
La rue Mainberte, les Portes Mainberte... La toponymie de la presqu'île garde encore la trace de mes ancêtres maternels. Mais qui étaient-ils, ces Mainberte ? Une vieille famille de Jumièges. Bien établie. Puis en déliquescence.
Hugues de Mainberte
1248 est la date la plus ancienne faisant mention des Mainberte à Jumièges. Nous sommes sous saint Louis.
Ce jour-là, Guillaume et Richard le Meteier, deux frères, firent un échange de terrain avec Symon Le Denere. Leur terre était comprise entre celles d'Hugues de Mainberte et de Guillaume d'Alenchon et aboutissait aux possessions propres du monastère. La terre qu'offrait Symon Le Denere était quant à elle sise entre celle de "Robert, fils de Marguerite de Perier" et celle de Guillaume Quinet. Nous sommes non loin de la Seine.

Voici donc quels étaient les contemporains de notre Hugues de Mainberte que le scribe écrit ainsi en latin : Hugonis de Manuberte. D'autres personnages, témoins de cette charte ont pour noms Robert de la Porte, Guillaume Filleul, Guillaume Clarel, Guillaume d'Anneville. Ce sont les officiers de l'abbaye.
Que Hugues de Mainberte fut en possession d'une terre nous laisse à penser qu'il occupait un rang relativement aisé. Sa particule n'indique en rien une appartenance à la noblesse à une époque où l'ordre aristocratique n'est pas encore fixé. Elle peut en revanche signifier que notre ancêtre était fieffé comme quelques familles jumiégeoises.
Gilles de Mainberte
Après Hugues vint Gilles de Mainberte. Nous le retrouvons à une date indéterminée dans le cartulaire de l'aumônerie de Jumièges parmi les documents postérieurs à 1250 :
...
Egidius de Mainberte, XXI denarios
...
Redditus de gemetico ad nathale domini
...
Egidius de Mainberte, XXI denarios et un caponem"
Voilà qui signifie qu'un certain Gilles de Mainberte, habitant Jumièges, dut s'acquitter auprès de l'aumônerie de 21 deniers à la Saint-Michel. Il versa la même somme à la Noël mais cette fois y ajouta un chapon. Seuls les notables cotisaient à l'aumônerie destinée à secourir les pauvres.
Jehan de Mainberte et Jehanne Le Mitoys
En
1413, le rôle des fouages fait apparaître Jehan de
Mainberte, le seul alors à porter le nom. Son
père et sa mère sont manifestement morts et il
n'a pas encore d'enfant. Le nom qui suit immédiatement le
sien sur la liste des contribuables est celui de Jehanne Lemitoys.
Adoptons-la pour aïeule. Elle est apparentée
à Guillaume Le Mitois qui est alors le meunier du moulin
à vent de Jumièges.
Les noms qui suivent ceux
de Jehan et Jehanne sont ceux de Jehan fenestre, Robin
Corvée, Guillaume Julienne, Ruart Homo, Guillaume Caillou.
Sans doute de proches voisins...
Le fief Mainberte
A Jumièges existe de longue date un lieu dit la rue Mainberte, appelé aussi jadis le fief Mainberte. A Yainville, il est un autre lieu appelé les Portes Mainberte. Elles constituaient une entrée dans cette presqu'île protégée par le fossé Saint-Filibert. Entre la rue Mainberte d'aujourd'hui et Yainville, vaste territoire !
Ainsi, notre ancêtre porte-t-il un nom de lieu. Mais n'est-ce pas plutôt le lieu qui porte le nom de sa famille ? Dans son dictionnaire topographique de la Seine-Maritime, l'érudit archiviste Charles de Robillard de Beaurepaire nota simplement au regard de Mainberte:
"Mainberte. — Hameau, commune de Jumièges. Fief, commune de Jumièges et du Mesnil-sous-Jumièges. H.J. de Mainberte, 1254. Rue de Mainberte 1290, 1405. Fieu de Mainberte, fieu Mainberte 1486. Hamel de la rue Mainbert, 1658. Rue Mainberte, fief Mainberte 1679..."
Que signifie "H.J. de Mainberte". Six ans après l'échange de terrains vu plus haut, il est permis de supposer que le H correspond encore à Hugues de Mainberte.
Quant au J, sans doute un proche prénommé Jean. On peut supposer en tout cas que cette famille avait donné son nom au lieu où elle résidait. C'est le cas des Le Maréchal pour le fief Marécal.
Malheureusement Beaurepaire ne nota pas le titre et la cote du document de 1254 qui pourrait nous éclairer un peu plus. Quand il rédigeait son dictionnaire, les archives départementales n'étaient pas encore codifiées par ses soins.
Quant au fief Mainberte, il était manifestement étendu puisqu'il courait jusqu'au Mesnil. Là aussi Beaurepaire n'y fait malheureusement aucune allusion dans son étude sur les services fieffés.
Pierre de Mainberte
Un document du 12 juillet 1451 fait état d'un
échange de terrain au Mesnil concernant
Guillemine, déguerpie (veuve) de Jean Le
François. Nous
apprenons que cette parcelle de terrre relève du fief
Mainberte
dont l'aîné, autrement le titulaire, est alors
Pierre de
Mainberte.
Depuis 30 ans, nous étions sous occupation anglaise. Voici
peu,
Pierre de Mainberte a été le témoin
distant des
allées et venues de Charles VII et d'Agnès Sorel
au
manoir de la Vigne.
ADSM 9 H 351
1545. C'est la date à laquelle on commence à consigner à Jumièges baptêmes, naissances et décès. Mais des volumes ont disparu et, dans les plus anciens, les parents ne sont pas notés. Il ne m'est pas encore possible d'établir une solide filiation dès le XVIe siècle. Mais mes ancêtres sont à coup sûr dans les noms qui suivent. On notera qu'ils ont alors perdu leur particule. Elle est attestée, nous l'avons vu, de 1254 à 1413. Ils la perdent donc entre 1413 et 1549.
Le 18 novembre 1549, Marguerite Mainberte épouse Laurent Auvard.
Le 19 novembre 1554, Marin Mainberte épouse Marion, veuve de Roger Augueroult.
L'aveu du 13 février 1556

Le 13 février 1556, Jehan Mainberte, demeurant au lieu des Hameaulx, fils de défunt Pierre, se rendit à l'abbaye pour y faire valider ses droits. Il passa ce jour-là un aveu aux "vénérables et honnêtes personnes, religieux, abbé et prieur de l'église monastère et abbaye de Saint-Pierre de Jumièges" pour tous les biens qu'il possédait dans la presqu'île. Et ils étaient fort nombreux. Il les tenait par succession, en indivision ou par acquisition.
"Premièrement, je tiens avecques Valentin Mainberte, mon oncle, Marin Mainberte, mon frère et les hoirs de mon frère Pierre..." Nous voilà déjà renseignés sur la généalogie des Mainberte à cette époque.
Dans les années 1500, nous voyons deux frères : Pierre et Valentin.
De Pierre et Guillemette Levillain sont nés Jehan, Marin et Pierre cités en 1556.
