En
1926, mon père avait 20 ans quand trépassa sa
grand-mère, Clémentine Sébire. Ainsi
avait-il eu la chance de la
connaître. Et de l'entendre raconter ses souvenirs. Mais que
lui a-t-elle dit au juste ? Qu'elle était
née à Angers, que son frère ou du
moins un sien parent avait
été chanoine de je ne sais quelle
cathédrale...
En entreprenant plus tard ma généalogie, j'ai
très vite appris que Clémentine Sébire
était née par accident dans le Maine-et-Loir.
Natif d'Eu, son père était venu exercer
très peu de temps ses talents de cordonnier dans la
cité angevine. Il avait vite regagné sa ville
natale et je ne m'explique pas encore cette
infidélité passagère à la
Normandie.
Le berceau des
Sébire
Les racines profondes de la famille Sébire sont enfouies
à Ussy, village de quelque 800 habitants, près
Falaise,
dans le Calvados. Elle y est attestée en 1617 et l'est
encore de
nos jours. C'est ici le nom le plus répandu au recensement
de
1836. A cette époque, les
pépiniéristes du pays commencent
à se faire un nom en produisant pour Turgot,
implanté au
château de Bons. L'essor du chemin de fer va faire leur
fortune
quand il fallut fournir des plants d'aubépine pour les
clôtures. Pierre Sébire a fondé les
grandes
pépinières d'Ussy en 1860. Habitant avec ses fils
de la
manoir du village, il régnera sur 40 hectares et quelque 150
ouvriers. Il sera maire de la commune et après lui ses fils
Elmire, Louis, plus tard autre Pierre Sébire de 1975
à
2001, créateur de l'arboretum d'Ussy. Un mot au passage sur
Louis Sébire : en
1918, sursitaire pour remplir sa fonction de maire, il s'oppose
à la fermeture des trois cafés de la commune en
agressant
un officier. Conseil de guerre. Cinq ans de travaux publics.
Il fut épargné par une loi d'amnistie...
Depuis, issu
manifestement de la même souche que moi, un autre Louis
Sébire, agronome, a écrit un ouvrage sur le
village paru
en 1994. A la même époque, on lui doit un
précieux
document. Les plus vieux registres paroissiaux furent
détruits en mairie en 1944. Mais
on en retrouva une copie dans le grenier de l'ancien
presbytère,
rédigée par un curé au XIXe
siècle. Louis
Sébire en fit le relevé. Heureuse initiative car
la copie
du prêtre disparut à son tour.

Peu avant la Révolution, ma branche Sébire a
quitté Ussy en la personne d'un Louis. Elle aura
transité par Lisieux,
Notre-Dame d'Estrées pour s'établir enfin
à Eu
à qui
elle donna bourreliers, cordonniers et autres
marchands de cuir. Là, très
tôt orpheline, mon arrière-grand-mère
s'évanouit un temps dans la nature. Pour
réapparaître
à Rouen. A 25
printemps, elle fait la
connaissance de
Théodule Quevilly. "
Il était alors palefrenier ", racontait mon
père, "
elle, elle était couturière " et
demeurait 24, rue de l'Hôpital. Le mariage eut lieu
en 1865 à Saint-Paër, village de la famille
Quevilly. Les
quatre témoins jurèrent que Clémentine
ignorait tout de ses aïeux. Et ces quatre hommes
étaient tous des frères de l'époux.
Clémentine Sébire était donc bien
coupée de sa famille qui, des années plus
tôt,
avait pourtant essaimé
tant à Eu qu'à Abbeville. Puis
Clémentine donnera
quatre enfants à Théodule dont une fille
handicapée mentale, l'autre amputée avant ses 20
ans, la
troisième délaissée par son mari. Et
puis mon
grand-père Henri Quevilly, ouvrier de filature dans la
vallée de l'Austreberthe. La famille sera parmi les plus
indigentes de
Saint-Paër et Clémentine mourut sur un lit de
l'hospice de
Rouen. Une hospitalisation prise en charge par la commune.
Triste
fin pour cette descendante de maîtres bourreliers... 
Mais qu'en était-il de ce fameux chanoine ? D'abord
Clémentine n'avait pas de frère. Simplement une
sœur aînée, Angélina, dont on
perd vite la trace. Alors j'ai longtemps cherché le chanoine
Sébire, persuadé qu'il y avait, comme toujours,
un petit fond de vérité dans cette
légende familiale. Nombre d'ecclésiastiques ont
porté ce nom. Je fis notamment la connaissance d'un
chanoine Sébire qui, avant d'être enseveli dans la
cathédrale de Rouen, exigea que les messes à son
souvenir ne soient pas dites par des curés lubriques. Je
découvris aussi un abbé Sébire qui,
curé de Torcy-le-Grand, menaça d'un
revolver un pilleur de tronc. Aucun ne collait. Jusqu'au
jour où j'ai fait une
découverte surprenante...
Voici
l'abbé Sébire
Clémentine Sébire avait bien un grand-oncle
curé et dont elle fut contemporaine. Il se
prénommait Louis Henry et était né
à Abbeville, rue Chaussée-du-Bois, le 12 octobre
1804 de
Louis-Marcel Sébire, bourrelier de son état et
Anne
Marguerite Beaurain. Les témoins de
l'événement
furent le cabaretier Ducrotoy, un voisin, et le cordonnier Debray qui
exerçait place Sainte-Catherine.
Louis-Henry avait hérité du prénom de
son
frère aîné qui, natif d'Eu, venait tout
juste de
rendre l'âme ici en bas-âge. Le temps de voir
grandir quatre
frères
et sœurs, Louis fut ordonné prêtre. On
le retrouve
premier vicaire de la paroisse de Saint-Sépulcre,
à
Abbeville. A ce poste, il aura côtoyé
l'abbé
Porchez qui
deviendra bientôt évêque de
Fort-de-France, à
la Martinique. C'est alors que Sébire fait l'objet d'un fait
divers. La presse de février 1853 :
Abbeville
vient de
manquer de
perdre encore une de ses églises. Un incendie s'est
déclaré dans celle du Saint-Sépulcre
pendant la
nuit de dimanche à lundi. Les portes de l'église
avaient
été fermées comme d'habitude
à sept heures
du soir. A minuit et demi, un voisin rentrant chez lui
aperçut
une clarté fauve dans la sacristie; il s'empressa
aussitôt
de donner l'alarme. M. l'abbé Sébire et M.
Dequen,
arrivés les premiers,
pénétrèrent dans
l'église et se trouvèrent au milieu d'une
fumée
épaisse qui les suffoqua. Ils se mirent à sonner
le glas,
et en un instant tout le quartier fut sur pied. La fumée
s'échappait en tourbillon du fond de l'église,
révélant que l'incendie était
là ; mais ce
n'était pas chose facile d'y pénétrer
: la
fumée, concentrée dans ce foyer, en rendait
l'accès impossible.
Il fallut renoncer
à
l'aborder à l'intérieur, et se borner
à attaquer
la porte extérieure de la sacristie qui fait face au
presbytère. On la fit tomber à coups de hache.
