Par Laurent Quevilly.
Bacs, ports, passages... Ces trois mots avaient souvent le même sens. De Vernon à la mer, Charles de Beaurepaire en avait dressé la liste en son temps. Elle nous servira ici d'ébauche à une route des bacs en Haute-Normandie. Avec des escales dans les sites d'histoire locale. Ajoutez-y des bacs oubliés, des images, des anecdotes...
Bacs de Vernonnet et de Fourneaux.
Ils appartenaient
au XVIIIe
siècle au maréchal de Belle-Isle, comme
dépendant du comté de
Gisors.
Un nouveau pont, le pont Napoléon, fut inaugré en amont en 1861.
Le bac de Fourneaux est attesté en 1816 et relie Orival et Saint-Aubin-Jouxte-Boulleng avec un bateau à poste fixe.
Un site d'histoire locale :

Bac de Pressagny.

1662: définition des droits de passage sur le bac entre Pressagny et Saint-Pierre.
1842 : le passeur est M. Bourdet. Il dispose d'un passe-cheval et d'un bateau.
14 novembre 1878: décision d’un bac plus important entre Saint Pierre et Pressagny pour permettre la desserte des îles, les échanges de fourrage et de vin avec le Vexin, en évitant le détour par le pont de Vernon ou le bac de Port-Mort.
Sur cette carte postale, on aperçoit en premier plan la ferme des Fourneaux au regard de laquelle Beaurepaire signale un bac. En arrière plan, Saint-Pierre-Autils où est attesté un autre passage.
En 1922. Pressagny et Autils reçurent 300 francs de subvention départementale pour ajouter au passage des piétons celui des voitures et animaux. Seulement, les deux communes jugèrent l'acquisition d'une flette trop onéreuse tout en maintenant leur demande de subvention pour offrir au passeur les frais d'assurance contre les accidents.
Au conseil général, on fit la moue : "Le passage, ainsi réduit, ne paraît présenter aucun caractère d'intérêt départemental, si l'on envisage au surplus que la traversée des bestiaux des rives, dans l'île, et celle des instruments de culture et du foin provenant des prairies se fait, habituellement, au moyen des embarcations particulières ; il existe, enfin, non loin de là, à 2 kilom. 500 environ, au Goulet, un bac pour piétons qui va être régulièrement autorisé et qui pourra être utilisé par les habitants de Pressagny et de Saint-Pierre-d'Autils."
Le Département jugea donc qu'il n'y avait pas lieu de maintenir la subvention qu'il avait précédemment accordée à titre exceptionnel.
1925. Fermeture du passage.
Début XXe, le passage fut entre les mains de Nocent puis de Dodolphe Leguay. Ils disposaient de trois types d'embarcation. Une platte pour entasser le foin des îles. Un bac à tabliers pour les "élèves", jeunes bovins, ramenés des îles après la fenaison. Enfin trois barques de 8 à 10 piétons se rendant à Vernon et évitant ainsi de payer l'octroi du pont. Les embarcations étaient construites par Narcisse Parmentier, de Presssagny. Le prix du passage est souvent en nature. (D'après Jean-Pierre Derouard, Le Pucheux n° 65, 1998).
Un site d'histoire locale :

Le Goulet
Non cité par Beaureapaire.
Reliait Notre-Dame-de-l'Isle.
Le projet fut formulé par Notre-Dame-de-1'Isle.
En 1916, on hésita entre deux solutions :
1° Un service par bateau automobile entre le quai d'embarquement des bois sur Notre-Dame-de-l'Isle et la cale existant alors sur le chemin de grande communication n° 63, en contournant par l'amont l'île aux Boeufs.
2° Un passage effectué à peu près normalement aux rives au moyen de deux batelets, un dans chaque bras, avec traversée à pied de l'Ile aux Boeufs où un passage de 2 m de largeur devait être ouvert par les communes intéressées sur des terrains appartenant à MM. Lainay et Langlois.
La première solution, la plus pratique, entraînait une dépense d'au moins 2,500 fr pour l'installation des pontons et passerelles et d'environ 30 fr par jour pour frais d'exploitation du passage. Trop cher.
La seconde solution se chiffrait à 15 fr par jour à payer au fermier qui se chargerait de l'établissement des cales, de la fourniture du matériel, de l'éclairage, etc..
A cette dépense s'ajoutait 3,150 fr pour la création d'un chemin d'accès de 300 m de longueur et de 2 m. de largeur dans l'Ile-aux-Boeufs.
On se retourna vers les conseils municipaux concernés en leur demandant comment ils entendaient faire face aux dépenses d'établissement et de fonctionnement d'un bac qui ne présentait qu'un intérêt purement communal...