Les possession de Jehan :
Elles se composent essentiellement de pièces de terres sises aux Hameaulx, près du moulin à vent des religieux, au fief Mainberte (quatre possessions), au camp Tropinel (fief de Mallevault), au fief de la Porte, près de la forêt dans la couture à Cailloux, au fief de la Vigne (du puits parlant à la mare aux Hardis), au Mesnil (par acquisition auprès des fils Guéroult), au fief Botton, au fief Duredent, dans les vavassories Parent, Dozemont... Bref, les Mainberte sont de gros propriétaires fonciers.
Il apparaît encore dans cet aveu que Jehan Mainberte tenait des biens à cause de sa femme, Jehanne Lacheux, fille de défunt Jean Lacheux et d'une Vasté. L'épouse de Jehan était veuve de Pierre Bertin, dit Godet. Les terres venues de sa femme sont exploitées avec Thomas et Valentin Lacheux, sans doute ses beaux-frères.
Des terres lui viennent aussi de la succession d'un homonyme, Jehan Mainberte, sans que le lien de parenté ne soit précisé. Peut-être s'agit-il de son grand-père puisqu'il les partage avec son oncle.
Pour Patrick Sorel, "Jean Mainberte est un vassal de l’abbaye de Jumièges. C’est une personne très honorable bénéficiant d’une représentativité certaine. Sa condition sociale n’a rien à voir avec les paysans, il est bien au dessus des serfs de l’époque. Il à les moyens de faire rédiger un tel parchemin par un écrivain public qui a pour but d’authentifier ses biens. Le document rédigé, il s’est présenté devant les plaids des baronnies (justice féodale, vassalité). Les moines vérifieront alors la véracité de ses déclarations."
Les Mainberte terre-neuvasLe XVIe siècle est le firmament de l'histoire des Jumiégeois. Ils sont parmi les premiers à aborder le Brésil. Puis Terre-Neuve. Fort de ses propriétés foncières, Jean Mainberte, participa à cette épopée. Je ne pense pas qu’il s’improvisa Terre-Neuva et maître de navire de surcroît du jour au lendemain. Sans doute naviguait-il déjà à partir de Port-Jumièges. Peut-être aura-t-il parcipé à quelques campagnes morutières en simple marin-pêcheur.
Toujours est-il qu’on le retrouve maître de la Marie en 1558. Un bateau de 90 tonneaux qui, lui aussi, est capturé sur la route du retour. Le tabellionnage de Rouen porte cette mention à la date du 28 mars: « Attestation faite par Soyer Havart et Robert Havart et Nicolas Dutallus à propos d'Alonce Le Seigneur, bourgeois et avitailleur pour un demi-quart sur la Barbe, 120 tx, maître Raoulin Lecomte, de Vatteville et pour un quart sur la Marie, 90 tonneaux, maître Jehan Mainberthe; les deux navires ont été pris à leur retour de Terre-Neuve. »
Jehan Mainberte possède manifestement toutes les parts du navire l’année suivante lorsqu’il en vend un quart à deux acheteurs. La Marie semble mouiller à Fécamp. 22 septembre 1559. « Vente faite à Jacques Dufour le jeune par Jehan Mainberte, de Jumièges, maître et bourgeois pour trois quarts sur la Marie, 90 tx, de un quart du corps du navire à Fécamp. Ce quart avait été vendu à Mainberte par Pierre Lasseley et Pierre Lenffant, de Fécamp. ».
Toujours le 22 septembre 1559 : « Vente faite par Jehan Mainberte de Jumièges, maître et bourgeois pour la totalité de la Marie, 90 tx, à Adam Bezuquet, de un quart du corps du navire, à Fécamp. Ce quart avait été vendu à Mainberte par Pierre Lasseley et Pierre Lenfant, de Fécamp. »
Le 13 février 1561, un prêt est consenti par Pierre Laillet à Jehan Mainberte, de Jumièges, maître et bourgeois pour un quart sur la Marie, navire de 80 tonneaux, « pour les radoub et avitaillement du navire prêt à aller du Havre à la Baie prendre son sel, puis à Terre-Neuve pêcher la morue, et revenir au Havre ou à Honfleur. Thierry Gueroultz, de Jumièges, maître de navire, a cautionné. »
Toujours le 13 février 1561 : « Reconnaissance de dette faite par Thierry Gueroultz, de Jumièges, envers Jehan Mainberte, pour un prêt qu'il doit rembourser à la Saint-Michel. »
Le 28 novembre 1561, on le dit « maître et bourgeois pour la moitié d'un navire neuf de 80 tonneaux, à Jumièges. » Il donne quittance à Pierre Lefebvre, « bourgeois pour un demi-quart en la moitié de Mainberte. »
Le 4 juillet 1563, Thomas Mainberthe épouse Alison Ponty.
16 février 1565. « Prêt fait par Pierre Laillet à Jehan Mainberte, de Jumièges, maître et bourgeois pour trois demi-quarts sur la Vallentyne, 80 tx, pour les radoub et avitaillement du navire prêt à aller du Havre à la Baie ou à Brouage prendre son sel, puis à Terre-Neuve sur le Bac pêcher la morue, et revenir au Havre. »
Toujours le 17 février 1565 : « Prêt fait par Guillaume Bongardz, d'Orléans, par l'intermédiaire de Charles Doulcet, à Jehan Mainbert, de Jumièges, maître et bourgeois pour un quart et demi sur la Valentyne, 80 tx, pour les radoub et avitaillement du navire prêt à aller du Havre à la Baie ou à Brouage prendre son sel, puis à Terre-Neuve pêcher la morue, et revenir au Havre ou à Honfleur. Jehan Hue a cautionné. »
Dès
lors, le nom de Jehan Mainberte n'apparaît plus dans les
actes de l'Amirauté. Il aura donc participé aux
campagnes de 1558 à 1565. Après lui apparaissent
les noms de Valentin puis Thomas Mainberte.
9 mars 1568. « Prêt fait par Raoul Halley à Michel du Vallet dit Dorer, de Quillebeuf, bourgeois pour la moitié sur la Bonnaventure, 60 tx, maître Valentin Mainberthe, de Jumièges, pour les radoub et avitaillement du navire prêt à aller de Quillebeuf à la Baie ou à Brouage prendre son sel, puis à Terre-Neuve pêcher la morue, et revenir à Rouen. »
Le 13 janvier 1573 eut lieu un triple mariage de Mainberte. Ce jour-là, Jeanne épouse François Monhue, autre Jeanne convole avec Guillaume Vigot et Marin Mainberte avec Guillemine Neveu.
Cinq jours plus tard, le 18 janvier 1573, Pierre Mainberte épouse Françoise Luchet.
La même année, le 6 avril, Perrine Mainberte épouse Cardin François.
Le 10 octobre 1575, Thomas Mainberte, Terre-neuva lui aussi et maître de navire, prend pour épouse une prénommée Bine dont on ignore le patronyme.
La même année, le dimanche 6 novembre 1575, les notables de Jumièges s'assemblèrent à l'issue de la grand messe pour faire valoir leurs droits face aux religieux dans l'affaire du Home.

