A en croire les habitants, leur milieu
de vie amène de réelles contraintes :
-
le peu de largeur entre la côte et la
Seine ;
-
en beaucoup de points, l’envahissement
de la Seine mine et détruit les terrains, forme des
brèches et des excavations ;
-
chaque hiver, les gelées et les pluies
détachent des falaises des blocs et débris de
craie qui encombrent les cours ;
-
dans les saisons pluvieuses, les eaux qui
descendent des falaises et des ravins inondent les cours et doivent
être évacuées vers la Seine ;
-
les fortes côtes à gravir par
les cavées
pour rejoindre le chef-lieu des villages sur le plateau. Et
peut-être les relations étaient-elles plus faciles
avec Jumièges et le Mesnil de l’autre
côté de l’eau. La Roche communiquait
plus volontiers avec Yville.
Mais ils
réussissent par leur intelligence et leur industrie, et au
prix de
dépenses considérables, à mettre ce
milieu en valeur. En plantant
des arbres fruitiers d’un très bon rapport et en
établissant des
briqueteries qui amènent une assez grand circulation
d’argent et
procurent de l’ouvrage et du pain à un nombre
considérable de
pauvres familles. Les habitants réussissent à
préserver leurs
terrains des ravages de la Seine en portant à la rive et en
tassant
les blocs tombés des falaises les débris des
briqueteries - ci
ceux-ci ne suffisent pas, ils piochent de la craie et du bloc
à la
côte.
XVIIIè
siècle
Avant la Révolution, la police de la
rivière de Seine revient à
l’administration royale et rouennaise
de la Vicomté de l’eau. Son officier plancager est
chargé de
faire respecter la servitude de halage. Les Vicomtes effectuent 4
visites complètes de la rivière : 1675,
1729, 1759 et 1780. En
1751, une sentence de la Vicomté de l’eau, qui
doit être lue à
l’issue de la messe dans toutes les paroisses riveraines,
ordonne
que « dans le mois les chemins de halage le long de
la rivière
de Seine seront mis en état par les propriétaires
des héritages
riverains sous peine de trente livres d’amende contre ceux
qui
n’auront pas satisfait et d’être lesdits
chemins réparés à
leurs frais ». Nous avons trouvé 7
assignations à comparaître
données par le plancager, comme celle-ci :
27
juin 1742. Barneville sur l’héritage du sieur
Chemin occupé
par Michel Lemire, fermier, où j’ai
trouvé que le chemin étant
devant son héritage et principalement vis-à-vis
de deux tuilleries
appartenant au même est en très mauvais
état de plus un trou d’où
l’on a tiré de la terre de viron six pieds de
longueur et deux de
largeur ledit trou situé au bas du talus et le talus
n’ayant
aucune largeur pourquoi je lui a fait et donné assignation
audit
Lemire travaillant dans sa tuillerie… Réparer le
chemin le long de
ses héritages et tuillerie remplir le trou en question et
donner
audit chemin 24 pieds de largeur.
La surveillance des chemins de halage
semble ainsi très ponctuelle mais relever aussi
d’une certaine
volonté. Elle est en tout cas inefficace : les
chemins sont en
très mauvais état, tant qu’en certains
endroits les haleurs ont
obligés « de passer à la nage
avec leurs chevaux, ce qui met
en péril leur vie ».
Utilisation des terres riveraines
La visite de
rivière de 1729, par le Vicomte de l’eau
Né’el, permet de se
faire une assez bonne idée de l’utilisation des
terres entre rivière, chemin de halage
et montagne.
La description de
Barneville compte 25 articles (c’est le
terme utilisé par
le Vicomte), celle du Landin 27. Cela nous donne une largeur moyenne
sur la Seine de 105 mètres, mais il doit bien sûr
y avoir des
inégalités.
Le mot le plus utilisé par le Vicomte
est héritage – au singulier ou
au pluriel -, il indique
sans doute que la personne fait valoir elle-même car il est 8
fois
indiqué "appartenant à …
occupé par…". Un
propriétaire ainsi désigné est
marchand à Rouen, un est avocat et
un autre habite Hauville.
