Histoire des écoles de Jumièges
— SUITE —
Le XXe siècle s'ouvre sur l'opposition entre cléricalisme et laïcité. Jumièges n'est pas épargné par le climat de l'époque.
L'école privée sommée de fermer
24 juillet 1902, en pleine guerre de religion, le journal Le Temps reprend un article de la Semaine religieuse du diocèse de Rouen.
La Supérieure des religieuses dirigeant l'école maternelle libre de Jumièges a reçu du préfet ordre d'avoir, sous huitaine, à fermer son établissement et à se retirer au siège de sa congrégation.
L'école maternelle de Jumièges recevait plus de soixante enfants. - L'asile a été construit il y a trente ans environ par Mme veuve ̃ Eric Lepel-Cointet, sur un terrain lui appartenant. Le terrain, la construction, l'aménagement, l'ameublement, n'ont pas coûté un centime à la commune. Depuis cette époque, Mme Lepel-Cointet a payé de ses deniers les Institutrices qui ont successivement dirigé son asile. Ces institutrices sont réellement ses employées puisqu'elle les loge et leur paie des émoluments pour un travail déterminé. A l'asile tous les enfants sans distinction étaient non-seulement admis, recueillis, soignés, instruits, mais encore presqu'entièrement nourris. Ces temps derniers ils étaient au nombre de 65.
De plus une religieuse était chargée de visiter les malades et de leur délivrer gratuitement des médicaments.
C'est cet établissement privé que M. Mastier, préfet de la Seine-Inférieure, vient d'avoir l'honneur de fermer.
Cette mesure a dû être très pénible à M. le Préfet, car il a connu de très près la famille Lepel-Cointet dont il a été il y a vingt-cinq ans, précepteur des enfants dans cette même propriété de Jumièges, de laquelle il est aujourd'hui obligé d'expulser les dévouées religieuses.
Dans l'enseignement public, en 1903, l'instituteur est Achille Tabouret, né à Norville en 1852. Rudolphe Clément est son adjoint en 1903. Il est né en 1882 à Saint-Virey-sous-Bar et a donc 21 ans.
En 1906, Parfait Paôn, natif de Guetteville, loge au bourg avec sa femme, l'Elbeuvienne Henriette Ouin et ses deux filles, Andrée, née au Havre et Suzanne, à Meutheville, ce qui trace l'itinéraire de notre enseignant. L'institutrice publique est Mme Leclerc, née Adèle Malaisé à Bornel, dans l'Oise. Elle est l'épouse d'un peintre, Just Leclerc. Mme Leclerc n'est pas sectaire car sa plus proche voisine est une institutrice privée payée par la propriétaire de l'abbaye.
Chez les filles, Mme Leclerc enseignait encore en 1908. Chez les garçons, outre M. Paôn, écrivain à ses heures, M. Piollet officiait en 1912. Il est porté sur la liste électorale de 1913 sous le nom de Georges Piolé, né en 1874 à Bonnay, dans la Somme. En 1913, on trouve par ailleurs mention d'Amélie Justine Denouette. comme institutrice. |
![]() 1911 : une particulière, Louise Anne Givon, fait édifier une école au Conihout et en fait don à la commune. Elle gardera le nom d’école Lefort. |
Le 16 mai 1926, l'union nationale des combattants donne un concert à l'école avec la Cigale rouennaise et Rellys, le comique troupier qui fera une brillante carrière aux cotés de Fernandel.
Une institutrice cette année-là est recensée avec le nom de Marie-Thérèse Godefroy, native de Caudebec.
L'affaire
de l'instituteur
En 1934, sous le mandat de Guillaume Quesne, ancien de 14-18, les Radicaux qui président aux destinées du village ont leurs contradicteurs. En témoigne cet article du 21 juillet signé d'un "groupe de parents" et titré " Un apprenti dictateur ".
« Un citoyen qui est le second dans sa commune, et premier en fait, fervent apôtre des libertés républicaines, grand soutien du représentant ex-ministre de notre circonscription, se croit promis aux plus hautes destinées politiques.
Ou du moins il se croyait promis, car il a effectué une magnifique fausse manœuvre que je vais vous conter en quelques mots.
Un instituteur, depuis un an, était venu dans notre belle cité, si connue des touristes et il avait cru bien faire en travaillant à remonter le niveau intellectuel bien bas des enfants de ce petit pays. Mal lui en prit, car il attira sur lui les foudres du dictateur qui exigea, pour des raisons que la raison ignore, son déplacement.
Mais la population réagit sur ce camouflet infligé à la raison et à la justice.
Les parents de tous les élèves écrivent une protestation, mais il paraît que dans notre belle République des camarades, la voix de 35 parents n'est rien, par contre la voix d'un élu... municipal est tout !!!
