On y montrait une maison ou aurait couché Henri IV. Possession de la famille d'Epinay-Saint-Luc, le château des Vieux passa entre les mains du comte de Foutreau ou encore de M. Revelle. Mais son plus auguste occupant fut précisément... Auguste Baudouin.


Marie Varin et son époux figurent-ils sur cette photo ?

L'aura d'Auguste Baudoin de Joigny


Son père avait fait l'acquition du château de Launay en 1776. Auguste Baudoin naquit en 1793. Il sera maire d'Aulnay puis de Saint-Paër. Son frère ayant hérité du château, il se porta acquéreur de celui des Vieux en 1830. Il va en faire une ferme modèle...
En 1835, Auguste Baudouin met au point une "charrue cauchoise". Mais l'on parlait beaucoup à l'époque de celle d'un certain Grangé. Alors, on invita ce dernier à venir se mesurer dans un concours. La charrue Beaudoin cassa après deux épreuves mais obtint cependant une distinction.


En achetant trois moulins à blé sur l'Austreberte, Baudouin les transforme en une fabrique de sucre indigène que récompensa la Société centrale d'Agriculture. A ses yeux, ses efforts "répandent l'aisance et le travail dans la classe ouvrière".

Voici un texte paru dans l'Agronome en 1835 :

En quittant Rouen, je me dirigeai sur le château des Vieux, appartenant à M. Baudouin, agriculteur distingué, et l'un des rares exemples, dans les environs de Rouen, d'un homme fortuné quittant la ville pour s'adonner à la culture. (...)

De Barentin, je descendis le joli vallon de l'Austreberte, rempli de fabriques et d'usines de toute espèce. Après une heure de marche dans des chemins souvent abominables, j'arrivai au château des Vieux, où l'on est bien dédommagé de ses peines par la vue charmante dont on jouit. Ce château, peu vaste, mais d'un style gracieux, est situé sur le sommet d'une colline et domine au loin la vallée et le pays d'alentour. Les bâtiments d'exploitation sont fort beaux, mais ils sont séparés du château, ce qui est un obstacle à la surveillance. En résumé, malgré mon peu de sympathie pour les châteaux, j'étais content de savoir que cette habitation, une des plus jolies des environs de Rouen, appartenait à un agriculteur.

M. Baudouin, qui n'a pas cette propriété depuis longtemps, a su l'arrondir et l'augmenter de manière à enfermer aujourd'hui une exploitation d'une centaine d'hectares, ce qui est extraordinaire dans ces contrées où la moyenne culture prédomine, et où les fermes, toutes louées, ne vont guère au-delà de 100 acres, ou 57 hectares, c'est-à-dire font deux petites charrues.

Un fort beau troupeau mérinos se trouve aux Vieux, où règne en général une culture avancée et rationnelle que M. Baudouin, en dépit des prévisions fâcheuses des cultivateurs environnants, a établie avec le plus grand succès, et qu'il continue de même.

Malheureusement pour moi, il n'était pas chez lui au moment de mon arrivée, et je ne pus que visiter les terres et examiner quelques instruments.

Il se sert en partie de la charrue de Caux. C'est une pièce curieuse. La première que je vis au musée agronomique de Rouen, me fit jeter un cri de surprise. Il est probable qu'elle m'aurait moins étonné si j'étais venu en droite ligne de la Lorraine; mais je sortais de l'Eure, et j'avais encore dans l'idée l'excellente petite charrue normande.

Suit toute une disertation sur les charrues...


Photo : Alain Guyomard

Le comice de 1840


Le 5 juillet 1840, Auguste Baudouin préside un concours agricole à Duclair. Ce jour-là, sur la place du marché, il prononce un discours. Puis ce fut la remise des prix.

Dans la catégorie Instruments aratoires, une mention honorable alla à Baudouin de Joigny, pour sa houe à cheval et son buttoir et à Auguste Beaudouin pour ses semoirs.

Le prix du plus ancien garçon de ferme fut décerné à Jean Roger, domestique, depuis 55 ans, chez M. Beaudouin de Joigny.

Société centrale d'Agriculture, 1851 :

"M. Auguste Baudouin, de Saint-Paër, notre correspondant, se trouve nécessairement à la tête des cultivateurs dont il faut offrir en exemple les œuvres constantes.

Cette année, la culture de M. Auguste Baudouin se signalait par vingt hectares de betteraves destinées à la fabrication du sucre. Cette culture énorme lui est exceptionnelle ; mais, ce qui ne l'est pas, c'est l'emploi des instruments perfectionnés, que tout planteur de betteraves, racines et plantes sarclées ne peut négliger, s'il veut travailler avec économie et profit. M. Beaudoin a une charrue et un semoir imaginés par lui, la herse Bataille, la houe sarcloir. Il commence l'assolement quadriennal. II emploie le purin. — M.Auguste Beaudoin, toujours en progrès en agronomie, se rend de plus en plus digne des précedentes ovations de la Société centrale, et de la grande médaille d'or qui lui a été décernée en 1837.


Société centrale d'Agriculture, 1851 :

"M. Auguste Baudouin, de Saint-Paër, notre correspondant, se trouve nécessairement à la tête des cultivateurs dont il faut offrir en exemple les œuvres constantes.

Cette année, la culture de M. Auguste Baudouin se signalait par vingt hectares de betteraves destinées à la fabrication du sucre. Cette culture énorme lui est exceptionnelle ; mais, ce qui ne l'est pas, c'est l'emploi des instruments perfectionnés, que tout planteur de betteraves, racines et plantes sarclées ne peut négliger, s'il veut travailler avec économie et profit. M. Baudouin a une charrue et un semoir imaginés par lui, la herse Bataille, la houe sarcloir. Il commence l'assolement quadriennal. II emploie le purin. — M.Auguste Beaudoin, toujours en progrès en agronomie, se rend de plus en plus digne des précedentes ovations de la Société centrale, et de la grande médaille d'or qui lui a été décernée en 1837.




Auguste Baudoin aura été maire d'Aulnay de 1806 à 1811 puis de 1817 à 1823 avant de présider aux destinées de Saint-Paër durant quelques mois en 1848. Il avait étendu ses activités à une distillerie d'huile et mourut en 1872. Le château alla à son petite-fils, Max de Joigny qui avait sa résidence principale au château de L'Aunay. Durant la Grande guerre, une colonie de jeunes réfugiées belges fut établie aux Vieux. Après la mort de M. de Joigny, une nièce hérita du château en 1928.



NOTES


 L'arbre des fées a été reconnu par Juste Houël, auteur des Annales des Cauchois, mais avait manifestement disparu au moment où il publiait son ouvrage en 1847. Il le décrivait comme étant d'une circonférence de 52 pieds si bien que sept personnes pouvaient à peine l'entourer en étendant leurs bras. Il était situé sur le domaine du château des Vieux. Les Vieux qui, au passage, étaient nommés jadis... les Wées !

Commission des Antiquités, 1864 : M. Houël communique deux figures ayant fait partie d'un bas-relief trouvé auprès du château des Vieux ou Wifs, près de Duclair.

Société linéenne de la Seine-inférieure, 1915 : C'est, je crois bien, en septembre 1873 que je capturai mon premier muscardin, à Saint-Paër, dans le parc du château des Vieux où mon grand-père faisait l'ouverture de la chasse. Je revois encore faisant face à l'aile gauche du château le bosquet de figuiers où il se réfugia et où je le pris . La châtelaine d'alors, Mme T.., me donna une cage à oiseaux où je le mis, dois-je ajouter qu'il disparut dans la nuit.