Les
premiers qui entrèrent dans la sacristie étaient
obligés de se jeter par terre pour respirer le peu d'air que
la
vapeur avait refoulé sur le pavé. On nous
rapporte qu'une
personne, en se hissant jusqu'à une fenêtre pour y
pratiquer une ouverture, faillit plusieurs fois tomber sans vie. En
crevant la vitre avec son poing, elle se blessa
légèrement avec un éclat de Verre.
Pendant ce temps,
les pompes
étaient arrivées, et une foule de travailleurs se
tenaient prêts à les alimenter, mais leur secours
était devenu inutile. Le feu, qui sans doute couvait depuis
la fermeture des portes, était resté,
grâce
à l'absence d'air et à la condensation de la
fumée, à l'état de combustion lente.
On put
facilement l'étouffer. La perte, pour la fabrique et le
clergé de la paroisse, s'élève
à environ
7,000 fr. Une belle chapelle, appartenant à M.
l'abbé
Sébire, a été presque
entièrement
consumée.
L'abbé Sébire habitait alors
rue du
Fossé. Une maison qu'il ne quittera jamais. Deux ans
après cet incident, on le voit vendre en compagnie de ses
sœurs plusieurs maisons et une prairie situées rue
de la
Basse-Chaussée à Eu. Il s'agit de cossus
héritages
venus de leur mère, née Beaurin. Cette branche
Sébire était manifestement plus aisée
que celle de
Clémentine.
C'est
à cette époque que l'abbé
Sébire
devint l'aumônier de l'Hôtel-Dieu d'Abbeville, un
établissement tenu par les sœurs de
Charité et
où opéraient de remarquables chirurgiens, comme
les Dr
Vésigny et Dubois. Au
recensement de 1881, Sébire est formellement
identifié
comme aumônier de l'Hôtel-Dieu et habite toujours
rue du
Fossé. Il a alors pour servante
Julie Vincent, 48 ans. Cette année-là, la
Société d'Emulation d'Abbeville se pencha sur une
médaille des Harmoniphiles de la ville datée de
1731 et
ayant appartenu un temps à l'abbé
Sébire. Il la
tenait lui-même de l'abbé Froissard,
curé de
Notre-Dame de la Chapelle qui l'avait recueillie dans les ruines de
l'église, attachée autour du cou d'une statue
comme un
ex-voto. A son tour, Sébire en fit don à M.
Macqueron.
Ceci
pour dire que notre abbé s'intéressait quelque
peu aux
Antiquités.
En 1882, l'abbé Sébire se fend de 25 F pour
contribuer
à l'érection d'une statue du pape Urbain II sur
son lieu
de naissance : Châtillon-sur-Marne.
Un
curé dilettante
Mais notre grand-oncle si fait aussi remarquer par sa conduite. En
titrant "Domination cléricale", Le Progrès de la
Somme du 10 juin 1886 est sévère
à son égard :
L'aumônier
de
l'Hôtel-Dieu d'Abbeville n'entend pas, parait-il, recevoir
d'ordres. Dernièrement, un militaire meurt à
l'hôpital. L'enterrement devait avoir lieu le lendemain, mais
l'abbé n'en juge pas ainsi, il reste tranquillement chez lui
et
ce n'est qu'un jour plus tard qu'il daigne dire une messe.
Quelques jours
après, un
voyageur inconnu tombe, on le transporte à
l'Hôtel-Dieu et
il y meurt. La maladie à laquelle il avait
succombé
obligeait l'administration à ordonner de suite l'inhumation,
mais M.l'aumônier n'est pas encore de cet avis et, ne jugeant
pas
à propos de paraître ce jour-là, ce
n'est que le
lendemain que l'enterrement put avoir lieu.
Ce
sans-gêne intolérable inspire au Pilote
de la Somme les
réflexions suivantes :
Une semblable
conduite ne
saurait longtemps être tolérée et nous
espérons que l'administration des hospices va y mettre
promptement bon ordre en se privant du service de ce prêtre
par
trop fantaisiste qui, payé par l'Administration pour faire
son
métier, refuse d'obéir aux ordres qu'on lui donne.
Dans ces
conditions, un aumônier devient un objet de luxe aussi
coûteux qu'inutile.
N'est-pas l'avis
de l'Administration ?

Cette presse omet de signaler l'âge du
fautif. A 82
ans, il a sans doute perdu en route quelques qualités
professionnelles. Alors, Louis
Sébire fut-il de la fête, le 4 août
1991, pour les
noces de diamant de Sœur Saint-Pierre, 65 ans au
service des
malades. L'abbé Dély, archiprêtre
d'Abbeville,
célébra la grand messe devant les administrateurs
de
l'hôpital.
En juin 93, on enterra deux nouvelles sœurs, victimes du
typhus en soignant la maladie. "Mortes au champ d'Honneur" titre La Croix. Elles
avaient été pourtant bénies par Mgr
Renou, le jour de son arrivée à Abbeville.
Voilà, c'est tout ce que je sais de cet
ecclésiastique
avec qui je partage les ascendants. Il n'aura laissé que peu
de
choses de son passage sur terre. En tout cas pas le souvenir d'un
thérapeute. Un jour d'ouragan, le 13
novembre 1894, l'abbé Sébire fut
emporté par la
mort à l'âge
vénérable de 90 ans.
Le 20, le journal La
Croix annonce la nouvelle dans sa rubrique Nos amis
défunts :

Chanoine
honoraire ! Je le tenais enfin le fameux chanoine de
Clémentine
! Elle avait 54 ans quand il rendit son dernier soupir. A
Saint-Paër, en fut-elle informée ? Connaissait-elle
seulement son existence ? La famille allait en tout cas entendre parler
de lui...
Et l'abbé Sébire ressuscite !
A
partir de décembre 1912 soit près de 20 ans
après sa mort, apparaissent
des
réclames qui vont inonder toute la presse jusqu'au moindre
bulletin
paroissial. On y vante "Le
régénérateur de la vie de
l'abbé
Sébire, ancien aumônier de l'Hôtel-Dieu
d'Abbeville." Cela
va de quelques lignes à de très longs articles,
très souvent accompagnés d'un portrait. Mais de
quoi
s'agit-il au
juste ? Eh bien d'un "merveilleux
aliment" mis au point de son vivant par le "vénéré
abbé Sébire".
Sa composition ? 20% d'algues et varechs marins alimentaires, 80% de
légumineuses maltées diastasées. C'est
garanti 20
fois plus nutritif que la viande de bœuf, ce qui permet au
tuberculeux de reprendre
jusqu'à 5 kg par mois, gage de guérison. Oui,
ça
vous "crée
de la chair, des os, des muscles, du sang, de la matière
grise (cerveau)..." Et ça vous chasse toutes
les maladies. Toutes !
" Vous avez tout essayé ? Faites un dernier essai.
Goût Exquis."
En vente dans toutes les bonnes épiceries. Mais on peut
aussi
envoyer directement de l'argent au labo qui vous adressera de
quoi
composer trois potages et une notice accompagnée d'un livre
d'or
où les innombrables lettres de satisfaction sont
certifiées par huissier. Remise pour le clergé.
En prime,
vous recevrez la lampe désinfectante Poulain, "recommandée par
tous les médecins". |

Trois erreurs en une seule ligne
!
