Dernier épisode
Sous la IIIe République
Après avoir usé sept régimes politiques, la France retrouve la République et hésite encore à enterrer la monarchie. Mais l'heure est au social, aux symboles patriotiques. A La Mailleraye, derniers lancements de grands voiliers, déclin des chantiers...
La guerre de 1870-1871 n'affecta pas outre mesure la construction navale à La Mailleraye. "'Le général de Mecklembourg, raconte Georges Dubosc, fit renforcer le barrage établi à Duclair par une ligne de torpilles placées à hauteur de Guerbaville-la-Mailleraye. Le major du génie Vincenz, avec un détachement de pionniers, exécuta cette opération, protégé par des petits postes de cavalerie et par deux compagnies établies à Guerbaville-la-Mailleraye et à Saint-Wandrille." En effet, des navires anglais avaient été coulés à La Fontaine pour empêcher des incurions de la flotte française venue du Havre. On dit parfois que le barrage de torpilles qui renforçait donc cet obstacle à la navigaton était établi à Yainville. Toujours est-il qu'il y eut quelques escarmouches entre nos canonnières et les Prussiens. Le 28 janvier 1831, raconte Albert Le Roy, elles remontèrent le fleuve jusqu'à Guerbaville, où elles trouvèrent les pionniers prussiens en train de procéder à l'immersion de leurs torpilles. L'Oriflamme leur envoya quelques coups de canon qui tuèrent ou blessèrent sept ou huit hommes et firent prestement jouer des jambes au reste du détachement. Puisles deux canonnières reprirent le chemin du Havre . Le lendemain elles revinrent à la rescousse. Mais elles trouvèrent Caudebec occupé en force et leur arrivée fut saluée par un feu très vif. L'Alerte dont le pont était découvert, revint sur Quillebeuf, mais l'Oriflamme passa sous le feu et remonta encore jusqu'à Guerbaville, où elle constata que l'ennemi avait enfin accompli sa besogne. En redescendant le fleuve, elle essuya encore une vive fusillade qui tua un marin et en blessa deux. Les tirailleurs ennemis étaient embusqués dans les maisons qui bordent le quai et tiraient par les fenêtres. Quelques coups de la puissante pièce de canon dont la canonnière était armée à l'avant auraient eu vile raison de ces Prussiens. Mais le commandant ne croyant pas devoir endommager les maisons françaises avec du canon français, passa outre. A cette heure, la guerre touchait à son terme
En juin, Charles Corniquet, le notaire est élu maire.
Les grands lancements
Le Parfait,47 tonneaux. pour Hardel Frères, de Dieppedalle. En 1885, son patron, le Breton Le Marec, sauve un matelot de la noyade à Yainville. L'Administration est très imprécise sur la carrière du navire. Il serait passé à Renis, entrepreneur de Villequier puis Requier, 22, rue de l'hôpital à Rouen. On le donne en 1896 avec une jauge réduite à 25 tonneaux et appartenant à Renier, entrepreneur à Villequier. Nos scribes donnent deux hypothèses sur sa fin : démoli après un dernier voyage en 1910, revendu le 18 janvier 1918 à Lhardy, de Yainville. Rayé des registres en 1926.
Le Saint-Louis, sloop de 20 tonneaux, Navigue toujours au bornage en 1889 sous le commandement de Martin Levitre, de Norville. Transporteur, Levitre avait eu auparavant le Marie-Fanny pour navire. Aizier fut de 1863 à 1865 son port d'attache. Il y déchargera des barres de fer, des meubles, des fûts de vin et d’eau de vie, des pains de sucre, du café et souvent du rhum. Il semble avoir arrêté son entreprise de transport en 1890. (Source : Madeleine Jotte).
L'Alexandrine,
bateau de 19 tonneaux, pour
le compte Sosthène Sabatier, à Yainville (on dit
aussi Saint-Denis, à Heurteauville). Le navire passe
ensuite à
Bénard, d'Heurteauville. En 1880, il navigue au bornage
avec
Sabatier pour patron. Vendu à
Elbeuf, le 20
décembre 1881, à Silvestre, le carrier
d'Yainville. L'Alexandrine
aura alors Agrest pour patron. Deux versions sur la
fin du navire.
Un : dépecé à Rouen le 4 janvier
1882.
Deux : continue de naviguer avec Agrest jusqu'en 1885, passe en
navigation intérieure, revendu
à
Guilbert en 1897 avec les carrières de Claquevent. Circule
encore en 1907. Rayé des registres en 1926.
"Voilà le bateau à papa", est-il écrit sur cette carte postale. Au port de La mailleraye, l'un de ces gribanes qui fit la réputation des chantiers...
Les Andelys, bateau de 18 tonneaux pour Alphonse Sabatier, de La Mailleraye. Dépecé en 1880.
La
Marie-Augustine,
bachot
de 17 tonneaux. Inscrit le 29 septembre par Lematelot, de La
Mailleraye.
Au passage d'Yainville, le navire appartiendra
à Delphin
Agnes, né en 1836
à Villequier. A bord : François Deshayes, de Jumièges, Victor
Agnès, Alfred
Marcotte,
né à Guerbaville, Alphonse Lechevallier, né à
Yville.
Acheté par les carrières Silvestre, il
est commandé
en janvier 1894 par Ernest Tranquille
Mauger, matelot
Alphonse Chevalier, né à Yville.
Idem en 1895. En février 1897,
le bachot
est
propriété de Mauger. Il a pour matelots Victrice
Mauger et Alphonse Lechevalier.
En 1898, les deux frères Mauger sont avec André Leveillard,
matelot, né
à Guerbaville en 1859.
En 1899, ils sont
avec Lechevalier.
En 1900, c'est la veuve Mauger qui reste propriétaire du navire pour le transport
de marchandises sur la Seine. Lechevalier
devient le patron avec pour matelots
Léveillard, Bonté, Alfred Cavé, né à
Estouteville en 1873, Edmond
Gontier, né à
Bliquetuit en 1883.
En 1902, François
Vautier est le patron, né à
Guerbaville en 1868, second patron :
Louis Lecomte, né en 1851 à Guerbaville, matelots Gontier, Louis Arsène Mauger.
En 1903, le patron est Louis Arsène Mauger, matelots : Gontier, Louis
Poullain, né en 1882 à Sainte-Marie-des-Champs, Octave Saintsaulieu, né à Heurteauville en 1883. En
1904, le
patron est soit Mauger, soit Lechevalier. Il fut en tout
cas rayé le 14 janvier 1905 par suite de
démolition.
La Charlotte, chaland de 13 tonneaux, appartient à Silvestre en 1884 puis à Guibert. On le voit en circulation jusqu'en 1900. Puis rayé au motif qu'il appartient à la batterie fluviale.
Petites unités
La
Cheminée-Tournante, deux tonneaux,
à Pierre Richer, de Norville, en 1880. Démoli en
1890.
Les Quatre-Frères,
un tonneau pour Cyrille Goujon, de Criquebeuf. Désarme en
1881. Dépecé en 82. Les registres donnent un
navire
homonyme lancé la même année ici pour
Félix
Persil, de Villequier. Perdu en 1875 au cours d'une campagne de
pêche. Enfin, une chaloupe de ce nom, un tonneau fut
construite
à une date indéterminée à
La Mailleraye.
Elle appartenait en 1897-98 à Léon
Lefèbvre, de La
Mailleraye, une première inscription pour une seule campagne
à la petite pêche. Ce qui laisse supposer un
lancement fin
1896. Elle fut ensuite démolie
Le
Thomas, un tonneau, à Thomas Thuillier, de
Berville, en 1880. Démoli après 1893.
Echo d’Yvetot, mars. Vers neuf heures et quart, à l’arrivée du flot, très fort depuis quelques jours, l'Armand, du port de Rouen, 50 tonneaux, est pris par les éteulcs et chavire. Le chargement, plus de 80 barriques d’huile, à destination de M. Duzuel, négociant à Rouen, est emporté par les vagues. Le bateau est entraîné par le courant dans la direction de Guerbaville. Le patron, Pierre Toutain, et trois mariniers qui se trouvaient sur le pont, ont été précipités dans la Seine. Trois hommes ont été sauvés par le bateau à vapeur la Seine, des Ponts-et-chaussées, et par une péniche de Guerbaville ; le quatrième, qui avait pu saisir un aviron, s’est sauvé à la nage. La perte du bateau est évaluée à 7,000 francs; le chargement à une cinquantaine de mille francs ; les barriques d'huile ayant surnagé, on est parvenu à en sauver la plus grande partie.
Le recensement fait état d'Edouard Lefranc, constructeur de navires, sa femme, native de Montebourg, dans la Manche et ses trois fils, Alexandre, Edouard et Frédéric. La famille ne loge pas de domestique sous son toit. On note que Jean Collet, un Auvergnat de 33 ans, est charpentier de navire et loge au café d'Emélie Cottard, veuve Lebourgeois en compagnie d'Alexandre Coquin, charpentier natif de Fécamp.
Un grand lancement
La Marguerite-Alfred, gribane de 45 tonneaux, appartient à l'entrepreneur Pigache, de Varengeville, en 1908. Rayée en juillet 1916 ayant coulé en Seine et en partie démolie.
Les petites unités
L'Espérance,
deux
tonneaux, appartenant en 1880 à Pierre Leroux, de Berville,
vendue en 1897 à Lechevallier, d'Anneville. Circule tujours
en
1912.
Le Charles,
un tonneau, pour Charles Tranquille Guérin, de La
Mailleraye.
Vendu en mai 1874 à Fréret, de Berville, puis
Chervillé, aussi de Berville, en mars 1877.
Immatriculé
alors à
Honfleur.
Le Joseph,
un tonneau, pour Pierre Théodule Jouanne, Bardouville. A
l'intérieur en 1880. O trouve un navire homonyme :
Le
Joseph,
deux tonneaux, appartenant à Joseph Siméon, de
Berville,
en 1880. Vendu en 1892 à Bénard, Berville, puis
à
Prunier, fabricant, à Saint-Pierre-de-Manneville. Circule
encore en 1910. Rayé en 1926.
Le
Saint-Joseph, un
tonneau.
Le Saint-Pierre, un
tonneau, pour Julien Duquesne, du Mesnil. Donné aussi
lancé en 75. Fut vendu Ferdinand Merre, Mesnil qui
le commande comme patron le 7 mai 1890. Arme à la
pêche en décembre 92. Circule encore en 94.
L'Indépendant,
un tonneau, appartient à Auguste Fournier, du Mesnil, en
1880.
Plusieurs unités de ce nom ont été
lancées
par le passé, d'où une certaine confusion.
Celle-ci fut
dépecée en 1882.
La
Louise,
un tonneau, à Pierre Baron, Duclair. On le dit
dépecé en 1883. Or, un C
La Louise, à
Pierre
Baron, du Mesnil, circule encore et arme à la
pêche en
septembre 1886. Enfin un bachot de ce nom lancé aussi en
1872
appartient à Félix Mazé, de
Bardouville, en 1890.
Circule encore en 1906. Rayé en 26.
Le
Félix, un tonneau, à
Barnabé, d'Heurteauville, en 1880. Démoli
après novembre 1891.
Le
Saint-Jacques, un tonneau, appartenant à
Jacques Pigache, du Mesnil, en 1880. Démoli en 1885.
L'Alphonsine,
bachot de un tonneau, à Alphonse Vestu, Heurteauville, en
1880. Démoli vers 1895.
Duclair
et Quillebeuf sont dotés à leur tour de bacs
à
vapeur. Deux réalisations des chantiers Le Mire, de
Rouen.
Le
18 octobre, à Mudgee, Nouvelles-Galles du Sud, Australie,
meurt
un Français de 59 ans. C'est Louis-Casimir Saillanfaits,
petit
fils du fondateur des chantiers de La Mailleraye, né
à Bliquetuit en 1814.
L'Administration garde en mémoire un bachot de 19 tonneaux,
l'Eole, construit à Yainville en 1873 et appartenant aux
carrière Silvestre. Il fut démoli en 1895. Est-ce
une
réalisation de Lefranc ?...
Les grands lancements
La Neustrie,
trois-mâts de 737
tonneaux. Propriétaire
Auger aîné, du Havre. En 1877 par ex., fait le
voyage de
Valaparaiso avec le capitaine Joseph Hulot, natif de l'île de
Batz avec 15 hommes d'équipage. Il fut indemnisé
par les
assureurs pour le surcroit de fatigue occasionné par une
voie
d'eau.
Lors d'un voyage à Madagascar en 1885, avec un
équipage
essentiellement breton sous les ordres du capitaine Saboureau, le
Neustrie vit trois de ses hommes arrêtés
à
Sainte-Marie : Emmanuel Briand, Joseph Corbel et Pierre Mainguy. Nous
étions alors le 1er juin. Le navire fit naufrage
à
False-Point le 21 septembre. L'équipage tenta alors de la
sauver. Le 28, jour de cyclône, Yves Batard passa d'une
chaloupe
à l'autre en revenant du bord, tomba à la mer et
disparut. L'un de ses camarades se jeta à l'eau en vain. Le
navire fut abandonné le 7 octobre au représentant
de la
compagnie d'assurances. Deux marins s'embarquèrent sur un
navire
anglais tandis que les autres furent rapatriés par Marseille.
Le bac de Jumièges, 12 tonneaux, pour le compte des Ponts-et-Chaussées. L'Administration le donne aussi lancé en 1872... voire en 1892 ! Arme le 14 septembre 73 avec Tabouret pour premier patron. Mauger le commande de 1882 à 1886. Le même bateau est reporté à la matricule de 1893 sous le nom de Courrier de Duclair. Il appartient alors à Hébert, constructeur à Duclair. Arme de juillet 94 à juin 95. Deux versions de l'Admininistration : Démoli en 1896. Circule encore en 1926 quand il est rayé.
