LE DRAME DE VILLEQUIER
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Villequier, petit village situé à 5 km de Caudebec-en-Caux,
tire sa réputation d'un fait divers qui s'est déroulé sur le fleuve le 4 septembre 1843.
Ce jour-là Charles Vacquerie et sa femme Léopoldine,
fille de Victor Hugo, se noyèrent en Seine



Vue d'ensemble de Villequier... ses maisons en front de Seine et l'église au second plan


Boucle de la Seine où s'est déroulé le drame

Il convient de rappeler ici, les circonstances exactes de la mort du couple car, contrairement à ce que l'on peut lire dans de nombreux guides touristiques, ce naufrage n'est pas dû au phénomène du mascaret.

Trois éléments permettent de confirmer qu'effectivement, il ne peut s'agir d'un accident lié au mascaret :

  • D'après les TÉMOIGNAGES de l'époque : nous savons que Charles Vacquerie et Léopoldine, se rendirent chez leur notaire à Caudebec-en-Caux. Ils partirent par temps très calme, avec peu ou pas de vent; ils furent obligés de lester leur canot à voiles avec des pierres, celui-ci étant peu stable. Sur le chemin du retour, en face du lieu-dit "le Dos d'âne" un coup de vent fit gîter le bateau ... les pierres roulèrent et le bateau chavira...

  • Léopoldine resta coincée sous le canot; son mari était un excellent nageur. Il plongea plusieurs fois sous l'eau pour tenter de la secourir... mais en vain...il ne put la sauver et se laissa couler avec elle.
    Ils étaient mariés depuis 6 mois (le 15 février 1843).
    Les passagers : il y avait aussi l'oncle Pierre Vacquerie et leur neveu Arthur, morts noyés.
  • D'après L'HEURE  du drame : l'accident eut lieu à l'heure du déjeuner, vers 13 heures ; ils étaient en retard à cause du manque de vent.

  • Or les mascarets avaient lieu à Caudebec en début de matinée (au plus tard vers 11 heures) ou en fin de journée.
  • D'après LA LUNE : en calculant les phases de la lune, nous savons qu'au début du mois de septembre 1843, nous étions en premier quartier de lune ( pleine lune prévue pour le 8 septembre) donc en période de mortes-eaux (les marées de vives-eaux eurent lieu les 9, 10 et 11 septembre) OR le mascaret est lié aux marées de forte amplitude.
Statue de Victor HUGO et dalle indiquant la direction du drame
Inscription : "En souvenir de Léopoldine HUGO et de son mari Charles VACQUERIE noyés en Seine ici le 4 septembre 1843"

Les circonstances exactes de la morte de Léopoldine ont été démontrées  par Jean-Jacques MALANDAIN, alors ingénieur à l'Université de Rouen.
Elles ont fait l'objet d'une publication dans "L'ECHO DES GRIBANES"N°1- oct 1987,
Journal de Bord de l'Association des Amis du Musée de la Marine de Seine
.







LA DOULEUR DE VICTOR HUGO




Victor HUGO apprit l'accident de Villequier le soir du 9 septembre  (soit 5 jours après le drame), à Soubise, au café de l'Europe, en lisant le journal "Le Siècle".

Le 10, à Saumur, il écrivit trois lettres désespérées :

1 - à sa femme Adèle FOUCHER ( cf lettre )
2 -à l'amie de Léopoldine : Louise BERTIN
3- à son ami Louis BOULANGER
" Vous êtes mon ami, il faut bien que je partage cette douleur avec vous"

Lettre de Victor HUGO à Mme Victor Hugo
10 septembre 1843
Cachet de la Poste : Saumur, 11 sept 43   Paris, 13 sept 43

"Chère amie, ma femme bien-aimée, pauvre mère éprouvée, que te dire ? Je viens de lire un journal par hasard, ô mon Dieu, que vous aie fait ! J'ai le coeur brisé, je n'irai pas jusqu'à La Rochelle, je vais partir tout de suite pour Paris où j'arriverai presque en même temps que ma lettre. Pauvre femme, ne pleure pas, résignons nous, c'était un ange, rendons à Dieu.
Hélas ! Elle était trop heureuse. Oh ! Je souffre bien.
Il me tarde de pleurer avec toi et avec mes trois pauvres enfants bien-aimés. Ma Dédé chérie, aie du courage, et vous trois. Je vais arriver.
Nous allons pleurer ensemble, mes pauvres bien-aimés. A tout à l'heure, mon Adèle chérie. Que ces affreux coups, du moins, resserrent et rapprochent nos coeurs qui s'aiment".

