Par Laurent QUEVILLY.

Nicolas-David Foutrel restera l'organiste emblématique de l'abbaye de Jumièges. Pétri de talent, ce fut un ardent révolutionnaire. Mais qui furent ses prédécesseurs, qu'est devenu son instrument ? Enquête généalogique...


Au lieu de la barrière en métal se trouvait jadis une ballustrade en pierre ajourée. La grande porte ici sur le côté gauche de la tribune, mène au déambulatoire bordant la nef. La petite porte est celle de l'arrivée d'escalier.

La chronique de Jumièges, à une seule exception près, ne fait jamais mention d'un orgue à l'abbaye. Elle en était manifestement dépourvue en 1652 lorsque fut reçu solennellement le nouvel abbé, François de Harlay de Chanvallon. Parvenu, à la porte de l'église, ce furent les chantres qui l'accueillirent et leurs hymnes furent suivis du son de toutes les cloches.
Ce serait donc dans la dernière partie du XVIIe siècle que s'entendit ici pour la première fois le rooi des instruments.  La tribune où il allait trôner était toute choisie. A l'entrée de la grande église, elle s'appuyait sur un cintre jeté entre les deux tours. Du rez-de-chaussée, on y accédait par l
a porte sculptée d'un escalier ouvert dans chacune des deux tours. Au passage, sur un pilier, une inscription conservait le nom de l'architecte de cette église : Guillaume Letellier, maître-maçon, mort le 1er septembre 1184. La tribune donnait sur la nef par un arc en plein-ceintre. On était protégé du vide par une ballustrade de pierre à claire-voie. Au-dessus de votre tête était une haute voûte semi-cylindrique. Elle avait été surélevée pour permettre l'installation de l'orgue. Derrière l'instrument, trois baies s'ouvraient sur l'extérieur. Ces travaux furent menés de 1688 à 1692 et les tribunes furent saccagées pour accueillir le buffet.



Parmi les légendes de ce plan des ruines, les lettes A.A. désignent le vestibule au-dessus duquel se trouvait la tribune des orgues.


Maître Michel Lambert


L'orgue étant installé, son premier titulaire fut Michel Lambert, "organiste de Messieurs les Religieux de Jumièges". Il avait épousé à Rouen Marguerite Pernelle. En 1692, le couple accueille un premier enfant à Jumièges, Renée Catherine, parrainée par André Marescot, marchand du Mesnil. Marescot est issu une grande famille du cru établie au manoir d'Agnès Sorel et qui donne des dignitaires ecclésiastiques à la province.
En janvier 1694, une fille prénommée Françoise a pour parrain Jacques Boquet. Elle ne vécut que 19 jours et on l'inhuma dans le cimetière. Le mois d'avril suivant, le couple est encore dans le champ des morts pour un enfant dont le prénom n'est pas précisé. Sans doute son premier né. On donne à chaque décès du "Mre" à l'organiste. Maître en abgrégé...
En décembre 1695, Marguerite Pernelle accoucha d'un dernier enfant, Magdeleine, parrainée par le tabellion Jean Hüe et Marie-Thérèse Lambert. Mais, hélas, si l'enfant survécut, la parturiante mourut en couches. Elle avait 29 ans.

Veuf, Michel Lambert resta donc seul avec sa fille. On retrouve sa signature quatre ans plus tard au bas d'un acte de décès. Salomon Lambert, fameux peintre à Rouen, avait confié ici un nourrisson à la femme de Valentin Morin. Et ce qui arrivait si souvent arriva, l'enfant de la ville trépassa. Ce Salomon Lambert, marié à Cécile Chandelier et demeurant paroisse de Saint-Lô, était-il apparenté à Michel Lambert ? Possible.


Michel Lambert n'aura plus d'enfants mais il fut choisi pour parrain chez Jacques Morin, le chirurgien de Jumièges, en compagnie de Marie-Madeleine Marescot, en mai 1699. Un Michel Lambert parraina deux autres enfants au Mesnil. Bref, notre Maître de musique était parfaitement intégré dans la vie de la presqu'île. Mais Lambert accomplissait sa tâche d'organiste non sans éprouver quelque inquiétude.
La charpente de la nef de l'église s'affaissait dangereusement au point de menacer l'orgue. Les travaux menés pour élever un nouveau dortoir durent être interrompus pour remédier à la chose. A 40 ans, l'organiste plaqua un dernier accord et s'éteignit à Jumièges le samedi 19 septembre 1705. Le curé nota : "Maître Michel Lambert a été inhumé dans l'église..." Aucun témoin ne signa l'acte.

Pierre François Legrain


A la suite de Lambert, on note Pierre François Legrain, époux de Jeanne Levaillant. Ce disciple de sainte Cécile est attesté comme organiste de l'abbaye en 1719 à l'occasion de la naissance de son fils Louis. Le couple s'était formé à Rouen, un an plus tôt, paroisse de Saint-Martin-du-Pont. Il n'eut ici qu'un seul enfant parrainé par des proches. Un Pierre Le Grain s'était signalé comme organiste à Rouen dans les années 1650.

