Troisième épisode
La Restauration
En conjuguant ancien régime et Révolution, la Restauration mise sur l'unité du pays et son développement économique. A La Mailleraye, en tout cas, les chantiers se développent...
1816 : un trentaine d'ouvriersIls sont ouvriers charpentiers mais aussi calfats. Voici la liste des professionnels établie en 1816. Il s'agit des hommes de moins de cinquante ans, demeurant mobilisables. Nous les retrouverons au fil des ans. Quant au registre de leurs aînés encore en activité à cette époque, il a malheureusement disparu.
Mais reprenons la liste des professionnels recensés à l'aube de la Restauration. Pierre Le Tellier, né en 1777 à Langrunes, est présenté dans le registre ouvert en 1816 comme "chef d'atelier et successeur du sieur Turpin, son beau-père". Sieur Turpin dont l'acte de décès nous échappe. Noël Turpin, né Guerbaville en 1791, fils du constructeur, travaille certainement dans ce chantier, de même que Marin Carel, natif de Guerbaville en 1782, fils de boulanger et témoin au mariage de Pierre Le Tellier avec Louise Turpin douze ans plus tôt.
Le fils du fondateur des chantiers de La Mailleraye a aussi son chantier : Étienne Augustin Saillanfaits, né en 1787 à Guerbaville. C'est un homme d'un mètre 65, les cheveux châtain. Avec sa femme, Barbe Saintsaulieu, il a d'abord maison à Guerbaville puis à Bliquetuit.
C'est seulement en 1821 que Charles-François Rivette, d'abord charpentier à Canteleu, est porté au registre comme ayant son propre chantier à Guerbaville. Mais il est attesté à La Mailleraye depuis au moins 1808, année où lui vient un premier enfant.
On note encore Jean-Jacques Hauveau, né à Sainte-Marguerite en 1789 où il demeure. Fils d'un charpentier de maison, il ajoute la spécialité de perceur à celle de charpentier-calfat. Robert Agnès, né en 1792 à Guerbaville, fils d'un matelot et d'Aimable Scolastique Saint-Saulieu et qui vient de se marier avec une femme au drôle de nom : Prudence Danger ! Humour normand de la part des parents, sans doute...
Apprentis, les gens qui suivent ne sont certifiés présents dans les chantiers de La Mailleraye qu'après avoir été levés au Havre en 1821 pour les besoins de l'Etat : Pierre-Victor Danger et Mathieu Gentil, nés tous deux à Guerbaville en 1797, Louis Duval, né à Saint-Wandrille en 1788, Louis Cauchie, né à Guerbaville en 1775, Charles Benoist, né à Rouen en 1780, Jean-Baptiste Billard, né Fontaine-Henry, près de Caen, d'un père couvreur et qui loge à La Mailleraye chez la Dame Baillemont, Jean-Baptiste Tuvache, né à Guerbaville en 1802, demeurant chez son père agriculteur, Pierre Cyrille Agnès, né en 1798 à Guerbaville, vivant chez sa mère Aimable Scolastique Saint-Saulieu, Jean-Jacques Tuvache, né à Saint-Nicolas-de-Bliquetuit en 1804, vivant chez son père, cultivateur, Pierre Isidore Martin, né à Corneville-sur-Risle, en 1802, demeurant chez son père à Guerbaville, Pierre Bettencourt, né à Guerbaville en 1803, demeurant chez son bûcheron de père, Victor Benoit, né à Guerbaville en 1804, demeurant aussi chez son père. Natif de Bliquetuit, Casimir Martin, loge sous le toit paternel, mais à Guerbaville. Enfin, natif de Guerbaville, Mathurin Legendre n'échappe pas à la règle : il vit chez ses parents mais a la particularité d'être ouvrier voilier. Les registres de l'état civil pour l'année 1816 ajoutent un charpentier de navire : Jean-Pierre Viger, 36 ans, natif de Guerbaville, époux de Marie-Louise Bettencourt. Quant à Jean Buquet, il exerce la profession de toilier sans rapport manifeste avec la marine.
Au total, nous trouvons donc une vingtaine de professionnels auxquels il convient d'ajouter les hors de service. Ce sont les professionnels âgés de plus de cinquante ans, dits encore demi-soldiers, qui ne sont plus mobilisables pour les besoins de l'Etat. Encore une fois, le registre de cette époque a disparu mais il comportait forcément nos chefs d'ateliers comme Charles Bataille père et François Pouchin dont on ne connaît pas la date exacte d'implantation. Avant 1826 en tout cas.
Au registre des hors de service se trouvent aussi les réformés. Ne plus avoir de molaire ne vous empêche pas de travailler chez Pouchin, mais vous dispense de fournir vos bras aux ateliers du Roi.
Après son apprentissage, le charpentier-calfat devient ouvrier de 4e classe, en principe vers ses 20 ans,"au moment de sa classe", âge où il obtient un numéro pour servir l'Etat. Il se peut que ce numéro ne soit pas appelé. Le garçon peut aussi être exempté pour raison de santé. Voire classé dans les hors de service avant l'âge. Mais généralement, jusqu'à ses cinquante ans, l'ouvrier des chantiers de La Mailleraye est levé au moins une fois à Cherbourg pour quelques mois. Rarement deux fois. Rarement aussi à Brest. Encore plus rarement à Toulon. S'il quitte Guerbaville pour "vivre de son état" ailleurs, l'ouvrier doit en faire la demande. Nombreux, dans les registres, sont les "permis de six mois" pour Le Havre, Rouen ou encore Honfleur, Paris et autres lieux. Au regard de chaque année est indiquée en principe l'affectation précise. Mais il arrive que soit simplement portée cette formule impersonnelle : "Travaille dans les chantiers du commerce". S'il change de métier, l'ouvrier doit faire au syndic une "déclaration de renonciation aux professions maritimes". Il est alors rayé de l'inscription maritime par décision ministérielle mais peut revenir sur sa décision. Le syndic surveille de près les inscrits maritimes mais commet parfois des erreurs sur leur cursus quand il ne perd pas tout bonnement leur trace.
Sur le plan politique, le 20 mars 1816, Louis Tranquille Lefèbvre abandonne la mairie pour s'établir à Caudebec-lès-Elbeuf. Le 16 août, l'Administration royale nomme Mathurin Ttuvache.
L'Aimable Honorine, 54 tonneaux, pour maître Hue, de Jumièges. Charles Boquet, marin de Jumièges, en est propriétaire avant Didier Nelaton, commissionnaire de roulage en 1822.
La Bienfaisante Rose, du port de 50 tonneaux, non pontée, pour Hue, de Jumièges. Vendue à Joseph Roland, de La Bouille, en 1923, puis Hersent et Legendre frères en 1833 qui le revendent le même jour à Crevel du Landin. Et à nouveau aux négociants Hersent et Legendre en 37. Dépecée à Rouen le 6 mai 1841 après six mois d'inactivité.
La Providence, 5 tonneaux, non ponté, pour le sieur Bataille, constructeur, on la retrouve pilotée par maître Pierre-Michel Samson, de Vieux-Port, deux hommes à bord.
1817 : deux navires malchanceuxOn ne retrouve que deux lancements en 1817. Et de plus, pas très heureux...
L'Aimable-Prudence, sloop de 48 tonneau, non ponté pour maître Bisson, d'Aizier. A partir de 1824 se succèdent plusieurs propriétaires: maître Quemin, de Vieux-Port, Eléonore Crevel, de Jumièges, maître Rive, du Vieux-Port. Le bateau fit naufrage sous Tancarville le 4 mars 1834. Une partie des gréements fut sauvée par Rive.
L'Heureuse Euphrasie, bateau de 23 tonneaux, non ponté, pour Prévost, d'Aizier qui le revend sur place en 1827. Navigue de Rouen à Caudebec. Le 15 février 1833, désarmé, le navire est amarré au hameau de la Vaquerie . Quand il est entraîné par la tempête contre les quais du vieux port où il se brise totalement.
1818 : le charpentier a disparu !Le 11 Septembre 1818, acte est dressé pour signaler la disparition du sieur Augustin Lavallée depuis 22 ans, donc en 1796. Époux de la fille aîné de Louis Saillanfaits, "il avait reçu l'ordre du gouvernement, en qualité de charpentier de navires, de se rendre dans un des ports de mer pour y être employé aux travaux à faire. Ordre qu'il exécuta en se rendant à destination". Les sieurs Jean Denos père, couvreur en ardoises, les sieurs Jean Martin Cottard et Jean Nicolas Lemarié, facteurs de ventes, enfin Louis Pierre Barthélémy Turpin, charpentier de navires, témoignèrent de cette affaire devant Me Dominique Touzé, notaire royal à la résidence de Guerbaville. (Source : Colette ANQUETIL)
A partir du 25 octobre 1818, le charpentier Robert Agnès prend le commandement de la Jeune Alexandrine qui effectue des allers et retours avec Caudebec. Il reste un ouvrier à temps partiel. Très partiel même car, désormais, il semble s'adonner entièrement au métier de marin.
