Par Laurent Quevilly-Mainberte

Meurtre en famille rue Mainberte

L'affaire Rigault-Deshayes eut un fort retentissement dans la presse régionale. Voici deux versions différentes : celle du Journal de Rouen, celle du Journal de Honfleur. Test comparatif...


Jumièges, 11 octobre 1897,

Un drame de famille causé par des désaccords entre mari et femme vient d'avoir lieu dans cette commune où il a causé une émotion des plus vives.
Un jeune homme de vingt-neuf ans, dans un moment de surexcitation et de colère; a tiré un coup de fusil sur son beau-frère et ce dernier est mourant.

 Nous nous sommes transportés sur les lieux et voici les renseignements que nous avons recueillis sur ce meurtre qui est l'objet des commentaire les plus divers.

Le crime a été commis dans la rue Mainberte, dans une chaumière où habite le ménage Rigault. La chaumière, qui est entourée d'une haie vive, est en bordure sur la rue.

Dans ce ménage habite également la fille de la maison, la femme Deshayes, mariée depuis quelques années, mère d'une petite fille, et vivant séparée d'avec son mari, un journalier nommé Charles Deshayes, âgé de 29 ans, demeurant à Barneville-sur-Seine. Depuis quelque temps déjà, le mari et la femme ne pouvaient s'entendre. La femme reprochait à son mari son intempérance et ses brutalités et ce dernier avait aussi, dit-on, des griefs.
Avant qu'ils n'habitassent chacun de leur côté, les scènes étaient continuelles entre eux, et aux reproches échangés succédaient quelquefois des coups. Le ménage était un véritable enfer, aussi, ne pouvant s'entendre plus longtemps, ils s'était séparé, la femme gardant son enfant auprès d'elle.

Dimanche soir, vers six heures, Deshayes arrivait à Jumièges, voulant faire amende honorable et demander à sa femme de reprendre la vie commune. Il se présenta à la chaumière et demanda à voir sa petite fille qu'il embrassa. Sa femme qui assistait à l'entretien lui dit au bout d'un instant : « Maintenant que tu as vu ton enfant, en voilà assez, pars ! »

Mais Deshayes ne l'entendait pas ainsi.
    — Je ne partirai, déclara-t-il que si tu veux revenir avec moi.

    — Tu sais bien que c'est impossible, répondit sa femme, tu n'as plus rien à faire ici, séparons-nous.


    — Je ne m'en irai pas ! Je veux que nous reprenions la vie commune, j'en ai assez de la vie que tu me fais mener.

C'était le commencement de la discussion qui fut bientôt suivie par les gros mots. Une altercation suivit et la belle-mère s'interposa. Le drame allait dès lors se précipiter.
La belle-mère voyant que son gendre s'obstinait à ne pas vouloir partir, appela ses trois fils, trois jeunes gens nommés Albert, Oscar et Anfry Rigault.
Ces derniers, qui étaient occupés à arracher des pommes de terre dans un champ voisin, accoururent aux cris de leur mère pour lui prêter main forte, car ils avaient deviné que leur beau-frère se trouvait à la maison et était la cause de l'esclandre. Les trois frères, dont la réputation de ne pas être toujours de bonne composition, allaient donner la juste mesure de leur patience. Comme Deshayes refusait une dernière fois de sortir tant que sa femme n'aurait pas consenti à le suivre, ils le prirent par les épaules et le sortirent de force. L'un deux qui était armé d'un bâton en donna à ce moment un coup sur la tête de Deshayes qui fut blessé. Les trois frère fermèrent ensuite au cadenas la porte de la barrière, mais Deshayes, en proie à une surexcitation des plus vives, revint sur ses pas en disant : « Il faut en finir ! »

Puis, il se jette sur la barrière et veut arracher un des montants, et c'est alors qu'Albert Rigault, qui était rentré dans la maison et s'était emparé d'un fusil lui crie :
    — Si tu rentres, je te fous un coup de fusil !
    — Fais-le si tu l'oses ! Répond Deshayes.

Ce dernier avait à peine fini de parler que son beau-frère faisait feu sur lui. Le malheureux Deshayes s'affaissa. La charge, composée de gros plomb, l'avait atteint dans la poitrine, dans le bras et dans la figure et le coup avait été tiré à une dizaine de mètres.
Le blessé poussa un cri, il fit quelques pas comme pour se soustraire à un nouveau coup de son meurtrier, puis alla tomber sur le bord de la route.

Chez le maire de Jumièges



Le meurtre accompli, Albert Rigault se transporta au domicile du maire de Jumièges, M. Boutard. Ce dernier, un excellent homme et, ajoutons-le, un maire que tous ses concitoyens tiennent en très grande estime, fut vivement surpris par cette déclaration et il demanda à Rigault de lui dire dans quelles circonstances le crime avait été commis.

