1er juillet 1850. Au Vieux-Port, un navire se joue du mascaret, fait escale à Caudebec, salué par des salves d'artillerie, accoste enfin à la Mailleraye pour une visite du parc et du château. L'excursion vire au drame...

Un bateau à vapeur parti de Rouen le matin, revenait le soir d'une excursion sur la Basse-Seine où il avait conduit de nombreux passagers. La journée avait été joyeuse, et le bateau s'était arrêté contre un autre navire qui le séparait du quai et sur le pont duquel passèrent tous les voyageurs en sortant. Les deux bateaux étaient bord à bord, mais, par surcroît de précautions, un pont avait encore été placé à l'endroit où l'on traversait de l'un sur l'autre. Lorsqu'il ne resta plus que les personnes qui font le service du bateau, les matelots enlevèrent ce pont, qui leur était inutile, et tous les employés se disposèrent à se retirer. C'est en ce moment qu'une jeune, personne de vingt ans environ, qui ayait tenu le comptoir pendant le voyage, voulut sortir. Cette infortunée, trompée sans doute par un effet de lumière, au lieu de passer d'un bateau sur l'autre à l'endroit où ils se touchaient, traversa à l'une des extrémités là où les bordages laissaient un vide entre eux ; elle glissa dans ce vide et tomba entre les bateaux pour ne plus reparaître. 

Des efforts ont été tentés pour retrouver cette malheureuse ; on poussa l'un des navires au large, on fit des recherches, mais tout a été inutile.

L'infortunée jeune fille avait failli échapper à la fatalité dont elle a été la victime,  au départ de Caudebec, elle avait manqué le bateau, et elle était restée seule ; mais elle se fit conduire par terre jusqu'à La Mailleraye, et là elle rentra dans le navire d'où elle ne devait plus sortir que pour trouver la mort.

NB : la victime était compable chez Heurtevent.

SOURCE

Le Constitutionnel, 2 juillet 1850