9 décembre 1575 . « Reconnaissance de dette faite par Guillaume Nyvelet, maître de navire de Conihoult, envers Jacques Guendeville et Davyd Maugogne. Jacques Ouyn dit Portier et Thoumas Mainberte, maîtres de navire de Jumièges, ont cautionné. » Nyvelet est maître de la Loyse qui est allée à Terre-Neuve en 1574 et en 1576.
6 octobre 1576 : « Procuration faite par les bourgeois et avitailleurs de la Loise, 90 tx, maître Guilleume Nyvelet, de Jumièges, en faveur de Thoumas Mainberthe, de Jumièges et Jacques Pinchon, pour récupérer le navire et sa cargaison de morue, huile et naut (NB : vessie à l'air du poisson) chargée à Terre-Neuve sur le Banc. Le navire a été pris par les Anglais sur la route du retour de Terre-Neuve au Havre ou à Honfleur ».
Le
3 avril 1579, les notables de la paroisse du Mesnil se
réunirent à leur tour sur l’affaire du
Home. Pierre Mainberte y figure. La même année, le
9 juin 1579, un Jehan Mainberte épouse Perrine Lacheux.
Veuve, celle-ci convolera en secondes noces avec Thomas Grisel, le 4
octobre 1584.
Bref,
ces années nous apprennent que nous avons cinq hommes au
moins à porter le nom des Mainberte: Thomas, Valentin,
Pierre, Marin et Jean. Reste à déterminer leur
degré de parenté, démêler
les homonymies entre père et fils, parrain et filleul...
Le
15 janvier 1582, Pierre Mainberte épouse Agnès
Guéroult.
Le 9 juillet 1584, au Mesnil, Pierre Mainberte épouse Marion Turquet, fille de Robin.
Le 25 janvier 1593, Perrine Mainberte épouse Pierre Bourg.
Pierre MainberteAncêtre hypothétique. Il est né vers 1550. Marié le 18 janvier 1573, Jumièges, avec Françoise Buchet
Thomas Mainberte
Ancêtre hypothétique, né le 6 septembre 1578. Marié avec Michèle Marescot, inhumée le 13 juillet 1650, à Jumièges.
Charles Mainberte (1604-ca 1658)
Charles Mainberte est né le 29 février 1604 sous le règne d'Henry IV. C'est mon septième arrière-grand-père, mon plus ancien ancêtre maternel avéré.
Le 21 juillet 1644, Marguerite Mainberte épouse Philippe Savale. Elle est dite fille de feu Thomas Mainberte qui pourrait être aussi le père de Charles.
La signature assurée de Charles Mainberte. en 1662. Il a une cinqantaine d'années et maîtrise parfaitement l'écriture.
Des Mainberte à Caudebec
Le 30 août 1636 meurt à Caudebec une Jehanne Mainberte. Peut-être une fille en bas-âge de Jean Mainberte et Marguerite Vauquier qui, quelques mois plus tard, le 17 janvier 1638, toujours à Caudebec, donnent naissance à un Jean Mainberte. Celui-ci est parrainé par Jean et Anne Vauquier. On notera que le 29 juillet de la même année 1638 mourut honorable homme Pierre Vauquier.
Des relevés effectués par le cercle généalogique du Havre font état quant à eux de Pierre Mainberte, époux Marguerite Vauquier qui donnent :
Estienne
Mainberte, né à Caudebec le 9
octobre 1633. (Vérfication partielle. Marraine
: Françoise Durand).
Robert Mainberte, né le 26 mars 1646. (Vérification infructueuse).
- Marie, née vers 1638, mariée le 14 février 1658 avec Pierre Tropinel, fils de Jean et Anne Boutard. De ce couple issut autre Pierre Tropinel qui, à Rouen, le 8 juillet 1703, épousa Marie Madeleine Dugard, fille de Nicolas et Marthe Rasse.
- Thomas, né en 1655, mon ancêtre qui suit. Il avait un homonyme qui épousa Marion Lefèbvre, le 4 juin 1653.
Charles est impliqué dans un certain nombre d'actes qui indiquent une certaine aisance.
Le 30 juilllet d'une année qui n'est pas précisée (1661 ou 1662), Charles Mainberte passa une transaction avec Thomas Boutard qui, pour cela, avait délivré procuration en la ville du Havre-de-Grâce. Enjeu : sept livres deux sols dix deniers.
Du dimanche après-midi, sixième jour d'août 1662, chez Delépine, Tabellion royal, "honorable homme" Charles Mainberte vend à Noël Nepveu une vergée et demi de terre en nature de pré au triage de la Flaque, lieu-dit le Vraque. Cette pièce était bornée d'un côté Nicolas Vasté, de l'autre le dit acquisiteur, d'un bout les sieurs religieux de Jumièges pour leur pré des Vilains et d'autre bout la commune pâture de la paroisse moyennant 135 livres tournois en louis d'or et d'argent et autres monnaies. Témoins : Nicolas Levavasseur et Pierre Delespine. "Honorable homme" confirme bien que Charles est un personnage estimable, aisé et influent.
Le lundi 14 août 1662, au Mesnil-sous-Jumièges, Charles Mainberte signe un acte concernant sa fille, Marie Madeleine. Il implique Valentin Bertin, dit Godet qui verse à Marie Madeleine 185 livres en Louis d'argent et monnaie ayant cours.
Dimanche 24 septembre 1662, avant midi, devant Pierre Delavigne, tabellion de la sergenterie de Saint-Joire. Ce jour là Charles Mainberte est le témoin d'une transaction entre Jacques Boutard, dit Marguerin et Jean Rouget, fils mineur de feu Thomas et dont le tuteur principal est honorable homme Jean de Conihout. Celle-ci concerne une pièce de terre sise au Conihout, triage de la Cousture. Les autres témoins sont Simon de Conihout, Jacques Tirel...
Le
douzième jour de novembre 1662, par
devant Pierre Delavigne, c'est Jean Mainberte qui vend cette
fois à Pierre Le
Guerchois à fin d'héritage tant pour lui qui pour
ses hoirs et ayant cause deux pièces de terre en nature de
labour et marest dans la paroisse de Jumièges, triage du
Clos-Cauvin. La première bornée d'un
côté le chemin du Roy, d'autre
côté Valentin Delametterye et des deux bouts
Nicolas Cauvin. La seconde au même triage.
En la maison de
Pierre Le Guerchois, avocat au parlement de Normandie, les
témoins de cette transaction furent Nicolas Levavasseur et
Pigache.
Un
lundi 13e jour d'un mois et an qui n'est pas
précisé, sans doute novembre 1662,
Charles
Mainberte est cité dans une transaction passée
à Jumièges entre Jean Tirel, de la famille de son
épouse et Monsieur Le Guerchois.
Jean Tirel reconnait avoir reçu 200 livres de Le Guerchois,
acquisiteur de Charles Mainberte. Il y est fait rappel d'un acte de
tutelle passé chez le sieur bailly de Maulévrier
le 15 mai 1636. Les témoins de cet acte furent honorables
hommes Pierre Cauvin et Pierre de Rouen, demeurant à
Duclair.
