Dans toute la presqu'île se produisait jadis grande quantité de vin. Au jardin de mon père, lorsque j'étais enfant, une vigne donnait un bien mauvais raisin. J'imagine que les crus locaux étaient du même tonneau...

Histoire du vin de Conihout


Depuis les Mérovingiens, des vignobles existaient déjà dans la boucle de Jumièges. Saint Philibert compte parmi les plus grands vignerons normands et, si l'on en croit les anciennes chroniques, la presqu'île était couverte de grappes empourprées : "videas illic botric gravidas vites". Certains attribuent à Ansbert, moine de la Fontenelle, la plantation des premières vignes.
Les chais de l'abbaye dépendaient du château des Leguerchois jusqu'en 1706.

Nos premiers ducs encouragèrent l'essor du vin normand. La raison en était simple. Le port de Rouen voyait affluer la production des provinces viticoles qu'il dirigeait sur l'Angleterre ou encore les Pays Bas. Une activité capitale dans l'économie ducale. Seulement, les rivalités franco-normandes laissaient craindre un embargo sur les vins de France ou encore d'écrasants droits de péage sur la Seine. Aussi, dès le XIe siècle, le duché voulut-il se suffire à lui-même. La viticulture allait ainsi se développer, essentiellement en aval de Rouen, dans des conditions artificielles et sous un climat peu propice.

Les crus normands les plus connus étaient ceux d'Argence, d'Avranches, d'Oudales près d'Orcher, de Saint-Wandrille, du Bec et de Jumièges. Jumièges où le rituel inclut la bénédiction des vignes et du vin. D'anciens auteurs affirment que c'est ici que furent inventés les tonneaux de bois.



Une infâme piquette !
En ces temps anciens, les bons auteurs ne cachent pas leur révulsion pour la piquette ainsi produite:

"Les vins de Haute-Normandie ne sont ni vineux, ni forts, ni généreux.
Ne doivent être prisez et souhaitez qu'à défaut de mieux..."

Qu'importe. Dans la presqu'île, le vin était déjà la boisson habituelle. Chaque année, les religieux en distribuaient sept tonneaux aux pauvres. Et trois aux malades de la léproserie. Quel que soit son lieu de production, Le Landin, Jumièges, Saint-Philibert ou Yainville, on le nommait indifféremment vin de Conihout. Deux lieux-dits portent le nom de La vigne: le manoir de la belle Agnès et un enclos au sein même de l'abbaye.

En 1241, Adam de Conihout fit don à l'abbaye de ses terres et maisons situées au Mesnil aux fins d'y cultiver la vigne.
A Jumièges, le vin était partie intégrante de la culture locale. Il entrait dans le marché de certaines transactions. Quand, en 1257, Raoul Salomon cède ses terres au monastère, il est assuré de recevoir chaque jour de sa vie deux mesures de vin tel qu'on en sert aux meilleurs serviteurs de l'abbaye.



Des droits contestés
Comme l'abbaye possédait des biens à Rouen, les vins transitant dans la capitale normande étaient francs de taxes fiscales. Le vin blanc du Conihout y était notamment vendu en quantité. Contestés, ces droits furent confirmés par la justice en 1254. Mais il demeure une confusion sur l'étendue de la franchise. Certaines chroniques rapportent que cette exonération fiscale ne touchait que les vins destinés à la consommation des dépendances de l'abbaye. En aucun cas ceux qui étaient destinés à la vente. D'autres vous disent que ces mêmes vins entraient à Rouen francs seulement de la moitié des droits auxquels étaient habituellement soumis tous les crus de Haute-Seine.

Quelle que soit leur nature, ces droits resteront souvent contestés. En novembre 1324, la Vicomté de Rouen saisit les vins de l'abbaye. A la Saint Gilles de 1325, le bailli de Rouen commis par le procureur du roi rendit une sentence favorable aux religieux. Qu'à cela ne tienne, il fallut encore exhiber, dans la seconde moitié du XVe siècle des lettres de Charles IV Le Bel, datées de février 1325, pour faire respecter la chose.