Louis d'Auvray de la Fosse


Vint alors Louis d'Auvray de la Fosse. Celui mourut à Jumièges le 22 juillet 1739 à l'âge de 40 ans dans les bras du chirurgien de Jumièges, Jean Berryes. Il avait pour beau-frère Vincent Cousin, bourgeois de Rouen, présent à son inhumation en compagnie du praticien. Celle-ci eut lieu sous le ministère du curé Grossetête dans le cimetière le lendemain du décès. D'une famille de merciers, les Cousin blasonnent d'or à une face de gueules accompagné de trois moiches de sable.

David Foutrel

Le successeur d'Auvray fut David Foutrel. Il est attesté comme témoin le 29 novembre 1742. Ce jour-là se mariait à Jumièges Gilbert Brunet, avocat en Parlement, originaire de Clermont-Ferrand. Il épousait Marie Elisabeth His, veuve de Me Pierre Etienne, conseiller du roi, avocat au siège de Caudebec. Le bailli Pierre Nicolas Delamare, figure parmi les témoins ainsi que l'organise de l'abbaye.

Né à Caudebec en 1719, David Foutrel est d'une famille de musiciens. Son frère Jean-Romain, de cinq ans son cadet, tiendra dix ans les orgues de Boscherville puis quarante-quatre ans celles de l'abbaye du Bec où il initiera son fils Jean-Jacques-Marguerite, organiste à ses côtés de 1779 à 1787. Jean-Romain Foutrel était lié à l'organiste de Saint-Maclou, Jacques Guéroult, qui parraina l'un de ses enfants à Boscherville en compagnie de l'épouse de Mare de la Houssaye, notre procureur fiscal.
Jean-Romain Foutrel sera encore attesté au Bec en 1791 et appointé 400 francs. Il y mourra le 1er thermidor de l'an III.
Dans la famille Foutrel, on note aussi à cette époque un certain Nicolas, vicaire de la paroisse de Saint-Paër.


Les orgues de Caudebec, réalisées par Antoine Josseline et
Gilbert Coquerel pour le buffet en 1542.


L'ancienne capitale du Pays de Caux est un haut-lieu de cette pratique instrumentale.
Dès les années 1540, on y entretient un organiste à gages. En 1642, lle titulaire était le sieur Nicolas Morisse, prêtre. En 1666, Caudebec comptait un facteur d'orgues et organiste du nom de maître Théroude, lui aussi prêtre de son état. En 1710 naquit à Caudebec Jean-Charles-Etienne Frérot qui sera organiste au Havre où il joua pour Louis XV puis Louis XVI.

Premier mariage

En 1743, Etienne Romain Dépouville, le notaire royal en poste à Jumièges depuis trrois ans, choisit Foutrel comme parrain de l'une de ses filles. Hélas, la mère décède des suites de ses couches. Un an plus tôt, Dépouville avait déjà perdu son premier enfant. C'est maintenant un homme brisé et Foutrel est encore à ses côtés aux doubles funérailles. Le notaire se remariera quelques mois plus tard. Il était maintenant temps pour le musicien de fonder son propre foyer.

David Foutrel se maria une première fois le 14 avril 1744 à Caudebec où il est dit "organiste à l'abbaye royale de Jumièges". Son épouse, Marie Catherine Elisabeth, est la fille de feu Louis Robert Filleul, huissier en l'Amirauté de Caudebec et de Demoiselle Marguerite Fritel.
En janvier 1746, son frère Jean-Romain, "organiste à l'abbaye de Saint-Georges", imite son aîné en épousant Marguerite Catherine Filleul, autre fille du défunt huissier.

De son premier mariage, l'organiste de Jumièges eut une fille : Scholastique, née le 26 mars 1745. David choisit pour parrains son frère et sa belle-sœur qui vinrent de Boscherville. Malheureusement, quatre jours plus tard, celle qui venait d'accoucher pour la première fois rendait l'âme. Elle fut inhumée dans le cimetière de Jumièges en présence de maître Gilbert Brunet, conseiller du roy au grenier à sel de Caudebec.
Veuf, David n'allait pas rester longtemps seul avec sa fille...

Second mariage


Le 26 juillet 1746, David Foutrel se rend à Mauny pour y épouser une fille de bonne famille : Angélique Tamy. Il est porteur d'un certificat du chapelain de Saint-Louis d'Yville. Au bas de l'acte de mariage, on note la signature du marquis d'Estampes. Le frère du marié, Jean-Romain et son épouse, Catherine Filleul, appliquent aussi leur paraphe. L'organiste de Caudebec se marie à Jumièges

Le 20 février 1745, on célébra les noces de Nicolas Adrien Cantais. Organiste, à Caudebec, il avait choisi Jumièges pour épouser Marie-Jeanne Thomasse Hiss, la fille de l'ancien lieutenant criminel du baillage de Caudebec. Cantais avait exercé auparavant à l'abbaye de Fécamp puis à la cathédrale de Chartres. On ne sait s'il joua à Jumièges. Il mourra en tout cas à 87 ans, en 1784, alors qu'il tenait toujours les orgues de Caudebec.
Deux ans plus tard, la sœur de la mariée, Marie Tamy, vient épouser à Jumièges un garçon de Saint-Wandrille, Jacques Lecouteux. Celui-ci va s'installer au village comme serrurier. Une autre des sœurs Tamy fera à Jumièges, elle aussi, un excellent mariage. C'est Marguerite Rose qui épousera Michel François Dinaumare, ce bourgeois caudebecquais fondé de pouvoir de l'abbaye. Ainsi David Foutrel exercera-t-il ses talents entouré d'un petit cercle familial.