Correction :
Abbé L. SEBIRE (1804-1894)
|
La
mode est au curé
A cette époque, les remèdes miraculeux
inventés
par des prêtres font florès. Le
Régénérateur Sébire
côtoie souvent la
Jouvence de l'abbé Soury, autre curé normand. Le
journal La
Publicité s'en amuse : "
Il n'y a pas à dire, on n'a jamais vu tant de
prêtres
dans les journaux que depuis que la loi de séparation est
promulguée. Le clergé est mis à toutes
sauces et
particulièrement à la sauce pharmaceutique.
Je ne
dirai aucun mal de
l'alimentation iodée de M. l'abbé
Sébire, que je
n'ai pas
l'honneur de connaître, quoique son portrait figure dans la
publicité faite pour son produit, mais je trouve quelque peu
abusif l'usage répété que l'on fait
des
découvertes de prêtres et des remèdes
d'origine
plus ou moins ecclésiastique qu'on prône
à chaque
instant dans les journaux. D'ailleurs, M. l'abbé
Sébire est
peut-être mort et cela expliquerait bien des choses, car il
n'est pas possible qu'un prêtre se livre à
l'exploitation
de remèdes comme celui ci, par ses propres moyens ; il lui
faut
nécessairement le concours d'un pharmacien et encore ce
pharmacien fait-il, en vendant un remède
spécialisé — c'est-à-dire un
remède
secret — de l'exercice illégal de la
médecine. Mais
il semblerait que sous la robe du prêtre s'est
réfugié de nos jours le fin du fin de la science
thérapeutique et qu'il n'y a plus que dans le
clergé
qu'on sache établir la formule d'un médicament.
C'est d'ailleurs,
pour les
prêtres en général, une belle
réhabilitation
après toutes les avanies qu'on leur a fait subir."
Mais qui se cache derrière tout ça ? Un certain
Maurice
Poulain, directeur des laboratoires marins d'Enghien, Seine-et-Oise 76,
rue du Départ, avec un dépôt
à Paris, 49,
rue de Maubeuge. L'homme se dit héritier des travaux de
l'abbé Sébire et son petit-cousin.
Enchanté !
Seulement le petit-cousin, introuvable dans mon arbre
généalogique, semble bien mal connaître
son parent.
Fin 1913, sous la signature de P. de Lorme, l'Univers publie en
feuilleton de larges extraits de la brochure de Poulain. La biographie
de son cousin curé ne manque pas de sel :
"Adolphe
Sébire
naquit à Abbeville (Somme), en 1805, fit ses
études au
grand séminaire d'Amiens et fut ordonné
prêtre
à 25 ans, vers 1830. Après les étapes
régulières de la prêtrise, nous le
retrouvons en
1859 comme aumônier principal à
l'Hôtel-Dieu
d'Abbeville, où il resta du reste
jusqu'à sa mort,
soit
pendant près de quarante ans.
Son souvenir à Abbeville
est encore présent à toutes les
mémoires de ses
contemporains qui le considéraient à
juste titre
comme un saint homme. Affable et d'un grand tact, il avait sur se
concilier toutes les sympathies de ses adversaires eux-mêmes.
Son
dévouement à soulager les misères
humaines, tant
pécuniairement qu'en mettant à profit ses
connaissances
médicales très étendues, fut un bien
bel exemple
de charité chrétienne, d'autant que le
désintéressement de ce grand philosophe
était
notoire et que le pauvre et le riche, sans aucune distinction, avait
droit à ses précieux conseils."
Bon, Sébire
ne s'appelait pas Adolphe
mais Louis. Il
n'est pas né en 1805 mais en 1804. Deux erreurs
débutent
cette biographie bien vague quant au contenu. Aucune mention de la
paroisse Saint-Sépulcre, aucune date de
décès, nulle mention de la qualité
pourtant ronflante de chanoine honoraire. En
revanche, un frère de l'abbé s'appelait bien
Adolphe. Mais il est
décédé depuis belle lurette, en 1843.
Poulain poursuit :
Abbeville
est
situé
à 15 kilomètres de la mer, et c'est dans un
périmètre de moins de 20 kilomètres
que nous
trouvons ces plages si riantes et si pittoresques qui entourent la baie
de la Somme, j'ai nommé Noyelles-sur-Mer, Le Crotoy,
Saint-Valery, Cayeux, le Hourdel etc. L'abbé
Sébire,
grand fervent de la mer, était un hôte favori de
ces lieux
charmants et son plus agréable passe-temps était
de se
livrer à l'étude de la flore marine. Son
système
était simple, à cette époque, il
paraissait
osé, mais l'état actuel de la science donne
pleinement
raison aux théories de cet humble prêtre.
L'abbé
Sébire
prétendait que la maladie ne devait pas exister et qu'elle
n'était que la conséquence de la
déchéance
organique. L'abbé Sébire prétendait
que la flore
marine était capable d'enrayer les maladies les plus graves,
non
en les traitant directement, mais en mettant l'organisme en
état de supériorité et de
défense." Un médicament, lance
Poulain, est incapable de régénérer
l'organisme. La Faculté appréciera... |

Voilà
un parent de plus en plus éloigné. Ici, dans La
Croix du
7 décembre 1913, Poulain se dit cette fois
"arrière-petit-cousin de l'abbé A.
Sébire". (Sic)
|
"Il faut,
réagit le Petit
Parisien, rendre un hommage attendri et reconnaissant à cet
humble prêtre, le vénérable
abbé Sébire, qui dota l'humanité d'une
si précieuse découverte et encourager de tout
notre pouvoir le chimiste, Maurice Poulain, son petit-cousin, qui
assuma la noble tâche de la divulguer à travers
les monde."
Mais qui est Charles Poulain !
Avant cette fin décembre 1912, date
à laquelle
la presse est arrosée de portraits de Sébire, qui
est Maurice Poulain ?
Né
le 27 janvier 1882 à Saint-Omer de Charles Poulain,
marchand, et
de Clémence Augusta Céleste Belbezet, il se
prénomme exactement Maurice Auguste Joseph. Les
témoins
de sa naissance furent Ernest Nègre, représentant
de
commerce et Alfred Haniche, maître-d'hôtel, tous de
Saint-Omer. Lorsque l'on examine la généalogie
des
Poulain, il n'y a strictement aucun lien avec ma famille normande dont
un couple alla s'établir d'Eu à
Abbeville, dans la
Somme. Les Poulain, eux, ont leurs racines dans le Pas-de-Calais, dans
le Nord. Avec un nom pareil, Céleste Belbezet aurait
essuyé bien des quolibets dans le Pays de Caux. Je vous
laisse le
soin d'établir la traduction...
Quand l'abbé Sébire trépassa
à Abbeville,
Poulain, loin de là, allait sur ses 12 ans à
Saint-Omer.
On ne voit pas bien comment il aurait hérité des
prétendus travaux d'un parent qui ne l'était
point.
Alors qu'il est étudiant en pharmacie en 1902, Poulain est
versé dans les services auxiliaires pour
obésité
très prononcée, mis en réserve du 8e
RI il sera
finalement réformé. C'est un homme de 1,76m aux
cheveux
châtain clair, L'une de ses sœurs,
Gabrielle, sera son
associée. En janvier 1904, il est est localisé
à
Douai, 24, rue de Bellair. Il se marie le 12 décembre
à
Saint-Omer avec une fille de propriétaires, Yvonne Dolain.
