Par Laurent Quevilly

Châtelain des Graviers, Joseph Panthou fut maire de Duclair de 1904 à 1912. Nous recherchons tout complément biographique. Et surtout un portrait...

Généalogie

 
Joseph Panthou descend d'André Panthou, né le 7 janvier 1764 à Chamblac, dans l'Eure, mort le 3 mai 1829 à 66 ans. Défenseur durant sa vie active près le tribunal de Commerce de Rouen, il s'était rendu propriétaire du château des Graviers, à Duclair, en 1802. Il possédait des immeubles à Duclair et à Sainte-Marguerite.
Le château des Graviers

Sa veuve, vivant dans une "maison de maître" au hameau de la Côte-du-Mont, s'appelait Marie Madeleine Perpéthue Molet.
Elle est morte le 30 mai 1832 au château des Graviers.

Leurs fils sont Adolphe Panthou, avocat à Paris et André Victor Panthou, né à Rouen le 21 décembre 1792 et y demeurant, défenseur comme son père au tribunal de Commerce. Ce dernier a épousé Adelaïde Retout et fut maire de Duclair. Il est mort le 23 mai 1857. Son épouse trépassa le 11 octobre 1875. Il y eut de cette union un garçon, Victor, et trois filles.

Naissance
 

Joseph Panthou est né le 22 juin 1872 à Duclair de Victor Panthou et Clémentine Delanos. Clerc de notaire puis rentier à Rouen, le père de Joseph Panthou est dit propriétaire à Duclair vers 1875. Il mourra à Rouen au 12 de la rue Saint-Maur, le 2 septembre 1898. Après avoir apporté d'importantes transformations au château des Graviers. 

Scolarité
Après deux ans au pensionnat Jean-Baptiste de La Salle, devient élève de l'externat Join-Lambert en octobre 1885.

En octobre 1888, entre en 3e a Bois-Guillaume où son frère André l'y rejoint.
En 1889 abandonne les classes de lettres et passait au cours de sciences. Il en sort en juillet 1991 avec quatre prix et trois accessits.

Service militaire

Il retourne à Duclair et fait un stage d'agriculture. Effectue son service militaire au 129e RI. Il en sort avec le grade de sergent.

Profession


Se fixe au château des Graviers, propriété de famille dont il exploite la ferme.

Mariage


14 septembre 1898, à Duclair, avec Alice Boullard, née le 15 mai 1875 au domicile de ses parents, fille de Joseph Boullard et Joséphine Foucher, propriétaires et commerçants, place du Marché, à Duclair. Joseph Panthou aura une fille, Germaine, épouse Jacques Stackler. Elle héritera du château des Graviers.

Mme Panthou, décédée le 10 avril 1905 a, par son testament, légué :
A la fabrique de l'église de Duclair, à charge de faire dire dix messes la première semaine suivant sa mort et une messe par mois à perpétuité : cinquante mille francs.
A l'hospice de Duclair : vingt-cinq mille francs.
Aux enfants pauvres de Duclair : vingt-cinq mille francs, à charge au maire de Duclair de faire distribuer chaque année, à l'entrée des saisons, les vêtements nécessaires à chacun.
Cinquante mille francs à la commune de Duclair pour instituer une maison où les enfants pauvres et vieillards aient la soupe et la nourriture nécessaire à leur existence.  


Mandats électifs

 
Maire de Duclair de 1904 a 1912.


Mobilisation


En 1914 mobilisé comme sergent au 21e régiment territorial d'infanterie; surveillant du camp de prisonniers de Biessard;  il y contracte une grave maladie et décède à l'Hôtel-Dieu de Rouen.
  

Ses obsèques

Mercredi dernier, à dix heures du matin, on eu lieu, en l'église de Duclair, les obsèques de M. Joseph Panthou, sergent du 21e régiment territorial, ancien maire de Duclair, président du conseil paroissial et conseiller municipal.


Remarqués dans l'assistance : MM. Denise, maire et conseiller général, Pigache, conseiller d'arrondissement, le conseil municipal de Duclair, de nombreux maires et conseillers municipaux des communes environnantes et une délégation de la Société de secours mutuels de Duclair. Une très nombreuse assistance avait tenu à apporter à la famille du défunt ses témoignages de sympathie.

Au cimetière, M. Denise a retracé la vie, toute de labeur et de simplicité, qu'avait été celle de M. Panthou. Il a su faire ressortir la droiture du caractère et l'impartialité de ce dernier, pendant les quelques années qu'il a exercé les fonctions de maire.

Né d'une vieille famille, originaire de notre pays, il avait été à même de pouvoir apprécier les besoins de chacun. Nombreuses étaient les familles auxquelles il venait en aide et cela avec la plus parfaite discrétion. D'une santé assez précaire, et devant l'obligation du devoir à accomplir en présence des événements actuels, lors de la mobilisation, il ne put résister au surmenage dont il fut l'objet. M. Panthou a pu partir avec la satisfaction du devoir accomplie; mais avec le deuil cruel de laisser sa fille désormais à l'affection des siens.

