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Par Didier Fermé | |
Frédéric,
Emile, Amédée HELLOT est né
à Guerbaville-la-Mailleraye le 17
décembre 1863.
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« C’est un village situé sur l’une des dernières boucles de la Seine entre la forêt de Brotonne et le fleuve. La Seine y fait un coude prononcé. Elle est y est assez large et son courant s’inverse quatre fois par jour, car la marée se fait sentir jusqu’à Rouen. La bourgade située sur la rive gauche était serrée autour de la vieille église trapue. De l’ancien château, il ne subsistait plus qu’une terrasse au bord de l’eau bordée d’une belle balustrade… »
Son père, Emile, né le 29 octobre 1835, épouse le 16 février 1863 dans la très belle église de Caudebec-en-Caux Marie Tuvache. Celle-ci était la fille de Frédéric Tuvache ancien avoué à Rouen. Le grand-père et un oncle de Marie, originaires de La Mailleraye, avaient été capitaines au long cours. La Mailleraye était en effet à cette époque une véritable pépinière de marins … Emile Hellot était percepteur à La Mailleraye.
Frédéric allait à l’école du village. Dès ce moment, l’instituteur remarque son intelligence et lui prédit qu’il sera « quelqu’un ».
Son père est muté à Dieppe et c’est là qu’il mourut en 1871. Frédéric avait trois frères et sœurs.
Sa mère s’installe à Yvetot et obtient une bourse d’État pour lui au lycée de Rouen. Il est pensionnaire.
Frédéric Hellot fit toutes ses études, y compris la classe de Spéciales, au lycée de Rouen. En 1883 il était reçu à Polytechnique et il en sortait en 1885 dans l’arme du Génie.
Il passa un an à l’école d’application du Génie et est nommé lieutenant au 3eme Régiment du Génie à Arras.
En 1891, il prépare en quelques mois l’Ecole de Guerre où il est reçu d’emblée.
Il est nommé capitaine en 1892 et est désigné pour effectuer en Russie un voyage d’études militaires en 1893. Il rentre en France en Janvier 1894.
Il passe ensuite deux années à Paris au quatrième bureau de l’Etat Major ; il rejoint ensuite un poste de commandement en Algérie. En 1897 il est désigné pour Madagascar à côté du Général Gallieni. Il va ainsi, à l’école d’un chef incomparable, exercer le métier de colonisateur où l’officier est à la fois pacificateur, administrateur, magistrat, constructeur de routes, de chemins de fer et de bâtiments, en un mot, créateur de civilisation …
En mars 1899 il est nommé chevalier de la Légion d’Honneur et revient en France avec Gallieni et il est chargé de rédiger l’histoire de la pacification de l’île.
En septembre il est nommé au 3e Bureau de l’Etat-major de l’Armée.
En Juin 1900 il s’embarque pour Diego-Suarez (Madagascar) pour rejoindre le colonel Joffre. Il rentre en France en septembre 1902 atteint d’un peu de paludisme.
Le 25 septembre 1903, il se marie à Fécamp avec une rouennaise, Marie Desvé.
En 1904, il rejoint le Général Joffre – Directeur du Génie – comme officier d’ordonnance.
Le 4 mai il est papa de jumelles Simonne et Marguerite.
Le 25 mars 1906, le capitaine Hellot est nommé Chef de Bataillon. Il va faire son temps de commandement au 1er Régiment du Génie à Versailles.
En avril 1908 il est nommé au 3e Bureau de l’Etat-major et a un fils le 25 juin 1908.
Au mois d’Aout le Commandant Hellot est attaché au Cabinet Militaire du Ministre de la Guerre.
En décembre 1909 il est nommé officier d’ordonnance du Président de la République – Armand Fallières.
En septembre 1910 il est élevé au grade de Lieutenant-Colonel.
Au début 1912, le colonel Hellot quitte la Présidence pour le Centre des Hautes Etudes Militaires et, fin de cette année il est désigné pour commander l’Ecole d’Application du Génie à Versailles. La guerre vient de s’allumer en Europe.
Au cours de l’été 1914, le colonel Hellot avait été désigné pour commander le régiment de Génie à Angers. La guerre survint avant que cette mutation se fût réalisée. Il rejoignit, comme sous-chef d’Etat-major la 2e Armée qui se concentrait à Nancy.
Le 8 novembre 1914, en plein combat, Frédéric Hellot est nommé chef d’Etat-Major de la 2e Armée et le 5 février 1915 il est nommé Général de Brigade. Il est appelé par Joffre comme aide-major général au G.Q.G. (Grand Quartier Général) installé à Chantilly.
En Avril 1915, Fréderic HELLOT est nommé Officier de la Légion d’Honneur.
Le 2 août 1915, il est nommé au commandement de la 21é brigade d’infanterie au nord de Suippes en Champagne avant d’être transférée en Lorraine au fil des combats cruels et dévastateurs.
Fin janvier 1916 le général Hellot prend le commandement de la 56é division d’infanterie.