    — Oh ! C'est bien simple, répondit le meurtrier, mon beau-frère nous a provoqués et j'ai tiré sur lui, presqu'à bout portant, un coup de fusil.

M. Boutard qui est âgé et qui relève de maladie ne put accompagner Rigault jusqu'à la mairie pour y consigner ses déclarations et ce fut son adjoint, M. Delametterie, qui se chargea de ce soin. Comme M. Delametterie demandait au meurtrier si la victime était morte, Rigault répondit sans s'émouvoir :
      — Je ne sais pas.
      — Alors, suivez-moi sur les lieux
Ils arrivaient quelques minutes après dans la rue Mainberte et trouvaient l'un des frères Rigault occupé à traîner la victime.

        — Où vouliez-vous donc conduire Deshayes ? demanda M. Delametterie.
        — Je voulais le porter jusqu'à la mairie, mais il était trop lourd, j'étais forcé de l'abandonner.

Monsieur Delametterie, dont le dévouement en cette triste affaire a été digne d'éloges – quoi qu'en ait dit, dans un moment de mauvaise humeur, un personnage de Rouen – s'approcha du blessé et lui demanda s'il souffrait beaucoup. Le pauvre Deshayes qui avait perdu du sang en abondance et respirait avec peine se souleva alors un peu et répondit à M. Delametterie, qu'il venait de reconnaître :
— Je souffre beaucoup ! Je sais ce que j'ai ! »
Monsieur Delametterie fit aussitôt garder le meurtrier par le garde champêtre de Jumièges, M. Hardi, puis il attela sa voiture et rapporta le blessé dans une dépendance de la mairie où il lui donna les premiers soins.

Enfin, un instant après, accompagné du garde-champêtre, il conduisit Rigault à Duclair où il le remit entre les mains des gendarmes. Ceux-ci se transportaient aussitôt à Jumièges et commençaient leur enquête. En même temps, M. le docteur Allard se rendait auprès du blessé et constatait que dix-neuf grains de plomb l'avaient atteint. La poitrine était criblée et l'un des projectiles l'avait traversée de part en part.

«S'il m'embrasse ! »

Hier matin, le juge de paix de Duclair, M. Nicolle, arrivait à son tour à Jumièges et commençait l'instruction, en attendant les magistrats du parquet de Rouen, M. Claude, substitut du procureur de la République et M. Bosquet, juge d'instruction, accompagné de M. Dory, commis-greffier.
Le meurtrier a été confronté avec sa victime en présence des magistrats et il s'est produit à ce moment un incident touchant. Le pauvre Deshayes, qui était d'une pâleur mortelle, a ouvert les yeux et, reconnaissant Rigault, a dit à ceux qui l'entouraient :

« Je répondrai à tout ce que vous voudrez et dans la mesure de mes forces s'il m'embrasse. »

 Il témoignait ainsi qu'il lui pardonnait. Le meurtrier a été tellement ému par ces paroles qu'il n'a pu articuler un mot et a éclaté en sanglots.

Monsieur Bosquet, juge d'instruction, a eu alors connaissance des faits et a donné l'ordre d'arrêter également Oscar Rigault, inculpé d'avoir donné le coup de bâton qui a précédé le coup de fusil.

Les deux frères vont être amenés à Rouen et écroués.
Ces deux individus ne jouissent pas d'une réputation excellente, ils sont querelleurs, s'enivrent quelquefois, et Albert, le principal inculpé, est passé en police correctionnelle il y a quelques années pour voies de fait sur le garde champêtre.

Toute la famille d'ailleurs est discréditée, des scènes de violence éclataient souvent, ce qui faisait dire dans la commune que ces gens-là finiraient tôt ou tard par faire parler d'eux, et cette prévision s'est malheureusement réalisée.

En terminant ce compte-rendu. Il nous reste à rendre hommage à M. Tabouret, instituteur et secrétaire de mairie qui dans cette affaire mettant en émoi la gracieuse commune de Jumièges a fait preuve également de tact et de la plus louable activité.




La version du Journal de Honfleur

Il y a trois ans environ, Charles Deshayes, aujourd’hui âgé de 28 ans, épousait la fille Louise Rigault, de 6 ans plus jeune que lui. Les jeunes mariés allèrent s’installer dans une petite ferme de Barneville-sur-Seine, que Deshayes exploitait dé­jà avant l'union. Dès le début du mariage, des scènes fréquentes eurent lieu entre les deux époux. La femme reprochait au mari qui s’enivrait, sa mauvaise conduite et celui-ci répondait en la frappant. Il la battit tellement qu’elle porta plainte ; poursuivi, Dashayes fut deux fois condamné pour coups à sa femme. Quand il sortait de prison, il n’en était que plus furieux et il se vengeait sur la pauvre femme qui n’en pouvait plus mais ils vécurent ensemble pendant trois ans ; au bout de ce temps, fatiguée d’être continuellement battue, ne pouvant plus y tenir, la jeune femme fît comprendre au mari qu’il valait mieux pour tous deux avoir recours à la sé­paration.
Deshaye en convint et, le 2 décem­bre dernier, tous deux se rendirent en voiture à Jumièges, où ils s’arrêtè­rent au café Littré, place de la Mairie, pour régler le condition de cette sé­paration .Ils allèrent ensuite trouver le secré­taire de la mairie qui, prétend-on, leur rédigea une sorte de compromis par lequel les deux époux reconnaissaient être bien d’accord pour reprendre cha­cun leur indépendance.
Ce papier signé par l’un et l’autre, Deshayes, qui semblait être alors sa­tisfait de cette solution, proposa « d’ar­roser » la séparation, proposition qui fut acceptée. Une demi-douzaine de bouteilles de champagne furent vidées à cette oc­casion, et ce ne fut que le soir que les époux songèrent à quitter le café Lit­tré pour s’en aller chacun de leur cô­té.