Philippe le Long, au mois de mai 1319, avait cédé aux religieux de Mortemer-en-Lyons, en échange de leurs terres de Montperreux et de Marette, le passage de la Garenne et tout ce qui lui appartenait dans la vallée de Portmort. Le fief au Rai, situé à Portmort, relevait encore au XVIIIe siècle de l'abbaye de Mortemer.
En 1842 le passeur est M. Lamart (passe-cheval, bac à voitures).
Une
image du passage de Port-Mort. Au pied de la maison du seigneur, le passage par hautes eaux. En bas, le passage par marée basse. |
Bac d'Aubervoye
Non répertorié par Beaurepaire. Passeur en 1842 : M. Cartier (passe-cheval, bateau).
Bac de Courcelles à Gaillon.

Un bac servit au transport des matériaux pour la construction du château de l'île du Goulet par les chartreux. Le marinier fut arrêté par les officiers de Vernon et il fallut des lettres royales pour le libérer.
La construction d'un pont aura eu raison du passage d'eau.
Un site d'histoire locale :

Bacs de la seigneurie de Toeni. (Tosny)

On lit dans un aveu de Philippe de Levis, sieur de Tosny, de 1406: « Item. Ung autre port sur la rivière de Seine appelé le Port-Pucelle assis en la paroisse de Bernières, lequel est à présent à non valoir pour ce qu'il n'y a point de batel."
Une transaction passée entre le duc de Nemours, engagiste du comté de Gisors, et Hamon de Bauldri, seigneur de Toeni, ne laissa à ce dernier que la moitié du fermage du passage de Port-Morin. Au XVIIIe siècle, Claude Camusat, alors seigneur de Toeni, abandonna cette moitié au maréchal de Belle-Isle.
Bac de la Roquette à Bernières.
Il appartenait au marquis de Roncherolles.

Il appartenait au seigneur de Muids.
Le bac de Muids mettait cette commune en communication avec le surplus du canton de Gaillon.
Passeur en 1842 : M. Cyrille (passe-cheval).
En 1885, il se produit des réclamations très nombreuses quant à la façon dont le service est fait. On assure que le passager est fréquemment dans un état qui n'a rien de commun avec la sobriété.
En 1898, on engagea des crédits pour la construction d'un bac de dimensions plus modestes. Car il ne se trouvait personne pour manœuvrer cette grosse embarcation. Et il en fallait trois. L'établissement d'une chaîne était impossible dans cet endroit de la Seine large de 300 mètres. On envisagea donc son transfert à Poses où le bac présentait des signes de fatigue.
Mai 1935. Le Département se décida à doter le bac de Muids d'un appareil propulseur et d'accorder les 2,560 francs demandés.
Bac de Mesnil-Andé.

Passeur en 1842 : M. Dumont (passe-cheval).
En 1842 existait aussi un bac à voitures dit bac d'Andé. La commune en était concessionnaire et le fermier, M. Lecousturier, disposait d'un bail confortable... de 99 ans !
Jusqu’en 1861, les rives du fleuve n’étaient desservies que par un bac à péage de chaque côté d’une île dénommée pour cette raison « île du Bac ».
Un premier pont, datant de 1861, s'est effondré en 1913. Le bac fut rétabli avec Saint-Pierre-de-Vauvray après l'écroulement des piles du pont. On voit sur de vieilles cartes postales le bac avec en arrière-plan les vestiges du pont dépourvu de tablier.
Construit à partir de 1921, le nouveaupont fut inauguré en 1923. En juin 40, le Génie détruisit le pont qui fut reconstuit à l'identique en 1946 et mis en service en novembre 47. Je ne sais si entre temps on rétablit un bac.
Le pont actuel, reliant la rive gauche de la Seine et l’île du Bac, est donc le troisième en date construit au même emplacement.
Port de Porte-Joie.