Les grands lancements
L'Aimée-Joséphine, 213 tonneaux, pour les sieurs Hérubel, de Rouen, Carel, de la Mailleraye et le capitaine Baudry, de Quillebeuf. Le navire part pour Charles-Town en 1818 et va connaître un procès. Le 15 mars 1819, le sieur Hérubel souscrit un contrat à la grosse au profit des sieurs Vassal et Cie, agents de la Compagnie d'Assurances Générales et affecte au remboursement du prêt sa portion de l'Aimée-Joséphine, son fret et son chargement. Le 6 mai suivant, l'Aimée-Joséphine est de retour au Havre. Alors les sieurs Vassal et Cie font, entre les mains des douanes, des oppositions à la délivrance des expéditions du navire. Aussitôt, Baudry, capitaine et co-propriétaire, demande la main-levée de cette opposition et assigne Vassal et consorts devant le tribunal de commerce du Havre. Ces derniers opposent un déclinatoire. Ils soutiennent que le tribunal de commerce est incompétent pour deux raisons : 1° parce qu'il est hors de ses attributions de statuer sur une demande en main-levée d'opposition ; 2° parce que l'Aimée-Joséphine appartenant au port de Rouen et non au port du Havre, et le sieur Hérubel, qui en est l'armateur, étant domicilié à Rouen, c'est devant le tribunal de commerce de cette dernière ville que la demande en main-levée aurait dû être portée. Le 22 mai 1819, le déclinaloire est rejeté, notamment au motif que Baudry, autre propriétaire, a pour domicile le navire qui se trouve au Havre, jugement qui fut confirmé le 15 août.
La Bonne Société, galiote de 60 tonneaux, un pont pour le compte d'Edouard Lelargue & Cie, d'Heurteauville. En 1820, le capitaine Marais la mènera à St-Pétersbourg. En 21, c'est le capitaine Chéron. Levasseur fera ensuite du petit cabotage. En septembre 1827, elle rallie la Martinique. En 1829, maître Doeuvre, de Honfleur, a les 7/8e. Inscrite à Dieppe en 1835.
La Flore Victoire, gribane de 56 tonneaux, fut gréée en sloop et pontée à la Mailleraye en novembre 1818 pour le compte de Michel Léguillon, marchand de bois de Duclair. Elle fait cinquante pieds de long de l'éperon à l'étambot. Du port de 56 tonneaux, elle eut pour capitaine Leclerc et naviguait entre Rouen et Le Havre avec La Mailleraye pour port d'attache. A la mort de Léguillon on la revendit en 1821, quai de Rouen, près l'abreuvoir du Mont-Riboudet. Le sieur Damours, marchand de bois à Roncherolles-sur-le-Vivier la rachète. Elle passe en 1839 à André Legendre, matelot de Guerbaville. On la retrouvera en 1850 sous les ordres Guillaume Quesne, de Rouen, avec quatre hommes d'équipage. Passa au quartier d'Honfleur cette année-là.
La Jeune Adèle, sloop de 51 tonneaux pour Maître Evrevin, de Dieppedalle. Après avoir été vendu à Laumonier, commerçant de Rouen, ce navire s'est perdu sous Radicatel le 23 octobre 1827.
La Jeune
Alexandrine, 10 tonneaux, pour Robert
Agnès, de Guerbaville, qui
effectue essentiellement des traversées pour Caudebec. Le 31
juillet 1828, ce père de six enfants en bas-âge,
ancien charpentier, prévient que, provisoirement, son
bateau
ne navigue plus. Il prend alors le commandement du Saint-Louis. La Jeune Alexandrine
fut dépecée au Havre dans le courant
du mois
de mai 1831 au chantier du sieur Mezeray, charpentier de
navires.
Le 16 juillet 1819, l'ouvrier voilier Mathurin Legendre déclare renoncer à son état pour adopter la profession de menuisier. Cette année-là, Charles Bataille quitta quelques jours son chantier pour aller dépecer à la Cheminée-Tournante, entre Duclair et Yville, la Gribane Eugénie, patron Deconihout, construite à Dieppedalle.
Les grands lancements
La Caroline Désirée, 38 tonneaux pour Virvaud, préposé des Douanes à Yainville et Hue, le maire de Jumièges. Ils la revendent en 1825 à Constant Patrice Costé, marin de Yainville et Louis Deshayes, marin de Guerbarville qui s'en séparent deux ans plus tard. 1829 :à Lassire et Poisson, du Landin. Lassire cède sa part à Jacques Féret et Cie, Yainville. Le navire fut dépecé à Yainville le 20 mars 1846 après trois ans d'inactivité. Quand, veuf, Féret se remarie douze ans plus tard, il est dit ancien marin.
L'Aimable François, 37 tonneaux, pour Guillaume Quesne, marin à Yainville qui le revend en novembre 1827 à Louis Alexis Persil, du Mesnil. Le navire rallie souvent Aizier, Caudebec. Son dernier voyage fut, en 1835, pour Caumont où il fut dépecé en mars 1837.
Le Fort-Constant, bateau non ponté de 32 tonneaux, pour Pierre Louis Alleaume, du Mesnil qui s'en sépare en mai 23 au profit de Pierre Duquesne, matelot au Landin. Mettier, de Dieppedalle, en devient propriétaire en 1828. Destination fréquente : Caudebec. Désarmé en mai 1837. Reste inactif puis est démoli à Dieppedalle en avril 1840.
Le Désiré Vigilant, bateau non ponté de 27 tonneaux, pour Helot, d'Aizier, passe en 1821 à Poulain, en 22 à Duquesne, du Landin. En 1830, il est à un marin de Dieppe, Riollant. En 1832, les frères Duquesne, journaliers au Landin en sont propriétaires. Finira dépecé au chantier Agasse, au Val-de-la-Haye.
Le Joseph, bateau non ponté, 24 tonneaux, pour Joseph Condor, invalide de la Marine demeurant à la Mailleraye. Effectue des voyages à Caudebec. Condor le donne en cadeau de mariage à son gendre nommé... Legendre. Qui le revend à son beau-frère, Louis Condor, en 1834. En 1835, il le cède à un journalier d'Yville, le sieur Bénard. En 1837, il va au sieur Larcher, constructeur à Dieppedalle. Puis à Meltiez, entrepreneur dudit lieu. Démolie sur place en décembre 1841.
L'Emile
Clarice,
10 tonneaux, appartenant à Rivette, le constructeur. En
1821,
passe à Louis Cordier, de Guerbaville. Entra en
réparation le 12 mars 1826 à la Mailleraye.
Rallie
Aizier, Caudebec... Désarmé en juin
1833,
dépecé en janvier 1835 à la Mailleraye.
Le 4 septembre 1820, le charpentier Billard, range
ses outils. Inscrit sur la Pauline-Prudence,
à Guerbaville, il n'embarque pas. Mais le 8,
maître charpentier
sur les Deux-Frères,
capitaine Riou, il part pour pour Savannah.
Il en débarquera le 10 février 1821 et
repartira sur
le même le 17 mars, cette fois pour Saint-Domingue.
A
49 ans, Charles-François Rivette est toujours
constructeur de navires. Son épouse, Anne-Prudence
Bellenger,
accouche d'une fille en juillet que l'on prénomma
Clémence Emélie.
En
1820, un paquebot à vapeur, Le
Triton,
fait
la navette entre Rouen et Caudebec avec escales à La
Bouille,
Duclair et
La
Mailleraye. Doté de chambres, il fait le voyage en six
à
sept heures et rentre le lendemain. Il fait aussi le trajet Rouen-Le
Havre avec escale supplémentaire à Quillebeuf.
Les grands lancements
La Marie d'Amour, sloop de 56 tonneaux, dite encore galiote, pour le compte de maître Jacques Cauchois, de la Mailleraye. Armée le 8 septembre, elle fera le petit cabotage de Rouen au Havre. Après Cauchois, elle sera commandée par Louis Ferdinand Bourdon puis André et Etienne Legendre, de La Mailleraye. En 1861, subit une grande réparation chez Pouchin. Rien que 5 800 F pour la coque. En 1862, vendu par adjudication aux sieurs Lematelot et Léon Legrand. Lefranc la rachètera en 1868 pour la dépecer.
La Diligente, 24 tonneaux. Sabatier, de Jumièges, en est le propriétaire en 1853. Persil la mène au bornage jusqu'en 1863. Dépecée à la Mailleraye en 1864.
L'Y, navire de 22 tonneaux au nom le plus court mais à la vie fort longue. Apparaît dans les registres de 1853 avec pour propriétaire Turgard, de Boscherville. Passe à Hurel puis Delafenestre, tous deux de Villequier, enfin à Pierre Feuillye, de Vatteville en 1871. Navigue toujours en 1872 avec Joseph Ferment, patron au bornage. Dépecé cette année-là à Villequier après 52 ans de navigation.
