Sous l'Occupation vivaient à l'abbaye de Jumièges Charles Masson, baron de Vaux et son épouse, Diane de Bonvouloir, descendante des Lepel-Cointet. Charles Masson raconte la Libération vécue à l'abbaye. Un document inédit...


Ce fut le 8 juin 1944 que nous apprîmes le débarquement des Anglo-Américains sur les côtes du Calvados. Bien entendu, le seul journal qui nous parvenait ici faisait toutes ses réserves sur le résultat qu'on en pouvait escompter et ne mettait pas en doute que l'invincible armée allemande n'allait promptement rejeter à la mer ces imprudents Anglais.
Pour nous qui pensions différemment, une lueur d'espérance était entrée dans nos cœurs et c'est avec une émotion toujours accrue que nous pûmes suivre pendant quelques jours, à la radio anglaise, le récit des événements et des batailles qui faisaient rage autour de Caen et qui semblaient vouloir se terminer en faveur de nos libérateurs.

Les TSF réquisitionnées...



Malheureusement, l'ordre de porter tous les postes à la mairie suivait de près l'annonce des succès anglo-américains et, par la suite, ce n'est qu'avec beaucoup de difficultés que nous pûmes avoir, par bribes, des nouvelles fournies par quelques patriotes qui, moins en vue que nous, avaient dissimulé leurs postes.

Trois officiers à l'abbaye


Tandis que se déroulaient ces événements, nous vîmes passer quelques troupes allemandes allant renforcer le front du Calvados. Nous eûmes à loger pendant quinze jours, dans le courant de juillet, trois officiers commandant environ 250 hommes dont 50 Russes non armés et qui faisaient plutôt office de valets que de soldats. Le moral dans la troupe paraissait au bas et tous ces hommes qui revenaient de Russie où ils avaient cruellement souffert et où ils avaient été plus ou moins blessés exprimaient presqu'ouvertement l'espoir que la guerre s'achevât promptement. Le moral des officiers n'était pas meilleur et les conversations que je pus avoir en particulier avec eux me convainquirent, surtout après l'attentat manqué contre Hitler, que la machine allemande venait de subir une terrible accroc.

Les soldats que nous logions faisaient partie d'un corps de pionniers établi sur les bords de la Seine où ils tentaient d'établir des pont de bateaux en dehors des trois bacs, Duclair, La Mailleraye et Caudebec qui marchaient encore malgré les incursions quotidiennes de l'aviation alliée. Ils ne purent d'ailleurs y réussir et n'arrivèrent à passer, par ces moyens de fortune, qu'une très petite quantité de troupes légères que nous devions bientôt revoir... et dans quelles conditions !

Les bombardements


L'aviation alliée se montrait de plus en plus active et pilonnait sans arrêt tous les bords de la Seine, la nuit principalement, afin d'entraver les essais de passage des Allemands. Le ciel était splendidement éclairé par des fusées et des ballonnets de toutes couleurs, et de nos fenêtres, nous regardions chaque soir les tours et les ruines qui nous offraient le plus féerique spectacle.

Nous eûmes encore à loger quelques officiers se rendant détachés et puis, à dater du 15 août, commença le passage en sens contraire de quelques fuyards précédant le gros des forces de l'armée allemande refoulée dans la forêt de Brotonne par l'avance victorieuse des motorisés alliés. Le bruit de l'artillerie se rapprochait chaque jour de nous, nous étions dans l'angoisse. Les Allemands allaient-ils se défendre, une fois le passage de la Seine exécuté, allaient-ils nous expulser, nous fusiller ? Chaque heure nous rapprochait de la Libération que nous sentions venir rapidement, serait-ce notre libération ou la mort qu'elle nous apporterait. Les nouvelles les plus contradictoires étaient colportées sans arrêt. Déjà, Roumare (?) était libérée, Elbeuf, et quelques jours plus tard Rouen, avaient retrouvé la liberté, nouvelles toutes prématurées, démenties juste aussitôt et qui achevaient l'état d'angoisse, aux côtés de tous nous attendions.

120 réfugiés à l'abbaye


Les fermiers qui habitaient au Passage, c'est à dire le long de la rivière, avaient quitté leurs fermes et étaient venus, avec leurs bestiaux, se réfugier dans le haut du pays afin d'éviter les bombardements qu'ils sentaient devant être inévitable. J'avais fait ouvrir les grilles du parc et mis à la disposition de ceux dont les maisons n'avaient pas de caves les souterrains des ruines. 120 personnes et de nombreux enfants y trouvèrent ainsi pendant huit jours un abri sinon confortable, du moins protecteur.

