Le fief de la Rivière-Bourdet, sis dans la paroisse de Saint-Martin-de-Quevillon entre la forêt de Roumare et la Seine, était un plein-fief de haubert, relevant directement de la Couronne.

L'étymologie de son nom est des plus obscures ; on peut supposer que sa proximité de la Seine en forma la première partie; mais le difficile est d'expliquer ce nom de Bourdet, aussi ancien que le fief même. Etait-ce le nom de son premier seigneur ? Ne faudrait-il pas l'écrire de préférence Bourdaix, ce qui signifierait « au bord de l'eau ? » Ne serait-ce pas à la langue celtique qu'on devrait en démander la clef ? Bor ou Bour, habitation; d, en composition signifiant beaucoup; et, agréable. La délicieuse situation de ce manoir, ombragé d'un côté par les vieux chênes de l'épaisse forêt de Roumare, et de l'autre se mirant dans les eaux, rend cette étymologie assez vraisemblable ; mais quand les documents font défaut, il faut tenir compte de la tradition, et la tradition veut que primitivement la Rivière-Bourdet se composât de deux petits manoirs, assis en face l'un de l'autre, et habités par deux frères. Or l'étymologie serait conforme à la tradition : Bor ou Bour, habitation; dei, deux.

Notons encore qu'un contrat du 20 décembre 1565 m'a révélé l'existence dans la paroisse de Sahurs — voisine de la Rivière-Bourdet et sise aux bords de la Seine, — « d'un fief nommé le Petit-Fief-Bourdet asiz à la paroisse de Sahurs, qui fut Nicollas Le Barge, escuier, sieur du Bout-Rabache, relevant de la seigneurie de la Rivière-Bourdet... » — Ce petit Bourclet suppose un grand Bourdet, qui aura peut-être donné son nom à la Rivière, à moins que ce grand Bourdet ne fût la Rivière même.

Le château de la Rivière-Bourdet fut reconstruit, vers le milieu du XVIIe siècle, par Charles Maignard de Bernières, et restauré dans le courant de ce siècle par Mme la duchesse de Fitz-James et par Mme la princesse de Montholon-Sémonville.

Le château renferme de très curieuses archives, sauvées de la destruction et mises en ordre par l'infatigable et intelligente princesse, à qui tous ceux qu'intéresse la conservation des monuments écrits de notre histoire nationale doivent une réelle reconnaissance et de justes éloges; car d'ineptes tabellions faisaient un feu de joie de ces pièces précieuses à tous les titres, lorsque M. de Montholon survint assez à temps pour en sauver une très-grande partie.

Les archives de la Rivière-Bourdet contiennent d'abord les chartes et actes ayant rapport à l'ancien fief; les chartes et actes concernant les diverses seigneuries possédées par les seigneurs successifs de la Rivière-Bourdet ; la correspondance des Maignard de Bernières, comprenant un grand nombre de lettres des rois et reines de France, des princes du sang, des ministres, et d'une foule de personnes illustres : Concini, Richelieu, Mme de Sévigné, la comtesse du Roure, Louvois, Pontchartrain, Coulanges, Chaulieu, Potier de Blancmesnil, les Vendôme, le duc d'Elbeuf, le duc de Guise, la marquise du Deffand, etc.

Malgré de minutieuses recherches, il a été impossible de retrouver des lettres de Voltaire à Mme de Bernières, qu'on savait exister dans les archives du château : on peut voir, dans la Correspondance générale de Voltaire, que vingt de ses lettres sont adressées « à Mme la Présidente de Bernières, à la Rivière-Bourdet. » On n'a retrouvé que quelques quittances de Thiériot, le factotum du philosophe. Il est hors de doute que ces lettres auront été la proie des flammes.

Il ressort des lettres de Voltaire à Mme de Bernières — insérées dans sa Correspondance, — qu'il séjourna à la Bivière-Bourdet. Henri IV y campa en revenant d'Arques. Des lettres de Concini expriment l'espoir d'y revenir. D'autres lettres établissent que MM. du Deffand, le président Hénault, le président de Maisons, des Alleurs, et autres personnages plus ou moins célèbres, y reçurent l'hospitalité.


Peu endommagé par la Révolution, le château est présentement une habitation véritablement princière, peuplée de reliques de famille, d'objets artistiques et de précieux documents.

Après ces quelques détails sur le château de la Rivière-Bourdet, nous abordons l'histoire des diverses familles qui l'ont successivement possédé.

CHRONOLOGIE DES SEIGNEURS DE LA RIVIÈRE- BOURDET.

1347. —La veuve de Gilles de Mauquenchy de Blainville, chevalier.

1400. — Martin, roi d'Yvetot.

1418. — Regnault de Tonneville, chevalier.

1420. — Jean Hautfort, chevalier.

1427. — Marie d'Yvetot, femme de N... de Vaussemer, écuyer. 1457. — Jean de Vaussemer, écuyer.

1500. — Jacqueline de Vaussemer, femme de Roger deGuetteville, écuyer.

1521. — Jean Durand. 

1530. — Guillaume Durand.

1570. — Jean Maignard de Bernières et François de Pardieu.

1582. — Charles Maignard de Bernières et Centurion de Pardieu.

1601. — Charles Maignard de Bernières seul.

1621. — Charles II Maignard de Bernières.

1632. — Charles III Maignard de Bernières

1662. — Étienne, marquis de Bernières.

1697. — Charles-Etienne, marquis de Bernières.

1717.— Gilles-Henri, marquis de Bernières.

1734. — Jacques-Henri-Alexandre du Moucel de Lourailles, époux de Marie-Madeleine-Cécile Maignard de Bernières.

1746. — Charles-Alexandre-Henri du Moucel de Lourailles.

1782. — Alexandre-Charles-Marie du Moucel de Lourailles, marquis de Torcy.

1791. — Alexandre-Marie-Louis du Moucel, marquis de Torcy. 

1817. — Sidonie-Antoinette-Françoise de Choiseul-Gouffier, veuve du marquis de Torcy, remariée à Édouard, duc de Fitz-James.

1862. — Sidonie de Moreton-Chabrillan, princesse de Montholon-Sémonville.

MAUQUENCHY DE BLAINVILLE

Le titre le plus ancien de la seigneurie de la Rivière-Bourdet est une assignation donnée, le mercredi 4 juillet 1347, par Hugues Danletin, écuyer, maître et enquesteur des eaux et forêts du roi et du duc de Normandie et d'Orléans, à la dame de la Rivière-Bourdet, veuve de Gilles de Blainville, chevalier. — Hugues Danletin lui dénie le droit de prendre dans la forêt de Roumare ses bois de construction et de chauffage; il l'accuse en outre d'avoir tenu sa foire seigneuriale sur un chemin public de la forêt et d'avoir, contre droit et raison, usurpé une portion de ladite forêt — à quoi la dame de la Rivière-Bourdet répond qu'elle n'a rien fait qui ne soit justifié par la coutume « Elle n'avoit pas ses titres et priviléges pour ce qu'ils estoient ou chastel de Blainville, lesquels na pas encore eus pour cause de la mort et trespassement de feu mouseigneur Gilles de Blainville, chevalier, jadis son mary, qui naguère a esté mort eu la guerre desdicts seigneurs roy et duc de Normandie, et aussy pour ce que ceux qui à présent en ont la garde sont en l'ost de nosdicts seigneurs, et aussy pour ses conseillers et amys qui aussy sont en l'ost qui ont veu user desdicts droicts ou temps passé »

La veuve de Gilles de Blainville demande donc que le règlement du litige soit remis à l'époque du retour de ses conseillers et amis, Guillaume de Saint-Martin étant pleige pour elle. Hugues Danletin remet la cause à la Toussaint et permet, jusque-là, à la dame de la Rivière-Bourdet de prendre dans la forêt de Roumare tout le bois dont elle aura besoin.

Blainville était un fief et châtellenie du bailliage de Rouen, à deux lieues de cette ville, sur la route de Beauvais, et dont la maison chevaleresque de Mauquenchy prit le nom au xie siècle. C'est aujourd'hui une commune du canton de Buchy, arrondissement de Rouen.


I. — En 1096, le sire de Blainville accompagne le duc de Normandie, Robert Courteheuse, fils de Guillaume le Conquérant, à la première croisade.

En 1172, dans le rôle des comptes de l'Echiquier, Geoffroy de Mauquenchy « tient sa maison de Blainville et soixante ares de terre, et pour cela il doit le service militaire au roi comme chevalier. »

En 1172 et 1180, Geoffroy de Blainville est bailli du pays de Caux.

II. — Durand de Mauquenchy, chevalier, sire de Blainville, présumé fils de celui qui était à la première croisade, vivait en 1153,

1170 et 1180. On présume qu'il eut pour femme Marguerite N, dont la tombe, existant encore au XVIIe siècle dans l'église de Blainville, portait cette inscription : « Ci-gist Marguerite, jadis dame de Blainville, qui trespassa lan de grace MCCIII le merquedy devant la vigille de Rovesons Dex ly face pardon!» — Durand fut père de :

III. — Guérard de Mauquenchy, chevalier, seigneur de Blainville et de Fontaine-sous-Préaulx, mort le vendredi après la Saint-Jean 1242, et enterré à Blainville. Il tenait un fief de chevalier à Blainville, un deuxième au Héron, un troisième à Fontaine-sous-Préaulx, et un demi-fief à Bellencombre en 1213, 1224, 1226 et 1228. Il transigea, en 1230, avec le Couvent de Saint-Evroult pour quelques patronages d'église. De sa femme, Richère de Clères, fille de Jean Ier, sire de Clères et de Jeanne de Préaulx, il eut:

IV. — Jean, premier du nom, sire de Mauquenchy, de Blainville et de Fontaine-sous-Préaulx, époux de Marie de Rayneval, enterrée auprès de Marguerite de Blainville, et dont Tépitaphe se lisait encore au xvnc siècle : & Icy gist Marye jadis dame de Blainville, qui trespassa lan de grace MCCLXX, le jour de la saint Andryeu. Dex ly face pardon ! » Du vivant de son père, en 1223, Jean Ier déclare dans l'assemblée faite pour l'ost de Foix qu'il doit servir le roi comme chevalier, pendant quarante jours, à cause de ses terres de Blainville et de Fontaine-sous-Préaulx. — Jean Ier est présumé père du suivant

V. — 1° Jean de Mauquenchy, deuxième du nom, seigneur de Blainville, figure dans la levée de troupes ordonnée par le roi de France Philippe III, en 1271, afin de faire la guerre à Roger-Bernard m, comte de Foix. Il mourut le 16 août 1285, en Aragon, dans la guerre faite au roi Pierre III par ledit roi de France. — En 1276, avec Robert de Montenay, Pierre et Jean de Préaulx, il soutint contre quatre autres chevaliers un duel dont Robert d'Ivry, chevalier, était juge et pleige du roi. — De sa femme, Marguerite de Ferrières, morte le 20 mai 1287 et inhumée dans l'église de Blainville, il eut trois fils et une fille:

1° Jean, qui suivra. 

2° Geoffroy, chevalier.

3° Pierre, chevalier, nommé avec le précédent dans des chartes de l'abbaye de Beaubec, de 1332 à 1335.

4° Marguerite de Blainville, femme de Perceval de Freneuse, chevalier, mort le 5 avril 1318, — morte elle-même le 1er novembre 1325, et enterrée avec son mari dans l'abbaye de Cergy, près Pontoise.

La Chesnaye ne fait de Jean 1er et de Jean II qu'un seul et même personnage, mort suivant lui en 1283. Il me semble difficile d'admettre que ce fut le même Jean qui servait dans l'ost de Foix en 1223 et en Aragon en 1285.

VI. — Jean de Mauquenchy, troisième du nom, chevalier, seigneur de Blainville, surnommé Mouton (1), était sénéchal de Toulouse en 1298 et de 1307 à 1316. Philippe le Bel, en considération de ses services, lui donna, en 1310, deux cents livres de rente sur le trésor et le mit au nombre des commissaires délégués aux requêtes hors parlement, par l'ordonnance signée à Poissy le lendemain de la Saint-Marc 1313. Le roi Philippe le Long le convoque à Lisieux, en 1317, avec l'évêque d'Amiens et Robert d'Artois, comte de Beaumont, pour mettre fin à un différend religieux. 

(1) Surnom déjà porté par ses ancêtres. Blain, belain, belin, blin, dans la langue du moyen âge, servait à désigner tout animal bêlant. Blainville, construit par les sires de Mauquencby, signifiait donc : Ville-Mouton.

En 1319, le même roi l'envoie à Saumur avec le chancelier pour réconcilier l'évêque d'Angers avec son chapitre. Sous Charles IV, le 10 décembre 1325, Jean de Blainville règle les comptes de la sénéchaussée de Toulouse. En 1326, il sert aux frontières de Flandres, et en 1327, en Gascogne et en Agenois, dont il devient sénéchal. En 1335, il fait plusieurs donations, avec Pierre et Geoffroy de Blainville, ses frères, à l'abbaye de Beaubec. En 1336, 1337 et 1338, il sert en Saintonge. — 11 fonda deux chapelles dans l'église de Blainville pour le repos des âmes de son père, de sa mère et de ses trois femmes, dont on trouve les noms dans l'amortissement qu'il obtint, le 2i juin 1335, du roi Philippe VI, pour les rentes affectées à la fondation desdites chapelles. — Son épitaphe se lisait encore au xvii° siècle, dans l'église de Blainville: « Cy gist noble messire Jehan de Mauquenchy, seigneur de Blainville, fondateur des deux chapelles entre lesquelles son corps gist, qui trespassa lan de grâce MCCCL, le trante-ungniesme jour de mars. Pryons pour ly, que Dié veuille en avoyr lame. Amen ! » Ses trois femmes furent:

1° Isabeau de Hautot, morte le 8 avril 1290, enterrée dans une des chapelles fondées par son mari, et dont telle était l'épitaphe: « Icy gist Isabel de Hotot, dame de Blainville, qui trespassa lan de grace MCCLXXXX. Dié ayt mercy de son âme ! Amen! »

2° Isabeau de Harcourt, — fille de Jean Ier, sire de Harcourt, et d'Alix de Beaumont, — morte le 16 avril 1293, et inhumée dans l'église de Blainville : « Icy gist Isabel de Harecourt, dame de Blainville, qui trespassa lan de grace MCCLXXXXIII le jeudy devant les octaves des Pasques. Dex ly face pardon! Amen ! »

3° Jeanne, dame de Corneuil, au bailliage de Gisors, morte à Toulouse, dont son mari était sénéchal, le 7 mars 1310, et enterrée dans l'église des Cordeliers de cette ville.

De cette dernière sont issus:

1° Jean, qui suivra.

2° Gilles de Mauquenchy chevalier, seigneur de la Rivière-Bourdet, et seigneur usufruitier de Blainville. Par une transaction faite le 15 avril 1339 avec les parents et amis de son neveu, Jean V, fils de son frère aîné Jean IV, et confirmée par Philippe de Valois, il eut, sa vie durant, la jouissance dela terre de Blainville, moyennant une rente de mille livres qu'il assigna à Jeanne de Chambly, veuve de sondit frère. Gilles de Mauquenchy de Blainville fut tué dans la guerre que le roi de France soutenait contre les Anglais ainsi qu'il ressort de la déclaration de la dame de la Rivière-Bourdet, sa veuve, déclaration rapportée ci-dessus. Il périt vraisemblablement en 1346 à la bataille de Crécy.

3° Guérard de Mauquenchy, chevalier, seigneur de Maudétour, enterré en l'église de Blainville : « Cy gist monseigneur Guérard de Blainville, chevalier, sire de Maudétour, qui trespassa lan MCCCXXXXII. Priez Dieu pour son âme. Amen! »

4° Héloïse, femme de Robert de la Haye, et qui mourut veuve avant Pâques 1342.

VII. — Jean de Mauquenchy de Blainville, quatrième du nom, dit Mouton, mort avant son père, était seigneur de Corneuil et de Crevon, par son mariage avec Jeanne de Chambly. — Le 9 décembre 1326, Charles le Bel l'investit de la garde des côtes de Normandie. En 1327, il vend, de concert avec sa femme, la terre d'Orry au comte de Sancerre. En 1329, il plaide contre Jean de Beau mont, chevalier, présumé de la même famille que la deuxième femme de son père. En 1322, il épousa Jeanne de Chambly, dame de Corneuil et de Crevon, fille unique de Pierre, dit Grismouton, chevalier, seigneur de Crevon, et de Marguerite de la Chapelle. Elle était veuve en 1338, et épousa en secondes noces Guyon Braé, chevalier, qui devint à-cause d'elle seigneur de Crevon ; mariage qui amena la transaction passée le 15 avril 1339 entre Gilles de Blainville et les parents et amis du fils de Jean IV et de Jeanne de Chambly, lequel suit.