Un seul état
précisé : Louis Vassal, au Landin, est capitaine
de navire. Mis à
part les tuiliers, la norme semble donc l'exploitation du sol.
Notre Vicomte
donne du sieur à 7 personnes (une seule
sur le Landin) dont
notre avocat, du Monsieur
abrégé en Mr
à 3 autres et on note 3 dames. La
première parcelle du
Landin appartient aux sieurs religieux de Jumièges mais le
Vicomte
est incapable de dire par qui elle est occupée.
Trois parcelles
semblent vacantes : une prairie, une montagne
et une anse.
Huit masures,
mot qui implique normalement des bâtiments, notamment
d'habitations.
Mais les 3 maisons ne sont pas sur une masure.
Un four est sur
une masure. Les héritages du sieur de la Frenaye,
à Barneville,
comportent un grand magasin, une grange et un pressoir.
Mais plus
remarquables sont les 12 tuileries de Barneville. Un groupe de 6
tuileries commence 5 héritages après la Roche,
suivent une anse,
une masure puis les 6 autres tuileries. La carte de Cassini figure
ici un lieu-dit les Thuilleries.
Les arbres sont
moins présents dans le paysage à Barneville qu'au
Landin : 2
parcelles avec des plantations d'arbres à Barneville, 18 sur
le
Landin. Les arbres sont parfois qualifiés de gros et
même de très
gros. La seule essence mentionnée est le saule, par 2 fois.
On ne
trouve de haies qu'au Landin, sur 5 parcelles; elles sont
qualifiées
2 fois de sèches – sur 2 parcelles
contiguës -, une fois de
vives. La présence de ces arbres et haies est la meilleure
preuve
que la servitude de halage n’a sans doute jamais
été respectée.
Empêchements au halage
Le Vicomte ne
trouve de bons talus qu’en deux endroits.
Ailleurs, rien ne va.
En de nombreux
endroits, il n’y a "aucuns taluts", ailleurs, ils sont
ailleurs dégradés, ruinés,
détruits. Le chemin n’a pas la
largeur, - on doit lui rendre ses 24 pieds - et la hauteur - il doit
être relevé "avec bloc & caillou" -
désirables, les
deux défauts pouvant se cumuler. Le chemin trop bas est
inondé à
marée haute, le chemin est ailleurs intercepté
par des anses.
La situation est
plus grave quand le passage des haleurs et des chevaux est rejeté
en rivière « de 30 à 35
pieds », « de 50
pieds ».
C’est alors que le Vicomte emploie les mots danger(eux) et
périr
(ou péril). En 3 endroits, c’est à
cause de batures -
alluvions au long de la rive, à moins qu’il ne
s’agisse de
dépôts effectués par les riverains.
C’est surtout, en 16
endroits du Landin, par les plantations d’arbres qu'il
conviendrait
bien sûr d'abattre.
On ne peut
qu’opposer Barneville et le Landin. A Barneville, le mauvais
état
du chemin est dû aux atteintes par la Seine, que de toute
ancienneté
il est difficile si ce n’est impossible de combattre
Au Landin, l’empêchement au halage vient des
plantations d’arbres,
visiblement anciennes, et donc du fait des riverains.
Le chemin de
halage est en tout cas partout impraticable. Le tronçon la
Roche/bac
de Jumièges n'a en cela rien d'original. Pour en citer un
exemple,
on n'a pas mieux qu'Heurteauville en 1759 : « le
cheval avait
de l’eau jusque sur les épaules et le halleur pour
ne pas se
mouiller a été obligé de se mettre
à genoux sur son cheval ».
Et l’on se demande qui peut bien utiliser le halage. Le
Vicomte de
l’eau, en 1737, justifie la nécessité
des chemins de halage :
« c’est qu’il y a une voiture
publique de Rouen à Caudebec
chargée de porter les grains et boissons et touttes
marchandises des
villes de Caudebec Ducler pour l’approvisionnement de Rouen
Paris
et autres villes, laquelle chaque semaine doit faire son voyage
à
jour certain et qui est toujours tirée par deux et quatre
courbes
[paires] de chevaux suivant la rigueur des temps tant montant
qu’en
descendant […] cette voiture est un grand bateau plat qui
n’est
pas gréé comme les autres navires et qui
n’ont pas de voilles de
toutes espèces parce que ces bateaux ne sont pas construits
pour en
pouvoir porter ».