Deshaye avait de beaucoup plus bu que les autres. Rentré chez lui, il paraît qu’il fut pris d’un de ces accès de fureur qui lui étaient habituels quand ilétaitivre, et, comme il n’avait plus sa lemme pour la frapper, il décrocha un vieux sabre qui avait appartenu à son père et se mità tout briser dans la maison. Quant à la femme, elle se réfugia au hameau de la Rue-Mainberte, à Ju­mièges chez ses parents. La malheu­reuse avait emmené avec elle son en­fant, le petit Charles, âgé de deux ans.


Enfant enlevé

La pauvre femme se croyait à tout jamais débarrassée de son mari lors­que, au bout de  peu de temps, Des­haye se rendit chez les parents de sa femme. Il s’ennuyait d' être seul et il voulait décider sa femme à reprendre la vie commune. Celle-ci avait gardé un trop mauvais souvenir du temps passé avec son mari pour acquiescer à ce désir. Elle refusa obstinément. Alors, la brute voulut reprendre l’enfant, plutôt pour forcer sa femme à revenir avec lui que par amour pater­nel, et, comme là encore, la femme refusait, le père l’enleva presque de force et l’emmena avec lui à Barneville. Il le mit d’ailleurs aussitôt en nourrice et ne s'en occupa pas.

Au bout de cinq mois, fatigué sans doute de payer pour l'enfant, il alla le reprendre à la nourrice et le rapporta chez les Rigault. Depuis le mois de décembre 1896 c’est-à-dire depuis la séparation, Des­haye vint ainsi fréquemment au ha­meau de la rue Mainberte, chez les Rigault, essayant chaque fois de per­suader à sa femme qu’il fallait repren­dre la vie commune. Dans ces entre­vues, Deshaye se montrait parfois calme ; le plus souvent, comme il avait bu, il se montrait insolent et il en ré­sultait des scènes fort vives. Cependant, comme il s’occupait très peu de 1'exploitation de sa ferme, ses affaires périclitèrent et, à la Saint-Mi­chel, c’est-à-dire au 29 septembre der­nier, il était obligé de céder son éta­blissement à son frère. N 'ayant plus sa ferme, Deshaye tomba dans le désœuvrement, s’adon­nant de plus en plus à la boisson. Ses visites aux Rigault devinrent plus fréquentes et, à partir de cette époque, il ne cessa de répéter qu’il les tuerait et il flamberait leur maison.

Plusieurs fois, ne sachant où aller coucher, il s'introduisit nuitamment à l’aide d'une échelle dans le grenier situé au-dessus des chambres des Rigault et y passa ses nuits. Il fumait dans ce grenier rempli de paille et les Rigault étaient d’autant moins rassu­rés que Deshaye disait presque journellement qu’il voulait mettre le feu à leur maison. Ils ne le voyaient pas s'introduire ainsi chez eux car il ne pénétrait dans le grenier que lorsqu’ils étaient cou­chés. Mais Deshaye laissait des traces de son passage : il faisait ses besoins naturels dans le grenier et, une fois, la mère Rigault trouva sa pipe, qu’il avait oubliée dans la paille.

Le drame de dimanche

Dimanche, vers trois heures et de­mie de l’après-midi, le père Rigault, qui s'était rendu à Mesnil-sous-Jumièges, fit la rencontre de Deshaye dans un café. Ce dernier avait bu et suscita une discussion, toujours au sujet de sa femme qu’il prétendait contraindre à revenir avec lui. La discussion s’envenima bientôt et à un certain moment Deshaye se jeta même sur son beau-père, le bouscula et lui fit tomber sa casquette. Le vieillard était incapable de se dé­fendre et il aurait certainement été battu si le cafetier n’avait mis fin à cette scène en jetant Deshaye à la porte. En sortant du café de Mesnil-sous-Jumièges, Deshaye s’était rendu im­médiatement à la maison des Rigault. Il y trouva sa femme seule, avec son enfant, le petit Charles, et en train de faire la soupe. Il était cinq heures en­viron. La femme avait travaillé toute la journée et elle avait devancé sa mère et ses frères et sœurs pour pré­parer le repas du soir. Dès qu’il fut sur le seuil, Deshaye, s’adressant à sa femme, lui dit bruta­lement : Eh bien, oui ou non, veux-tu re­venir avec moi ?
— Mais fiche-moi la paix, lui répon­dit Louise Rigault ; tu sais bien que tu n'as pas où coucher ; veux-tu que je couche au pied d’une haie avec toi ?