VIII. — Jean de Mauquenchy, cinquième du nom, dit Mouton, chevalier, sire de Blainville, maréchal de France, contribua presque autant que Duguesclin et Clisson à l'affermissement du trône de France. En 1358, avec le roi de Navarre, il défit complétement, les Jacques— paysans révoltés, — et le 20 juin 1368, par lettres patentes du roi Charles V, sur la démission d'Arnoul d'Andrehan, il fut créé maréchal de France, avec « deux mil francs d'or pour ses gages par an. » Il épousa Jeanne Mallet, dame de Saint-Venant, deuxième fille de Jean, chevalier, sire de Graville, seigneur de Seez et de Bernay, mis à mort par ordre du roi Jean II. — Jean V mourut en 1391, après avoir fait faire la tombe de son père où se lisait: « Cy gist messire Mouton de Blainville, père de messire Mouton de Blainville, mareschal de France, et trespassa lan de grace MCCCXXVIIII. Prions à Dex qu'il en aye lame. Amen! »


Il laissa un fils, qui suit, et une fille, Jeanne, mariée en 1372 à Colart d'Estouteville, chevalier, seigneur de Torcy et d'Estoutemont, fils de Jean, et de Jeanne de Fiennes.

IX. — Jean, sixième du nom, dit Moutonnet, mort jeune, en 1369, dont la tombe se voyait encore au xvii" siècle dans l'église de Blainville : « Cy gist Moutonnet de Blainville, fils de messire Mouton de Blainville, mareschal de France, qui trespassa lan de grace MCCCLXVIIII. Priés pour ly. Amen! »

En 1391, à la mort de Jean V, le fief de Blainville, par le mariage de Jeanne de Blainville, unique héritière de Jean V, passa dans la maison d'Estouteville, d'où il passa successivement dans les maisons d'Alègre, de Colbert-Seignelay, et de Montmorency-Luxembourg

Blainville portait : If azur à la croix d'argent cantonnée de vingt croisettes recroisettées au pied fiché d'or, cinq à chaque canton.

YVETOT
Dans un arrêt du 3 août 1463, rendu par le maître des eaux et forêts de Normandie et reconnaissant le seigneur de la Rivière-Bourdet comme franc-usager de la forêt de Roumare, il est fait mention des dépositions de divers témoins âgés de plus de 80 ans. Le deuxième témoin cité dépose que « vers l'an 1400 ou euviron, le seigneur de la Rivière-Bourdet estoit messire Martin d'Yvetost; » ce que confirme le sixième témoin, disant qu'il a vu jouir des droits en litige « messire Martin d'Yvetost, lors roy d'Yvetost, seigneur de la Rivière-Bourdet. »

En 1863, M. F. Bouquet a publié, à Roueu, de savantes Recherches sur les sires et le château de Blainville. A la page 64, on trouve une lettre de Henri IV, datée du château de Blainville (1S92).

Cet acte est donc à ajouter au petit nombre de ceux où le seigneur d'Yvetot est qualifié de roi, tels que l'arrêt rendu en 1392 par l'échiquier de Normandie, le compte des dons faits en 1492 par le roi Charles VIII, rendu par Jean Lallemant, receveur général des finances en Normandie , et les rôles de 1525, par le bailliage d'Yvetot.


Deux hommes ont popularisé en France ce royaume microscopique : l'un avec ses bons mots, l'autre avec ses fins couplets, Henri IV et Béranger.

« — Si je perdais le royaume de France, disait un jour le Béarnais, je me retirerais dans le royaume d'Yvetot! »

Dans je ne sais plus quelle solennité de cour, Henri IV s'étant aperçu que le maître des cérémonies avait mis au second rang Martin du Bellay, seigneur de Langeais, et souverain d'Yvetot par son mariage avec, lsabeau Chenu, le fit placer au premier rang en disant:

« — C'est un petit roi, mais c'est un roi! »

Quant aux couplets de Béranger, ils sont dans toutes les mémoires.

Il est de mode, depuis l'abbé de Vertot, de nier l'existence d'un royaume d'Yvetot ; cependant peu de royaumes disparus ont laissé plus de preuves authentiques. Les seigneurs d'Yvetot avaient usurpé ce titre de roi, disent les uns; ce n'est pas un argument; tant d'usurpations identiques ont été consacrées par les années! Robert Gaguin, disent les autres, est le premier qui ait raconté, en 1490, l'histoire de l'érection d'Yvetot, au VIe siècle, en francalleu par le roi Clotaire Ier, en faveur des descendants de Gautier d'Yvetot ; donc elle est apocryphe.

A moins que les partisans de l'abbé de Vertot ne traitent l'histoire à la façon de leur trop spirituel patron et que leur siége ne soit faiV il leur faut abandonner ce système défectueux de dénégation. Un savant normand, M. Duputel, a établi sans réplique qu'avant Robert Gaguin deux actes, de 1429 et de 1461, font mention de l'assassinat de Gautier, sire d'Yvetot, et de l'érection de sa terre en franc-alleu. Vertot croit devoir placer cette érection entre 1370 et 1390 ; mais en 1203 on trouve un acte de transaction entre Richard, seigneur d'Yvetot, et l'abbé de Saint-WanJrille, à l'effet, par les religieux de ce monastère, de céder audit seigneur dix livres de rentes en échange de tous les droits qu'ils lui demandent, en exceptant toutefois la liberté du passage de Caudebec qu'il se réserve pour lui et les vassaux de son franc-fief d'Yvetot.


Le royaume d'Yvelot a existé; un certain nombre d'actes authentiques en font foi ; ou il faut nier l'authenticité de ces actes, ce qu'on ne peut faire, ou il faut reconnaître celle du royaume d'Yvetot. Son exiguité ne prouve rien contre son existence. Nierait-on avec raison, dans cinq cents ans, l'existence des républiques souveraines d'Andorre et de Saint-Marin? Dans les premiers siècles de notre histoire, on trouve d'autres exemples de royautés exiguës, bientôt absorbées par de puissants voisins; si celle d'Yvetot parvint à surnager, ce n'est pas une raison pour la traiter de chimère.

Jean d'Yvetot et Richard d'Yvetot de Taillanville accompagnèrent le duc de Normandie, Robert II, ditCourteheuse, à la première croisade, en 1096.

Gautier d'Yvetot était, en 1147, un des chevaliers qui accompagnaient Henri II, duc de Normandie et roi d'Angleterre.

En 1203, Richard d'Yvetot transige avec l'abbé et les religieux de Saint-Wandrille. Il est présumé fils de Robert d'Yvetot, seigneur de Taillanville, chevalier et chambellan du roi, gouverneur du châtel de Moulineaux.

En 1350, Jean d'Yvetot fonde trois prébendes à Yvelot, et en 1358 il érige en collégiale l'église de cette ville. On présume que c'est lui qui servit Charles V dans ses guerres contre Edouard III, roi d'Angleterre, et qui est inscrit au catalogue qui fait suite à Y Histoire de Normandie, de Gabriel Dumoulin.

Autre Jean d'Yvetot, nommé dans un acte de 1380, et qualifié « sire d'Yvetot par la grâce de Dieu, » dans un acte du 11 janvier 1381. On présume qu'il eut pour frére cadet un Perrinet d'Yvetot, vivant en 1370, qui fut reçu à une revue devant le connétable Dnguesclin, et qui peut être considéré comme l'auteur d'une branche cadette de la maison d'Yvetot, reconnue pour telle par la Cour des Aides de Paris, en 1451 et en 1482.

Jean, sire d'Yvetot par la grâce de Dieu, et qualifié seigneur de la Rivière-Bourdet dans l'acte de vente de la terre d'Yvetot à Pierre de Villaines, en 1401, eut pour fils Martin, qualifié dans divers actes roi, sire ou prince d'Yvetot, et seigneur de la RivièreBourdet, fief que je présume être entré dans sa maison par le mariage de son père avec une filte de Gilles de Blainville.

Martin d'Yvetot suivit en Flandre le roi Charles VI et gagea ses gens de guerre de ses propres deniers, dépense excessive qui le contraignit à vendre Yvetot à Pierre de Villaines, dit le Bègue, chevalier, comte de Ribedieu, chambellan du roi. — Dans le contrat de vente passé devant les notaires du Chàtelet, à Paris, le 2 mai 1401, Martin n'est qualifié que, « noble et puissant seigneur monseigneur Martin, prince d'Yvetot, chevalier, seignpur de la Rivière-Bourdet, fils de monseigneur Jean d'Yvetot, chevalier, jadis seigneur desdits lieux ; » mais il donne à sa terre d'Yvetot la qualification de royauté.

Un écrivain normand, M. Alexandre Fromentin, dans son Essai historique sur Yvetot (Rouen, 1844), rapporte que Martin n'eut pas d'enfant et qu'il eut une sœur du nom de Jeanne. En admettant que ce nom n'ait pas été mal lu, il faut donner une deuxième sœur ou une fille à Martin, Marie d'Yvetot, dame de la Rivière-Bourdet, mariée à N de Vaussemer, chevalier, et nommée dans un acte déjà cité, en date du 4 août 1463.

Cependant, entre Martin et Marie d'Yvetot, dans la période où la Normandie était au pouvoir du roi d'Angleterre, deux chevaliers, que je présume anglais, Regnault de Tonneville et Jean Hautfort, possédèrent successivement le manoir et seigneurie de la RivièreBourdet. Ils sont nommés dans l'acte de 1463. «Vers 1400, dépose le deuxième témoin cité, le seigneur de la Rivière-Bourdet estoit messire Martin d'Yvetost, et depuis messire Regnault de Tonneville, et, après, messire Jehan Hautfort, escuier. » Le troisième témoin dépose qu'il vit jouir du franc-usage en la forêt de Roumare « dame Marye d'Yvetost, lorsquelle vivoit dame dudit lieu de la Rivière, laquelle trespassa cinq ou six ans environ. » Le cinquième témoin dépose qu'il vit jouir des mêmes droits messire Regnault de Tonneville, chevalier, « qui trespassa quarante-cinq ans ou environ. » Le sixième témoin enfin déclare qu'il en a vu jouir autrefois « messire Martin d'Yvetost, lors roy d'Yvetost et seigneur de la Rivière-Bourdet, et depuis aulcuns aultres seigneurs. »

L'inventaire général des titres et enseignements de la seigneurie de la Riviére-Bourdet et dépendances porte au paragraphe 22:

« 21 mars 1457. — Aînesse Bunel.. Marie d'Yvetot, dame de la Rivière-Bourdet. »

Et au paragraphe 29:

« 10 mars 1427. — Fief de la Rivière-Bourdet. — Marie d'Yvetot, dame de la Rivière-Bourdet. »


Après l'expulsion des Anglais, Marie d'Yvetot rentra dans la possession de son fief de la Rivière, qu'elle laissa à son fils—Jean de Vaussemer, — à sa mort qui advint en 1457 ou 1458.

VAUSSEMER

Jean de Vaussemer est qualifié « noble homme, écuyer et seigneur de la Rivière-Bcurdet, » dans des actes du 28 avril 1458, du 29 novembre 1469, du 4 février 1471. Le premier de ces actes, dont l'original en parchemin fait partie des archives de la RivièreBourdet, porte un petit sceau en cire rouge, avec un écu Chargé de deux pals.

Le 4 août 1463, par-devant le maître et enquesteur des eaux et forêts de Normandie, Jean de Vaussemer, écuyer, établit, par témoins âgés de plus de 80 ans, les droits qu'il a dans la forêt de Roumare, à raison de son plein-fief de la Rivière-Bourdet. C'est dans cet acte que Marie d'Yvetot est désignée « mère dudict Jeban de Vaussemer. »

Lettres royales en date du 20 janvier 1494:

« Charles, par la grâce de Dieu roy de France, a nostre amé et féal le maistre des eaux et forestz de Normandie et duché de Normandie, ou son lieutenant, salut. Receue avoirs l'humble supplica-. tion de nostre amé et féal Jehan de Vaussemer, escuier, seigneur de la Rivière-Bourdet, au bailliage et vicomlé de Rouen, contenant que a cause de sa dicte seigneurie a luy venue de la succession de ses prédécesseurs, il a droict a prendre boys en la forest de Roumare pour ardoyr et bastyr... » — Droit que lui reconnaît le roi Charles VIII.

Un acte du dimanche 19 janvier 1499 constate un procès pendant, à cause de la pêcherie de Bardouville, entre nobles hommes Julien de Chaumont, chevalier, seigneur de Bardouville, et Jean de Vaussemer, chevalier, seigneur de la Rivière-Bourdet.

Jacqueline de Vaussemer, dame de la Rivière-Bourdet, que je présume fille de Jean, femme de Roger de Guetteville, écuyer, seigneur de Tournebu (ou Tournetin), vendit le manoir et seigneurie de la Rivière-Bourdet, par acte du 21 octobre 1521, à Jean Durand, marchand de Rouen.

Le nom de Vaussemer s'éteignit vraisemblablement avec Jacqueline. Je me suis livré à de nombreuses investigations, malheureusemenfsans résultat, pour essayer de reconstruire l'histoire de cette famille, certainement distinguée, puisqu'au xv° siècle elle contracte alliance avec la maison d'Yvetot. Mes recherches n'ont abouti qu'à la découverte, dans les archives de la Rivière-Bourdet, d'une copie collationnée, en 1633, par un sieur de Valsemer, conseiller, secrétaire du roi, maison et couronne de France, et que je suspecte d'avoir relevé un vieux nom éteint, comme l'usage eu était établi 


DURAND
Jean Durand, bourgeois de Rouen et y faisant le trafic du sel, avait épousé Marie deCiville, septième enfant d'Alonce de Civille, sieur du Tronquay, mort en 1524, et de Madeleine Petit, morte en 1526. Alonce de Civille faisait également le trafic du sel, ainsi qu'il ressort de plusieurs lettres-patentes sur parchemin, signées du roi François Ie r et existant dans les archives de la Rivière-Bourdet. Ce trafic enrichit Jean Durand qui, en 1521, acquit le fief de la Rivière-Bourdet; vers 1523, celui de Ralfetot; en 1524, le Gef de Tibouville ; et, vers la même époque, le fief et seigneurie de Calletot.

Famille maintenue dans sa noblesse, lors de la recherche de Montfaut en 1453. Elle portait : de gueules à trois épis de blé d'or posés 2 et l.

Famille d'origine espagnole et anciennement transplantée en Normandie. Martin du Bosc, seigneur de Tendos et de la Chapelle, qui fut l'un des étages de la rançon du roi Jean et qui mourut en 1S60, avait épousé : 1° Marie Mussel; 2° Alix de Civille, dont Nicolas du Bosc, évêque de Bayeux et chancelier de France. CIVILLE portait : d'argent à un chef d'azur chargé d'une fleur de lys d'or accostée de deux molettes d'argent.


De son mariage avec Marie de Civille, Jean Durand eut :

1° Guillaume, dont il sera parlé ci-après.

2° Catherine, mariée à Thomas Maiguard, écuyer, conseiller du roi en sa Cour des Aides de Normandie, par contrat du 4 février 1524, passé par-devant les tabellions de Rouen.

3° Marie, mariée à Antoine Le Lieur, et dont il sera question ciaprès.

