Hénouville peut s'enorgueillir d'avoir compté parmi les siens le seul député de la circonscription qui ait habité le canton. Pour y mourir...

Il est né le 15 avril 1854 au Houlme où sa famille est implantée de longue date. Son père, propriétaire terrien, fut assez aisé pour voter sous la Monarchie de Juillet. Lui même vit des revenus de son domaine, on le dit agriculteur, bouilleur de cru. Il a pour tout domestique un valet. Il entra au conseil municipal du Houlme  dont il fut maire de 1895 à 1910.

Républicain de longue date disait-il sans adhérer au parti, Gustave Quilbeuf se présenta aux élections législatives de 1898. Membre du comice agricole et de la société centrale d'agriculture du département, il affirmait dans sa profession de foi son opposition à l'impôt global et progressif sur le revenu. Il fut élu au premier tour de scrutin, par 6.894 voix sur 17.459 inscrits, 13.485 votants, contre 3.367 à Laurent et 2.733 à Cornillard, candidats malheureux. Il remplaça à la Chambre Maurice Lebon, député républicain.

De 1898 à 1901, Gustave Quilbeuf fut membre de la commission de la comptabilité. Il prit part à la discussion de la proposition de loi tendant à modifier la loi du 9 avril 1898 sur les accidents du travail ; il devait affirmer à ses électeurs, en 1902, qu'il fut « l'initiateur de la loi du 30 juin 1899 » qui résulta de ces discussions. Lors de cette même élection, il déclara aussi qu'il réussit « malgré l'opposition du rapporteur de la commission du budget et du ministre des Finances» à faire attribuer aux communes, pour leurs sapeurs-pompiers, la totalité de la taxe spéciale de 1 million 200.000 francs. Ces problèmes, en effet, le préoccupèrent pendant toute la durée de la législation.

Gustave Quilbeuf se représenta. dans la même circonscription lors des élections de 1902. Deux camps républicains s'opposaient et il choisit celui des Mélinistes. Dans son programme, il déclarait qu'il refusait toute alliance avec les "socialistes collectiviste". Sur 17.945 inscrits, 13.722 votants, Quilbeuf, député sortant, obtint 7.912 suffrages contre 5.337 à Cornillard et fut élu au premier tour de scrutin. En 1902, il fut élu président de la commission chargée de procéder à une enquête sur les opérations électorales de l'arrondissement de Montreuil (Pas-de-Calais). Il déposa une proposition de loi tendant à modifier l'article 27 de la loi du 1er juillet 1905 relative à l'assistance aux vieillards, aux infirmes et aux incurables privés de ressources ; les problèmes des bouilleurs de cru, les questions sociales et agricoles furent les thèmes majeurs de ses interventions au cours de cette législature.

Aux élections de 1906, devenu conseiller général, ce « républicain progressiste et libéral qui réprouvait les théories subversives des collectivistes», comme il le disait dans son engagement électoral, fut élu de nouveau au premier tour de scrutin, par 8.352 voix sur 18.694 inscrits et 15.557 votants contre 6.546 à Jouvin, son principal adversaire.

A la Chambre, il fut élu président de plusieurs bureaux ; il fut aussi membre de la commission d'examen des projets de reconstruction d'une salle de séances au Palais Bourbon et de la commission des usines hydrauliques. Il déposa une proposition de loi tendant à reporter à la prochaine législature la majoration prévue pour l'indemnité parlementaire. Ses activités portèrent sur les mêmes thèmes que ceux qu'il avait abordés précédemment : questions sociales, situation des vieillards, des infirmes, problèmes des sapeurs-pompiers. Ses interventions, en outre, furent nombreuses lors de la discussion du projet et des propositions de loi concernant l'impôt sur le revenu ; il compara notamment la situation des agriculteurs et des travailleurs de l'industrie au point de vue de l'incidence de l'impôt, il désirait en particulier que l'on fît une remise d'impôts à certaines veuves chargées de famille.

Ce parlementaire, inscrit au groupe progressiste, se représenta aux élections de 1910 ; sur 18.749 inscrits, 15.206 votants et 3.543 abstentions, il obtint 8.577 suffrages contre 5.929 à Jouvin et 458 à Bazin.

Membre de la commission des pétitions et de la commission de l'agriculture, son activité fut, au cours de la législature, fort brève ; il mourut le 17 décembre 1910, à Hénouville où il s'était retiré au début de sa maladie. Il était âgé de 56 ans.