L'Emile 1, pour les carrières Silvestre, 15 tonneaux. En février 1891, Ernest Tranquille Mauger en est le patron avec Pierre Albert Parésy pour matelot. Vendu en 1897 à Guilbert, nouveau carrier d'Yainville. Rayé en 1926. Mais on donne un autre Emile 1 de 19 tonneaux, lancé la même année et qui navigue en circulation jusqu'en juillet 1899.
Petites unités
Le canot de
l'Emile 3, gribane appartenant aux carrières
Silvestre fut construit sur place en 1873 avec Le Vigreux pour premier
patron et armé à la
pêche jusqu'en 1879.
Le registre de la navigation intérieure le donne construit
en
1878, du port de un tonneau, en activité en 1880 puis
démoli.
Le
Charles, deux tonneaux, à Charles Caron,
Anneville, en 1880. Circule encore 1890. Démoli.
L'Alice et
Marie,
un tonneau, à Marcel Bardel, de Guerbaville, en 1880. En
1885,
à Duparc, de Jumièges. Démolie
après 1906.
La
Laurentine, un tonneau, à Patrice
Costé, d'Yainville, en 1880. Cessa de naviguer en 1895 "pour réparations"
mais fut en fait démoli.
La
Léontine, un tonneau, à
Frédéric Hue, de Barneville, en 1880 puis
Eugène Lannier, id., Edmond Petit, Yville. Démolie vers 1894.
La
Jeune-Alphonsine,
bachot de un tonneau, à Deconihout, d'Heurteauville, en
1880,
à Eugène Hamel, cultivateur à
Jumièges, en
1892, à Albert Martin, Jumièges, en 1897. Circule
encore
en 1900 avant d'être démoli.
Lefranc se rend adjudicataire du passage de La Mailleraye. Il est vite rappelé à l'ordre pour "que le grand bac reste toujours à la disposition des voyageurs, ne fassse que le service de cale à cale et ne soit pas détourné de sa destination." On l'accuse en effet de se servir des embarcations pour transporter du bois. (Source : Jean-Pierre Derouard,)
Lefranc est un expert commis par les assureurs lors de fortunes de mer. C'est ainsi qu'il intervient au nom de la Compagnie générale d'assurances après le naufrage du chaland Dock de Saint-Ouen n°2 au Havre, le 31 octobre 1874.
En
1874 encore est construite aux carrières d'Yainville une
gribane
du port de 37
tonneaux, la Béatrix.
Il est permis de penser que des
charpentiers de Lefranc vinrent sur place. Elle fut vendue par la veuve
Sylvestre en en 1897 à Guilbert puis revendue le
1er
janvier 1908 à MM Voisembert-Laubeuf et Cie avec
quelques-uns
des navires survivants de l'armement
Silvestre. Le 4 janvier 1898, elle a Chouquet pour patron. Rebaptisée
le Raymond N° 1,
la gribane naviguait
encore en 1919. A moins qu'elle ait été
démolie
après 1908, autre version de notre
très infaillible
Administration.
Voisembert et Laubeuf furent notamment adjudicataires
de travaux d'aménagement du port de Rouen. Leur
siège
était à Biessard, en face de Grand-Quevilly.
Là
étaient exploitéesd'importantes
carrières figurant dans la série de cartes
postales "A bord du
Félix-Faure". Il y avait aussi un appontement
où accostait le Quevilly
et un dépôt de prisonniers de guerre
durant 14-18.
1874
fut l'année où mourut Marie
Léveillard, une
curiosité dans le pays, car elle avait cent ans. Marie
étaient donc née avec les premier navires
lancés
à La Mailleraye. Elle avait suivi de loin toute
l'épopée des chantiers.
En décembre, le maire, Charles Corniquet, céda son écharpe.
Les lancements
Le Frédéric, bateau de 49 tonneaux qui reste la propriété de Lefranc, le constructeur, pour l'affecter au passage. Effectue sa première traversée le 10 mars avec Agnès pour patron. En 1880 Troudé était à la barre. Le dernier fut Persil en 83. Dépecé en 1884.
La Félicie, norvégienne de un tonneau pour Théodore Anquetil, de Caudebec. Vendue en 1881 au sieur Ravin, entrepreneur de dragage, pour servir de canot à une drague.L'Eugénie, un tonneau, pour Louis Lebourgeois, La Mailleraye, qui désarme le 10 juillet 1883 et le revend au sieur Blin, entrepreneur de travaux publics de la Basse-Seine à Villequier. Annexée comme embarcation de service au chaland Le Pirate, rayé le 12 juin 1884.
L'Alise, un tonneau, à "Cerille" Pilon, du Landin, en 1880, vendue en 1884 à Savary, d'Heurteauville, annexé au borneur Louis-Marie, en 1885, syndicat de Duclair. Puis démoli.
Le Zut, un tonneau, à Edouard Thuillier, en 1880, démoli après le 15 juillet 1891.
1875
En janvier 1875, le maire de Guerbaville est un ancien capitaine au long cours, Adrien Vollet, natif de Guerbaville. Il fera don à l'église d'un vitrail en forme d'ex voto. Le 3 février 1875, veuf de Virginie Prunier, Jean Baptiste Augustin Saillanfaits, descendant du fondateur de nos chantiers, se remaria à 53 ans avec Rose Tuvache. Il était toujours charpentier de navire mais il se dit qu'il termina ses jours comme épicier. Edouard Lefranc est parmi les témoins, comme Antoine Mauger, capitaine de navire à Guerbaville. Ce Saillanfaits avait eu de son premier lit six filles.
Dans la nuit du 8 au 9 mars14875, un abordage eut lieu près de La Mailleraye entre le bateau borneur Pierre-Constance, qui louvoyait pour remonter le fleuve, et le steamer anglais Marie-Stuart.

La Jeune France, galiote de 47 tonneaux, pour Frédéric Tissier, du Conquet, qui l'inscrit en Bretagne en décembre 1879 après un détour par Dunkerque. Dans quelques années, un autre navire des chantiers Lefranc ira au Conquet, entouré de prestige...
La Stéphanie-Clémence, du port de 46 tonneaux, lancé pour les carrières Silvestre. Arme pour la première fois le 26 octobre 1875. Ar au bornage en 1882, patron Lefebvre, désarme le 9 août 1885, patron Crestey. Au bornage en octobre 1888, patron Landrin. Appartient à Guibert en 1904, patron Méter. L'Administration donne deux hypothèses. Un : dépecée en 1905. Deux : vendue le 1er janvier 1909 à Voisembert et Laubeuf. Elle devient le Guy N° 9. Circule encore en 1919. Cette deuxième proposition semble plus vraisemblable.
La
Jeune-Eugénie,
un tonneau, pour Albert Desmarest de Villequier. Passe au quartier
d'Honfleur en 1892. Les noms de bateaux
indiquant "jeune" devant un prénom sont alors
très
à la mode...
La
Jeune-Sophie,
un tonneau, pour le sieur Aimable Feuillye.
Le
Jeune-Emile, bachot de un tonneau, pour Pierre puis Sever
Thirel, d'Heurteauville. Dépecé en 1883.
Le
Jeune-Constant, canot de un tonneau, à Constant
Chion, de Guerbaville, en 1880. Démoli après
cette date.
L'Auguste et Lucie,non
ponté de un tonneau, pour Lucien Mauchrétien, de
Villequier, inscrit à la plaisance en 1896, l'Administration
le
dit en circulation en 1915 et rayé en 1926. Ailleurs, vendu
à Sabatier, du Trait, en 1906 et démoli
le 1er août 1910...
Le Piston, pour
Joseph Mauchrétien, de Villequier. Passe au sieur Lormier en
1882. Cesse de naviguer en 1887.
La Marie,
un tonneau, pour Félix Persil, Villequier. En 1906, il le
lègue à son fils. Navigue encore à la
plaisance en
1922. Rayé en 26. Un homonyme :
La
Marie, bateau riverain de un tonneau, appartenant
à Anfry Thuillier, Mesnil, en 1880. Démoli après 1894.
L'Astrolabe,
un tonneau, pour Séraphin Lenormand, Duclair. Vendu le 5 mai
1882 au pilote Chauvel, de Villequier. Démoli en novembre
1883.
L'Augustin,
un tonneau, pour Louis Testu, Duclair, circule encore en 1893.
Démoli.
L'Antoine
n° 1, un
tonneau, à Grosmenil, du Val-de-la-Haye en 1892. Vendu
à
Auguste Giel, Grand-Couronne, 1er janvier 1904, puis Louis Horlaville,
id. en avril, patron Cotelle en mai. Démoli.
Mise en chantier d'un bac à une entrée pour La Mailleraye chez Lefranc qui rachète celui de 1870, inadapté au passage. Il s'en servira pour ses transports. On lui reproche par ailleurs d'employer au bac "de trop jeunes gens ou des hommes inexpérimentés." (Source : Derouard,).
Le 5 juin, le bac amène rive gauche l'archevêque de Rouen qui confirme 150 enfants. Le soir, il se recueille devant les tombeaux de la chapelle du château puis s'en va visiter l'église de Notre-Dame-de-Bliquetuit.
Les adjudicatons sont lancées pour la construction de quatre appontements en charpente, d'un perré et d'une cale d'embarquement au port de la Mailleraye. Dans son livre De Rouen à la mer, Jules Adeline jette un regard désolé sur les quais : Guerbaville-la-Mailleraye que dessert un bac faisant le service entre les deux rives ne se présente plus que comme un très maigre village et ne possède plus qu'une petite église du XVIe siècle (...) Mais la plus grande curiosité de la Mailleraye a complètement disparu. Autrefois — il y a trente ans environ — le parc de ce château était un but de promenade, on se rendait en voiture de Rouen à la Mailleraye, c'était une excursion que l'on faisait volontiers, de même que pendant l'été le parc du château de Radepont, un des recoins les plus pittoresques de la vallée de l'Andelle, était aussi fréquenté qu'il est délaissé actuellement. Le château de la Mailleraye datait du temps de Louis XII et de Louis XIV, il s'élevait sur une terrasse bordée de balustres, dominant la Seine. Il fut la demeure des de Moy, des Fabert, des Harcourt, des Nagu et des Mortemart, il reçut plusieurs fois les visites des princes et des rois, et fut démoli en 1857. Avec lui disparut le parc de Le Nôtre avec ses arbres séculaires et ses superbes parterre s. De toute cette splendeur il ne reste plus qu'un maigre village et la chapelle du château, édifice sans caractère datant de 1589, mais renfermant encore quelques verrières du XVe et XVIe siècle et des tablettes de marbre, rappelant entre autres noms, celui de F. de Harcourt,Gouverneur de Normandie, décédé en 1705...
Les lancements
La Barre-y-Va,
bateau
de 2 tonneaux pour Alfred Grandin, de Villequier, navigue trois ans et
est dépecé en 1880.
Le Jeune Albert, un tonneau, pour Hippolyte Fleury, dit
de Duclair.
puis du Trait. Dépecé en juin 1885.
Le Gustave 2, un
tonneau, pour Louis Flambard, de Villequier. Dépecé
en 1883. Un homonyme :
Le
Gustave,
barque de un tonneau, à Auguste Cautrel, de Triquerville, en
circulation en 1883. Vendue à Hippolyte Lenoir en
1888 et
armée à la pêche. Circule encore en
juillet 1913 et passe dans le quartier d'Honfleur.
Le Matinal,
un
tonneau, pour Romain Cariel, de Duclair, à la
pêche. Inactif de 1885.
La Rose 2,
bateau de
un tonneau pour Charles Bucquet, d'Yville. On la pensait
dépecée
en 1883. Un Rose 2
navigue encore comme bâtiment de mer en 1903, appartenant
à Albert Aicret, Bardouville. On le crédite de
trois
tonneaux et le scribe raye La Mailleraye pour Val-de-la-Haye.
Le
Kléber,
canot d'un tonneau, pour Lefranc, constructeur. Au régates
du 18
août 1878, à Quillebeuf, Lefranc remporta le
premier prix
dans la catégorie "embarcations à deux avirons".
Il
était le seul concurrent ! Du coup, il renouvelle cet
exploit
avec le même navire dans la catégorie quatre
avirons.
Troudé
mène une campagne de pêche à bord de 82
à
83. On le dit
dépecé en 1883. Pourtant, il circule encore en
1886 avant
d'être démoli.
La
Mélanie, norvégienne de un tonneau,
à Adolphe Lequesne, de Barneville, en 1880, passe
à Guyot
aîné en 1897. Circule encore en 1904.
Rayée en 1926.
La
Normandie, barque de un tonneau, à Emile
Burgos, de La Mailleraye, circule en 1887. Démolie.
Le
Glaneur n° 2,
bachot de deux tonneaux, à Jean-Baptiste Decaux, de
Bardouville,
en 1896. C'est une première inscription... 20 ans
après
son lancement. Etonnant. Circule jusqu'en1902. Puis
démoli.
La
Giralda,
canot de un tonneau, plaisance, appartient à
Léon Bailleul, percepteur de Caudebec, en 1892. La mention vendue au sieur
Persil en 1897 est biffée. On voit le navire naviguer encore en 1918
à la plaisance.
Dans un autre registre, le nom Giralda
est remplacé par
La Jeanne. Le canot est dit provenir de la plaisance et
appartenir à
Achille et Ernest Persil, de Villequier, en 1897, et armé
à
la pêche. On le dit naviguer jusqu'en 1908 avant
d'être
démoli. On peut penser que la Giralda et la Jeanne sont deux
embarcations différentes.
Les noms débutant par "Ville de" sont alors de mode.