Lui-même aura plusieurs enfants à Jumièges. Deux seuls d'entre eux parviendront à l'âge adulte et grandiront en compagnie de Scholastique, née du premier lit :

1) Geneviève-Angélique (1747-1748). Décédée à trois mois, son parrain avait été Romain Foutrel, sa marraine Geneviève Lefebvre.

2) Jeanne Catherine Victoire (1748-1748). Elle naquit huit jours après la mort de sa sœur aînée et fut parrainée par Jean Tamy, de Mauny et Jeanne Catherine Foutrel. Elle décéda trois semaines plus tard.

3) Louis Nicolas, dit Nicolas David (1749). Il fut parrainé le 6 décembre 1749 par l'écuyer Nicolas Robert Bauquet de la Roque et Madeleine Bachelay. Ce fut le premier enfant viable des Foutrel. Seigneur de Bohüe, établi à Saint-Ouen-sous-Bellencombre, son parrain relevait d'une famille originaire de Bayeux et établie dans notre région par l'entremise d'un lieutenant général des eaux et forêts au baillage de Caux.

4) Jean Frédéric (1751-1751). Mort à 8 mois, il avait été parrainé par Jean Hue, garde du roi dans la forêt de Brotonne et Rose Tamy.

5) Marie Angélique, dite encore Catherine Angélique. Née le 16 mai 1753, elle fut parrainée le lendemain par Nicolas Foutrel, vicaire de la paroisse de Saint-Paër et Catherine Delanôtre, épouse de Jean Tamy, demeurant à Mauny.


Seuls rescapés de cette fraterie, Nicolas David Foutrel, avait 14 ans et sa sœur Angélique 10 lorsqu'ils furent cités comme témoins dans une affaire d'agression à Jumièges. Les faits...

A l'auberge Poisson


 C'était le soir du 7 août 1763. Le jeune
Nicolas David Foutrel quittait l'auberge Poisson en compagnie de deux camarades. Lorsqu'il aperçut Nicolas Deconihout sortant de chez Guillaume Siméon, son beau-père, maréchal ferrant au bourg. Au même moment, Elisabeth Folie, la femme du chandelier Delahaye, se tenait sous la grand porte de la cour de l'auberge. Nicolas David entendit alors Deconihout lancer à la cantonade : "S'il y a quelque foutue bougresse qui veut me reconduire chez moi, je veux bien..."

— C'est à moi que tu dis ça ? demande la femme Delahaye.
— Non... Mais si tu veux venir en haut, dans le bois, je te battrai ou tu me battras.
— Il n'est pas besoin du bois...

C'est tout ce qu'entendit le fils de l'organiste.
Sa petite sœur, Angélique Foutrel, 10 ans, s'avança à son tour à la barre. Elle, elle a entendu aussi Deconihout jurer contre Elisabeth Folie. Mais elle l'a vu surtout lui porter un violent coup à l'estomac.

La femme du chandelier allait rester clouée au lit et elle porta plainte. Ce qui lui valut d'empocher 25 livres de dommages et intérêts.

Jeune prodige


Nicolas-David Foutrel fut initié de bonne heure par son père à la musique sacrée. Il acquit un tel doigté qu'il remporta un concours réunissant tous les organistes de la province à l'abbaye de Saint-Ouen. C'est du moins ce que prétendait Emile Savalle qui avait recueilli les souvenirs de vieux jumiégeois ayant connu l'abbaye encore debout.

La mort du père


Foutrel père mourut le 13 août 1767, à l'âge de 50 ans. Son frère et son fils signèrent son acte de décès. Et ce fils, il allait désormais tenir seul les orgues de Jumièges. L'année qui suivit la mort de son père, Nicolas David vit son parent vicaire de Saint-Paër passer à la cure du Vaurouy. Ce fut le seigneur de ce lieu, Claude Abraham Cottart, qui l'appela à ces fonctions. Il y restera dix ans, jusqu'à sa mort.

Venu du diocèse de Bayeux, Maître Robert Meriotte, avocat en Parlement, travaillait à l'abbaye de Jumièges en qualité de feudiste lorsqu'il décéda le 28 décembre 1767. Il fut inhumé dans le cloître de l'abbaye, "y ayant mené une vie très édifiante et donné de grands témoignages de sa probité dont les religieux ont été témoins pendant seize mois qu'il a vécu avec eux, il est mort dans les sentiments d'une parfaite résignation à la volonté de Dieu, n'ayant cessé de s'en occuper jusqu'au deernier soupir malgré l'attaque d'apoplexie qui lui avoit ôté tout l'usage libre de la parole, laquelle inhumation a été faite par le RP sous-prieur de Jumièges en présence du RP Dom Louis Charlemagne Fontaine, prieur de l'abbaye royale de Jumièges et vicaire général de Monseigneur le prince de Lorraine, abbé de Jumièges, qui a signé, du sieur Michel François Dinaumare, fondé de procuration par substitution de son altesse le prince de Lorraine, abbé de Jumièges, du sieur Nicolas David Foutrel, organiste de l'abbaye de Jumièges, tous de la dite paroisse qui ont signé avec nous et de discrète personne maître Jean Pierre Grenier curé de Jumièges."

