
Mais d'abord, comment
s'exprimait jadis la musique à Jumièges ? Par les
cordes
vocales des moines qui disposaient de fabuleux manuscrits. Elle
descendait aussi de l'orgue de l'abbaye, niché entre ses
deux
tours et tenu avant la Révolution par les
Foutrel père et fils . Nicolas-David, le dernier
à
gravir
l'escalier, fut
considéré en son temps comme l'un des meilleurs
instrumentistes de la région. On ne sait si cette
qualité lui valut d'être maire de 1798
à 1800. C'est en tout cas un défaut qui lui valut
d'être écarté : du
Seigneur, il affectionnait particulièrement les vignes...
La musique dans le
canton, on en garde des échos venus des temps les plus
recultés. Sur un châpiteau de l'abbaye de Boscherville
figurent des ménestrels. Un membre de cette confrérie fut
du reste assassiné dans ce village en 1432. Savez-vous que Louis XIII, enfant, chantait une ritournelle où il est question de Duclair ?
A
la Révolution, la garde nationale de Jumièges
eut son tambour en la personne de Joseph Hauriolle,
maçon picard, dénonciateur
à ses heures. Il inaugura la loi sur le divorce en
répudiant son épouse pour avoir le bonheur de la
réépouser dès le lendemain. C'est lui
qui ouvrait
l'église paroissiale et sonnait la cloche aux aurores. Dans
nombre de communes, comme à Duclair, les gardes nationales
auront leurs fifres et tambours puis les corps de sapeurs pompiers au
fil de leur création. Celui de Duclair fut créé en 1786. Le soir de la Saint-Jean, lors de la fameuse cérémonie du Loup Vert, on entendait toujours un vieux du pays entonner la si jolie chanson du cru : "Marchons joli cœur, la lune est levée..." Un violoneux l'accompagnait. Après quoi, la jeunesse dansait autour du feu. Ce ménestrier, il est encore attesté dans les années 1830, époque où naissent en France les premiers orphéons. Après les déchirures de la Révolution, de l'Empire, de la Restauration, ces ensembles vocaux tentent de faire renaître l'esprit de la fête de la Fédération, quand des milliers de voix entonnaient des chants patriotiques. |
|
L'esprit associatif
Les pompiers de Boscherville ont eu aussi leurs tambours et clairons. On en compte cinq sur cette photo. Le seul civil est Georges Andrieux qui fut maire de 1892 à 1902. L'image date donc de cette époque.
Au XIXe siècle, l'esprit associatif se développe. A Jumièges, sur le plan religieux, il se manifeste déjà depuis des lustres au travers de trois confréries de charité. Sur le plan laïque, depuis la Révolution, les hommes se retrouvent au sein de la garde nationale qui rehausse de sa présence le lustre des manifestations patriotiques, l'installation des maires.
A Duclair, les musiciens de la garde nationale donnent un bal au profit des pauvres le jeudi de la Mi-Carême 1834. La bonne société du cru s'y presse et quelque 260 F sont versés au bureau de bienfaisance.
La chanson populaire se développe alors. En
1853,
le presbytère d'Yainville accueille un
curé-chansonnier,
l'abbé Houlière, auteur d'un tube. Cent ans
après
sa mort, au fin fond de la presqu'île, on chantera encore Noter-Dame d'Autertot.
Et
voilà que le 12 juillet 1853 est créé
un premier corps de sapeurs pompiers à Jumièges.
Il est fort de 26 hommes sous les
ordres de Valentin Poisson. C'est dans le même esprit que va
naître la fanfare de Jumièges quinze ans plus
tard...
Lorsque se tient un comice agricole à Duclair, en 1854, le sous-préfet est escorté à son arrivée par "la musique et par la compagnie des sapeurs-pompiers", nous dit le Journal de Rouen.
Duclair comptait déjà une société musicale en 1862 car nombre de musiciens figurent parmi les souscripteurs à une liste du Prince Napoléon en faveur des enfants au Travail. On note en effet Nicolas Lefèbvre, "sous-chef de musique", François Lefèbvre, Jules Delu fils, Albers Lencs, tous musiciens...La Cécilienne
1863.La
fanfare la Cécilienne naquit à Duclair en
1863 sous la baguette de Léon Huguerre, un fabriquant d'ouate
venu s'installer chez nous. L'homme est né en 1841 à
Écretteville-lès-Baons d'une grande famille de
fabriquants de rouenneris descendants de tisserands.
La Cécilienne fut la mère des fanfares du canton. Une de
ses premières sorties hors Duclair fut pour un concours à
Saint-Denis en mai 1864 où elle décroche une
médaille d'encouragement. Après quoi, elle se rend
Jumièges en juillet 1864 où elle va faire des
émules :
La
Société Cécilienne de Duclair a
exécuté, dimanche dernier, dans la vaste église de
Jumiéges, une messe en musique, à l’occasion de la
fête de saint Pierre.
Avant et après la messe, les
membres de cette société, si bien organisée parM.
Mouchelet, son président d’honneur, et M. Huguerre, son
chef, sont allés faire visite à M. Lepel-Cointet, maire
de Jumiéges, qui leur a fait les honneurs de sa magnifique
propriété.
Différents morceaux
d’harmonie ont été exécutés avec un
ensemble et une perfection qui ont fait le plus grand plaisir à
tous les auditeurs, sur la place de la Mairie, dans les ruines et dans
le beau parc de M. Lepel-Cointet.