XIXè
siècle
The
left bank below Mesnil [-sous-Jumièges] has risen into round
hills
of considerable eights, part bare, part wooded ; houses few,
and
scenery solitary.
John
Murray, A
Handkook for
Travelers in France.
1854
La Révolution confie les travaux de
la Seine aux Ponts & Chaussées et à ses
ingénieurs, ordinaires
ou de 1ère classe.
L'ingénieur Le Boullenger estime en
1807 que rétablir les chemins de halage
« porterait un grand
préjudice à tous les
riverains » : il n’avait pas
tort.
Les premiers
cadastres de Barneville et du Landin, tous deux datés de
1826,
dessinent cependant un chemin juste au long de la rive. Il est
nommé
"chemin de hallage" sur celui de Barneville.
Est-ce le livre de
Pierre François Frissard sur la Navigation
fluviale du Havre à
Paris (1832) qui sonne l’alerte ? :
« De Rouen à la
Bouille les chemins de halage sont régulièrement
entretenus [sans
doute pour les bateaux de Bouille] et le halage se fait facilement.
De la Bouille au Val de leu, le halage est assez bon. Depuis le Val
de leu jusqu’à La Mailleraye, le halage se fait
à travers les
prairies, les vergers, les plantations, sur la crête des murs
de
soutènement, dans le fond des anses ; les hommes et
les chevaux
y courent de grands dangers ». Il est en tout cas
repris par Le Journal de Rouen du 10 mars
1833 : « Les chemins
sont dans un état déplorable. Placés
au-dessous du niveau des
hautes eaux, ils se trouvaient inondés ; les
chevaux avaient
souvent de l’eau jusqu’au-dessus du poitrail,
heureux quand des
coupures pratiquées au milieu de la chaussée, ou
d’autres
obstacles tels qu’arbres, murs, maisons, ne leurs faisaient
par
courir, ainsi qu’à leurs conducteurs, les plus
grands dangers ».
Quand en 1837 la
chambre des députés accorde des
crédits aux chemins de halage de
Rouen à Paris, le député de la
Seine-Inférieure Anisson Duperron
signale que les chemins en aval de Rouen ne sont pas
meilleurs :
« il suffirait de vingt six heures pour remonter
ordinairement
de la Meilleraye à Rouen mais dans
l’état actuel où sont les
chemins de halage il faut quelquefois huit ou dix jours pour faire ce
trajet ».
En mai 1837,
l’ingénieur Meriez dessine le plan du chemin de
halage entre le
passage de la Roche et celui de Jumièges pour accompagner un
rapport
que nous n’avons hélas pas trouvé.
La loi du 31 mai
1846 accorde 1,5 million de francs à l’entretien
des chemins de
halage en aval de Rouen.
Comme le dit un
ingénieur, l’établissement du chemin de
halage est "cause de
mauvaise humeur" pour les habitants de Barneville et du Landin.
C'est à son avis parce qu'étant
"habitués à disposer en
maîtres de rives de la Seine" ils voient d'un mauvais
œil la
remise en vigueur de la servitude de 1669, qu’ils voient
comme un
« ancien lambeau d’arbitraire
exhumé des catacombes de
l’absolutisme et que l’on est tout
étonné de voir ressusciter en l’an
premier de la nouvelle ère républicaine [on est
à moins
d’un an de la Révolution de février
1848] ».
Un chemin de
halage est-il à cette époque de toute
nécessité ? Un
ingénieur semble bien en douter. Il accepte la demande des
riverains
de circuler sur le chemin « à moins que
la navigation
reviennent à reprendre une grande activité ou que
le halage avec
chevaux reprit faveur ».
Dès 1847, les
habitants de Barneville et du Landin demandent que le chemin de
halage soit reporté sur l’autre rive. Le refus est
ferme, « le
halage ayant toujours eu lieu le long de la rive gauche de la Seine
entre la Roche et la Mailleraye ».