Alors sans qu’il y eût d’autres pa­roles d'échangées, Deshaye se jeta sur sa femme et la renversa sur le sol avec l’enfant qu’elle tenait dans ses bras. A ce moment, sa sœur Zélie, un peu plus âgée qu’elle, rentrait à son tour des champs. Elle mit le pied dans la maison au moment où Deshaye, les genoux appuyés sur la poitrine de sa femme, tirait un couteau et l’ouvrait pour l’en frapper. Elle appela aussitôt au secours et ses cris firent accourir ses deux frè­res, Albert et Oscar, qui, se précipi­tant sur leur beau-frère, le tirèrent violemment en arrière. Puis, Zélie lui arrachait son couteau en lui disant :
— Malheureux ! Qu’allais-tu faire ?
La mère Rigault et la femme d’Oscar Rigault, avec son enfant, âgé de 14 mois, arrivèrent à leur tour, tandis que les deux frères sortaient Deshaye. Comme celui-ci résistait et qu’il met­tait de l’insistance pour rentrer, Albert Rigault lui dit :
— Va-t-en ou il va t’arriver malheur...
Deshaye rentra cependant à deux ou trois reprises différentes ; il fut re­mis sur la route chaque fois et, en fin de compte, les frères Rigault fermè­rent la barrière à l’aide d’un cadenas. Deshaye ne ns tint pas pour battu. S'emparant d’un pieu, il brisa la bar­rière, entra de nouveau et s’avança menaçant, armé du pieu.
Ce fut alors que, convaincu que Deshayes, après ses menaces, voulait attenter à la vie de sa femme et des parents de celle-ci, Albert Rigault décrocha un vieux fusils en disant :
— Voilà longtemps qu’il est chargé, il va servir aujourd’hui. Et, au même moment, il tira. La charge atteignit Deshaye, qui se trouvait à une quinzaine de mètres. Il s’affaissa aussitôt près de la niche du chien, non loin de la barrière et ne bougea plus
Croyant alors l’avoir tué, Albert se rendit aussitôt à Jumièges pour se constituer prisonnier. Le maire était absent. Albert alla trouver M. de la Métairie, adjoint, et lui raconta ce qu'il venait de faire. Remis entre les mains du garde-champêtre, il fut conduit à la gendarmerie tandis que M. de la Métairie attelait sa voiture et allait chercher le blessé qu'il ramena à la mairie de Jumièges. Le blessé fut place sur un lit improvisé dans une remise de la cour d'école et M. le docteur Allard, mandé en toute hâte, vint dans la soirée lui donner les premiers soins. Le parquet prévenu est arrivé dans la nuit.
L'état du blessé est très grave. Deshayes a reçu toute la charge principalement dans la poitrine. Dix-neuf grains de gros plomb sont restés dans les chairs et y sont entrés si profondément qu’on n'a pu les extraire. L’un d’eux, qui a pénétré dans la région intestinale, est particulièrement dan­gereux. On espère cependant le sauver. Oscar Rigault a été remis en liberté. Seul Albert est détenu à Bonne-Nouvelle.


On le voit, cette version diffère. Des détails que le grand quotidien rouennais n'a pas, un maire absent... Mais redonnons la parole au Journal de Rouen...


Le drame de Jumièges

Nous recevons la dépêche suivante au sujet de ce drame dont nous avons parlé dans notre dernier numéro :

Jumièges, 12 octobre.

L'état de Deshayes, la malheureuse victime, s'est sensiblement amélioré et on a maintenant un peu d'espoir de guérison.
    M. Le docteur Didier, médecin-légiste du parquet de Rouen, est arrivé aujourd'hui à trois heures et a visité le blessé. Le médecin, que nous avons pu voir, nous a déclaré qu'il n'avait pas trouvé de complication dans l'état de la victime. Dans la soirée, la fièvre disparaissait et le repos était plus tranquille.

    Comme le Journal de Rouen l'a annoncé, les deux frères Albert et Oscar Rigault ont été arrêtés par l'ordre des magistrats, mais l'un d'eux, Oscar, qui était accusé d'avoir porté à Deshayes le coup de bâton qui a précédé le coup de fusil, vient d'être remis en liberté, sa culpabilité n'ayant pas été pleinement établie.