Les grands lancements
La Ville de Caudebec, sloop de 48 tonneaux pour Bertin, négocient de Rouen. Vendu dix ans plus tard à Pétigny et Bizet.
La Ville de Duclair, 35 tonneaux, pour Bertin, de Rouen. Vendu à Pétigny et Bizet. Le navire appartient en 1893 à Ducellier, père et fils, de Villequier. Démoli ensuite.
Le bac n° 2, cinq tonneaux, pour Auguste Sabatier, de Yainville. Il ne navigue qu'un an à compter du 2 janvier 1878. Perdu en Seine en 1879.
Petites unités
L'Aurore, un tonneau, pour Charles
Coignard, de Duclair.
Dernière campagne de pêche en 1880.
"L'armateur ayant été nommé garde
maritime
à Conihout de Jumièges, cette embarcation lui
sert pour
son service."
La Georgine,
chaloupe de un
tonneau, chaloupe destinée pour Laurent Linnocent, de
Villequier. Passe au quartier d'Honfleur en juillet 1884.
Le
Léon,
pour Léon Delamétérie, du Trait,
passeur de La
Mailleraye. Le syndic de La Mailleraye
le dit dépecé en 1882 après une
campagne de
pêche. L'Administration le classe parmi les bateaux de
plaisance.
Il aurait été vendu le 5 septembre 1882 par Mme
Delamétérie à M. Paine, cultivateur
à
Berville. On le dit dépecé en 1892 mais il semble
encore
circuler avec Paine de 92 à 1915, année
où il fut
dépecé à Berville.
Le Courrier
n° 2,
un tonneau, appartient à Lafosse, de La Mailleraye, en 1879.
Arme encore en 1881 alors que Lafosse est dit à
Jumièges.
Dépecé en 1882.
L'Anita,
pirogue de un tonneau, à Amant Poultier, de Villequier, en
1880. Démolie ensuite.
La
Louise-Désirée, barque de un tonneau
pour Louis-Sieurin, Guerbaville. Rayé en 1826.
La
Jeune-Ambroisine,
un tonneau, date mal définie, appartient à
Charles
Lassire, du Landin, en 1880, vendue à Auguste Sabatier, id,
puis
au sieur "Guéraud" (sic), d'Heurteauville, le 16 juin 1885,
vendue en août 1887 à Marius Maréchal,
Heurteauville, Saussez, en 1895, Lefebvre en 1897 qui la
rebaptise Aimée-Célestine.
Circule toujours en 1900. Démolie.
Le
Marceau,
canot de un tonneau appartenant à Edouard Lefranc. Au
régates de Quillbeuf, en août 1878, Lefrancs se
classa
premier dans la catégorie des bateaux de service sous voile
Le
2e prix alla au patron Testu, de La Mailleraye, sur le Garde-Maritime. Le Marceau fut
démoli en 1886.
L'Eugénie,
un tonneau, à Eugène Bardel, Heurteauville, en
1880,
Lucien Lefebvre, Yainville, en 1893, prenant alors le nom d'Albertine,
vendue à Louis Vigier puis Arthur Gallien, d'Heurteauville,
en
avril 1908. Circule encore en 1910. Rayée en 1926.
La
Jeanne-d'Arc N° 2,
canot de 1,80 tonneau, pour Flambard, de Villequier, incrit la
première fois le 15 août 1888 à la
plaisance.
Circule jusqu'en 1897. Rayé pour avoir quitté le
quartier.
La
Sophie,
norvégienne de 0,76 tonneaux pour Thuillier, de Duclair,
première inscription en août 88 à la
plaisance.
Attestée jusqu'en 1891 puis quitte le quartier.
En janvier 1878, Adrien Vollet, le maire, cède son siège à Charles Collet, ancien premier magistrat de la commune. Le 16 juin commença le service des bateaux de la Basse-Seine par le steamer Furet, du Havre à Rouen et vice versa, touchant à Honfleur, Quillebeuf, Villequier, Caudebec, La Mailleraye, Jumiéges et Duclair. Les départs se poursuivirent jusqu'au 30 septembre.
Les lancements
L'Union, bac à vapeur, 31 tonneaux, coque bois, détenu par La Société anonyme du passage de Caudebec. Arme le 18 juillet, patron Jacques Désiré Carré. Mauger le prend en main le 8 août 1882 puis cède la barre à Jean le 9 août 83. Guillemette prend la relève en octobre 1890 jusqu'en 1904. Après quoi il est patronné par Tocqueville jusqu'au 21 janvier 1909 et Legendre fait la dernière saison du navire qui désarme le 16 septembre 1909. Démoli aussitôt et remplacé par L'Union des deux rives, appartenant à M. Bobos. On voudrait que l'Union ait été détruite par le mascaret.
La Jeune Marguerite, gribane dite aussi "barguette" de 13 tonneaux, pour Lequesne, de Caumont. Dernier armement le 6 décembre 1880. "Coulé en Seine et relevé en morceaux. Dépecé."
La
Marie-Augustine, trois
tonneaux, appartenant "au Sr Deisnitroul" (sic) à
Boscherville,
en 1880. Vendu à la veuve Platel en 96 puis
Arsène
Groult. Prend alors le nom de Passager
de Saint-Georges. En
1891, les registres le disent lancé en 1869 et appartenant
à Henri
Groult, de Bardouville. Il sera vendu à Henry Jouen, de
Bardouville et reporté sous le nom de Courrier de Beaulieu. Navigue encore en
1894 puis fut démoli.
Le Comme-Vous, deux
tonneaux, appartenant à Louis Groult, du Mesnil, en 1903.
Circule encore en 1905
Le Pierre, deux
tonneaux, appartenant à Laurent Testu, de Berville, en 1880.
Vendu en 1891 à Julien Chapellière, de Duclair,
à
Pigache, entrepreneur de Varengeville en 1895 et à Jules
Chapellière la même année. En
circulation jusqu'en
avril 1898. Puis démoli.
L'André, deux tonneaux,
à Hippolyte Montel, d'Anneville, vendu à
Cassé en septembre 85. Démoli après 1900. (Le nom
du navire est rayé par le scribe fantaisiste qui
sévit alors).
La Grâce de Dieu,
pour Louis Guérin, de La Mailleraye. Vendu
à Rossy, de Villequier, passe à
l'intérieur en 1884.
L'Alphonsine, un
tonneau, pour Stanislas Deconihout, de La Mailleraye. On la
dit dépecée en 1882. Or
une barque de ce nom, même année, appartenant
à
Modeste Deconihout, circule toujours en 1906 et fut rayée en
1926.
L'Hortense, un tonneau, pour Claude
Levillain, de Vieux-Port. Au quartier d'Honfleur en juillet 1884.
La
Languette, un tonneau, pour Jacques Tabouret, de Duclair.
Dépecé en juillet 1886.
La
Rosine,
barque de un tonneau, pour Félix Fréret, du
Landin,
vendue à
Stanislas Gosse, id., en décembre 1881. A sa mort, passe
à son fils. Vendue en 1894 à Louis Fleury,
Jumièges. Circule encore en 1909.
Le
Théodore,
un tonneau, à Anfry Gueudry, de Jumièges, en
1880. Vendu
en 1899 à Leconte, d'Heurteauville. Démoli
après
mars 1900.
Le
Saint-Antoine,
un tonneau, appartenant à Marcel Poulain, La Mailleraye, en
1903, vendu en 1907 à Baillemont, La Mailleraye.
Dépecé en 1908.
La
Sainte-Marie, appartenant à Jules Ridel, du
Mesnil, en 1905. Circule encore en 1908.
Pêcheries françaises n° 16. 38 tonneaux, vendu aux enchères le 26 mai 1884 à La Rochelle.
Avril. Un magnifique saumon, pesant 21 kilos, et ayant une longueur de 1,40m , a été péché la semaine dernière dans la Seine en face de la Mailleraye, par M. Delametterie, maire du Trait. De mémoire d'homme, on ne se rappelle pas en avoir vu d'un pareil poids. Les plus gros ne pèsent ordinairement que 15 kilos, et encore sont-ils très rares.
15 décembre : la goélette anglaise Héros, de Swansea, allant de Rouen à Newcastle avec un chargement de craie, a été si fortement pressée par les glaces qui l'entouraient, qu'elle a coulé sur place entre la Mailleraye et Caudebec. L'équipage a pu être sauvé.
Petites unités
Le Soleil,
bateau riverain, deux tonneaux, appartenant à Charles
Bérenger, Anneville, en 1880, vendu en 1895 à
Honoré Chatel, Anneville, en 1900 à Hulin.
Circule encore
en 1905. Rayé en 1926.
L'Auguste,
deux
tonneaux, à Pierre Longuemare, Yville, en 1880. Vendu en
1883 à Deconihout, "ami à Lapiche". Vendu le 15
août 1915 à Aimable Duparc, Jumièges.
Prend le nom de Frère
et Sœurs. Circule encore en
19. Rayé en 26.
Le Castelli, deux
tonneaux, à Alponse Caron, Anneville, en 1880. Vendu en 1895
à M. Paine, Anneville, coulé et disparu en Seine
le 17 octobre 1896.
L'Alphonsine,
barque, un tonneau pour Modeste Deconihout, de Jumièges.
L'Amédée,
un tonneau, pour Léon Delamettérie, Le Trait,
passager de La Mailleraye. En 1880, il a Crevel pour patron qui
mène plusieurs campagne de pêche.
Différentes
versions quant à la fin de ce navire. Dans un premier temps,
l'Administration pense qu'il fut démoli après
1887. Puis qu'il fut vendu en 1889 aux Ponts &
Chaussées et remplacé par un autre bateau du
même
nom construit à Duclair et jaugeant 2,10 tonneaux.
Enfin
qu'il fut vendu en 1891 à un habitant des environs de
Duclair.
Crevel mena à une campagne de pêche
juqu'au 2 janvier
1892.
La
Victoria-Alice, un tonneau, pour Auguste Levasseur,
Duclair. Dépecée le 12 mars 1882.
Le
Célestin,
bateau riverain de un tonneau, appartenant à
Célestin
Hubert, Anneville, en 1880. Circule jusqu'en 1899 avant
d'être
démoli.
Il est évident que nos relevés ne concernent pas les réparations ou les destructions de navires construits ailleurs et opérés par les chantiers maillochiens. En 1880, par exemple, Etienne Danger, de La Mailleraye, fit dépecer son bateau de un tonneau, l'Aigle, construit en 1876 à Rouen.
Le 17 (mars), à deux heures du matin, le sloop Augustine-Léontine, patron L. Guillon, chargé de charbon à destination de Caudebec, se trouvant par le travers des bâtiments de la fabrique des argiles de Villequier, a été surpris par une folle brise de vent, au moment de virer de bord. Ce bateau étant alors près de la digue de la rive gauche, s'est échoué par l'avant sur celle digue, et, la mer baissant tout à coup, il n'a pu se retirer par ses propres moyens de cette fâcheuse position. A l'arrivée du flot, vers onze heures du matin, le sloop s'étant déjà incliné, a pris l'eau par son arrière et a sombré par 5 à 6 mètres d'eau. Le patron du sloop a fait alors demander à La Mailleraye, aux chantiers de M. Lefranc, de l'aide pour relever ce bateau. Celle opération a été conduite avec la plus grande diligence, et, le dimanche suivant, le sauvetage était accompli. Un peu de retard, et l'Augustine-Léontine était totalement perdu, ainsi que tout le chargement, dont les deux tiers environ ont pu être sauvés avant la forte marée.
Lancement du Deux-Frères, un tonneau, pêche, appartenant à Pierre Leclerc, pilote de Villequier qui le vend à un confrère Hippolyte Pouttier, en 1885, vendu à Rossy de Caudebec en 1889.
A La Mailleraye, on restera fidèle à la marine en bois, même avec les derniers navires mixtes, à voile et à vapeur....
La Louise 23 tonneaux. Elle assura le service des îles Molène et Ouessant en tirant avantage de sa coque bois pour les échouages et de son jeu de voiles en cas de panne de machine de 16 cv.
"En 1887 ou 1888 par brume épaisse, je découvrais dans le sud du Fromveur, un navire qui coulait. C’était la Couronne Royale de Londres. J’ai réussi à sauver tous ceux qui s’y trouvaient : 48 hommes, deux femmes, trois enfants que j’ai ramenés sur la Louise.
Lorsque le Drumont-Castle s’est perdu dans le même endroit, mon attention a été attirée par les épaves, j’ai fait des recherches, puis j’ai donné l’alarme, car on ignorait tout du naufrage à ce moment.
En 1906, par tempête par tempête du N-E, j’ai rencontré près de la jument le sloop Le Commissionnaire qui faisait le service entre Brest et Ouessant, complètement désemparé. J’ai pu le sauver avec ses quatre hommes d’équipage et ses neuf passagers.
Le sloop N-D de Lourdes coulait dans le Fromveur, toutes voiles dessus, quand je suis arrivé avec la Louise, j’ai pu recueillir 10 personnes. Trois autres s’étaient noyées."
Après sa dernière rotation, en 1909, le vapeur construit à La Mailleraye devint un ponton-vivier à Brest. Louise sera suivie des Contentin, Travailleur, l'île d'Ouessant puis, Enez-Eussa, ancien yacht de Ferdinand de Bulgarie. Quant à Miniou, mille fois décoré, il aura sa Légion d'Honneur.
Si, à cette époque, ce navire fut le plus emblématique, car figurant sur foule de cartes postales, ce ne fut pas le dernier des chantiers Lefranc. Ils fonctionnèrent encore une bonne dizaine d'années.
L'équipage de la Louise autour de son patron. Il parraina la grand-mère de mon copain ouessantin, Martin Miniou. Le monde est petit...