Le propriétaire du passage devait chaque samedi à minuit remettre le bac, avec les agrès nécessaires, aux mains des trésoriers de la fabrique, et ne le reprendre que vingt-quatre heures après au port de Portijoie.
Le receveur royal paya, en 1198, à Robert fils d’Alard, 100 l. pour la construction du pont de Portejoie. On voit par les comptes de Nicolas de Villiers, de Gilbert Le Changeur, et de Gilbert Belot, qu’il a été payé à la même date, aux trois serviteurs qui gardaient le bac de Portejoie, 61 s.Le bac et le passage de Portejoie faisaient partie, en 1760, des domaines du roi.
En 1842, le passeur est M. Lamart qui actionne un bac à voitures et un passe-cheval.
Un site d'histoire :

Bac de Connelles
Bac de Poses à la rivière d'Andelle, à Pitres et aux Deux-Amants.

Dès 1859 fut formé le projet de déplacer le bac du Mesnil-de-Poses pour relier les vallées de l'Andelle et de l'Eure avec un bac à voitures. La demande émanait de plusieurs communes riveraines. Des études furent bientôt faites sur cette question qui intéressait vivement la population ouvrière de la rive gauche de la Seine afin de pouvoir aller chercher du travail dans les usines de la rive droite et de la vallée d'Andelle lorsqu'elle en manquait chez elle. Mais on se demanda aussitôt s'il n'était pas plus judicieux de construire un pont de bois en utilisant la passerelle provisoire d'Andé. Trop cher à première vue...
1886 : Le matériel est en très-mauvais état ; le bac fait eau de toutes parts et il y a même un homme qui est constamment occupé à vider le bateau qui sert aux transports.
Autrefois, c'est-à-dire jusque vers 1874, le passage te d'eau était établi en aval de la rivière d'Andelle, et le service, se faisant directement d'une rive à l'autre, ne nécessitait l'emploi que d'un seul bac. A ce moment, pour cultiver les terres formant l'île d'Amfreville, laquelle est située sur le territoire des communes de Poses et d'Amfreville-sous-les-Monts, les cultivateurs de ces communes, notamment ceux d'Amfreville-sous-les-Monts, possédaient un bac particulier pour passer le bétail, les chevaux et tout le matériel agricole, de la rive droite dans l'île.
Vers 1874, le passage d'eau fut supprimé en aval de l'Andelle et reporté en amont de l'écluse de Poses, en face du hameau du Val-Pitan ; deux bacs furent alors nécessaires dans ce nouvel emplacement puisqu'une île importante est comprise entre les deux rives de la rivière: l'un pour traverser le bras de Poses, et l'autre pour traverser le bras appelé dérivation.
Les cultivateurs avaient toujours leur bac particulier à leur disposition et continuaient à s'en servir pour assurer l'exploitation de leurs terres ; mais les agents de l'Etat leur firent remarquer qu'ils ne pouvaient pas conserver leur bac particulier, puisqu'il y avait maintenant un service public d'assuré; que, dans leur intérêt et pour s'éviter des ennuis, il fallait purement et simplement le retirer de l'eau, ce qui fut fait. Le bac particulier servant à l'exploitation des terres fut donc à ce moment détruit.