    Nous devons ajouter à ces renseignements qu'Albert Rigault, le principal inculpé, qui d'ailleurs a reconnu avoir tiré le coup de fusil sur son beau-frère a été reconduit, après le départ des magistrats, à Duclair et qu'il a été transféré hier à Rouen par les soins des gendarmes.
    Le meurtrier a d'abord été amené au Palais de Justice et ensuite à la prison Bonne-Nouvelle où il était écroué à trois heures de l'après-midi.


16 octobre.

Deshayes, la victime du drame, a été transporté hier, vers trois heures de l'après-midi, du logement où il se trouvait à la mairie, depuis la tentative de meurtre, chez M. Crevel, son parent, qui habite au Sablon de Jumièges;
Le transport a été effectué sans difficulté, on avait d'ailleurs pris toutes les précautions nécessaires en pareil cas pour qu'il n'en résulte pas de complications fâcheuses.
    M. le docteur Allard, de Duclair, qui a visité le blessé dans la soirée, a trouvé son état relativement satisfaisant malgré les symptômes de pleurésie qui ont nécessité des soins immédiats. En somme, en dépit des alternatives de mieux et de pire dans l'état du blessé, on conserve toujours l'espoir de le sauver. La famille Deshayes et plusieurs personnes charitables de Jumièges l'entourent de soins.

Il nous reste maintenant à parler de fait touchant l'attentat sur lesquels l'examen de M. le docteur Allard et de M. le docteur Didier, médecin du parquet de Rouen s'est particulièrement porté. On sait qu'après la discussion et l'altercation précédant la tentative de meurtre, la victime avait été frappée à la tête d'un coup de bâton qui avait déterminé une blessure paraissant avoir, sur le moment, une certaine gravité, les médecins ont en effet observé la trace du coup, mais ils ont reconnu que la blessure, intéressant seulement le cuir chevelu, n'aurait aucune suite fâcheuse.

D'autre part, un légère plaque de sang remarquée à côté de l'épine dorsale faisait craindre qu'un des grains de plomb n'ait traversé le corps de part en part, mais l'examen médical a heureusement dissipé cette crainte du début : les grains de plomb ont pénétré profondément dans le corps, mais aucun d'eux ne l'a traversé.

Il nous reste à ajouter à ces renseignements que le meurtrier, Albert Rigault, a été amené hier au Palais de Justice de Rouen et interrogé par M. Bosquet, juge d'instruction, qui a entendu également les membres des deux familles et les témoins. Toutes ces dépositions n'ont amené la connaissance d'aucun fait nouveau et n'ont fait que confirmer le récit que le Journal de Rouen a donné sur ce drame.

L'attitude du meurtrier est la même : il nie toute préméditation, qui paraît d'ailleurs devoir être écartée, et il se repend de l'acte qu'il a commis.
On peut croire que ce repentir est sincère bien que Rigault ait l'air et surtout la réputation d'être sournois.

L'instruction de cette affaire sera vraisemblablement close d'ici à quelques jours.

  

Le procès

 Cour d'assises de la Seine-Inférieure Session ordinaire du 4e trimestre de 1897 Audience du 25 novembre Présidence de M. le conseiller Lecaisne 
 
Le drame de Jumièges 
  Cette affaire a fait un certain bruit dans les environs de Rouen. Le drame de Jumièges a eu les honneurs de la chronique locale. Il lui manquait l'éclat de la cour d'assises. Il l'a désormais. Pas plus que dans l'affaire Vitte, le crime n'a été consommé : c'est une tentative !  Rigault a tiré sur son beau-frère, et bien qu'au premier moment la blessure ait paru mortelle, on est heureux de constater aujourd'hui la parfaite guérison du malheureux Deshayes.  L'acte d'accusation dressé contre Albert Rigault, né à Jumièges le 4 juin 1867, journalier, demeurant au hameau de la rue Mainberte, est conçu de façon à résumer l'affaire et à en rappeler les principales circonstances.

 L'acte d'accusation 

L'accusé Rigault habitait chez ses parents à Jumièges, ainsi qu'une de ses soeurs, la dame Deshayes, qui avait abandonné son mari depuis le mois de décembre dernier.  Le 10 octobre 1897, le sieur Deshayes, qui avait déjà à différentes reprises tenté sans succès de décider sa femme à reprendre la vie commune se rendit à Jumièges pour faire auprès d'elle une nouvelle démarche : après avoir embrassé son enfant, Deshayes supplia sa femme de revenir avec lui. Celle-ci refusa et une scène se produisit entre les deux époux.  Au cours de cette scène, l'accusé Rigault et son frère Oscar-Albert survinrent à l'improviste, saisirent le sieur Deshayes et le mirent violemment à la porte tout en lui portant des coups. La victime reçut notamment à la tête un coup de pierre qui l'étendit presque sans connaissance.  Les frères Rigault le traînèrent alors jusque sur la route et fermèrent au cadenas la barrière de la cour. Quelques instants après, Deshayes de releva et voulut rentrer pour réclamer sa femme. Dans ce but, il renversa la barrière de la cour, en assez mauvais état d'ailleurs.  Albert Rigault lui cria alors : « Si tu ne te retires pas, je te fous bas ! » Deshayes répliqua : « Fais le, si tu l'oses ! » C'est alors que l'accusé rentra dans sa maison, s'empara d'un fusil dont il déchargea un coup sur Deshayes qui fut atteint en pleine poitrine. Ce dernier fit quelques pas et vint s'affaisser sur la route.  Heureusement, quoique gravement blessée, la victime est aujourd'hui en voie de guérison. L'accusé reconnaît les faits qui lui sont reprochés, il nie cependant avoir frappé Deshayes d'un coup de pieu avant de tirer sur lui. En conséquence, le ministère public reproche à Rigault une tentative de meurtre.  