Jean Durand testa le 11 juillet 1530, comme il suit :

« In nomine Domini, amen. Je Jehan Durand demeurant à Rouen, sain de ma pensée, faiz et ordonne mon testament et dernière volunté en la manière qui ensuict. Et premièrement je laisse et donne mon ame à Dieu mon Père Créateur et Rédempteur, luy suppliant qui luy plaise la recepvoir à mon trespas et la conduire et mener à la gloire et paradis. Et au regard de mon corps je ordonne icelluy estre inhumé et mys en sepulture en léglise et paroisse de Sainct Vincent devant lymaige de la benoiste Vierge Marie derrière le eueur. A laquelle eglise je laisse et donne la somme de vingt livres tournoys. Et au lieu ou sera mondict corps inhumé je ordonne une tombe neufve illec estre mise qui sera de pierre. Et des biens quil a pieu a Dieu me donner en ce mortel monde, par ce présent testament, mes deb^s et tortz faiz paiyez et satisfaietz sous une esticquette en papier cy attachée, je prens cent livres tournoys pour estre employez en services et oraisons à la remission de mes pechez. Item je donne aux quatre conventz mendiens de ceste ville de Rouen a chacun dix livres tournoys. Et aux conventz des Celestins, Chartreux, et aux religieuses de Sainct Loys hors la ville de Rouen a chacun semblable somme. Item je donne à tous les pauvres mallades couchez à l'hospital de la Magdeleine de Rouen à chacun cinq deniers tournoys avec ung fust de bon vin vermeil à la charge de dire chacun bien devotement quinze foys l'oraison de Pater, Ave Maria et Benedicite, et à la fin l'oraison de Inclina. Et le reste de mes biens, meubles, marchandises, debtes, terres et louaiges, mes debtes mobilles seulement preallablement prinses et payez, je les laisse et donne à ma femme sans ce que mes enffens y puissent aucune chose prétendre ue demander. Et ce pour l'acquict et descharge de ma conscience et en regard aux dons et biens par moy faietz à mesdicts enffens, et en laquelle donation j'entendz estre comprins et entendu tout le droict que j'ay et auray lors de mon trespas en la pessonnerie contractée entre deffunct Allonce de Civille père de ma femme et moy, tant en principal et prouffict, considérant et congnoissant pour la vérité que la pluspart de mon bien a proceddé a cause de ladicte pessonnerie et que icelluy Allonce n'avoit faict icelluy bien principallement en la faveur de madicte femme, et en intention que sy j'alloys de vie a trespas au devant de madicte femme, je le laissasse et donnasse a madicte femme. Considérant aussy que du bien et prouffict à moy venu tant de ladicte pessonnerie que desdicts bien à moy faietz par mondict sire Allonce de Civille, j'ay acquis plusieurs hefz, terres et seigneuries et jusques à la valleur et plus de trente mil livres, plus ce que j'en avoys acquis au preceddent et sans ce que après mon trespas madicte femme y eust peu avoir ny pretendre ung droict et prouffict a une ne autrement, ce que je me congnoissoys certainement lors desdictes acquisitions. Mais en ay eslé adverty du depuis, dont je tiendrois ma conscience trop chargée, et aussy les bons services quelle ma fais et la payne quelle a prinse a conserver et garder lesdietz biens. Et pour mes exécuteurs prens et establys maistre Thomas Maignart, mon gendre, et Jean de Quintanadoines (1), mon frère et avec eulx Marie de Civille ma femme, auxquelz je donne puissance de croistre et non dymynuer ce présent testament. Item je donne à l'église de Hauville dix livres tournoys et à tous les prebstres de la paroisse à chacun cinq solz à la charge de dire chacun une messe des trespassez. Item en tant que mestier seroit je veulx et prye a mon tilz qu'il entretienne a Marye ma fille et sa sœur ce que je luy ay donné et ordonné par la lettre de son émancipation et quil ny ayt poinct de faulte. Faict le unziesme jour de juillet mil cinq cens trente. Es présences de Pierre Durant (2) et Nicolas de Bailleul. Factum et passatum est prœsens testamentum in domo testaloris coram magistro Johanne Jouan presbytero vicario predicte Ecclesie parrocchialis Sancti Yincentii anno et die supradictis. »


1 Jean de Quintanadoine, écuyer, seigneur de Bretigny, d'une famille originaire d'Espagne (Quiniana-Duenu), transplantée en Normandie comme la famille de Civille, avait épousé Isabeau de Civille, huitième enfant d'Alonce et sœur de Marie, femme de Jean Ourand. — Par acte du 25 janvier 1576, Robert le Roux, seigneur de Tilly, épouse Barbe Guiffart, dame des Nonettes, fille de Thomas et de Marie de Quintanadoine.

(2) Présumé cousin de Jean Durand.


J'ai également retrouvé, dans les archives de !a Rivière-Bourdet, le traité de mariage de « damoiselle Marie Durand fille puisnée de deftuiict noble homme Jehan Durand, en son vivant seigneur de la Rivière-Bourdet, et de damoiselle Marie de Civille, avec noble homme Anthoine Le Lieur, filz aisné de noble homme Jacques Le Lieur, seigneur de Bresmetot et de Ouvylle-1'Abbaye, et de damoysellu Jehanne Osmont. »

La famille Le Lieur était fort ancienne en Normandie; Louis Le Lieur, mort en 1275, fut inhumé en l'église de Saint-Ouen de Rouen, dans la chapelle Notre-Dame, derrière le chœur; Pierre Le Lieur, son fils, était maire de Rouen en 1311, et Jacques, son petit-fils, fut anobli par Charles V en 1364. — Anthoine Le Lieur, écuyer, seigneur de Bresmetot et du Boisbénard, époux de Marie Durand, fait sommation, en 1572, à Jean Maignard, son beaufrère, d'avoir à lui payer 250 écus d'or, à lui dûs par promesse de mariage, du fait et obligation de défunt Guillaume Durand, en son vivant seigneur de la Rivière-Bourdet. — La famille Le Lieur, maintenue dans sa noblesse en 1668, portait : D'or à la croix endentée d'argent et de gueules cantonnée de quatre tétes de léopards d'azur lampassées de gueules.

Jean Durand mourut en 1530, ainsi qu'il est dit dans ses lettrespatentes signées du roi François Ier, en date de 1543, relatant qu'AUonce de Civille fit à Rouen le trafic du sel de 1521 à 1524 qu'il mourut; Jean Durand, son gendre, de 1524 à 1530 qu'il mourut; la veuve de Jean Durand, Marie de Civille, de 1530 «jusqu'au jour de son decez qui fust au moys de juillet mil cinq cens trente et quatre, » et que Guillaume Durand, marchand de Rouen, leur fils, continue ledit trafic.

Noble homme Guillaume Durand, écuyer, seigneur de la Ri- , vière-Bourdet, de Calletot et de Thibouville, — ainsi qualifié dans des actes des 6 avril 1543, 30 avril 1542, 21 mars 1567 et 21 août 1569, — est qualifié en outre varlet ordinaire de la chambre du roi dans un acte du 20 décembre 1554, et dans un autre acte du 10 octobre 1558, par lequel Charles de Lévis, baron de Charlus, G ranges et Monteyraud, vicomte de Lagny et Souvreaulx, seigneur de Polligny, et gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, grand maître enquesteur et général réformateur des eaux et forêts de France, lui reconnaît le droit de prendre dans la forêt de Roumare ses bois de chauffage et de bâtisse. Dans un acte du 17 novembre

1564, Guillaume Durand se qualifie effectivement «franc-usager en la forest de-Roumare a cause de son fief de la Rivière-Bourdet. » Il est appelé par erreur Jean Durand, dans une ordonnance de Jean de Pressart, écuyer, seigneur de Reptot, maître enquesteur et réformateur des eaux et forêts de Normandie et Picardie, en date du 23 juin 1544, dans laquelle noble homme Léger de Beauravier, écuyer, est qualifié « procureur de noble homme Jean Durand, seigneur de la Rivière-Bourdet, » et dans un acte du 26 septembre 1567. Citons encore un acte du 1e r juin 1532, par lequel Robert de Pommereul, premier écuyer d'écurie du roi, serviteur domestique dudit seigneur, capitaine de la ville et château du Pont-de-1'Arche, et maître particulier enquesteur et réformateur des eaux et forêts en Normandie et Picardie, reconnaît à Guillaume Durand, seigneur de la Rivière-Bourdet, le droit de franc-usager en la forêt de Roumare;— un accord du 20 janvier 1545, dans lequel est nommé « Guillaume Durand, marchand, demeurant à Rouen, héritier en partie de feu Alonce de Civille, et tuteur de Mre André de Civille, fils et héritier en partie de deffunct Jacques de Civille; » — une requête de noble homme Guillaume Durand, seigneur de la RivièreBourdet, à noble homme Gabriel de Lymoges, écuyer, seigneur du Fayel et de Saint-Just, lieutenant de la vénerie du roi, maître des eaux et forêts au bailliage de Rouen, en date du 10 mars 1559.

L'inventaire des titres et enseignements de la seigneurie de la Rivière-Bourdet, fait mention de « vingt et une pièces en papier et parchemin constatant l'accord fait entre damoiselle Jacqueline de Vausemer et Roger de Guetteville, seigneur de Tournebu, avec Guillaume Durand, fils de Jean, pour quelque descord qu'ils avoient touchant la Rivière-Bourdet, ledit accord daté du 18 juin • 1532.»

Le 18 janvier 1532, Guillaume Durand, seigneur dela RivièreBourdet, Calletot et Thibouville, baille aveu, au sieur d'Arces de Ferrières, du fief de Thibouville.

Le même inventaire indique encore « dix-sept pièces d'escriptures tant en papier que parchemin, faisant mention de la droiture d'un moulin à bled sur la rivière, dont il y a eu procès entre le sieur de la Rivière et la damoiselle de Cospeauville ; » procès auquel intervint le baron de Clères, ainsi qu'il ressort de l'acte daté du 24 juin 1545. — Le seigneur de la Rivière-Bourdet perdit vraisemblablement ce procès; car, dans un acte dont il sera quesiion ci-après, nous verrons qu'il « avoit esté condamné en cinq cens livres d'amende. »


Guillaume Durand fut marié, puisqu'il est dit dans le contrat de mariage de sa sœur Marie, en parlant de lui : « Et aultre a promis donner a sadicte seur la somme de cinq cens escuz dor soll. a payer au premier entrent que sa dicte seur Marie aura, ou quant la

femme dudict Durant, la première des deux » — Mais il n'a pas été possible de retrouver son contrat de mariage, ni même le nom de sa femme.

Un marché passé le 10 février 1560 et une quittance du 14 mai 1571, m'ont révélé l'existence d'un Louis Durand, — que je présume fils de Pierre, nommé dans le testament de Jean, et qui mourut jeune.

« Je noble homme Guillaume Durant, seigneur de la RivièreBourdet, confesse avoir faict marché et convenu avec Jehan Le Villain, demeurant en ceste ville de Rouen, pour la nourriture de Loys Durant par le prix et somme de vingt cinq escus sol. par chascun an que je luy promectz bailler en mon nom privé d'aultant de temps quil demourra avec ledict Le Villain. Faict le 10" jour de febvrier mil cinq cens soixante.

Ainsi signé: Durand. »

« Je Jehan Le Villain cydessus nommé confesse quil ma esté payé par nobles hommes M" Jehan Maignart, sieur de Bernières, et Françoys de Pardieu, baron de Baligan, seigneur de Bondeville, héritiers de feu noble homme Guillaume Durand, en son vivant seigneur de la Rivière-Bourdet, la somme de cinquante escus d'or sol pour demeurer quictes par lesdicts sieurs héritiers de l'obligation cydessus en quoy ledict seigneur de la Rivière estoyt obligé envers moy pour la pension et nourriture de Loys Durand son cousin »

Guillaume Durand mourut le 10 août 1570, ainsi qu'il appert d'un document commençant par ces mots:

« Estat du revenu annuel des biens et revenu que pocédoit feu noble homme Guillaume Durant, en son vivant seigneur de la Rivière-Bourdet, Caillètot et Thibouville, qui décéda le dixiesme jour d'aoust mil cinq cens et septante, baillé à vous, messieurs de la Rivière, pour le voyr et examiner. »

Les héritiers de Guillaume Durand, — messieurs de la RivièreBourdet, — furent Jean Maignard, seigneur de Bernière?, fils de sa sœur Catherine, et François de Pardieu, gendre de sa sœur Marie.


PARDIEU

La maison de Pardieu, une des plus illustres de la Normandie, étçit représentée à la troisième croisade, en 1199, par Eustaohe de Pardieu, chevalier. En 1260, Henri de Pardieu, chevalier, fonde le couvent des Cordeliers d'Evreux, dans l'église duquel il fut inhumé devant le grand autel.

François de Pardieu, chevalier, baron de Balingan, seigneur de Bondeville, d'Escotigny, Montebourg, Calville et Boisrenault, chevalier de l'Ordre du Roi, épousa, par contrat du 14 novembre 1558 Françoise Le Lieur *, fille d'Antoine Le Lieur, écuyer, seigneur de Bresmetot et du Boscbenard, et nièce par sa mère, de Guillaume Durand, seigneur de la Rivière-Bourdet. De ce mariage il eut un fils, Centurion de Pardieu, dont il sera question ci-après.

Françoise Le Lieur était morte avant le 9 août 1576. François de Pardieu se remaria à Jourdaine de Pellevé, sœur du cardinalarchevêque de Reims, fille de Charles de Pellevé, chevalier, seigneur de Jouy, et d'Hélène du Fay d'Athies.

Centurion de Pardieu, du chef de sa mère, se trouva co-héritier de Guillaume Durand, sous la tutelle de son père, avec Jean Maignard, seigneur de Bernières, fils de Catherine Durand.

Les archives de la Rivière-Bourdet possèdent neuf pièces concernant François et Centurion de Pardieu.

22 novembre 1570. — François de Pardieu, chevalier, seigneur de Bondeville, Montebourg, Calville, Boisrenault, baron d'Escotigny et de Balingant, se présente pour sa femme, Françoise Le Lieur, héritière en partie de feu Guillaume Durand, son oncle du côté maternel, en son vivant seigneur de la Rivière-Bourdet, Calletot et Thibouville, fille d'Antoine Le Lieur, écuyer, seigneur de Bresmetot et du Boscbenard.

1 La Chesnaye dit 1550. L'erreur est manifeste, puisque le contrat de mariage de ses père et mère est du 23 décembre 1541. Centurion de Pardieu, leur fils, naquit en 1559.

» La Chesnaye l'appelle à tort Marie. Elle est appelée Françoise dans deux actes du 20 novembre 1558 et du 22 novembre 1570.


14 décembre 1570. — Franc-usage en la forêt de Roumare, reconnu à Jean Maignard, sieur de Bernières, conseiller du roi et général en la cour des aides de Normandie, et à François de Pardieu, baron de Balingant et d'Escotigny, seigneur de Bondeville, héritiers de feu noble homme Guillaume Durand, seigneur de la RivièreJJourdet.

17 novembre 1572. — Jean Maignard, sieur de Bernières, conseiller et général en la cour des aides de Normandie, héritier aîné pour une moitié de feu noble homme Guillaume Durand, en son vivant seigneur de la Rivière-Bourdet, et François de Pardieu, chevalier, baron de Ballingan et de Bondeville, pour lui et damoiselle Françoise Le Lieur, son épouse, héritière puînée pour une autre moitié dudit défunt sieur de la Rivière-Bourdet....

31 décembre 1573. — Franc-usage en la forêt de Roumare, reconnu à messire François de Pardieu, chevalier, baron de Bondeville, Ralligan et Frontigny, seigneur de la Rivière-Bourdet, héritier en la succession de défunt noble homme Guillaume Durant, en son vivant seigneur de la Rivière-Bourdet. plein fief de haubert.

9 août 1676. — Christophe de Thou, seigneur de Saint-Germain et de la Grand'paroisse, conseiller du roi, grand maître et enquêteur général réformateur des eaux et forêts de France, avise le bailli de Rouen du droit que noble homme François de Pardieu, seigneur et baron de Bondeville et usufruitier de la terre et seigneurie de la Rivière-Bourdet, a de prendre ses bois de chauffage et de bâtisse dans la foret de Roumare, à cause de son plein-fief de la RivièreBourdet. — Parchemin signé : De Thou Sainct Germain.

4 mai 1577. — Charles Hardeh, écuyer licentié-ès-loix, lieutenant-général des eaux et forêts au bailliage et vicomté de Rouen, enjoint au verdier de la forêt de Roumare, de laisser prendre des chênes par François de Pardieu, baron d'Escotigny, seigneur de Bondeville et de la Rivière-Bourdet.

12 avril 1578. — Lettres patentes signées du roi Charles IX (en parchemin) autorisant Jean Maignard, seigneur de la RivièreRourdet, président en la cour des aides de Normandie, et François de Pardieu, aussi seigneur dudit la Rivière-Bourdet, à prendre dans la forêt de Roumare tout le bois nécessaire pour réparer leur manoir de la Rivière-Bourdet.


20 décembre 1578. — Noble homme François de Pardieu, usufruitier de la terre et seigneurie de la Rivière-Bourdet, tuteur de Centurion de Pardieu, son fils, auquel appartient la dite seigneurie du chef de défunte damoiselle Françoise Le Lieur, sa mère.

6 mars 1579. — « Je Claude Favier, commis par le roy a la recepte des deniers provenant de la refformation des eaux et foresïz de Normandye, confesse avoir eu et receu comptant de noble homme M° Jehan Maignart, sieur de Bernières, conseiller du roy et président en sa court des aydes de Normandye, héritier en partie de la succession de feu noble homme Guillaume Durand, en son vivant seigneur du fief, terre et seigneurie de la Rivière-Bourdet, la somme de cent escuz qui est deu au roy, pour une amende montant à la somme de cinq cens escuz. En quoy ledit Maignart, sieur de Bernières, et noble homme Françoys de Pardieu, seigneur et baron de Bondeville, comme tuteur naturel et légitime de Centurion de Pardieu, écuyer soubzaigé, son fils, aussi héritier dudict feu seigneur de la Rivière-Bourdet, ont esté et sont deschargés et quictés.... »

François de Pardieu mourut le 11 octobre 1590. — Centurion, son fils, baron de Bondeville, Escotigny et Balingan, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, épousa Judith de Clermont d'Anjou, fille de Georges, deuxième du nom, marquis de Gallerande, dont il eut deux fils, François et Léonor de Pardieu, morts en 1633, sans avoir été mariés.

Centurion de Pardieu mourut en 1614, à l'âge de 45 ans, ayant vendu, par acte du 12 mars 1601, sa moitié de la seigneurie de la Rivière-Bourdet, à messire Charles Maignard, seigneur de Bernières, conseiller du roi en ses conseils d'état et privé, maître des requêtes ordinaires de son hôtel, et second président en la cour de Parlement de Normandie, qui devint ainsi seul seigneur de la Rivière-Bourdet.