Un autre acte du même jour fait allusion aux intérêts de la dot de Catherine Tirel qui a épousé Pierre Vauquelin, le 20 février 1634, à Anneville. "Isseluy Mainberte s'oblige à payer le principal et les arréages qui échoiront de ce ce jour à l'advenir..." L'acte de tutelle de 1636 est encore évoqué. Cet acte a pour témoins Pierre Cauvin, demeurant à Duclair et Jean Nicolas Levavasseur, dit Picard, de Jumièges.
Thomas Mainberte (1655-1694)Thomas Mainberte mon 6e arrière-grand-père, est né le 16 juin 1655 sous le règne de Louis XIV..
Thomas se maria le 26 novembre 1682, à Marie Deshays, fille de Marin Deshays et de Catherine Laisné. Il eurent au moins ces enfants:
Thomas Mainberte père a été inhumé le 20 août 1694 dans une place fondée dans l'église près de la porte du Trésor.
Entre temps, un aveu du 10 mai 1687 confirme encore l'existence du fief Mainberte, mais il est entre les mains de Jacques Lévesque, tuteur des enfants de Gabriel Lévesque. Les Mainberte ont donc perdu leurs prérogatives sur le territoire qui portait toujours leur nom. (9 H 161).
Jean Mainberte (1686-1773)
Il est né en 1686 sous le règne de Louis XIV et fut parrainé par Jean Deshays et Barbe Ledai.
Jean Mainberte, laboureur, fut présent le 28e jour de juin 1712 devant Me Freret, notaire à Jumièges. Il est dit fils puisné de Thomas Mainberte. Il fit une transaction avec Nicolas Chéron, marchand, demeurant à Jumièges moyennant "Cent livres laquelle somme a été présentement pesée, comptée et nombrée par le dit acquéreur au dit vendeur en espèce de Louis d'argent et autre monnaie ayant cours et mise au prix du roy notre sire." Ce qui fut fait à Duclair aux pieds de Pierre Legendre, marchand de biens et en présence de Pierre Levaché, de Jumièges.
Jean Mainberte épousa, le 24 janvier 1713, Marie Magdelaine Dossier. Elle était la fille de Jean Dossier et Marie Bressée, originaires d'Ectot-lès-Baons, près de Yerville, ancienne dépendance de l'abbaye de Fontenelle.
27 février 1713, Jean est en compagnie de Marie Cottard parrain de Marie Magdeleine Nepveu, fille de Jean Nepveu et Marie Dossier.
Les Dossier marièrent à Jumièges trois autres de leurs enfants qui établirent ici une importante descendance. Les frères et sœurs de mon aïeule qui formèrent alors clan avec les Mainberte étaient Jean Dossier, marié en 1711 avec Marie Hue, Marie, mariée en 1708 avec Jean Neveu, Anne, mariée en 1700 avec Louis Nobert.
Jean Mainberte et Marie
Madgeleine Dossier eurent :
Du 9 de may 1751 enfant batard.
Sur une requeste répondue par monsieur Delamare, bailli de la hautte justice du Vaurouy demeurant à Jumièges, j'ay baptisé une fille née des œuvres de Jean Mainberte garçon domestique chez Robert Maze de Duclair, et de Catherine Jeanne, mère, laquelle nommée Marguerite par le nommé Jacques Jeanne son frère et la fille d'un nommé Denis Leclerc nommée marguerite qui ont dit ne scavoir signer.
Jacques Vallois - Denis Bocquet prêtre curé du Vaurouy.
Hélas, la petite fille ne devait vivre que quelques semaines...
Ce 18 juin jai inhumé une fille illegitime baptisée du 9ème de may dans notre cimetière agée de viron six semaines. D. Bocquet pretre Curé.
Le sort devait s'acharner sur les protagonistes de cette histoire :
Du vendredy 19 de 9bre 1751
J'ai inhumé dans notre cimetière un pauvre garçon nommé Jacques Jeanne, dit Bertelot, âgé de viron 23 ans qui est mort subitement dans le four d'un nommé Vincent Sécard, présence des sous signés
Nicolas Jeanne - Jacques Vallois.
Jacques Jeanne était en réalité un peu plus jeune. Il avait 21 ans. La maîtresse de Jean Mainberte allait se marier en 1758 avec Romain Vétu, un domestique originaire de Sainte-Marguerite. Quant au nommé Vincent Sécard, cité par le curé du Vaurouy, il avait été dix ans plus tôt l'acteur d'un retentissant fait-divers en qualité de meunier :

Quelques mois après sa brève parternité, journalier à Duclair, Jean Mainberte fils vint à Jumièges le 28 février 1752 pour parrainer une fille de sa sœur Geneviève. Celle-ci était l'épouse d'un laboureur du cru, Pierre Leroux. La marraine était Marie Anne Leroux, fille de feu Pierre et l'on nomma l'enfant Geneviève, comme sa maman.
Jean Mainberte fils fut encore choisi comme parrain chez Mathurin Tougard, laboureur, et Marie Duquesne, dite encore Lequesne. Il donna ses prénoms de Jean Baptiste à un petit garçon. Nous étions le 1er février 1756 et la marraine était Françoise Duquesne. Ces Tougard, liés à la famille Mainberte, étaient les ancêtres de l'abbé Tougard qui, plus tard, signera la fameuse Géographie de la Seine-Inférieure.
Laboureur, Jean Mainberte fils ne se maria qu'en 1775. Il avait déjà 63 ans, note le curé Adam. Son épouse, Marie Boquier, était la veuve de Guillaume Bellet avec qui elle avait eu treize enfants. Certains étaient morts en bas-âge mais Jean dut élever les derniers. Le jour du mariage, Jean fils est dit âgé de 63 ans et Marie 45. L'âge réel des époux est en fait de 61 et 53 ans. Les témoins du mariage furent Charles Lesourd, laboureur, Charles Sassaigne, serrurier, François Adam, menuisier et Jean Nobert. Jean Mainberte signe comme à son habitude de son prénom et de son nom. Son épouse trace une croix. Jean Mainberte fils est dit laboureur, il s'était donc extirpé de sa condition de journalier dans laquelle la famille va bientôt s'enfoncer.

Le 22 janvier 1721, Jean Mainberte, en compagnie de Anne Catherine Hue, parraine Marie Anne Dossier, fille de Jean Dossier et Marie Hue.
Jean Mainberte fut, le 15 juillet 1725, en compagnie de Françoise Angélique, parrain de Pierre Dossier, né chez Jean Dossier et Marie Hue.
Le 26 juillet 1728, Jean Mainberte parraine avec Marguerite Deshays une fille née chez Marin Deshays et Marie Nepveu appelée Anne.
Le 18 avril 1738, Jean Mainberte est parrain en compagnie de Marie Anne Capelle de Jean Baptiste Hue, né chez Jacques Hue et Marie Lamare.
Jean Mainberte fut, le 30 octobre 1742, témoin de la mort de Catherine Virvault, 12 ans, fille de Valentin Virvault et Marie Perdrix.
Le 10 juin 1744, Jean Mainberte, en compagnie de Marguerite Houchard, parraine Jacques Fillatre, fils d'autre Jacques et Anne Landrin.