Le 22 août 1771, flanqué du notaire Dépouville, Nicolas David signa cette fois l'acte de décès du cuisinier de l'abbaye, Pierre Queval, mort à 55 ans et originaire de Fontaine-le-Bourg. Il fut inhumé dans le monastère parmi les moines et quelques domestiques.


On retrouve encore Foutrel signataire d'une supplique pour épargner les Jumiégeois de corvée de grands chemins en 1773. Bref, il s'implique dans la vie locale et réside parmi la population dans une maison sise au hameau du Sablon.

Ses sœurs se marient


Le 22 juin 1777, David maria sa demi-sœur aînée, Scholastique, à Michel Dry, un veuf du Bec. Elle avait 27 ans, il en avait 39. C'est Charles François La Mache, religieux dépositaire de l'abbaye qui bénit cette union. Parmi les témoins, il y a Jean-Romain Foutrel, à présent organiste au Bec, le notaire Dépouville, Pierre Desjardins, laboureur, fournisseur de l'abbaye lié à la famille Vastey dont un membre est colon à Saint-Domingue, on note aussi un Louis Moret du Martray. Angélique Tamy, la mère de notre organiste, était toujours de son monde.
Le 5 juin 1780, Nicolas David marie cette fois sa jeune sœur, Angélique, à Guillaume Ferrey, sous-brigadier des fermes du Roy, originaire de Saint-André-en-la-Marche, actuel département de l'Eure. Ferrey demeurait depuis un an à Duclair. Les noces furent célébrées par Dom Yrard, dépositaire de l'abbaye, en présence du curé Adam.

Emile Savalle dira encore de Foutrel : "Il était fier de sa profession, considérée comme libérale. MM. les religieux, qui l'estimaient beaucoup, l'invitaient à leur table les dimanches et les fêtes. Il leur a bien prouvé plus tard sa reconnaissance..." Pour l'heure, les derniers comptes de l'abbaye de Jumièges feront apparaître l'entretien d'un souffleur, sans doute pour l'orgue, mais aussi une ligne budgétaire destinée à rémunérer l'organiste, les sonneurs et enfants de chœur.
Dès 1787, Nicolas David Foutrel est nommé secrétaire-greffier de la première municipalité de Jumièges. Un poste qu'il va conserver sous le nouveau régime...
L'homme aux six filleuls

En 1772, Foutrel est parrain chez le cordonnier Jacques Ledru et le boulanger Pierre Capelle.
En 1773, il parraine une fille de Pierre Gossé, laboureur.
En 1793, on le retrouvera encore parrain chez François Picard, un retraité.
Il l'est encore en 1794 chez Adrien Champagne, cultivateur.
Après son mariage, il parrainera une nièce chez le charpentier Prévost, son beau-frère, en 1798.


La Révolution



Tout comme son oncle, Michel Dinaumare, ancien homme d'affaire de l'abbaye, Nicolas-David Foutrel va épouser très vite les idées nouvelles. On le retrouvera comme secrétaire-greffier des instances révolutionnaires. Puis il en gravira les échelons jusqu'à diriger sa commune.
Ainsi, le 3 mai 1790, Nicolas David accompagna trois officiers municipaux à l'abbaye pour procéder à l'inventaire des biens et recueillir les intentions des moines. L'opération dura plusieurs jours.

En juin 1790, notre organiste relate les développement d'une affaire touchant le sous-prieur de l'abbaye : dom Banse. Celui-ci passe pour un scandaleux qui se présente poudré à l'office et s'adonne au jeu dans l'auberge qui fait face à l'abbaye. On l'accuse aussi du pillage des linges, du petit mobilier et de l'argenterie de l'abbaye.
Lui même prétend que ses condisciples vont, en bonnet de nuit et robe de chambre, fumer jusqu’au bord de la Seine, jouer et boire avec la canaille… Une affaire pitoyable qui marque la fin d'un monde. En juillet 1790, l'abbaye devient bien de l'Etat.

Les citoyens Varanguien et Dinaumare sont alors à la tête de la commune. Foutrel, leur scribe, assistera ainsi à foule de cérémonies patriotiques qui vont se succéder. La municipalité veut sauver les murs de l'abbaye. Elle recueille aussi le serment civique des religieux.

L'organiste de Boscherville


A la même époque, novembre 1790, l’organiste de Boscherville, Emmanuel-François Denieau, âgé de 72 ans, était hors d’état  de  gagner  sa  vie. Il  se  vit  accorder  une  pension  viagère  et  alimentaire  de  300 livres  « sans laquelle cet infortuné, sa femme et ses enfants eussent été obligés de mendier leur pain. » Epoux de Marie-Françoise Charles, il était père d'un garçon et de deux filles déjà adultes. L'une de ces dernières était du reste mariée à Louis Fouquet.
En 1749, l'instrumentiste de Saint-Georges avait perdu une fille d'un an en nourrice chez Jean Baptiste Alisard, à Anneville. Denieau avait succédé en 1746 à Jean-Romain Foutrel. Voilà qui donne un aperçu de la condition d'organiste à la Révolution et il est possible que celui de Jumièges ait bénéficié d'une aide.