Une petite note détachée, trouvée dans les Archives de La Rivière-Bourdet, dit: « Dans la grande salle sont les armes de la famille de Lequino. qui estoit premier maistre d'hostel de la reynne Catherinue de Medicis, femme de Hanry 11, roi de France. Puis dans ladite salle il y a les armes de messieurs de Pardieu, au-dessus de la porte, du costé de l'escalier de la cuisine, a la Riviere-Bourdet. »

MAIGNARD DE BERNIÈRES

La famille Maignard de Bernières, aujourd'hui éteinte, a joué un grand rôle dans la province de Normandie, où elle avait des biens considérables, occupait les plus hautes charges parlementaires et comptait d'illustres alliances. Elle fut maintenue dans sa noblesse le 4 septembre 1666.

Sa filiation commence à:

I. — Richard Maignard, écuyer, seigneur de la Raine-de-Tourny et de la Guennière, conseiller du roi, lieutenant-général du vicomte de Gisors dès 1454, et qui fit rentrer la ville de Vernon au pouvoir du roi Charles VII.

Lorsque le descendant direct de Richard Maignard au septième degré, Charles-Louis Maignard de Bernières, obtint en 1678 l'érection de sa seigneurie de Bernières en marquisat, il se livra à des recherches généalogiques sur sa propre famille, ainsi qu'il appert de la lettre suivante, existant dans les archives de la RivièreBourdet:

« Monsieur,

« Nous n'avons aucuns autres registres ; ainsy je me trouve hors d'estat de pouvoir parler de monsieur Cardin Maignart, un de vos ancestres.

« Mais je me suis ad visé de chercher dans un livre où sont escrits les noms de ceux qui ont esté de la Confrairie de Nostre-Dame dans l'esglise dudit Gisors, laquelle est très ancienne, et ce livre commence à 1496 et contient les personnes qui en ont esté auparavant.

« Jay trouvé que en 1483 ces mots y sont escrits: « Noble homme « Richart Maignart, escuyer, lieutenant-général de Monsieur le vi« comte de Gisors, fust amorty le penultième jour d'aoust et donna « cinquante deniers parisis. »

« Si cela vous est nécessaire, je vous l'envoyray par extrait ; ce livre est considérable, et au commencement il y est fait mention de l'antiquité de ladite Confrairie qui a esté confirmée par Philippe d'Alençon, cardinal et archevesque de Rouen en 1360, portant en ses lettres que ab antiquo instituta erat.

« Jay regardé tout ce quy précéJoit ladite année 1483, et n'y ay point veu qu'il y ait esté parlé de Cardin Maignart.

« Je feray d'ailleurs toutes les recherches possibles et, si je puis

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découvrir quelque chose, je vous en informeray, estant avec un profond respect, Monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur,

« Aubery. »

(Suris date.)

Cardin étant le diminutif de Richard, M. de Bernières se trompait très-probablement en croyant à l'existence d'un Cardin Maignard. Cardin ne faisait qu'un avec Richard, qui fut l'auteur de sa maison. Il fut certainement anobli en vertu de l'éditdes francs-fiefs de 1470, comme possesseur d'un fief noble et vivant noblement, et la preuve en est qu'il n'est pas compris, en 1463, dans la recherche de Montfaut.

Les archives de la Rivière-Bourdet renferment quatrejnèces concernant Richard Maignard, la première du 4 juin 1469, et la dernière du 21 juin 1481.

« Tesmoings passez, jurez, ouys et examinez par nous, Richart Maignart, lieutenant de honneste homme et saige Hugues de Bodil, escuier, vicomte de Gisors, le quatriesme jour de juin mil quatre cens soixante-neuf, sur les faictz d'une preuve naguére plaidée en la vicomté de Lyons entre Pierre Le Halleur, demandeur d'une part, et Laurent de Martinboz, d'autre part, devant nous, Richart Maignart, le lundy traiziesme jour de mars mil quatre cens soixante huict. » — Les témoins sont Jehan Pinchon, Guillot Bonnechose, Jehan Lejenne, Gillet Le Rouge, et Pierre Perrot. (Parchemin '.)

La pièce la plus importante est celle-ci; beau parchemin, admirablement conservé:

1 Ce parchemin formait la couverture d'un grand livre de comptes des Bernières; c'est la hasard qui me l'a fait découvrir.

« Loys, par la grâce de Dieu, roy de France. A nos esleuz sur le fait de nos aydes en l'eslection de Gisors ou à leurs lieuxtenants ou commis, salut. Receue avons l'humble supplication de nostre bien amé Richart Maignart, escuier, lieutenant-général de nostre amé fourrier ordinaire Hugues de Bodil, nostre vicomte de Gisors, contenant : que ja soyt ce que ledit suppliant soit homme noble vivant noblement, qu'il nous ayt servis et fait servir, toutes foiz que nostre arrière-ban a esté publié, comme les autres nobles de nostre païs et duché de Normandie et qu'il ne fait chose dérogeant au privilége de noblesse. Néanmoins les habitants de nostre ville de Vernon où il est demeurant, étant imposé et assiz à la taille ayant cours pour chacun fruict le dernier jour de décembre dernier passé, soubz ombre ou couleur de ce quils dient ou veullent maintenir que ledit suppliant est contribuable, parce que à «cause de sondit office de lieutenant général il fait proufit de certaine somme de deniers a nostre dit vicomte pour les droiz et emolumens audit office appartenant. En nons requérant humblement, attendu que nostre dit vicomte qui est continuellement occupé en nostre service et entour nostre personne, par quoy luy convient faire desservir et exercer ledit office par autre personne souffisant et ydoine, et a eu sur ce noz congié et licence, qu'il nous plaise sur ce luy pourveoir de nostre grace le remède convenable. Pourquoy nous, ces choses considérées, nous mandons et commettons par ces présentes que, appellez ceulx qui seront a appeller, s'il vous appert ledit suppliant estre noble vivant noblement comme les autres nobles officiers audit Vernbn jouissant des priviléges de noblesse, quil nous ayt servy et fait servir au fait de nos guerres comme noble, toutes foiz que nostre arrière-ban a esté cryé et publié, sans avoir fait chose dérogeant au fait de noblesse. Vous, audit cas, icellny suppliant faites, souffrez et laissez joyr et user plainement et paisiblement de telz et semblables priviléges, libertez, droitz et franchises j comme font, joyssent et usent les autres nobles dudit pays de Normandie. Sans souffrir que par lesdits habitants de Vernon, ne autres, ou il fera demoure, il soyt aucunement assiz es dites tailles. Et si mis ou assis y estoit, le ostez et reyez ou faites oster et reyer des rooles dudit assiz et tailles, sans pour ce le tenir en procez ne empescher ou arrester en ses biens. Lequel empeschement, si mis ou donné y estoit, ostez de ses dits biens prins ou arrestez, mettez à plaine délivrance, en faisant en cas de débat aux partyes oyes bon et brief droit et accomplissement de justice. Car ainsi nous plait ce estre fait. Et audit suppliant lavons octroyé et octroyons d^gràce especiale par ces présentes, nonobstant que à cause dudit office ledit suppliant face proufit à nostre dit vicomte, que ne voullons audit suppliant ne a son privilége de noblesse estre opposé et nonobstant quelconques lettres subreptices, impétrées ou à impétrer a ce contraires. Donné à Paris le vingt-etunième jour de janvier l'an de grâce mil quatre cent soixante-dixsept et de nostre règne le dix-septième. — Par le Conseil • Gouffé, avec paraphe. »


(Parchemin scellé du grand sceau de cire jaune.)


La troisième pièce concernant Richard Maignard est également en parchemin. Les habitants de Vernon ayant persisté à l'asseoir au rôle des tailles, il se prévaut de ce qu'il tient «propriétairement d'un quart le fief de Haubert noble nommé le fief de la Reyne, assis en la paroisse de Tourny, on bailliage de Gisors et chatellenie de Vernon,» et de l'édit des francs-fiefs « donné aux Montilz-les-Tours au moys de novembre lan de grâce mil quatre cens soixante et dix, » disant que « pour ces causes il est et doyt estre tenu et repputé comme noble, en vertu de l'octroy fait par le roy nostre sire, » et rayé du rôle des tailles, ce qu'il obtient effectivement, le mardi 22 février 1479.

Enfin, le dimanche 21 juin 1481, Michel Daniel, sénéchal dufiefde la Reyne, « assiz à Tourny, appartenant à honnorable homme et saige Richart Maignart,» donne commission à Michelet Lafaye «pour tenir les ples de ladicte seigneurye le sexiesme juillet mil quatre cens vingt ung. » — Parchemin scellé d'un petit cachet aux àrmes de Maignard.

Richard Maignard mourut en 1483, selon la lettre d'Aubery que j'ai donnée et le 27 septembre 1493, suivant une note manuscrite trouvée dans les papiers des Bernières. Il avait épousé Isabeau Fourel ', qui mourut le 30 août 1497. De ce mariage il eut *:

1° Jean *, sieur de Hauville, qui épousa Catherine Gombault (remariée en secondes noces à Antoine de Caradas 3), dont il n'eut qu'une fille Catherine, qui dut épouser Robert Le Roux, seigneur du Tilly 4, mais fut mariée à Marc-Antoine de Figueso, et dont il sera reparlé;

2° Guillaume*, dont il sera parlé ci-après ;

3° Charles*, sieur de la Guennière, dont il sera reparlé ;

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I D'une famille normande qui portait : D'azur à deux flèches d'or ferrées à l'antique passées en sautoir, et au chef, aussi d'or chargé de trois têtes de Maures de sable liées d'argent.

* La Chesnaye donne une généalogie de Maignard, mais elle est extrêmement incomplète. — J'ai marqué d'un astérisque les membres de cette famille qui ne se trouvent pas indiqués dans La Chesnaye.

II Caradas portait : d'argent à un chevron d'azur accompagné de trois roses de gueules tigées et feuillées de sinople, posées 1 en chef et 1 en pointe.

* Le Roux. — Une des plus anciennes maisons de la Normandie, dont la filiation commence à Renault Le Roux, qui devait le service de chevalier avec pleines armes au roi Philippe-Auguste, et qui a fourni la branche des vidames d'Esueval. — D'azur au chevron d'argent accompagné de trois muffles de léopards d'or posés 2-1. 4° Catherine*, mariée à Robert Cavelier.

Cavelier. — Famille reconnue noble par les commissaires aux francs-fiefs, eu 1556. — D'urgent à une bande d'azur accompagnée de six losanges de gueules posées en orle.


Charles, troisième fils de Richard Maignard, épousa N...., dont il eut:

1° Guillaume, prêtre, curé de Sainte-Geneviève de Vernon;

2° Nicolas, sieur de Grancoin, conseiller du roi, lieutenant particulier en la juridiction de l'amirauté au siége de la table de marbre du palais de Rouen : marié à N..., dont Jean Maignard *, seigneur de la Gravelle, marié à Anne Hallé s, que je présume les auteurs d'Antoine Maignard *, écuyer, maintenu dans sa noblesse à la Recherche de 1696 '. .

3° Charles Maignard, sieur de la Guennière, dont je n'ai trouvé que le nom;

Jean, lieutenant-général du vicomte de Gisors.

Les archives de la Rivière-Bourdet, possèdent un document en date de juillet 1548 que son étendue nous empéche de reproduire ici. C'est une sorte d'information relative aux oppositions soulevées contre le mariage de Catherine Maignard, fille de Jean, seigneur de Hauville et de Catherine Gombault, contre l'avis du conseil de famille. Catherine Maignard fut cependant mariée à Marc-Antoine de Figueso, grâce sans aucun doute à l'appui de la reine-mère, à qui ses services étaient certainement agréables; car elle lui fit don, un jour, d'un « grand bassin d'argent vermeil doré, » qui resta longtemps comme un glorieux souvenir dans la famille Maignard. — Par contrat passé le 10 mai 1596, noble dame Catherine Maignard, veuve de feu messire Marc-Antoine Figueso, vivant, écuyer, seigneur de Rourges, chevalier de l'Ordre du roi et maître d'hôtel ordinaire de la feue reinemère, vendit à Pierre Bigot, écuyer, seigneur des Parquets et de Betas, « une pièce de terre en pray contenant sept acres ou environ, assise en la parr. du Grand Couronne, appelée la terre du Batteau... »

Hallé. — Famille normande dont la filiation commence à Barthélemy Hallé, seigneur de la Haule, échevin de Rouen en 1582, et anobli eu 1585. — D'azur à une /Visée d'argent chargée de deux coquilles de sable et accompagnée de trois étoiles d'or.

II. — Guillaume Maignard, écuyer, seigneur de Bernières, conseiller du roi au parlement de Normandie, douxième fils de Richard Maignard et d'Isabeau Fourel, partagea avec ses frères le 15 novembre 1495, comme ilappert des « accords et partages fais des rentes et aultres héritaiges de mesme nature entre maistre Jehan, Guillaume et Charles Maignart, escuiers, frères, enffens et hérittyers de deffunct Richart Maignart, et damoiselle Isabeau Fourrel, leur mère. » Guillaume Maignard se maria deux fois:

1° A Jeanne Sureau morte le 20 juillet 1514, ayant eu un fils Thomas, dont il sera parlé ci-près, et au moins deux filles, ainsi qu'il appert du « traicté de mariage entre noble homme Guillaume Allorge *, escuier, sieur de Pissy, fils et héritier de défunct noble homme Georges Allorge, en son vivant, escuier, seigneur dudict lyeu, et damoyselle Jeanne Maignart *, fille aisnêe de maistre Guillaume Maignart, escuier, conseiller du roy en sa court de l'eschiquier de Normandye, et de damoyselle Jehanne Seurreau, » passé par-devant les tabellions de Rouen, le 17 novembre 1512.

 Sureau. D'urgent au sautoir de gueules dentelé de sable, chargé en coeur d'une croisette d'or et cantonné de quaire létcs de Maures de sable tortillées du champ.

Allorge (ou Alorge). — Seigneur de Seinneville, La Hérappe, Meville, Bremont et Malicorne. — Maintenu dans sa noblesse le 10 août 1666. Celte opulente famille, dont la filiation remontait à Robert Allorge, maire. do Rouen en 1349, s'éteignit dans la maison de Duras. — De gueules à trois gerbes de blé d'or liées de même, posées 2-1 et accompagnées de sept molettes d'éperon aussi d'or posées 3 en chef, l au milieu de Vécu et 3 en pointe, 2-1.

2° A Marguerite Le Gras, dont le frère messire Le Gras, curé de Raffetot, fit don à Guillaume Maignard « de la tierce partie de son bien. » — Guillaume était mort le 3 mars 1524, ainsi qu'il appert d'un acte où Marguerite Le Gras est qualifiée sa veuve.

 Le Gras. — En 1382, pendant l'émeute dite de la Harelle, les Rouennais révoltés proclament roi un riche marchand de draps du nom de Le Gras. — Thomas Le Gras, marchand de blé à Rouen, teste le 21 avril 1529. — Le Gras, écuyer, seigneur de Nardovilles, est maintenu dans sa noblesse le 2 décembre 1666. — Ecartelé au 1 et 4 de gueules au lion passant d'argent, au % et 3 d'argent au sautoir de gueules cantonné de quatre croix fleuronnées de même.

III. — Thomas Maignard, écuyer, seigneur de Bernières, conseiller du roi en la cour des aides de Normandie par lettres du 12 avril 1527, se démit de son office, le 21 novembre 1556, en faveur de Jean Maignard, son fils. —11 est qualifié « noble homme messire Thomas Maignart, escuier, sieur de Bernières, » dans une quittance endatedu22 mars 1531, signée de JeanManaut, prêtre, receveur de l'abbaye de Fontaine-Guérard. — Par contrat passé devant les tabellions de Rouen, le 4 février 1524, il épousa damoiselle Catherine Durand, « fille légitime de noble homme Jehan Durand, seigneur de Raffetot, » la Rivière-Bourdet, Calletot et Thibouville. Catherine Durand mourut le 17 septembre 1557, et Thomas Mair gnard, en 1559, à l'âge de 52 ans, laissant un fils, Jean, qui suit.


IV. — Jean Maignard, écuyer, seigneur de Dernières et de Cormeille, co-seigneur de la Rivière-Bourdet du chef de Catherine Durand, sa mère, conseiller du roi et président en la Cour des Aides de Normandie, acquit, entre 1557 et 1566, des vénérables chanoines de la Saussaye le franc-fief de Cormeille, sis dans la paroisse du Pont-Saint-Pierre, ainsi qu'il appert d'un « Mémoire sur les droitures dudict fief en la forest de Lombost, » et des lettres-patentes du roi Charles IX, en date du 12 janvier 1566, reconnaissant à Jean Maignard, le franc-usage en la forêt de Lombost, à cause de son franc-fief de Cormeille, — lettres où se remarque ce passage: « .... Dans ceste forest et mesmement en la paroisse du Pont-Sainct-Pierre, est une place de buyssons nommée le Val-Maignart.... » — Par contrat passé par-devant Lucas et Le Myre, tabellions royaux à Rouen, le 13 août 1557, Jean Maignard épousa noble damoiselle Marie de Croismare d'une ancienne et illustre maison normande. Il mourut en 1582, à l'âge de 47 ans, et Marie de Croismare, en 1602, à l'âge de 60 ans, laissant un fils, Charles, qui suit.