Jean Mainberte, le 20 avril 1748, en compagnie de Geneviève Vallois, parraine Geneviève Leroux, fille de Pierre Leroux et Geneviève Mainberte.
Le mardi 5 octobre 1751, Jean Mainberte père fut témoin au mariage de Jean-Baptiste Beauvet avec Françoise Bauquet. Jean-Baptiste avait 18 ans et restait sous la tutelle de sa mère, Marguerite Neveu. Jean était l'oncle paternel du jeune marié. Tout comme Adrien Chrétien. Il y avait là aussi Pierre Chrétien, cousin du garçon.
Le 26 avril 1754, Jean Mainberte fit procéder à l'inhumation de Pierre Leroux, en compagnie des frères de ce dernier, Robert et Nicolas. Le défunt avait 40 ans.
Le 31 mai 1756, Jean Mainberte fait une transaction avec Michel Virvault devant le tabellion de Saint-Georges.
En 1757, Jean perdit un de ses fils. Thomas, 40 ans, fut inhumé le 6 février en l'église de Jumièges, en présence de Jean Mainberte, père, qui signe d'une croix et de son frère Jean qui, lui, signe son nom. Vicaire: M. Poisson.
Le 10 juin 1762, Jean fut avec Catherine Clérel, épouse de Nicolas Lecomte, demeurant au Mesnil, parrain d'un Vincent, né chez Jacques Renault et Marie Mainberte. Jean, notera le curé "a fait sa marque ordinaire". Autrement dit une croix.
Dans les archives Dépouville, on trouve à la date du 23 mai 1769 une quittance par Pierre Tougard à Jean Minberte.
Jean
Mainberte père est décédé
à 86 ans le
lundi 9 août 1773 et fut inhumé le lendemain. Les
témoins furent Jean et Charles Mainberte, ses fils, Nicolas
et Pierre Tougard, le curé Adam.
Charles Mainberte (1716-1792)
Né sous le règne de Louis XV, baptisé le 27 octobre 1716 sous les prénoms de Charles Ambroise par Marie Hue et Richard Nepveu.
Le 22 septembre 1743, Charles Mainberte, mon quinquisaïeul, perdit sa mère, Madeleine Dossier. Elle avait 54 ans. Le curé Grossetête l’enterra à l’église le lendemain. Le père de Charles ne savait signer. C’est Jean, l’aîné des fils Mainberte qui parapha.
Au rôle de taille de 1749, Charles Mainberte, laboureur, s'acquitte de 8 livres, son frère Jean, manifestement plus riche, en donne 51.
Charles Mainberte fut trois fois parrain :
1) le 31 juillet 1757, en compagnie de Madeleine Vorin, fille de Jean Vorin et Marie Dossemont, du Mesnil, d'une petite Marie Rose née chez Guillaume Dossemont, laboureur et Anne Vêtu.
2) le 7 janvier 1760, en compagnie de Catherine Legrand, épouse de Jean Deshays, d'une Marie Catherine, née chez Robert Delabarre, toilier, et Anne Deshays.
3) le 21 mars 1764, de Rose Monique Renault, fille de Jacques Renault, laboureur, et de Marie Mainberte en compagnie de Catherine Maze, fille de Jean.
1773, il est dit que "Jean Mainberte possède une maison composée de cuisine, chambre, écurie et grange, un acre de masure médiocre et six acres de sablons, tenu par Jean Mainberte fils. Bail devant d'Epouville en date du 1er may 1766 à commencer par Saint Michel pour 9 ans."
Le 19 avril 1779, à 64 ans, Charles Ambroise se marie au Mesnil avec Marie Magdeleine Catherine Tropinel... de 34 ans sa cadette! Pourquoi une telle différence d'âge? Mariage précipité? Arrangé? Régularisation d'un concubinage ?
Charles
Ambroise Mainberte âgé de 64 ans environ fils de
feu Jean et feu Marie Magdeleine Dossier et Catherine Tropinel
âgée de 30 ans fille de Valentin et de feue Marie
Madeleine Renaud. En présence de Jean Mainberte
frère de l'époux et Jacques Renaud
beau-frère de l'époux tous deux de
Jumièges et témoins de l'époux, de
Valentin Tropinel père de l'épouse de
Jumièges de Gabriel et Pierre Tropinel ses deux
frères de Jumièges.
Signent : Charles Mainberte, Jean Mainberte, Gabriel et Pierre Tropinel
Marquent : l épouse et son père
S'il ne s'agit d'un veuvage, voilà un tout cas une verdeur tardive et bien réelle puisque Charles le tardif fut père à 67 ans de mon ancêtre Charles le précoce.
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Cette union bien étrange dura 13 ans. Mort le samedi 17 mars 1792, Charles Mainberte fut inhumé le lendemain dans le cimetière de Jumièges où les témoins furent Jean et Charles Mainberte, ses fils ainsi que Pierre Tropinel, son beau-frère.
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En 1792, immédiatement après la mort de son vieil époux, la veuve de Charles se remarie avec un veuf. Et bien plus jeune qu'elle. Elle avait sans doute besoin de fraîcheur.
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Le fils Mainberte eut alors pour tuteur un représentant de sa famille maternelle: Jacques Renault. Les témoins de sa mort furent Jean Mainberte, Pierre Tropinel, Charles Mainberte.
Michel Levillain, mourut en 1812 et la ferme alla à sa veuve, Rose Delafosse ainsi que 3 vergées de terres à Yainville. Plus tard, en 1836, la ferme fut adjugée à Jacques Philippe Lefort, négociant au 15 rue Herbière, à Rouen.
Charles Mainberte (1782-1823)
Né à Jumièges le dimanche 30 juin 1782 sous le règne de Louis XVI, Charles Mainberte, mon quadrisaïeul, eut pour parrains Jacques Renault et Marie Angélique Fleury, femme de Pierre Tropinel, laboureur.
Charles a sept ans quand éclate la Révolution. Il en a 10 ans quand sa mère, Marie Madeleine Tropinel, veuve, se remarie à 35 ans, le 5 juin 1792 avec un jeune laboureur de 29 ans, originaire du Trait, Jean Roisset, veuf lui aussi.
A son mariage, Charles a pour témoins Jacques Renault, 68 ans, cultivateur, époux de sa tante au paternel, Marie Marguerite Mainberte. Fut aussi de la fête Pierre Tropinel, son oncle au maternel, cultivateur, 56 ans. Les témoins de la mariée ? André Clérel, cultivateur, 55 ans et Jean Roisset, cultivateur de 46 ans, beau-père de Charles. Ce fut le moine défroqué, Antoine Alexandre Desaulty, qui officia en l'absence du maire.

Cultivateur, Jean Charles épousera Emélie Mase. Un contrat de mariage fut établi par Me Boucher le 26 février 1826, les noces eurent lieu le 19 mai.
Ils n'auront pas d'enfants mais Jean Charles et son épouse vont élever la petite orpheline, prénommée Aimée Caroline. On la retrouve comme domestique au recensement de 1841. Elle connaîtra bientôt le même destin que sa défunte mère...