L'Adèle, 12 tonneaux, appartenant à Victor Lefée, de Vatteville, en 1853. Naufragé en 1855.
Le Bon Henry, canot de 10 tonneaux pour Frédéric Agnès, de Guerbaville. Le 18 août 1824, il le vend au sieur Roger, passager de la Mailleraye... qui le revend le 28 mars 1828 à Agnès. Il effectue des traversées à Caudebec avec parfois Saffray comme maître à bord. En 1832, il devient la propriété d'un cultivateur de Saint-Maurice-d'Etelan, Pierre Fiquet. En 1834, il passe au sieur Fessard, d'Andeville, puis en 39 à Pierre Lachêvre, de Caudebec. Démoli en août 1841 au chantier du sieur Bataille, "à Villequier", précise le registre d'immatriculation. Il s'agit du fils qui, bientôt, va défrayer la chronique.
1821 : levées au HavreEn 1821 plusieurs charpentiers de La Mailleraye sont levés pour les besoins de l'Etat au Havre; Pierre Victor Danger est appelé par deux fois mais vite renvoyé à Guerbaville en décembre. Roux avec un long nez, les yeux bleu, Mathieu Gentil est lui aussi levé deux fois. Louis Duval, n'est appelé qu'une fois et travaille une dizaine de jours, fin mai 1821. Grand blond aux yeux bleus, Louis Cauchie n'accomplit lui aussi que quelques jours en mai. Il sera déclaré hors de service en 1826. Jean-Baptiste Tuvache sert deux fois au Havre en 1821 et sera rappelé deux mois l'année prochaine. Pierre Cyrille Agnès est levé deux fois en 1821. Victor Benoît est levé du 3 juin au 1er août.
Les levées se feront de plus en plus loin : Cherbourg, Brest, Toulon...
En 1821, Louis Turpin est toujours constructeur de navires. Charles-François Rivette ayant atteint l'âge de 50 ans n'est plus mobilisable. L'occasion de préciser qu'il dirige un atelier de charpentiers à La Mailleraye. Mais depuis quand ? Pas plus de quatre ans. Enfin deux frères figurent sur la liste des charpentiers : Maturin et Pierre Victor Danger, 35 et 23 ans.
Quand elle ne réside pas à La Mailleraye, la marquise de Nagu est en son château d'Orcher ou encore à Rouen, 69, rue Sainte-Croix-des-Pelletiers. Là, en 1821, elle met en vente son cabriolet. S'adresser au portier. Elle préside surtout, depuis sa création en 1784, une Societé maternelle.
Mathurin Tuvache est reconduit dans ses fonctions de maire en 1821.
L'Hirondelle, dogre de 100 tonneaux. D'abord plusieurs propriétaires dont Noël Bien, capitaine au long cours au Val-de-la-Haye. Change de propriétaires en 1827. François Deuve le mène à Riga en 1833. Est à Decaen et Brienne, négociants de Rouen.
La Victorine, gribane pontée de 57 tonneaux, pour Michel Poulain, marin de Mauny. La vend à des homonymes de Vieux-Port en 1824. On la verra à Caen, Dunkerque. Va à Fillon, marin de Trouville, en mars 1836. Le 27 décembre, elle fait naufrage à la côte de Ouistreham, entièrement rompue et hors d'état de naviguer.L'Adélaïde, gribane pontée de 49 tonneaux, pour maître Coulon, de Guerbaville. Dépecée en février 1841.
L'Aimable Félicité, gribane pontée de 49 tonneaux pour maître Jacques Touzé, du Mesnil. Immatriculée en 1822 au Havre.
Le Saint-Louis, bateau de 42 tonneaux, ponté, pour Louis Poulain, de Jumièges. Après quelques voyages à Caudebec, il le revend quatre ans plus tard à Savalle, de Vatteville. En 1829, il va à un charpentier de marine de Vatteville, Legendre. En 1837, à Pierre Deconihout, de "Saint-Pierre-sous-Jumièges." Le Saint-Louis fut rayé du registre en septembre 1839, "faisant exclusivement la navigation intérieure"...
La Dominique, non ponté de 33 tonneaux pour Fessard marin de Guerbaville. Plusieurs actionnaires : Rabardy, capitaine de navire, le négociant Legras, de Rouen, un négociant de Saint-Malo. Fessard vendit le bateau le 19 octobre 1845 à Étienne Févaux, dépeceur de navire au Mont-Riboudet.
L'Aimée Véronique, bateau non ponté de 32 tonneaux, pour Pierre Crevel, du Landin. En 1829, passe à Denise fils, constructeur de Quillebeuf. Inscrit à Honfleur en 1830.
1822 : le chantier Bataille filsCharles-Joseph Bataille est chef d'atelier en 1822. Il a dans son chantier Jean-Jacques Hauveau, de Sainte-Marguerite.
Pierre-Victor Danger, 24 ans, époux de Pétronille Coulon est toujours attesté comme charpentier de navires. Son père est cabaretier.
Pierre Le Tellier, 42 ans, est également charpentier.
Le 1er juillet 1822, Pierre-Cyrille Agnès, charpentier natif de Guerbaville, embarque comme maître à bord du Danger qui navigue entre la Mailleraye et Caudebec. Il en débarque le 22 octobre.
La Clémentine sloop de 75 tonneaux pour Louis Pierre Ducatel, de Jumièges. Effectue quelques voyages à Caen. Inscrite au Havre en 1833.
L'Eulalie, sloop de 75 tonneaux, pour Poulain, de Vieux-Port, le 19 septembre. D'abord immatriculé au Havre puis à Rouen. Le 29 juin 1835, à 1h de l'après-midi, allant de Rouville à Fécamp, il coule près d'Etretat avec un chargement de pierres. L'équipage parvient à se sauver à bord du canot. On ne retire du sloop qu'une baume, un morceau de voile et de petits objets sans valeur.
La Belle Rose, gribane de 64 tonneaux pour Jean Augustin et Louis Gossey, marins de Jumièges. Navigue entre Rouen et Le Havre, une année à la mer. Fortin est à la barre en 1825.
L'Aimable Pélagie, 33 tonneaux, pour Guillaume Pigeon, de Jumièges. Va en 1831 à Toutain, de Caumont, en 1832 aux sieurs Lafleur père et fils et Charles-Joseph Bataille, le constructeur, enfin en 1836 à Pethion et Cie.
Petite pêche
La Victoire, patron Poulin, de Villequier, en 1853. Dernier patron : Guilbert. Dépecé en 1861 après 39 ans de navigation.
1823Le 16 janvier, le marquis de Mortemart rend l'âme. Il est inhumé dans la chapelle du château. Le 1er juin, c'est au tour de l'abbé Miette, ancien curé de Caudebec, chapelain de la marquise de Nagu. On lui doit une histoire de Caudebec.
La Minerve, 47 tonneaux, à Désir Vautier, du Trait, passager de la Mailleraye , qui la revend très vite à maître Blondel, de Vatteville, après un voyage entre Rouen et Caudebec. Ira à Caen en 1835 Passe au quartier d'Honfleur en 1850.
L'Arsène, non ponté de 2 tx, Jean Pierre Pascal Testu, du Mesnil-sous-Jumièges, (on le donne aussi lancé en 1829), armé au cabotage, toujours actif en 1851.
Le
D'Orléans,
un tonneau, (on le donne aussi lancé en 1829), il navigue
toujours en 1852 avec Royer, d'Heurteauville, pour
patron, deux hommes. Quand Royer rend l'âme, le bateau est
vendu
à Lemercier, de Lillebonne. Le navire fut perdu corps et
biens
à Berville selon le syndic de Tancarville en 1862.
Le 8 juin 1824, Marin Carel déclare renoncer à l'état de charpentier pour être marchand de bois. Il demeurait à La Mailleraye. On le retrouve à Rouen 29, boulevard Beauvoisine.
Samedi 24 juillet 1824 est le jour où la duchesse de Berry débarque à La Mailleraye du Galibi, accompagné d'un vapeur portant le nom de la duchesse et qui depuis quelques années fait la liaison Rouen-Le Havre avec escale au port de Guerbaville. Compte-rendu du Journal de Rouen :
Mme la duchesse de Berry s'est embarquée vers six heures du matin sur le Galibi, bateau à vapeur de l'Etat, destiné à établir des communications entre Cayenne et la Mana. Ce bateau, à peine terminé, sort des chantiers de la Mailleraye. MM. Chavnon, commissaire général de marine au Havre et Martin, commissaire de Marine à Rouen, s'étaient empressés de le mettre en état pour le premier trajet qu'il devait faire sous des augures si favorables.
MM. les officiers de marine faisaient le service à bord du Galibi, sous le commandement de l'un d'eux, M. Louvrier.
Son Altesse royale était accompagnée de M. le lieutenant-général commandant la division et de M. le Préfet du département. Elle a été saluée, au moment de s'embarquer, par les acclamations de la foulet et l'artillerie du Galibi.