Un orgue convoité


En mai 1792,  la fabrique de Saint-Pierre d'Yvetot louche sur l'orgue de Jumièges et s'en ouvre à l'Administration du District. Refus. Les moines sont toujours là et usent encore de l'instrument pour animer les offices. On craint surtout que la population ne se soulève comme elle l'avait fait l'année précédente quand on voulut descendre les cloches de l'abbaye. Ce jour-là, Foutrel avait organisé un comité d'accueil qui avait mis en déroute le citoyen Letellier, chargé de l'opération. De la même manière, il chargea des gamins d'accueillir à coups de pierre l'Agent du District venu prophérer ici la bonne parole révolutionnaire.

Toujours en mai 1792, Foutrel enregistre le forfait du sieur Quevilly, ancien feudiste de l'abbaye, nommé par le canton officier de la garde nationale. Démuni, Quevilly envisage de quitter le canton. Il en deviendra le juge de Paix.
Les administrateurs composant le Directoire du district de Caudebec qui ont pris communication de la requête présentée par les trésoriers et fabriciens de St-Pierre d'Yvetot, exposent que dans la requête qu'ils ont présentée le 5 mars dernier ils ont demandé, entre autres choses, un buffet d'orgue sans aucune autre désignation, que depuis, ils se sont convaincus que celui de la ci-devant abbaye de Jumièges est un des plus convenables qui puisse être placé dans leur église, pour qu'ils demandent qu'il leur soit fait délivrance de l'orgue étant dans la ci-devant abbaye de Jumièges.
Considérant que l'abbaye de Jumièges a été provisoirement conservée, que les religieux qui y sont actuellement se servent encore de l'orgue pour la célébration de leurs offices.
Considérant d'ailleurs que dans les circonstances actuelles, il serait dangereux d'enlever cet orgue de l'abbaye de Jumièges parce que les habitants pourraient se soulever ainsi qu'ils l'ont fait lorsqu'ils ont appris qu'on devait en descendre les cloches (...) Quant à présent sont d'avis qu'il y a lieu de débouter les exposants des fins de leur requête.
En Directoire à Caudebec le 30 mai 1792, l'an 4e de la Liberté.


(ADSM L1588, p. 122)

C'est à l'automne de 1792, sous l'ère de la République, que l'abbaye se vida de ses derniers occupants tandis que se poursuivait aux enchères la dispersion du mobilier. Amand, un paysan empoté, était devenu le maire de Jumièges.
L'abbaye devint alors une caserne. Trois à quatre cents volontaires dépenaillés vinrent tenir garnison durant près de six mois. Leur commandant s'appelait Guéroult, un ancien orfèvre de Rouen. Neveu du curé du Pavilly, le capitaine se nommait Planquette. Un fin latiniste, meneur d'homme à la verve patriotique qui harangue ses troupes au réfectoire. Après des exercices dans le préau, on effectue des marches dans la campagne.

Dernière interprétation


 A l'aube de 1793, Foutrel fit résonner encore l'orgue de Jumièges quand l'abbé Adam, curé de la paroisse, célébra une messe pour le départ des Volontaires vers la frontière. Ce fut la dernière cérémonie religieuse à l'abbaye avant longtemps. Les gardes nationaux donnèrent aux soldats leurs uniformes, leur offrirent un banquet d'adieu et leur font un brin de conduite. Dès lors, et jusqu'à sa mort, alors que les orgues de Jumièges se taisent à jamais, Foutrel ne cessera de se présenter en qualité d'organiste. Mais de quoi vit-il ? Joue-t-il toujours et ou ? Les orgues ne sont pas légion dans la région. Celui de Caudebec, celui de Boscherville,datant de 1627, ceux de Rouen... Organiste n'est pas non plus une profession commune. Si les cérémonies religieuses sont affectées, les fêtes patriotiques ne manquent pas. On verra que Foutrel se fait délivrer plusieurs passeports pour circuler dans la région.

En octobre 1793, le secrétaire-greffier Foutrel relata un procès intenté par la municipalité contre un certain Hervieux qui portait une cocarde non réglementaire. Hervieux avait trouvé un défenseur en la personne de Nicolas Deconihout qui injuriait les officiers municipaux et perturbait leurs travaux.


Le 24 décembre 1793, Foutrel se rendit à Heurteauville pour perquisitionner la ferme du sieur Tuvache, prêtre émigré.

Emile Savalle présentera Foutrel comme un "homme doux, inoffensif, indispensable en quelque sorte, qui dirigeait la commune plus que le maire, qui prévenait même les soldats réfractaires à l'avance de l'arrivée des gendarmes et les suspects des visites domiciliaires, et qui rassura MM. de Mésanges et de Montigny, ses anciens protecteurs et maîtres, ainsi que M. l'abbé Adam et en général toutes les personnes portées sur la fameuse liste rouge." On verra ainsi Foutrel délivrer un certificat de bonne conduite à Dom Outin, le fougueux bibliothécaire de l'abbaye, un temps dans le collimateur de l'Adminstration.