Croismare. — Connue dès le xi" siècle avec la qualification de Miles. — Maintenue dans sa noblesse le 13 août lb66. — Les Archives de la Rivière-Bourdet contiennent un certain nombre de chartes des su*, XIIIe et xiv* siècles, intéressant la maison de Croismare. — Wazur au lion passant 

V. — Charles Maignard, premier du nom (dans la4igne directe), écuyer, seigneur de Bernières, la Rivière-Bourdet, Calletot et Thibouville, fut conseiller du roi en ses conseils d'état et privé, maître des requêtes ordinaires de son hôtel, et second président au parlement de Normandie.

Dans un acte du 29 juillet 1588, il est qualifié « seigneur de Bernières et de la Rivière-Bourdet en partie, conseiller au grand Conseil. » Il est nommé dans un autre acte du 8 août 1599 : « Inventaire des contracts, cédulles et obligacions de feu madame du Pont, fait par Jehan Voysin, escuier, sieur de Guenouville, conseiller, notaire et secrétaire du roi, » fait en présence de messire Charles Maignard, écuyer, seigneur de Bernières, conseiller du roi, en son grand Conseil, et damoiselle Madeleine Voisin, sa femme ; Daniel de Boyvin, écuyer, seigneur de Canouville, conseiller du roi et trésorier de France en la généralité de Rouen, ayant épousé damoiselle Catherine Voisin; damoiselle Madeline Asselin, veuve de feu messire de la Porte, mère desdites damoiselles, stipulant pour ladite damoiselle de Canouville sa fille; messire Nicolas Dehors, conseiller du roi, en la Cour des Aides de Normandie, et damoiselle Marie Voisin , sa femme; damoiselle Jeanne Voisin , veuve de feu Mr des Forêts, tous héritiers de ladite défunte dame du Pont.


Charles Maignard devint seul seigneur de la Rivière, par l'acquisition qu'il fit de la moitié de ce fief, par acte du 12 mars 1601, à son cousin Centurion de Pardieu, baron de Bondeville. — Le 7 décembre 1601, un arrêt, rendu au parlement de Normandie et contresigné Pierre Corneille, reconnaît à Charles Maignard, sieur de Bernières, le droit de prendre dans la forêt de Roumare ses bois de chauffage et de bâtisse, à raison de son plein-fief de la Rivière-Bourdet.

Charles Maignard fut marié deux fois:

1° A Marie-Madeleine Voisin morte le 6 mai 1596, à l'âge de 26 ans, fille de Thomas, seigneur d'Infreville, et de Catherine Asseliu; et dont il eut un fils, Charles, qui suit, et deux filles, Marie, femme de Alphonse Jubert, écuyer, seigneur d'Arquensy, président au parlement de Normandie, et Madeleine, mariée en 1610 à Claude Bretel, écuyer, seigneur de Lanquetot, fils du président de Lanquetot et de Françoise Le Roux d'Esneval, maître d'hôtel de la reine Marie de Médicis, puis maître des requêtes;

Voisin. — Ecuyer, seigneur de Viardière, Guenouville et Camph6roult. Famille maintenue dans la noblesse le 12 avril 1666. — D'azur à un vol abaissé d'argent posé en fasce, accompagné en chef de deux croissants d'or et en pointe d'une croix fleuronnée de même.

JUBERT. — La filiation de cette famille remonte à Guillaume Jubert, qui. le 10 janvier 1418, passa un contrat avec Ida de Beausart, dame de Blaru, et Ida de Saquainville, dame de Rosny. — Outre les seigneurs d'Arquensy, elle a fourni les marquis de Clères-Pavilleuse, les marquis de Bouville, les marquis du Thil et les barons de Dangu. — Maintenue dans sa noblesse le 13 août 1666. — Ecartelé : aux 1 et 4, d'azur à une croix alaisée d'or; aux 2 et 3, d'azur à trois fers de lance posés 2-1.

Bretel. — Ancienne famille de Normandie, maintenue dans sa noblesse le 8 mai 1668 ; seigneurs et marquis de Lanquetot, seigneurs de Crémonville et de SaintAndré d'Auberbosc. — D'or au chevron de gueules chargé d'une fleur de lys d'or en chef et accompagné de 3 molettes d'éperon d'azur, ï en chef, 1 en pointe, avec un chef d'azur chargé d'une couleuvre contournée d'argent.


2° Le 20 avril 1597 : A Catherine Gruel dame de Villers, dont un fils el une fille, Charles *, prêtre, qualifié chanoine régulier de l'abbaye du Parc, dans un acte du 27 mars 1617, et prêtre de l'Oratoire dans l'acte de son décès, qui advint, le 9 janvier 1650, à l'abbaye de Port-Royal-des-Champs ; — Catherine-Marie, qui avait dù épouser d'abord Jacques de Beaumesnil, fils du baron de Nonant et qui épouse Philippe de Fouilleuse 3, chevalier, seigneur de Flavacourt, lieutenant du roi au bailliage de Gisors, mort au mois de juin 1634.

Charles Maignard, premier du nom, mourut à Rouen le 20 juillet 1627, à l'âge de 58 ans. Un curieux opuscule 4, devenu extrêmement rare, rend compte des obsèques solennelles qui lui furent faites, en voici le titre:

« Epistre consolatoire à Madame la présidente, vesve de feu monsieur de Bernière, avec l'ordre tenu et observé aux funérailles de feu messire Charles Maignard, conseiller du roy en ses conseils d'Estat et privé, et président en sa Court de parlement de Normandie, et seigneur de Bernière, la Rivière-Bourdet, Caletot et Tibouville, etc. — A Rouen, chez Abraham Velquin, imprimeur, rue du Gredil, devant le novicial des jésuittes (1-621). »

VI. — Charles Maignard, deuxième du nom, chevalier, seigneur de Bernières, la Rivière-Bourdet, Calletot, Thibouville, La Ferté, Bautot-sur-Clères, Beuzemouchel, La Vaupalière, Rouville, Yebleron et Baudrollin, conseiller du roi en ses conseils, maître des requêtes ordinaires de son hôtel, président au parlement de Normandie, était fils aîné de Charles, premier du nom, et de Madeleine Voisin.

GRUel. — Famille maintenue dans sa noblesse en 1696. — Seigneur de Boisgruel et de Poville. — Sa filiation date de Nicolas Gruel, écuyer, vivant en 1536. — Alliance directe avec la maison de Caumout-la-Force. — D'or à trois grues d'argent becquées et membrées d'or, posées 2-1.

L'acte de dissolution du traité de mariage est passé, le 17 janvier 1617, pardevant Abraham Tbéroulde et Abraham Ferment, tabellions royaux, à Rouen.

Fouilleuse. — Ancienne maison originaire du Vexin français, coDnue par ses titres depuis le XIIIe siècle, et tirant son nom de sa terre héréditaire, sise dans le Beauvoisis. — Aujourd'hui éteinte. — Seigneur et marquis de Flavacourt. — D'argent papillonné de gueules, semés dans les espaces de trèfles renversés de même.



Vers 1618, il se fit recevoir avocat au parlement de Normandie, ainsi qu'il ressort de la pièce suivante, non datée:

«Tesmoingsnommezparle procureur général pourestre informé de la vie, aage, mœurs, conversation etrelligion catholique, apostolique et romaine de maistre Charles Maignart, escuier, sieur de la Rivière-Bourdet ', licentier aux droictz, prétendant estre receu au serment d'advocat en la court:

« Tesmoings:

« M° Jacques Suger, pbrB , curé de Villers. « M" Desanges, pbre, chapelain en l'église Nostre-Dame de Rouen.

« Me Guillaume Ilalley, lieutenant-général à la Table de marbre du palais. 

« Mr Claude, pbre clerc de la paroisse de l'église Saincte-Croix Sainct-Ouen de Rouen.

« Me Pierre Plichon, advocat en la court.

« Me Pierre Laisné, aussy advocat en la court.

« M° Pierre Damiens, aussy advocat en la court.

« M° Philippes Asselin, eschollyer estudyant aux Universités de Paris.

«M° Nicollas Dumoustier, clerc et chapellain de la chappelle Sainct-Laurens.

Signé: « Le Guerchoys,
« Duviquet. » 

1 Ainsi qualifié dans l'acte de dissolution du traité de mariage de Catherine Marie, sa demi-sœur, en date du 17 janvier 1617.

Puchot. — Famille maintenue dans sa noblesse le 18 juillet IG67. La filiation remonte à Vincent Pucliol, bourgeois de Rouen, mort en 1576, aiusi qu'il ressort de l'acte de « partage entre Jehan, Toussaiuclz, Jacques, Pierres, Charles et Nicolas Puchot, enfTans et héritiers de feu Vincent Puchot, bourgeois marchand de Rouen, et de damoiselle Marie dela Haye. » — Seigneurs du Moutlaudriu, de la Vaupalièro, de Malauuay, du Bosmelet, de Cidetot, des Alleurs, de Goderville, Ourville, Gerpouville, Tournelot; comtes des Alleurs. — Alliance directe avec la maison princière de Lubomyrski, en 1744. — D'azur à l'aigle à deux tèles épluyée d'or Mkc un chef cousu d'or. 

Charles Maignard mourut à l'âge de 38 ans le 10 mars 1632, ayant épousé Françoise Puchot 2, fille de Pierre, seigneur de Cidetot et du Bosmelet, conseiller au parlement de Normandie, dont il eut sept fils et quatre filles.

1° Charles, troisième du nom, qui tiendra ci-après;


2° François, seigneur de la Vaupalière, enseigne au gardes, tué au siége d'Aire, le 17 juin 1641, à l'âge de 22 ans;

3° Jacques, né et baptisé en la paroisse de Saint-Martin de Quévillon, chevalier de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, mort avant 1648;

4° Etienne, aussi chevalier dudit ordre, mort le 23 janvier 1662;

5° Charles-Louis capitaine au régiment des gardes, mort le 12 juillet 1632, à 39 ans;

6° Philippe, auteur d'une branche qui sera rapportée ci-après;

7° Jacques, mort à 18 ans, le 20 février 1647;

8° Madeleine-Marie, née en 1624, mariée par contrat du 15 février 1637, à Claude Groulard 2, quatrième du nom, chevalier, seigneur et marquis de Torcy, conseiller au parlement, grand-maître des eaux et forêts de Normandie, qui devint veuf le 5 août 1643, et se remaria le 22 avril 1645, à Claude de Martel, fille de François et de Marie de Clères;

9° Françoise 3, religieuse carmélite au monastère de l'Assomption de llouen, nommée dans une quittance de 1646 « sœur Françoise du Saint-Sacrement ; » 

10° Barbe *, aussi religieuse audit monastère. Par acte du 3 août 1639, Françoise Puchot, présidente de Bernières, sa mère, donne, pour Françoise et Barbe Maignard de Bernières, ses filles, dix mille livres audit monastère de l'Assomption de la sainte Mère de Dieu, à Rouen ;

Groulard. — Famille maintenue dans sa noblesse le 1er mars 1678. — Sa filiation remonte à Nicolas Groulsrd, écuyer, qui vivait eu 1518. — Marquis de Torcy et de Saint-Aubin. — D'or à un château de trois tours d'or couoert à l'antique avec girouettes.

 Françoise ou Barbe ne demeura pas dans ce monastère; ce qui ressort d'une note manuscrite trouvée dans les papiers des Bernières:

« Ma sœur, religieuse de l'abbaye de Port-Royal-des-Champs, y est décédée le « 14 avril 1706.

« Ma fille, religieuse de l'abbaye de Bival, y est décédée le 22 avril 1706. »

11° Marie, mariée en 1651 à messire Alexandre de Créqui, chevalier, comte de Créqui *, Bernieulles et Cléry, baron de Combon, seigneur du Champ-de-Bataille, Villers-au-Bocage. Villiers-Faucon, Maurepas, etc., fils aîné de Jean-Baptiste et de Renée de Vieuxpont-Neubourg. Alexandre de Crequi mourut sans postérité, en 1602, à l'âge de 78 ans.

Créqui. — Une des plus anciennes et des plus illustres maisons de l'Artois, aujourd'hui éteinte, tirant son nom de la sirerie de Créqui, près Fruges. — Sa filiation remonte à Ramelin, sire de Créqui, chevalier, vivant à la fin du xe siècle.

— Comtes de Cléry-Créqui, sires de Canaples et de Fressin, princes de Poix, marquis de Heimont et d'Ambrières, seigneurs de Bernieulles, seigneurs de Ricey, etc.

D'or au créquier de gueules.


VII. — Charles Maignard, troisième du nom, chevalier, appelé d'abord M. de Bautot, seigneur de Bernières, la Rivière-Bourdet, Bautot, Beuzemonchel, etc., conseiller du roi en ses conseils d'Etat et privé, maître des requêtes ordinaires de son hôtel, était fils aîné de Charles II et de Françoise Puchot.

Dans un acte du 17 juillet 1641, il est qualifié « haut et puissant seigneur messire Charles Maignard, escuyer, conseiller du roi en sa court de parlement de Paris, fils aisné de défunt messire Charles Maignard, vivant chevalier,conseiller duroy en ses conseils et président en sa court de parlement de Rouen, seigneur de Bernières, la Rivière-Bourdet, et autres lieux. »

Il mourut le 31 juillet 1662, à l'âge de 47 ans, ayant épousé Anne Amelot1, baptisée le 4 septembre 1620, mariée le 8 mai 1638, morte le 12 juillet 1653 à Paris, fille de Jacques Amelot, chevalier, •eigneur de Carnetin, Mauregard et du Mesnil-Amelot, président en la première chambre des requêtes du palais, et de Charlotte Girard du Tillay. — De ce mariage, sont issus trois fils et une fille -,

1° Jacques, mort à seize ans, le 19 janvier 1656; 

2° Etienne, dont il sera parlé ci-après;

Amelot. — Illustre famille parlementaire, dont les membres ont été, dans la suite, marquis de Mauregard, marquis du Mesnil-Amelot, marquis de Combroude, marquis de Gournay et de Neuvy, barons de Salvert, seigneurs de Chaillou, etc. — D'azur à trois cœurs d'or surmontés d'un soleil de même. * C'est à lui qu'il faut appliquer ce certificat du 8 septembre 1674: « Je certifie que M. de Botot, seigneur do Tonneville, est de la brigade de gentilshommes que j'ai l'honneur de commander pour le servisse du Roy.

« De Houdetot. 

« A Anveville, se 8me de septembre 1674. «

 Le Cornu. — Famille maintenue dans sa noblesse le 27 janvier 1667. — Seigneurs de Bimorel.— D'argent à deux fasces de sabte.

3° Charles-Louis, chevalier, seigneur de Bautot, Tonneville, et autres lieux, appelé quelquefois le marquis de Bautot, conseiller du roi et son procureur-général au parlement de Normandie, marié deux fois: le 17 septembre 1685, dont il eut deux fils et une fille: Gilles Henri, dont il sera parlé plus loin, Charles *, prêtre, et Marie-Marguerite, en religion sœur Sainte-Dorothée, religieuse au prieuré Notre-Dame des Bénédictines de Conflans, morte à l'abbaye de Bival, en 1706.


 En 1686, à Gabrielle Durand de Bondeville 8, fille de Guillaume, écuyer, seigneur de Bondeville et de Boizemont, et de Marie-Madeleine Le Long d'Escombardeville petite-fille d'Isabeau de Bonissent et veuve en premières noces d'André le Georgelier 5, chevalier seigneur et patron de Saint-Jean-du-Thenney et de Fillières, conseiller au parlement de Normandie et commissaire aux requêtes du palais. — De ce second mariage, Charles Louis Maignard eut deux filles:

1° Madeleine-Françoise-Gabrielle, mariée à Alexandre-LouisPhilippe de Pouilleuse, chevalier, marquis de Flavacourt, lieutenant général des armées du roi, chevalier de Saint-Louis, bailli et gouverneur de Montfort-l'Amaury, mort sans enfants, à Paris, le 18 décembre 1734. — 2° Marie-Madeleine-Cécile, mariée à JacquesAlexandre-Henri du Moucel, chevalier, seigneur de Lourailles, président à mortier au parlement de Normandie;

1 En 1699, novice à l'abbaye de Sainte-Geneviève de Paris; en 1701, chanoine régulier; en 1702, à l'abbaye de la Madeleine de Châteaudun; en 1703, à l'abbaye de Notre-Dame de Beaugency; en 1705, à Sainte-Geneviève de Paris; en 1707, au Prieuré de Saint-Lô. à Rouen ; en 1708, 1710 et 1711, à l'abbaye de Saint-Quentin de Beauvais; en 1722, chanoine régulier de la Madeleine de Châteaudun; en 1727, au prieuré de Porlringeard ; en 1745, à l'abbaye royale des Fontenelles.