passer d'une rive de la Seine à l'autre et les cultivae: teurs des deux communes possédant des terres dans la grande île y aller avec le matériel nécessaire pour les cultiver. Mais, depuis le 1er janvier 1895, il n'en est plus ainsi : le passage d'eau de Poses ne fonctionne plus, les habitants des deux communes intéressées et les voyageurs ne peuvent pas aller avec sécurité d'une rive à l'autre et les cultivateurs sont menacés de se voir dans l'impossibilité de cultiver leurs terres et de les laisser en friches. Il fallut donc y remédier.
Le passage d'eau de Poses, comme tous les passages d'eau importants, était desservi avec des bateaux appartenant à l'Etat. A chaque adjudication nouvelle, l'Etat faisait faire contradictoirement par expert l'estimation de la valeur des bateaux, tant avec l'ancien qu'avec le nouvel adjudicataire, qui prenait alors en charge le tout et devenait responsable vis-à-vis de l'Etat pour la somme indiquée à l'estimation. Si pendant le cours du bail le matériel avait besoin d'être remplacé ou fortement réparé, les travaux étaient faits par l'Etat, les dépenses en résultant étaient ajoutées à l'estimation première et le fermier devenait alors responsable et garant vis-à-vis de l'Etat pour une somme égale à cette estimation première augmentée du montant des dépenses faites. A la fin du bail, l'estimation contradictoire du matériel était faite à nouée veau et la différence entre cette dernière estimation et le montant de la somme dont était responsable le fermier vis-à-vis de l'Etat représentait la moins-value du matériel que le fermier sortant payait alors à l'Etat.
Le nouveau fermier qui avait assisté contradictoirement à l'estimation du matériel le prenait de l'Etat pour le prix de l'estimation établie contradictoirement avec l'Etat et l'ancien fermier, et ainsi se continuait facilement l'exploitation du passage d'eau de Poses.
Cette manière de faire n'était pas conforme à l'art. 28 de la loi du 6 frimaire an VII (26 novembre 1798), qui prescrivait que le matériel devait être payé de suite par le fermier. Mais l'application de cet article 28 fut reconnue difficile; on ne trouvait pas de fermiers ayant des fonds disponibles leur permettant de payer le matériel dans le délai d'un mois. Par des instructions adressées aux préfets le 19 prairial an XII (8 juin 1804), le gouvernement reconnut franchement que l'application de l'article 28 de la loi du 6 frimaire an VII écarterait les fermiers sérieux et empêcherait de faire des affermages avantageux; aussi, prescrivit-il que cette obligation de payer le matériel dans le délai d'un mois, résultant de l'article 28, serait supprimée à l'avenir.
Cette mesure du gouvernement était sage, car elle permit d'assurer l'exploitation des passages d'eau par des gens de métier n'ayant pas de fortune pour payer un matériel, mais ayant l'expérience obligatoire pour que le public eût toutes les garanties auxquelles il a droit en faisant la traversée d'une rivière.
C'est ce mode d'opérer qui réglait depuis presque un siècle l'exploitation des passages d'eau en général et celui de Poses en particulier, quand, au 31 décembre 1894, époque à laquelle finissait le bail de ce passage d'eau, on a fait l'application d'une circulaire du ministre des travaux publics du 6 avril 1891, prescrivant qu'à l'avenir l'article 28 de la loi du 6 frimaire an VII serait appliqué avec toutes ses conséquences, c'est-à-dire que, lors de l'adjudication, celui qui voudrait exploiter le passage de Poses serait obligé de rembourser au propriétaire, c'est-à-dire l'Etat, dans le délai d'un mois à partir du jour de l'adjudication, la valeur du matéiel; or, il y en eut pour 5000 F à Poses. Qu'est-il arrivé ? Ce qui avait été justement prévu par les instructions gouvernementales du 19 prairial an XII : les personnes pouvant louer le passage pour l'exploiter, c'est-à-dire des mariniers très-compétents pour ce service pouvant trouver des personnes honorables pour leur servir de caution, mais n'ayant pas plusieurs milliers de francs à verser dans la caisse de l'Etat, ne se sont pas présentées à l'adjudication et le passage d'eau est resté sans être affermé.