Les membres de la
Société Cécilienne ont terminé leur visite
par une bonne action en faisant entre eux, à la fin d’un
frugal repas, une collecte dont le produit a été
distribué aux pauvres. Afin de répondre dignement
à cette manifestation, M. le curé et M. le maire se sont
entendus pour offrir à la Société
Cécilienne une médaille commémorative. Celle
médaille viendra bientôt s’ajouter à celles
qui sont déjà remises sur la riche bannière que
nous avons vue dignement portée par M. Vauquelin, l’un des
plus zélés fondateurs de la société.
Il
est à penser qu'il s'agit de Louis Vauquelin, natif de Duclair,
d'abord établi comme cultivateur au Mesnil puis hôtelier
au bourg de Jumièges.
De marque Couesnon & Cie, le clairon de mon père...
Nous
retrouvons la fanfare en août 1864, lors d'un spectacle de
charité à Duclair
où elle associée à l'harmonie de
Dieppe et plusieurs chanteurs lyriques puis lors des régates
de
Caudebec en septembre. Elle fête en fin d'année la
Sainte-Cécile à l'hôtel de Rouen tenu par la veuve
Mellon et donne un concert au profit des pauvres. Une constante. Une catastrophe en Guadeloupe ? On retrouvera inévitablement la Cécilienne parmi les souscripteurs.
En décembre 1865, le presse nous parle
encore de nos généreux fanfarons : La
société Cécilienne de Duclair a fait
don à
la société du Prince Impérial d'une
somme de 229
fr. 65 c., produit d'un concert donné à Duclair
le 26
novembre dernier.
Mai 1866 : L’administration
municipale et la société Cécilienne de Duclair,
s’occupent de l'organisation d’une grande fête
musicale, dont le produit doit être consacré au rachat de
la tour de Jeanne D'Arc et a l’érection d’un
monument en son honneur.
M. V Dubouchet, d’Yvetot,
violoniste | distingué, dont le charmant talent, dit
le Nouvelliste, a déjà été
apprécié à Duclair, sera l’un des
principaux directeurs de la partie instrumentale.
Sitôt
sa création, la Cécilienne est en compétition.
Juin 1866 : 2e prix au concours d'Yvetot. Juillet 1866 : concours de
Boulogne-sur-Mer.
En août, à Luneray, la presse spécialisée
constate ses progrès ainsi que ceux des musiciens locaux et de
Pavilly. Ce festival de Luneray est au profit du rachat de la Tour Jeanne-d'Arc.
Une vingtaine de société musicales y sont
présentes dont la Cécilienne mais aussi la "Musique
municipale de Duclair" dirigée
par M. Lefèbvre. Elle
compte 15 exécutants contre 14 pour son homologue.
Attestée avant la création de la Cécilienne, cette
Musique municiale est manifestement composée par les
pompiers de Duclair
et préfigure le Rappel.
Le 15 août 1866 a lieu une fête traditionnelle : Te deum, messe en musique, revue de pompiers, jeux publics agrémentés par la musique municipale sur la place de la mairie. Le soir, c'est la Cécilienne qui donne un concert sur la Seine. Elle le donne à la dunette pavoisée et illuminée a giorno d'un steamer anglais amarré au quai et commandé par le capitaine Lachlan. A 9h et demie du soir, après le feu d'artifice, la Cécilienne offre au capitaine et son second une collation présidée par Cavoret. Lachlan porte un toast à l'Empereur et aux Duclairois, la Cécilienne à la reine Victoria et aux Anglais ainsi qu'à l'éternelle entente cordiale entre les deux peuples.
Novembre 1866 : c'est la Saint-Cécile. Fête traditionnelle elle aussi. Grand messe avec concert de la Cécilienne. A l'élévation, Onfroy, un musicien de 1ère classe du 10e cuirassiers exécute un andante au saxophone. Après quoi, les Céciliens donnent un concert dans une salle du premier étage de la mairie. Changement de local pour un banquet présidé par Berruyer. On lève alors son verre à l'Empereur, sa femme et le petit prince... Darcel, conseiller général souhaite succès au concours musical projeté l'an prochain par la Céciliène avec la bénédiction du préfet. Le président Mouchelet rappellera quant à lui l'histoire de sa Société, fondée en 1863 et dirigée par Huguerre. Onfroy donne encore du saxo. Et Cavoret, en bon président du bureau de bienfaisance, mène une quête qui rapporte 30F.
En décembre, voici la Saint-Barbe. La compagnie des sapeurs-pompiers du capitaine Delaunay se rend à la messe, musique en tête. Lefèvre dirige encore quelques morceaux durant l'office. Puis Cavoret passe les hommes en revue place de la mairie. Après quoi banquet rythmé par force toasts portés depuis le chef de l'État jusqu'aux personnalités locales. Il semble donc qu'aux côtés de la Cécilienne coexiste une clique des sapeurs pompiers préfigurant le Rappel de Duclair.
Sainte
Barbe ne fut pas sensible en tout cas à cet hommage.
Toujours en décembre, un incendie se déclara chez
Léon Huguerre. Ce dernier se montra reconnaissant envers la
réaction de Cavoret, du commissaire de police, des gendarmes et
bien sûr des pompiers accourus aux premiers cris d'alarme. Sans
oublier l'ouvrier qui, se jetant dans la Seine, revint comprimer le feu
en se roulant sur les matières enflammées. Ce qui permit
aux autres de circonscrire le sinistre. Pendant ce temps, une
"'personne honorable" fut rudoyée par méprise.