Un grand nombre de personnes s'étaient elles-mêmes embarquées sur l'autre bateau à vapeur, la Duchesse-de-Berry, et semblaient convoyaient Son Altesse Royales, mais le Galibi, mu par une force supérieure, prit une course beaucoup plus rapide.
Comme la veille, le plus beau emps favorisait la promenade et permettait à l'auguste voyageuse de jouir, dans tout son ensemble, du tableau vraiment enchanteur que forme, sur toute la route, les deux rives de la Seine. L'excellent musique de la Garde royale avait été placée sur le Galibi et charmait encore le voyage par les accords les plus mélodieux.
Quinze hommes de la Garde nationale avaient obtenu la permission d'accompagner la princesse et de faire le service auprès de son auguste personne. Du reste, même empressement de la part des communes ; partout les fonctionnaires publics, à la tête de la population, accouraient sur le passage de la princesse et la saluaient par de nombreux vivats. Les communes de la Bouille, de Jumièges et de Duclair se sont particulièrement distinguées. N'oublions pas de dire que le corps des douaniers a constamment montré le plus grand zèle et le plus louable dévouemennt.
Mme la Duchesse a mis pied à terre à Jumièges, lieu célèbre par l'antique abbaye de ce nom, dondée par la piété de nos rois, ruinée ensuite par les hommes du Nord, relevée par nos ducs et prête à céder aujourd'hui aux injures du temps. Son Altesse Royale a vsisité, sous tous les aspects, les vénérables ruines qui subistent encore et jusqu'aux vestiges des peintures à fresque, des bas reliefs qui ont échappé jusqu'à ce moment à la destruction qui va bientôt les atteindre.
Vers deux heures, Mme la duchesse de Berry est arrivée en vue de la Mailleraye.
Par l'effet d'une heureuse circonstance, un grand nombre de bâtimenbts se trouvaient rassemblés dans ce mouillage et présentaient un coup d'œil des plus pittoresques.
Son Altesse royale a été reçue en débarquant par Mme la marquise de Nagu, M. le marquis et Mme la marquise de Mortemart et les principales autorités de l'arrondissement d'Yvetot. Plusieurs dames des environs s'étaient aussi réunies en cet endroit ; on remarquait parmi elles Mme la baronne de Villequier, sœur de M. le chancelier, Mme Fouquier-Long, épouse de l'un de nos députés et Mme Manoury, veuve de l'un de nos anciens et respectables armateurs. Unefoule immense bordait le rivage comme dans tous les lieux où passait Son Altesse Royale.
Après le dîner, la Princesse s'est promenée dans le pac magnifique de la Mailleraye, parc connu de tous les habitants de Rouen, grâce à la bonté tout aimable de Mme la marquise de Nagu, qui en permet l'entrée avec une complaisance toujours nouvelle, et que nous sommes bien aise de signaler particulièrement aujourd'hui. Cette respectable dame et M. le marquis de Mortemart ont été admis à l'honneur d'accompagner Son Altesse Royale dans sa voiture.
L'auguste voyageuse est repartie vers dix heures par la route de terre...
Le Galibi fait partie d'un série de trois remorqueurs en chantier en 1824. Il semble que le Journal de Rouen commet une erreur. Ce Galibi ainsi qu'un Rapide furent mis en chantier à Rouen, chez Bataille et Malleux, 1, avenue du Mont-Riboudet. Le Coureur, premier bâtiment achevé, quitta La Mailleraye pour Le Havre le 29 mars, piloté avec dextérité par l'enseigne de vaisseau Louvrier, armé en brick-goélette mais dépourvu encore de voiles. Il mit ensuite dix heures pour rallier Cherbourg et de là prendre son service à Rochefort. La duchesse empruntera encore le Galibi pour se rendre aux bains de mer, à Dieppe. Et c'est repabtisé de son prénom, Caroline, qu'il ira de Brest à Cayenne où il est destiné.
Le gendre et la fille de Mme de Nagu sont donc venus aider leur mère à accueillir la duchesse. Quand ils regagnent Paris, Paul de Mortemart, leur fils de 13 ans, vient d'être emporté par une maladie foudroyante. Sans ce décès, le château de La Mailleraye serait peut-être encore debout. Le corps de la victime reposera à la chapelle, sur les quais...
En septembre, on apprit la mort du Roi. Son frère était appelé à lui succéder sous le nom de Charles X.
Le 22 novembre 1824, il est permis au charpentier Pierre-Victor Danger d'aller travailler six mois à Lyon. De retour le 20 mars 1825, il rejoindra les chantiers du sieur Rivette. Le maire de Bliquetuit dispense Casimir Martin de service militaire avec un certificat attestant de sa faible constitution.
La
Bonne-Mère,
brick de 161 tonneaux, pour Louis Hue, de Dieppedalle et
André
Thibaut de
Rouen qui s'efface devant le négociant Legras en 1828.
La Victoire Adélaïde, gribane de 52 tonneaux, pour Auzoult, Dieppedalle. Passe en 1842 à Fevaux, constructeur de bateaux à Rouen qui cède des parts à Victor Mauchrétien, marin de Bliquetuit. Dépecé en août 1846 pour cause de vétusté.
1825 : la faillite du fils BatailleOn restait encore sous le charme de Caroline, la duchesse de Berry, au point que le concours de poésie de l'Académie de Rouen porta sur le voyage de Son Altesse Royale, notamment à La Mailleraye...
Le mercredi 20 juillet, Charles-Joseph Bataille fils aîné, fut déclaré en faillite par le tribunal de commerce de terre et de mer séant à Yvetot. Les scellés furent apposés sur ses magasins, comptoirs, livres etc. tandis que sa personne était incarcérée pour dettes. On nomma pour cette faillite un juge commissaire, M. Neveu-Lormier, suppléant au tribunal de commerce d'Yvetot, et un agent, le sieur Beaucousin père, marchand dans la capitale cauchoise. La date de l'assemblée des créanciers pour la nomination d'un syndic provisoire fut fixé au lundi 8 août, à 10h du matin, dans une salle du tribunal d'Yvetot. On confia cette fonction au marchand de bois Vauquelin. Le 5 octobre, la justice consulaire fixa au 13 mars suivant l'ultime séance de vérification des créances. Mais le chantier du Bataille n'a pas dit son dernier mot...
Entre temps, le 25 août, c'est d'abord Pierre Lambert Mazier, charpentier de navire, 19 ans, né à Ecaquelon, dans l'Eure, qui épouse Désirée Agnès. Elle est de Guerbaville où son père est mort le 16 mars 1818. Ses deux frères sont aussi charpentiers de formation.
Cinq jours plus tard, c'est le mariage de Guillaume Enault, charpentier de navire, 21 ans, né à Ouistreham où son père exerce toujours. Enault épouse Louise Gentil, une blanchisseuse. On note la présence de Charles Rivette, constructeur de navires à Guerbaville, 54 ans, Joseph Herpeur, Mathieu Bernard Gentil et Pierre Louis Cauchie, trois charpentiers de navires. Entouré d'un tel aréopage, le nouveau couple ne peut que réussir. Un jour, les chantiers Enault seront fameux.
Les Deux-Amis, goélette de 79 tonneaux pour les sieurs Poisson, de Caudebec et Groux, maître au cabotage au Landin. Devient brick le 2 octobre 1828. Fait Bordeaux en 1829, Marseille en 1831. Le 25 janvier, à 8h du soir, le navire se perd sur les rochers de la pointe du Pharo, près Marseille.
La Bonne Intention, gribane de 69 tonneaux, pour Pierre François Renault, maître au cabotage à Jumièges. Effectue plusieurs voyages entre Rouen et Le Havre. Va à maître Caron, d'Aizier, en 1829, à Gossé de Jumièges en 1836 qui la revend peu après à des négociants d'Honfleur. Daviron et Mathéus de Rouen en sont propriétaire en 1839. Dernier capitaine : Bouffard. Désarme au Havre le 4 septembre 1841 "par suite de naufrage".
La Charlotte-Louise, galiote de 64 tonneaux, pour Bourcy et Société. 1830 : maître Sagan, de Rouen, s'associe pour 3/8e. Démolie à La Mailleraye en mars 1843.
La Diligente, sloop non ponté de 60 tonneaux pour Pierre Lesourd, maître au cabotage au Val-de-la-Haye. En 1835, maître Richer, de Hauville, s'associe pour un quart. On la retrouve sous forme de gribane pontée en 1850 et appartenant alors aux sieurs Hersent, Legendre et Richer, de Rouen. Augustin Desmazures, de Honfleur, la commande depuis huit ans en 1850 avec trois hommes d'équipage. Désarme à Rouen le 12 décembre 1851. Navigue au bornage en 53, patron Vagnon, puis demeure inactive. Aurait été dépecée en 1853 selon avis du syndic de Villequier mais il fait allusion là à un sloop du même nom, lancé certes la même année mais du port de 3 tonneaux et non de 60.