Pour
le meilleur et pour le pire...
Des débuts
à Amiens
Et
le pire arrivera vite. Le m. Le 30 octobre 1905, Maurice Poulain est
localisé à Abbeville par l'Armée.
Peut-être
est-ce alors qu'il a vent de l'existence de l'abbé
Sébire, mort ici 10 ans plus tôt. Il va
bientôt
s'emparer de la défroque du curé, se forger un
parenté avec lui. Mais d'où tient-il le portrait
qui va
illustrer ses produits, dune photo ancienne ? Dans ce cas où
est
le cliché original ? L'image représente un
vigoureux
soixantenaire. Si un daguerréotype a servi de
modèle, il daterait des années 1865. A
moins que ce
visage soit une pure création du dessinateur. Dans ce cas,
qui
est-il ? Autant de questions sans réponses...
En attendant, le mariage avec Yvonne Dolain, a défaut
d'être consommé est maintenant consumé.
En 1906,
Poulain met enceinte une jeune femme de 24 ans qui accouche d'un
garçon au Crotoy. La parturiente, Andrée
Villette, est née à Hazebrouck en 1882
d'un représentant de commerce.
Établi à
Amiens avec sa maîtresse, Poulain se fait un nom dans la
fabrication de tisanes, l'une contre le diabète, l'autre
l'albuminurie. En 1908, dans le Progrès
de la Somme, il se fend d'un articulet rageur : "Prenez garde !" Oui,
que le grand public se méfie des multiples
contrefaçons. Il se réserve d'ailleurs le droit
de "poursuivre ces
corsaires devant les tribunaux". Et de se targuer d'avoir
reçu du roi d'Espagne la
Cruz Roja "sur
recommandation express du gouvernement de la République
française" et à titre de "grand bienfaiteur de
l'humanité". Pour les mêmes
raisons, le grand bay de Tunis vient de le faire officier du
Nichan Iftikhar. D'où ces insignes qui apparaissent parfois
sous son portrait. Il se dit aussi "Spécialiste,
diplômé de la faculté de pharmacie et
de médecine." Spécialiste de quoi ?
Diplômé dans quelle ville ?
On apprendra plus tard qu'il est titulaire d'un simple
diplôme
d'herboriste de 1ère classe. En 1910, en tout cas, le seul
dépositaire des "véritables
tisanes Poulain"
qui suscitent "tant de
jalousies" est M. Léger, Pharmacie
principale, rue des Trois-Cailloux à Amiens. Là,
on vous
délivre gracieusement la Méthode Poulain
illustrée
par Walléry.
Le divorce avec Yvonne Dolain est prononcée par le tribunal
civil de Saint-Omer le 24 décembre 1909. Six mois plus tard,
notre herboriste convole le 21
juillet 1910 avec Andrée Villette. Le couple habite alors boulevard
Thiers, à Amiens. Maurice et Andrée en profitent
pour
légitimer leur fils qui portait jusque là le nom
de sa
mère. Deux voisins sont leur témoins : Marie
Dupuis,
épouse Acloque, 57 ans, et Charles Cuelle, 33 ans, courtier,
demeurant tous deux 41 boulevard Thiers. On note aussi le chef de gare
de Saint-Roch, Alfred Desgranges, 52 ans, et un courtier de
Buenos-Aires, Georges Gorlier, 25 ans. Mais
auréolé de son succès en pharmacie,
Poulain monte
vite
à Paris après un court séjour
à Dieppe,
villa des Lilas, rue du Général-Chanzy. A nous la
capitale...
Sur la
scène parisienne...
" On ne meurt plus
de diabète et d'albumine ".
Dès février 1911, des entrefilets fleurissent
dans la presse
parisienne. Un an plus tard, dans le
Journal,
un certain Dr de Marsenval signe un long papier sur Poulain. Au fil des
mois, il va récidiver dans plusieurs journaux sous la
signature
cette fois de J.-S. de Marseuval, voire Marseval. Pour lui,
Poulain
est "l'un
de nos botanistes les plus érudits".
Voici maintenant sept ans, explique le pseudo-journaliste, ce
chercheur,
dépourvu de patronage officiel comme le fut Pasteur,
écoule ses deux
tisanes. Résultat : 4.000 guérisons, des torrents
de
courriers dont des signatures prestigieuses. Ce noble pisse-copie n'est
autre que Maurice en personne. Les établissement
Poulain & Cie sont au 27 de la rue
Saint-Lazare. En attendant de commercialiser les remèdes de
l'abbé Sébire à Enghien.
Les rires se
déclenchent
En avril 1913, Poulain
est condamné pour exercice
illégale de la médecine. Ses tisanes sont saisies
et
analysées par le Pr Pouchet, de la Faculté de
Paris. Une
autre condamnation lui pend au nez pour exercice illégal de
la
pharmacie. Une longue procédure commence...
Dès
janvier 1914, le doute s'installe également quant au
Régénérateur Sébire. La
jouvence de
l'abbé Soury, mort en 1810, est exploitée
elle-aussi par
un petit-neveu. Ce qui fait rire Le
Vieux Papier, une société
archéologique :
Le coup du
« Petit-neveu
» a fait école. Le
Régénérateur de la
Vie, de l'abbé Sébire, ancien aumônier
de
l'Hôtel-Dieu d'Abbeville, mort vers 1890, est
exploité
aussi par un petit-neveu qui, en fait de réclame, en
remontrerait aux yankees. A l'en croire, le grand-oncle avait
découvert que d'innombrables peuplades
possédaient le
secret de la longévité, dû à
l'usage
qu'elles faisaient pour leur nourriture, d'algues et de varechs marins
; c'est en effet de ces plantes marines qu'il tira un
médicament
héroïque. Le petit-neveu, se disant chimiste
diététique, invoquant Darwin et d'autres savants,
proclame urbi et orbi qu'il guérit les tuberculeux ;
naturellement il a reçu des flots de lettres de
félicitations ; mais, innovation, il en a reçu en
vers ;
en voici un spécimen.
LE PLUS GRAND DES
VAINQUEURS
(Sonnet)
Celui
qui donne à tous la force et la vaillance,
L'inventeur de ce bon
et seul « suraliment »,
Régal des
vrais gourmets, puisqu'il est excellent
Et protège
des maux ou guérit la souffrance ;
Ce modeste savant,
regretté de la France,
Qui sut prendre
à la mer cet « extrait » succulent
Que les algues
pourtant gardaient secrètement :
Le «
Régénérateur » à
la toute puissance ;
Ce héros n'est-il pas le plus grand des vainqueurs ?
N'est il pas le premier parmi les bienfaiteurs ?
Ne doit-il pas hommage à feu l'abbé
Sébire ?
Si la tuberculose est « guérissable »
enfin,
C'est grâce à ce saint homme et — nous
devons le dire —
A son digne héritier, le chimiste Poulain.
C'est signé
: Léon Bonnenfant, publiciste (Médaille d'honneur
de la Société
de Préservation de la Tuberculose), 16, rue du Milieu,
à Ivry-sur-Seine.
Le Poulain
chanté en cet immortel sonnet, est le petit-neveu de feu
l'abbé Sébire.