C'est Foutrel qui, sous la Terreur, désamorça les dénonciations stupides d'Hauriolle, garde-champêtre, contre certains Jumiégeois. Ici, on ne se vangeait pas des figures de l'ancien régime. Seul Hauriolle tenta de le faire mais il passait pour un imbécile depuis qu'il avait inauguré le divorce pour se remarier un mois plus tard avec sa femme.


Le 27 novembre 1794, Foutrel fut du mariage de sa cousine, Sophie Dinaumare, avec un gros paysan du cru, Jean-François Danger. La sœur de la mariée, Victoire Rose Adélaïde Dinaumare, passe pour la plus belle femme du pays au point que le cellérier de Jumièges, à trop la regarder, a connu la disgrâce avant la Révolution.

En 1795, Varanguien redevient maire. En juin, l'abbatiale fut vendue au citoyen Lecuyer. Avec l'orgue qu'elle contenait toujours. Oncle de l'organiste, Michel François Dinaumare joua un rôle essentiel dans la transaction.

Le 15 brumaire de l'an 4, autrement dit 6 novembre 1795, Foutrel est élu ajoint municipal de la commune de Jumièges et hameaux par l'assemblée communale dudit lieu et à ce titre chargé de l'état-civil en vertu de la loi du 19 vendemaire de l'an 4.
Le 16 décembre 1795, Foutrel fait partie de la première administration municipale du canton de Duclair sous la présidence de Delanos, ex-curé de Saint-Denis. On le retrouvera un temps vice-président de cette administration cantonale. Michel François Dinaumare, devient quant à lui Commissaire du directoire exécutif du canton de Duclair. Bref, l'homme fort de la région.

Le 13 février 1796, Nicolas David se fait délivrer un passeport révolutionnaire où on le dit âgé de 46 ans et résidant à Jumièges depuis sa naissance. Il est ainsi décrit. Taille : 5 pieds 1 pouce
(1,65 m), cheveux et sourcils châtain, yeux gris, nez bien fait, bouche moyenne, menton long, front haut, visage ovale. On mentionne qu'il sait signer et c'est bien la moindre des choses, lui le secrétaire-greffier, lui qui déchiffre si bien les partitions.

En décembre 1796, Foutrel établit la liste des commerçants de Jumièges sujets à patente.

Mariage tardif


Au début de 1797, toujours administrateur du canton, Foutrel est de ceux qui ordonnent l'arrestation d'un charpentier de Marine, Jean-Philippe Decaux, qui, pour se soustraire à sa réquisition dans la Royale, a déserté et produit un faux certificat de naissance.

Le 7 germinal de l'an 3 (27 mars 1797), Nicolas David Foutrel porte toujours le titre d'organiste lorsqu'il se marie enfin, à 45 ans. Thérèse Nobert a le même âge que lui et elle aussi a déjà perdu ses parents, Jean-Baptiste Nobert et Elisabeth Ouin. Ainsi, ce couple tardif n'aura jamais d'enfants. Mais Nicolas David est déjà le parrain de cinq enfants.

En août 1797, l'ex-bénédictin Desaulty devint Agent municipal de Jumièges.


Le 23 vendemaire de l'an 6 (14 octobre 1797), un nouveau passeport révolutionnaire est délivré à Nicolas David. Même desciption physique à part que ses cheveux ont viré du châtain au brun. Ce laissez-passer vaut pour toute l'étendue de la République.

Compositeur révolutionnaire


L'année suivante, voilà Foutrel adjoint municipal de la commune de Jumièges. Le 14 février 1798, on le retrouve plantant un nouvel arbre de la Liberté qui manifestement a été vandalisé par quelque nostalgique de l'ancien régime. Foutrel chante à cette occasion un hymne patriotique composé pour la circonstance.
En avril, il parraine un sixième et dernier enfant chez son beau-frère, Jean-Charles Prévost, le charpentier de Jumièges. Trois jours plus tard, le 24 avril 1798, il est nommé à la tête de la municipalité de Jumièges en remplacement de Desaulty, détesté des instance cantonales et contraint à la démission.
En qualité d'Administrateur du canton, un nouveau passeport lui est délivré, le 5 novembre 1798 pour se rendre à Rouen, Le Havre, Caudebec et Yvetot.

Mais où est l'orgue ?