Une infirmerie


Ma femme avait offert au maire et à sa famille l'abri de nos caves de l'abbatiale qui, en plus, abritaient deux familles et leurs nombreux enfants. J'ai également installé dans l'une des caves de l'abbaye une petite infirmerie où les soins devaient être assurés par quelques personnes dévouées auxquelles j'avais remis le brassard de la Croix Rouge Française, mais nous n'avions pas de médecin et une toute petite caisse de pansement devait suffire à assurer tout soin éventuel.

La centrale d'Yainville détruite


L'électricité cessa peu après de nous être distribuée, les Allemands ayant fait sauter l'usine d'Yainville qui nous alimentait. La vie, dans ces conditions, devenait difficile le soir, le nombre de bougies dont nous disposions étant des plus réduits et le pétrole étant introuvable.
La fréquence des bombardements par avions allait sans cesse en croissant, pour la grande frayeur des enfants et de certains parents. Le notaire et sa famille, ma fille et ma femme se partageaient une cave, l'autre contenait neuf enfants, quatre parents et une réfugiée de Rouen qui, échappée de la cave où elle avait été ensevelie avait conservé une frayeur épouvantable des avions et ne cessait de réciter à haute voix son chapelet.

Premiers passages d'Allemands


Le 18 commença le passage d'une partie des troupes allemandes groupées en Brotonne. Pour franchir la Seine, ils se servaient de tout ce qui leur tombait sous la main. Ils scièrent les poteaux télégraphiques, utilisèrent des armoires, des tonneaux. Tout était bon pour eux pour en faire des radeaux. Les uns traversaient à la nage, d'autres s'aidaient de chevaux, ceux de la cavalerie légère arrivaient à passer tant bien que mal mais les chevaux de trait, plus lourds, furent noyés en quantité considérable et, quelques jours après le passage des Anglais, on en comptait encore plus de 500 demeurés sur l'autre rive et qui furent dirigés sur les marais Vernier afin de leur éviter la mort par la faim.



La débandade...


Les unités qui arrivaient à franchir le fleuve atterrissaient sur les berges dans un état de dénuement presque complet, couverts de boue. Ils filaient, et souvent sans armes, par deux, par trois, dans le plus grand désordre en rasant les murs et les maisons et s'empressaient de gagner la forêt du Trait. Les groupes étaient mêlés en une colonne ou tout était confondu. Rares étaient les officiers qui, d'ailleurs, semblaient privés de toute autorité.
Cependant, le 19 et le 20, dans la nuit, ils purent, au moyen de quelques péniches, faire passer une certaine quantité de soldats, de chariots et de fourgons, parmi ceux-ci, je notais des voitures de toutes sortes dont certaines même provenaient de la Manche où elles avaient été volées dans les fermes. Beaucoup de chevaux aussi étaient reconnaissables comme chevaux de culture, des poneys, des sulkys, des trotteuses prouvaient que, dans leur retraite, les Allemands s'étaient emparés de tout ce qui pouvait contribuer à hâter leur fuite.

Les journées étaient relativement assez calmes, les Allemands ayant bien pris soin de ne pas se montrer sur les berges. Mais dès qu'arrivait la tombée du jour, le passage recommençait et, avec lui, la ronde des avions anglo-américains dont nous entendions le bruit caractéristique accompagnant le piqué aussitôt suivi par l'éclatement des bombes.

La retraite des pionniers


Le 24 au soir, nous arriva un des officiers de pionniers que nous avions logé dans le courant du mois d'août, avant son passage en Calvados., le Lt T. Il nous demanda l'hospitalité pour un commandant vétérinaire qui avait perdu son unité dans la forêt.
Le Lt T. ramenait avec lui, sur les 250 hommes que nous lui avions connus, environ une quinzaine de soldats et une cuisine roulante ! Je dois reconnaître que le Lt T., bien qu'il eût terriblement changé de physionomie et que la fatigue et les privations l'avaient durement éprouvé, avait conservé un moral de fer. Son groupe réduit à ces quelques hommes lui obéissait encore au doigt et à l'œil. Il nous dit qu'il avait été décimé dans les environs de T... (illisible) et que son camarade, le O. Lt M. y avait été blessé.