Jean Charles Mainberte a bien failli trépasser de mort violente. En 1835, son plus proche voisin, Jean Ory, menuisier de 40 ans, lui vouait une haine tenace. Un jour, il tira sur Jean Charles à dix pas. Heureusement, Mainberte en réchappa et resta cohabiter avec ce dangereux compère qui, cocu, finit par assassiner l'amant de sa femme.

En 1851, Jean Charles Mainberte est recensé avec la qualité de fermier, rue Mainberte. Il a maintenant 50 ans, sa femme 47, Caroline est toujours là, qualifiée de cultivatrice. l'agent recenseur la dit fille du patron et lui attribue le même nom "Mimberte". A tort. Elle a 24 ans. Mais il y a aussi un domestique... de 8 ans. Il s'appelle Victrice Daubol. C'est un enfant de l'assistance. Il avait été trouvé à la porte de l'hospice le 30 octobre 1842 à 10 h du soir avec son bonnet de mousseline. Un billet le disait baptisé.
Fort heureusement, les Mainberte n'ont pas que des voisins assassins. Ils habitent près du maire, le sieur Beauvet, marié à la sœur d'Hector Malot.
A 30 ans, la nièce orpheline accoucha à son tour d'un enfant naturel chez les Mainberte. Jean Charles alla le déclarer en mairie en présence du garde-champêtre Minotte et de l'instituteur Maillon. Nous étions le 22 février 1858. La jeune mère reconnut son fils le 13 août 1859. Puis elle épousera Frédéric Metterie le 12 juillet 1860. C'était un vieux veuf de 31 ans son aîné. Jean Charles Mainberte fut le premier témoin de ce mariage navrant, Euphronie Mainberte le second. Deux rentiers les complétaient : Jean-Michel Delamare et Jacques-Philippe Herpin.
En 1868, Victrice Daubol, le garçon de l'assistance élevé par les Mainberte, épouse à Duclair une fille Landrin. Journalier de 26 ans, mon arrière-grand-père, Charles Mainberte, fut témoin en compagnie du vieux Metterie. Cette fille Landrin, couturière, n'avait guère connu son père. Ouvrier carrier, il était décédé par accident à 24 ans, "ayant tombé à l'eau dans la rivière de Seine le 10 juin dernier en déchargeant le moellon que portait un bateau pour l'endiguement de la Seine à la digue sud près Quillebeuf, retrouvé ce jourd'hui (11 août 1854) dans la Seine près du Courval sur cette commune par le sieur Régnier, sous-patron de sa patache et par Sallier, matelot, le défunt domicilié avec son épouse (à Duclair) sur la déclaration à nous faite par Isidor Alphonse Dorléans, son beau-frère, employé à la Douane, demeurant à Saint-Aubin-sur-Quillebeuf, âgé de 29 ans, et par Jean Dorléans, journalier, âgé de 70 ans, son beau-père, demeurant à Duclair. "
Si nous donnons tous ces détails, c'est que Victrice fut en quelque sort le fils adoptif de Jean Charles Mainberte. Victrice aura descendance avec plus ou moins de bonheur. L'un de ses fils épousera la petite-fille du Dr Cavoret, maire de Duclair. Un autre malheureux en ménage comme en affaires, tâtera de la prison. Deux Daubol en tout cas feront la Grande guerre.
Indigent, Charles Mainberte occupait un logement appartenant à Victor Ponty qui sollicita une subvention de la mairie de Jumièges. Elle fut refusée par le maire, Jérémie Philippe, craignant la multiplication de demandes analogues..
Quelques mois plus tard, la veuve de Charles, Emélie, mourait chez la nièce élevée par le couple Mainberte, Caroline Mase, elle-même veuve de son vieil époux Metterie depuis quelques mois.
Curieusement, au recensement de 1836, on prête au couple Mainberte une fille de 1 an prénommée Julie. L'âge du père n'est pas le bon par ailleurs...
Camille Mainberte quittera la Normandie pour la Bretagne et fit carrière dans la Marine. D'abord comme musicien puis gardien de port, boulanger, menuisier, tonnelier...Il décédera à Brest le 3 juin 1894 à 58 ans. Il eut descendance en Bretagne dont Julien Marie, engagé volontaire, qui a fait les campagnes de Madagascar, ce qui lui vaudra une Médaille spécifique, de Guyane, de Cochinchine, de 1894 à 1910. Médaillé militaire, il a fait toute la Grande-Guerre jusqu'en 1919. A pris des responsabilités dans le syndicat des buralistes et apparaît souvent à ce titre dans la presse d'entre deux guerres. Il sera décoré de la Légion d'Honneur. Camille eut aussi un fils mort à la guerre de 14, un autre qui se suicida dans une maison close.
François Oscar, en 1837. François Lafosse, douanier demeurant à Yainville, est témoin de sa naissance en compagnie de l'écrivain public. On perd ensuite sa trace.
Rosine Elisa Mainberte, le 10 juillet 1844, 4h, à Jumièges, hameau de Heurteauville. Augustin Mainberte a alors 41 ans et est journalier. Il est aussi pêcheur. Sa femme a des talents de fileuse.
En 1866, les Mainberte n'ont plus d'enfants sous leur toit mais un neveu de 14 ans, Adolphe Boucachard et leur petite-fille de deux ans, Alphonsine Blézer.
Un an plus tard, elle se mariera le 21 juin 1837 à Jumièges à Pierre Poullain, de 8 ans son cadet, devenu cultivateur section du Sablon. Le coupe est localisé rue Mainberte, en 1851, avec trois enfants. A noter qu'en 1862, c'est un Poulain, prénommé Armand Fortuné qui tient le passage de Jumièges.
En 1861, Victoire et son époux sont recensés avec leur fils Albert, rue Mainberte, en 1866 section des Hameaux. Victoire meurt le 8 février 1875 à 68 ans.
A 19 ans, ses parents étaient morts, Joséphine Permétue était servante à Hénouville chez le sieur Charles Peine fils, 33 ans, marchand de bestiaux natif de Boscherville. Lorsqu'elle accoucha d'un garçon qui prit le nom de Mainberte. Peine reconnut cependant être le père de l'enfant, il alla le déclarer avec Jean-Baptiste Cudorge, cultivateur, 48 ans, oncle du géniteur et Louis-Joseph Manesse, tisserand, 39 ans.
Peine épousa Perpétue peu de temps après. Jean Charles Mainberte, frère de l'épouse, vint de Jumièges pour être témoin en compagnie d'un badestamier du cru. Après cette union, l'enfant né hors mariage porta le nom des Peine. Perpétue continua de consolider son foyer, rue de l'Ouraille, en donnant naissance à un Charlemagne, une Louise, un Edouard que fit sauter sur ses genoux son beau-père, un ancien boucher...
Marie Victoire Clérel, première épouse de mon aïeul Charles Mainberte, est morte à Rouen à 32 ans le dimanche 7 novembre 1813. Elle avait accouché quelques mois plus tôt de sa dernière fille à Jumièges.
- Jean Roisset, beau-père de Charles Mainberte, possédait une ferme qui passa entre les mains de Charles Mainberte, père, Charles Mainberte fils, à Pierre-Nicolas Ouin et Marie-Rose Billier, son épouse, à Simon Billier et enfin à Louis Lemarécal père qui la revendit en 1826 à Casimir Caumont, président du tribunal de commerce de Rouen et propriétaire de l'abbaye.