La Jeune Houzarde, gribane de 59 tonneaux pour maître Houzard, de La Bouille. Vendue en 1832 à maître Labbé, de Quillebeuf, et Durand, négociant de Rouen. Dernier capitaine : Brisset. Dépecée à Honfleur en 1847.
La Désirée Louise, 49 tonneaux, aux sieurs Poullain, de Jumièges et Moulin, négociant. En 29 Poullain en est seul maître. Peu après cède à Jean Moulin. En 1838, le sieur Commanville en est propriétaire. Il abandonne le même jour ses droits au sieur Descours. Elle fut dépecée à Rouen en novembre 1840 après dix mois d'inactivité.
La Jeune Hildegarde, 35 tonneaux, pour Delacroix, marchand épicier à Rouen. En 1836 va à Hulley, matelot de Jumièges, puis Duclair. A partir de 1945, reconnu "innavigable", sert de logement au gardien de bateaux de Paris.
Petite pêche
Le Saint-Jean,
un tonneau pour Jean Valentin Thirel, de La Mailleraye. Passe
à la navigation intérieure en
1861. Réarmé à la pêche
fluviale en 1862. Dépecé en 1865.
Le 12 avril 1826, Mathurin André Tuvache est reconduit maire. La faillite du sieur Bataille suit son cours. Parmi la foule de ses créanciers convoqués le 13 mars au tribunal de commerce d'Yvetot, certains donnent un aperçu des professionnels de Guerbaville : "Pouchin, contremaître charpentier, Hauveau, Duval, Gentil, Tuvache, Hogdson (Hockesonne), Hardel, Bataille père, tous charpentiers-calfats, Lecœur et Denos, menuisiers associés, Pierre Petit, Mongrard, Duchemin et Delarue, voituriers, Heude père et fils, Caron, Frémont, Troudé et Legendre, scieurs de long associés, Viger et Ducatel, id. Julien Lepelletier, peintre, Danger, poulieur, Victor Bataille, Carel et Tuvache père marchands de bois, Téterel, marchand ferblantier, Rose-Dominique Marc, épouse dudit sieur Bataille fils aîné, Zoé Lafosse, servante dudit sieur Bataille, tous demeurant à Guerbaville."
Les autres créanciers sont de Rouen, Caudebec, Honfleur, Cherbourg, Le Havre etc. On note au passage Lefort, marchand à Jumièges. Il s'agit de Jean-Baptiste Lefort, un ancien marin reconverti dans le commerce du bois et qui sera conseiller municipal. On note encore Désiré Vautier au Trait, c'est le passeur du bac de La Mailleraye. Rollain, chaufournier à Yainville, lui, il sera maire de son village de 1826 à 1829. Jean-Jeanne Ponty voiturier à Sainte-Marguerite...
Ceux qui partent. Le 8 mars 1826, il est permis au charpentier Jean-Jacques Tuvache de se rendre au Havre. Là, il attrape la bougeotte. Car il embarque en fin d'année pour Cuba à bord de l'Amérique comme maître charpentier. Après un court passage sur la goélette le Beaucis, il mène une bonne partie de sa carrière sur l'Eulalie.
Le chantier Le Tellier compte parmi ses ouvriers Denis Durand, natif de Manneville-sur-Risle. Bientôt, il prendra la route de Pont-Audemer.
Ceux qui renoncent. Le 16 mars, Pierre Isidore Martin, natif de Corneville, renonce à la profession pour celle de badestamier, imité en cela par son frère, Casimir Martin. Mais leur serment ne tiendra pas. Dès le mois de mai, lorsque Pierre Isidore se marie, il a pour profession... instituteur ! Dix ans plus tard, on le retrouvera charpentier chez Pouchin.
Louis Lesage, 20 ans, fils de l'aubergiste de Notre-Dame-de-Bliquetuit, dit renoncer à toute profession maritime. L'année suivante, l'Administration le dit "absent, sans nouvelles. Serait remplaçant dans l'armée de terre." Il disparaît donc du paysage aux yeux de l'Administration qui finira par le rayer de ses grimoires. Pourtant, en 1829, on le retrouve à la mairie Villequier se mariant avec une cultivatrice de six ans son aînée. Il se dit encore charpentier de navire et un brigadier de gendarmerie lui sert de témoin...
Ceux qui meurent. L'Administration maritime le cherchait partout ! Charpentier de navire natif de Canteleu, Jean Victor Desbuissons travaillait à La Mailleraye. Il logeait à l'auberge du sieur Bourdon lorsqu'il trouva la mort le 20 septembre 1826, à 11 h du matin. Ses deux fils vinrent déclarer le décès, l'un charpentier de navire à Rouen, l'autre imprimeur en indiennes à Canteleu.
Les métiers annexes. Si Pierre-Victor Danger, 29 ans, est toujours charpentier de navire, Jacques Mathurin Danger, 41 ans, est quant à lui poulieur.
L'année se termine par la mort, le 14 décembre, de la marquise de Nagu, présentée comme la bienfaitrice des pauvres dans la région. Sa dépouille resta exposé 24 heures sous le péristyle du château. Allées et cours se remplirent de peuple venu de toute la région environnante. Chacun tenait à asperger d'eau bénite le cercueil de la défunte. Elle fut inhumée dans la chapelle où l'accompagnèrent notamment nombre de fonctionnaires des communes limotrophes. Elle rejoignit dans un même tombeau son arrière-petit-fils, parti trop tôt. Egalement propriétaire du château d'Orcher depuis 1797, la marquise de Nagu laisse pour héritière Adélaïde Ceste de Nagu, veuve de Victor de Rochechouard, marquis de Mortemart.
Le Fulgor, brick de 225 tonneaux. Pour 27.000 F payables par termes, la commande fut passée le 14 janvier 1825 au chantier Bataille fils aîné. Le navire devait être livré pour le 15 juin. Or Bataille fit faillite. Un procès opposa le commanditaire par la voie du capitaine Frémont, de Quillebeuf, au syndic de faillite, Vauquelin, marchand de bois. Frémont fit assigner des experts pour faire achever le navire mais Vauquelin fit appel, estimant que le navire en l'état était propriété des créanciers du failli. Il fut débouté le 24 janvier 1826.
Le premier voyage du Fulgor fut pour Marseille le 3 juillet 1826 avec retour au Havre le 19 janvier 1827. Le propriétaire déclaré est alors Félix Shmidt et le capitaine, Louis Guillaume Frémont. Avec des rotations à Marseille, au Pérou, à Saint-Pétersbourg, La Martinique et de nouveau Marseille, on va le voir désarmer dix fois au Havre... Le 14 septembre 1830, après la Révolution qui chasse Charles X, le Journal des Débats publia cet article :
On lit dans une lettre écrite de Pétersbourg le 28 août : " L'lntrépide-Canaris, capitaine Deheulle et le Fulgor, capitaine Frémont, sont entrés hier a Cronstadt avec le pavillon tricolore et d'après les ordres de S. M. l'Empereur, ils ont été reçus. Cette nouvelle devra d'autant faire plus de plaisir en France, qu'elle est un nouveau motif pour penser que la paix générale ne sera pas troublée."
"Il avait d’abord été arrêté provisoirement, rappelle la Gazette de France, que non seulement les navires français ne seraient pas reçus sous pavillon tricolore, mais qu’ils ne pourraicnt entrer dans les ports de la Russie, même avec pavillon blanc, sauf les cas de relâche, que munis d'expéditions délivrées par les autorités de Charles X. Les deux navires se trouvaient justement dans les conditions tout à tout à fait opposées, puisqu'ils portaient pavillon tricolore, qu’ils étaient partis du Havre dans les premiers jours d’août avec des papiers du bord délivrés au nom du nouveau gouvernement."
On lit dans le journal publié en
allemand et quelque peu en français, le St. Petersburgischen Zeitung,
31 mai 1835 : Le beau
navire français Fulgor, capitaine Frémont,
connu
par sa marche supérieure, peut encore prendre quelques
passagers
pour Le Havre, ils seront parfaitement logés et nourris, les
meilleures dispositions ayant été prises
à cet
effet. S'adresser à Cronstadt, au capitaine à son
bord,
et à St-Petersbourg, à Mrs Delbos et C. au coin
de la 8me
ligne, à Wassili-Ostroff.
Autre anecdote concernant le Fulgor : le 2 janvier 1843, "le brigadier Thouret s'est encore signalé par une action des plus honorables, signale le Ministère de l'Intérieur. A onze heures et demie du soir, il porta un généreux secours à un matelot du navire français Fulgor, qui était tombé à la mer, et après avoir plongé pour le saisir, il le ramena à bord sain et sauf. C'est la sixième personne qui lui est redevable de la vie."