Dans un pays voisin,
trop voisin même, il y a un souverain qui joue constamment du cadavre avec
son inoubliable grand-père. En pharmacie, c'est avec un grand-oncle....
Si
l'abbé Sébire a ses détracteurs, il a
tout de
même de fervents supporters. En mars 1914, un long article du
Journal
affirme que le
stand de Poulain s'est taillé un franc
succès à l'Exposition du Confort Moderne. Son
président, le Dr Lombard, n'a pas
ménagé ses
compliments, partagés du reste par ses éminents
confrères, les docteurs Truffier et Charpentier, membres du
jury. Dans la légende photo, on fait même
figurer un caractère typographique rappelant celui
d'officier la Légion
d'Honneur. Vous le chercherez en vain dans la base Léonore
rassemblant tous les décorés du ruban rouge...
Ces
insignes sont ceux des prétendues décorations
obtenues en
Espagne et en Tunisie par notre grand bienfaiteur de
l'humanité.
Mais revenons à l'exposition du Confort Moderne. "Le journal La Terre nous
apprend que Poulain a reçu la médaille d'Or. Suit
un publi-reportage accompagné d'un mauvais
portrait ainsi légendé : M. M. Poulain, Docteur des
laboratoires Marins. Docteur ! Le journal aurait sans
doute
plaidé qu'il s'agissait-là d'une coquille dans ce
milieu d'algues et de varechs. Mais
certaines réclames usent
d'une habile supercherie. L'adresse du labo est
rédigée
avec une abréviation de Directeur pouvant
être
interprétée comme Docteur : " M. Poulain, Dr des
laboratoires marins ". Et le tour est joué...
Maintenant, qu'il usurpe ou pas le titre de médecin, Poulain
reste
avant tout un homme d'affaires. En juin 1914, c'est avec la
qualité de
"fabricant de produits alimentaires" qu'il
vend la marque "Algaliment" à un droguiste de Saumur,
Auguste Valetaud. Il est
associé à sa sœur, Gabrielle Poulain, " divorcée de Paul
Louis Arthur Godefroy "
et domiciliée 40 rue de Longueville à Saint-Omer,
Pas-de-Calais. Ah ! Voilà qui nous rapproche du littoral. On
commençait à se demander
comment pouvait-on
commercialiser des algues marines en Seine-et-Oise...
C'est le 2 juin 1911 que Gabrielle Poulain a divorcé du
sieur
Godefroy,
sous-économe du lycée Félix-Faure,
à
Beauvais alors qu'elle
résidait séparément 27, rue
Saint-Lazare, chez son frère. Après quoi, elle
s'établit à Saint-Omer. Son divorce fut
prononcé
à ses torts. En 1912, elle déposait la marque
"Algaliment' au
tribunal de
commerce de la Seine. Or le 27 de la rue Saint-Lazare est justement
l'adresse des établissements où se fabriquaient
les tisanes Poulain jusqu'en décembre 1912.
"Malades, voici le
salut !"
s'enhardit dans la presse le sieur Poulain. Foin des drogues et des
médicaments !
" La merveilleuse découverte de l'abbé
Sébire a été communiqué
à
l'Académie de Médecine et l'Académie
des Sciences
par le Dr L. de Rochemont. " Dans ce cas...
Type de placard
publicitaire paru dans le Petit-Parisien. Le portrait est
légendé Abbé
Adolphe Sébire, ancien aumônier de
l'Hôtel-Dieu d'Abbeville, grossière
erreur de prénom. En revanche, les
signataires de lettres de satisfaction semblent authentiques, tels
l'abbé Japiot, curé d'Aujeurre, l'abbé
Perrogon, curé de Champagnolles...
Au
début de 1914, et ce n'est pas la première fois,
le 27 de
la rue Saint-Lazare est le cadre d'un fait-divers. Un pharmacien, le
sieur Guérin, vend lui aussi par correspondance ses
spécialités. Or le concierge de l'immeuble, Paul
Moine,
détournait les mandats qui lui étaient
adressés.
Poulain semble avoir échappé à cet
escroc. Entre
confrères...
Dans le Petit-Journal
du 8 mars 1914, c'est encore un article élogieux
signé
cette fois du Dr Verax. Un médecin de Tunis, le Dr Dinguizli
a
étudié le diabète. Le Pr Robin vient
d'en faire le
rapport devant ses pairs. Conclusion : la maladie a trouvé
son
maître dans la tisane Poulain. "l'Académie
de Médecine elle-même reconnaît que la
méthode Poulain était dans le vrai et que les
incrédules devront s'incliner devant ce
témoignage
officiel et désintéressé." Reconnaissance
tardive, juge le Dr Verax, car Poulain aurait-il rejoint son cousin au
paradis des saints ? C'est ce que l'article laisse à penser
:
" Les
disciples de Poulain ont continué son œuvre, ils
restent à la disposition des malades."
La procédure pour exercice illégal de la
pharmacie court
toujours. Si Poulain fait le mort, histoire d'éteindre
l'action
de la Justice, son adresse demeure la même : 27, rue
Saint-Lazare.
Profiteur
de guerre !
Quand sonne la mobilisation, l'herboriste échappe
à la
conscription. Réformé en 1911, cette
décision est
confirmée en décembre
14.
Durant la Grande guerre, Poulain ne perd pas le nord. Au 31 de la rue
Le Peletier, à Paris, il commercialise un colis
destiné
aux Poilus et présenté comme le " ravitaillement intensif
des tranchées ". Il comprend 24 tablettes de
"Supraliment"
à la kola, coca et autre maté pour supprimer la
faim, la
soif, la fatigue et donner de l'énergie, six potages de
l'abbé Sébire, du pâté de
foie, de la
confiture, six dragées-infusions pour boissons chaudes et un
réchaud Poulain à l'alcool solidifié. L'Intransigeant
en fait la réclame :
"On se plaint parfois que les colis adressés aux soldats
n'arrivent pas",
écrit Le Wattman, Ce n'est pas le cas des colis-poulain qui,
expédiés comme une lettre recommandée,
pesant un
kilo et contenant tout ce qu'il faut sont toujours
distribués
rapidement par les soins du vaguemestre...
Un kilo ? On image la taille du réchaud...
Le doute
s'accentue
Peu après, le journal Le
Bonnet Rouge lui fait une contre-publicité
cinglante en titrant :
M. Poulain n'aime pas
les chiens
Si M. Poulain.,
d'Enghien,
s'intéresse au sort des
déshérités de
la vie en vendant sous le nom de l'abbé Sébire,
une tisane
qui
guérit les tuberculeux, les anémiés ;
s'il
recommande par l'organe des grands quotidiens
un produit en tablettes destiné à nos poilus et
qui doit
remplacer avantageusement le rata du cuistot, ce personnage qui
exploite la clientèle amie des ecclésiastiques,
ne s'est
pas inspiré de l'avis répandu à
profusion et
qu'on rencontre à chaque pas dans nos rues de Paris :
«
Soyez bons pour les animaux ».
Ce monsieur
a, en effet,
été l'objet d'une plainte pour avoir
jeté sur la
tête d'un magnifique berger un corrosif qui lui
brûla les
yeux et la gorge.