Une deuxième pétition des habitants confirme la première, et se couvre rapidement de signatures.
Nous verrons ce qu'elle donnera.
Probablement rien, car ce dictateur de pacotille est bien vu des ayants droit à l'assiette au beurre.
Quelles sont les causes du déplacement de cet instituteur.
1° Cet adjoint au Maire (puisqu'il faut lui donner son grade) ne cesse de donner des preuves de son activité... spéciale... Il prépare sa réélection.
2° Il a à caser un de ses parents dans ce beau petit poste et son procédé est bien conforme aux procédés de MM. les Radicaux.
3° L'instituteur n'ayant pas la mance politique requise, il en fallait un autre pour la prochaine propagande électorale.
Où est la liberté? Les opinions politiques priment-elles l'intérêt des enfants.
La voix des parents n'aurait-elle plus d'écho?
Mais cette histoire pourrait bien avoir un résultat opposé à celui que pouvait en attendre son auteur.
Beaucoup d'électeurs que n'aveugle pas le parti-pris, écœurés de cette façon d'agir, pourraient bien, en mai prochain, donner à ce faiseur de décrets-lois au petit pied, une leçon à laquelle il ne s'attend certainement pas.»
25 août 1936 : pétition pour la construction d'une école aux Sablons.
1936 : Mme Prunier dirige un cours unique de 60 filles.
La
distribution des prix a eu lieu dimanche 29 juillet dans la salle de
l'école des filles transformée pour la
circonstance en une délicieuse petite salle de
fête. Après le compliment d'usage, M. Boutard,
maire, qui présidait cette réception,
entouré de son conseil municipal, fit l'éloge de
notre école et des ses maîtres
dévoués, donna de sages conseils aux enfants,
puis fit un pressant appel aux parent pour assurer une meilleure
fréquentation scolaire. Puis se faisant
l'interrprète de la population, il aadressa ses vives
félicitatons à M. Piolé, directeur de
l'école de garçons, pour sa récente
nomination au grade d'officier d'académie.
Une
partie de concert au cours de laquelle se dinstinguèrent
filles et garçons termina dignement cette charmante
fête. Une quête faite par Mme Piolé et
M. Prunier rapporta 258 fr. Le produit de cette quête servira
à grossir l'an prochain la subvention communale
destinée à l'achat de volumes de prix.
1941: Mme Verdier dirige les CM1
1945 : La classe en plein air de M. Verdier.
Qui figure sur cette photo ? (Coll. Martial Grain)
1949: Mme Meras
(fin d'études), Mme Verdier (CM1)...
M. Dumas, directeur.
L'école des Sablons a été construite aux "cinq chemins" en 1958, à l'époque du baby-boom. Elle comprenait deux classes géminées (garçons et filles éduqués ensemble) confiées à titre provisoire au couple Soing.
À
la
rentrée d'automne 69 jusqu'à septembre 1963, elle
a été tenue par le M. et Mme Jean Le
Roux
auquel a succédé de 1963
à 1984, M. et Mme Jean Mourot.
De 1984 à 1988, M. Mourot étant parti prendre la direction de l'école de Yainville, Mme Nicole Arson-Mourot a pris la direction des Sablons, avec pour adjoint dans la classe des grands Lionel Robillard.
Succèderont
à partir de 88 deux institutrices puis un instituteur,
Gilles Poisson. Devenue école à classe unique
(avant sa fermeture en juin 93), elle sera confiée
à Serge Lovergne
qui succèdera quelques années plus tard
à Joëlle Tétard
à la direction de l'école du Bourg.
Etretat,
juin 1964 |
1971 : sur la cour autour d'une remplaçante | 1972 : classe Thérain |
Envois de
Jean Mourot au Canard de Duclair 2007 |
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1980 : en classe | 1984 : la sortie de juin |
De 1964 à sa fermeture vers 1975, l'école Lefort fut tenue par Mme Renée Saunier partie ensuite à Yainville où elle est devenue directrice de l'école maternelle de 1978 à sa retraite en 1990.
Retour au bourg
Jean-Pierre
Dumas était devenu directeur unique des deux
groupes scolaires
unifiés au départ en retraite de Mme Marguerite
Hamon, directrice de l'un des deux où
elle-même avait
succédé à Mme Delaporte.
Au départ de M. Dumas, c'est Joëlle Tétard, née Lambert, qui devient directrice. De 2001 à 2008, Mme Tétard sera la première femme maire de Jumièges.
En septembre
2002,
Sylvie
Mourot-Rouquette prend la direction de l'école.
Laurent QUEVILLY.
(A suivre)
Jean Mourot.
Le canton de Duclair, Gilbert Fromager.
Le Temps.
Martial Grain.