Après Frémont, Germain
Biard, de Tourville venait, le
30 décembre 1842,
de prendre le commandement du navire en partance pour les
Gonaïves. Propriétaire : Levavasseur. Il fit le
voyage
aller chargé de lest avec 12 hommes d'équipage et
revint
avec du bois d'acajou le 3 juillet 1843. Puis c'est un nouveau voyage. Catastrophique,
celui-là. Gazette
nationale, 25 avril 1844 : " Nous apprenons la perte du
brick le Fulgor,
capitaine Billard, parti le 20 février des Gonaïves
pour le Havre, avec un chargement de bois d’acajou, de
Campéche et quelques cafés. Deux hommes de
l’équipage viennent d’arriver au Havre
par la voie de Hambourg, (Ndlr :
à bord du steamer Le
Havre)
et rapportent, au sujet de cet événement, que, se
trouvant dans ses débouquements, leur navire a
coulé
presque subitement sous leurs pieds. L’équipage
n’a
eu que le temps de mettre la chaloupe à la mer,
d’y jeter
quelques vivres et de s’y réfugier. Le navire a
disparu
presque aussitôt sous les flots. Ils ont réussi
à
atteindre la terre de la partie espagnole de Santo Domingo.
L’équipage a donc heureusement
échappé
à ce sinistre ; mais il est complet pour le navire et la
cargaison et voici ce que rapportent les hommes de
l’équipage, arrivés au Havre :
L’équipage et les passagers, au nombre de quinze,
ont
gagné la terre dans les embarcations et se sont rendus par
terre, après les plus pénibles fatigues,
à la
ville de Porto-Plate, où ils ont été
accueillis
par M. Jouannot, agent con sulaire français, qui leur a
fourni
des secours et des moyens de rapatriement. Les naufragés se
louent beaucoup des soins pleins d’humanité dont
ils ont
été l’objet dans la partie espagnole de
l’ile
qu’ils ont traversée."
Le
Saint-Louis,
sloop de
18 tonneaux, pour
Jacques
Honoré Duquesne, de Duclair. Navigation
intérieure en 1850. Inactif en 1851. Le navire
à
un homonyme...
Le Saint-Louis,
sloop non ponté de 18 tonneaux, pour Louis Tabouret, de
Vieux-Port. En 1830,
le sieur Toulmin devient unique propriétaire.
Inscrit
à Honfleur en 39.
Petites unités
Le Neptune, trois tonneaux, pour Siméon, de Vieux-Port.La Désirée, trois tonneaux, pour Savalle, de Vieux-Port. Inscrit à Honfleur en 1838.
1827 : l'exploit du sieur Bataille
Le 10 février marquera l'année. Un assassinat a été commis samedi dernier, dix courant, à huit heures du matin, dans la forêt de Brothonne commune de Guerbaville sur le chemin qui conduit à la Mailleraye. Le sieur Meslin garde et facteur du sieur Buisson marchand de bois se rendait dans la forêt pour payer les ouvriers il était porteur d'un fusil, et avait 15o francs d'argent dans sa carnassière, lorsqu'il a fait rencontre d'un individu armé qui, en le couchant en joue lui a ordonné de mettre bas son fusil et de lui donner sa bourse. Meslin a obéi en lui disant qu'il n'avait que 1o francs, qu'il a aussitôt jetés sur le chemin. Après que Meslin a eu mis bas son fusil, l'assassin lui a tiré deux coups de feu du premier coup, il l'a atteint dans les reins du second il lui a enlevé un œil de son orbite. Ce malheureux Meslin est tombé noyé dans son sang. Son meurtrier l'a saisi alors et l'a entraîné à quelques pas dans la forêt pour le dépouiller ; mais la victime n'avait point entièrement perdu la vie. Les cris aigus que poussait cet infortuné ont effrayé le criminel qui, en s'enfuyant a laissé sur le lieu du crime son bonnet et sa poire à poudre, objets précieux pour la découverte du coupable. Meslin a été trouvé par des voyageurs et des secours fui ont été de suite administrés. Il a pu faire sa déclaration. Il est dangereusement malade mais on espère cependant que ces blessures ne sont pas mortelles.
Tout fait croire que l'auteur de ce crime affreux sera bientôt livré à ta justice.
En 1807 avait été lancé à La Mailleraye le sloop Elisabeth, 63 tonneaux, pour Caron et Cie, de Vieux-Port. Passe chez Renneville, de Saint-Valery puis revient à La Mailleraye entre les mains de Louis Lefebvre. Le 1er mars de 1827, le sloop Elisabeth, commandant Parenteau, fait naufrage à Heurteauville. On fait appel au sieur Bataille, constructeur de navires à La Mailleraye pour le renflouer sous la surveillance de Pellerin, syndic des gens de mer à Duclair. Le sauvetage est jugé difficile. Sa réussite inespérée en raison des obstacles que présentent les lieux. Et Bataille y parvient dans la nuit du 4 au 5 avril. Les propriétaires du navire et de la cargaison sont invités à se présenter au bureau de la Marine à Rouen pour aviser, faute de quoi les produits périssables seront mis en vente.
Le commissaire de la marine informe le public que le 17 de ce mois, à dix heures du matin, il sera procédé à la Mailleraye, par le sieur Pellerin, syndic des gens de mer, dans les magasins du sieur Bataille, constructeurs de navires, en présence d'un agent de l'administration des douanes, à la vente des marchandies avariées ci-après désignées provenant du navire l'Elisabeth, capitaine Parentot, naufragé le 1er mars dernier près d'Heurteauville, non réclamées par les propriétaires, et qui ne pourraient être conservées plus longtemps sans perte considérable, savoir :
56 barriques et deux quarts de sucre brut, autre que blanc ;
Ces fûts sont en partie défoncés et en vidange ;
27 voucauts de quercitron, plus ou moins mouillés.
Les droits seront à la charge de l'acquéreur et le prix de la vente devra être payé comptant. Rouen le 10 avril 1826, Sevin.
En 1833, le navire passera à Maître Marest, de Cherbourg. La fin du navire fut encore mouvementée. Ayant obtenu la permission de se rendre au Havre pour y être démoli, il coula dans la nuit du 2 au 3 avril 1835 à l'entrée du port du Cap-Lévi, autrement dit à trois lieues de Cherbourg. Les débris furent sauvés par les soins du sieur Guérin, du Havre, qui en était devenu propriétaire.
Entre temps, on louait sur les quais l'auberge où descendaient nombre de clients en rapport avec les chantiers : "A louer présentement une maison à usage d'auberge depuis cent ans, ayant porte cochère et 72 pieds de façade, dix chambres à feu, très bien lambrissées, close de murs, deux caves voutées sous terre, de très belles écuries, un puits et tous les accessoires inhérents à une auberge, laquelle maison est située contre le pac de Mme de Nagu, à La Mailleraye. On y reçoit les personnes à pied et à cheval, ainsi que toute espèce de bonne société, comme noces, festins etc. S'adresser au sieur Vallet, à la Mailleraye, qui traitera à juste prix de la location.
Le 11 juin 1827, marchand de bois et propriétaire comme lui, Mathurin Tuvache succède à son père décédé, à la mairie de Guerbaville. Ce dernier avait accompli 23 ans de mandat.
Loin de là, à l'hôpital de Pointe-à-Pitre, un natif de Notre-Dame-de-Bliquetuit trépasse le 20 juin 1827. Formé aux chantiers de La Mailleraye, exempté des services de l'Etat pour sa faible constitution, Casimir Martin était pourtant le maître charpentier de la Fortune. Un an plus tôt, alors qu'il avait un moment renoncé aux professions maritimes, Martin avait finalement rallié Fernambourg, au Brésil, à bord de l'Apollon.
L'Espérance, bateau non ponté, 77 tonneaux, pour Hardel, de La Mailleraye. Passe à Cauchie en 1830 ; Hamelin, de Vatteville, en 36 ; Denos, de Guerbaville en 37 ; Pupin de Duclair en 40. Inactif en 1850.
La Louise, dogre de 65 tonneaux, pour Nicolas Carel, Guerbaville, vendu à Etienne Lefort, de Vieux-Port en 1829. En 1833, Mouillard, négociant dieppois puis Roussel, capitaine, prennent des intérêts mais le navire s'est perdu près des jetées de Dieppe le 23 décembre 1836.
L'aimée Catherine, gribane de 62 tonneaux, à Pierre Eustache Crevel, du Landin, vendue à Lemariey, de Rouen, en 1828. Vendue en 1834 à Thies et Cie, de Honfleur où elle est inscrite en 1840.
La Félicité, non pontée de 12 tonneaux pour Victor Lécuyer, de Duclair, puis Lassire, du Landin, en 29. Passera à la navigation intérieure en 39.
Le Joyeux, trois tonneaux, pour Pierre Duvrac, syndic des gens de mer demeurant à Villequier. Il le loue à Le Loup pour la pêche fraîche. En 1835, on le considère comme innavigable, mais il reprend du service en 36.
Le Saint-Pierre, bateau de trois tonneaux, pour Thirel, de Vieux-Port.
Les Deux Frères, un tonneau, patron Pierre Vagnon en 1850.
