Dans les années 30, l’idée germa dans l’esprit de quelques voileux de créer un cercle de la voile. Il fut créé officiellement le 19 novembre 1930 et l’on trouve le maire de Duclair, Chatel, parmi les fondateurs du CVSM. On jeta son dévolu sur un terrain arboré à l’Ânerie. Le Figaro rapporte ainsi l’inauguration du club-house qui eut lieu les 4 et 5 juillet 1931.

 

« Le Cercle de la Voile de la Seine maritime, dont le siège est à Rouen, vient d'inaugurer son nouveau club-house de Duclair (erreur, c’est à Saint-Pierre-de-Varengeville !), dans un coin charmant de la Basse-Seine, qui est un port d'escale pour les yachts descendant ou remontant la Seine maritime. Autrefois, les yachts parisiens quand ils se rendaient, à la voile, aux régates du Havre et de Trouville, ne manquaient jamais de faire marée à Duclair. C'était un rendez-vous traditionnel. 

 

 « La fête d'un club de voiliers ne saurait se passer de régates à la voile. Il y en eut à Duclair pendant deux journées. Les concurrents étaient venus de Meulan et du Havre, en remorque de vapeurs mis à la disposition de leurs propriétaires. Il y en avait 18 du Cercle de la Voile de Paris, dont onze « stars », cinq « chats », un 6 mètres et un 6 m. 50. Sept de la Société des régates du Havre, dont six « papillons » trois du C.V.S.M., dont un « star », un « papillon et un « chat », et deux « chats du Cercle Nautique de Chatou.

 « Le premier jour, la brise d'ouest était irrégulière, par suite de l'abri des collines voisines, et elle faiblissait pour tomber tout à fait vers la fin de la journée.
« Le lendemain, le déjeuner qui consacra l'inauguration était présidé par M. Rio, ancien ministre de la marine marchande, auprès de qui se trouvaient MM. Lemire, représentant le Yacht-club de France, Baudrier, président du Cercle de la Voile de Paris, Messager, président du Cercle nautique de Chatou. Le nombre des convives dépassait trois centaines.

« La remise des prix eut lieu dans la salle du nouveau club-house en suivant la lecture du palmarès par M. Savoye, vice-président du Cercle de Rouen. Charmante réunion pour laquelle ses organisateurs reçurent de chaudes félicitations.»

 

"Mon père ce héros"

Mon père, Raphaël Quevilly, se targuait d’avoir tâté à tous les sports : la course cycliste, la boxe, la natation du côté du trou de la Martellerie. Mais il fut assurément le premier à accomplir des démonstrations d’aquaplane sur cette portion de la Seine. C’était l’ancêtre du ski nautique, inventé en Australie dans les années 20. L’aquaplane consistait en une seule planche. Plate. Et sur laquelle mon père accomplissait quelques acrobaties. 

Raphaël Quevilly effectue une démonstration d'aquaplane sur la Seine. Qui reconnaît le décor ?

L’aquaplane était tracté par le canot automobile de M. Coté, chef de garage à la centrale d'Yainville et baptisé R le Râleur. Mais aussi celui d’Henri Lambert, le directeur de l'usine, le Bernard. Mécanicien dans l'entreprise, mon père l’avait équipé d’un moteur d’avion, un 150 cv Farman avec je ne sais plus combien de cylindres en ligne. A la fin de sa vie, il eut la surprise de le retrouver exposé dans un garage… à Bénodet !

Notons qu'en 1928, le 19 août, au 36e meeting des régates de La Mailleraye, le canot de Lambert, piloté par Coté, s'octroya notamment une seconde place dans le prix André de Neuflize.


Une journée de régates en photos...

Le 1er juillet 1934, on marqua le 60e anniversaire des régates. Le jury ? Dr Chatel, président de la société des régates, Victor Dupont, vice président, Charles Ferté, Henri Lambert, Louis Senard, programmateur des compétitions et Henri Denise, trésorier, toujours là depuis la fondation. 

On retrouve le canot d'Henri Lambert et mon père à bord. La tenue des participants est de rigueur : blazer bleu, pantalon blanc et casquette blanche.

Ernest Coté est ici à gauche Le public Vu du fleuve Sur les quais

  Il y eut aussi ce jour là des compétitions de natation. Le Rappel de Duclair s'époumonait dans ses clairons. MM Lefebvre et Duval tiraient les coups de canon pour lancer les courses. Et puis la journée se passait aussi au café...

La serveuse... ... a du succès M. Coté à gauche,
M. Tellier, garagiste
Au centre :Marcel Pellerin,
 de la fanfare de Duclair




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Un lien : Cvsm.com


Geneviève Neuquelman a écrit le 13/06/2010 : Mon grand père, Paul Neuquelman, a navigué sur la goelette Manou. Est-ce celle dont parle l'article de l'inauguration du club house en1931 ? Est-ce aussi cette même goelette qui a transporté Lionel Beneyton en 1940 vers l'Angleterre ? Nous n'avons quasiment pas de documents sur l'histoire de ce bateau, hormis les récits de notre grand'père et de nos pères... et bien sûr nous en avons oublié une grande partie ;avec nos remerciements

Jean-Pierre Hervieux a écrit le 26/08/2010 : la goélette Manou, citée lors de l'inauguration du CVSM appartenait à Monsieur Bourgeois du Havre, source : St-Pierre-de-Varengeville d'hier. La Dépêche de Rouen du 6 juillet 1931, où j'ai trouvé cette information, précise qu'elle était transformée en yacht



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