Les travaux du
chemin semblent bien entamés quand les habitants,
dès 1848, portent
des réclamations d’abord individuellement puis
collectivement.
Cinq personnes portent réclamation (le sieur Metterie
renouvelant la
sienne) avant la pétition du 5 novembre. On ne peut que
constater
que les ingénieurs sont très réactifs
et donnent rapidement leur
rapport.
Pour les
ingénieurs, certains habitants,
« heureusement en très petit
nombre », usent de "mauvais
procédés", allant
jusqu'à "accabler d'injures" les entrepreneurs
« en
pensant qu’ils finiraient par les
décourager ». Les
riverains sont parfois de mauvaise foi : comment les croire
quand ils affirment qu’un prunier est abattu alors
qu’un homme
est encore monté dedans pour en cueillir les
fruits ?
L’ingénieur démentira bien
sûr. Les dégâts sont souvent
exagérés pour obtenir une plus forte
indemnité ; l’ingénieur
le comprend : « on le fait toujours en
telle
circonstance ». L’opposition
n’est sans doute pas si
terrible puisque l’ingénieur doit en un seul cas
menacer un
riverain, le sieur Benoît, de le faire poursuivre
judiciairement.
Il convient de
voir ce que les riverains reprochent au nouveau chemin de halage.
Les propriétés
riveraines sont resserrées entre la Seine et la
côte. Le chemin le
halage leur en supprime encore une largeur. Le sieur
Metterie :
« la largeur du halage lui enlève presque
la moitié de son
terrain ». Le sieur Rollet :
« sa propriété,
déjà
très étroite, est réduite sur presque
toute sa longueur à une
largeur de quelques mètres ». Pour les
ingénieurs, il n’y a
pas pour cela à allouer
d’indemnité : « La
zone de
terrain prise sur les propriétés ne
dépasse nulle part la largeur
de 9,75 m [à 40 cm du pied ?]
réservée pour le halage par
l’ordonnance de 1669 ». Des briquetiers se
plaignent encore
en 1867 : « si le chemin de halage prend 10
mètres de
large sur le terrain des usines à briques il ne leur reste
point
d’emplacement pour fabriquer. »
Le sacrifice des
arbres des arbres suit dans les doléances. D’abord
ceux abattus
pour la largeur du chemin : « plusieurs
vergers d’arbres
à fruits d’un très grand
produit » Le sieur Metterie est
précis : « 600 pieds
d’arbres fruitiers en plein
rapport chargés de fruits » ;
l’ingénieur modère :
« quelques mauvais saules, 30 arbres fruitiers dont
6 ont pu
être replantés ». Chez le sieur
Rollet, c’est une « haie
où l’on comptait bon nombre d’arbres
centenaires » que
l’on arrache. Pour aller chercher le bloc à la
côte, les
entrepreneurs établissent des "voies de fer" et pour cela
mutilent ou abattent nombre d'arbres.
On l'a vu, les
habitants, les habitants menaient à la Seine les blocs de la
côte
et les débris des briqueteries, pour s'en
débarrasser puis pour
tenter de préserver leurs terrains de l'érosion
du fleuve. Pour les
ingénieurs, c'était pour
« agrandir illégalement leurs
propriétés au dépens du
fleuve ». Et « cela forme en
Seine des avancées qui sont de véritables
écueils pour les
navires ». Cette pratique leur est interdite
« depuis 15
ou 18 ans » mais ils admettent en avoir enfreint la
défense.
Le chemin de halage rétabli, les riverains demandent
« la
permission de déposer les pierres qui tombent des
côtes ainsi que
les vidanges et résidus des briqueteries sur le halage au
long des
cours où la cantonniers les prendraient pour les
réparations
nécessaires au chemin de halage ». Le
refus est clair :
« l’administration fera beaucoup mieux de
pourvoir elle-même
à l’entretien [du chemin de halage] que de
s’en rapporter aux
propriétaires riverains » et
« s’il tombe de la côte
des pierres propres à être employées
à la réparation des talus
du chemin de halage, les cantonniers pourront les casser et les
employer à ce usage ».
Le nouveau chemin
de halage est beaucoup plus haut que le précédent.