Le gros major ahuri



Le commandant vétérinaire S. était un gros bonhomme, du genre allemand moyen, pas méchant, mais qui semblait complètement ahuri par l'aventure qu'il vivait. Il commença par rester 24 heures au lit, après quoi, nous l'aperçûmes errant à la recherche d'un homme qui pouvait lui donner une indication sur sa formation de 200 chevaux restés de l'autre côté de l'eau. Il s'était sauvé sans le moindre sac et se lamentait de n'avoir pas le moindre objet de toilette, ni même de tire-bottes, ce qui le gênait beaucoup pour enfiler les siennes qui avaient été mouillées. Au cours des deux jours qu'il passa chez nous, j'appris qu'il élevait avec ses propres enfants trois jeunes orphelins belges. Mais ces orphelins belges, c'est vous qui les avez faits, lui dis-je.
— Oui, c'est vrai, me répondit-il, mais j'aurais pu ne pas les élever. En effet, trois enfants constituent une charge dans une maison, mais, me dit-il alors, le gouvernement belge nous paye une pension pour l'éducation de ces enfants.
Ainsi, non seulement Hitler faisait-il élever les enfants de ses victimes à l'allemande, dans une famille allemande, mais en faisait-il payer les frais par le gouvernement vaincu !!
Pour en terminer avec ce gros major, il arriva le 3e jour, tenant dans ses bras un minuscule coq cayotte qu'il avait trouvé Dieu sait où ? Il l'offrit à ma fille en remerciement de notre hospitalité et partit le soir même magistralement, assis sur le coffre de la cuisine roulante. Il était ridicule au possible dans ce piètre équipage qui n'a pas dû le mener bien loin !
Nous avons appelé Commandant le petit coq qui vit toujours actuellement avec nous et nous rappelle ce souvenir de détente parmi tant d'angoisses.

L'abbaye envahie


Nous reçûmes encore quelques officiers d'armes diverses au hasard de leur débarquement, nous n'avions plus de draps et ils durent se contenter d'un lit et d'un matelas.
Cependant, le passage de la rivière devenait chaque jour de plus en plus difficile. L'artillerie alliée avait sans doute repéré les emplacements des péniches et, dès la nuit venue, elle pilonnait sans discontinuer de son tir précis les deux rives du fleuve, en rendant le franchissement pratiquement impossible.

Dans la nuit du (blanc) à 1h 1/2 du matin, un reste d'Etat-Major d'artillerie pénétra dans le parc. Les officiers, un capitaine et sept ou huit lieutenants envahirent la maison tout entière dont ils ne voulurent ensuite occuper que le rez-de-chaussée, jugeant les étages trop exposés. La cave qui nous abritait fut prise par leurs services téléphoniques aussitôt installés en quelques minutes, le parc envahi d'hommes et de chevaux devint un bivouac, les granges au foin furent pillées de tout leur contenu. On marchait sur les hommes dans la maison où l'obscurité rendait la confusion à son comble tandis qu'à l'extérieur, le bruit des avions et des obus sur la Seine ne cessait de nous rappeler le danger de notre situation.

Des vols


Je n'avais qu'une idée : empêcher tous ces hommes de se répandre dans nos chambres où tout était à leur merci. Je ne pus y réussir qu'en partie au cours de cette nuit et, après leur départ, il me fallut constater le vol de différents objets personnels, à ma femme, ma fille et à moi. En quoi, par exemple, une valise pleine de fourrures pouvait-elle être de quelque utilité à l'un de ces fuyards ?
La journée du lendemain se passa dans la plus grande confusion. Les officiers d'artillerie s'étaient enfermés dans les deux cuisines, les uns s'étaient étendus sur des matelas descendus de nos chambres, les autres entouraient le capitaine qui avait étalé sa carte sur la table. Tous étaient exténués et paraissaient être de la plus méchante humeur. Et malgré que j'eusse le plus urgent besoin de parler au capitaine pour nous éviter certains pillage inutiles, je ne pus obtenir d'être introduit près de lui. Je m'étais assis dans l'antichambre sur une banquette où je passai la journée, de cette façon, je commandais le grand escalier et les portes des salons et je pus en interdire l'accès à quantité d'hommes au cours de la journée.

