Sujet en construction
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On doit aux moines un nombre important de puits publics à Jumièges. Longtemps ils furent gérés par la municipalité avant de disparaître. Images des survivants...


Gisèle Vestu a déjà consacré une remarquable étude aux puits publics de Jumièges, aussi nous bornerons-nous ici d'en esquisser un inventaire iconographique.

Le puits Saint-Michel

A tout seigneur, tout honneur. Au bourg, le puits Saint-Michel est le plus connu. Il est le cadre de la légende des rats. A Jumièges, la campagne en était infestée et les récoltes compromises quand un moine rêva de saint Valentin chassant ces indésirables nuisibles. On promena donc ses reliques en procession. Tous les mulots accoururent, suivirent notre clergé et se jetèrent docilement à l'eau. Cette légende est représentée à l'église sur un toile de 1853 signée Senties. Celle-ci est venue remplacer un tableau plus ancien qui s'était dégradé.


Peintre d’histoire et de portraits, Pierre Asthasie Théodore Senties est né à Paris en 1801 et tenait son atelier au 102 rue de Vaugirar. Elève du baron Gros, il  remporta en 1823, à l’École des beaux-arts, le prix de demi-figure peinte, puis le prix de composition en 1825. Il représente ici les mulots se jetant dans le puits Saint-Michel tandis qu'une variante plus connue situe leur noyade au Trou des Iles.



Photos : Laurent Quevilly

Ce puits Saint-Michel est aussi remarquable par la figure de l'archange saint Michel qui, nichée dans le mur de l'habitation voisine, vous observe puiser son eau. Vieille légense ? Que nenni...



Pour Gilles Deshayes, l'archange est un fragment de l'une des nombreuses clefs de voûte du cloître construit en 1530 dans l'abbaye. Selon l'archéologue, les sondages menés en 2015 et 2019 ont démontré que les pierres de l'Oise du cloitre furent débitées sur place dans les années 1800-1810, autrement dit dépouillées de leurs sculptures pour servir de matériaux de construction. La maison près du puits en serait l'illustration. La légende selon laquelle le cloître de Jumièges fut démonté pierre par pierre pour être remonté en Angleterre ne tient donc pas.


Le puits parlant



Photo : Laurent Quevilly

Rue de la Forêt, c'est le plus haut perché. Sa profondeur est d'une cinquantaine de mètres qui vous renvoient l'écho de votre voix.




Les puits Mainberte



Photo : Laurent Quevilly

Sa profondeur est de 45 mètres. Un autre puits existait rue Mainberte. Il fut comblé dans les années 1910 puis disparut du paysage.

A l'occasion du crime de la rue Mainberte, en 1897, le reporter du Journal de Rouen a représenté ici un puits public devant la maison des Rigault..






Le puits de la forge


Archives Martial Grain

Ce fut le domaine de Célestin Cuffel mort durant la Grande guerre. Aujourd'hui, le puits de la forge est toujours visible derrière une grille. En fer forgé, cela va de soi...




Photo : Laurent Quevilly

Les puits de la rue du Quesnay

C'est là que se situait le village primitif. Rien d'étonnant donc si la rue du Quesnay a compté jusqu'à cinq puits publics. Sur le cadastre napoléonien, on voit en effet figurer deux renfoncements sur le bord de la route, manifestement, ce sont là des puits qui ont été comblés. Un autre est en service peu avant le chemin vicinal n° 25 (image de gauche) puis deux autres encore...



Ou se trouvait ce puits photographie ici en 1911 ? Ce garde-chapêtre est l'homme qui, l'année précédente, ceintura l'assassin du maire de Jumièges.


Les puits de l'abbaye



Situé dans l'enceinte même de l'abbaye, voici le plus photographié de tous. On voit ici Mme Lepel-Cointet et son chauffeur. Le même ci-dessous




Version en couleur d'une lithographie de Samuel Prout croquée à Jumièges le 1er mars 1821. Elle a été tirée à l'envers. Le puits présente encore des pièces de bois, nous dit Gilles Deshayes. On y voit une maison construite depuis le départ des moines et qui sera détruite à l'arrivée de Casimir Caumont.

Près de l'abbaye, en direction de l'église, était encore un puits public. Ci-dessous le puits de la ferme Foubert, ancienne dépendance de l'abbaye...

Photo : Alain Guyomard.

D'autres puits se trouvaient encore, l'un non loin du presbytère, l'autre près de l'ancienne mairie. On en dénombrait aussi quatre en direction du Mesnil.

Il veut acheter... son propre puits !

Un jour, à l'entrée de Jumièges, Léon Delametterie demanda à acheter une parcelle où se trouvait un ancien puits communal. Cette parcelle était enclavée dans son terrain. Le conseil examina cette requête avec d'autant plus d'intérêt que la parcelle était inutile et d'aucun profit. "Le puits qui s'y trouve est abandonné depuis de longues années. Les éboulements qui s'y sont produits et qui peuvent encore se renouveler sont un danger permanent à cause de sa proximité de la route départementale. L'état du puits nécessiterait à la commune une certaine dépense pour éviter les accidents qui pourraient arriver et dont elle serait responsable." Du coup, la vente fut approuvée. Puis annulée. Vérification faite, le terrain appartenait déjà à Delametterie.

La mémoire collective a longtemps gardé le souvenir du Long-Puits, attesté sous l'ancien régime. Des soldats cantonnant chaque hiver à Jumièges, la morve s'était déclarée dans les écuries. Des cadavres de chevaux furent précipités dans le Long-Puits. Celui-ci se situait en forêt, an nord-est de l'abbaye.



Dans une cour privée, un puits  doublé d'une pompe à eau. On avait recours aux puits pour combattre les incendies. Ce fut le cas en 1910 quand l'épicerie de Jules Martin fut la proie des flammes. En 1933, Roger Deuil, le capitaine des pompiers de Jumièges, sauva à l'aide d'une corde un homme tombé dans un puits...





A droite, un habitant eul siau à la main. A gauche, le regretté café de l'Eglise...

Sources (c'est le cas de le dire)

Gisèle Vestu, Les puits de quartiers, Mélanges historiques sur Jumièges, les Gémétiques n° 1; Association des Baronnies de Jumièges et Duclair, 2000. L'ouvrage est toujours disponible auprès de l'association.

Délibération du conseil municipal numérisé par Martial Grain.

Rédaction : Laurent Quevilly.