Les autres lancements
La
Grâce de Dieu, bachot de deux
tonneaux pour Rossy, entrepreneur à La Mailleraye. Démoli
après 1888.
La Jeune
Clotilde,
un tonneau, pour Martin Aubert, Port-Jumièges. Vendu en 91
à
Prunier,
Barneville, en 98 à Georges Aubert, Barneville. Prendra le
nom de Georgette-Louise.
Démoli après 99.
La
Bonne intention, un tonneau,
pour mon bisaïeul, Pierre-Delphin
Chéron. Son
propre père avait eu successivement deux navires portant ce
nom.
Il l'arma encore en 1881 et 1882, année où
Augustin
Pierre Deconihout, de Jumièges, lui vendit le Jeune Pierre,
un tonneau, construit la même année à
La
Mailleraye. Pierre-Delphin Chéron fit
dépecer La
Bonne intention en octobre 1882
Les
Deux-Frères,
un tonneau, pour Pierre Leclerc, pilote à Villequier. Vendu
en
85 à Hippolyte Poultier, son confrère. Vendu en
89
à Rossy, de Caudebec, et armé en circulation.
Navigue encore en 1891 avant d'être démoli.
La
Normandie, pour Louis Delamare, La Mailleraye.
Dépecé le 25 juin 1887.
L'Alphonsine
et Berthe,
un tonneau, pour François Prévost, d'Aizier. On
le dit
perdu en Seine en 1884. Pourtant, il est porté en
circulation
jusqu'en 1895 avant d'être démoli.
La
Marie,
un tonneau, pour Sénateur Testu, Le Trait. Vendu
à
Philippe Lecomte le 11 août 1881. Dernier armement avril
1885.
La
Marie,
bachot de un tonneau, d'abord à Auguste Lenouvel,
d'Anneville,
pour sa propriété, passé à
Emile Vincent,
Heurteauville en 1894, classé en plaisance en 95 et 96 puis
radié.
Le
Terpsichore,
un tonneau, pour Stanislas Deconihout, Jumièges, vendu
à
Léon Barate, dit de Rouen mais aussi de Jumièges,
en mai
1883. Le patron est alors Varin qui arme encore le 1er
février
1897. L'embarcation fut démolie le 1er novembre.
La
Louise,
yole de un tonneau, est signalée d'une main tremblante en
1880
sans date de lancement et appartenant à Augustin Chuau (?)
d'Heurteauville puis démolie.
Le
Joséphin, yole de un tonneau, à
Vincent, La Mailleraye, en 1880. Démoli.
L'Augustine,
1,41 tonneau, pour Charles Deshayes, de Barneville, démolie
après le 15 juillet 1896.
L'Henriette,
un tonneau, s'est appelé d'abord la Languette,
appartenant à la dame du même nom, La Vacquerie,
pour une navigation à la plaisance. Vendu à Clément Languette, du
Landin, en 1904.
Démoli après 1906.
Le
Georges, bachot de deux tonneaux, appartenant à
Georges Richer, d'Anneville, en 1905. Circule encore en 1910.
Guerbaville dispose d'un ambassadeur, ancien marin qui dans les pays circonvoisins fait régulièrement parler de lui. C'est Joseph-Cêleslin Rivière, maintenant âgé de 56 ans. A Bayeux, il écope encore de 6 mois de prion pour rupture de ban, vagabondage el tentative d'évasion.
En juillet, on apprend que deux grands chalands couverts sont encore en construction à La Mailleraye pour le compte de la société Seine et Tamise, de M. Dammartin. leur nom n'est pas indiqué.
La Jeanne, gribane de 45 tonneaux, à Péqueur, de Petit-Quevilly, 1910, puis à Pigache, Varengeville et Hautat, entrepreneur de travaux à Duclair, le 1er mai 1917.
Le Pierre, quatre tonneaux, à Pierre Pigache, d'Anneville. Employé à "l'exploitation de propriétés rurales". Vendu en 1900 à Adolphe Durdent, Duclair. Puis démoli.
Petites unités
La
Mathilde, un tonneau, pour Théodore Anquetil,
de Villequier. Navigue jusqu'en 1908. Démolie.
Le
Ragot,
barque de un tonneau, on la dit aussi construite à Rouen,
pour
Emile Renault, Jumièges. Vendue le 1er mai 1883 à
Chéron fils, Yville. Démolie après
1885.
La
Jeune-Amélie,
un tonneau, à Narcisse Prunier, du Mesnil, en 1880, vendue
à Decaux, puis à Auguste Deshayes en 1903, elle
prend
alors le nom de Marie.
Circule encore en 1912. Rayée en 1926.
Le
Louis-Félix,
yole de un tonneau, à Louis Louciy (?) de Caudebec (patron
Hue,
est-il écrit ailleurs). Démoli après
1883.
La
Calypso,
yole de un tonneau, à Hautot, La Mailleraye. Arme pour la
pêche en 1893-94, appartenant à Deconihout, de
Villequier. Inactive, elle est dépecée.
La
Jeune-Rosine, barque de un tonneau, Félix
Fréret, du Landin. Une seule inscription.
Démolie.
Le
Séverin-Victorice (sic), canot de un tonneau,
à Julien Pelletier, Caudebec. Deux inscriptions.
Démoli.
Le
Marcel, un tonneau, pour Edouard Clépoint,
Bardouville, "exploitation
de sa propriété",
vendu en 1886 à Lecouturier, Saint-Pierre-de-Manneville, en
1888
à Lamand, Caumont. Démoli après 1892.
Un signe ? Cette année-là, le nouveau bac du Mesnil, du port de 12 tonneaux, est construit à Duclair pour l'administration des Pont-et-Chaussées. On le verrra en service jusqu'en 1917. Reste que trois belles unités sont lancées au chantier Lefranc ainsi qu'une kyrielle de petites unités...
En février 1882, le Dr Stanislas Pasquier entame 25 ans de mandat.
Les lancements
Le Louis-Joseph, sloop de 59 tonneaux, appartient à Lamy, Caumont, en 1892, vendu à Laubeuf en 1917, prend le nom d'Odette n° 10. Circule encore en 1919.
L'Eole, bachot de 51 tonneaux, à Ernest Toutain, Caumont. Au bornage en 1891.
Le Georges et Valentine, bachot de 17,91 tonneaux, pour Auguste Sabatier,du Trait avec Leroux et Deconihout pour patrons. L'Administration donne ailleurs le bachot construit à Yainville en 1881 pour Sabatier. Désarme en juillet 1887.
Petites unités
Le Kléber, bachot
de 2,53 tonneaux pour Ernest Savary, d'Anneville, vendu à
Louis
Saumon, cultivateur, en 1888 puis à Louis Neveu en 1908.
Le Malfaisant, deux tonneaux, pour Pierre
Lechevalier, du
Mesnil. C'est un navire destiné à la navigation
intérieure avec faculté de oêche, art.
2 et 3 de la
loi du 20 juillet 1897. Vendu à Gausse, de Duclair. Circule
encore en 1923. Rayé en 1926.
Le Courageux, deux tonneaux, pour
Jean-Baptiste Guillemain, Berville. Démoli en 1903.
Le
Jeune Pierre, un tonneau, pour Augustin
Pierre Deconihout, de Jumièges. Qui le revend à
Pierre-Delphin Chéron.
Congé de douane délivré à
La Mailleraye le
20 octobre 1882. Pêche jusqu'en 1886. N'a pas
réarmé par la suite.
La Jeune
Rosine, un tonneau, à Louis Fréret,
du Landin. Vendu en 1886 à "Aubert".
Un achot de ce nom, lancé la même
année, appartient
à Albert Huley, du Landin, en 1886. Circule encore en 1904.
Rayé en 1926.
La
Jeanne, un tonneau, pour Joseph Mauchrétien,
pilote de Villequier. Désarme en avril 86.
La
Suzanne, un tonneau, pour Lis et Céphas,
Villequier. Remonte en Haute-Seine en 1884.
La
Maria-Louise, canot de un tonneau, à Jean
Duval, d'Heurteauville, démolie en mars 1888.
Le
Rouget de l'Isle, canot de un tonneau, pour Edouard
Lefranc. Passé en plaisance le 1er juin 1895 sous le nom d'Hélène-Marguerite,
avec pour patron Charles Lefranc, avenue du Mont-Riboudet, à
Rouen. Arme une dernière fois le 1er juin 1896 puis le
navire
est radié quelques années plus tard au motif que
ses
propriétaires ont quitté le quartier.
Le
Pierre n° 2,
pour Pierre Hulin, Anneville, vendu le 5 avril 1895, à Emile
Turban, dont le navire prend le nom. Circule toujours en 1903.
Rayé en 1926.
L'Alice-Marie,
barque de un tonneau, à Marcel Bardel, Guerbaville. Vendue
en
1896 à Auguste Adacard, Landin.
Désarme le 12 juillet 1898. Démolie ensuite.
Mais, en
1898, on retrouve une barque de ce nom, même année
de lancement, entre les mains d'Alphonse Saussey, Heurteauville. Elle
circulait encore en 1911. Rayée en 1926.
Les
Quatre-Girouettes,
un tonneau, pour Darcel, Anneville. Arme à la plaisance
à
partir de 1885. On le retrouve entre les mains de Quesne, Anneville, de
1892 à 1896. Démoli.
La
Suzanne, chaloupe de un tonneau, pour Rossy, entrepreneur
à Caudebec. Inactive en 1887, démolie.
Le
Charles-Sever, un tonneau, pour Lefebvre, La
Mailleraye. Arme une dernière fois en 1909 puis est
démoli.
Le
Charles, un tonneau, appartient à Charles
Deshayes, d'Yville, en 1905. Vendu en 1906 à Alfred Hulin et
prend le nom d'Utilité.
Circule encore en 1911.
Le
Victor N° 2, un tonneau, à Guillots,
Petit-Couronne, en 1911. Rayé en 1926.
Le Georges,
canot de un tonneau, première inscription en 1906 par
Bidault, de La
Mailleraye, à la plaisance. Une seule campagne connue.
Rayé en 1926.
Après le naufrage du steamer l'Indus, non loin du Havre, on dresse ce constat : les accidents maritimes n'ont plus lieu dans la partie canalisée, autrement sur les 37 kilomètres qui vont de Berville à La Mailleraye tandis que dans les vingt années qui ont précédé l'endiguement, 140 navires se sont totalement perdus entre ces deux communes.
Le 1er juin, les paquebots à vapeur de M. Louis Berlin reprennent comme chaque année leur service quotidien entre Rouen et le Havre. Les steamers Eclair et Chamois touchent à Duclair, Jumièges, la Mailleraye, Caudebec, Villequier, Qnillebeuf. On part de Rouen dans la matinée, on déjeune copieusement à bord et l'on dîne le soir à Honfleur ou au Havre après avoir vu se dérouler sous ses yeux un panorama naturel qui laisse bien loin derrière, ceux à la mode aujourd'hui, Une chose charmante à faire et qui se fait beaucoup aussi, c'est de louer à M. Louis Berlin, quand on est en nombreuse famille ou en bande joyeuse, le petit yacht L'Ecureuil qui vient vous prendre à un point convenu du parcours si riant de la Seine et vous mèneà la destination de votre choix.
Mais la construction navale à
Guerbaville n'est plus qu'un sujet de feuilleton à la une du
journal Paris.
Voilà qui paraît sous le titre Un coin de Province et
les signatures de Pierre Cœur et Robert de la
Villehervée. Extrait :
Dans ce bourg de la
Mailleraye, que
baigne la Seine aux eaux glauques, elle dévorait son
ambition
inemployée et promenait, avec ses regrets de fille
déjà vieillissante, ses vaniteuses songeries.
Comme elle
avait refusé tous les partis qui s étaient
présentés, le bonhomme Ménetret, son
père,
s’inquiétait peu de ce qu'elle pouvait souffrir.
Ses
chantiers de construction l'intéressaient beaucoup plus que
sa
« demoiselle ». Ses bricks, ses
goélettes et ses
lougres le captivaient tout entier ; il ne sortait pas des calculs
relatifs aux fonds de râblure de l'étrave et de
l'étambot, des recommandations indispensables pour obtenir,
dans
l'exécution des couples, des contacts rigoureux entre les
différrentes parties, tant au plan de gabariage qu'aux
extrémités des empattures, — et il n
avait pas
assez de temps, dessinant les plans, dirigeant les ouvriers,
révisant les livres, pour s’occuper de ces
fadaises
sentimentales."
Un
grand lancement
Le Raymond-Louise, chaland de 50 tonneaux, à Toutain, de Caumont, en 1887, Lamy en 1892. On la donne parfois lancé en 1880 sous forme de gribane ou encore de sloop. Navigue encore en 1912 avant d'être démoli.
Les petites unités
Le Saint-Lubin,
bachot de trois tonneaux, pour Narcisse Lebourgeois, Anneville. Circule
encore en 1912, rayé en 1914 étant
dépecé.
La Marie,
barque un
tonneau, inscrite le 1er juin pour Renault de Jumièges puis
Chéron du Mesnil, ces deux noms barrés ensuite
pour ne
laisser que Cassé, du Mesnil. En circulation jusqu'en 1900
puis
démolie.
La
Françoise, un tonneau, pour Léopold
Renault, de Barneville. Circule encore en 1922.
L'Ernestine,
barque de un tonneau, pour Félix Freret, circule jusqu'en
1888.
L'admnistration la dit démolie... construite cette
année-là. Fréret semble avoir
armé à
la pêche jusqu'en 1898. Et c'est seulement ensuite que
l'embarcation fut démolie.
La
Louise,
norvégienne de un tonneau, pour Letailleur, du Landin.