L'abbaye en péril


Cette journée fut décisive pour nous parce que, je le sus par la suite, l'Etat-Major avait décidé de défendre le passage de la rivière afin de protéger la traversée de ceux qui demeuraient encore de l'autre côté.
Cette décision était notre perte car, indubitablement, dès que les canons allemands déjà placés en éventail à l'arrière du village, allaient ouvrir le feu, l'artillerie anglaise ne pouvait faire autrement que de leur répondre. Pris entre ces deux feux, notre position était de plus en plus critique. Les minutes s'écoulaient, de plus en plus angoissantes. Et tandis qu'assis sur ma banquette, où je faisais office de portier, je me livrais aux pénibles réflexions que l'on peu penser. J'attendais, le cœur étreint, les premiers coups de canon. Il était environ 6 h, de la cuisine, un des officiers sortit et, en courant, avançant vers moi, il me hurla : "Monsieur... Dans un quart d'heure, quelques heures tout au plus, votre château sera rasé, vous m'entendez... Et ce sera bien fait ! Bien fait !
J'eus à peine le temps de lui dire : "dommage pour mon château... Mais dans quelques jours, c'est l'Allemagne tout entière qui sera rasée !! Il avait franchi la porte de la cour où il disparut en curant. Je ne devais plus le revoir. Je conclus de cette algarade que quelque chose ne marchait pas dans la défense organisée par notre fameux Etat-Major. Et j'eus l'intuition, à ce moment, que peut-être les canons n'avaient pas été réapprovisionnés en munitions.
Je ne pouvais bouger de ma banquette pour aller m'en assurer, mais le silence des pièces allemandes me confirma par la suite que j'avais deviné juste.

Cette nuit-là, je dormis bien...


Dans la soirée de ce même jour, toute la cavalerie qui se trouvait dans le parc partit en passant sous les arbres par groupes espacés de deux et de quatre chariots et cuisines-fourgons. La nuit n'était pas encore tout à fait tombée, le soleil se couchait rouge derrière les tours tandis qua par les allées montaient lentement les reste de l'armée allemande enfin vaincue ! Cette nuit là, je dormis bien !

La nuit qui suivit cette journée fut encore agitée, tant par les bombes et les obus qui ne cessaient d'arroser les rives du fleuve, que par le remue-ménage que faisaient au travers du parc les fuyards de toute sorte qui ne cessaient de le traverser.
Dans la cave se trouvaient toujours les téléphonistes de l'Etat-Major d'artillerie. Étant, dans le courant de nuit, descendu pour m'assurer qu'ils s'y comportaient à peu près convenablement, j'entendis distinctement la réfugiée de Rouen qui, à haute voix, continuait d'égrener son chapelet derrière la porte. Un des téléphonistes me demanda d'où provenait ce ronronnement, je le lui expliquai. "Dites-lui, Monsieur, qu'elle prie aussi pour nous", me répondit-il.

Cependant, l'artillerie allemande ne tirait toujours pas et, sans doute, l'Etat-Major renonça-t-il à son projet de défense car le lendemain 29, un aide-major allemand avec deux autos sanitaires et cinq infirmiers étant venu réquisitionner ce qui restait de locaux disponibles au rez-de-chaussée de la maison et étant passé ensuite dans les cuisines toujours occupées par les artilleurs en revint en me disant : "J'occuperai ce soir vos cuisines dès le départ de l'artillerie".

Le pillage de Jumièges


Dans cette journée du 29 eut lieu une véritable pillage de Jumièges. Le village fut en entier submergé par une foule de soldats sans officiers qui voulaient tous les chevaux, toutes les voitures et toutes les bicyclettes qu'ils purent prendre. Chez moi, sous la menace du revolver, il me forcèrent à leur abandonner une charrette anglaise, un tournedi (?) et deux voitures automobiles en plus de tous les harnais qui se trouvaient à la remise. J'essayai de me faire donner une feuille de réquisition en règle par le capitaine d'artillerie, seul officier à ma connaissance dans le pays, il refusa de me recevoir.

Vers la fin de l'après-midi, un homme fut blessé sous nos yeux à la grille de la maison. Transporté aussitôt dans le vestibule, il y reçut les soins du major allemand mais lorsqu'il l'emporta dans l'ambulance, l'œuvre de la mort était déjà accomplie.