Les combats font rage sur le front nord de Verdun, la défense de la Meuse se fait sur la rive droite, les pertes sont considérables. Pétain commande l’ensemble de cette région fortifiée. Début mai, la 56é division monte en première ligne. Le général Hellot écrit « … nous avons depuis le 21 une période extrêmement dure au cours de laquelle ma pauvre division a fait de grosses pertes. » Sa division a perdu 3600 hommes tués ou blessés.
En avril 1917 la 56e division participe à une offensive contre les allemands au nord de l’Aisne et début mai relève la 12e division sur le Chemin des Dames. Les résultats sont faibles, Nivelle est remplacé par Pétain qui redonne le moral aux troupes.
Le 2 juillet 1917 le général de Castelnau qui commande maintenant le Groupe d’armées de l’Est appelle Fréderic Hellot près de lui comme chef d’état-major à Vittel puis à Luxeuil.
Le général de Mitry lui confère la Croix de Guerre avec la citation suivante « Officier général d’une haute valeur ; à la tête de la 56e division, a su obtenir d’elle les plus beaux efforts toujours couronnés de succès : en Champagne, à Verdun, sur la Somme et, en dernier lieu, sur l’Aisne, où, sous son énergique impulsion, elle s’est emparée, les 16, 17 et 18 avril, de positions puissamment organisées, faisant à l’ennemi plus de 800 prisonniers et lui enlevant 53 canons ».
Pendant les six derniers mois de 1917, c’est une guerre d’usure qui s’éternise et une campagne de démoralisation se propage dans les troupes. Le 8 novembre il écrit « … et chez nous, qu’attend-on pour liquider toute la fripouillerie dont les exploits s’étalent chaque jour dans les journaux ? On parle beaucoup d’un ministère Clemenceau… »
Le 22 décembre Fréderic Hellot est nommé Général de Division.
Début 1918 les alliés souffrent, Paris est bombardé, la situation est grave au sud de la Somme, une brèche est ouverte par les allemands. Parvenus au bord de la catastrophe les alliés décident de confier le commandement à Foch. Le 31 mars la continuité du front est rétablie. Le général Hellot écrit : « les alliés ont perdu tout l’hiver à discuter une formule alors que l’orage menaçait : l’orgueil anglais se refusait à accepter une subordination qui était pourtant tout indiquée … »
L’armée allemande devient de plus en plus vulnérable. Fin septembre l’offensive des forces alliées est devenue efficace. Le général Hellot prend le commandement du 17e Corps d’Armée mais les allemands sont en pleine déroute et l’Autriche demande à conclure une paix séparée. Le 11 novembre l’armistice est signé dans un wagon du train d’Etat-major du maréchal Foch. La guerre a fait 18 millions de morts et des millions de mutilés et de blessés.
La suprême récompense de ceux qui, depuis quatre ans, avaient porté le fardeau de cette guerre, fut de participer aux entrées triomphales dans les villes de Lorraine et d’Alsace. Le général Fréderic Hellot fut désigné pour entrer le 22 novembre avec son 17e Corps d’Armée à Thionville. En janvier 1919 la municipalité de Thionville donne son nom à une des places de la ville.
En 1919 il est décoré de la « Distinguished Service Medal » par les Etats-Unis aux Invalides.
Il est basé à Toulouse toujours à la tête du 17e Corps d’Armée.
Il existe dans les carrières les plus harmonieuses des moments difficiles où le destin dresse des embuches. Fin mai à Toulouse des incidents se produisirent dans un régiment de garnison. Des hommes impatients d’être démobilisés créèrent un début de mutinerie. On reprocha au Général de ne pas avoir agi avec assez de fermeté. Il fut relevé de son commandement et mis en disponibilité. En décembre il est nommé à Vannes au commandement d’une division mais en mars 1920, l’injustice était réparée et il était nommé au commandement d’un Corps d’Armées le 12e à Limoges.
En juin il est promu au grade de Commandeur de la légion d’Honneur. Un an après il est nommé au plus haut poste de son arme : l’Inspection Générale du Génie à Paris.
En juillet 1925 il est élevé à la dignité de Grand Officier de La légion d’Honneur.
Le 17 décembre 1925 la limite d’âge est inexorable il doit prendre sa retraite militaire.
Il poursuivit une activité professionnelle comme Président de la Société « Matériel Téléphonique ». Il tint parallèlement jusqu’en 1932 la chronique militaire du Figaro.
Frederic Hellot passait ses vacances à Sierville près de Clères où il se plaisait beaucoup.
Le 28 octobre 1947 il mourut à Paris.
Son fils qui a rédigé sa biographie de 1950 à 1952 conclut ainsi :
« Mon Père terminait une conférence sur Vauban par ces mots qu’on puisse, sans rien y changer, appliquer à lui-même : il reste un exemple et un modèle par la belle unité, par l’altière indépendance d’une vie toute entière consacrée à son pays et toute remplie des services les plus éclatants. »
Didier FERMÉ.