La Louise, un tonneau qui désarme au Havre en 1835 avec Victor Sever Brument.
1828 : levées pour Cherbourg
Le 7 mai 1828, Bataille voit partir deux de ses jeunes charpentiers, levés pour Cherbourg : Théodore Legendre, natif de Vatteville, Nicolas Bettencourt, né à Guerbaville. Ce dernier sera plus tard employé chez Pouchin fils.
Levé encore : Jean-Jacques Desprez qui fera carrière chez Pouchin fils. Levé de même : Jean Baptiste Duchemin, un pilier des chantier Le Tellier qui passera chez Pouchin en 38. Levé : François Isidore Delafenêtre. A son retour, il embarque sur le Saint-Michel, maître Longuet, à la navigation intérieure.
A Guerbaville vivait un Anglais depuis 1794. Soldat dans le 14e régiment britannique, Jacques Thomas Hockesonne avait été fait prisonnier lors de la bataille livrée par le général Ferrand, chef de division, à Landau, près Lisle-en-Flandres, au mois de thermidor de l'an 2. A 28 ans, le 14 ventôse de l'an 9 (5 mars 1801), ce sujet britannique se maria à Guerbaville avec une fileuse de 30 ans, Louise Doucet, veuve Rogeral, native de Bliquetuit. Hocksonne exerçait la profession de domestique et il y avait maintenant sept ans qu'il vivait ici. Il dut produire un acte de notoriété de son domicile, signé du citoyen Touzé, notaire de la commune. Il lui fallut exhiber aussi un certificat signé de deux de ses compatriotes, Charles Holin et Jacques Le Rude, attestant que la première épouse d'Hockesonne, dite "Rose Passe", était bien décédée à l'hôpital de "Tournay", neuf ans auparavant. Enfin, l'autorisation du sous-préfet avait été requise. C'est Nicolas Bourdon, le maire de l'époque, qui célébra cette drôle d'union. Le greffier écrivit ainsi le lieu de naissance de l'époux : "Congletonne, province de tiechester". Il le dit par ailleurs "fils de feu Jean Hockesonne et de feue Elisabeth Hennekier".
Le couple eut deux fils, bonds aux yeux bleus, qui se firent charpentiers-calfats à La Mailleraye. Alors, en 1828, Louis Hocksonne est levé lui aussi pour Cherbourg. Rentré à Guerbaville, il travaillera chez Rivette puis Pouchin et aura Judith Cauchie pour épouse.
Son frère, Jacques Hocksome, employé chez Bataille, échappe quant à lui à la levée de 1828. Il travaille un temps à Dieppe, retourne chez Bataille, passe chez Pouchin. Ce n'est qu'en 1830 qu'il est appelé à Cherbourg sur les chantiers du roi, précisément à la direction des constructions navales. On le retrouvera dans l'avenir chez Pouchin père avec quelques parenthèses au Havre et Paris. On le voit, la profession est très mobile.
Le 19 octobre 1828, L'Intrépide Canaris, capitaine Desheulles, de Quillebeuf, fait naufrage près de Revel, en Russie. A son bord : un charpentier-calfat qui regrette certainement de s'être fait marin ces derniers temps, il s'agit de Louis Dufour, natif de Saint-Nicolas-de-Bliquetuit. Heureusement, il est sauvé et ramené par le navire La Rose, au Havre.
Fils de constructeur de navires, Noël Benjamin Turpin avait travaillé ces dernières années aux chantiers Rivette. En 1828, on le dit présent dans ses foyers. Et bientôt inactif. Il en sera ainsi durant dix ans. En 1838, le syndic le considérera comme étant mort à Dieppedalle. En revanche, sa sœur Louise, épouse de Le Tellier, mourra bien à La Mailleraye.
Guerbaville attire toujours les Bas-Normands. En 1828, Jean-Joseph Le Herpeux, d'Amfreville, Calvados, entre chez Pouchin père, s'y maintient et fait souche. Puis il changera d'atelier, passera par Villequier et s'installera à Jumièges comme cultivateur.
La Bonne Henriette, gribane dont la jauge va varier au fil du temps : d'abord 59 tonneaux lorsque le sieur Bidaux, marchand de bois à Rouen, en prend possession. Vendu en 1836 au sieur Laurent, de Rouen. En 1838, le tonnage est réduit à 39 Tx. Le navire passe en 1839 au sieur Enault, constructeur à La Mailleraye qui le revend à Armand Fortuné Poulain, de Jumièges, qui le commande en 1850. Vendu le 8 juin 1856 à Isidore Delafenestre, charpentier de Honfleur, en indiquant un port de 56 tonneaux. Le congé de douane constate que le navire ne jauge que 24 tonneaux. Revendu le 17 février 1860 à Poulain. Dépecé en 1865.
Les Deux-Amis,
bateau non ponté du port de 12 tonneaux, pour
Désir Vautier, passager de La Mailleraye. En 1831, son
propriétaire est le sieur Lachêvre.
Le Louis Désiré, bateau non ponté de 12 tonneaux, pour Robert Agnès, de Guerbaville ancien charpentier qui fait des allées et venues jusqu'à Caudebec durant plusieurs années. En 1845, il va à Régnier, de Jumièges. Jean Denos le commande en 1850, année où il passe au quartier d'Honfleur.
Le Frédérick Zoé, bateau plan de 11 tonneaux, au sieur Allorge de La Mailleraye. Vendu en 1829 à Régnier, de Vatteville, en 1839 à Cabut de Jumièges où le navire est démoli le 15 janvier 1843.
Le Saint-Clément, bateau non ponté, 11 tonneaux, pour Monguerard, Guerbaville. Passe à Nicolas Thirel, novice, en 1833. Rayé en 39, étant exclusivement à la navigation intérieure. En 1853, avec un jauge de 9 tonneaux, appartient à Antoine Sabatier, de Jumièges.
Le Saint-Esprit, bateau plan de 9 tonneaux, au même. Vendu à Jean-Pierre Prévost, d'Aizier puis à Deville, de Vieux-Port, en 1830. Passe à Savalle, de Duclair, puis Guéroult, du Landin, en 1844. Tous ses dernières années sont vouées à la navigation intérieure après une longue période d'inactivité. Dépecé à Jumièges en janvier 1850.
L'Alexandre n°2, bateau non ponté de 8 tonneaux, pour Jean-Baptiste Regnier, de Vatteville. Par acte signé à Yainville en 1829 il passera à Adrien Brouard, de La Mailleraye, en 1830 au sieur Marais d'Yvetot. Naufragé et perdu en Seine le 5 octobre 1831.
Le Jean n°1, du port de 8 tonneaux, à Pierre Louis Lucas de Vatteville. Il fut perdu en Seine le 15 février 1833. Le receveur des Douanes de la La Mailleraye fit le rapport.
La petite pêche
Le Bienfaisant, deux tonneaux, non ponté. En 1853, appartient à Jean-François Bérenger, de Yainville. Démoli en 1863.Le Vigilant, un tonneau, patron Jean Valentin Duquesne, Jumièges, cinq marins impliqués. Dépecé en 1868 après le décès du propriétaire.
Le Hazard,
un tonneau, qui navigue encore en 1850 avec Denis
François
Renault, de Duclair, pour patron, deux hommes. Vendu à
Auguste
François Levreux, de Jumièges, le 29 septembre
1855. Il
reste inactif et est dépecé le 15 janvier 1861.
Le
Félix,
un tonneau, patron Paul Harel, de Vatteville, en 1850, deux hommes. En
1858, le syndic de La Mailleraye déclare Harel inconnu
à
Vatteville. En 1861, on estime ce navire dépecé
depuis
plusieurs années.
La Rose,
un tonneau,
pour Brouard, de Gravenchon. Inactif, dépecé en
1853.
Le
Bien-Aimé,
un tonneau, pour François Aubert, Heurteauville, puis
François Bauquier, La Mailleraye, passe à la
navigation
intérieure en 1868.
L'abbé Dumesnil, curé de la La Mailleraye depuis 53 ans, ancien prêtre réfractaire, ne bénira plus les embarcations. Il meurt le 13 février 1829. Il sera remplacé par un parent, l'abbé Onfray, petit gros porté sur le champagne qui ne vécut guère vieux.
On compte toujours les chantiers Rivette, Le Tellier... Mais voilà qu'Etienne Augustin Saillanfaits cesse de travailler sur les siens. Il se met désormais au service des autres. Il est à son aise avec son épouse marchande.
Jean-Guillaume Enault, 25 ans, charpentier de navires, est le témoin de la naissance d'un fils Saillanfaits en janvier. Pierre Félix Morin, 29 ans, gendre du cafetier Duboc, est aussi charpentier de navires et demeure près de l'église.
Pierre Cyrille Agnès était mort à 29 ans le 2 juin 1827. Deux fois marié, il laisse une veuve, Zoé Saint-Saulieu. Deux ans après sa mort, l'administration maritime le donne toujours vivant en précisant qu'il quitte le chantier Rivette pour se faire charpentier de maison à Guerbaville. Son acte de décès le présente pourtant comme batelier. Comme ses deux frères, Robert et Isidore.