 Durand Bondeville. — Famille maintenue dans sa noblesse le 31 janvier 1667. — Seigneurs de Bondeville, Boizemont et Falfosse. — La famille commence à Adrien Durand, seigneur de Bondeville, conseiller, notaire et secrétaire du roi, maison et couronne de France, et contrôleur de la Chancellerie de Rouen, mort le 24 août 1629, et inhumé le 29 dans l'église de Bondeville. Il avait épousé Isabeau de Bonissent. — D'azur à trois chevrons d'or accompagnés de deux besans de même.

Le Long. — Famille maintenue dans sa noblesse le 27 août 1668. — D'or au sautoir engrélé de sable cantonné de quatre têtes de lions arrachées et couronnées de gueules.

 Bonissent. — Famille maintenue dans sa noblesse le 8 avril 1669. — Seigneurs de Ronserolles. — Sa filiation remonte à André de Bonissent, consul des marchands de Rouen en 1577. — D'argent au cor de sable lié de gueules et accompagné de trois molettes d'éperon de même, 2 en chef et l pointe.

Le Georgeuer. — Famille maintenue dans sa noblesse en 1696. — D'argent à rois cloches de gueules bataillées de sable, potées 2-1.

2° Charlotte, mariée, par contrat du 18 mars 1668, à Charles de Faucon deuxième du nom, chevalier seigneur de Ris, marquis de Charleval, comte de Bacqueville, seigneur d'Orange, La Borde, Boudoufle et Thorigny, iils de Jean-Louis, premier président au parlement de Normandie, et de Bonne Roger du Breuil. Charlotte était veuve en 1691.


Charles-Louis Maignard de Bernières, seigneur de Bautot, acheta par contrat de 1702, la terre, seigneurie et châtellenie de Valdreuil et Léry, près le Pont-de-1'Arche et Louviers, à messire Louis de Bailleul, chevalier, marquis de Châteaugontier, seigneur de Soisy, Estiolles-sur-Seine, la Grange-Gravois, Valletot-sur-Mer, Chamaze et autres lieux, président à mortier au parlement de Paris.

VIII. — Etienne Maignard, deuxième fils de Charles III et d'Anne Amelot, devenu aîné par la mort de son frère Jacques, est qualifié, dans des baux de 1666, « haut et puissant seigneur, messire Etienne Maignard, chevalier, seigneur de Bernières, la RivièreBourdet et autres lieux. » Par lettres-patentes données à SaintGermain-en-Laye au mois d'août 1678, Louis XIV érigea plusieurs terres appartenant à Etienne Maignard, en marquisat de Bernières, reversible, à défaut d'héritiers mâles, sur les descendants de Charles-Louis de Bautot, son frère puîné.

Le 22 novembre 1685, Etienne rend aveu au roi pour son marquisat de Bernières.

« Du Roy nostre sire à cause de sa vicomté de Caudebec, bailliage de Caux, duché de Normandie, Nous, Estienne Maignard, chevalier, seigneur châtelain et marquis de Bernières, la Rivière-Bourdet, la Bosquierre, des fiefs du Roy et du Chambellan, et à cause d'iceux seigneur des paroisses de Beuzemouchel, Rouville et Yebleron, seigneur du franc-fief de Butemare et du fief de Berguetot, conseiller du roy en sa cour de parlement de Paris.

« Confessons et advouons tenir le marquisat et terre dudit lieu de Bernières, scitué en la parroisse de Beuzemouchel  présentement

Faucon. — Ancienne maison normande, remontant à Baudouin Faulcon, chevalier, qui suivit en Italie Charles Ier, roi de Sicile, frère du roi saint Louis. ~ De gueules à la patte de lion d'or posée en bande.

1 Au mois de mars 1360, Jacques, sire de liaucbien, seigneur de Rouville et de Beuzemouchel, permet à Colin Tarent, « pour les bons et agréables services qu'i' m'a faiclz et espérances qu'il me faicl en temps adveuir, de faire et asseoyr toutes foys qu'il luy plaira uug collouibier eu sou manoyr ou il maint et demoure en mon franc-fief de Rouville et de Beuzemouchel. » — En 1*28, aveu à noble et puissaanommée de Bernières, composé du fief, terre et seigneurie du Roy, auquel est réuny et incorporé le franc-fief de Buttemare, scis en la parroisse de Saint-Eustache de la Forest, vicomte de Montivillers; le fief et terre du Champbelas, scis en la paroisse de Bernières; le fief et terre de Berquetot, scis en celle d'Vebleron, et le nombre de trentre-trois acres et demye demye vergée de terre scise en la parroisse de Rouville, et iceux fiefs du roy, du franc-fief de Buttemare, du Chambellan, Berquetot, et lesdites trente-trois acres et demye vergée de terre, érigées en tiltre et dignité de marquisat avec changement et commutation de nom de ladite parroisse de Beuzemouchel en celle de Bernières par lettres-patentes de Sa Majesté, données à Saint-Germain-en-Laye au mois d'aoust 1678, enregistrées au parlement de Rouen le onzième janvier 1679, et en la chambre des comptes de cette province, les semestres assemblés, le treizième jour d'avril en suivant ' . »


Etienne Maignard, marquis de Bernières, épousa Madeleine de Faucon, fille de Jean-Louis, chevalier, seigneur de Ris, marquis de Charleval, comte de Bacqueville, seigneur d'Orange, etc., premier président au parlement de Normandie, et de Bonne-Roger du Breuil. — Madeleine de Faucon était sœur de Charles, troisième du nom, marié à Charlotte Maignard de Bernières. — De son mariage Etienne eut trois fils et une fille:

1° Charles-Etienne, qui suivra;

2° Nicolas, chevalier de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, capitaine de cavalerie au régiment royal, mort à Obernehem, au mois d'avril 1698;

3° Charlotte *, abbesse de Saint-Jean du Neubourg;

4° Jean-Louis-Alexandre *, appelé d'abord monsieur de Butte seigneur monseigneur Regnault de Bethencourt du Morellet, chevalier, seigneur de Bethencourt et de Beuzemouchel. — Eu 1431, aveu à haut et puissant seigneur de Moy, chevalier, seigneur de Beuzemouchel. — En 1500 et 1513, aveux à noble et puissant seigneur Jacques de Moy (ou Mouy), chevalier, baron de Moy, châtelain de Bellencombre et Beauvais. seigneur de Beuzemouchel. — E'.i 1550, 1551 et 1555, aveux de Martin Le Masurier à haut et puissant seigneur messire Anlhraisine (ou Anthoiue)de Moy, baron de Moy, Auffreville, châtelain hérédital de Bellencombre, Beauvais, Saint-Denis, Charlemesnil, seigneur de Beuzemouehe], Rouville et Yebleron. — En 1602, aveu à noble et puissant seigneur Pierre de Roncherolles, baron du Pont Saint-Pierre, seigneur de Beuzemouchel. — Archives de la Rivière-Bourdet.

1 Les fiefs, terres et seigneuries de Chambellan et de Berquelot, relevaient de la baronnie de Halleboee, au duché de Longueville.

mare, pensionnaire au collége de Louis-le-Grand en 1685 et 1689, ainsi qu'il appert de deux quittances.

IX. — Charles-Etienne Maignard, chevalier, seigneur et marquis de Bernières, la Rivière-Bourdet et autres lieux, qualifié haut et puissant seigneur dans plusieurs actes, conseiller du roi, maître des requêtes ordinaires de son hôtel, intendant de Sa Majesté dans la paroisse de Flandre, mourut à Lille, en 1717, ne laissant pas d'enfants de son mariage avec Catherine-Esther Pilastre de la Motte.

A sa mort, selon la teneur des lettres-patentes qui érigeaient en marquisat la terre de Bernières, le titre marquisal échut à son cousin-germain, Gilles-Henri Maignard, qui suit.

X. — Haut et puissant seigneur Gilles-Henri Maignard de Bernières, chevalier, d'ahord seigneur de Bautot, Tonneville, Antigny, Malmains, du Moustier et Pouchy-sur-Oise en la parroisse de Bourville, — puis marquis de Bernières, seigneur de la RivièreBourdet, etc., président à mortier au parlement de Normandie, était fils aîné de Charles-Louis, seigneur de Bautot, procureur-général au parlement de Normandie, et de Marie-Marguerite-Françoise Le Cornu de Bimorel.

Il fut baptisé le 7 février 1683, ainsi qu'il appert de l'extrait qui suit:

« Extraict du registre des baptesmes, mariages et inhumations faicts en l'église de Saint-Laurens de Rouen, commençant en l'année mil six cent quatre-vingt-deux.

« Le sixième de febvrier mil six cent quatre-vingt-trois, fut né un fils de messire Charles-Louis Maignart de Bautot, conseiller au parlement de Rouen, et de dame Marguerite-Françoise Le Cornu de Bimorel, lequel fut baptisé le septième du même mois et nommé Gilles-Henry par messire Gilles Hallé, chevalier, seigneur d'Orgeville, conseiller du roy en ses conseils et président à mortier au parlement de Normandie, de la paroisse de Sainte-Croix Saint-Ouen, et dame Magdeleine Le Gendre, femme de monsieur Adrian Le Cornu de Bimorel, aussi de Sainte-Croix Saint-Ouen. — Signé: Maignart de Bautot, Hallé d'ÛRGEViLLE, et Magdeleine Le Gendre, tous sans paraphe.

« Lequel extraict, nous prêtre, docteur de Sorbonne, curé de ladite église paroissiale de Saint-Laurens de Rouen et doyen de la chrestienté, certifions estre véritable et conforme à l'original.


« Fait à Roûen ce huictiesmejour de janvier mil sept cent un.— Signé: Bulteau. »

, Extrait certifié véritable et conforme par Pierre Lepesant, chevalier , seigneur de Boisquivilbert et de Pinteville, conseiller du roi, lieutenant général civil et de police au bailliage, ville et vicomté de Rouen et président au siége présidial dudit lieu.— Signé: « Le Pesant. »

Par contrat du 23 mai 1708, Gilles-Henri, épouse MargueriteMagdeleine du Moustier1, fille et héritière pour une moitié de feu messire Jean de Moustier, écuyer, seigneur et patron de SaintThomas de la Chaussée, Longuemare et autres lieux, et de noble dame Catherine-Marguerite Rollane. — Devenue veuve, Marguerite-Magdeleine du Moustier se remaria en secondes noces à André Prud'homme, écuyer, ancien garde du corps du roi Louis XV, et capitaine des portes de Gand pendant les dernières campagnes de Sa Majesté.

Gilles-Henri Maignard, marquis de Bernières et seigneur de la Rivière-Bourdet, étant mort sans enfants le 18 octobre 1734, le marquisat de Bernières passa à sa sœur consanguine, MagdeleineFrançoise-Gabrielle Maignard, veuve le 18 décembre 1734 d'Alexandre-Louis-Phtlippe de Fouilleuse, marquis de Flavacourt, lieutenant-général des armées du roi, et la seigneurie de la RivièreBourdet à son autre sœur consanguine, Marie-Madeleine-Cécile Maignard, femme de Jacques-Alexandre-Henri Dumoncel, chevalier, seigneur de Lourailles, président à mortier au parlement de Normandie.

BRANCHE DES SEIGNEURS DE LA VAUPALIÈRE.

La Vaupalière. — Fief du diocèse, parlement, intendance et élection de Rouen, originairement appelé La Vaspaillère, à cause d'un moulin nommé « ie moullin Vaspail », ainsi qu'il ressort d'un acte du 19 juin 1414. — Les archives de la Rivière-Bourdet renferment un grand nombre de chartes et d'actes concernant le fief et seigneurie do la Vaupalière. — Par acte du 17 décembre 1392, Guillaume du Val, écuyer, seigneur du Val, demeurant en la paroisse de Lotteville, jouxte le Pont-de-l'Arehe, et Jean du Val, écuyer, son neveu, vendent à Robert Allorge, bourgeois de Rouen, le fief du Désert, relevant de la seigneurie de la Vaupalière, et sis en la paroisse de Saint-Jacques-sur-Darnestal. — Acte du 19 juin 1414 : noble et puissant seigneur Guillaume Martel, chevalier, seigneur de la Vaupalière, premier chambellan du roi. — Aveux des 17 juin 1540 et 21 décembre 1548 à noble et puissant seigneur Charles Martel, chevalier, seigneur de Bosqueville et de la Vaupalière, échanson ordinaire du roi. — Aveu du 8 septembre 1581 à noble et puissant seigneur Antoine Martel, seigneur de la Vaupalière. — En 1612, Jacques Puchot, écuyer, conseiller du roi et maître de ses comptes en Normandie*, est qualifié « seigneur du Montlandry et du lief de la Vaupaillère. »

VII. —Philippe Maignard, écuyer, seigneur de Hauville, sixième fils de Charles II et de Françoise Puchot, procureur général au Parlement de Normandie, mort en 1681, hérita de sa mère la seigneurie de la Vaupalière, dont il prit le nom, et fut l'auteur d'une branche illustre de sa maison.

Il reçut du roi Louis XIV, en 1653, pour récompense de ses bons et loyaux services, le brevet d'une pension de 1,800 livres, signé Louis, et contresigné Phélypeaux. Par contrat du 10 mars 1638, il épousa Marie Coquerel , dont il eut quatre fils et trois filles: 

CoQuebel (ou Cocquerel). — D'azur à une fasce d'or accompagnée de trois étoiles de même rangées en chef et d'un coq passant aussi d'or en pointe. 1 Voyez les Mémoires de Saint-Simon > La Cbesnaye ne donne i>as son nom.

1° Charles-Etienne, qui suit;

2° François, chevalier de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem;


3° Jacques-Louis, capitaine au régiment des gardes, puis brigadier des armées du roi et major-général de l'armée, chevalier de Saint-Louis, tué à la bataille de Ramillies en 1706 sans avoir été marié;

4° Jacques, colonel du régiment de Lévis, tué au siége de Turin eu 1706, sans avoir été marié;

5° Marie femme de Pierre Cavelet , écuyer, seigneur d'Ouquetot;

Cavelet. — Ancienne'famille maintenue dans sa noblesse le 2 janvier 1667. — Seigneurs d'Oucquetot, du Verbosq, Rondemare et autres lieux. — D'azur à une fasce d'or accompagnée de trois étoiles de même rangées en chef, et d'un coq passant aussi d'or en pointe.

6° Anne-Françoise, femme de Henri de Brèvedent  écuyer, seigneur de Sahurs et de Berville, conseiller au Parlement de Normandie, fils de François et de Marie Bras-de-Chol,

Brèvedent. — On trouve Valérien de Brévcdent, chevalier, seigneur du fief de Painel, en 1289, par don du roi, mais la filiation n'est établie qu'à partir de Cardin de Brèvedent, vivant en 1450. — Seigneurs de Saburs, Berville, Oissel, Guierny. — Famille maintenue dans sa noblesse le il juillet 1666. — D'argent à trois anilles de sable avec un chef d'azur chargé de cinq besans d'or.

7° Françoise, femme de Jean-Henri Dambray écuyer, seigneur du Bosc-Theroulde, président au Parlement de Normandie.

Dambray. — Famille parlementaire de Normandie, maintenue dans sa noblesse le 27 juin 1666, de laquelle est issu ,Charles-Henri, chancelier de France sous la Restauration. — Seigneurs de Saint-Crépin, Montigny, Bosc-Théroulde, GaultBoutTard. — D'azur à trois tours d'argent, au lionceau d'or en abîme.

VIII. — Haut et puissant seigneur Charles-Etienne Maignard de Bernières, chevalier, seigneur de la Vaupalière et de Hauville, mourut en 1731, laissant un fils posthume, Pierre-Charles-Etienne, de son mariage avec Geneviève Paulmier de la Bucaille, fille de Pierre, écuyer, seigneur de Prestreval, et de Geneviève Marette, et sœur de Charlotte Paulmier de la Bucaille, femme de Jacques-Louis de Becdelièvre, chevalier, marquis de Cany. — Geneviève Paulmier se remaria en secondes noces, le 20 décembre 1731, à Jean-Baptiste Élie Camus de Pontcarré, chevalier, seigneur de Viarmes, maître des requêtes en 1726 et intendant de Bretagne en 1734, puis prévôt des marchands de Paris, fils de Nicolas-Pierre Camus, seigneur de Pontcarré, et de sa première femme Marie-Anne-Claude-Augusta Le Boulanger, fille unique d'Auguste, seigneur de Viarmes. JeanBaptiste-Elie devint veuf le 26 décembre 1734.

Paulmier. — Famille maintenue dans ss noblesse le 4 avril 1668. — Seigneurs de Preslreval, la Bucaille, la Parinière, Hayerevel, du Boscbérenger. — D'azur au lion d'or ayant la patte dextre levée avec un chef d'or chargé de trois tourteaux de gueules. — Voyez le Mercure de France de mai 1734.


