C'était au temps où le maître d'école, M. Renaudel, était aux antipodes du curé, l'abbé Bénard. A Sainte-Marguerite on a longtemps raconté cette anecdote...


En tant que maître d’école, il était tenu, en ces temps reculés, de conduire les enfants à l’office. Il accomplissait d’ailleurs ce devoir pieux autant qu’hedbomadaire sans aucun empressement. Et il ne cachait point ses sentiments. Le curé le savait bien. Un jour, il rumina sa vengeance. Ce dimanche-là, lorsque selon le rite, il passa au début de l’office, le goupillon à la main pour bénir les fidèles, il mit à exécution un projet machiavélique.
Arrivé à la hauteur du maître d’école, il trempa abondamment son goupillon dans l’eau bénite et en aspergea copieusement le père Renaudel. De quoi sanctifier le diable lui-même... 

Le maître d’école ne se tint pas pour battu.

Le dimanche suivant il vint à l’office, son parapluie sous le bras. Il le conserva dans son banc, bien à portée de la main, et attendit...

Bientôt le curé passa, le goupillon menaçant. Mais, quand arrivé à la hauteur de son ennemi, et il se prépara à renouveler sa plaisanterie, le père Renaudel, d’un geste rapide, ouvrit son parapluie et se dissimula dessous. Au beau milieu de la messe ! Cela fit un scandale... Et l'on parle encore, je vous le dis, à la veillée, à Sainte-Marguerite-sur-Duclair, du parapluie du père Renaudel. 

Paul GIRARDEAU.

SOURCE

Rouen Gazette
, 30 juillet 1932.