Interrogatoire 

 
    D. Gendarmes, amenez l'accusé près du jury : Rigault est dur d'oreille — Bien, restez là. — Mes renseignements donnés sur vous sont mauvais : vous êtes vindicatif et méchant, vous vous adonnez à la boisson.
    R. J'ai une maladie qui m'empêche de boire !
    D. Votre beau-frère, la victime, a été condamné plusieurs fois : trois condamnations pour coups et blessures, à Pont-Audemer, coups à sa femme. Combien de temps sont-ils restés ensemble ?
    R. Deux ans.
    D. Il est marié depuis quatre ans, il habite Barneville. Il ont eu un petit garçon.
    R. C'est vrai.
    D. C'est, paraît-il une brute, mais il est honnête. Sa femme a une mauvaise moralité. En 1896, elle vient habiter à la Rue-Mainberte, elle quitte son mari.
    R. Elle est venue chez mes parents. Nous habitions ensemble.

    Monsieur le président explique alors la disposition des lieux.

    D. Votre sœur a donc quitté son mari en 1896. Son mari a fait des démarches pour la faire revenir au domicile conjugal.
    R. Oui, il en a fait. Ça ne plaisait pas qu'il vint chez nous, à cause du bruit qu'il faisait. Les voisins s'en plaignaient aussi, il se répandait en menaces. Moi, je ne lui avais jamais dit une parole.

    D. Vous avez dit au maire que vous le recevriez à coups de fusil.
    R. Il venait fumer la nuit dans nos appartements en sautant la haie...

    D. Dans vos appartements ?...
    R. Oui, dans le grenier.

    D. Ah c'est en vos appartements ! Vous aviez l'intention de vous en débarrasser. Voyons ?
    R. C'était pour lui faire peur que je disais que je me servirais d'un fusil.

    D. Au moment de la moisson, il avait fait promettre à sa femme de revenir.
    R. Je n'ai pas su ça.

    D. Le 10 octobre, il revient réclamer l'exécution de cette promesse, que ce passe-t-il ?
    R. J'étais dans un champ voisin, il était ivre, il trouve sa femme et ma mère, cinq heures sonnaient.

    D. Et votre frère ?
    R. Il travaillait aux champs avec moi.

    D. Les époux n'étaient pas divorcés.
    R. Non, Monsieur.

    D La femme a-t-elle voulu revenir ?
    R Non, alors il a voulu voir son enfant, ma mère alla le chercher chez Mme Ponty, à 150 mètres. En passant, elle me prévint de rentrer.

    D. Vous rentrez donc, qu'avez-vous fait ?
    R. Ma mère a dit : « Il est saoul, faut pas lui rien dire ! Allez vous reposer ». Nous étions dans la cour alors, la femme Oscar était déjà rentrée, quand j'ai été devant la porte, j'ai entendu ma sœur crier au secours. Ma mère avait voulu le renvoyer, il voulait emmener sa femme ! « Non, qu'elle dit, tu n'as pas de domicile, je m'en irai pas ! » Il s'est levé et a bousculé sa femme. Je l'ai passé dehors, nous sommes tombés les uns sur les autres. Là encore, en parlant de sa femme, il disait : « Si tu ne viens pas, je te tuerai ou je te brûlerai ». Finalement, nous l'avons passé sur la route.

    D. A ce moment vous avez pris un pieu ?
    R. Non, nous n'avons rien pris.

    D. Oscar en a frappé Deshayes ?
    R. Je n'ai pas vu ça. Lui, il m'a arraché la figure.

    D. Vous fermez la barrière au cadenas ?
    R. Oui, oui. Il était dehors, moi je suis revenu à la maison. Il a essayé de casser la barrière, il a passé dessus, et tout en brandissant un pieu, il criait je vais mettre le feu.
    D. Il rentre... et vous luis dites...
    R. Ne rentre pas, il pourrait t'arriver quelque malheur.