IX. — Haut et puissant seigneur Pierre-Charles-Étienne Maignard de Bernières, chevalier, seigneur et marquis de la Vaupalière, né posthume le 9 octobre 1731, guidon de la première compagnie des mousquetaires en 1751, brigadier des armées du roi en 1762, chevalier de Saint-Louis, avait pour tuteur onéraire et gardiennoble, en 1745, maître François Ruellon, notaire royal à Rouen.

En 1766, il épousa Diane-Jacqueline-Louise-Josèphe de Clermont-d'Amboise , née le 21 mars 1733, veuve d'Auguste de Matignon, comte de Gacé, fille de haut et puissant seigneur JeanBaptiste-Louis de Clermont-d'A mboise, né posthume le 12 octobre 1702, marquis de Renel et de Montglat, comte de Chiverny, baron de Rupt, prince de Delain, bailli et gouverneur de Chaumont, grand-bailli de Provins, lieutenant-général des armées du roi, et de Henriette de Fitz-James, dame du palais, fille du maréchal duc de Berwick.

Clermont. — D'une des plus anciennes maisons de France qui portait: Ècartelé aux 1 et 4 d'azur à (rois chevrons d'or, le premier brisé, et aux 2 et 8 palé d'or et de gueules de six pièces.

Le marquis de la Vaupalière laissa un fils, mort sans postérité, et une fille, Élisabeth-Jacqueline, mariée en 1784 à PhilippeAuguste-Jacques de la Cour, chevalier, comte puis marquis de Balleroy colonel d'infanterie, né à Paris le 3 mars 1763 et tenu sur les fonts du baptême par S. A. S. le duc d'Orléans et Diane de Clermont-d'Amboise, alors veuve du comte de Gacé. Il était fils de Charles-Auguste de la Cour, chevalier, marquis de Balleroy, commandeur de Saint-Louis, mort sur l'échafaud révolutionnaire le 23 mars 1794, et d'Adélaïde-Elisabeth-Sophie de Lépinau.

Balleroy. Ancienne famille maintenue dans sa noblesse par Montfaut en 1463, par Roissy en 1599 et par Chamillard en 1666. — Seigneurs de la Cour, Ancourt, Balleroy, Saint-Mallot, du Vernay, du Tronquay; marquis de Balleroy par lettres patentes du 13 décembre 1704. — D'azur à trois cœurs d'or posés 2-1.


Ainsi s'éteignit cette puissante famille des Maiguard de Bernières qui, pendant plus de trois siècles, occupa en Normandie une position considérable et toujours croissante, grâce à ses grands biens, à ses belles alliances, aux constants services qu'elle rendit au roi et à la monarchie, et aux innombrables bienfaits qu'elle répandait héréditairement autour d'elle .

Maignard : D'azur à la bande d'argent chargée de trois quinte feuilles de gueules.

DU MOUCEL

I. — François du Moucel était tabellion à Rouen en 1495.

II. — Noble homme Robert du Moucel, présumé fils du précédent, seigneur du Mesnil-Pavyot, mort avant le 2 mars 1550, eut quatre fils, nommés dans des actes des 21 novembre 1548 et 2 mars 1550:

1° Noble homme Jean du Moucel, seigneur de la Brière (Acte passé entre nobles hommes Jehan et Pierre du Moucel, frères, fils et héritiers de noble homme Robert du Moucel, sieur du MesnilPavyot, du 21 novembre 1548, par lequel il est dit que Pierre du Moucel, sieur de Mellemont, sera saisi des originaux. — Lotz de la succession de Robert du Moucel, écuyer, sieur du Mesnil-Pavyot, partagez entre nobles hommes Jehan du Moucel, sieur de la Brière, Pierre du Moucel, sieur de Mellemont, Robert du Moucel, sieur d'Assy et Jehan du Moucel, sieur de Heberville, ses fils et héritiers, du 7 mars 1550);

2e Noble homme Pierre du Moucel, seigneur de Mellemont et autres lieux, qui viendra ci-après;

1 Les archives de la Rivière-Bourdet renferment un nombre considérable d'actes de donations et de fondalions faites par cette opulente et libérale famille.

* Note manuscrite trouvée dans les papiers des Maignard de Bernières:

« On voit les armes de MM. Maignart, écartelé dans celle d'un noble Philippe « Leslie, seigneur éeossois. »

* La généalogie de cette famille n'a jamais été écrite. Je l'ai faite à l'aide d'originaux ou de copies collationnées, existant dans les archives de la Rivière-Bourdet. — Robert du Moucel ou son fils fut vraisemblablement anobli comme possesseur d'un franc fief. Cette famille fut maintenue dans sa noblesse le 8 mai 1667.


3° Noble homme Robert du Moucel, écuyer, seigneur d'Assy et de la Haye-au-Vidame, rendit aveu de ce dernier fief en la Chambre des Comptes de Normandie, le 22 février 1581;

4e Noble homme Jean du Moucel, seigneur de Heberville.

III. —Noble homme Pierre du Moucel, écuyer, seigneur de Mellemont, Varengeville et des Colombiers, conseiller au Parlement de Normandie, acquit la seigneurie de Mellemont en 1 542 de noble homme Guillaume du Bosc. — Le 2 août 1548, il achète de noble homme Robert de la Barge une maison sise en la paroisse de Saint-Vivien de Rouen. — Le 2 mai 1560, quittance passée devant les tabellions de Rouen, payée par noble homme Pierre du Moucel, sieur de Mellemont, à noble homme Raoul du Val, sieur de Coupeauville. — Le 4 février 1565, aveu, foi et hommage de la terre de Mellemont, rendus au roi en sa Chambre des Comptes de Paris, par noble homme Pierre du Moucel, et présentés par noble homme Jean du Moucel, son fils, comme son procureur spécial. — Le 25 juin 1567, aveu du fief des Colombiers et de Varengeville, rendu à la seigneurie de Gouy, par ledit Pierre du Moucel, écuyer, seigneur dudit Varengeville, des Colombiers et de Mellemont.

Pierre du Moucel était mort le 12 décembre 1594, ainsi qu'il appert des lots et partages de sa succession. Il fut inhumé dans l'église de Saint-Éloi, à Rouen. De son mariage avec N..., il eut dix enfants, qui suivent:

1° Louis, qui viendra ci-après;

2" Jeanne, mariée, par contrat du 20 août 1563, à noble homme Robert d'Esmalleville, seigneur de Penneville;

3° Jean, seigneur des Colombiers et d'Avremesnil, nommé dans l'aveu de la seigneurie de Mellemont, du 4 février 1565 et dans le partage des lots de la succession de son père;

4" Marie, mariée, par contrat du 24 mai 1568, à noble homme Jacques de Nollent ', seigneur de Fastouville. (Par contrat passé à Rouen le 15 septembre 1571, Jacques de Nollent fait remise à Pierre du Moucel, son beau-père, de quelques terres à lui baillées par son contrat de mariage et sises en la paroisse de Saint-Thomas de-la-Chaussée, moyennant 4,000 livres à lui payées par ledit du Moucel.)

Nollent. — Famille maintenue dans sa noblesse en 1696. — Seigneurs de Fastouville, Champeaux et autres lieux. — De sinople à une aigle au vol abaisse' d'argent.


5° Madeleine, mariée : 1° par contrat du 14 décembre 1571, à noble homme Jean de Bures seigneur de la Pierre; 2° par contrat du 6 février 1583, à noble homme Jean Dyel *, seigneur des Hameaux, conseiller du roi et général en la Cour des Aides de * Normandie;

6° Robert, écuyer, seigneur d'Assy, marié à noble damoiselle Nicolle de Montholon 3;

7° Catherine, mariée, par contrat du 1e r mars 1571, à noble homme Richard de Nollent, seigneur de Champeaux;

8° Anne, femme de noble homme Jean du Val seigneur de Coupeauville;

9° Geneviève, ferqme de Jacques L'Herinite 5, écuyer, seigneur de la Prée et de Clerseville.

10* Anne, femme de N... Toustain6, chevalier, seigneur deLimésy, président au Parlement de Normandie.

IV. — Louis du Moucel, premier du nom, écuyer, seigneur et patron de Sassetot le Mauconduit, seigneur de Mellemont, du Moucel, du Fresney, Beuzeville, et de Lourailles, appelé Monsieur de Mellemont, fut conseiller du roi et maître ordinaire en sa Chambre des Comptes de Normandie.

Bures. Famille anoblie par l'édit des francs-fiefs et maintenue dans sa noblesse le 15 février 1668. — Seigneurs d'Épinay, Bully, Saully, Bethenconrt. — Voyez le Traité de la noblesse, de La Roque, p. 318. — De sable à trois jumelles d'argent.

Dyel. — Famille maintenue dans sa noblesse le 13 juillet 1667. — D'argent au chevron de sable accompagné de trois trèfles de même, ï en chef et 1 en pointe.

 Montholon. — Ancienne et illustre maison, originaire d'Autun, où elle était connue dès le XII* siècle. — D'azur au mouton d'or surmonté de trois roses de même.

 Du Val. — Famille maintenue dans sa noblesse le 28 février 1667. — De gueules au chevron d'or accompagné de trois roses d'argent, 2 en chef et 1 en pointe.

L'hermite. — Famille maintenue dans sa noblesse en 1666 — Seigneurs de la Prée et du Petit-Rocquemoot. — D'azur à la tour d'or.

'toustain. — Ancienne et illustre famille que Jacques-Louis Chevillard fait remonter à un chevalier danois vivant en 868. Filiation établie depuis Hugues Toustain, chevalier, comte de Cantorbéry, qu'on croit issu des ducs de Normandie. Seigneurs de Frontebosc, Limésy, Richebourg: marquis de l.imésy, comtes de Richebourg. — D'or à la bande de deux traits échiquetée d'or et d'azur.


Par acte du 21 décembre 159.1, dans lequel il est qualifié noble homme, écuyer, seigneur et patron de Sassetot, il acquiert un fief sis en la paroisse de Sassetot et dont, par lettres-patentes données à Paris par le roi Henri IV au mois de juin 1605, enregistrées le 5 juillet en la Chambre des Comptes de Normandie, il obtint l'autorisation de changer le nom en celui de « Le Moucel. »

Le er avril 1596, il transige avec son frère Jean, seigneur des Colombiers, et est qualifié seigneur du Fresney.

Le 28 décembre 1598, décharge est donnée de la recherche pour les francs-fiefs et nouveaux acquêts à Louis du Moucel, seigneur du lieu, propriétaire, au droit de la damoiselle sa femme, des fiefs, terres et seigneuries de Beuzeville et Sassetot-le-Mauconduit, par les conseillers commissaires ordonnés par Sa Majesté pour la liquidation des droits de frdncs-fiefs et nouveaux acquêts de la généralité de Rouen.

Le 2 juillet 1607, arrêt de la Chambre des Comptes de Normandie par lequel temps de six mois est accordé à noble homme Louis du Moucel, écuyer, seigneur du lieu, pour donner aveu du fief de Sassetot-le-Mauconduit.

Le 7 mars 1609, aveu rendu à messire de Joyeuse, cardinalarchevêque de Rouen, par Louis du Moucel, écuyer, seigneur du lieu et du Fresney, de plusieurs maisons sises en la ville de Louviers.

Louis du Moucel est qualifié seigneur usufructuaire de Lourailles dans des actes du le r mai 1601, du 1er juin 1602 et du 4 juin 1601 — Il était mort avant le 17 août 1628, qu'eut lieu le partage des lots de sa succession.

1 Les archives de la Rivière-Bourdet contiennent on grand nombre de chartes, titres et locuments concernant la seigneurie de Lourailles. — Aveux de Benoit Le Febure a noble homme Guillebert du Bosc, écuyer, seigneur de Lourailles, 21 mars 1457 et 27 janvier 1459. — Aveux à noble homme Regnault de Villeneuve, écuyer, seigneur de Lourailles, à cause de damoiselle Jeanne Picard, sa femme, 15 et 26 mai 1466, 12 février 1476. — Aveux et comptes-rendus à noble homme messire Jean Picart, chevalier, seigneur de Radeval et de Lourailles, maître d'hôtel ordinaire du roi, bailli et capitaine de Gisors, 29 septembre 1505, 29 septembre et 10 octobre 1506, 2 juillet 1515 et 6 juin 1523. — Aveux de noble homme Antoine Picard, vicomte de Falaise, seigneur de Radeval et de Lourailles, fils du précédent, 10 novembre 1524, 17 juillet 1529. — Aveux à noble homme et puissant seigneur messire Georges Le Picart, chevalier, seigneur de Radeval et de Lourailles, 9 mars 1541, 12 octobre 1542, 13 juin 1547, 28 juin 1553, 21 juin 1564. — Aveux à nobles damoiselles les filles mineures et héritières de feu Georges Le Picart, seigneur de Radeval et de Lourailles, 17 mai, 4 juillet, 5 et 15 novembre 1565, 1" juillet 1568. — Aveu à haut et puissant seigneur messire Christophe de Bassompierre, chevalier de l'ordre du roi, gentilhomme ordinaire de sa chambre, baron de Harouy et de Reuouvilte, seigneur de Lourailles, au droit de dame Louise Le Picart, sa femme, fille de teu haut et puissant seigneur Georges Le Picart, chevalier, seigneur de Radeval et de Lourailles, 21 octobre 1578, 27 juiu 1590, 3 mars 1596. — Noble homme René Parent, écuyer, éehanson ordinaire du roi, vicomte de Rouen, seigneur en partie de Lourailles, en 1587, au droit de noble dame Jeanne Le Picart, sa femme, fille dudiJ^Georges. — La terre et seigneurie de Lourailles passe par acquisition dans la famille du Moucel, entre 1596 et 1601. 1 D'une famille de Dieppe.


Par contrat du 6 mars 1575, il épousa Catherine de Boismare, dont il eut seize enfants, qui suivront, — et en secondes noces Marguerite Le Seigneur.

1° Pierre, écuyer, seigneur de Criquemauville, né le 30 mai 1574, filleul de noble homme Pierre du Moucel, seigneur de Mellemont, son grand-père, et de damoiselle Nicolle de Montholon, sa tante;

2° Robert, né le 17 septembre 1575, eut pour parrains nobles hommes Robert du Moucel, seigneur d'Assy et Jean du Moucel, seigneur des Colombiers, ses oncles, et pour marraine damoiselle Geneviève du Moucel, femme du sieur de la Prée. Il mourut au mois de novembre 1575;

3° Louis, écuyer, seigneur de Gouy, né le 12 octobre 1576, eut ,pour parrains nobles hommes Jean du Moucel, seigneur d'Avreanesnil, et Jacques de Nolleut, seigneur de Fastouville, ses oncles, et pour marraine damoiselle Anne du Moucel, femme du sieur de Coppeauville. Il épousa N... Le Gras;

4e Alexandre, né le 2 avril 1578, dont il sera parlé ci-après. — Il eut pour parrains nobles hommes Robert d'Esmalleville, seigneur de Penneville, et Jacques L'Hermite, seigneur de la Prée, ses oncles, et pour marraine damoiselle Françoise L'Hermite, femme du sieur de la Prairie, conseiller en la Cour des Aides;

L'Hermite, seigneur de la Prée et de Clerseville, et pour marraine damoiselle Madeleine du Moucel, veuve de noble homme Jean de Bures, seigneur de la Pierre. — Il épousa Madeleine Laine (ou Laisné);

5° Richard, seigneur de Richemont, conseiller au Parlement de Normandie, né le 3 septembre 1579, eut pour parrains nobles hommes Richard de Nollent, seigneur de Champeaux, et Jacques

Le Seigneur. — Famille maintenue dans sa noblesse le 14 décembre 1668. — Seigneurs du Mesnil, Licuvray, Espineville, Amontot, Viquemarre, Bantot, Montcornet. — De gueules à la bande d'argent chargée de deux tourteaux de sable et accompagnée de deux Ut et de lions arrachées d'or.


6° Georges, né le 18 août 1580 et mort au mois d'octobre de la même année, eut pour parrains nobles hommes Georges de la Porte, procureur général du roi en sa Cour de Parlement, et François Gaynon, seigneur de la Sansonnière, et pour marraine damoiselle de Hatentot, femme du sieur de Grossy, conseiller au Parlement;

7° Guillaume, né le 10 janvier 1582, eut pour parrains nobles hommes Guillaume d'Aubigny, trésorier général, et Nicolas Paix-de-Cœur, seigneur de la Boscquière, et pour marraine damoiselle Anne du Moucel, femme du sieur président de Limésy. — Il fut ordonné prêtre en 1611.