Toujours est-il qu l'on exportait du Conihout en Flandres, en Belgique, en Angleterre... Philippe-Auguste, lui-même eut du Conihout sur sa table. Il accorda aux religieux le libre passage de leurs vins sur la Seine. Ce que confirmera plus tard Charles VII. La production, en 1338, fut à titre d'exemple, de 140 muids.



Le rouge qui tue
Pourtant, on l'a déjà vu, sa réputation n'est pas aussi grande que sa consommation. A la fin du XIVe siècle, Maître Olivier Basselin lui-même lui consacra un couplet vengeur dans ses vaux-de-vire, chansons à boire et satiriques qui donneront naissance aux vaudevilles:

"De Colinhout de beuvez pas,
car il mène l'homme au trespas."


le vin trenche-boyau d'Avranches
et rompt-ceinture de Laval
fust mandé à Renaud d'Argences
que Conlinhou aura le gal.


 On disait aussi que les religieux se hâtaient de boire leur vin. "S'il était mauvais, pour en avoir vite du bon. Et s'il était bon, de crainte qu'il ne devienne mauvais..." Quoi qu'il en soit, il était tradition qu'ils régalent en vin nouveau tous les curés présents à leur nomination.

Maintenant que le Conihout mena de vie à trépas est peut-être une sentence exagérée. Quoique !.. Le fruit dont il était fait pouvait s'avérer dangereux. Le 8 mars 1377 mourut Jean de Saint-Denis, 55e abbé de Jumièges. La chronique de l'abbaye nous parle ainsi de sa maladie: "On croit, avec assez de vraisemblance, qu'elle fut occasionnée par quelques grappes d'un raisin fort doux qui lui causa de si violentes coliques que ses entrailles en furent ulcérées et qu'il en sortit une multitude de vers..."



Le vin de Hautefeuille
Il y avait donc le vin de Conihout, mais il existait aussi le cru de Hautefeuille qui devait se trouver sous les mêmes tropiques. En témoignent ces états:

"A Symon Lambert, de la parroisse de Jumiéges, pour la vendue de cinq queues de vin de Haultefeuille, xx livres. — A Colin Bertiaume, segnour du Lendive (le Lendin ?), pour la vendue de viij queues de vin de Haultefeulle, pour la dicte provision ..., xxxij livres. — Item, pour le cariage et carchage de l'ostel du dit Bertiaume, jusques au port de Jumiéges..., viij sous ; Compte de N. du Bourc, du 24 juin au 25 décembre 1405. — Item, à Johan le Senescal, pour la vendue de iiij queues widcs, avec la lye du vin qui y avoit esté, pour maître dessus la dicte lye vin blanc de Haultefeulle, pour ce : xx sous ; Compte du meme, du 25 décembre 1405 au 24 juin 1406."

En 1410, une queue de vin de Conihout se payait 70 sous par les châtelains de Tancarville. Par contrat du 11 avril 1421, Jehan Faraguel, de la paroisse de Saint-Martin-de-Quevillon "vent a Lucas de Grantmont, bourgeois de Rouen deux queus de vin vermeil du creu de Conihout rendu dedens le batel au prochain kay (...) bien enfusté bien œillé..."


La guerre du vin
Le 15 octobre 1472, l'abbé de Jumièges, Antoine de Crépin, vient à mourir. Son héritier est Jacques de Brézé, comte de Maulévrier. Celui-ci veut mettre la main sur la cave de l'abbé que l'on dit fort bien garnie. Immédiatement, le 18 octobre, la communauté religieuse nomme un moine pour défendre sa réserve de pinard. Son défenseur pose des scellés sur la cave et assigne Brézé devant la bailli de Rouen. Ce dernier, que l'on dit empêché, délégua à son lieutenant le soin de régler ce litige sensiblement éloigné de la théologie. Le 30 novembre, il rend une sentence favorable aux religieux. S'en suit un interminable procès entre notre lieutenant et le comte de Maulévrier qui ne réclame plus, cette fois, que la moitié du vin. On ne sait quel fut le dénouement de cette terrible affaire.