    D. Je te vas foutre un coup de fusil. Et il répond : « Tu me débarrasseras bien ». Vous rentrez chez vous, vous prenez le fusil et vous tirez sans le prévenir ?
    R. Je l'ai encore averti, je lui ai bien dit... plusieurs fois. Je lui ai fait voir mon fusil, il m'a dit : « Tant pis, vaincre ou mourir ! »

    D. A douze mètres, vous lui tirez le coup en pleine poitrine. Il était six heures. Il sort en s'appuyant sur le bâton, et il roule dans la rue. Vous-même, vous êtes allé prévenir l'adjoint. On l'a relevé. Il était baigné dans son sang. Vous croyiez l'avoir tué heureusement, on l'a sauvé.
    R. Tous les jours, il nous menaçait : fallait bien s'en préserver ! Dans la bagarre, quand nous l'avons passé dehors, il m'avait égratigné. Je me défendais, il avait un couteau.

Audition des témoins


    Le docteur Didier
    a constaté les blessures de Deshayes. Le coup de fusil, chargé de plomb n° 0, avait porté sur la poitrine, le coup et le bras. On avait pu croire que le coeur et le poumon étaient touchés : il n'en était rien. Le blessé est remis, il en a eu pour trois semaines.
    La plaie à la tête indiquait, non pas qu'un coup avait dû être porté, mais que Deshayes avait probablement rencontré un caillou en tombant. La femme Deshayes avait reçu des égratignures. Elle se plaignait qu'on l'eût frappée dans l'abdomen. Rigault avait également des égratignures.


    Charles Deshayes, beau-frère de l'accusé, vannier à Barneville :

    — Le 10, je suis allé réclamer ma femme qui m'avait promis de revenir plusieurs fois, elle l'avait promis. Elle avaient emmené son enfant.

    D. Elle était partie parce que vous la frappiez.
    R. Elle fréquentait une mauvaise maison.

    D. Pourquoi chercher à la reprendre, alors.
    R. Ah ben ! Je voulais. Du reste, on m'opposait pas de la voir à Jumièges... plusieurs fois.

    D. Pourquoi êtes-nous venu le 10 octobre ?
    R. En exécution de sa promesse.

    D. Racontez...
    R. J'avais pris mon enfant sur mes genoux. Ils sont venus à m'embêter tous à cause de la maison que je devais louer. Tout à coup, les frères Rigault sont tombés sur moi. Je n'ai pas bousculé ma femme. Mes beaux-frères m'ont frappé. C'était un coup monté. Moi, je n'ai pas bougé de ma chaise.

    D. Vous avez frappé votre femme, elle porte les traces de vos coups.
    R. Non, je ne lui ai rien fait, je suis sorti immédiatement. J'avais bien un couteau, mais dans ma poche. J'ai reçu un coup de pied sur la tête. On m'a fouillé, on m'a pris mon couteau.

    D. Le médecin vous a examiné. Il affirme que vous n'avez pas reçu de coup, vous êtes tombé.
    R. Non, non ! On m'a frappé sur la tête et ensuite dans la poitrine. Ils m'ont jeté d'autres pieux, je les parais avec le mien.

    D. Pourquoi rentriez-vous alors ? Vous étiez à la porte, au delà de la barrière, ils ont fermé la porte au cadenas, fallait vous en aller.
    R. J'étais étourdi.

    D. Vous étiez ivre ?
    R. Non, j'avais fait du chemin. Mais le coup de pieu m'avait étourdi.

    D. Et le coup de fusil ?
    R. Ils ne mont pas prévenu qu'ils allaient tirer. Ils ont tiré sans me prévenir, car il épaulait en me disant je vais te tuer ! Je me suis affaissé. J'ai continué m route et je suis tombé d'une « étourdition ». Deux individus m'ont traîné à la mairie. Je souffrais joliment, j'ai été douze jours alité. Dans le bras, aujourd'hui, je souffre encore quand « j'y bitte » sous le « musque » ça me démange comme des « fromis. » 

     Me Robert Homais — Est-ce que dans les lettres qu'il écrivait à sa femme, il la menaçait de mort ?
    R. Je me rappelle pas. Je reconnais pas que j'ai écrit le papier qu'on me présente. C'est pas signé, la lettre est rudement tassée !... Il y a de mon écriture. Je sais pas bien écrire, j'ai été à l'école deux ans.

A ce moment, l'accusé rit de bien bon cœur dans son mouchoir. Ce qui lui attire une verte semonce de M. le président.

Le témoin : J 'ai causé que quatorze jours à ma femme avant de l'épouser.
Me Homais : Pourquoi avez-vous demandé à embrasser Rigault le soir du crime ?
Le témoin : C'est une idée comme ça qui m'a pris.
    Monsieur Delametterie, adjoint de Jumièges.
    A reçu la déclaration de Rigault : il ne savait pas si le coup de fusil l'avait atteint. ON a conduit Deshayes dans sa voiture. Quant à Rigault, il a été remis au gendarme. Rigault s'était déjà plaint des ennuis que causait Deshayes à la famille Rigault.
    La réputation des Rigault laisse à désirer : ils s'enivrent quelquefois et son batailleurs. La gendarmerie avait été prévenue des intentions de Deshayes qui est bon garçon à jeun.