8° Marie, née le 11 août 1585 et morte le même jour, eut pour parrain noble homme Jean Dyel, seigneur des Hameaux, conseiller en la Cour des Aides, et pour marraines damoiselles Bouchard et de Clerseville;

9° Claude, né le 8 septembre 1586, mort au mois de décembre 1 587, eut pour parrains nobles hommes Claude Groulard, premier président en la Cour de Parlement, et Louis Le Masson, conseiller aux requêtes, et pour marraine damoiselle N...-du Val, veuve du feu sieur de Mesdine, conseiller en la Cour;

10° Jacques, né le 16 août 1587, mort dans la même année à Mellemont, eut pour parrains nobles hommes Claude de Croismare, seigneur de Saint-Jean, et Charles du Val, seigneur de Copeauville, et pour marraine la damoiselle d'Espreville;

11° Madeleine, né le 11 septembre 1588, eut pour parrain noble homme Gédéon Poigne, ancien conseiller de la ville de Dieppe, son oncle maternel, et pour marraines damoiselle N... Hallé, femme du président de fiassent, et la damoiselle de Costecotte. — Par contrat du 29 avril 1606, elle fut mariée à Guillaume Michel, écuyer, seigneur de Belouze;

Michel. — Ancienne famille, maintenue dans sa noblesse en 1496. — Seigneurs de Cambernon, Isigny, Velly, la Michelière, Belouze, Le Creuilly, le Châtel— D'azur à la croix d'or cantonnée de qualre coquilles de même. •

12° Jacques, seigneur de Varengeville et de Gouy, né le 22 juillet 1592, eut pour parrains nobles hommes Jacques Jubert, seigneur du Thil, maître des requêtes, et le sieur Bucquet, conseiller au Parlement, et pour marraine damoiselle N... L'Hermite, femme du sieur de Gauville-Roussel;


13° Catherine, née à Caen le 2 juillet 1593 et morte en ladite ville et dans la même année, eut pour parrain noble homme Alexandre Bouchart, conseiller au Parlement, et pour marraines damoiselle N... Jubert, femme du sieur du Taillis, et Madeleine du Val, femme du sieur de la Sansonnière;

14° Marie, née le 10 décembre 1594, morte au Boisguillaume en 1606, eut pour parrain noble homme Pierre L'Hermite, seigneur de Clerseville, conseiller au Présidial de Rouen, et pour marraines damoiselle Marie de Quintanadoine, veuve du sieur de Hanivel, et damoiselle N... de Paix-de-Cœur, femme du sieur deSermonville, conseiller aux requêtes;

15° Catherine, née le 5 mai 1596, eut pour parrain noble homme messire Peigney, médecin, et pour marraines damoiselle Marie Bretel, femme du sieur de Reville, et Isabeau du Val, femme du sieur des Champs. Elle fut mariée : 1° à Louis Radulph sieur de Beau mont, avocat en la cour; 2° au sieur de Grandchamp *, avocat-général en la Cour des Aides.

16° Isabeau, née le 25 juin 1598, morte en 1607, eut pour parrain le sieur de Grossy, maître des requêtes, et pour marraines damoiselle Isabeau du Moucel', veuve du sieur d'Aubigny, et Marie de Sallemangne, femme du sieur de Copeauville.

V. — Alexandre du Moucel, écuyer, seigneur du Moucel, de Lourailles et d'Assy, conseiller*du roi en ses conseils d'État et privé et président aux requêtes du palais, à Rouen, mourut dans un âge très-avancé, ayant épousé : l°par contrat du 6 novembre 1616, Madeleine de Caradas *, fille de feu noble homme Antoine de Caradas, écuyer, seigneur du Héron et du Vieil-Rouen, président en la Cour des Aides, et de Madeleine Le Febvre; 2° Catherine Pain — De ce second mariage il eut un fils, qui suit.

* Caradas. — Famille maintenue dans sa noblesse en 1666. — D'argent à un chevron d'azur accompugné de trois roses de gueules figées et feuillées de sinople posées ï en chef et un en pointe.

 Radulph. — Famille maintenue dans sa noblesse en 1697. — D'azur à une fasce d'argent accompagnée de trois molettes d'or.

Arragon. — Famille maintenue dans sa noblesse en 1667. — Seigneurs de Grandcbamp et de Nebou. — Cbevillard n'en donne pas le blason.


VI. — Louis du Moucel, deuxième du nom, écuyer, seigneur de Lourailles, appelé le président de Lourailles, conseiller du roi et président aux requêtes du palais, épousa, par contrat du 3 août 1646, Marie Tallon  fille unique et seule héritière de Nicolas Tallon, conseiller secrétaire du roi, maison et couronne de France, audiencier en la chancellerie de Normandie, mort le jeudi 19 février 1660, et de Marie Gaudin (ou Godin).

Il mourut avant le 21 août 1695, ainsi qu'il résulte de l'acte de partage de sa succession. — De son mariage avec Marie Tallon, morte le mercredi 3 mai 1662 et inhumée en l'église de Saint-Éloi le 5, il eut huit enfants :

1° Madeleine, née le 15 juin 1646, eut pour parrain Nicolas Tallon, son grand-père, et pour marraine noble dame Madeleine Laine, femme de Richard du Moucel, seigneur de Richemont, son grand-oncle. Par contrat du 25 juin 1664, elle fut mariée à noble homme Jean Pavyot, écuyer, seigneur du Mesnil, fils de feu Jean Pavyot, écuyer, conseiller du roi et maître ordinaire en la Chambre des Comptes de Normandie, et de Marguerite de Novilliers;

2° Jacques, dont il sera plus amplement parlé ci-après, né le 5 novembre 1647, eut pour parrain Jacques du Moucel, chevalier, seigneur de Varengeville et de Gouy, son grand-oncle, et pour marraine damoiselle Marie Tallon, veuve du sieur Le Noble, avocat en la Cour, sa grand'tante;

3° David-Louis, écuyer, seigneur d'Assy, né le 25 février 1649, eut pour parrain David Le Seigneur, écuyer, seigneur du Boscberenger, et pour marraine damoiselle Catherine du Moucel, femme de messire Radulph, sieur de Beaumont, avocat en la Cour, sa grand'tante. Il fut conseiller au Parlement de Normandie et mourut le 3 janvier 1716, à l'âge de 67 ans;

4° Marie-Marguerite, née le 18 juin 1650, morte en 1652, eut pour parrain François Le Noble, conseiller à la Cour, et pour marraine noble dame Marguerite Le Seigneur, veuve de Louis du Moucel, écuyer, seigneur de Sassetot, fils de messire Pierre du Moucel, écuyer, seigneur de Sassetot, conseiller à la Cour;

1 Pain. — Le 23 décembre 1755, Jacques Pain de Malmain, conseiller auditeur au Parlement de Normandie, reçoit des lettres de noblesse.

* Tallon. — Famille maintenue dans sa noblesse en 1697. — D'azur à trois croissants d'argent posés % et 1.

Les indications qui suivent sont presque toutes extraites d'une note écrite par Louis du Moucel lui-même.


5° Marie-Madeleine, née le, 4 septembre 1652, eut pour parrain Pierre du Moucel, écuyer, seigneur de Criquemanville, et pour marraine N... Le Gros, femme de Louis du Moucel, écuyer, seigneur de (iouy. — Elle fut mariée à messire Claude Le Roux, chevalier, seigneur de Tilly, Monterolier, Berville, Villettes, Becdal, Saint-Aubin d'Escroville, Bourgtheroulde, Lucy et Sainte-Beuve, homme de guerre fameux dans son temps et que ses nombreuses blessures déterminèrent à entrer comme conseiller au Parlement de Normandie, fils de Robert Le Roux et de N... de Faucon de Ris.

6° Pierre, né le 29 février 1656, mort le 22 août de la même année, eut pour parrain messire Pierre de Becdelièvre, chevalier, seigneur d'Hocqueville, premier président en la Cour des Aides de Normandie, et pour marraine Catherine du Moucel, femme de messire de Grandchamp, avocat-général en ladite Cour;

7° Louis, né le 18 janvier 1657, mort le 23 mars 1659, eut pour parrain messire René Ridel, trésorier de France en la généralité de Rouen, seigneur de Plaine-Seveste, et pour marraine damoiselle Hélène Le Noble, femme du sieur de Montécot, conseiller au Présidial de Caudebec;

8° Louis, né le 28 novembre 1660, mort le 21 septembre 1661, eut pour parrain le sieur Boulays, conseiller au Parlement, et pour marraine dame N... Vincent, femme de messire Le Noble, auditeur en la Chambre des Comptes.

VII — Jacques du Moucel, écuyer, seigneur de Lourailles, conseiller au Parlement de Normandie, épousa, par contrat du 20 septembre 1684, Anne-Madeleine Sallet, née enl659, fille d'Alexandre Sallet écuyer, seigneur de Quilly, Saint-Reux, Cauvicourt, Jacobmesnil, Bretteville-sur-Oise et Cinteaux, conseiller du roi en ses conseils et en la grand'chambre du Parlement de Normandie, et de Madeleine Portier morte en couches. — Anne-Madeleine

Sallet. — Famille maintenue dans sa noblesse le i'r novembre 1667. — Seigneurs du Repas, Colleville, etc. — Georges Sallet, frère d'Alexandre, était abbé commendataire de Notre-Dame d'Ardaine. — D'argent à deux roses de gueules en chef et un cœur de même en pointe.

Porlier. — Famille maintenue dans sa noblesse en 1697, — dont une branche avait pour tuteur, en 1678, Nicolas Puchot, écuyer, seigneur des Alleurs, conseiller au Parlement de Normandie, fils aîné de Charles et de Madeleine de Cauvigny, lequel, par contrat du 7 avril 1664, avait épousé Marie-Anne Sallet, fille aînée d'Alexandre et de Madeleine Porlier.

Jacques eut un fils, Jacques-Henri-Alexandre, qui suit, et une fille, Anne-Geneviève du Moucel, femme de Simon-Louis Laisné écuyer, seigneur de Tintot.

VIII. — Jacques-Henri-Alexandre du Moucel, chevalier, seigneur de Lourailles et de la Rivière-Bourdet, seigneur et patron haut justicier de Quilly, Cinteaux, Cauvicourt, Bretteville-surOise, seigneur de Tonneville, Jacobmesnil, Malmains, Pouchins, Le Moustier, seigneur et patron honoraire d'Antigny et autres lieux, conseiller du roi en ses conseils et président à mortier au Parlement de Normandie, naquit le 21 oetobre 1693, à Rouen, fut baptisé le lendemain en l'église Saint-Lô de cette ville et eut pour parrain et marraine le sieur de Monville, conseiller au Parlement de Normandie, et madame de Saint-Gervais.

Par acte du 19 février 1724, il vend à Anne-Geneviève du Moucel, sa sœur, femme du sieur de Tintot, le fief et seigneurie d'Assy de Greville, qui est un huitième de plein-fief de Haubert, en la vicomté de Pont-Audemer.

Le 20 novembre 1736, il tient et avoue tenir, — du noble fils mineur de haut et puissant seigneur messire Charles-Etienne Maignard de Bernières, chevalier, seigneur de la Vaupalière, Hauville et autres lieux, à cause de sadite seigneurie de la Vaupalière, — le fief, terre et seigneurie de Lourailles, qui est un demi-fief de haubert, et qu'il a eu de son oncle, le sieur d'Assy, qui le tenait de feu Alexandre du Moucel, écuyer, seigneur de Lourailles et d'Assy, son grand-père, et comme co-héritier de Louis du Moucel, seigneur de Lourailles, président aux requêtes du palais.

formé les marquis de Rebelles. — D'azur à l'aigle éployée d'or, surmontée d'un triangle d'argent chargée de trois hermines de sable et trois hures de sanglier d'or en chef.

Laisné. — Famille anoblie en 1699. — D'azur à l'aigle d'or becqué et membré de gueules.

Le 18 décembre 1737, il tient et avoue tenir, — de haut et puissant seigneur Joseph de Manneville, chevalier, marquis de Charlesmesnil, seigneur d'Auregard, baron de Manerhouville, seigneur et haut justicier de Fontaine-le-Dun, à cause de sadite baronnie de Manerhouville, — deux huitièmes de fief noble, le fief de Malmains et le fief de Pouchins, lui appartenant au droit de l'échange fait avec haut et puissant seigneur Gilles-Henri Maignard, chevalier, marquis de Bernières, président à mortier honoraire au Parlement de Normapdie (contrat du 7 juin 1724), auquel ils appartenaient par la succession de son père.


Jacques-Alexandre-Henri du Moucel de Lourailles épousa MarieMadeleine-Cécile Maignard de Bernières, fille cadette de CharlesLouis Maignard de Bernières, seigneur de Bautot, procureur général au Parlement de Normandie, et de sa seconde femme, Gabrielle Durand de Bondeville.

Gilles-Henri Maignard, marquis de Bernières, étant mort sans postérité le 18 octobre 1734, ses biens passèrent à ses deux sœurs consanguines, la marquise de Flavacourt et la présidente de Lourailles. — Ce fut ainsi que la seigneurie de la Rivière-Bourdet passa des Maignard aux du Moucel.

Jacques-Alexandre-Henri du Moucel laissa un fils qui suit.

IX. — Charles-Alexandre-Henri du Moucel, chevalier, seigneur de Lourailles et de la Rivière-Bourdet, etc., président à mortier au Parlement de Normandie, marié à Françoise Groulard de Torcy, fille de François, marquis de Torcy, et de N... de Poitiers, dont un fils qui suit.

X. — Haut et puissant seigneur Alexandre-Charles-Marie du Moucel, chevalier, seigneur et marquis de Torcy, seigneur de Lourailles, la Rivière-Bourdet et autres lieux, président à mortier au Parlement de Normandie, marié à Marie-Louise Demaretz de SaintAubin dont un fils qui suit.

1 Remariée à Jean-Pierre Fermin, comte de Vieux, ancien officier de cavalerie, le 12 octobre 1790.

* Il est inhumé dans l'église de Saint-Martin de Quévillon, où reposent également la dncbesse de Fitz-James et son neveu, le marquis de Belmont-Briançon,

D'une des plus anciennes et des plus illustres maisons de France. « Il n'y en a aucune dans le royaume, dit l'auteur des Mémoires du maréchal de Plestis (1676),

XI. — Alexandre-Marie-Louis du Moucel, marquis de Torcy, mort en 1817* sans avoir eu d'enfants de son mariage avec SidonieAntoinette-Françoise de Choiseul-Gouifier fille de Marie-Gabriel Florent-Auguste, comte de Choiseul-Gouffier, colonel du régiment de la Couronne en 1784, membre de l'Académie française, auteur du Voyage en Gréce, ambassadeur de France à Constantinople, lieutenant-général le 13 avril 1814, ministre d'État et membre du Conseil privé, pair de France le 17 août 1815, mort à Aix-la-Chapelle le 20 juin 1817, — et de sa première femme, Marie de Gouffier d'Heilly, morte au mois de mai 181?. En 1817, le comte de Choiseul-Gouffier se remaria à Hélène, princesse de Bauffremont, fille de Joseph, prince de Listenais et du Saint-Empire, vice-amiral de France. — La sœur aînée de la marquise de Torcy, ClémentineLouise-Henriette de Choiseul-Gouffier, née le 1er octobre 1775, avait épousé le comte de Belmont, colonel d'infanterie, et son autre sœur, le comte de Moreton-Chabrillan, brigadier des armées du roi.


Du Moucel portait : D'azur au chevron d'or accompagné de trois merlettes d'argent posées 2-1.

La marquise de Torcy épousa en secondes noces, le 6 décembre 1819, Edouard, duc de Fitz-James, pair de France, veuf en premières noces de N... de la Touche, dont elle n'eut pas d'enfants.

La duchesse de Fitz-James mourut le 4 mars 1862, dans son château de la Rivière-Bourdet, qu'elle légua à sa nièce, Sidonie de Moreton-Chabrillan, mariée au marquis de Montholon-Sémonville, prince d'Umbriano del Precetto.

C'est à Mlle la princesse de Montholon-Sémonville, actuellement propriétaire du château de la Bivière-Bourdet, que l'on doit la conservation des actes de tant de familles éteintes après avoir possédé la seigneurie de la Rivière : — Mauquenchy de Blainville, Yvetot, Vaussemer, Durand, Pardieu Maignard de Bernières, du Moucel de Lourailles, — sans lesquels il eût été impossible de reconstituer la chronologie des seigneurs de la Rivière-Bourdet, depuis le XIVe siècle jusqu'à nos jours.

dont la noblesse soit plus ancienne et plus pure. Elle est entrée dans de très grandes alliances, et elle a incarne esté honorée de celle de la très-auguste maison de France. » D'azur à la croix d'or cantonnée de dix-huit billettes de même, cinq posées en sautoir dans choque canton du chef, quatre posées en carré dans chaque canton de la pointe. — La branche de Choiseul-Gouffier porte en coeur, brochant sur le tout, un écu- d'argent à trois jumelles de sable, qui est de Gouffier.'

1 Je crois la maison de Pardien encore représentée; mais la branche des barons de Bondeville, co-seigneurs de la Rivière-Bourdet, est éteinte depuis 1614.



Vicomte Oscar de Poli.