Dans les années 1520, la réforme inflige aux moines de l'abbaye une vie de pénitence ou le cidre se substitue au vin. Mais leur production est toujours abondante. François 1er étant en guerre, la ville de Rouen contribuant aux dépenses, le roi autorisa ses habitants à prélever des droits sur le passage du vin. Nos religieux s'y plièrent un an. Déclarés exempts, ils en profitèrent pour réclamer aux Rouennais le remboursement de sommes dues depuis 20 ans.

La disette de 1566 fut en partie imputée à l'abondance de vignes en France. Charles IX ordonna que, désormais, sa culture ne devrait excéder le tiers de la superficie des sols et il fut enjoint d'arracher le surplus.
Au milieu du XVIIe, on exportait encore de Jumièges du vin rouge qui ne payait que demi-impôt et un breuvage qui n'en payait point du tout. Les marchands de Rouen et de Caudebec venaient s'approvisionner dans la presqu'île. Bien avant qu'on ne l'appelât la route des fruits, c'était celle du vin...



A la sainte pétronille...
Chaque 31 mai, jour de la Sainte Pétronille où il n'est de haie sans chenilles, les moines invitaient une centaine de vieilles femmes de la presqu'île. On leur offrait la soupe ou du pain à discrétion et souvent une pinte de ce sacré vin de Conihout. Pourquoi cette fête de la Sainte Pétronille? On ne sait trop. Vierge et martyr du Ier siècle, elle était la patronne des rois de France. Il existait encore au XIXe siècle à Paris une maison de refuge pour les vieillards qui s'appelait Sainte-Perrine, l'autre nom de Pétronille. La fille spirituelle - ou naturelle - de saint Pierre était représentée avec un balai. Il se disait qu'elle était si pure qu'elle avait décidé de ne plus jamais ouvrir sa bouche d'ombre. Entendez par là son derrière.
S'il pleut le jour de la Sainte Pétronille, elle mettra 40 jours à sécher ses guenilles, les raisins tomberont en grappilles et le blé diminuera jusqu'à la faucille. Depuis l'ancien régime, à Jumièges comme ailleurs la Visitation a remplacé Pétronille dans les fêtes du calendrier. Aux Rogations, chacun des trois jours, une procession mène les moines de l'église Saint-Valentin à celle d'Yainville. Et si la vigne est alors fleurie, on chante alors en la traversant:

Descendi in hortum meum,
ut viderem poma convallium
et inspicerem si floruisset vinea...

L'antipathie du sol normand pour la vigne, la froidure du climat finirent par avoir raison de cette production. D'autant que les échanges commerciaux avec les contrées méridionales avait fini par se stabiliser. Sous Louis XIII, les cultivateurs durent payer un écu par tonneau, d'autre impôts s'ajoutèrent. Les paysans qui ne gagnaient plus que peu de choses se résignèrent à arracher leurs vignes. "Que je sois pendu, s'écriaient-ils, si je vais plus retaillant ton branchage!.. Et alors on vit les costes à vignes changées en jacquières..."

Le cru du Conihout ayant disparu, on continua à vendanger dans le domaine de Longueville, appartenant aux moines de Jumièges. A l'abbaye, le raisin resta cultivé jusqu'à la Révolution, même si le vin, fort prisé par les moines, venait d'ailleurs. En 1790, un religieux dénonça ses confrères qui s'en allaient en bonnet de nuit fumer jusqu'au bord de la seine et sortaient pour "jouer et boire avec la canaille."


Annexe


Par Georges Dubosc, 1894.