En
janvier 1867, Léon Huguerre se marie à Duclair avec
Constance Appoline Devillard qui lui donnera deux fils. Cette
année-là, la Cécilienne fut
félicitée par le préfet pour sa prestation dans un
concours international à Paris. En revanche, en octobre 1867, toujours dans la France chorale, Huguerre conteste avec la plus ferme énergie le jury du concours de Fécamp :
Huguerre,
directeur de la fanfare de Duclair, repousse les injustices et les
banales appréciations du jury de Fécamp, dont M. Coyon a
été le rapporteur et dénonce ses fautes.
Qu’importe, d’ailleurs, la composition de ce jury !
s’agirait-il de célébrités, il n’en
faudrait pas moins que la vérité se fit jour.
On connaît, dit M. Huguerre, les fautes énormes commises
dans la 2e division, 2e section. Voici donc celles que j’ai
remarquées dans la 3 e division, 2e section, qui est la
nôtre.
Nous étions quatre sociétés : Goderville,
Fauville, les Loges et Duclair. Première faute : il a
été accordé le premier prix à la fanfare de
Goderville, qui devait être exclue du concours. Le chef jouait de
la petite clarinette, et le règlement, que le jury tenait en
main, interdit les instruments en bois dans les fanfares, sous peine
d’exclusion.
Deuxième faute : le jury a souffert sciemment le chef de musique
de Fauville exécuter une partie de piston au concours, pendant
qu’il est sous-chef et premier piston dans la musique
d’Yvetot. Le règlement permet aux chefs de diriger
plusieurs sociétés. Diriger, oui, mais exécuter,
cela n’est pas possible. Que dirait un jury quelconque, si je
faisais diriger ma petite fanfare, le jour d’un concours, par un
ex-soliste du Théâtre-Lyrique?
Troisième faute : après avoir mis la fanfare de Duclair
hors concours pour fausse interprétation du règlement, le
jury lui a décerné un deuxième prix, ex
œquo, avec Fauville. Vous pouviez nous récompenser, mais
il fallait le faire à part, c’est-à-dire en dehors
des prix.
Passons aux appréciations du jury, qui sont non moins amusantes que celles sur la fanfare de Bosguerard.
1° Les Loges, « cette société a tellement
à faire, que le jury juge convenable de ne donner sur elle
aucune appréciation. » C’est un peu
décourageant pour les Loges, mais c’est si commode pour le
jury.
2° Fauville, « cette société a une
supériorité marquée sur ,ses concurrentes...
» Et vous lui donnez un deuxième prix! ex œquo ! ce
n’est pas comme Caudebec, qui n’est supérieure
qu’à deux sociétés, et à qui vous
accordez un premier prix.
3° Goderville, « petite clarinette et batterie de trop...
» Je crois voir encore le jury tenant en main le règlement
du concours de Fécamp.
4° Duclair, « assez bon style, Miserere bien joué par
le baryton, nuances bien observées... on engage à changer
quelques instruments défectueux, le petit bugle surtout. »
Ça, c’est du Coyon. J’ai été lui
parler avec mon instrument à la main, et il l’aura reconnu
pour être sorti de la fabrique de son patron. Le petit bugle de
Bosguerard n’a pu en faire autant.
Hélas ! oui ! nos instruments sont défectueux ; aussi,
avec mes quatorze exécutants, qui ne sont pas tous assidus aux
réunions publiques, je fais, moi aussi, des arrangements
à huit parties qui me permettent de doubler ces instruments et
d’en obtenir des sons et meilleurs et plus justes.
Je ne terminerai pas sans adresser une petite question à M.
Coyon, que je vais résoudre moi-même, afin de lui
ôter la peine de s’occuper de moi. Étant
donné trois ignorants : lui, M. Lamontre et moi, lequel des
trois sera le maître, si ce n’est celui qui dit aux deux
autres : « Vous ne connaissez pas la valeur des notes, vous
êtes des corbeaux bons à croasser quand vous revenez de la
chasse aux médailles, etc.»
On sait comment nous avons fait la chasse aux médailles de
Fécamp, puisque nous avons refusé la nôtre. Et
l’on se plaint que de pareils concours agonisent! Eu attendant
qu’ils meurent,
L. Huguerre,
Directeur de la Cécilienne de Duclair.
On pourrait mulitiplier à l'envi les interventions d'Huguerre dans la presse spécialisée.
La Semaine religieuse, bulletin du diocèse de Rouen, donne ce compte-rendu en 1868 : "Le mardi 21 avril, Duclair présentait l'aspect le plus joyeux et le plus animé. Les fonctionnaires et les autorités s'étaient réunis pour recevoir le premier pasteur du Diocèse. En tête du cortège marchait M. le maire, ayant à sa droite M. le curé-doyen, et à sa gauche M. le juge de paix. Les pompiers, conduits par M. Delaunay, leur capitaine, formaient la haie ; la foule était compacte, la fanfare la Cécilienne faisait retentir l'air des plus beaux morceaux de son répertoire."
La même année va naître une fanfare à Jumièges.
Sous la baguette de Lafosse
1868. Ils sont quinze ! Et tous signent une lettre adressée au sénateur-préfet de la Seine-Inférieure, le 20 mai 1868 : "Nous avons, depuis quelques temps
déjà, organisé à
Jumièges une société de musique
instrumentale (fanfare) dont le but est de contribuer à
l'éclat et à la solennité des
fêtes religieuses et nationales. Notre
société s'est constituées
d'elle-même et elle se propose de subvenir à ses
frais d'organisation et d'entretien au moyen des cotisations
volontaires de ses membres et des dons, également
volontaires, des personnes de bien qui voudront bien lui
prêter leurs concours sans être tenues de faire
partie de la dite société, à quelque
titre que ce soit. |
![]() Agent de change parisien, collectionneur, propriétaire de l'abbaye, Monsieur Aimable Lepel Cointet fut maire de Jumièges de 1860 à 1871. C'est lui qui encouragea la création de la première fanfare du canton. |
En marge de cette lettre, Lepel-Cointet ajoute un commentaire tamponné de l'aigle royal du cachet de la mairie : "Cette société composée d'hommes paisibles et de jeunes gens d'une excellente conduite se distingue par son zèle, son aptitude et les sérieux progrès qu'elle a faite en peu de temps. Elle mérite toute la bienveillance de Monsieur le Sénateur-Préfet."