Et voilà qu'en mars 1799, l'Administration du canton de Duclair réclame l'orgue de Jumièges pour ses fêtes décadaires. On peut penser que Nicolas David Foutrel, membre de cette instance et qui se qualifie toujours d'organise ait influencé cette requête, d'autant que son oncle Dinaumare est l'homme fort du canton.
Ou est l'orgue de Jumièges ? Les administrateurs savent seulement que Lecuyer l'a retiré de l'abbaye. Mais en avait-il le vraiment la propriété ? Oui, répond un mois plus tard le Département. Alors, tandis que Lécuyer exploite l'abbaye comme une vulgaire carrière de pierre, qu'est devenu le fameux instrument ! Selon certains, il aurait trouvé place dans l'église Saint-Jean d'Elbeuf. 40 ans titulaire de ces orgues, M. Lenoir en était persuadé. Sans avancer la première preuve. En 1953, M. Brisson recueillit cette "tradition locale" et interrogea ses confrères de la commission des Antiquités. Sans obtenir de réponse. Alimentée par Brisson ou encore une organiste comme Marguerite Blanchot, cette légende se perpétua jusque dans les années 80 en ayant l'oreille des Monuments historiques et des Affaires culturelles. 
Mais les vieux comptes de la paroisse Saint-Jean anéantissent cette hypothèse...
Duclair, le 15 germinal an VIIe de la République française une et indivisible.

L'administration municipale du canton de Duclair à l'administration centrale du département de la Seine-Inférieure :

Citoyens,

Le ci-devant abbaye de Jumièges avec ses dépendances  a été acquise d'après le mode déterminé par la loi du 28 ventose an 4e par le citoyen  L'Ecuyer alors receveur de l'enregistrement à Rouen. Il se trouvait dans la ci-devant un jeu d'orgue qu'on dit avoir été retiré par l'acquéreur. Comme nous sommes autorisés par le ministre de l'Intérieur à faire usage des orgues qui se trouvent dans notre arrondissement pour  l'embellissement des fêtes décadaires, nous désirons que celui dont s'est emparé le ciroyen L'Ecuyer nous fut remis et placé dans notre temple. Nous pensons que cet instrument précieux doit nous être remis, mais désirant concilier le respect dû aux propriétés avec le désir d'embellir nos fêtes, nous vous prions de décider si vous pensez que l'orgue de Jumièges a été compris dans l'acquisition du citoyen L'Ecuyer et dans le cas de la négative quelle marche nous decons suivre pour nous le faire restituer et sur quels fonds sont occasionnés le  transport et le placement dans notre temple décadaire. Salut et fraternité.

Rouen, le 21 floréal an VII. Citoyens, l'orgue qui existait dans l'église de la ci-devant abbaye de Jumièges a été compris nominativement dans le contrat de vente qui a été passé au citoyen L'Ecuyer, il fait donc partie de lson acquisition et ne peut être distrait. Nous ne pouvons que regretter de ne pouvoir dans ce moment répondre au désir que vous avez d'augmenter l'intérêt des fêtes naitonales et des réunions décadaires. Salut et fraternité. (ADSM L3256)

L'instrument d'Elbeuf viendrait de Rouen, du couvent des Carmes d'où il aurait été apporté en 1791 alors que celui de Jumièges était toujours en place cinq ans plus tard.

Si l'on consulte le procès-verbal d'estimation dressé lors de l'aliénation de l'abbaye, le 27 prairial an IV (16 juin 1796), inventaire qui eut lieu en présence de Dinaumare, il est effectivement fait état de l'orgue : "Dans le cours de nos opérations, il nous a été observé par le citoyen commissaire du Pouvoir exécutif (...) qu'il existe un jeu d'orgue dans laditte église avec trois ou quatre soufflets. Nous, arbitres, déclarons que nous n'avons pas compris dans le prix de notre estimation la cloche ni l'horloge mais bien le jeu d'orgue ainsi que la charpente qui soutient laditte horloge et la cloche." (ADSM T1 n° 1319). Ce jour-là, Lécuyer s'est donc bien rendu propriétaire du jeu d'orgue. A qui a-t-il été vendu, par lui ou ses successeurs, Capon arrivé ici en 1797, Lefort en 1802 ? Pire : n'a-t-il pas été tout bonnement détruit sur place lors de la démolition de la grande église ? Mystère...

Contesté


Le 8 novembre 1799, alors qu'il est toujours agent municipal, autrement dit maire de Jumièges, un nouveau passeport est délivré à Foutrel pour se rendre à Rouen, Le Havre, Caudebec, Bourg-Achard et Pont-Audemer.
Quelques jours plus tard, le 18 brumaire, quand Bonaparte, Cambacérès et Lebrun font leur coup d'Etat, Foutrel est de ceux qui prêtent allégeance au nouveau régime. En revanche, l'oncle Dinaumare tombe en disgrâce après avoir dirigé deux ans le canton.

Le titre d'agent municipal va disparaître au profit de celui de maire. Le 15 avril 1800, une trentaine de figures de Jumièges adresse une pétition au préfet en faveur de Foutrel qui occupe les fonctions de maire provisoire. Parmi eux, Dépouville, l'ancien notaire royal.
"Les habitants de la commune de Jumièges et hameaux, canton de Duclair, de ce département, soussignés vous exposent que le Citoyen Nicolas David Foutrel les a administrés avec toutes satisfactions depuis plusieurs années en qualité d’agent municipal de la dite commune et étant une des plus instruits d’icelle."
Mais Foutrel a ses détracteurs. Notamment en la personne de Desaulty. Il s'adresse au préfet pour brosser le portrait d'un alcoolique. je vous observe également que ce citoyen n’a aucun état, aucune propriété et qu’il ne paie pas même de contribution personnelle." Bref Desaulty brigue la place qu'il a déjà occupée. Et il a des partisans. Ceux-ci adressent aussi une pétition au préfet, dénonçant l'intempérance de Foutrel et proposent Desaulty et Dinaumare à la mairie.