Il dépasse en
hauteur le niveau des cours : « les eaux
qui dans les
saisons pluvieuses descendent par les falaises et les ravins ne
trouvant plus d’issues formeront de chaque
propriété des espèces
de cloaques ou de marais infect qu’il deviendra impossible
d’habiter ». Les habitants demandent ainsi
des canaux ;
caniveaux ou aqueduc sous le chemin « devant chaque
propriété ».
L’administration en concède
« partout
où la nécessité s’en fera
sentir ».
Le talus du chemin
de halage, « d’une grande
élévation » rend difficile
l’accès la rivière
nécessaire pour puiser de l’eau –
notamment pour la fabrication de la brique- abreuver les bestiaux,
permettre l’amarrage des barques pour
l’enlèvement des briques.
Les habitants demandent donc des escaliers, ou cales,
ou rampes pour remplacer leurs quais ou
abreuvoirs.
L’administration répond qu’il en sera
construit sans compter les
frais de manœuvre, à tous ceux qui en fourniraient
les matériaux.
La dernière réclamation des
riverains est de pouvoir circuler sur le chemin de halage "à
cheval et en voiture" et « de faire arriver chez eux
toutes les denrées et productions du haut pays dont ils
pourraient
avoir besoin ». S’exprime là un
certain isolement dont les
habitants semblent souffrir. Ils précisent que de toute
façon
« qu’en raison des difficultés
d’accès », la
circulation y serait toujours minime « et pas de
nature à
détériorer la
chaussée ». On voit mal en effet qui
pourrait
utiliser le chemin en dehors de ses riverains. La réponse
est
positive "à titre de pure tolérance" et soumise
à
l'autorisation des communes de contribuer aux dépenses
d'entretien
que la circulation des riverains rendrait "plus
considérable".
Augustin Benoît, briquetier, doit encore en 1859 demander
l'autorisation pour emprunter le chemin sur 300 mètres avec
un
cheval de somme ou une voiture, ce qu’il avoue
d’ailleurs faire
« de tout temps ».
C’est alors que l’autorisation de
circuler sur le chemin de halage est
« accordée aux
propriétaires habitant le long des côtes de
Barneville ».
C’est ainsi les riverains pouvant
circuler sur le chemin qui posent les plaintes suivantes.
En 1878 : « le chemin
de
halage rongé par le flot est devenu au lieu-dit la
côte blanche
quelque chose de dangereux même le jour et impraticable la
nuit ».
C’est que la « barre est assez forte pour
arracher les
matériaux de la berge et les projeter sur la
chaussée ». Les
Ponts et Chaussées font déblayer le chemin
« dans les plus
brefs délais pour donner satisfaction aux
pétitionnaires ».
En mars 1879, le
maire de Barneville se joint à ses habitants pour se
plaindre du
mauvais état du chemin de halage sur près
d’un kilomètre :
« la nuit au moment des marées la
circulation est impossible
un étranger qui suivrait ce chemin y trouverait la
mort ». La
situation est intenable : « pour enlever
des décédés on
est obligé de faire des brèches dans les
propriétés voisines ».
Plus anecdotiques
sont les demandes d’Hyacinthe Persil et de Charles Lassire.
Le
premier voudrait, en 1863, un aqueduc sous le chemin de halage pour
mener à la Seine les eaux d’une source
très abondante. Le second
voudrait au contraire, en 1878, un aqueduc sous le chemin pour mener
l’eau de Seine vers sa propriété dans
« un trou où il pose
les osiers pour les peler ».
En 1913, le projet
d’un chemin d’intérêt commun
entre le passage de la Roche et
celui de Jumièges fait long feu : il ne serait
utile qu’à
huit habitants de Barneville. Et c’est également
le cas, en 1936,
d’une demande de « construction en bordure
de Seine d’un
chemin reliant le passage d’Yville à celui
d’Heurteauville par
une route touristique ».
En 1960, René
Musset dans son livre sur La Normandie note
qu’en 1932 la
Seine en face de la forêt de Jumièges a
sapé sa rive et ruiné le
chemin le halage, poussant les habitants à partir :
35 maisons
habitées en 1929 et 7 quand il écrit.
Jean-Pierre
DEROUARD.
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