Etablis à Jumièges depuis peu de générations, les Legenvre, que le notaire orthographiait Lejambre, étaient originaires de Morsan. Angélique avait été parrainée par Louis Delamarre, un journalier de 31 ans du hmeau d'Heurteauville, son oncle, et Marie Angélique Bastille, 32 ans, épouse de Jean Legenvre, tante de l'enfant, 32 ans.
Les enfants du second lit
Rose semble avoir abandonné son enfant naturel. Euphrosine Gustave est recensé en 1851 chez Jean-Baptiste Voyé et Angélique Legenvre. il est alors âgé de 4 ans. A 14 ans, il est encore recensé chez les mêmes en 1861 avec la qualité de domestique. Il se maria en 1866 avec une fille Glatigny, aura de premiers enfants à Jumièges puis s'établira à Grand-Couronne où il exerce le métier de cantonnier. Mais se femme accouchera encore à Jumièges dans le ferme du père Glatigny.
La descendance d'Euphrosine Gustave perdure sous le nom des "Mainberte" mais aussi "Maimberte" dans la région de Rouen. Aujourd'hui, un stade et un gymnase de Grand-Quevilly portent le nom de Philippe Mainberte. "Philippe Mainberte était un jeune espoir très prometteur de l'équipe de handball de l'ALCL, se souvient Hubert Barré. En rentrant d'un entraînement au gymnase qui ne portait pas encore son nom, il a trouvé la mort dans un accident en 1975."
31 mai 1876 Paul Marie Georges Lefebvre, de Paris baille à Jean-Baptiste Bidault une ferme de 15 ha avec verger édifié, clos et planté, terre de labour et joncs marins, moyennant 840 F annuel.
En 1876, cultivateur, il vit avec sa femme, Rose, et ses deux fils, Alphonse, 22 ans, cultivateur lui aussi et Pierre, 19 ans, il a pour voisins Euphronie Mainberte, son beau-frère, veuf, qui vit avec sa fille de 14 ans.
Le 8 avril 1878, Jean-Baptiste Bidault céda son droit de bail à Armand Alphonse Bidault, son fils célibataire alors âgé de 23 ans. Il lui vendit aussi du matériel agricole pour 800 F payés comptant. Les parents restèrent cependant sur l'exploitation.
Rose Mainberte est morte à 59 ans le 28 août 1879, rue Mainberte, avec le titre de journalière. Au service de son fils, sans doute.

Charles Mainberte est journalier et demeure au Sablon quand, le 8 novembre 1815, alors qu'il a 35 ans, il déclare le décès d'un mendiant en compagnie de Pascal Delametterie. Tous deux sont les neveux de ce célibataire de 60 ans, Denis Roussel, né à Barneville et venu mourir chez sa sœur Honorine.
Toujours journalier, Charles Mainberte mourut jeune le 8 février 1823 à Jumièges. Il avait 40 ans. Un mois auparavant, il avait déclaré le décès sous son toit de sa belle-mère, Geneviève Honorine Roussel. Le 11 Janvier 1823 sont comparus le sieur Louis Le Painteur 55 ans greffier ami de la défunte et le sieur Charles Mainberte 40 ans, cultivateur gendre de la défunte, lesquels ont déclaré que le jour d'hier à 7 heures du matin Roussel Geneviève Honorine âgée de 60 ans, journalière née en la commune de Barneville le 1er mai 1762, fille de feu Pierre Roussel et de feue Elisabeth Bréauté, épouse de Pierre Legenvre est décédée en la maison de son gendre hameau du Sablon. Signé C. Mainberte
Que s'est il passé dans cette maison du Sablon ? Est-ce là l’effet de ces épidémies qui frappent la Basse-Seine ?
Aîné du premier lit, Jean Charles Mainberte, 21 ans, devient le chef du clan. Le 16 février 1823, peu après la mort de son père, il alla en l'étude de Charles-Antoine Deshayes, le notaire et historien de Jumièges, en compagnie de Auguste Brunel afin de vendre à la seconde épouse de son père, Angélique Geneviève Legenvre "des parts indivis dans une succession sans désignation".
Le 26 avril, avec son frère, Angélique Legenvre partagea les biens de ses parents. Sa mère, veuve depuis vingt ans, venait en effet de mourir.
Angélique avait un sœur aînée, Marie, née en 1790 sous la tutelle spirituelle de Pascal Métérie, fils de Louis François Alexandre et de Marie Anne Guéroult, fille de Laurent.
Angélique avait aussi un frère, Jean Augustin, établi à Paris mais qui gardait un pied à Jumièges où il était né, en 1796, sous le parrainage de Pierre Augustin Guiot, jeune cultivateur au Sablon et Marie Anne Guéroult. En janvier 1824, plusieurs Jumiégois firent quittance chez Deshayes à Jean Augustin 'Lejamvre", de Paris. Citons Jean Baptiste Guillaume Ponty, les Benoît, Louis Fréret... Legenvre les tenait donc quitte d’une somme d’argent ou de quelque autre obligation.
Lejamvre donne par ailleurs une procuration à Charles Lesain, de Jumièges. Il le charge donc de défendre ses intérêts dans quelque affaire.
Mais suivons mon ancêtre direct.
Charles Mainberte (1817-1894)
Né jeudi 5 mars 1817 à 7h du matin sous le règne de Louis XVIII, il reçut les prénoms de Charles Thomas Euphronie. On l'appellera parfois Charles Thomas Euphrosie, parfois Thomas Euphrosie Charles. Voire même Euphrosine quand il déclare un enfant naturel de sa nièce, Rose Angélique, prénommé Gustave Euphrosine. Bref, dans tout ce pataquès, il semble que son prénom d'usage ait été Euphronie.
Les témoins de sa naissance furent Pierre Thomas Le Genvre, 35 ans, ancien marin d'Empire, employé des douanes royales, demeurant à Caudebec et Louis Le Painteur, greffier. Pierre Thomas Legenvre, qui le déclara en mairie, semble avoir été son parrrain. C'est le demi-frère de sa mère. Il avait été novice puis matelot dans la marine napoléonienne avant d'être douanier à Caudebec sous la Restauration. Il recevra la médaille de Sainte-Hélène, résidant alors à Vatteville-la-Rue où il décéda en 1858.
Charles vit sa mère devenue veuve, Angélique Legenvre, avoir successivement deux filles naturelles d'un ancien grognard. Natif de Rougemontier, soldat du 66e de ligne de 1809 à 1811, Jean Baptiste Voyé avait été congédié du dépôt de Bordeaux. Il était cultivateur à Jumièges et Angélique journalière. Ces naissances avaient eu lieu en 1828 pour Euphrosie et 1830 pour Victoire et ce n'est qu'en 1838 que le couple passa devant le maire, François Boutard. Les témoins du mariage civil ? Vincent Augustin Gosse, l'écrivain public, Jacques Thuillier, boulanger, Félix Metterie, l'épicier de Guerbaville, cousin d'Angélique et Adolphe Savalle, charron. Ce dernier est le père d'Emile Savalle qui sera plus tard historien de Jumièges... Les deux enfants nées hors mariage changèrent donc de nom. L'aînée avait déjà 11 ans...