Destitué


Le préfet va départager tout ce monde en choisissant un tiers, Jean-Jacques Hue de Rome, avec cependant Desaulty pour adjoint. Beau joueur, Foutrel accueillera chez lui ses adversaires pour la passation de pouvoir en demandant même le concours de la garde nationale. Il remit à son successeur les archives d'état civil, de délibérations et la collection des lois.
Ainsi s'achevait la carrière de maire de Foutrel. Mais il demeura conseiller municipal.
Quant à sa qualité d'organiste, elle est toujours présente en 1802 lorsqu'il est témoin du mariage de Nicolas Ponty et Victorine Vastey.

Il se remarie


Le 16 janvier 1803, après six ans de mariage, Nicolas David perdit son épouse. Il alla déclarer le décès en mairie en compagnie de son beau-frère Prévost.
Après un veuvage d'un peu plus d'un an, à 55 ans Nicolas David convole avec Françoise Cauchie. Elle en a 48. Mère de trois grands garçons, elle est la veuve de Nicolas Castel. Nous sommes le 5 avril 1804 et c'est Desaulty, adjoint, ennemi juré du marié qui officie. Dinaumare est là, le charpentier Prévost aussi. Le tailleur Charles Fournier, cousin de la mariée est également présent. De même que François Tropinel, marchand, beau-frère de la future.
 

Sa mort


Desaulty parviendra à s'installer un temps dans le fauteuil de maire. Mais, destitué, il devra le céder de nouveau à Hue dont Foutrel reste le conseiller. Le dernier organiste de Jumièges est décédé en fonction le 24 juin 1811 en sa maison du Sablon après vingt ans de mandat politique. Son beau-frère Prévost déclara l'acte de décès en compagnie du garde-champêtre, Jean-Baptiste Ouin, voisin du défunt. Son épouse allait lui survivre jusqu'en 1829.

Ainsi disparut le dernier organiste de Jumièges alors que l'on ne sait ce qu'il est advenu de son instrument. Mais Jumièges ne resta pas sans orgue. Une tradition veut que la mère d’Hector Malot, Marie Anne Victoire Lebourgeois, native de la commune, en ait offert un à l’église paroissiale. A sa mort, survenue en 1862, Malot récupéra l’instrument dans sa maison de La Bouille. Lors d’un incendie il disparut dans les flammes.

Aujourd'hui, sur la tribune qui surplombe le portail d'entrée de l'église paroissiale, un panneau aligne 15 tuyaux d'étain encadrés par deux statuettes. Les montants portent le monogramme de la Vierge
. Est-ce un élément décoratif de l'orgue de l'abbaye ?


Laurent QUEVILLY.


SOURCES

— Archives départementales de la Seine-Maritime, cote 3M 1072, documents numérisés par Josiane et Jean-Yves Marchand, transcription, Laurent Quevilly.
— L'orgue de l'église Saint-Jean d'Elbeuf, Marie Véronique Brulard, 1989.
— Jacques Le Maho, l'abbaye de Jumièges, Editions du Patrimoine, 2001.


Lien

Les orgues en Normandie

Notes


David Foutrel père était né le 20 février 1719 à Caudebec de Romain Foutrel et Catherine Fessard. Ses parrains furent David Foutrel et Marie-Jeanne Fessard.
Ses parents s'étaient mariés en février 1717 à Caudebec. Romain Foutrel était fils de Louis et Marguerite Baudry. Il savait signer mais pas son père.
Romain Foutrel et Catherine Fessard avaient eu une première fille, en 1718, Marie Catherine qui mourrut au berceau.
Après David en 1719, le couple eut encore Jean-Romain en 1720
Veuf, Romain Foutrel se remaria à Caudebec avec Catherine Le Chandelier en 1721 dont il eut plusieurs enfants : Catherine, née et morte en 1721, Marie Jeanne, née et morte en 1722, Jeanne Carherine en 1724. Après quoi, quatre enfants naquirent à Anquetierville : Françoise en 1726, Michel en 1728, Richard en 1730 enfin Louis en 1732. Romain Foutrel est mort à Anquetierville en 1750. Son fils David, organiste de Jumièges, était présent.


Vos réactions




E. Delahaye, historien de l'Orgue : cette histoire m'intéresse, d'autant que des liens sentimentaux me lient à Jumièges ! Merci de nous l'avoir contée.

M. Morin organiste : Je ne sais pas si le très grand moine Dom Bedos de Celles  qui faisait partie de la Congrégation de St-Maur , devrait figurer dans cette rubrique. Mais personnellement, je crois que oui car c'est ce moine qui a rédigé l'immense travail de bénédictin (c'est la cas de le dire)  "L'Art du Facteur d'orgue". Cet ouvrage encore utilisé aujourd'hui est la Bible des organiers, des facteurs d'orgues, et des organistes. Je recommande grandement qu'on puisse ici sur ce site, commémorer sa mémoire en le faisant connaître. Merci de prendre en considération ce courriel.