M. Poulain qui
aurait eu
intérêt à rester tranquille, a.
attiré sur
lui l'attention des autorités qui
précisément
enquêtent à l'heure actuelle sur les escroqueries
de tous
ceux qui, ainsi que le signale notre confrère
L'Humanité vendent des prétendus
extraits, des
comprimés douteux, des essences improbables qui, sans
être
absolument nocifs, ne sont pas nutritifs pour le demi-quart du prix
qu'on en demande. »
Paris-Midi emboîte le pas de ses concurrents.
" Les curés guérisseurs se multiplient dans des
proportions, non pas précisément
inquiétantes,
mais stupéfiantes. la simple lecture des annonces suivantes
nous
a plongé dans des abîmes de rêverie : Si
vous
reprenez du poids, c'est la guérison. Le
Régénérateur de la vie de
l'abbé
Sébire fait grossir de 5 kilos en un mois.
Méthode gratis
et franco. Laboratoire : 6, rue de l'Abreuvoir, Evreux ".
Tiens, une nouvelle adresse. Pourtant, on retrouvera encore celle
d'Enghien dans les années qui suivent.
Tandis que Poulain se fait refouler des sociétés
savantes qu'il sollicite pour enjoliver son catalogue, le Ruy-Blas est
l'un de ses plus farouches détracteurs. L'hebdomadaire
révèle qu'une instruction est ouverte depuis
plusieurs
mois. L'affaire se trouve à présent entre les
mains du juge d'instruction Saumandre. Les experts ayant
constaté l'inconsistance du produit vendu par notre
prétendu chimiste. Parmi eux, un professeur
agrégé
du nom de... Labbé. Pour l'abbé Sébire
en
revanche, tout risque de se désagréger : "
on peut se demander si l'on n'aura pas la douleur de voir
avant
peu ce vénérable ecclésiastique sur
les
bancs de la
8e chambre qui est spécialisée dans ce genre
d'affaires.
Il est vrai que la religion n'y subira aucune atteinte, car depuis
longtemps Sébire est retournée au paradis des
bienfaiteurs de l'humanité et s'il répond aux
juges, ce
sera en la personne de M. Poulain son représentant sur
terre."
A la suite d'entrefilets jugés
désobligeants,
celui-ci l'a en effet avoué à la
rédaction :
son petit-cousin est mort en 1890. Encore une erreur biographique.
C'est en 1894. Mais est-il bien décédé
dans l'esprit du grand public ?
Les réclames entretiennent habilement la confusion. Du coup,
dans le Carnet de la
Semaine, sa tête est mise à prix : "
Un abonné, qui est un croyant (cela peut arriver) nous
écrit qu'il offrira une prime importante à celui
qui
pourra lui présenter en chair et en os de fameux
abbé
Sébire qui guérit toutes les maladies par des
recettes
connues de lui seul... à Enghien-les-Bains. Cet
abonné
n'a confiance que dans les prêtres. Mais il veut
être
certain qu'il a bien affaire à un serviteur de Dieu. La
parole
est à M. Poulain..."
Et
Sébire disparaît
Du coup, Poulain a l'idée de
commercialiser le même produit, non plus sous le nom
de
Régénérateur de la vie,
mais celui de Maraliment.
Le nom de l'abbé Sébire disparaît de
nombre de
publicités. Explication : s'étant une nouvelle
fois
fait épingler en février 1916 dans les colonnes de Ruy Blas, Poulain
répond qu'il n' a pas pensé prendre une marque
plus critiquable que la Chartreuse ou la Vieille Cure en en utilisant
le nom de son parent. "Pour
éviter à l'avenir toute critique de cette nature
et ne plus prêter à de regrettables assimilations,
il a décidé de supprimer purement et simplement
la marque qu'il avait opté à l'origine. Dont
acte."
"Par la
Grâce de Dieu"... Réclame dans la
Baïonnette sans mention du nom de Sébire.
Avec
ou sans Sébire, Poulain ne manque pas d'imagination pour
vendre ses "cures
d'embonpoint" aux Gueules cassées :
"
L'attention du service de santé a été
spécialement attirée par le cas
des innombrables blessés de la bouche. En effet, la
mastication, pour
la plupart, est impossible, et l'on cherche, pour eux, à
remplacer
complètement la viande par un aliment aussi nutritif qui
n'ait pas
besoin d'être mastiqué. Or, cet aliment existe et
nous le signalons aux
services compétents : c'est le Maraliment." Et
d'assurer que le Dr Livet a adressé un mémoire
aux Académies à ce sujet. Un de plus...
... et
Sébire réapparaît
Mais,
selon l'implacable Ruy
Blas,
les démêlés de Poulain se poursuivent
devant la justice. Et ce, malgré son
changement de marque, malgré les talents d'un avocat bien
connu dans le
monde politique. D'ailleurs, le nom du curé refait
régulièrement surface et, pour le mordant
hebdomadaire, il ne fait aucun doute que
l'abbé
Sébire, "ce
prétendu prêtre" et Maurice Poulain
ne font qu'une seule et même personne : Poulain ! Oui,
insiste le journal, "
ces faux abbés Sébire, Warré, Mazel,
Hamon sont
représentés sur terre par des potards ou des
herboristes sans scrupules." C'est encore le Ruy Blas qui
écrit en décembre 17 : "
Quant à un certain abbé Sébire, autre
charlatan en
soutane, très entreprenant, dont il fut beaucoup
parlé,
celui-là n'existe plus. Comme dans les romans
policiers,
il a mystérieusement disparu. M. Poulain l'a tué
et
même pendant qu'il y était a essayé un
jour de
faire croire à la justice — pour obtenir une
remise
d'audience dans un procès qui l'embarrassait fort
— qu'il
était mort lui-même, ce qui ne prit du reste pas.
Mais cela
ne l'empêche pas de continuer sous l'œil
bienveillant de la magistrature à faire grossir les poires."

Réclame parue dans
l'Ami du Peuple de mard 1929. Le portrait a été
simplifié.
"L'abbé
Sébire-Poulain aura-t-il sa statue sur les bords du lac
d'Enghien ?"
interroge un journal satirique. Tout ceci nous mène
jusqu'à l'armistice. Meurtris dans leur chair, les
rescapés de la grande boucherie constituent un
marché
juteux.
Après
guerre, Maurice Poulain poursuit vaille-que-vaille sa campagne pour le
Maraliment avec ce slogan :
"Salut des désespérés". Et le portrait de
l'abbé Sébire apparaît encore et encore
ainsi
que la mention Régénérateur
de la vie.
Quant aux Tisanes Poulain, elles existent toujours, 27, rue
Saint-Lazare. Et ce, malgré une condamnation du 7 novembre
1919
à 3.000 F d'amende pour tromperie sur la marchandise vendue
et
exercice illégal de la pharmacie.
"L'abbé
Sébire annonce qu'il guérit les cors aux pieds,
s'esclaffe le Petit
Bleu de Paris, Le Digne homme ! Il prend soin tout à la fois
de nos âmes et de nos cors."
Dans les années 20, des condamnations pleuvent par-ci
par-là sur les margoulins. Mais ils continuent leurs
œuvres. Si l'on se fie à la presse, les laboratoires
Poulain se déplacent d'Enghien
à
Paris, 191,
Faubourg Saint-Antoine puis 89, boulevard de
Sébastopol. Après quoi, l'Armée
repère son
réformé au 3, rue Lamartine, à
Soisy-sous-Montmorency.