Collinhoult, Collin hoult (XXIX, 29o). – Le Conihout, colinhout, Colinhou, Cougnihout était un vin normand récolté à Conihout, un hameau de Jumieges, qui existe encore aujourd'hui et compte 284. habitants. Jumièges est une commune de la Seine-Inférieure (canton de Duclair), au bord de la Seine, célèbre par sa belle abbaye, dont il ne reste plus que des ruines chantées par Victor Hugo. (Voir Géographie de la Seine-Inférieure [arrondissement de Rouen], par l'abbé Bunel et l'abbé Tougard.)

Parmi les localités très nombreuses dans la Haute-Normandie et surtout sur les bords de la Seine où existaient des vignobles, Conihout, en aval de Rouen, dans la presqu'ile de Jumièges, était l'une des plus importantes; au moyen-dge Conihout, ou mieux Le Conihout, était, sui.vant le Guide complet dans Caudebec-en-Caux, par  M. G. Rondel (Paris, Emile Lechevalier, 1888), un sobriquet, devenu un nom de famille, puis par extension un nom de terre une tradition locale affirme que ce quartier formait anciennement une île.

Dès l'époque mérovingienne, et surtout au VIe siècle, la vigne était cultivée au Conihout ainsi que dans les environs de Jumièges  (Voir E. Savalle, Les derniers moines de l'abbaye de Jumièges, p. 18 ; Etat des campagnes de Haute-Normandie, par Ch. de Beaurepaire, Evreux, Rouen, M. DCCC. LXV). Le vin de Conihout figura même sur la table de Philippe-Auguste sous ce nom on comprenait également le vin des paroisses voisines: Le Lendin, Jumièges, Saint-Philbert, Yainville. Le cru de Hautefeuille était particulièrement renommé et est mentionné plusieurs fois dans les comptes de l'archevêché de Rouen. A l'abbaye même de Jumièges on ne connut pendant longtemps d'autre boisson que le vin, un état des charges de la maison, de 1338, ne mentionne, en effet, que le vin comme dépense. Les religieux en distribuaient tous les ans sept tonneaux aux pauvres, et en donnaient trois aux lépreux de la paroisse.

La conihout ou vin de Conibout se consommait surtout beaucoup Rouen, parce qu'en y entrant il ne payait que moitié des droits. Les vins de Conihout, comme ceux de Freneuse et d'Oissel, étaient affranchis de la mueson et du choix (De la Vicomté de l'Eau, par Ch. de Beaurepaire, M.DCC.LVI, p. 24..)
Au chapitre " des vins moëson et coustumes et autres choses qui s'acquittent par mesure", le coutumier de la Vicomté de l'Eau dit :

Pour chaque ponson ou demi-queue de Co-
linhout (sic) est deu pour la coustume seule-
ment XVI d. (De la Vicomté de l'eau, p. 298).
Pour chaque ponson ou demi-queue de Co-
linhout XVI d.


Les prix du vin de Conihout sont connus. En 136o, prix d'une queue rendue à Rouen, sans futaille 5 écus.- 1365, Conihout, queue rendue a Rouen, 3 et 2 fr. d'or, sans le fût franc d'or et un quart. 1400, Conihout, queue rendue au quai de Rouen, dans le bateau, 45 s. Autre, 50 s., sans frais d'aménagé. – 1419, six queues de Conihout, 6 liv. (Comptes de l'Archevéché.) 1441, Conihout (Congnihout), queue 5liv. et 4 tiv. 5 s. 1459, queue 6 liv. et 7 liv. – 1489, queue 4 liv.
Le vin de Conihout s'exportait beaucoup en Flandre, en Angleterre et en Belgique, soit que les navires qui le transportaient partissent de Rouen, où venaient aussi les marchands de Bruges, de Nœuport, des Flandres, d'Angleterre et d'Ecosse, soit qu'ils fussent chargés au port de Jumièges qui existait alors. En 1407, cinquante-deux nefs, chargées de vin et d'autres marchandises, étaient ainsi expédiées de Jumièges. (De la Vicomté...) Malgré cette vente, le vin de Conihout n'avait qu'une médiocre réputation, dont on trouve la mention dans le Vaux-de-Vire suivant publié par Paul Lacroix :

De Colinhou ne beuvez pas,
Car il meine l'homme au trépas,
Laval rompt la ceinture.
Ce sont bailleurs de tranchaysons,
Ennemis de nature.