Les quinze fanfarons
Alors
qui sont ces quinze hommes paisibles ? Le
président-fondateur est Charles Grulay, l'instituteur et
secrétaire de mairie, alors âgé de 35
ans.
Excellente conduite ? Sever Boutard, l'un des maires de
Jumièges, se souviendra d'un enseignant aimant à
lever le
coude pour une tout autre activité que la pratique du
clairon.
Le vice-président est Augustin
Lafosse. Pierre Lafosse, son frère, est le chef de la
clique. Tous deux sont les fils du maire inamovile d'Yainville. Le
sous-chef est François Lebourg fils. Prunier jeune est le
trésorier et A. Poullain
membre. Grulay mis à part, tous ceux que nous venons de
citer sont propriétaires. Ceux qui suivent sont cultivateurs
: Th. Hulin, Vestu, A. Prévost, Duquesne, A. Senard, E.
Lambert, Arestay, Hulay, Linant et V. Amand.
Le 4 juin 1868 intervint l'arrêté suivant :
Le Sénateur-Préfet, vu le décret du 25 mars 1852, sur la proposition de M. le maire de Jumièges. Arrête :
Art. 1er. M. Grulay instituteur à Jumièges, est autorisé à former en la dite commune, une société musicale sous la dénomination de Fanfare de Jumièges.
Art. 2. M. le maire de Jumièges est chargé de l'exécution du présent arrêté.
Rouen, le 4 juin 1868.
Pour le Sénateur-Préfet en
tournée
Le conseiller de Préfecture
délégué.
En juin la Cécilienne ramène un 4e prixu du cirque Saint-Sevère de Rouen : "Dans le morceau choisi par cette Société, le Souvenir des Pyrénées, le commencement a manqué de justesse, et ce défaut a persisté jusqu’à la fin. Le piston, lui-même, ne soigne pas assez ses notes élevées, et, peut-être, abuse-t-il des sons tremblés ; employé ainsi, ce procédé est un abus qui finit certainement par nuire à la justesse. Le mouvement vif de ce morceau a été exécuté de manière à fixer favorablement l’attention du jury ; cependant, nous devons dire qu’il a parfois manqué de netteté et d’aplomb. "
Juillet 1869, concours de Saint-Romain : " La Cécilienne de Duclair (19 exécutants). Directeur,
M. Huguerre. — Les attaques sont franches et les mouvements assez bien saisis, mais les cornets à pistons ne soignent pas assez leur style dans la manière de phraser."
1875. Selon
l'annuaire des artistes, une
société musicale est officiellement créée
dans le chef-lieu de canton en 1875, pourtant, la Cécilienne
existe déjà.
Lors des
législatives de 1877, la fanfare affirme son
caractère
apolitique. En témoigne cet article du Journal de Rouen
daté du 6 octobre :
Nous
avons parlé hier d'une démonstration,
organisée
à Duclair, a propos d'une enquête sur
l'emplacement de la
gare de Yainville, et qui paraît destinée
à servir
plutôt que toute autre chose la candidature officielle de M.
Delamare-Deboutteville.
A cette occasion plusieurs membres honoraires et actifs de la
société musicale de Duclair, s'étant
informés auprès du directeur de la part que cette
société prendrait à la
démonstration,
celui-ci a adressé au maire de la localité une
lettre
où nous lisons ce qui suit :
"A tort ou à raison cette réunion de maires et d'adjoints, précédée et suivie de banquets officiels, passe pour avoir été organisée en vue des élections. Or, vous savez bien, monsieur le maire, puisque vous êtes son président, que la société musicale s'est formellement, interdit do s'occuper de politique. Et c'est pour que nul ne l'ignore que nous nous sommes abstenus lundi dernier d'aller saluer à son passage à Duclair, notre député sortant et membre honoraire M. Richard Waddington."
Nous félicitons la société musicale de
Duclair de
n'avoir pas voulu s'associer à une réclame
électorale ; elle donne ainsi a qui de droit un bon exemple
et
une excellente leçon.
Octobre 1877. La Cécilienne se présente au concours de Louviers. Le compte-rendu de La France chorale :
Fanfare
de Duclair. Le piston est trop haut. Un trombone a abusé des
fausses notes. Les nuances ne sont aucunement observées. Les
basses ne font pas leur rentrée. Il manque à cette
Société les connaissances élémentaires de
la musique. Les notes et leur durée. Qu’elle fasse du
solfège cet hiver et l’année prochaine sa transformation sera complète.
Jugement
sévère. Et pour cause, le concours se disputait dans la
salle du tribunal. Dans un numéro suivant, la revue adoucit sa
sentence :
Troisième division. — Deuxième section. —(Groupe C.).
Fanfare de Duclair, dir., M. Huguerre. — Bon ensemble, nuances
bien rendues, accord pris avec soin. On sent que cette
Société est entre les mains d’un artiste capable et
consciencieux ; nos compliments à M Huguerre. Et maintenant le
petit revers de la médaille : les mouvements sont
généralement pris trop vifs, ce qui nuit à la
clarté de certains traits; les basses se sont trouvées en
avance à Yandantino à six huit, et elles ont
conservé cette avance du rant toute la phrase, ce qui est une
faute grave. La suite a très bien marché.