Vendue
à Louis Prunier, du Mesnil, le 2 novembre 1887, Georges
Quemin
le 19 mai 1907, Ernest Quemin, le 22 juin 1913, Auguste
Benoît le
25 mars 1917. Circule encore en 1922. Rayée en 1926.
En fin d'année mourra dans sa 99e année un sacré marin, médaillé de Sainte-Hélène : Jacques Mathurin Danger. Il a embarqué en 1800 à 14 ans comme soldat-marin, aura été affecté au 2e Régiment de Marine, sur des péniches, sur des bâtiments comme L'Albanais et le Tipsitassisté. Ainsi, il avait participé à la plupart des batailles navales de la Ière République et du Premier Empire, notamment la campagne de Berda et le bombardement de Lessingue. A la chute de l'Empire, il rentra à Guerbaville. Cette mort intervenue à un âge canonique en fait peut-être le dernier soldat de la Ière République et médaillé de Sainte-Hélène...
On
construit encore à Duclair, voire même
Heurteauville ou
Saint-Georges. Là, une barque, le Roger, est mise
à l'eau
pour M. Roger, de Bardouville. Il la vendra le 9 septembre 1897
à Louis Groult, de Saint-Georges, qui s'en servira d'annexe
pour
le passage. Chez Lefranc, les grosses unités commencent
à
se faire rares...
Un seul gros lancement
Le Jean-Jacques, 60 tonneaux, construit à La Mailleraye en 1884 pour Rossy, Caudebec, acheté par Silvestre. Porté à la matricule des navires de mer le 6 septembre 1888 puis repasse en navigation intérieure. Toujours armé en circulation le 15 novembre 1895.
Petites unités
L'Actif, barque de trois
tonneaux, pour Guillaume Quesnel, d'Anneville. Démoli le 29
septembre 1912.
Le
Formidable, deux tonneaux, appartient à Groult,
de Bardouville, en 1904. Circule encore en 1910.
La
Berthe, bachot
de un
tonneau pour Frédéric Hue, de Berneville, vendu
à
Anfry Prunier, Jumièges, en 1902, puis Lamy, du Mesnil.
Circule
encore en 1909. Rayée en 1926.
Le Jeune Henri,
barque
de un tonneau, pour Edouard Lefranc, vendue en 1885 à
Girard,
entrepreneur à La Mailleraye, comme annexe de l'un de ses
bateaux.
L'Edmond,
pirogue de un tonneau pour Louis Savalle, de Vatteville,
armé
à
la petite pêche. On le voit naviguer en plaisance de 88
à
92 avant de passer à la matricule des bâtiments de
mer.
Désarme le 21 octobre 1895. Dépecé en
1896.
La
Stéphanie,
bachot de un tonneau, pour Jules Fournier, du Mesnil, vendue en 1896
à Auguste Longuemare, d'Yville, en 1900 à Georges
Aubert,
de Barneville, à Armand Lemarié, du Mesnil.
Circule encore en 1906. Rayée
en 1906.
Le
Louis-Félix, un tonneau, pour
Théodore Hue, de Barneville. En 1910, appartient
à Eléonore Lambert, de Jumièges.
29 avril. Un pêcheur a retiré de la Seine, vers Yainville, le corps du sieur Gustave Galien, ancien pilote retraité, demeurant à Villequier, lequel avait disparu depuis le 14 mars dernier. Le corps ne portait aucune trace de violence et l'on suppose que Galien se sera noyé accidentellement.
En août, le Marceau, bâteau de M. Lefranc, obtient le premier prix des bateaux à quille fixe aux régates de Dieppedalle.
L'Alexandre, bachot de 57, 75 tonneaux pour Edouard Lefranc, le constructeur. Armé en 85 et 86, année où il est commandé par mon grand-oncle Gustave Mauger. On le dit démoli mais un navire de ce nom, même tonnage, lancé en 86 fut propriété de Boucher, entrepreneur de travaux publics, rue du Champ-de-Foire à Rouen, en 1884 et rebaptisé Aubin. Vendu en 1893 à Lamy, Caumont il passe sur la matricule des bâtiments armés avec le nom de Saint-Louis. Circule encore en 1910.
Le Bérenger, bachot de un tonneau, pour Frédéric Chéron, du Mesnil, prendra le nom de "Comme tu voudras". Circule encore en 1900.
1886En 1886 parut une publicité un peu partout dans la presse : "50 jours de traitement à trois centimes par jours, et quel résultat ! La Mailleraye (Seine-Inférieure), le 11 mai. J'avais de grandes douleurs du côté du foie, avec crampes d'estomac et vomissements ; j'avais aussi des rhumatismes qui m'empêchaient de marcher. Depuis que je prends régulièrement une Pilule Suisse tous les soirs, tous mes maux ont presque disparus. Veuve Saillenfaits (signature légalisée)."
En juillet, le matelot Victor Léveillard frappe le douanier Pierre Grout, de Guerbaville.
Tout arrive ! Parti du Havre à la pêche en août 1854 à bord de l'Angélina, on avait plus de nouvelles d'Evariste Vauquelin depuis octobre 1855. Par un jugement rendu le 10 septembre 1886, soit trente ans plus tard, le tribunal d'Yvetot ordonne une enquête...
En 1886 est construit aux carrière d'Yainville La Suzanne, bachot de 53 tonneaux. En novembre 1887, il a pour patron Ernest Tranquille qui réembarque avec Gustave Alfred Mauger pour second patron, matelot : Louis Albert Sénateur Mauger. Vendue à Guibert en 1897. Il fut ensuite soit démoli, soit vendu à Voisembert et Cie en 1909.
Le Charles-Edouard, appartenant à Lefranc, du port de 60 tonneaux, patron Louis Arsène Mauger, mon arrière-grand-oncle. Equipage : Pierre Toutain, Antoine Troudé, Louis Couture, Ernest Landrin, Emile Poittevin... Passe à Boucher, entrepreneur rouennais, sous le nom de Victorine. Vendu en 1893 à Lamy, de Caumont et prend le nom d'Honorine. Circule encore en 1915. Rayé en 26.
Le Charles-Edouard, rebaptisé Victorine, en réparation à Caumont.
L'Alexandre,
norvégienne de un tonnneau pour Edouard Lefranc. Circule en
88 puis est démolie.
La
Sophie, un tonneau, pour Burgot, La Mailleraye. Circule
encore en 1896. Démolie.
Le passeur de La Mailleraye a l'idée, le soir du 14 Juillet, de réclamer au messager Noël Petit 50 centimes au lieu des 20 prévus au tarif. "Après le coucher du soleil, je prends ce que je veux". Petit proteste mais est bien mal placé pour soutenir un débat avec ce batelier qui le tient à discrétion dans sa barque. Seulement, le Normand sait être rancunier au point de ne pas reculer devant un procès pour 30 centimes. Petit va dès le lendemain matin chez les gendarmes de Guerbaille. Le 4 août, voilà le passeur devant le juge de Paix de Caudebec qui, faisant application de l'article 52 de la loi du 6 frimaire de l'an VII, condamnera le déliquant à restituer la somme indûment perçue, verser une amende de la valeur d'une journée de travail, subir une journée de prison, imprimer et afficher à ses frais le jugement dont un exemplaire sera placardé à la mairie de Guerbaville. Enfin, il est condamné aux dépens. La loi de l'an VII lui épargna cependant la guillotine.
Septembre 87. Le mousse du bateau de La Mailleraye, le jeune Agnès, sera considéré comme un héros. Albert Fainte, journalier, débarquait du foin face à la douane de Caudebec quand il tomba à l'eau en glissant sur la passerelle. Le mousse le récupéra avec le canot du bord.
Faut-il y voir les charpentiers de Lefranc ? En 1887, voire 1893, selon les fantaisies de l'Administration, les carrières Silvestre firent construire à Yainville le Victor, chaland d'une quarantaine de tonneaux, ce fut le dernier gros investissement du carrier dans un navire. Emile Silvestre est mort en 1894. Quand l'Administration ne donne pas le Victor démoli à cette époque, elle l'annonce vendu en 1897 par la veuve Silvestre à Guibert, puis le 1er janvier 1909 à Voisembert et Lambeuf. Il prend alors le nom de Paulo. Circule encore en 1919. Rayé en 1926, étant bâtiment fluvial.
En 1887, La Madeleine, un bachot de 31 tonneaux, fut également construit à Yainville et francisé à Caudebec le 31 novembre 1887. Vendu en 1897 à Guibert. Navigue encore en 1904. Rayé, étant bâtiment fluvial, en 1926.
En 1887, toujours à Yainville, Silvestre fait construire le Rôdeur, chaland de 40 tonneaux. Circule en 1888 mais demeure inactif et est démoli.
L'événément de l'année a lieu en septembre. On avait prévenu : le flot entre Quillebeuf et Duclair parcourra un kilomètre par dix minutes six secondes. Si les vents se maintiennent, le phénomène du mascaret sera excessivement imposant. En remorque, venant de la Nouvelle-Orléans avec 32 hommes, un steamer anglais, le Roméo, s'échoue sur un banc de sable à la Vacquerie. La première lame du mascaret couche le navire, la seconde le met quille en l’air. Beaucoup seront sont noyés. Il restera de cet événement un abri à bestiaux construite avec des débris de l'épave...
Des quais de La Mailleraye, le mascaret fut observé par Flammarion qui descendait chaque année à l'hôtel de la Marine.
En novembre, ici ou là, les incendies se multiplient. Le Siècle : " un sinistre s'est déclaré dans la commune de Guerbaville ; la maison de Mme Valois, épicière, a été détruite ainsi qu'une grange, un hangar et autres bâtiments. Les pertes atteignent 13,000 f. Ces incendies sont dus évidemment à des mains criminelles. Mais les coupables restent introuvables. Une véritable terreur règne parmi les propriétaires et les fermiers, menacés de voir brûler leurs immeubles et leurs récoltes."
Petites unités
L'Armand-Joseph,
bachot de 0,73 tonneau, pour Alphonse Groult, de Barneville.
Démoli par le flot en novembre 1888.
La
Rosette,
un tonneau, pour François Eliot, Heurteauville, circule
jusqu'en
1894, puis dit inactif en 1896, car en mauvais état puis
démoli.
En janvier, au chantier Lefranc, le cadavre du sieur Baillemont est
découvert. Le quinquagénaire aura
succombé d'une
alcoolisation excessive...
Aux municipales de mai 88, Lefranc est élu avec le plus grand nombre de voix dès le premier tour. Noël Petit, lui, ne sera pas élu.
En septembre, Edouard Lefranc se voit adjugés les travaux pour une digue de défense au Trait.
On construisit une norvégienne à Yainville pour Jean Duval, d'Heurteauville, La Maria Louisa, qui était à Louis Morel en 1898. Qui étaient ces charpentiers itinérants ? En cette fin de siècle, Duclair reste un lieu très actif dans la construction de petites unités. C'est à La Bouille que Ernest Mauger, alors habitant du Trait, fait construire L'Emile, bachot de un tonneau pour son usage personnel. Il l'inscrira le 15 septembre 1891, l'armera encore en circulation en 1892 avant de le faire démolir.
Petites unités
La
Marie-Hortense, bachot de deux tonneaux, pour Charles
Testu, de Duclair. Circule encore en 1911. Rayé en 1926.
Le
Raymond, bachot de un tonneau, pour " Veuve Pillon Cyrille
épouse Languette" , cédé,
ajoute le scribe, à
"Cirille Pillon demeurant au Landin, vendu à M. Fleury
à Jumièges". Circule encore en
1924. Rayé en 26.
Le
Guetteur,
norvégienne de un tonneau, pour Louis Delépine,
La
Mailleraye, vendue à Cuffel, d'Heurteauville, circule encore
en
1896. Démoli.
Le
Victor, un
tonneau, appartient à Agnès, La Mailleraye, en
1892. Inactif après le 3 août 1893.
Démoli.
L'Ernestine,
un tonneau, appartenant à Louis Fréret,
d'Heurteauville, en 1899. Démoli.
L'Alphonsine,
bachot de un tonneau, appartenant à
Doirié, Saint-Pierre-de-Manneville, en 1888, circule en 1915.
La
Georgette,
barque de un tonneau pour Alleaume, Guerbaville. Inscrite à
la
plaisance le 1er juin. Circule jusqu'en 1890 puis quitte le quartier.
A Duclair fut construit un côtre de 15 tonneaux pour les Ponts & Chaussées, le SH, patronné par Laby. Ce sera un bateau sondeur sous voile menant des campagnes annuelles jusqu'en 1911...
Charpentier de navire, Bettencourt travaille le plus souvent au Havre. Durant son absence, la femme Broche lui vole des planches et détruit la haie clôturant son habitation. Plainte.
La
Clémentine,
bachot de 58,67 tx , appartenant
à M. Lefranc. Les patrons sont
Pierre Leroux et Gustave Mauger en 1889.
Le patron en 1890 est Gustave Mauger, né en 1858 à Jumièges,
frère des
précédents. Mousse :
Gustave Chéron, fils du capitaine
du bac d'Yainville, autres patrons
à la part : Antoine Troudé, né en 1834
à Guerbaville, Louis Boucachard,
né en 1864, à
Saint-Pierre-de-Manneville, Hippolite Chouquet,
né en 1854 à Honfleur, novices : Victor
Baillemont, né en 1874 à Guerbaville, Pacifique
Perdrix, né en 1875 à Caumont, matelot : Albert
Auber, né au Trait en 1872.
Circule en 1893 avec Bouche et Baron, 7, rue Flaubert à
Rouen,
pour propriétaires, puis Lamy, de Caumont, en 1906, patron
Lecœur. Démoli en 1915.