Le voilà
ingénieur-chimiste !
Non
seulement il poursuit sa carrière en toute
impunité, mais
Poulain élargit sa palette. Depuis son laboratoire des
phocéens, 33, rue Pastorelli, à Nice, il
commercialise un
régénérateur d'essence consistant en
un "bolide",
c'est-à-dire un machin cylindrique qui se suspend dans le
réservoir d'une auto ou d'une moto. " Procédé
inventé par le Dr Poulain de Maceval,
ingénieur-chimiste diplômé. " Et
de se dire membre de la Société des
ingénieurs
civils de France, du Syndicat professionnel des
ingénieurs-chimistes français et du cercle de la
chimie
de Paris, expert agréé par le tribunal de
commerce de
Nice, délégué de l'ADRM
(faculté de
médecine de Paris), Major honoraire du bataillon militaire
sanitaire de SAR le duc d'Aoste, Principe di Piemonte,
lauréat
de l'Académie Physico-chimique de Palerme.
Major de bataillon ! Réformé pour
obésité,
voilà un joli tour de force. Mais c'est avec
fière allure
qu'il présente à la foire automobile de
37 le
Gazolyseur Poulain qui permet d'économiser l'essence avec de
l'eau. Ses brevets sont déposés tant en France
qu'à l'étranger, notamment en Belgique.
Poulain a racheté aussi les vaccins Prud'homme, pour
préserver de la loque et guérir les Abeilles.
Ce
qui lui a valu une médaille d'argent de la
Société
méridionale d'apiculture de Toulouse.
A Saint-Omer, ville natale de Poulain, on suit de loin la
brillante carrière de l'enfant du pays. La mairie sait qu'il
se
fait appeler Poulain de Marceval, Docteur en
médecine et professeur honoraire de matière
médicale à Washington, qu'il réside
en novembre 1924 à Nice, Villa Fleurie, 33, avenue de
Villermont. Il y est toujours le 18 juillet 1932. Ces informations
figurent sous forme de mention marginale à l'acte de
naissance
de Poulain, ce qui est exceptionnel.
Non datée, une "
lettre de Nice du prétendu médecin Poulain de
Marceval", fut adressée à Mussolini
:
"Excellence, si
l'ulcère
dont vous souffrez est situé dans la partie
supérieure de
l'estomac (avant le diaphragme), je m'estime capable de vous
guérir sans opération... uniquement par des
herbes
préparées en tisanes. Ces plantes sont totalement
inoffensives et ont déjà guéri, sur
mes
indications, plus de 20 patients affectés du même
mal."
Avant d'établir dans le Sud de la France,
le Dr
Maurice Poulain de Marceval est signalé 5, rue
Henri-de-Borgnier
à Paris.
Avec ses titres usurpés, il apparaît comme
collaborateur du XXe
siècle médical et scientifique et du "Médecin
français" Dans "l'Informateur
médical" de
1933, on voit apparaître le nom de Poulain de Marceval parmi
les
souscripteurs au jubilé et la fondation de Clemenceau.
Il
est par ailleurs cité dans l'annuaire de l'union
médicale
franco-hispano-américaine. Là, il se dit
Médaille
d'Or de l'Encouragement au bien, titulaire de la Cruz-Roja, chevalier
de Villaviciosa, Docteur et professeur honoraire
diplômé
comme on l'a vu aux USA,
correspondant-délégué de
plusieurs faculté américaines et anglaises,
membre
titulaire de la Société d'hydrologie et de
climatologie
de la faculté de Toulouse, sans parler de ses titres
d'ingénieur et d'expert. Poulain de Marceval prend la
précaution de préciser cependant qu'il n'exerce
pas la
médecine en France.
Épinglé
pour escroquerie
En
1937, année où Poulain adhère
à l'Automobile-club de Nice et Côte-d'Azur, Le Radical de Marseille et
plusieurs journaux le coulent au pilori :
Nice, 13 Mai. M. Poulain de Marceval. qui exploite une fabrique de
médicaments avenue de Cimiez a Nice, fait suivre son nom,
sur
les prospectus qu il envoie a travers le monde des titre suivants :
« Docteur ès sciences U. S. A., professeur
honoraire en
matières médicales, capitaine sanitaire
honoraire, du
bataillon sanitaire Prince-de-Piémont ».
Mais il ne possède aucun diplôme
français et c est
pourquoi il s’est assuré, pour diriger son
laboratoire, la
la collaboration d'un docteur en médecine et d'un pharmacien
dûment patenté.
De cette façon, le professeur honore en matières
médicales peut facilement fabriquer toutes sortes de
produits
médicamenteux qu’il livre au commerce
grâce
à une publicité bien comprise.
L'une de ses dernières découvertes est
particulièrement intéressante.
La santé pour tous
Elle est destinée a conserver une santé parfaite
à
tous ceux qui ne sont pas malades ou à combattre les pires
maux
de ceux qui sont atteints,
Cette découverte, son inventeur explique qu'il l'a faite
grâce a ses dons merveilleux de radiesthésiste et
aussi
à une année de labeur de plus de cinq heures par
jour, ce
qui lui a permis de se rendre compte que, pour se bien porter, il
faut avoir en soi les quatre-vingt-douze corps simples de la
chimie composant notre corps, lesquels vibrent et oscillent normalement.
Le médaillon
Comme tout le monde n a pas en soi quatre-vingt-douze corps simples, le
Docteur « ès sciences U. S. A.» s'est
ingénié à découvrir le
moyen de
suppléer à cette déficience pour
certains et
affirme dans ses prospectus qu’il a réussi.
Pour cela, il concentre en quantités
infinitésimales ces
fameux quatre-vingt-douze corps simples dans un petit
médaillon.
On place celui-ci sur le plexus solaire, les vibrations qui
s’en
dégagent compensent les déficiences possibles, de
façon à neutraliser le lugubre concert des
«
harmonies funèbres ». vectrices des maladies
humaines et
animales.
Pour 30 francs
On voit que !e procédé n'est pas trop facile. Il
n'en
coûte que 30 francs a celui qui, estimant que la
santé est
le meilleur des biens sur cette terre, veut se
l’assurer
pour toujours. Mais pour ceux qui sont
déjà atteints
d'une maladie grave, telle que la tuberculose, le cancer la
situation est toute différente. Les
quantités
infinitésimales des quatre-vingt-douze corps simples
réunis dans le médaillon ne suffisent pas
pour chasser ces maux qui ne pardonnent pas
; mais que
les malades se rassurent Le professeur en matières
médicales à trouvé le moyen
de réunir
dans le mirifique médaillon tout ce qu’il faut
pour chasser le mal.
Toutefois, les recherches pour ces cas ont été
plus
difficiles ; il faudra verser 50 francs au lieu de 30 : et
même,
pour des cas spéciaux, le bienfaiteur de
l’humanité
pourra, après un examen radiesthésique personnel
ou
effectué a distance. composer un talisman spirituel
d’amour, de chance et de bonheur le plus puissant du monde.
Escroquerie
Mais, cette fois, il faudra verser 100 francs. Voilà ce
qu'explique M. Poulain de Marceval dans les prospectus qui sont
tombés entre les mains de médecins peu
crédules
qui ont signalé ces importantes découvertes au
ministre de la
Santé publique.