Laurent QUEVILLY.

SOURCES



Journal de Rouen, 29 septembre 1917.
La Semaine religieuse 8 juillet 1905
Généalogie : Olivier Payenneville

Annexe

Biographie de l'abbé Louis Panthou

Né à Duclair le 14 mai 1865, ordonné en 1894, il fut nommé professeur à l'Institution Ecclésiastique d'Yvetot en 1894, curé de Saint-Sylvain en 1895, curé de Bermonville en 1903. Il est décédé le 23 novembre 1926 Le compte-rendu de la presse diocésaine :

Le jeudi 25 novembre, la paroisse de Bermonville rendait les derniers honneurs à son vénéré curé, M. l'abbé Louis Panthou, décédé dans une clinique du Havre, des suites d'une opération chirurgicale. La cérémonie funèbre était présidée par M. le Doyen de Fauville, assisté des curés du doyenné, de ceux des paroisses voisines et de quelques autres, amis et anciens condisciples du regretté défunt. L'assistance très nombreuse venue de Bermonville.

d'Envronville dont M. Panthou, avait la charge subsidiaire et de Saint-Pierre-Lavis, paroisse qu'il avait desservie pendant la grande guerre, avait à sa tête, conduisant le deuil avec la famille, M. le Maire et les membres du Conseil municipal et du Conseil paroissial de Bermonville, et aussi, le Conseil municipal et paroissial d'Envronville, se faisant en cette douloureuse circonstance un devoir de rendre ce dernier hommage de vénération et de reconnaissance au pasteur dévoué qui, sans égards à l'humaine prudence, avait accepté d'assurer, en leur paroisse privée de curé, le culte et le service des malades.

Après l'absoute, M. le Doyen donna lecture d'une lettre de M. le vicaire général Delestre, exprimant la douleur et les regrets de l'autorité ecclésiastique en face de cette mort qui ravissait au diocèse l'un de ses bons ouvriers, exaltant les vertus du défunt, offrant ses condoléances émues à sa très honorable famille, à ses paroissiens, et aux confrères du doyenné, attristés. Il prononça ensuite une allocution rappelant le mérite et le labeur du prêtre de haute vertu, qui, « après deux mois de souffrances supportées avec une patience admirable, avait rendu sa belle âme à Dieu », et qui laisserait dans cette paroisse comme dans celle de SaintSylvain, le souvenir d'un homme de bien et d'un saint prêtre.

A la porte de l'église, après la cérémonie funèbre l'inhumation devant avoir lieu au cimetière de Bonsecours M. le Maire de Bermonville, au nom du Conseil municipal, du Bureau de bienfaisance et du Conseil paroissial, redit lui aussi l'émotion et la douleur, l'estime et les regrets de tous devant cette mort si brutale. Il rendit hommage aux vertus du pasteur qui s'était acquis la vénération et la gratitude de tous ses paroissiens.

C'est qu'en effet, avec M. Louis Panthou, disparaissait une belle figure sacerdotale. 11 était né à Duclair le 14 mai 1865, d'une famille très chrétienne et nombreuse" Comme ses cinq frères, bien jeune encore, il fut placé à l'Institution ecclésiastique d'Yvetot, ou, avec l'esprit de discipline et l'amour du travail qui toujours le distinguèrent, il fit d'excellentes études. Les humanités achevées, il s'en fut à Paris faire ses études de droit qu'interrompit l'année du volontariat. Il conquit ensuite le diplôme de la licence en droit,

Le moment venu de fixer sa destinée et de choisir une carrière, M. Panthou se prit à réfléchir et, plus net et plus instant, se fit en lui l'appel de Dieu : appel à peine évoqué jadis à Yvetot, au contact et sous l'influence de prêtres distingués, ses professeurs, et de condisciples amis se destinant au sacerdoce. Mais d'esprit très circonspect et réfléchi, il ne voulait répondre qu'après l'épreuve décisive d'un séjour dans le monde. Enfin, conscient de l'appel divin, il s'en fut aux Séminaires d'Issy d'abord et de SaintSulpice ensuite, où il était ordonné prêtre en 1894, à l'âge de vingt-neuf ans.

Ce travail intérieur, n'était son état de santé alors assez précaire, l'eût mené plus loin : il eût aboutit à son entrée en religion.

Aussi, plus tard, se sentant plus fort et plus robuste, il s'ouvrit à l'autorité diocésaine de cette intention. Mgr Fuzet, préoccupé de la pénurie toujours aggravée des prêtres dans son diocèse, l'en dissuada. M. Panthou se rendit à cette impérieuse raison. Mais pour ce fils de Saint-Sulpice, si profondément pénétré de l'esprit sulpicien, la vie du presbytère tout en n'excluant rien de la sollicitude pastorale et de la bonne confraternité sacerdotale n'était pas l'équivalence d'une vie monastique, quant à la régularité, à la solitude, au recueillement, à l'austérité, au travail intellectuel, voire même manuel ? Tout adonné'à la science sacrée et en particulier à l'exégèse, il s'était consacré à l'étude du Psautier et il se proposait de publier ce consciencieux travail, fruit longuement élaboré de ses studieux loisirs et de ses longues veillées ; la solidité et la profondeur de ses rapports dans les conférences ecclésiastiques, toujours si distingués, permettaient de beaucoup attendre de cette publication.