Il composa à Villequier LES CONTEMPLATIONS; un recueil de poèmes divisé en six livres. Voici le plus célèbres d'en eux :

"Demain, dès l'aube"
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

Les Contemplations - Livre IV - XIV
3 septembre 1847
Victor Hugo


CIMETIÈRE DE VILLEQUIER

Tombes des familles HUGO et VACQUERIE

3 ère rangée (à droite de la photo)
Une seule grille entoure ces trois tombes où reposent la mère d'Auguste Vacquerie + Marie-Anne, femme d'Armand-Onésime + sa petite fille Marguerite.

2 ème rangée (rangée du centre)
1) gauche : "ici sont réunis Charles-Marie-Isidore VACQUERIE et sa femme Jeanne-Arsène CHAUVEAU"
2) milieu : Léopoldine et Charles furent ensevelis dans le même cercueil et enterrés parmi les tombes de la famille Vacquerie.

"Charles VACQUERIE
agé de 26 ans
et
Léopoldine VACQUERIE
née HUGO,
agée de 19 ans
mariées le 15 février et morts
le 04 septembre 1843
de profundis Clamavit Ad Te
Domine !

3) Leurs compagnons de naufrage, l'oncle Pierre et leur neveu Arthur, partagent la tombe voisine.(droite)

"Pierre VACQUERIE,
agé de 62 ans
et
Arthur VACQUERIE
agé de 11 ans,
morts le 4 septembre 1843,
De profundis Clamavit ad te
Domine !

1ère rangée (à gauche sur la photo)
1) Auguste VACQUERIE - 1819- 1895
sa tombre comporte dix vers:

"Ma mère avait sa chambre à côté de la mienne
Je me suis assuré ma place au cimetière
Tout contre celle où nous l'avons couchée afin
De sentir là tout près la mère au coeur divin
que vivante j'aimais et que morte j'adore,
Et comme si cela nous rapprochait encore,
je veux qu'à son tombeau, le mien soit ressemblant.
Ainsi, mourir pour moi n'aura rien de tremblant.
Et ce sera reprendre une habitude ancienne
Que de voir ma chambre à côté de la sienne."

2) au centre  "ADÈLE femme de victor HUGO"

3 ) à droite : ADÈLE HUGO, dernière survivante, morte en 1915

NB : les hautes tombes néo-gothique, d'un modèle assez sobre et élégant, se trouvent dans la partie la plus ancienne du cimetière, à droite de l'église du XVème siècle.


LE MUSÉE VICTOR HUGO

Aujourd'hui, un MUSÉE perpétue la mémoire de la famille Vacquerie (mobilier d'origine, lettres, dessins, caricatures signées Victor HUGO...) Le poète venait souvent se reposer chez les Vacquerie.

MUSÉE VICTOR HUGO
MAISON VACQUERIE
RUE ERNEST-BINET

76490 VILLEQUIER


Tél : 02 35 56 78 31

Ouvert tous les jours, sauf le mardi & le dimanche matin, de 10h à 12h30 & de 14h à 18h (17h30 du 1er octobre au 31 mars).
Le dimanche de 14h à 18h (17h30 du 1er octobre au 31 mars).



A noter : du 23 janvier à avril 2020 inclus, le musée Victor Hugo fermera ses portes au public en raison de travaux de rénovation et d’embellissement. Réouverture prévue le 2 mai 2020.
Fermé les jours fériés suivants : 1er janvier, 1er mai, 1er et 11 novembre, 25 décembre.
Conservation du Musée Victor HUGO :
Direction des Musée Départementaux de la Seine-Maritime
198 RUE BEAUVOISINE
76000 ROUEN Tél : 02 35 98 55 10




Dossier créé par SEQUANA-NORMANDIE
Avril 1999
modifié 1/03/2000 et 17/02/2002







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