Voici la présentation de la commune dans le répertoire archéologique de l'abbé Cochet et la Géographie de Bunel et Tougard.

SAINT-PIERRE-DE-VARENGEVILLE. Formée des deux anciennes paroisses de Saint-Pierre et de Notre-Dame de Varengeville. L'agglomération totale était autrefois connue sous le nom de Varengeville-la-Chaussée et de Varengeville-sur-Duclair. Aujourd'hui elle a pris le nom de Saint-Pierre-de-Varengeville. La paroisse et la commune de Notre-Dame ont été supprimées en 1893 et l'église démolie la même année. 

[| Ep. gauloise. Roches naturelles mais légendaires connues sous le nom de Chaire ou de Chaise de Gargantua, placées sur le penchant de la colline qui borde la Seine. (Voir la Normandie romanesque et merveilleuse de Mlle A. Bosquet, p. 193.) Dans une charte du XIIe siècle ces pierres portent le nom de Curia gigantis. — Vaste enceinte fortifiée sur les coteaux qui bordent la Seine et que cachent les bois de Varengeville. Ce camp est défendu du côté de la plaine par un triple fossé; le vallum est profond et le retranchement très élevé. Vers l'ouest un seul retranchement borde le vallon de L'Asnerie, et, du côté de la Seine, la seule défense est l'abrupt naturel de la falaise. On assure que ce camp contenait deux cents acres. Les gens du pays l'appellent les Portes de la ville, le Catelier ou la Ville des Cateliers. 

[| Ep. romaine. Voie antique allant de Rouen à Lillebonne; les traces en subsistent encore, reconnaissables à de gros silex rouges. Monnaie de bronze d'Antonin. Un Néron trouvé dans un défrichement en 1862, au milieu de poteries et de murs antiques. Meule à broyer rencontrée au hameau de la Fontaine; au musée de Rouen. I-ampe de terre trouvée au même lieu. 

[| Moyen-âge. L'église, sous le vocable de Saint-Pierre, possédait des parties romanes bien caractérisées. Les fenêtres avaient été refaites en 1784. Le pignon occidental, le joli porche de pierre qui le précédait et la porte en bois étaient de la Renaissance. Sur le mur, à l'intérieur, était un dessin de carrelage du XVIe siècle. Deux inscriptions sur marbre noir : l'une est la fondation d'un curé, au XVIIe siècle; l'autre, l'inscription tumulaire d'un chevalier de Saint-Jean-de-Jérusalem, mort en 1673. L'église a été entièrement refaite à partir de 1861, dans le style roman. — Jolie croix de pierre dans le cimetière, composée d'une colonne corinthienne cannelée qui peut dater du temps de Louis XIII. — Chapelle de Saint-Gilles, placée dans le bois, oratoire du XVIIe et du XVIIIe siècle, objet d'un pèlerinage. — Chapelle de Sainte-Anne, au hameau de la Fontaine, construite dans la salle d'un ancien château fort dont il reste encore des murailles en pierre très épaisses et l'encorbellement d'une tourelle. Elle a été restaurée il y a une dizaine d'années.



 S.-PIERRE-DE-VARENGEVILLE. — 1,316 hab.., 1,323 hect. sur une plaine de 106-128 m. d'alt., que bordent les falaises de la Seine (rive droite). —  Routes dép. n° 4, 13. Chemins n° 43, 86. — 12 de Duclair (6 km), à 14 kil. de Rouen. Succursale, bureau de bienfaisance . — Filatures.

L'église a été reconstruite depuis 1861 dans le style roman, qui était celui de l'édifice primitif. La chapelle S.-Gilles, but de pèlerinage très fréquenté le 1er septembre, dépendait autrefois de l'abbaye de S-Wandrille. Ce fut peut-être un ermitage où des moines vivaient dans la solitude.

Le château appartint aux de Beaumets, dont le dernier descendant était doyen des conseillers au Parlement de Normandie. Un autre de Beaumets fut tué à Quiberon.
         

Cette commune est communément appelée simplement Varengeville, et c'est l'ancien nom du pays.
On n'a ajouté les mots S.-Pierre que pour désigner celle des églises qui subsiste encore. Car Varengeville renfermait deux églises paroissiales : S.-Pierre et N.-Dame, toutes deux citées au XIIe siècle.
La première fut à cet époque donnée au prieuré de S.-Lô de Rouen; l'autre appartenait à l'abbaye de Jumiéges, qui la céda aux seigneurs de Clères, avant le milieu du XIIIe siècle. Il y avait en outre à S.-Pierre un vicaire dont la juridiction s'étendait sur 20 familles. La population de tout le village ne montait qu'à 550 habitants environ (108 feux). Il paraît bien néanmoins que Varengeville eut très anciennement une importance considérable. Une tradition de ville détruite est fortifiée par des antiquités romaines assez nombreuses (voie, monnaies, poteries, murailles, etc.). Enfin un vaste camp gaulois, d'une contenance de 200 acres, défend très bien les coteaux qui dominent la Seine. On l'appelle dans le pays, suivant M. l'abbé Cochet, les Portes de la Ville, le Câtelier ou la Ville des Câteliers .

Le hameau d'Hectot, voisin de l'ancienne église S.- Pierre , fut peut-être le lieu de la station des reliques de S. Widfran citée ailleurs (Arrondissement d'Yvetot, p. 307-308) . Au hameau de la Fontaine, le manoir seigneurial en pierre et flanqué de quatre tourelles est aujourd'hui détruit : mais la chapelle subsiste toujours. Elle est dédiée à Ste Anne, que des pèlerins viennent prier. S. Philippe et S. Jacques furent ses patrons primitifs. Au XVIIIe siècle, elle était desservie par le curé d'Ambourville. Peut-être faut-il placer ici une chapelle de la Fontaine, citée par M. de Beaurepaire, que les Cordeliers bâtirent en 1404. Cependant la nôtre est citée dès le XIe siècle.

Les matelots et les passagers de ce lieu disaient ordinairement suivant un anonyme : « Entre Duclair et la Fontaine, c'est le plus profond de Rouen jusqu'à la mer. » Cela tient apparemment à ce que la Seine est ici extrême ment étroite. Ce fut là que les Prussiens coulèrent plusieurs navires anglais et placèrent des torpilles pour interdire l'approche de Rouen aux bâtiments de l'État. Ces torpilles, d'ailleurs mal faites, furent construites à Rouen par les Allemands eux-mêmes, dans les ateliers de MM. Rénaux qui refusèrent absolument de concourir, eux et leurs ouvriers, à une pareille besogne.

La chaise de Gargantua ainsi appelée dès 1093, est formée au-dessus des rives de la Seine de deux roches assez semblables aux bras d'un gigantesque fauteuil, dont le fond est dessiné par un pli du terrain .

Hameaux. — L'Annerie, 71 hab. — Beaumets, 12. — L'Aulnay, 16. — Le Bourg-Joli, 75. — Le Bout-de-la-Ville, 11. — Les Broches, 48. — Candos, 105. — Les Crépins, 4. — La Fontaine, 9. — Gargantua, 8.— S. -Gilles, 19. — Le Haridon, 43.— Les Mailles, 47. — Le Rudillon, 75. — Le Val, 88. —  Les Vieux, 161. — Le Village, 594.