Petites unités
La Christiane,
norvégienne de un tonneau, à Alphonse
Guéroult, de Barneville, rebaptisée semble-t-il
le Léon,
à moins que ce ne soit son nom d'origine. Circule encore en
1918. Rayé en 26.
Le
Renier n°1,
canot de deux tonneaux fut construit à La Mailleraye pour
l'entrepreneur du même nom à Quillebeuf, sans date
de
lancement mais francisé le 7 juin 1790 à
Caudebec. Circule jusqu'en 1894 avant d'être
démoli.
L'Eugène,
barque de un tonneau, pour Eugène Cauchois, Bliquetuit. sans
date de lancement mais son congé date de août 1890
à La Mailleraye. Démoli après 1891.
Le
Maurice,
barque de un tonneau, inscrite à la plaisance par M. Julien
La
Bouille, vendue à Mme veuve Toutain, Caumont, vendue en 1894
à Jules Cadot, de Sahurs. Attestée jusqu'en 1897
puis
rayée pour avoir quitté le quartier.
Le 24 août, procès-verbal de la gendarmeie ocontre Grégoire Percheville, 59 ans, charpentier de navire à Guerbaville pour ivresse publique.
Un décret présidentiel, du 22 septembre déclare d'utilité publique la constructions, sur la rive droite, d'une digue de trois kilomètres destinée à fermer les deux trous dits du Trait et du Malaquis et à protéger contre les érosions la berge de la rive droite entre Le Trait et La Mailleraye.Une mesure attendue depuis longtemps dans l'intérêt des riverains et de la navigation.
29 novembre : Jeudi après-midi, le sloop Hélène-Marguerite, capitaine Agnès, venant de La Mailleraye avec un chargement de cotrets, descendant trop tard en baie, s'est échoué sur le banc d'Amfard. Après avoir fait des signaux pour demander un remorqueur qui ne put partir, à cause de la basse mer, les trois hommes de l'équipage se rendirent au Havre, dans le canot du bord et déclarèrent à M. Suzanne, directeur des signaux et du sauvetage, que les ferrures du gouvernail de leur bateau étaient brisées. Hier matin uneAbeille a renfloué le sloop et l'a rentré au Havre.
A cette époque, les yachtmans parisiens se rendant aux régates du Havre ne manquent pas de faire escale chez Le Monnier, leur compatriote qui tient l'hôtel de la Marine. Il est dit parfois que 1890 fut l'année du lancement de la dernière gribane à La Mailleraye. Des chiffres invérifiables sont aussi lancés. Ainsi, de 1750 à 1902, 224 gribanes auraient été construites dans les chantiers de la Seine, essentiellement à Dieppedalle (65 lancements) et Guerbaville (64). Admirez la précision quans les registres des Affaires maritimes sont si mal tenus. A La Mailleraye, plusieurs d'entre elles y ont conservé leur armateur jusque dans les années 20, finissant démâtées, remorquées sous le nom de caillouteux pour achever l'endiguement du fleuve. Pour l'année 1890, nous n'avons trouvé qu'un lancement d'importance :Le Désiré n° 2, bac à rames de 10 tonneaux pour Albert Frébourg, de Duclair. Inscrit en décembre 1905. Appartient ensuite à la veuve Frébourg. En 1909, inscrit à la plaisance. On le dit dépecé en 1910. Mais il semble circuler encore en 1915 avant d'être dépecé à Duclair en septembre 1916.
Petite unité
L'Yvonne Louise, deux tonneaux, appartient à Lhuissier, de Berville, en 1906, vendu en 1907 à Emile Bataille et prend le nom de d'Emile Jeanne. Circule encore en 1910.
1891 : travaux à La MaillerayeEn
janvier, Mme Camille Denis, 66 ans, agricultrice à
Bourd-L'Abbé tombe du bateau de Lefranc amarré au
quai de
Caudebec. Victor Grandsire, débardeur du cru et Motte fils,
de
Saint-Arnoult, la sauvent.
Un nouveau capitaine des Douanes, M. Piere, nous
vient de l'île de Ré.
8 février : PV pour ivresse publique contre Grégoire Percheville; 59 ans, charpentier de navires.
Les carrières Silvestre remportent par adjudication la construction d'une digue formant le trou du Malaquis, en amont de La Mailleraye.
Le 22 octobre, une tempête s'abat sur la région. Au Havre, le steamer Messager qui devait rallier La Mailleraye, doit rebrousser chemin.
En septembre, Guerbaville croit en son avenir. Lors d'une journée où les maisons sont pavoisiées et le banquet appétissant, le soust-préfet d'Yvetot va reconnaître rive droite le site de la future-gare qui remplacera la halte devenue obsolète avec l'inauguration prochaine du nouveau bac à vapeur.
Les lancements
L'Hélène-Marguerite,
canot de un tonneau, pour Lefranc, La Mailleraye. Il l'inscrit pour la
première fois le 10 août 1898. Navigue deux ans
avant
d'être démoli.
L'annexe
du Villequier, canot de un tonneau, pour Pierre Soligny,
vendu au pilote Rollin. Circule encore en 1908. Rayé en 1926.
L'Augustine,
pirogue de un tonneau, à Hulin, Guerbaville, vendue
à
Eugène Hamel, du Mesnil. Armée en plaisance
jusqu'en
1912, rayée en 26.
Le
Pétrel, un tonneau, pour le syndic de
Villequier, M. Bernable. Circule encore en 1915. Rayé en 26.
En
1892, on inaugure le bac à vapeur de La Mailleraye. Mais il
a
été construit à Rouen.
L'équipage comprend
quatre hommes dont deux membres de ma famille : Ernest
Mauger, patron, et Louis Arsène Mauger, matelot .
Louis Caron, mécanicien et Victor
Baillemont, mousse, complètent l'équipage. C'est
l'année où l'on voit le vicaire,
Edouard Benet, natif de Duclair, devenir curé.
27
mai. Nous lisons dans le Réveil d'Yvetot
: « Charles
Maillard, un Mathurin de Honfleur, dont le
bateau était amarré en face de
Guerbaville-la-Mailleraye, descendit à terre et,
avec
quelques camarades, entra dimanche dans le tir du sieur Camille
Lachartre. On peut dire que le
marin a mis dans le mille, maispas
comme il l'espérait. La
partie s'est mal
terminée pour lui et, après avoir
couché au
violon, il a vu fermer sur lui les portes
de la prison d'Yvetot. «
Pour une
bordée, voilà une
bordée ! » Que
le Mathurin ait voulu rosser le guet, cela
va
sans dire :
c'est dans la tradition quand on,
descend sur le plancher des vaches.
Malheureusement pour Maillard, il a eu maille
à partir
avec les gendarmes à la suite d'un fait qui
aggrave
singulièrement son cas.
Après avoir
tiré
quelques cartons avec ses camarades, Maillard avait subitement
quitté le stand, faussant compagnie
à
ses amis sans crier gare ! On
pensa qu'il
était allé boire un
coup, mais le
propriétaire du tir
s'aperçut qu'en même temps que
le marin, une
carabine avait disparu. La chose
lui parut
louche, et quand, vingt
minutes plus tard,
le marin revint, il l'accusa
tout net de
lui avoir dérobé
l'arme. Maillard entra dans
une
colère bleue que son
état d'ivresse ne contribua pas
peu à exaspérer.
Quand
les gendarmes vinrent pour l'interroger,
il les
reçut de la belle
façon. Injures, menaces,
rien
ne manqua. Aujourd'hui, comme nous venons
de
le dire, Maillard est
sous les verrous.
Quant à la
carabine, on la retrouva
.le lendemain sous une pile de
bois, en face de l'endroit
où
était amarré le bateau de
notre marin. »
Le 12 juin 1893, l'épouse du dernier des Saillanfaits, Rose Clémentine Tuvache, qui exerçait le métier d'épicière à Notre-Dame-de-Bliquetuit, disparut de son domicile. On ne la retrouva que le 30 du même mois, à Sept heures du matin, dans un fossé de la harelle située près d'Heurteauville. Deux gendarmes firent la déclaration en mairie de Guerbaville. Saillanfaits n'allait guère survivre à ce drame. A Bliquetuit, le 5 mars 1894, Saillanfaits Jean Baptiste Augustin Saillanfaits mourut à l'âge de 72 ans.
Le dernier des Saillanfaits ? Pas tout à fait. Un mois plus tard, le 2 avril, mourut à Notre-Dame-de-Bliquetuit, un scieur de long célibataire, âgé de 43 ans. C'était François Jean Saillanfaits, né à Liverpool de Louis Casimir Saillanfaits et Mary Shepherd. François Mallet, son neveu, témoigna en mairie.
Marin, Louis Casimir Saillenfaits eut un destin original. Il s'était marié une première fois à Liverpool, en 1835, avec Mary Sheherd qui lui avait donné quatre enfants. Après la mort prématurée de leur mère, deux d'entre eux se sont établis en Normandie. Louis Casimir se remaria en Australie en 1853 à Mary Ann Holmes qui, elle, accoucha huit fois. Les enfants prirent le nom de Casimir, et non de Saillenfaits. Louis Casimir Saillenfaits est mort rue Nicholson, à Mudgee, en 1873. (Source : Colette Anquetil)
En septembre, le steamer Calvados, capitaine Le Normand, rentrait au Havre, venant de La Mailleraye, quand, dans les jetées, une terrible détonation se fit entendre. Un mort, un grand brûlé...
Une seule mise à l'eau
La Julienne, un tonneau, à Cléret, Heurteauville, plaisance en 1903, commerce en 1906. Navigue jusqu'en 1909. Dépecé en 1910.
1894 : création des chantiers de NormandieEn mars 1894, un noyé est retrouvé près des chantiers Lefranc. Louis Hippolyte Maillemond était un vagabond qui avait quitté le pays voici longtemps et y revenait de temps à autre. Malade, il se disait las de la vie...
La création des chantiers de Normandie en 1894 à Grand-Quevilly, la disparition progressive de la construction en bois, les difficultés de transport et surtout la pénurie de calfats amenèrent la fermeture, d'un des derniers témoins d'une époque révolue : les chantiers Lefranc. Pierre Abbat, des chantiers du Trait, citait la date de 1895. Il semble qu'il y ait eu encore quelques constructions de navires à La Mailleraye par la suite.
Un événement dans la vie du village. A la rentrée, de filles est laïcisée. "Cette décision, dit le Patriote de Normandie, est d'autant plus regrettable que le local dans lequel se faisaient les classes avait été donné par le vénérable abbé Dumesnil à la condition que l'instruction serait dirigée par des religieuses. » Mais respecter la volonté des donateurs, estime l'Univers, est le moindre souci des sectaires acharnés à l'œuvre de la laïoisatiôn. "Un droit reste aux héritiers de M. l'abbé Dumesnil: revendiquer l'immeuble qui reçoit une autre destination que celle. indiquée par le testament.
Un lancement
La Sainte-Marie, canot de un tonneau, pour Le Marchand, de Saint-Pierre-de-Manneville, vendu à Neveu en 1909, Malherbe, d'Aizier, en 1916.
1895En 1895, un bac pour piéton entre La Mailleraye et Le Trait appartenait à Noël Petit, l'entrepreneur de voitures publiques qui possède un cabaret près de la gare. Construit à Yainville en 1885, ce Passager du Trait fut manœuvré par Lesage, Julien et Savary avant d'être dépecé en 1906.
La Lucie, norvégienne de un tonneau, appartenant à Vaté, de Hauville, en 1909 et inscrit à la plaisance.
1896 : les bateliers voleurs...Le 5 mars 1896, au tribunal de Pont-Audemer, on juge notamment deux marins connus aux carrières d'Yainville et naviguant sur des navires Lefranc : Clovis-Henri Mutel, 33 ans, batelier à Yainville et Onésime-Arsène Leféez , 37 ans, batelier au Trait. Ce sont des amis de mon grand-père maternel. A la barre encore, deux journaliers de Jumièges : Jules-Stanislas Lepareux, 39 ans et Pierre-Florentin Delahays, 26. Mais c'est surtout Louis-Jules Morin, 23 ans, terrassier à Aizier, qui intéresse les juges.
Morin est inculpé d'avoir commis deux vols à Aizier, l'un début janvier. De nuit, il aurait pénétré dans l'atelier du sieur Bratot par escalade et effraction et se serait emparé d'outils estimés 50 francs. Dans la nuit du 21 au 22 janvier, il se serait introduit dans la cour des époux Cabot, aurait fracturé le poulailler et emporté six volailles. Celles-ci furent mangées à bord d'un bateau amarré en face d'Aizier, en compagnie de Lepareux, Mutel, Leféez et Delahays. Inculpés de complicité de vol par recel, ils jurent qu'ils ignoraient la provenance des volailles, mais le maréchal des logis chargé de l'enquête affirme qu'ils lui ont avoué le contraire. Le tribunal condamne Morin à 4 mois d'emprisonnement, Lepareux à 25 F d'amende et les trois autres à chacun 16 F avec bénéfice de la loi Bérenger. Morin avait déjà subi une condamnation et Lepareux trois.
Louis Pouchin, fils du grand constructeur de La Mailleraye, décéda en 1896 à La Mailleraye. Cette année-là, Joseph Martin, entrepreneur à Villequier, entretenait une imposante flottille. Ses navires sont sans date et lieu de lancement et ne semblent pas provenir des chantiers Lefranc.
Toujours en 1896, la veuve Silvestre, aux carrières d'Yainville, fait construire un bachot de 53 tonneaux appelé le Robert. Vendu en 1897 à Guibert, patron Brument. Il fera l'objet d'un fait-divers en 1903. Les reigstres de l'Administration offrent deux options :soit il fut ensuite démoli, soit fut vendu à Voisembert et Cie pour les travaux de la Basse-Seine. Dans ce dernier cas, circulait encore en 1919. Rayé en 1926. Qui, à part des charpentiers voisins, a pu mener ce chantier sur le site de Claquevent ? D'autant que l'on voit encore des navires construits à La Mailleraye...