L'année suivante, Duclair obtient à Paris une 2e mention en lecture à vue dans sa catégorie de "fanfares sans saxophones".
Mais au concours de Montivilliers de 1882, la Cécilienne s'attire encore les critiques : "lit passablement..."
En décembre 1885, la Cécilienne fête sa sainte patronne :
La
Société musicale de Duclair a
célébré la Sainte-Cécile par
l’exécution d’une messe en musique, où elle a
fait entendre, sous l’excellnte direction de son chef, M.
Huguerre, plusieurs morceaux de divers caractères, notamment une
fantaisie sur les Dragons de Villars, dont
l’interprétation a été fort
goûtée. A la communion et à
l’élévation, on a entendu un solo et un duo de
violons exécuté, avec accompagnement d’orgue, par
deux amateurs.
A l’issue de la messe un banquet réunissait dans les
salons de l’Hôtel de la Poste les membres de la fanfare. Ce
banquet, présidé par M. Cavoret, maire et
président de la Société, ayant près de lui
M. Guéroult, conseiller d’arrondissement, et plusieurs
autres notabilités, était fort bien ordonné,
grâce aux soins de M. Denise, qui d’ailleurs est coutumier
du fait. M. le Maire a porté la santé du Président
de la République. Ce toast a été salué par
de chaleureux applaudissements. — M. Guéroult a
porté un toast à la Fanfare de Duclair et à son
dévoué chef, M. Huguerre. Ce dernier en a porté un
aux membres honoraires en les remerciant de leur constant et
généreux concours.
Selon l’usage une quête a été faite en faveur des vieillards de l’hospice de Duclair.
La réunion s’est gaiement terminée par
l’exécution de plusieurs morceaux par la
Société musicale, et, enfin, par des romances et des
chansonnettes qui ont été vivement acclamées.
En 1886, la "Musique de Duclair"
reçut 100F du conseil
général.
En mars 1888, au Paulu, plusieurs balles de déchets de cotons entreposées dans un hangar tombent sur M. Huguerre et son employé, le sieur Fondrin. Ce dernier à la jambe fracturée, Huguerre, lui, en est quitte pour quelques jours de repos. Sans la promptitude des secours, leurs cas était bien pire... Dès le mois suivant, Huguerre organise une de ces soirées mêlant chant et cuivres dont raffolent les Duclairois.
Fin
1892, la formation fut dissoute à la suite de la
démission
d'Huguerre. On en ignore la raison. Huguerre avait alors sa fabrique
à Saint-Paër. Son fils Charles lui causa quelques soucis.
Il fut condamné pour coups et blessures puis
réformé de l'armée pour aliénation mentale.
En 1900, il conservait cependant le statut d'industriel lorsqu'il
découvrit dans l'Austreberthe le corps d'une
septuagénaire suicidaire. D'industriel, il dégringola
cependant au rang de journalier et fut condamné en 1913 pour
braconnage à Villers-Ecalles. Son frère en revanche ne
posa pas de problème. Mobilisé en 14, il fut
renvoyé dans ses foyers un mois plus tard. Il est mort en 1950
à Rouen.
Huguerre ayant rendu sa baguette, Ménielle, le maire, demanda alors à Renault,
commis-greffier
de la
Justice de Paix, de réorganiser la formation.
1893.
Le 15 mars 1893 la
société fut officiellement
reconstituée sous le
nom de Fanfare de Duclair. Ses 18 exécutants évolueront
dans la 3e division, 3e section. Elle aura des rendez-vous annuels : la
fête nationale associée aux pompiers, les comices
agricoles, la Sainte-Barbe, les fêtes patronales de Duclair et
des environs comme la Saint-Laurent à Saint-Paul, la
Sainte-Cécile en décembre. Il lui arrive aussi de
réhausser le cérémonial de la remise des prix.
En
1900, la fanfare de Duclair
anime aussi les Régates de Duclair. Car il en est ainsi tous les ans.Bref, dDirigée par
Louis Pellerin, elle est omniprésente et fera
longtemps
danser tout le
canton avec sa vingtaine d'exécutants. Clerc de notaire,
assureur, Pellerin est natif de Pierrier-sur-Andelle. Figure du Dac,
comptable à l'usine d'Yainville, son fils Marcel reprendra plus
tard le flambeau.
1902.
C'est la date de la création officielle de la "Fanfare de
Duclair", selon l'Annaire des Artistes. Elle existe déjà
cependant.
En août 1903, la fanfare donne un concert à la Saint-Roch au hameau de la Carrière, à Boscherville.
En 1905, la fanfare fait don d'un objet d'art à M. Lemire,
président de la société de tir lorsque
celui-ci
reçoit la légion d'Honneur. Elle organise aussi
un
concert vocal et instrumental avec, annonce Le Travailleur Normand,
"des artistes connus". Si connus qu'il n'en cite pas les noms. Ce
type de soirées vocales et instrumentales sera proposé de
loin en loin tant par la Fanfare que le Rappel. Nombre
d'opérettes et revues seront créées dans le
chef-lieu de canton.
En 1906,
on la voit engagée dans le concours de Vernon,
catégorie
des fanfares sans saxophone. Cette année-là,
l'annuaire
des artistes recense 166 sociétés musicales en
Seine-Inférieure. On en trouve à Bacqueville, La
Bouille,
Barentin, Pavilly, Canteleu, Caudebec, Guerbaville, Villequier... Duclair compte une vingtaine de musiciens.