Bref, il fallait que le passage d'eau de Poses soit rétabli, non seulement pour permettre aux habitants de sortir de chez eux, mais aussi pour ne pas laisser en friches peut-être 40 hectares de terrain, puisque, pris à l'improviste, les cultivaleurs n'avaient pas cle bateaux à leur disposition pour passer leur matériel agricole dans l'île.
Nous croyons savoir que plusieurs demandes ont été adressées au préfet pour exploiter pendant neuf années le passage d'eau de Poses aux anciennes conditions, c'est-à-dire le fermier étant responsable du matériel qui lui a est confié et payant par an à l'Etat un droit de plus de 300 fr.
Au Département, on s'insurge : "Si M. le ministre des travaux publics refuse de ce revenir sur sa circulaire du 6 février 1891, nous de mandons que le Conseil général décide que le passage ce d'eau de Poses soit transformé en passage d'eau départemental et que le matériel, après nouvelle estimation contradictoire entre l'Etat et le département, sera payé et par ce dernier à l'Etat et que la location du passage d'eau se fera alors par adjudication au profit du département." On chargea le préfet de faire toute diligence pour une prompte solution pour rétablir immédiatement le passage d'eau de Poses, qui n'aurait pas dû un seul instant cesser de fonctionner.
Le ministre resta intraitable. Voici quelle était à cette époque la situation des six bacs de l'Eure.
Passage d'eau de Poses. Le conseil-municipal de Poses demande que le département acquière le matériel et se charge de l'exploitation, du service;
Passage d'eau de Muids. idem
Passage d'eau de Port-Mort. La commune de Port-Mort consentirait à assurer l'exploitation et l'entretien de ce passage, si la cession gratuite du matériel lui en était faite.
Passage d'eau de Pressagny-l'Orgueilleux. La commune consentirait à assurer l'exploitation et l'entretien de ce passage si la cession gratuite du matériel lui en était faite.
Passage d'eau des Damps. Le conseil municipal des Damps doit prendre une délibération pour solliciter la remise gratuite, du matériel.
Passage d'eau du Mesnil-de-Poses. Le matériel appartient au fermier et aucun soumissionnaire n'a pu être trouvé, lors. des tentatives faites pour assurer soit l'exploitation provisoire, soit l'exploitation définitive de ce passage.
Les municipalités de Tournedos-sur-Seine, Connelles et Amfreville-sous-les-Monts ont déclaré ne pourvoir se charger de son exploitation et le conseil municipal de Poses demandé que ce passage soit transformé en passage d'eau départemental.

En 1906, foule de communes formulèrent le voeu d'un pont à Poses en utilisant si possible les ouvrages d'art de l'écluse.
Seulement, un voeu similaire était formulé au Goulet.
En 1909, les bacs de Poses et d'Anfreville se trouvaient dans un état de vétusté telle que, si l'on ajourna les réparations sur celui d'Anfreville, il fut décidé de remplacer immédiatement celui de Poses devant le risque d'accidents. Un nouveau bac fut mis en chantier.
En 1911, le fermier du passage, Maurice Hervy subit de longs mois d'interruption et il bénéficia d'une indemnité de secours.
Par lettre du 16 octobre 1912, M. Guérard, fermier du passage d'eau de Poses-Amfreville expose que
depuis l'ouverture de la gare aux marchandises de Léry, le trafic du bac a considérablement diminué et qu'après avoir payé les deux mariniers qui lui sont nécessaires pour desservir les deux bras de Poses et Amfreville et acquitté ses impôts, il ne lui reste plus que 23 francs par mois.
Dans ces conditions, le pétitionnaire demande qu'une augmentation de subvention lui soit accordée pour le passage des piétons de façon à porter son salaire à 3 fr. 25 c. par jour.
Le 13 mars 1914, M. Bertault, nouveau fermier du passage d'eau de Poses-Amfreville, formule la même demande. Le nombre des voitures empruntant le bac était pratiquement nul. De plus, le nouveau fermier eut à supporter de nouvelles charges : construction d'un abri pour son marinier, acquisition de deux nacelles, etc., aussi son salaire se trouvait grevé et il fut porté à 4F.
Le fermier, M. Berthaut, fut mobilisé en 1914. M. Goujon le remplaça et décéda le 13 mai 1918. Le service fut interrompu et, devant la demande des usagers, adjugé à Charles Moreau qui vit sa subvention majorée.
En 1931, le bac ralliait encore Anfreville-sous-les-Monts. Il était gratuit pour les agriculteurs si bien que la subvention du passeur, M. Canevelle, fut augmentée.
Bac de l'Hôtellerie de la Maison-Rouge (Port-dAlizay), à la Garenne et aux Damps.
Il
appartenait au seigneur de Rouville, qui le baillait d'ordinaire
à
Terme avec l'hôtellerie et le droit de pieu du fief de la
Bosse,
servant à attacher les bateaux montants et avalants.
En 1842, un bateau est affecté au passage d'eau.
16 novembre 1897 : inauguration du nouveau bac de Damps construit par Goumaux, des Andelys. Hors d'usage, l'ancien est racheté 10F par un propriétaire des Damps, Narcisse Papeil.