Au physique, il était grand de taille, le visage toujours grave, le regard très droit, l'air pensif, un peu fermé peut-être, à ce point qu'il en paraissait distant, avec les apparences d'une timidité qui fondait au premier contact pour se muer souvent en une bienveillance extrême, avec, parfois, une fermeté de principes qui pouvait être jugée de l'intransigeance, tant qu'on n'en devinait pas les motifs cachés, faits de raison et de charité. Charitable, il le fut avec une infinie discrétion : révéler ses aumônes cachées, eût été lui causer une peine réelle. Cependant, l'opinion paroissiale était faite à cet endroit, quelque secret qu'il voulût y mettre.

Que de fois un modeste fermier alors que l'agriculture ne connaissait pas les temps prospères de maintenant ayant perdu cheval ou vache et que l'on savait .dans l'impossibilité pécuniaire de remplacer l'animal nécessaire, ayant reçu la visite du pasteur informé de son malheur, se trouvait à même d'y pourvoir ! Et le bon peuple de redire : « Rien d'étonnant, M. le Curé est passé par là ». On excusera cette suggestive révélation qui en dit si long.

Aussi bien, avec justice et vérité, M. le Vicaire général pouvait écrire de M. Panthou : « prêtre aussi simple que distingué, aussi digne que bienveillant, aussi sage dans le conseil que ferme dans l'accomplissement du devoir, prêtre par toutes les fibres de son cœur, n'ayant qu'une passion : la gloire de Dieu et le bien des âmes ».

A son retour dans le diocèse, après son ordination sacerdotale, il fut envoyé à l'Institution ecclésiastique d'Yvetot en qualité de professeur ; il n'y resta qu'une seule année et fut ensuite nommé curé de Saint-Sylvain, en 1895. Il y trouva une petite église, jadis vrai modèle de l'architecture ogivale primitive, adaptée à la campagne. Au XVIIe siècle on l'avait défigurée en ajoutant au :, portail un lourd clocher. A cela rien à faire. Mais à l'intérieur de l'église plutôt délabré, un travail d'intelligente restauration s'imposait. M. Panthou, aussi curieux de la dignité du temple matériel que dévoué au bien spirituel des âmes, avec le concours très averti de l'un de ses frères, architecte à Rouen, entreprit et mena à bien cette réparation, encore que là, déjà, et comme il devait le faire plus tard à Bermonville, si lourde que pût être la dépense, il en ait assumé personnellement toute la charge.

A Bermonville. dont il fut nommé curé en 1903, M. Panthou trouvait encore une .église assez intéressante, au moins en la partie ancienne. Le chœur avait été reconstruit avec magnificencevers 1360 par les moines du Bec-Hellouin. La nef du XVIIe siècle avait été réparée et ornée par son prédécesseur, M. Devillers, de sainte mémoire. Pour le transept et le chœur, lui-même acheva le travail de restauration.

Le rétable du maître-autel, jadis sculpté par un vicaire de Bermonville, avait une réelle valeur, quoiqu'il masquât une splendidc fenêtre gothique. Le rétable encadrait une peinture du SacréCœur, œuvre quelconque et fort endommagée. M. Panthou confia à une artiste de talent le soin de réaliser un tableau de remplacement. Naguère, fut béni et posé un Sacré-Cœur nouveau, œuvre originale et d'un réalisme poussé.

L'abbé Panthou fit encore preuve d'un sens artistique avisé et de profond respect du passé, en réintégrant dans son église, après, l'avoir convenablement fait restaurer, un ancien baptistère où, des siècles durant, les générations successives étaient venues recevoir l'eau baptismale. Pour le gain d'une place, on avait relégué dans le cimetière cette grosse cuve carrée du XVsiècle, ornée sur deux faces de sculptures symboliques.

Enfin, après cette guerre d'enfer qui, là comme dans toute la France, avait semé tant d'angoisses et fait couler tant de larmes, pendant laquelle, avec un inlassable dévoûment, il s'était prodigué pour adoucir les peines, maintenir les courages et les espoirs consoler des deuils et prier pour les morts, il tint à perpétuer leur -souvenir par l'érection d'un mémorial dans son église et une généreuse coopération au monument du cimetière.

Alors que, quoique déjà souffrant, il espérait se dévouer encore, édifier toujours et sauver les âmes certaines conversions opérées par lui sont vraiment admirables il s'en est allé vers Dieu, le saint prêtre, et sa dépouille mortelle s'en est allée dormir son dernier sommeil près de sa mère bien-aimée, qui, quelques années plus tôt, l'avait précédé dans la tombe.