Mathieu Bernard Gentil opérait chez Bataille toutes ces dernières années. Celle de 1829, il la passera à "lier du cotret" dans la forêt de Brotonne. Puis il s'engagera chez Pouchin, tentera comme d'autres sa chance au Havre avant de devenir un ouvrier fidèle des chantiers Enault. Rien d'étonnant : Guillaume Enault est marié avec la sœur de Gentil. En 1830, l'administration éprouvera de la curiosité à l'égard de sa vie sentimentale. "A sa femme existante. N'a pas d'enfant..." L'explication ? Gentil a été une première fois marié à une fileuse, Prudence Delphine Saffray, qui décède quelques mois après les noces. Après un an de veuvage, il se remarie en 1827. Marie-Anne Lefebvre lui donnera une fille qui ne survit que 18 jours. Mais bon, que l'Administration lui laisse un peu de temps : Gentil finira par fonder une famille. Sa maison se situe près de l'église, à Notre-Dame-de-Bliquetuit.
Le 5 août 1829, un canot du Souffleur, commandé par l'enseigne de vaisseau Delamare, conduisit la Dauphine de la rive droite au château. La fille de feu Louis XVI est invitée à déjeuner chez le marquis de Mortemart. Il se murmure que ce dernier a vendu son château à M. Levavasseur, manufacturier de Rouen, pour 1,8 millions de francs. Un ragot du Messager des Chambres.
Le 16 août, Louis Le Tellier, charpentier de navire, pleure un fils mort-né. Il a 48 ans et demeure au Valrebours. Son épouse, Euphrosine Auber, est dentellière. Il l'a épousée en 1829 à Luc, canton de Douvres, dans le Calvados. Deux charpentiers accompagnent le malheureux père en mairie : Pierre Le Tellier, 59 ans et Louis Cauchie, 62.
16 octobre : A la Mailleraye, la violence du flot a jeté dans les terres un marsouin que les habitans ont pris au moment du reflux.
Le Czard Pierre, 170 tonneaux. Lefebure et fils et Cie, de Rouen. Pour son premier voyage, le capitaine Hébert rallie Saint-Pétersbourg. Mais il fut naufragé et perdu à Quillebeuf le 12 octobre 1829.
La petite pêche
Les Deux Frères,
un tonneau, propriété de Louis Vagnon, de
Villequier, en
1853. Dépecé en 1857.
Le
Pierre,
un tonneau, pour Nicolas Basquier, trois domiciles : Rouen, Duclair et
Jumièges. Dépecé en 1855 à
Heurteauville.
La Rosalie,
bateau non ponté de un tonneau pour le pilote de Villequier.
Passe vite à la navigation intérieure.
La
Bonne Sophie,
un tonneau, pour Jean-Jacques L'Hirondelle, de Jumièges.
Navigue
jusqu'au 15 novembre 1854. Dépecé à
Jumièges en 1855.
1830 : nouvelle révolution !...
Au mois de février 1830, Pierre Félix Morin, né à Caen en 1801, se fit embaucher par les chantiers Pouchin. Et il y resta longtemps, bien en vue de l'administration. Mais il arrivait assez souvent que l'inscription maritime perde la trace de ses sujets. Ainsi, en 1830, le syndic de Canteleu signale que Pierre Clergeon, ouvrier perceur, né en 1756 à Rouen, est "inconnu à Dieppedalle" où il aurait dû se trouver. Et d'ajouter : "absent, sans nouvelles". Alors on raye le nom de cette commune. Et l'on écrit à la place : "La Mailleraye". La fiche de Clergeon se termine par cette mention "Mort au Val-de-la-Haye le..." On n'en saura pas plus.
En
1830, ayant plus de 50 ans d'âge, Louis Cauchie,
né
en 1775 à Guerbaville, passe chez les hors de service. Il
travaille ces dernières années chez Bataille.
Dans le même chantier, Charles François Benoist,
lui,
n'aura pas ce privilège. Charpentier natif de Rouen, il
meurt
à 50 ans, laissant une veuve, Juliette Dauvergne et un fils
charpentier parti chercher fortune ailleurs.
Natif du Trait en 1772, demeurant à La Mailleraye, Pierre Nicolas Leroux est porté comme aide voilier de 2e classe dans le registre des hors services ouvert en 1826. Après être signalé présent dans ses foyers plusieurs années, il est dit vivre "de son état de voilier chez M. Le Mire" en 1830. Les chantiers Le Mire sont implantés au Mont-Riboudet, à Rouen.
Mais l'événement de l'année, c'est bien sûr la Révolution de Juillet, à Paris, qui amène Charles X à abdiquer. Louis Philippe d'Orléans se fait proclamer roi des Français le 9 août.
En décembre 1830, Jean Désiré Olivier, charpentier, fils de charpentier, demeure encore à Honfleur lorsqu'il vint épouser une cultivatrice, Désirée Delahaye, sœur du boulanger et du boucher de Guerbaville. Parmi les témoins : François Pouchin, "constructeur de navires". Olivier s'installera donc ici...
Le 31 décembre 1831, Morin, ouvrier charpentier chez Pouchin, est cité à la barre de la cour d'Assises de Rouen dans le procès du marquis de Fitz-James : sa déposition. "Le 5 novembre, j'étais à travailler sur le quai lorsque j'entendis des cors de chasse ; je me retournai ct vis des jeunes gens qui écrivaient sur les murs de l'auberge de Lesot : Vipe Henri V ! il y avait aussi :Vive Charles, je ne sais si c'est X on XI (on rit), et puis une manière d'écusson avec des fleurs de lis. Je me suis mis à crier : A bas les blancs ! à bas les carlistes, les brigands de chouans! si javais un fusil, je tirerais dessus ! Ces messieurs essuyèrent presque tout de suite ce qu'ils avaient écrit et je dis : ils out ledos bleu, mais l'âme blanche comme un porc ( on rit plus fort).
Le Czar Pierre, second
du nom, pour Lefebure, 176 tonneaux. Plusieurs voyages
à
Saint-Pétersbourg. Vendu en 1835 à un armateur de
Saint-Valery-sur-Somme.
La Prudente Adélaïde, galiote pontée rebaptisée Adélaïde, 60 tonneaux, pour le capitaine au long cours Tragin, de Vieux-Port. Passe en 1832 à maître Duvrac, de Rouen. Coulé devant Quillebeuf le 2 novembre 1838.
La Félicité, gribane non pontée de 58 tonneaux, pour maître Delahaye, de Guerbaville. Passe à Honfleur en 1850. On note une gribane du même nom, construite la même année, 66 tonneaux, appartenant à Bénard, d'Yville en 1853 et passée au quartier d'Honfleur.
Petite pêche
La Rose,
bateau non ponté de un tonneau pour Pierre
Lefèbvre domicilié à Heurteauville,
Duclair et
enfin La
Mailleraye. Ce navire de pêche est refondu à neuf
en 1864
et appartiendra à Lhérondelle, de La Mailleraye.
Dépecé en 1872.
Le
Père de famille, id., pour Henri Goubert,
d'Anneville. Après 1867, passe à
la navigation intérieure.
Le Thomas
Nicolas, id., pour la petite pêche est
livré à Thomas
Nicolas Grincourt, d'Ambourville, qui navigue toujours vint ans
après.
Le Crève-Cœur, id.,
commandé 20 ans plus tard par Isidore Mallet
jusqu'en 1868, année où le navire est
dépecé.
Le
Jean
Etienne, id., Jean
Cauvin, de Saint-Wandrille, en est le patron en 1850, deux hommes
à bord. Dépecé en
1859.
Le Constitutionnel
Le Journal de Rouen
La Presse
Le Journal d'Honfleur
Cherbourg Eclair
Archives de l'Inscription maritime de la Seine-Inférieure
Jean Pierre Derouard, A rames ou a voile, bacs et passages d'eau de la Seine en aval de Rouen
Site Le Désarmement havrais
La Seine, mémoire d'un fleuve.
Etat des vaisseaux du port du Havre, transmis à Colbert en 1664, Ch de Beaurepaire.
Le Groënlandais, Thierry Vincent 1994. (Pour le Pie IX)
Discours de réception de Pierre Abbat, Académie de Rouen, 1942.
L'amirauté de Normandie, Darsel. Annales de Normandie, 1972.
Dossier Légion d'Honneur de Jean-Louis Miniou.
Site Histoire maritime de Bretagne nord
François Vivien, Quelques éléments sur la construction navale dans la Vallée de Seine
Pierre Le Verdier, Précis des travaux de l'Académie des sciences de Rouen, 1895, P. 263
Michel Mollat, les origines de la navigation à vapeur, Colloque de la Ligue maritime et d'outre-mer, Paris, 1960.
Nathalie Quillet Bailey Souvenirs de la Mailleraye sur Seine.