Dossier : Laurent
Quevilly
En 1850, aux Vieux, un phénomène inexpliqué affectait l'auberge de la veuve Piedefer. On en parla jusque dans la Gazette du Languedoc. C'est dire...

Un ancien commerce des Vieux (photo Alain Guyomard).
Au
hameau des Vieux habite une veuve Piedefer qui tient un
débit de
tabac auquel elle a annexé un débit de liquides. Depuis une quinzaine du jours, à toutes heures de la journée, des pierres d’un assez gros volume, puisqu’il s'en trouve qui ne pèsent pas moins d'un kilogramme, sont lancées dans ses carreaux. Plusieurs de ces pierres sont noires, calcinées et tellement chaudes lorsqu’elles arrivent dans sa maison qu’il est impossible de les saisir sans se brûler. |
L'auberge du pont des
Vieux...
Natif de Clères, marchand, cabaretier, Jean-Baptiste Piedefer était décédé à 58 ans le 10 janvier 1848. Le garde-champêtre, Pierre Bataille fut témoin de sa mort. Mais aussi des événements dont nous parlons ici. Le défunt avait pour neveu le maréchal-ferrant Grégoire Boucher. La veuve Piedefer est née Victoire Thuillier à Varneville en 1794. |
Personne n’ose plus se présenter chez elle, et un assez grand nombre d’ouvriers qui prenaient leurs repas dans son auberge l’ont quittée. Les autorités locales ont été prévenues, des mesures ont été prises pour arriver à découvrir les auteurs de cette méchante action, et jusqu’à présent tout a été inutile.
En présence même du garde-champêtre, plusieurs carreaux ont été brisés. Tout le monde dans le pays est persuadé que le malin-esprit n’est pas étranger a ce qui se passe.
Ce qui a encore augmenté cette croyance, c’est ce qui est arrivé, le 3 de ce mois, à la servante d’un sieur G..., cultivateur de l’endroit. Elle avait été chargée de couler la lessive chez la veuve Piedefer. Pendant qu'elle était à sa besogne, vers huit heures du soir, une grêle de pierres est tombée par la cheminée dans sa chaudière. Elle a été saisie d’une si grande frayeur qu’elle laissa tout là et s’enfuit en criant comme si le diable en personne lui était apparu. Quelques personnes qui se trouvaient avec elle et qui avaient été témoins de ce qui venait d'arriver, la suivirent en criant de leur côté et toutes ont la persuasion que ces pierres ont été jetées par le malin-esprit.
Pour nous, nous ne croyons pas que le malin-esprit soit mêlé a cette affaire, mais ce que nous pouvons affirmer, c’est que les faits se sont passés tels que nous venons de les raconter, qu'ils se passent encore ainsi aujourd'hui et qu'il n’a pas été possible d’en découvrir l’auteur.
La gendarmerie s’est transportée dans le domicile de la veuve Piedefer ; elle a constaté les dégâts occasionnés, le préjudice causé à cette marchande et son rapport indique que la quantité de pierres lancées est du plus de deux cents.
Source
Gazette du Languedoc, 27 juillet 1850.