Le drapeau blanc


Le soir, l'Etat-Major d'artillerie toujours invisible pour moi disparaissait et avec lui tout danger de combat... Nous respirions. J'avais à toute éventualité, fait préparer un drap blanc que je pensais faire hisser au mât de l'une des tours dans le but d'éviter le bombardement du village proprement dit. J'allais trouver le major et lui fit part de mon projet dont le but humanitaire me semblait ne pas devoir lui échapper. "Tant que je serai ici, me répondit-il, aucun drapeau blanc ne sera hissé sur les tours. Peu après, il me proposa de faire conduire ma femme et ma fille à Yvetot avec quelque blessés. Je refusai après avoir consulté ma femme.
Un fermier du passage ayant été grièvement blessé, le même major permit à une de ses ambulances d'aller le chercher. Il reçut à la maison les premiers pansements.





Le récit de Charles Moisson  s'achève brutalement ici. En bas de page, il écrivit : "Abbé Ad. Maurice, Fresquiennes par Pavilly, livre La bataille de Normandie, 1944"

On reste frustré par cette fin en queue-de-poisson. Reste que l'on connaît tout de même les événements qui, en dehors de l'abbaye, marquèrent ce 29 
août 1944. Alors que les forces alliées avaient pris position sur la rive sud de la Seine, Jean et Joseph Vatey traversèrent le fleuve en barque, munis d’un drapeau blanc. Ils firent ainsi savoir que les Allemands venaient de quitter la presqu’île de Jumièges. Il n’était donc plus utile d’attaquer. Action déterminante. Sans doute a-t-elle épargné des vies humaines et des destructions car manifestement une attaque se préparait.

Quatorze prisonniers seront remis aux Alliés quand la population accueillera à bras ouverts les premiers libérateurs anglais. On tend des embuscades durant cinq nuits sur la foi d’habitants ayant repéré ici ou là des Allemands. En vain. La gendarmerie du Trait patrouille en forêt pour la nettoyer définitivement de ses uniformes vert-de-gris. Dans les locaux de la mairie, une vingtaine de personnes instruisent à charge un procès expéditif contre une femme qui fut tondue. Le groupe FFI aura assuré le lien avec les autorités anglaises pour faire passer des chevaux d’Heurteauville à Jumièges. A la mairie, Charles Guillemot-Treffainguy verra ses administrés déposer cinquante fusils, trois revolvers, des munitions…

Charles Masson, baron de Vaux, est décédé en 1952 à l'âge de 75 ans.

Source

Fonds Lepel-Cointet, archives départementales, 306 J. Manuscrit  numérisé par Jean-Yves Marchand, saisie : Laurent Quevilly

Annexe

Les rescapés de la 272e division d’infanterie, après avoir subi d’importantes pertes au sud de Caen (Calvados), ont ordre de s’opposer aux Écossais de la 51st Highland Division qui avancent dans le Pays d’Auge. Ils sont ensuite incorporés dans un groupement tactique de la Waffen-SS chargé de défendre la ville de Lisieux, qui n’est plus qu’un amas de ruines.

Face à l’opiniâtreté des forces allemandes pourtant sérieusement affaiblies, les Écossais, eux aussi fortement éprouvés par les combats meurtriers de Normandie, font appel au renfort d’une brigade blindée et de la 7e division blindée britannique.

Didier Lodieu, retrace cet éàpisode dans Le crépuscule des Grenadiere, Collection la Poche de Falaise-Chambois. Cette collecte exceptionnelle de témoignages, véritable force du livre, permet au lecteur de suivre les soldats racontant leurs combats, rue par rue, localité après localité jusqu’au moment où ils se retrouvent sur les bords de la Seine qu’ils doivent franchir pour échapper à l’encerclement. Ainsi, les vétérans racontent leur passage en Forêt de Brotonne, à Caudebec-en-Caux, Heurteauville, Jumièges, Duclair, Elbeuf. Mais les combats reprennent aussitôt, sans aucune relâche. Après avoir tenté de contrer une reconnaissance alliée à Saint-André-sur-Cailly, au nord de Rouen, les soldats de la 272e passent par Buchy et se retrouvent à défendre Gaillefontaine, au nord de Forges-les-Eaux. Les soldats vont ensuite traverser la Somme et se retrouver au-delà de l’Escaut pour reconstituer la division.