Juillet 1906 voici remonter
une imposante flottille qui préfigure les Voiles de la
Liberté. A Duclair, au milieu des détonations, la fanfare
joue La Marseillaise mais aussi Ma Normandie, nos hymnes nationaux.
Août, ille participe au concours musical de Pavilly où
elle remporte un premier prix et se fait ovationner lors d'un
défilé en compagnie des sociétés de
divisions inférieures primées.
Pour
la fête du Vaurouy, hameau des Monts, la fanfare donne un concert
dans la propriété de M. Panthou, en août 1908.
Citons,
lors de la fête des pompiers de 1909, les instrumentistes
distingués lors du concours de tir des sapeurs et musiciens.
Grain, 1er prix devant quatre pompiers, Lecoq 6e, Carpentier 11e,
Désiré Lebourg 14e, Fessard 19e, Pellerin 21e, Jules
Masse 27e, Decharrois 28e, Mascrier 29e, Valler fils 30e, Lucien Varin
31e, Lecurier 32e. Voilà qui donne une idée de la
composition de la formation. Le tout s'acheva au Chariot d'Or où
la fanfare exécuta la Marseillaise.
Le
29 mai mai 1910 eut lieu un mémorable concours de pompes avec 34
sociétés et 800 hommes. Ouvrant le défilé
inaugural, la fanfare sera bien sûr de la partie. Il y eut un
morceau d'ensemble dirigé par Claret, le chef de la fanfare
Badin. Mais c'est Duclair qui mit tout le monde au garde-à-vous
avec la Marseillaise.
Toujours en
1910, le député Quillebeuf dépose
à
l'Assemblée quatre pétitions signées
par les
fanfares de Duclair, Clères et les deux formations
pavillaises.
On en ignore le contenu. En revanche, en mai 1913, la fanfare fut
présente parmi au Houlme avec plusieurs
sociétés musiciales pour l'inauguration du monument
à la mémoire de Quillebeuf.
En
juillet 1913, la fanfare suscita des hallucinations auditives chez des
Anglais qui visitaient l'abbaye de Jumièges. On s'en amusera en
lisent ce compte-rendu
En juin 1914, la fanfare obtient un premier prix au concours de Mantes, en Seine-et-Oise. Et puis ce fut la guerre...
1917. La
guerre
de 14
mobilise les musiciens de la fanfare de Duclair et fauchera neuf de ses
exécutants. Notammement Edouard Decharvois qui conservait dans ses bagages une chanson sur Duclair :
Malgré la mobilisation, une nouvelle
formation parvient à voir le jour aux chantiers du Trait menée par M. Becques.
A l'Armistice,
la vie reprend avec ses rendez-vous d'antant. Présidée
par Dupont, on retrouve la fanfare de Duclair dans nombre de
cérémonies
patriotiques où elle est en concurrence avec la Lyre que
l'on
verra chaque année jouer pour saint Eloi, le patron des
métallurgistes.
La lyre des chantiers du Trait est née à en 1917. Elle eut successivement pour chefs MM. Becques, Haine, Marson, Coisy et Couvez père et fils. Elle a fusionné en 1953 avec la clique des pompiers.
L'avènement de la culture populaireLe
13 octobre 1921, la fanfare donne un concert au profit du monument aux
morts. Il est organisé par l'association des anciens
combattants. Ce type de manifestations se multiplie par tout dans le
canton, comme à Yainville, Varengeville... La formation
dirigée par Pellerin va atteindre la quarantaine
d'exécutants.
C'est
au Trait que, le 3 juin 1923, aura
lieu un gigantesque rassemblement de fanfares
réunissant 1.200 musiciens et 20.000 spectateurs
venus
de tout le département. La plus grosse fête de
l'après-guerre dans le canton. C'est du reste en 1923 que la
Lyre reçut sa superbe bannière. Et cette
période
marque
l'avènement de la culture populaire. On chante au club
artistique du Trait ou va bientôt s'épanouir un
orchestre
féminin de mandolines, la Estudiantina. On note aussi
l'existence d'une Symphonie des chantiers. Le kiosque
à
musique est le cadre de fréquents concerts. A Duclair, rue
des
Moulins, existe un club de danse malgré les foudres du
clergé...
A la Sainte-Cécile de 1923, la fanfare rendit hommage à ses neuf victimes de la Grande guerre. Elle joura ce jour-là "Cortège triomphal" et "Saverne" devant les photos de ses martyrs.
Le 30 août 31, on peut lire dans le Journal du Trait après un concert donné au kiosque : "Sous la baguette habile de M. Couvez père, nos musiciens se surpassèrent avec la Voix des cloches de Luigini Parès... Nos solistes, Blaise et Georges Couvez, Henri Schamme, M. Morel, Malheuvre méritent nos sincères salutations..."
De 1932 à la guerre, Lucien Couvez conservera la direction de la Lyre. A la Libération, son fils Georges la remettra sur pied.
Et la clique devint le Rappel1924.
Le Trait comme Duclair mais aussi Boscherville ou
encore Varengeville ont compté aussi leur clique
de sapeurs pompiers.
Le 8 mars 1924, sous l'impulsion de Henry Soudais,
son directeur, celle du chef-lieu devient le Rappel de
Duclair. La création de cette société de musique a pour but d'apporter une animation à la ville et "l'instruction musicale des jeunes gens avant le service militaire". Cette
nouvelle formation jouera de concert avec son homologue
et on les retrouve toutes deux aux régates et autres lieux.