    Mme Oscar Rigault : Le 10 octobre, Deshayes s'est jeté sur sa femme en tirant un couteau, les frères sont arrivés après.

    M. Oscar Rigault : j'ai pas la parole libre, et je suis dur d'oreille. Il confirme la déclaration de l'accusé. On n'a pas voulu donner à souper à Deshayes. Il s'est jeté sur sa femme, il écrasait son frère de coups de poing. Deshayes disait qu'il allait tuer sa femme. Ma femme est une pouche ! Répétait-il, je vas la brûler.

    Mme Deshayes retrace la scène du 10 octobre dans les mêmes conditions que les précédents témoins. Deshayes a tiré son couteau, il a été désarmé.

    D. Vous ne vous êtes pas occupée de savoir si votre mari était mort ?
    R. Si, je m'en suis informée. Du reste, il menaçait toujours de me tuer.

    D. Êtes-vous divorcée ?
    R. Non.

    D. Êtes-vous en instance de divorce ?
    R. J'ai écrit à Pont-Audemer. On ne m'a pas répondu.

    D. Que voulez-vous, il a la loi pour lui, alors ! Il a le droit de vous réclamer.
    R. Il m'a fait assez de mal !

    D. Êtes-vous sans reproche, vous ?
    R.. Je ne crains rien.

    Me Homais : Deshayes a-t-il signé un papier par lequel il autorise sa femme à se retirer chez ses parents ?
    Deshayes : Oui, j'ai même trinqué avec eux. Mais je me suis fait fourrer dedans.

L'audience, suspendue à sept heures, est reprise à neuf heures.

Mme Rigault mère a vu la scène du 10 octobre et la raconte sans nouveaux détails. Elle était sortie au moment où le coup de fusil a été tiré. Précédemment, son gendre avait déclaré qu'il brûlerait la maison.

Mme Ponty, sœur de l'accusé, avait eu l'enfant de Deshayes toute la journée du 10. A cinq heures, il a porté l'enfant voir son père. Deshayes a menacé sa femme de son couteau et a voulu la frapper. Mme Ponty a appelé ses frères à l'aide. Quand la scène était dans son plein, elle a été chercher le garde champêtre ! Il avait déjà dit qu'il crèverait les yeux de sa femme.
Un débat s'engage entre la femme Ponty et Deshayes sur la question de savoir si la barrière était munie d'un cadenas.

Mme Grain, couturière, voisine des époux Rigault : Le 10 octobre, elle a entendu Deshayes pleurer, il demandait à sa femme de revenir chez lui. On a été chercher le petit Deshayes et les frères Rigault. Deshayes s'est jeté sur sa femme, en même temps les frères Rigault sont intervenus et l'ont mis dehors. Un d'eux a pris un pieu et a frappé Deshayes. La barrière était cadenassée. Deshayes l'a brisée et est rentré. On s'est querellé de nouveau, il criait : « Je vais tout brûler ». Rigault a pris le fusil et a tiré. Je ne crois pas qu'il ait été prévenu.
Mme Grain n'a pas vu de couteau aux mains de Deshayes.


N.D.L.R. Mme Grain, née Louise Béatrix Virvault, est la bru d'Alponse Grain qui vient d'être assassiné.

Le verdict



M. le président déclare qu'il posera la question de la provocation.. Pendant toute cette partie des débats, l'accusé n'a pas cessé de cacher sa figure dans son mouchoir, il paraît nerveux et excité, et on est obligé de lui apporter un verre d'eau.

      M. l'avocat général André soutient l'accusation.
      Me Robert Homais présente la défense.
      Le jury rapporte un verdict négatif.
      En conséquence, Rigault est acquitté.
      L'audience est levée à 10h40.




Lors d'un sondage proposé sur cette page, 80% des participants auraient acquitté Rigault.


Epilogue


Le fils de ce couple déchiré s'appelait lui aussi Charles Deshayes. Il était né le 17 septembre 1895 au hameau de la Roche, à Barneville.
Ses parents s'étaient mariés à Jumièges le 4 août 1894. Demeuré célibataire, il était domestique, les yeux bruns, les cheveux châtain. Il mesurait  1,65m. Son degré d'instruction était de 2 sur 5.

Il fut incorporé le 8 décembre 1914 au 128e RI à Landerneau en compagnie d'un "pays", Maurice Duparc. Il disparut le 15 juin 1915, à la tranché de Calonne, dans la Meuse. Il avait 20 ans.

Laurent QUEVILLY.


SOURCES



Article du journal Le Temps relevé par Laurent Quevilly
Articles du Journal de Rouen, numérisés aux archives par Josiane Marchand.
Compléments généalogiques de Martial Grain.