Le Louis,
canot de un tonneau, pour Mme Poulain, Guerbaville. Passe à
la plaisance en 1902. puis est démoli.
La
Louise, canot
de un tonneau pour Louis Caron, La Mailleraye, désarme le 8
septembre 1898. Dépecé en 1908.
Le Saint-Louis, un tonneau, pour Louis Deconihout, La
Mailleraye, désarme le 8 juillet 1901,
dépecé en 1911.
Les
Quatre-Frères,
un tonneau. Une chaloupe de ce nom fut
construite à une date indéterminée.
Peut-être en 1896 car elle appartenait en
1897-98 à Léon Lefèbvre, de La
Mailleraye, et
c'était sa première inscription. Elle fut
démolie
après une seule campagne de pêche.
La tenue des registres de l'Inscription laissa parfois perplexe. Ratures, écriture tremblante, fautes d'orthographe, celui de 1880-1895 est particulièrement mal tenu. Si l'on se fie au scribe, le Hazard, deux tonneaux, fut lancé à La Mailleraye en 1868. Mais cette date est rayée et remplacée par celle de 1897. On nous montre pourtant ce navire naviguer dans les années 80 et appartenant à Désiré Lesage, de Berville. Il est donc possible qu'un second navire du même nom ait été lancé à La Mailleraye en 1897. Ce bateau fut en tout cas vendu en 1918 à M. Pecquer, entrepreneur de travaux publics à Petit-Quevilly. Enfin, il fut rayé en 1926 à titre de bâtiment fluvial. Le problème, c'est que ce Hazard n'est répertorié dans aucun autre registre. Un bateau fantôme. Comme beaucoup d'autres, du reste. C'est par exemple le cas d'un Saint-Côme, porté sans date, sans lieu de lancement et appartenant en 1880 à Mme Paine, de Berville, qui le revendit en 1883 à Duclos, d'Yville. Ce navire est dit armer le 24 juin 1880. Or, il n'apparaît pas dans les répertoires de cette date. Bref, cette confusion est regrettable et nous ne saurons pas si le Hazard fut parmi les derniers navires lancés chez Lefranc, voire à naviguer.
Les registres font état d'une gribane de 31 tonneaux, L'Emile N° 1, construite à Yainville en 1897 et appartenant à Guibert en 1904. Vendue à Voisembert et Cie, elle prend alors le nom de Henry N° 7. Circule encore en 1919.
28 août 1897 : Un malheureux accident s’est produit samedi, vers trois heures et demie de l'après-midi, a la Mailleraye. Un nommé Arsène Cabot, âgé de vingt ans, demeurant à Aizier, était occupé à charger du bois à bord du bateau Saint-Louis, capitaine Salin. quand par suite d’un faux mouvement il est tombé à l’eau. Des témoins de l’accident se sont portés à son secours et l’ont ramené sur la berge, mais hélas, il était déjà trop tard, car malgré tous les soins qui lui ont été prodigués, le pauvre garçon n’a pu être rappelé a la vie.
1898 : naufrage du CalvadosEn février, le steamer Calvados, capitaine Lenormand, parti de la Mailleraye avec un plein chargement de coterets, bois en grume et foin, s'échoua sur le banc de Saint-Sauveur. L'équipage dut abandonner le navire qui sombra.
En 1898, le bac de Bardouville, du port de neuf tonneaux, est construit là-bas, au pays du Corset Rouge. Baptisé Le Débardeur, il appartient à Duperron. Et qui construit encore l'Eugénie-Suzanne, bachot de un tonneau, à Heurteauville, pour le sieur Cuffel ? A La Mailleraye, en tout cas, on ne recense qu'un seul lancement :
L'Emile, bachot de deux tonneaux, pour Emile Guéroult, du Landin. Vendu à Henri Lafrançois, du Mesnil, puis à l'entrepreneur Pigache, de Varengeville. Circule encore en 1913, rayé en 26.
1899 : une noyade, un abordagePropriétaire au Landin, Cyrille Pillon, 41 ans, se noya en février. Il avait accosté à Yainville en barque, pris le train de Caudebec pour aller au marché. C'est lors de la traversée du retour que la barque chavira. Pillon fut noyé et son compagnon, Lécuyer, de Hauville, sauvé par un douanier.
En 1899, deux petites unités sont encore construites à Yainville pour Guibert, le Saint-Pierre et le Jean-Jacques, circulant en 1901 et rapidement démolies. A Duclair, on construit le bac n° 4, 2,75 tonneaux, pour la Société gérante des bacs de Duclair. Il sera dépecé en 21.
Le Petit Journal, 13 novembre : Le vapeur Sainte-Isabelle, de la Compagnie de transport La Fluviale, est entré hier dans notre port avec ses tôles arrière défoncées et déchirées, avaries occasionnées dans la nuit du 8 par le steamer Henry-Fisher. L'abordage a eu lieu par tribord arrière, au-dessus de la ligne de flottaison et pendant que la Sainte-Isabelle était à l'ancre près de la Mailleraye. Le choc fut si violent que le mécanicien faillit être tué par les débris dé bois et de fer qui volèrent de tous côtés.1900 : plongée dans l'obscurantisme
3 janvier, toute la presse reprend une information
du Réveil de
l'Eure.
Tout un coin de Brothonne est terrorisé par des apparitions
fantastiques. Quand la nuit tombe, dans les carrefours et les
éclaircies, des fantômes blancs passent en une
chevauchée satanique et cris sinistre sont entendre. Les
femmes
n'osent plus sortir, les hommes, quand ils sont obligés de
s'aventurer en forêt, ne le font qu'armés
jusqu'aux dents.
Ces apparitions affectent les formes les plus étranges et se
manifestent surtout à La Mailleraye, le
pays
du loup vert ; Tantôt on
aperçoit, dans une clairière, un cerf
gigantesque,
à la ramure
élevée, qui reste quelques instants immobile,
puis, au
moindre bruit, s'évanouit comme par enchantement.
Tantôt,
d'énormes boules de feu roulent en tous sens, à
travers
les bois, dans une cour
de
ferme avec un bruit infernal, lançant des lueurs fulgurantes
avec des éclatements de tonnerre. Le plus souvent aussi, une
sarabande folle de blancs fantômes parcourt la
forêt
avec des sifflements sinistres. Quelques hardis citoyens, qui
n'ont pas froid aux yeux,
ont organisé des battues et tiré quelques coups
de fusils
sur ces apparitions, mais sans résultat.
On a remarqué cependant, à la place où
le cerf
fantastique avait été vu, l'empreinte de pas
humains. La
gendarmerie, avertie de cet faits, a dû commencer une
enquête.
Fils d'Edouard Désiré et Clémentine Renault, Edouard Eugène Lefranc est mort à Guerbaville le 30 avril 1901. A 47 ans. On le dit toujours charpentier de navire. Ses frères sont les témoins de son décès : Charles Constant, lui aussi charpentier de navire mais demeurant à Rouen, Frédéric Guillaume, ingénieur aux chantiers Augustin-Normand du Havre.
En 1901, un bachot de un tonneau, l'Emilienne, est encore construit à Yainville pour Lefebvre, d'Heurteauville. Duclair produit toujours quelques embarcations, y compris pour un Maillochien. Un comble.
Le 12 avril 1901 a lieu à la préfecture de Caen l'adjudication de fournitures de blocs et bétonnages pour le port de Honfleur. Guilbert, carrier de Yainville, est déclaré adjudicataire. "On nous affirme, écrit le journal local, que le rabais est de 16%. Le devis s'élevait à 179,040 fr."
Près de 2 000 personnes tirent encore leur subsistance de la forêt de Brotonne, du bûcheron au charbonnier en passant par le sabotier. Sans compter les scieurs de long venant d'Auvergne en hiver. Le bois reste un matériaud précieux. En avril 96, trois dosses sont volées en forêt au préjudice de Boucachard, marchant de bois à Guerbaville, par Albert Etienne Pillon, journalier à Hauville. Mais ce bois ne fait plus le bonheur des charpentiers de navire bientôt réduits à néant. La maison du syndicat de la Marine continue cependant à avoir fière allure avec son drapeau en façade. C'est le siège du syndic secondé par les gardes maritimes et qui règne sur une demi-douzaine de communes riveraines. Sur les quais, au niveau de la chapelle du château, se trouve le poste et la guérite des douaniers. L'un de ses occupants s'est fait un nom : Léon Fallue, membre de nos sociétés savantes...
10 avril 1901 : Dans la nuit de jeudi à vendredi, vers 10 heures, le nommé Pelage, demeurant à La Mailleraye, qui était en état d'ivresse, est venu frapper à la demeure de son locataire, M. Guéroult, lui disant que, s'il ne lui ouvrait pas, il allait enfoncer la porte ; Guéroult, pris de peur, se leva et se cacha tout nu sous son lit ; Pelage n'obtenant pas de réponse, décrocha la porte à l'aide d'une pince dite burin, entra dans la maison puis il brisa le mobilier. Dans la cour, il renversa tout ce qui s'y trouvait, notamment neuf ruches d'abeilles, qui sont en partie perdues. En présence d'un pareil vacarme, Guéroult sortit de sa cachette et alla prévenir les voisins et le garde-champêtre qui, avec M. Aubert, essayèrent de calmer ce forcené, mais sans pouvoir y parvenir. Le tapage dura ainsi jusqu'à deux heures du matin. Pelage aurait ainsi agi sous le prétexte qu'il n'était pas payé de son loyer. La gendarmerie, prévenue, a ouvert une enquête.
Un lancement
Le Frédéric-Gaston, un tonneau, pour Eugène Douyère, d'Heurteauville. Circule en 1902. Puis démoli.
1902 : le remorqueur s'échoueLa Lanterne, 4 juillet : des nomades ont tenté d'enlever une petite fille de quatre ans, la jeune Desnaud. Les cris de la fillette attirèrent les parents, qui poursuivirent les ravisseurs. Ceux-ci jetèrent alors l'enfant dans un champ bordant la route et disparurent.
8
novembre 1902 : Dans la nuit de jeudi
à
vendredi le remorqueur Tancarville
descendait la Seine pour
venir à Honfleur chercher
un ponton-grue de la
Chambre de commerc. ePar suite du choc contre
un pieu
à la Mailleraye, il eut une
tôle
défoncée à la ligne de
flottaison
et coula bas. Les hommes du
bord ont passé la nuit à
aveugler cette
voie d’eau.
Si l'on se fie à l'Administation, Duclair produit de temps à autres de grosses unités. Ce serait le cas du Georges-André, gribane de 21,75 tonneaux, pour le carrier Cauvin, du Trait, où travailla mon grand-père, Emile Mainberte. Arme le 13 juillet 1904 avec Savalle pour patron. Arme le 5 mars 1909, patron Chéron. 5 mars 1910 : patron Baillemon. En circulation jusqu'en 1919. Rayée en 26. On note cependant un lancement à La Mailleraye :
Le Tiou, bachot de un tonneau, pour Mlle Kinceler, de Jumièges. Permis le 17 septembre. On le dit ensuite démoli.
1903 : encore un Pouchin...(De notre correspondant particulier.
Rouen, 31 janvier.)
Je viens d'apprendre qu'un bateau à voiles chargé
de côtrets, a chaviré, au moment du flot,
à Guerbaville-la-Meilleraye.
Une femme et un enfant qui se trouvaient à bord, se sont
noyés. Je n'ai pu recueillir ici d'autres détails
sur ce
triste événement. Je me rends sur les
lieux pour
vous renseigner d'une manière plus complète. (Le
Petit Parisien)
Le 2 février, Le Journal de Rouen
rapporte un sinistre en Seine : Le
bateau à voile Roberte-Jeanne, appartenant à M.
Sabatier,
de Rouen, et chargé de bois de cotrets, se rendait samedi
matin
de Caudebec à Dieppedalle. Il était
monté par le
patron Desnoyers ; il y avait en outre, à bord, le matelot
Caron
ainsi qu'une fille Duval, âgée de vingt-cinq ans,
et son
enfant âgé de trois ans et demi. Arrivé
en face le
phare des Meules, le bateau reçut un fort coup de vent qui
le
fit chavirer ; la fille Duval et son enfant, qui trouvaient en ce
moment dans la cabine, ont été noyés.
Le bateau a
pu être ramené à quai avec l'aide du
bac à
vapeur. A marée basse, on a fait des recherches pour
retrouver
les deux cadavres, mais elles sont restées infructueuses. Le
chargement, qui appartenait à M. Bardel, de Caudebec, est en
partie perdu.
Le lendemain : Après
avoir
travaillé une partie de la nuit de samedi à
dimanche au
déchargement du Roberte-Jeanne, le matelot Caron et M.
Victor
Léveillard, lieurs de cotterets, sont parvenus à
descendre dans le logement du bateau et en ont retiré les
cadavres de la fille Duval et de son enfant. L'inhumation des deux
corps a eu lieu à deux heures. (Rapporté
par Jean-Yves Marchand).
Un autre fait divers affecte la flottille des carrières d'Yainville
Quillebeuf.
Jeudi soir, vers sept heures, le feu s'est
déclaré
à bord de la grribanne Robert, appartenant à M.
Guibert,
entrepreneur de travaux publics à Yainville.
L'équipage
qui était parti faire des provisions à terre ne
voulut
d'abord pas croire au sinistre, mais quelques minutes après,
il
fut obligé de se rendre à l'évidence.
Le feu
était à l'intérieur du bateau,
communiqué
sans doute par une poêle resté allumé.
Après
un travail assez long et malheureusement infructeux au
début, le
bateau put être sabordé et coulé vers
onze heures.