Parlant des vignes de Normandie, au temps de Louis XIII, Gabriel Dumoulin, dans sa Description historique générale de Normandie, (1631, p. 7)

Dans les cantons orientaux comme Vernon, Pacy. Evreux et Ménilles, se font de bons vins,et principalement aux années chaudes et sèches, et passeraient pour du meilleur françois. Pour les vins qui croissent près d'Argences et à quelques lieues vers Avranches ils sont si verds qu'on leur préfère le Collinhou, que les Cauchois tirent de vignes attachées à leurs arbres, puisque le proverbe ancien disoit :

Le vin tranche-boyau d'Avranches
Et le rompt-ceinture de Laval
A mandé à Renaud d'Argences
Qui Collinhou aura le gai.

Ce quatrain n'est pas toujours cité ainsi. Dans le Devis sur la vigne et la vendange d'Orl,  de Suave, 1589, petit ia-8e attribué à Jacques Gohory, on en donne la version suivante :

Tranche-boyau d'Avranche
Et rompt-cheinture de Laval
Ont mandé à Huet de Coustanche
Que Cognihou aura le gai.


Ces deux quatrains cités dans le Blason populaire de La Normandie, de A. Canel, à l'article sur le vin d'Avranches, sont assez obscurs. D'après Moisant de Brieux, ils signifieraient que " les vins d'Avranches et de Laval ont mandé a Renaud d'Argences ou à Huet de Coutances, que le vin de Conihout aurait l'avantage".
D'après l'opinion de M. L. Dubois, & laquelle semble se rallier A. Canel, "avoir le gai" voudrait dire "on jettera la pierre – le gal, le galet au vin de Conihout 
(Blas. pp. 126-129).
Il reste encore actuellement des traces de la culture de la vigne à Jumièges, ne serait-ce que dans la dénomination Les vignes, conservée aux jardins de Jumièges (Hist. de l'abbaye royale de Jumièges, Deshayes, p. 10).

Les premiers chroniqueurs de Jumièges se plaisent du reste à montrer cette terre couverte de grappes empourprées (Neustria pia, p.262-264). Ces vignes s'étendaient aux environs de l'abbaye, à Natteville, par exemple, car, en 1183, on voit Robert de Natteville donner un arpent de vigne à l'abbaye, donation qui est condamnée par Henri II (Neustria pia).
Le vin de Conihout, ainsi que nous t'avons dit, était fort abondant. La Chronique normande de P. Cauchon, par Ch. de Beaurepaire, Rouen, Le Brument, 1870) dit, en effet, " qu'en ces temps (1422) il y avoit si grant pomme, péré, sidres, vin de Quonyhouct (encore une nouvelle orthographel), que c'estoit grant beauté ".
Les moines de Jumièges avaientdu reste obtenu, vers 1250, toute franchise de droit de pontage pour leurs vins, à Rouen. (V. Rouen à l'époque communale, par Chéruel, t. 1 p. 154 – Arrêt de l'Echiquier approuvant cette convention. Archives municipales. Reg.
A.38, f° 224.)

La culture de la vigne en Normandie disparut au commencement du XVIe siècle, à cause de la surcharge des impôts mis par Louis XIII et Louis XIV sur les vins. Les vignerons accablés arrachaient eux-mêmes la vigne les impôts déjà augmentés en 1640 l'avaient été de nouveau en 1643. C'est ce qu'a particulièrement constaté Le Pesant de Bois-Guilbert dans Le Détail de la France sous le règne présent, pp.52.53. Une tradition populaire veut aussi qu'un insecte nommé dadin (serait-ce déjà le phylloxera ?) ait détruit la plupart des vignes normandes.

Aujourd'hui les vignes et le vin de Conihout n'existent plus, à la place des vignes sont maintenant de petits vergers, tous semblables, qui fournissent de fruits à noyau les marchés de Duclair et de Caudebec-en-Caux.