Maurice Savalle en est le Président fondateur, Georges Dubosc le
Vice-président, Eugène Mascrier trésorier, H.
Dubosc secrétaire, Henri Souday directeur, A. Lorillon, Jean
Allais, et Amand Ponty membres administrateurs.
En 1910, la clique des pompiers de Duclair, ancêtre du Rappel ci-dessous...
Le
8 mars 1924, le Rappel de Duclair ne comprenait quelques tambours et
clairons autour de la grosse caisse. C'était une clique,
comme
on disait alors, avec l'idée de former quelques jeunes. Le fondateur, M. Vacher, avait autour de lui des
passionnés comme G. et H. Mascrier, H. Allais, G. et H.
Souday,
L. Genet, E. Hauchecorne, A. Ouin, A. Petit, A. Ponty...
Le
6 juillet 1924, lors d'un concours agricole, le Rappel reçut son
drapeau confectionné par de jeunes Duclairoises. La
jeune société était alors présidée
par M. Savalle tandis que M. Dubosc en était le
vice-président. Place de
l'hôtel-de-ville, M. De Heyn, adjoint au maire, souhaita longue vie au
Rappel. Après quoi, la formation défila en compagnie de la fanfare
jusqu'au champ de foire.
Dès lors, le calendrier du Rappel ressemble à celui de sa
devancière. Elle aussi organisera des soirées
mêlant musique instrumentale et chant lyrique.
En
1825 ont lieu de grandes fêtes au Trait. L'occasion d'inaugurer
le kiosque à musique. La fanfare de Duclair et sans doute le
Rappel sont présents aux côtés de la Lyre mais
aussi des "tambours et clairons du Trait".
En mai 1928, le Rappel est au festival de musique
à Barentin, à la kermesse du manoir d'Ambourville en
août suivant où un jeune colon offre une gerbe au chef, Le Rappel
sera chaque année au rendez-vous du 14 Juillet, de la
rentrée des pompes...
En
juillet 1929, sous la présidence de M. Vacher, Henry Souday
démissionne. Il est remplacé par Henri Allais,
déjà chef instructeur.
En
octobre 1934, c'est M. Tartarin, le président, lorsque le Rappel
participe à la rentrée des pompes suivie d'un banquet
à l'Aigle d'Or. Durant toutes ces années la formation cohabite parfaitement avec la fanfare de Duclair.
En
juillet 1935, le Rappel se distingue au festival de musique de la
fête des fleurs de Pavilly. A Duclair, on le retrouve sur la
Côte des Moulins à la fête du Dac en mai 36 puis
à la fête de la Jeunesse en juin. Régulièrement, la Saint-Laurent de Saint-Paul, est sur son agenda.
Le 21 juin 1936 a lieu la IXe fête du plein air à Duclair. C'est une fête de la Jeunesse dans l'esprit du Front populaire. Les deux fanfares locales et celle du Trait sont associées aux Volontaires d'Elbeuf.
Janvier
37 : nouvelle soirée proposée par la fanfare. On y entend
notamment une opérette composée par Henri Allais et Raoul
Praxy, "Enlevez-moi".
En avril 1937, M. Hinfray est le président du Rappel lorsque
l'on honore en grande pompe Mme Godey, la centenaire de Duclair.
Les 3 et 4 juillet, à l'occasion du congrès
régional de l'UNC, il y eut un festival de musique à
Duclair auquel le Rappel prit tout naturellement sa part.
Février 38, la fanfare donne son deuxième bal. Toutes ces
manifestations sont l'occasion de quêtes par les notables.
A la grande fête des fleurs de juin 38, nos deux formation ont de
quoi prendre de la graine. Les invités-vedettes sont les
tambours et clairons de la Garde républicaine.
En août, la fanfare se rend en excursion à Deauville.
4 décembre 38 : le Rappel organise à son tour une soirée
théâtrale à l'hôtel de ville avec le concours
de la Cigale rouennaise avec notamment une opérette, Chasse réservée,
au programme.
Juin 39, grande fête normande à Duclair. La fanfare et le
Rappel encadrent le char du comité où l'on voit M. Petit
déguster une bollée de cidre sous un pommier en fleurs et
entouré de jeunes Normands. Et c'est à nouveau la guerre...
1945. Naissance
de la clique des sapeurs pompiers du Trait, composée uniquement
de tambours et clairons sous la baguette de Joseph Vlc, un ouvrier venu
de Prague.
Dans les années 50, le Rappel atteint les 52 exécutants. Paul Herment prenait alors ses fonctions de président avec Jacques Mas pour directeur. Les sorties se multiplient. On se souvient qu'à Saint-Paul, Maurice Thilliez avait appris à quelques musiciens les sonneries des veneurs. On avait alors équipé le Rappel de trompettes d'harmonie, de trombones à coulisse, de trompettes de cavalerie et de cors de chasse.
Après
guerre, le Rappel retrouve un calendrier chargé : la
Saint-Gilles au Paulu, la Saint-Pierre à Jumièges, la
Saint-Laurent, la fête des Monts... En mai 1952, sous la baguette
de son jeune chef revenu du régiment, le Rappel est de la
fête de la Victoire, devant le monument aux morts, où MM.
Louet et Adrien Herment sont décorés. Mais les officiers
des sapeurs-pompiers boudent la cérémonie. Motif : les
uniformes de leurs hommes datent de 1900 ! Pourtant, la
municipalité reçoit des subventions pour renouveler
l'habillement.
1953. A la demande de Raymond Brétéché, maire du Trait, la Lyre des chantiers du Trait fusionne avec la clique des sapeurs pompiers sous la direction de Georges Couvez. Son nouveau nom : Musique municipale.