La coque doit être sérieusement
endommagée
intérieurement. En plus du grave préjudic
occasionné à M. Guibert, armateur, les
mariniers
ont perdu leurs effets et jusqu'à leurs
cartouches de
chasse qui, pendant quelques instants, ont fourni aux spectateurs une
pétarade nourrie.
La liste électorale de 1903 fait apparaître deux charpentiers à Guerbaville : Victor Pouchain, 52 ans et Amand Dumesnil. Ils prennent place auprès de nombreux professionnels du bois : menuisiers, lieurs de cotrets, facteurs de bois... Edouard Lefranc est présenté comme "ancien constructeur". Nous avons un contremaître natif de Quillebeuf, Victor Emile Salin, mais dans quelle spécialité ? Quant au syndic des gens de mer, c'est Henry Louis Devos.
Un sou est un sou. En novembre 1903, Lefranc constate la disparition sous son hangar de deux vis en bois de hêtre. Préjudice : 4 F.
En
1904, c'est encore à Duclair qu'est conçu le Passager de Saint-Georges
n° 2, un tonneau, pour les Ponts &
Chaussées. Il sera vendu
successivement à Aussy, de Duclair, Pierre Roger, de
Bardouville, Louis
Couturier, d'Yville, sous le nom de Limier 3. Démoli
le 14 janvier 1919.
La Victorine, barque de moins d'un tonneau, pour Morin, de Croisset, quai Flaubert. Circule jusqu'en 1915 puis démolie.
1905C'est à Duclair qu'est construit le bac n° 5, du port de 2,7 tonneaux. Vendu à M. Agasse en 1921. Rayé en 26.
La Simone-Madeleine, un tonneau, pour Salin, de La Mailleraye, en plaisance. On ne lui connaît qu'une seule inscription, aurait été rayé en 1926.
1906 : reconversion militaireLa construction navale étant réduite à si peu de choses, l'Armée annonça s'investir en ces lieux en louant une vaste prairie à défricher et une portion de forêt à abattre pour servir de camp d'entraînement au 3e corps d'armée. Au presbytère, Oscar Bucaille, natif d'Ybleron, remplace l'abbé Benet, décédé le 9 avril. Nous sommes alors en pleine guerre de séparation de l'Eglise et de l'Etat. Le maire démissionne en décembre.
1907Mars. La petite Marie Estelle Delaunay, tombée dans un foyer allumé par un bûcheron dans la forêt de Brotonne, succombe à ses brûlures. Toujours en mars 1907, Julien Touzé est élu maire à 75 ans. C'est le fils du notaire, le petit-fils de Mathurin Tuvache. En novembre, Victor Pouchain, charpentier de navire, constate qu'une chaîne de 18 m et une ancre à deux branches ont été volées à sa barque stationnée au halage. Sans doute un marinier de passage...
La Louise-Juliette, un tonneau, pour Poulain, La Mailleraye. Vendu à Louis Caron en 1912. S'appelle ensuite Les Trois-Frères puis le Léon en 1922.
Le Marcel, un tonneau. Une version : ce bachot appartient à E Dauphin, de La Mailleraye, qui l'inscrit pour la première fois le 10 mai 1907. Seconde version : cette norvégienne appartient en 1908 à Martin, de Villequier, puis à Dauphin, de La Mailleraye, puis André et Roger Lemoine, de Rouen, en 1918, enfin à Fréret, de Berville, en 1922. Désolante Administration !...
1908
En 1908, une gribane de 26 tonneaux, Le Père de famille,
est construite au Trait pour Salin. On met à l'eau
à Yainville, la René-Louise,
une barque pour Lévesque, le passeur du bac. On ne
connaît
pas le constructeur. Le port de La Mailleraye, lui, reste avec trois
appontements en béton armé ne permettant pas
l'accostage
de navires à fort tirant d'eau. Le 8 juin la commune
reçut la visite de l'Archevêque de Rouen qui fut
reçu au bac par son capitaine et par le curé.
En novembre 1908, Julien Touzé démissionne de son poste maire. Il est remplacé par Jules Nain.
Lancements
La
Sainte-Isabelle, un tonneau, appartient en 1908
à Testu, Guerbaville.
Le
Saint-Antoine,
bachot de un tonneau, inscrit à la plaisance le 26 octobre
1908
par Victor Léveillard, de La Mailleraye. Vendu à
Séhet, de Caudebec, en 1909. Circule encore en 1916 avec des
droits de pêche. Démoli en 1917 suite à
un incendie.
Le vapeur français Lutèce, capitaine Tissier, venant d'Angleterre avec un chargement de charbon à destination de Rouen, s'est échoué en Seine sur le banc des Meules, entre la Mailleraye et Caudebec. Un remorqueur est parti du Havre pour aller à son secours. Le Lutèce est un vapeur en acier d'une jauge brute de 1 346 tonneaux et nette de 739 tonneaux, construit à Sunderland en 1893. On craint que le navire ne soit totalement perdu.
1910 : une page se tourne encore
Le site des chantiers Lefranc appartient désormais au
passé alors
que
d'autres lieux sont toujours bien vivants. Une
page d'histoire se tourna encore le 29 janvier 1910 lorsque
la commune de Guerbaville prit le nom de son principal hameau : La
Mailleraye. L'historien Pierre Le Verdier aura
appuyé
cette démarche pour rendre hommage à la famille
du
même nom.
Le père Lefranc, veuf depuis 1908, est décédé le 30 mars 1911. On le dit alors "ancien charpentier de navire". Son fils Charles, lui, l'est toujours, mais à Petit-Couronne, chemin du halage. De l'autre côté de l'eau, signe des temps, on construit un avion biplan, la Mouette. Une entreprise commerciale vouée à l'échec.
Epilogue
En 1912, le bac n° 2 de La Mailleraye, barque de 1,5 tonneau, fut fabriqué à... Rouen.
Le 5 juin 1913, nouveau signe du déclin, les syndicats de La Bouille et de La Mailleraye sont supprimés. Les communes qui dépendent de ces deux syndicats sont rattachées au syndicat de Duclair. La station de garde maritime de Berville-sur-Seine est transférée à La Mailleraye. Les gardes maritimes de La Mailleraye et de La Bouille sont habilités à inscrire sur les rôles d'équipage les mouvements d'embarquement et de débarquement.
Anecdote touchante, le 21 mai 1914. Un magnifique chevreuil de la forêt du Trait, incommodé par la chaleur, voulut prendre un bain en Seine, il nagea pendant quelques minutes, mais effrayé par des curieux .il voulut remonter sur la berge et regagner sa forêt. Malheureusement, l'endroit qu'il choisit pour sortir de l'eau avait été récemment empierré et la pauvre bête ne put parvenir à escalader le quai. Elle avait les pattes et ls genoux en sang. Emu par ce spectacle, un pêcheur, Louis Caron, se porta au secours du chevreuil et avec beaucoup de peine, il le hissa dans sa barque. Malheureusement il était trop tard, le pauvre animal exténué expira dans la barque. Il a été vendu par le maire de La Mailleraye au profit des pauvres de la commune.
La
guerre éclate, appelle à elle tous les hommes
valides. Ce
n'est pas la période la plus propice à un
renouveau de la
marine en bois. C'est tout de même à La
Mailleraye que fut construite en 1915 la Simone,
annexe du bac, un tonneau, pour le sieur Cointre, inscrite le 6 janvier
1919 et circulant encore en 1920.
1915 marque encore la fondation rive droite, de ce
que sera plus tard la Standard, l'usine phare de La Mailleraye,
reconversion autrement plus solide que celle annoncée par
l'Armée... En mai 1915 mourut par ailleurs l'abbé
Lemonnier. Ancien curé-doyen de Caudebec, c'était
le
chapelain de La Mailleraye.
En 1917, Les Trois-Frères naviguaient encore. Cette année-là, le Journal de Rouen annonce un suicide survenu le 14 janvier 1917. Samedi à midi, Mme Marie Lescarbotte, tenancière du bac, profitant de ce que sa mère l'avait laissée seule pendant quelques instants est allée se jeter à la Seine à l'appontement des pilotes. Mme Lescarbotte avait la tête fatiguée depuis la mort de on mari survenue tragiquement il y a un mois. Malgré les recherches qui ont été aites, son cadavre n'a pu encore être retrouvé. Les Annales du sauvetage indiquent que le brigadier Frémont et le préposé Sainsaulieu tentère de sauver Mlle Lescarbotteà l'aide d'une ligne Brunel.
En 1919, d'anciennes gribanes de chez Silvestre mouillaient à Biessard. Tenons-les arbitrairement pour les dernières grosses unités de La Mailleraye encore en service.
Le maire, Jules Nain, démissionne en juin 1918. Lui succède Hilaire Tertre qui mourra en fonction en janvier 40, sa voiture tombant dans la Seine à la cale du bac. Il aura été victime d'un malaise. Une fin paradoxale pour cet homme salué, le 28 juin 1919, par le journal Le Pilote dans un article que nous communique Jean Pierre Derouard :
M.
Hilaire Tertre, 35 ans, marchand de bois, faisant fonction de maire
à La Mailleraye a à son actif deux actes de
sauvetage sur
lesquels il convient de donner quelques détails :
Le 30 mars, vers 2
heures, un soldat
anglais, passant devant la scierie, sur le bord de la Seine, tomba
à l’eau profonde à cet endroit de trois
mètres. M. Tertre s’aidant d’un cable
fixé au
quai se mit à l’eau, et fut assez heureux pour
attraper au
moment où il allait disparaître le soldat anglais,
qui ne
savait pas nager et qu’il ramena sans connaissance
à
terre. M. Tertre put également sauver des eaux le sac de
courrier que portait ce soldat et destiné à ses
camarades
du camp de La Mailleraye auquel il appartenait.
Déjà
en 1912, le 2
mars, M. Tertre avait pu sauver M. Henri Lefebvre, 41 ans, cultivateur
à Heurteauville qui par une nuit sombre était
tombé en Seine en regagnant son domicile. Ce sauvetage qui
fut
accompli dans des circonstances qui auraient pu être
tragiques
car M. Lefebvre était à peine tiré de
l’eau
que survenait le mascaret et qui eut inévitablement englouti
sauveteur et sauvé.
Nos
félicitations bien sincères à M.
Tertre pour ces actes de courage.
En 1919 ciculait un sloop de
35 tonneaux, appartenant à Quertier de Rouen et portant
fièrement le nom de La
Mailleraye sans que nous sachions son lieu et sa date de
lancement. C'est
sans compter nombre d'embarcations de faible tonnage
encore présentes dans les années 30.
Après 53
années de navigation, le bateau les Deux-Amis
fut démoli en janvier 1931.
En 1920, à La Mailleraye, on constuisit encore pour des autochtones :
Le
Lucien-Madeleine
n° 1, canot de un tonneau pour Lucien Lefebvre,
L'Yvonne,
canot de un tonneau pour Louis Mauger, vendu ensuite à
Normand du Landin.
En 21 :
Le
Léon pour Louis Caron,
Freddo, bachot pour Termol,
Les
Deux-Frères, bachot de un tonneau, pour Laby,
de La Bouille, à la plaisance.
En novembre 21 est inscrit le bac de La Mailleraye n°3, bachot de 1 tonneau appartenant à Léost, de Caudebec, sans date ni lieu de construction. Anecdotique. Désormais, le bastion de la construction navale est en face, à quelques encablures, au Trait. Avec Eugène Lefranc, on avait enterré à La Mailleraye cinq siècles d'histoire.
Laurent QUEVILLY.
Les six épisodes ont déjà été modifiés depuis leur mise en ligne et sont appelé encore à évoluer. N'hésitez pas à nous aider par la moindre information ou illustration ayant trait au sujet.
SourcesLe Constitutionnel
Le Journal de Rouen
La Presse
Le Journal d'Honfleur
Cherbourg Eclair
Archives de l'Inscription maritime de la Seine-Inférieure
Jean Pierre Derouard, A rames ou a voile, bacs et passages d'eau de la Seine en aval de Rouen
Site Le Désarmement havrais
La Seine, mémoire d'un fleuve.
Etat des vaisseaux du port du Havre, transmis à Colbert en 1664, Ch de Beaurepaire.
Le Groënlandais, Thierry Vincent 1994. (Pour le Pie IX)
Discours de réception de Pierre Abbat, Académie de Rouen, 1942.
L'amirauté de Normandie, Darsel. Annales de Normandie, 1972.
Dossier Légion d'Honneur de Jean-Louis Miniou.
Site Histoire maritime de Bretagne nord
François Vivien, Quelques éléments sur la construction navale dans la Vallée de Seine
Pierre Le Verdier, Précis des travaux de l'Académie des sciences de Rouen, 1895, P. 263
Nathalie Quillet Bailey - Souvenirs de la Mailleraye-sur-Seine.
Caudebec et ses environs, Cartophiles caudebecais.
Le Havre et la Seine-Inférieure pendant la guerre de 1870-1871 / Albert Le Roy, 1877.
Vos réactions
Le Désarmement Havrais
: Bravo
pour cet article MERCI d'avoir fait référence sur
notre site - entre 1764 et 1879 ce sont 161 navires qui sont construits
à la Mailleraye et qui désarment au Havre.
tonnage moyen 105Tx
http://desarmementshavrais.free.fr/chantiers.php?chantier=la+Mailleraye
Didier Fermé.
Un
excellent dossier, très riche qui aborde une
activité connue mais sans réelle documentation
sur la commune de La Mailleraye. Étant en charge de la
communication et notamment du MAG d'Arelaune, me donneriez-vous
l'utilisation pour une prochaine édition, de reproduire des
extraits de ce dossier et précisant bien
évidemment, la source à savoir "Le canard de
Duclair".
Bien cordialement,