Source : l'Intermédiaire des chercheurs et curieux, 1894.

NOTES

On remarquait encore quelques vignes à Bervillesur-Seine, — Ambourville, — Saint-Georges-deBocherville, — la Vaupalière, — Quevillon, — Saint-Pierre-de-Manneville, — Sahurs, — Hautot, — Canteleu, — Déville.

Pierre Delamare, de Berville-sur-Seine, baille à louage à Guillaume de Cauville, jusqu'au terme de 6 ans, " 14 arbres fruicts portants, avecques les vignes qui dessus sont, à choisir, pour 8 francs d'or. Tab. de Rouen. Reg. 2, f° 1TM (année 1362). — " Clausages en la vigne Mote et de Mauduit, contenant 3 acres, à Ambourville. • Etat du domaine royal, fin du XIIIe siècle, f" 35 et 36. BibI. de Rouen, F. de Martuinville. — A S.-Georges, bail d'une terre pour 8 ans ; " le bailleur retient un baril caque de vin par annéd et un baril de verjus de la contenance de 13 à 14 galons, et la récolte de 2 pommiers à son choix, 1394, » Tab. de Rouen, Reg. 6, f° 74. — Bosc de la Vigne à la Vaupalière, 11 acres et demie appartenant à Monsr Pierre de la Chapelle ; mais dès lors la culture de la vigne était abandonnée, puisque le propriétaire vend pour 69 florins d'oi la tonture du bois. Ib. Reg. 1, fo55 (année 1361). — «Verjus de Quevillon, » 1362. Ib. Reg. 1, f° 181'°. — 1398. 76. Reg. 8, fo 181'°. A Belestre, hameau de S.-Pierre-de-Manneville, dans des bois appartenant actuellement à M. Curmer, on trouve encore d'anciens ceps de vigne. Mais il est vraisemblable qu'il faut y voir les restes d'une culture essayée de nouveau au XVIIe siècle, d'après les exemples et sous l'impulsion d'Antoine Legendre, curé d'Hénouville et l'ami de Pierre Corneille. Cet horticulteur, à qui l'on est redevable de l'invention de l'espalier, avait planté un vignoble sur la lisière de la forêt de Roumare, à peu de distance de son presbytère d'Hénouville, dans un terrain qui lui avait été concédé par le roi. — " Item, 1 pièce de vingne qui contient 3 acres, estimée à 60 s. Item, celz de Hotot doivent la vingne vendanger. » Etat du domaine précité,  35, 36 — « 6 muys de verjus, mesure de Rouen, vendus par un habitant de Sahus. 1360, " Tab. de Rouen. Reg. 1, f ° 77TM.

Commentaire


Nicole a écrit le 30/12/2014

ABBAYE DE JUMIEGES EN NORMANDIE

Un chevalier du nom de Guidard de Farcis donne à l’abbé et aux religieux de Jumièges toute sa terre sise sur la paroisse Saint-Martin de Bouafle, à condition qu’il serait reçu gratuitement s’il voulait embrasser l’état religieux. Vers 1128. – Eude fils Hubert et ses soeurs vendent aux religieux de Jumièges ce qu’ils possédaient de la vigne,Hildevert, à Bouafle, moyennant 67 sols parisis. 1185 (v.st.). – Philippe de Boële-Maillard confirme les donations de terres sises à Bouafle laites aux religieux de Jumièges par Evrard son père et ses ancêtres. 1207.  – Confirmations d’un achat de vignes par Jean de Bazemont, par Firmin « de Felinis », par Hugue de Boutigny. 1227. – Donation par Guillaume dit Sans-Avoir, chevalier, aux religieux de Jumièges de deux pièces de vigne sises à Bouafle. 1245. – Vente à Jumièges par Jean de Bouafle de tous les droits qu’il pouvait avoir sur une pièce de terre sise à Bouafle. 1283. Source : archives de l' abbaye .



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