Trois témoignages de prêtres pour éclairer une fonction en évolution.

Guillaume VALLOIS 

curé à Anneville de 1747 à 1791

Quand le prêtre se chargeait aussi de l’entretien de la chaussée


« La chaussée dite de Duclair, qui de mémoire d’homme étoit un des plus mauvais chemins du monde depuis le sablon jusqu’au bord de l’eau dans les années humides, on ne pouvait y passer à pied. Depuis longtemps je formais le dessein de pouvoir le faire accommoder. J’en parlais à M. le surintendant pour y pouvoir établir un attelier de charité en donnant parole de mon coté de fournir par l’aide des Seigneurs et des personnes honnêtes 2200 ou 2400 livres. Le devis que M. l’intendant en avoit fait faire montoit à 4300 à 4500 livres, c’était en promettre de moitié : mais dans le vrai la dépense s’est montée au moins à 7000 livres. Au mois de juin 1778 on commença l’ouvrage, le 12 du même mois je payais au Sieur de Lasseaux sous ingénieur la somme 1000 livres parce que M. de Crosne avoit exigé de moi que les premiers ouvrages se feront avec de l’argent que je commencois à payer. La même année l’intendant paya 1500 livres. Le 16 septembre 1779, je payai encore 400 livres. Le 11 octobre je donnai 100 livres. Le 10 juin 1780 je délivrai encore neuf corvées 300 livres. Le 14 septembre 1780 je délivrais 60 livres, le 10 de mai 1783 je payai au sieur Pigache syndic de Berville 27 livres pour avoir fait planter la ditte chaussée de peupliers et saules... »



Les notes rédigées en mai 1783 par l’abbé Vallois en marge du registre paroissial mentionnent son grand esprit d’entreprise. Les conditions pour réaliser la réfection de la route qui descend du village à la Seine ne semblent pas évidentes. Les versements effectués de juin 1778 à mai 1783 se montent à 3387 livres, c’est encore loin des 7000 livres estimées lors du devis. Une livre correspond à environ une journée de travail.

Martin LEMARCHAND 

curé à Anneville 1791 à 1803

L’élection du curé citoyen


« L’an 1792, le 9 octobre, l’an 1 de la République Française, s’est présenté au greffe de notre municipalité, devant nous officiers municipaux de la commune d’Anneville, le citoyen Lemarchand, curé de notre paroisse, pour prêter le serment exigé par la loi du 15 aoust dernier et a prêté le serment d’être fidèle à la nation et de maintenir de tout son pouvoir la Liberté et l’Egalité ou de mourir à son poste en foi de quoi nous avons signé le présent dudit jour et au ci-dessous. »

J.B Mauger Jacques Renault
Martin Pernelle Antoine Petit
Jacques Lamy Jacques Vallois
J.B Hulin Pierre Hulin
Pierre Deshayes (greffier)

Le dimanche 14 octobre 1792, le conseil général de la commune s’est réuni à l’église et l’abbé Martin Lemarchand a prêté serment comme l’exige la loi. Le dimanche 13 janvier 1793 les habitants d’Anneville convoqués à l’église en conséquence des lois du 20 septembre 1792 procèdent à l’élection d’un officier public conformément aux articles 2 et 3 de la loi qui détermine le mode de constater l’état civil du citoyen. Le conseil général assemblé ayant mis aux voix, le citoyen Lemarchand, curé de la paroisse qui, ayant réuni la pluralité absolue des suffrages, a été élu officier public. Le 9 brumaire de l’an 4 il reconnait que: « l’universalité du citoyen français est le Souverain » et il promet « soumission et obéissance aux lois de la République. »

Source : Registre de délibération du conseil municipal.






La tombe de Pierre Antoine Noyon curé de la paroisse de 1835 à 1889 est toujours visible dans le cimetière d’Anneville à droite du porche de l’église.

Cette tombe près du calvaire, en bas à droite sur cette photo, porte les inscriptions suivantes :

« Ici repose dans l’attente de bienheureuse résurrection messire Pierre Antoine Noyon né à Aubéguimont le 10 avril 1799 curé de cette paroisse pendant 54 ans.
Il s’endormait dans la paix le 14 juin 1889. »

Il avait 90 ans


   
Gilbert FROMAGER.

 ▲

HAUT DE PAGE