Celui-ci, sceptique également quant a la valeur
scientifique de ces médaillons s’est
adressé
à son collègue de la Justice.
Le garde des Sceaux a aussitôt chargé le Parquet
de Nice
de s'occuper de cette affaire, et les magistrats qui en ont
été saisis, très
prosaïques, se sont
refusés à croire au magnifique
procédé
du médaillon mystérieux appliqué sur
le plexus
solaire et ils ont simplement qualifié la
découverte
d’escroquerie.
En 1938 dans L'Avenir
du Tonkin, en 1940, dans La Démocratie,
organe
républicain indépendant du prolétariat
de la Réunion, on trouvait encore la
proposition suivante : "Voulez-vous
regagner la santé ? Écrivez au centre
radiesthésique
Poulain de Marceval, 9, rue Jean-Aicard, Saint-Raphaël (Var)
en
joignant une mèche de vos cheveux et 10F. Un livre pour vous
soigner sera joint à l'examen."
Le nom de Poulain de Marceval figurait encore dans
l'annuaire de Saint-Raphaël de 1948 avec plateau Notre-Dame
pour
adresse,
Épilogue
A
ma connaissance, le dernière publicité pour le
Régénérateur de vie de
l'aumônier de
l'Hôtel-Dieu d'Abbeville parut dans la Dépêche de
Toulouse du 24 décembre 32.
Joyeux Noël ! C'est
donc dans les années qui suivent que Maurice Poulain semble
enfin
laisser en paix l'âme de l'abbé
Sébire, mon
pauvre arrière-grand-oncle qui n'avait rien
demandé. Requiescat in pace.
Laurent QUEVILLY.
Notes
Ma
quête
d'un chanoine Sébire m'a parfois amusé. Le hasard
m'a fait découvrir un Jean Sébire
enterré dans la cathédrale de Rouen en 1493. Son
testament exigea que les messes à sa mémoire soit
célébrées par de notables gens
d'église "non
suspects d'incontinence et de lubricité". Cet
antique chanoine Sébire chargeait ses exécuteurs
testamentaires d'y veiller.
A l'époque qui nous intéresse, j'ai cru tenir mon
homme en la personne d'Albert Sébire, professeur au
séminaire de Paris, supérieur
du petit séminaire d'Évreux en 1855,
nommé en
1863
à la cure de Verneuil puis au chapitre de la
cathédrale d'Évreux en 1867. Il y
siégeait
toujours en 1880. Né en 1812, la même
année que le père de Clémentine, il
n'est pas de
notre famille.
En août 1928, Léon-Louis Sébire,
curé de Torcy-le-Grand, surprend un pilleur de tronc dans
son église. Armé d'un browning, il le met en joue
jusqu'à ce qu'un robuste paroissien s'empare de ce repris de
justice nommé Lucien Paquelie, 29 ans. Ce
Sébire-là a
été professeur à l'institution
Join-Lambert de Boisguillaume puis nommé curé de
Sévis en 1900 et de Torcy en 1909. Il sera
mobilisé
durant la Grande Guerre. Né au Havre le 24
décembre 1869
de Frédéric Alexandre Jules Sébire et
de Julie Augustine Despois, lui aussi est étranger
à ma
famille...
Yvonne Dolant, première femme de Poulain, était
fille
d'Albert François et Julie Sabine Séraphine
Guermont,
propriétaires. Au mariage, en 1904 à Saint-Omer,
les
témoins furent Gustave Poulain, rentier à Lille,
Paul
Souquet, proviseur du lycée, 56 ans, officier de
l'Instruction
publique, Julien Bénit, économe du
lycée, 40 ans,
officier d'Académie, Tous deux de Saint-Omer enfin Alfred
Martin, marchand tailleur, beau-frère de
l'épouse, Lille.
Les parents de Poulain se sont mariés le 29 août
1878
à Saint-Omer. Charles Poulain est né à
Douai le 24
avril 1853 de Henri Louis Joseph Poulain, entrepreneur et
Stéphanie Dermoncourt, domiciliés à
Douai.
Clémence Augusta Céleste Belbezet, la
mariée, est
née à Saint-Omer en 1853, fille
d'Antoine Augustin
Belbezet, décédé à Douai le
3 novembre 1875
et Juliette Adeline Dorge, marchande de chaussures. Témoins
:
Amédé Poulain, entrepreneur, 29 ans, Douai, et Gustave
Poulain, employé de commerce, 27 ans, Lille, tous deux dits
frères germains de l'époux, Adolphe
Desmontil, chef d'escadron en retraite à Neuilly,
Officier
de la Légion d'Honneur, 55 ans, Charles Vaast, 28 ans,
beau-frère de l'époux, constructeur à
Lille
Andrée Sidonie Emédie Villette, seconde
épouse de
Poulain, est née à Hazebrouck le 12
décembre 1882
d'Alfred Louuis Raphaël Villette, représentant, et
d'Emélie Marie Tesse, demeurant rue de Paris à
Douai.
Elle accouche au Crotoy de 27 juillet 1907 de Charles Gabriel
Clément VIllette, légitimé par mariage
en juillet
1910. Elle est décédée à
Saint-Raphaël
le 25 avril 1979. Son fils l'avait
précédée dans
la tombe à Fréjus le 6 février 1973.
Dont
descendance et je salue ici mes "petit-cousins".
Forestier, agronome, Louis Sébire, mon lointain cousin, est
l'auteur d'une histoire de son village d'Ussy parue en 1994 ainsi que
d'une généalogie familiale. J'aimerais rentrer en
contact
avec ses enfants.
Sources
Ussy, mon village,
Louis Sébire, 1994
Incendie
du Saint-Sépulcre : Le
Pays, 4 février 1853.
Vente des propriétés Beaurin : La Vigie de Dieppe,
6 juillet 1855.
Recensement de 1881, Abbeville, archives de la Somme.
Bulletin de la Société d'Emulation d'Abbeville,
1881.
Tables décennales d'Abbeville, archives de la Somme.
Naissance Villette, Hazebrouck / N [1871-1882]5 Mi 038b R 011, p. 1132.
Mariage Poulain-Villette, archives municipales d'Amiens en ligne, 1910,
p. 477.
Procès pour exercice illégale de la
médecine : La
Loi, 4 juin 1815.
Affaire Guérin, Le
Petit Troyen, 23 février 1914.
Lettre à Mussolini : L'homme
de la providence, Antonia Scurati, 2021.
Affaire du médaillon, Le
Radical de Marseille, 13 mai 1937.
L'Univers,
26 novembre et 3 décembre 1913. Bulletin de la
Société archéologique, historique
& artistique le Vieux, 1er janvier 1914, Le Journal, 9 mars
1914. La Terre,
5 avril 1914. Le Petit
Parisien, 14 avril 1914, L'Intransigeant, 28
février 1915, Le
Bonnet Rouge, 7 mai 1915, Paris-Midi, 6
septembre 1916, Le
Carnet de la Semaine, 12 novembre 1916, La
Baïonnette, 17 mai 1917, L'Ami du Peuple,
28 mars 1929, L'Ami du
peuple, 128 octobre 1932.
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