Un bac existait encore aux Damps dans les années 1930 mais uniquement sur l’Eure. Le bac d’origine menait à une hôtellerie, appelée La Maison Rouge appartenant au seigneur de Rouville. Cette hôtellerie, nous apprend Armand Launay, devait principalement accueillir mariniers et voyageurs qui empruntaient le cours de la Seine. Le passage du pertuis de Poses, difficile, nécessitait une journée pour faire passer une embarcation chargée.

Bac de Lormais
Nous avons
déjà cité le droit de
bac appartenant au couvent de Bon-Port de Pont-de-l'Arche à
Lormais.
Le passage de Poses faisait partie du domaine fieffé du fief de l'Eau. Le port de Vauvray dépendait du domaine non fieffé. Il fut loué, en 1715, 300 I. par an. Les religieux avaient, de plus, le droit exclusif de voiturer par eau depuis le Pont-de-l'Arche jusqu'à Lormais qui dépendait de l'abbaye de Fécamp.

En 1842, le passeur est M. Dautresme. Il dispose d'un passe-cheval et d'un bateau.
En 1921, le Conseil municipal de Criquebeuf-sur-Seine demande que le bac qui relie cette localité à celles de Freneuse et de Sotteville ainsi qu'à la gare de Tourville, rive droite, soit mis à la charge du Département à l'instar des bacs de Poses et de Muids, lesquels jouissaient de la gratuité complète. Le Conseil général les avait dotés d'une subvention annuelle et leur fournissait le matériel nécessaire à l'exploitation du passage.
"En l'espèce, il s'agirait non d'un bac départemental, mais bien d'un passage interdépartemental, les deux rives de la Seine étant intéressées dans la question et le Conseil général de la Seine-Inférieure devant, comme celui de l'Eure, être appelé à se prononcer dans, cette affaire... Le passage de Criquebeuf-sur-Seine, qui était affermé par l'Etat, a cessé de fonctionner le 31 décembre 1920, aucun concessionnaire n'ayant consenti, depuis lors, à en assurer le service en raison de l'insuffisance du produit de l'exploitation. "
"Cette insuffisance due, en partie, aux faibles tarifs appliqués jusqu'ici, a surtout pour cause le petit nombre des usagers qui fréquentent le passage. Ces derniers, d'après les renseignements que nous possédons, atteignaient à peine le nombre de huit par jour, en moyenne, avant la guerre ; or, ce nombre ne serait vraisemblablement pas dépassé, le passage fût-il amodié aux départements.
"Quant à la dépense qui incomberait à ces derniers si la demande de la commune de Criquebeuf était accueillie favorablement, elle peut être évaluée : 1° à 3.000 francs pour achat de deux barques; 2° à 4.000 francs annuellement pour le fonctionnement du passage, ce qui serait et hors de proportion avec les intérêts à desservir.
II s'agit au surplus d'un bac d'Etat dont l'amodiation a et été proposée à la commune qui l'a refusée bien que ce bac présente un intérêt purement communal.
Dans ces conditions, il semblera sans doute au Conseil général qu'il n'est pas possible de donner satisfaction à la demande du conseil municipal de Criquebeuf-sur-Seine ».
Bac de Martot à Freneuse.

Bac d'Elbeuf à S.-Gilles. (presqu'île de Saint-Aubin)

(Alexandre Guilmeth, notice historique sur la ville et les environs d'Elbeuf, 1849).
En 1843, le bac fut suppléé par un pont à péage exploité par M. Levavasseur.
Bac de Fourneaux à Orival.