Paul
Herment fut président du Rappel de Duclair de 1954 à 1994,
année
de sa disparition. Le 11 mars 1984, il avait été
élu aussi président des fanfares de
Haute-Normandie. Ce
fut pour lui un septennat.
En 1985, il
réalisé son
rêve : exporter le Rappel à l'étranger.
La
formation alla jouer à Linderte, en Allemagne.
Marcel
Herment mourut brutalement à 66 ans le 3 avril 1994. Les 21
et
22 mai suivants, les 70 ans du Rappel lui furent
dédiés. Le samedi, la musique
départementale des
sapeurs-pompiers donna une aubade sous la baguette d'une jeune femme :
Anita Riou. Il y eut un discours de Dominique Ponty, le directeur du
Rappel, une remise de plaque commémorative à
Monique
Herment, la veuve du président. On honora Claude Ponty et
Daniel
Bordet pour cinquante ans de musique. Dominique Ponty reçut
quant à lui la Croix du Mérite musical, Anita
Riou la
coupelle d'argent de la ville de Duclair...
1970. Création
de l'école intercommunale de musique et de danse. Elle
succède aux cours dispensés depuis des années par
le conservatoire de Rouen et dont j'ai fréquenté dans les années 60 la
classe de violoncelle dirigée par Mlle Sainton. Cette
école est dirigée par Jacques Berrut. Jacques Couvez lui
succède six ans après la création. Habitant
Duclair, originaire du Trait où son père a longtemps
dirigé l'harmonie municipale, il assure à son tour cette
fonction.
1972. Après une
pause
musicale, la fanfare des sapeurs-pompiers du Trait s'est reformée en 1972.
En 2014, elle
comptera
une quarantaine de musiciens dirigés par le capitaine
Aloïs
Vlc. Celui-ci cèdera la direction de la formation en 2017
à Guillaume Foucault, son adjoint. Rénaldo Jean,
Isabelle Jean et Jean-Marie Coguyec ont reçu la
médaille vermeil pour 15 années ; Ghislaine Foucault
et Bénédicte Foucault, la médaille d’or pour
25 années. Cette dernière a également
été promue Tambour Major, responsable de l’ensemble
des percussions. Valérie Lebrun, professeur au conservatoire du
Val de Seine, signe des compositions pour la formation.
1984. Dirigée par Louis Pellerin puis son fils Marcel, la vieille fanfare de Duclair, héritière de la Céciliène, est morte de sa belle mort le 12 juillet 1984 après plus d'un siècle de pratique musicale.
1986. Sainte-Marguerite-sur-Duclair aura aussi sa fanfare. Le 2 septembre 1986, l'Avenir de Sainte-Marguerite s'érige en association sous la présidence de Rémy Parquet. L'animation des fêtes foraines est sa profession de foi. En 1989, l'Avenir compte 32 sorties dont une à Paris. La fanfare est alors dirigée par Denis Mustel.
1989. La place du marché le jour des 65 ans du Rappel de Duclair...
Aujourd'hui...
Aujourd'hui, la salle où répète deux fois par semaine le Rappel de Duclair porte le nom de Paul Herment. La batterie-fanfard aura eu pour chefs successifs Henri Soudais, Henri Allais, Marius Dutas, Eugène Hauchecorne, Jacques Mas, Jacques Petit, André Genet, Philippe Ponty, Dominique Ponty. C'est une formation toujours bien vivante avec une trentaine de musiciens.
En 2008, l'Office de tourisme de Duclair accueillit une exposition de photos Le président Louis Ponty, et le directeur Philippe Ponty, avaient mené des recherches minutieuses. L'occasion de revoir des figures emblématiques en tenue d'époque et de revivre les temps forts de l'histoire duclairoise. La collection de Mme Petit était particulièrement riche en images des années 55 à 60. En 2008, le Rappel comptait 27 musiciens, le plus jeune ayant 4 ans et le vétéran 71.

Un demi-siècle au sein du rappel ! En 2014, Rémy Ponty, le président, était aussi délégué pour la Haute-Normandie de l'Union des fanfares de France. Béatrice Herment était la vice-présidente et Evelyne Ponty la secrétaire. Bref, une histoire de famille. 11 ans, clairon, Caroline Ponty était la benjamine.
En 2022, le Rappel fut endeuillé par la disparition de Dominique Ponty, le chef d'orchestre. En novembre, on fêta la Sainte-Cécile, tant au monument aux morts qu'au Clos Bolard pour un concert. Ce fut l'occasion d'honorer quelques-uns des musiciens : Victor Ponty (argent), Micheline Lefrançois (vermeil) et Béatrice Herment (vermeil) pour 13 ans de présence, et Valérie Agasse (croix du mérite musical) pour 38 ans de musique.
Puis vint le centenaire de la formation en mai 2024, événement auquel Victor Ponty eut la gentillesse de nous associer.
Vous avez des documents, des anecdotes sur les fanfares du canton ? N'hésitez pas à nous en faire part...
Sources
Dossier
4 T 59 numérisé aux Archives
départementales de la
Seine-Maritime par Josiane Marchand et Jean-Yves Marchand.
Rédaction : Laurent Quevilly.
Journal de Rouen.
Paris-Normandie, 1989.
Gilbert Fromager, Le canton de
Duclair.
L'Avenir normand.
Victor Ponty, centenaire du Rappel, 2024.
NDLR : un incident technique a dispersé nos photos. Nous comptons sur votre aide pour les restituer par dates et formations.