Fourneaux se situe sur la commune de Saint-Aubin-Jouxte-Boulleng.
Les deux bacs des religieux de Saint-Ouen
Bac de Tourville à Oissel.
Il
dépendait du fief de l'Eau des religieux de S.-Ouen, de
même que le
suivant.
Le passage de Tourville concernait les communes de Tourville-la-Rivière et de Oissel avec deux bateaux en 1816.
Le passage
de Bédanne reliait les communes de Oissel et
Cléon avec deux bateaux en 1816. Propriété
de l'Etat en 1875.
Bac du Port-S.-Ouen.
Concerne les communes d'Oissel et des Authieux. Un bateau en 1816. La même année, il avait pour annexe un passage temporaire appelé Duhamel.
On lit dans le Livre des jurés au sujet de ce bac:
« Le franc fieu du Port (Saint Oen), rent vi d. de cens à la S. Oen, et si doit passer et rapasser au Port S. Oen l'iaue de Senne Monsr l'abbez et toute sa gent, et lor chevax, et ses bestes, et touz les nans qui sont pris en la baillie de Quievreville, que l'en veult mener à S. Oen, et toutes manières de gens qui requièrent à estre passés por Dieu et por Saint Oen, et touz hommes Saint Oen, de la paroisse des Autiex, de Soteville et d'Ygoville, toutes fois que il le requièrent, pour tant que lebatel soit prest; et doit chescun des hommes 1 tortel à Noël à cil qui le dit servise fet, et il deit amender se les hommes sont domagiez par la demore deu passer; et doit avoir cil qui cest servise fait, 1 muy d'orge, et le deit prendre en la baillie de Quievreville, et si deit avoir du bois Saint Oen à appareillir son batel.et si deit avoir 11 pains segons, 1 galon de vin et 11 mes de cuisine de livreison, le jor de le feste Saint Oen.
Le Port-S.-Ouen était un lieu de passage très fréquenté. Au XIIIe siècle, Laurent le Chambellan, seigneur de Goui, y avait établi un hôpital pour les pauvres passants. De l'autre côté de la Seine on trouvait le chemin Royal, autrement dit de la Marchandise, qui conduisait à Elbeuf, et le chemin de Rouen, par S.-Etienne du Rouvrai.
Pierre de Poissi, seigneur de Goui, prétendait droit au Port-S.-Ouen. Il se désista en 1388, en faveur des religieux de S.-Ouen, moyennant une rente de 4 I. chaque année.
En 1601, la moitié de ce passage appartenait au seigneur du fief Faucon à Oissel. Une sentence du Vicomte de l'Eau, du 23 décembre 1746, régla les droits dus pour le bac et ordonna de les faire inscrire sur une plaque de fer-blanc et de les afficher à un poteau pour l'édification du public.
Ce passage reliait Oissel à Authieux-sur-le-Port-Saint-Ouen. Encore en activité fin XIXe.

Il appartenait jadis au Roi.
En 1816, un bateau relie les communes de Saint-Etienne et de Belbeuf. La même année, il a une annexe appelée la Mi-Voie. Propriété de l'Etat en 1875.
22 décembre 1925. La tempête qui sévit sur la région cause une effroyable catastrophe en Seine. En amont de Rouen, la barque du passeur de Saint-Adrien coule au milieu du fleuve, engloutissant ses neufs passagers. Seul le passeur parvient à regagner la rive.
Rouen, Passage Jean-Angot

Rouen ne possédait jadis qu'un seul pont souvent défaillant et entretint plusieurs passages sur la Seine.
Ici, la Porte-du-Bac. Elle fut rasée en 1816.
Pour Jean-Bernard Seille, le pont transbordeur a fonctionné de 1899 à 1940, prédemment à la mise en service du passage d'eau Jean-Ango, en aval du port de Rouen.
Cette
carte a été
éditée en mars 1994 par l'Association cartophile
de la vallée du Cailly. A cette date, le passage Jean-Ango
était l'un des derniers passages d'eau pour
piétons, cycles et cyclomoteurs en Seine-Maritime. (Envoi et
précisions de Jean-Pierre Hervieux).

Coupure de presse adressée par Jean-Pierre Hervieux
Charles de Beaurepaire, la Vicomté de l'Eau.
Jean-Pierre Derouard, historien des bacs de Seine, auteur de nombreux ouvrages sur la question.
Jean Bernard Seille. Site