Ainsi, bien entouré, Charles Euphronie avait-il des demi-frères et sœurs du côté de son défunt père et deux demi-sœurs du côté de sa mère.
En 1841, Charles Euphronie Mainberte épousa une fille de Jumièges de deux ans sa cadette, couturière, puis journalière. Les parents de la mariée sont morts depuis une vingtaine d'années. François Lefrançois, marchand ambulant est décédé à Guerbaville le 30 mai 1820. Sa mère: Marie-Rosalie Dede, journalière, est morte le 25 mai 1822. Le jour du mariage, les époux ainsi que les témoins durent prêter serment en certifiant ignorer le lieu de décès et dernier domicile des aïeux de l'épouse. Premier témoin: Jean Charles Mainberte, 39 ans, cultivateur à Jumièges, demi-frère de l'époux issu d'un premier lit, Augustin Gosse, 49 ans, ami de l'époux, Denis Guiot, 24 ans, cultivateur, ami de l'épouse, Jacques Minotte, Badestamier, 54 ans, Jumièges. Tous signent sauf l'époux et la mère de l'époux.
Les enfants de cette union :
Le 6 decembre 1886, Emile signe quittance à Albert Laurent Hulay, du Landin, Charles Hémile et Marie Eugénie Hulay, de Jumièges.
Emile Mainberte, 46 ans, cultivateur à Jumièges, se livrait paraît-il à la boisson depuis longtemps et avait de fréquentes altercations avec sa femme, Rosalie Virginie Landrin. Un soir, refusant de paraître à la table commune, il va se coucher dans le grenier où il a l'habitude de cuver son vin. Le lendemain, ne le voyant pas, sa femme monte au grenier et le découvre pendu à l'aide d'une corde passée sur une solive.
Il fut déclaré décédé le 23 novembre 1891 à 11 h du soir, en son domicile de la section des Iles. Auguste Mustel, le garde-champêtre et Séraphin Gouyer, tailleur d'habits, signèrent l'acte de décès. Maître Devaux me montra des pièces notariales le concernant datées de janvier 1909. Manifestement, il ne laissa aucune postérité. Georges Hasley, l'orphelin qu'il avait recueilli un temps, se maria à Flamanville en 1893. Aucune référence à sa famille adoptive ne fut faite.
Mais revenons à Charles Euphronie Mainberte. En 1851, il est fermier rue Mainberte et sa femme est dite cultivatrice. Il a 33 ans. Le couple, encore relativement aisé, n'a encore que quatre enfants. Je ne sais qui procéda au recensement mais l'homme dut faire halte dans les nombreux estaminets du boug avant d'attaquer la rue Mainberte qu'il écrit "Minberte" contre touts les usages. Quant à la femme d'Euphronie, Rose Lefrançois, elle est rebaptisée "Dede", ce qui était le nom de sa mère, morte à Jumièges 30 ans plus tôt...
En 1855, Euphronie vit l'une de ses demi-sœurs, Victoire, épouser un enfant de l'Assistance, Albéric Sumi, un nom inventé de toute pièce par l'Administration. Il avait le collier n° 428 de l'an 1832. Quant il fut recueilli, on trouva ce billet : "Je suis né 25 juillette a 10 heures du soir. Je demande le bataime. Je suis déposé le 26 juilette 1832 a 5 heures du matin. Je suis une enfant du sexse masculin." Et ce enfant portait un bandeau, un serre-tête de toile de coton, un bonnet d'indienne fond bleu à dessins jaunes garni de dentelle noire doublé... une pointe de fichu de toile carreaux bleus, rouges et blancs, une chemise à brassière de toile de coton garnie, une brassière pareille au bonnet et doublée d'étoffe blanche, trois vieux morceaux de chemise de femme pour servir de couchette, un lange de toile blanche piqué.
Le jour de son exposition, Albéric fut baptisé par l'abbé Bellefontaine. Il fut placé chez Lafosse fils, cultivateur et maire d'Yainville. Conscrit en 1852, Albéric était toujours domestique à Yainville. Il fallut le consentement de Julien Lelu, chevalier de la Légion d'Honneur, membre de la commission administrative de l'Hospice de Rouen, tuteur de l'enfant. Euphronie, mon trisaïeul, fut le premier témoin de cette touchante union, âgé de 38 ans, journalier. Il est aux côté d'un cultivateur, Louis Victor Ponty, de l'instituteur Maillon et de Louis Auguste Lequesne, un journalier.
Le couple eut l'année suivante un enfant, Jean Albert, et ce vieux grognard de Voyé alla déclarer son petit-fils en mairie avec le garde-champêtre Minotte. Il y eut un autre enfant Sumi, hélas mort-né.
De sa condition de domestique yainvillais, Albéric Sumi s'éleva au rang de jardinier puis de cultivateur à Jumièges. En 1874, on le voit témoin du mariage de Célina Bidaux, fille de Rose Mainberte, avec Théodore Simion fils. En 1901, il était jardinier pour le compte de M. Danger au bourg de Jumièges.
En 1861, Charles Euphronie est bûcheron. Je suppose donc qu'il travaille en forêt de Jumièges pour le compte du propriétaire, Hardel peut-être. Puis on dit Charles journalier, comme sa femme, quand celle-ci trépasse à 45 ans. C'était le 14 août 1864, rue Mainberte. Voilà Euphronie seul avec cinq enfants.
Ainsi apparaît mon aïeul dans le répertoire des minutes du notaire de Jumièges le mois de février 1869 : "vente par Thomas Euphrony Mainberte ou Maimberthe, de Jumièges, à Jacques Merre, du même lieu, d'un verger situé à Jumièges, édifié d'une petite maison, contenant environ 10 ares, 44 centiares, moyennant 750 F de prix principal et quittance par Jean-Baptiste Désiré Amand, de Jumièges."
Si modeste soit ce bien, 600 m2, cette vente montre que notre journalier est loin d'être à la rue.
Le 25 mai 1869, chez Me Bicheray, "quitttance par Thomas Mimberthe au percepteur des contributions directes de Duclair." (2 E 71/292 p. 34)
20 novembre 1871 : "quittance de Euphronie Mainberthe, de Jumièges, et Augustin Huet, de Rouen, à l'administration des Ponts et Chaussées." (P. 70).
En 1876, toujours journalier, Charles Euphronie vit rue Mainberte avec Séraphine, sa plus jeune fille. Il a pour voisins sa sœur Rose et son beau-frère Jean Bidault qui, lui, est qualifié de cultivateur sur une belle ferme de 15 ha qu'il loue à un Parisien. On imagine que tout ce monde travaille ensemble.
Charles Euphronie déménagea par la suite. En 1881, on le retrouve, section du Passage, toujours avec sa cadette, Séraphine Mainberte, devenue journalière elle aussi. Les plus proches voisins sont les Mauger, passeurs du bac sous la houlette de leur veuve de mère qui tient café.
Euphronie est mort en son domicile, section du Passage, le 5 août 1894, à l'âge de 77 ans. Les témoins de sa mort furent Théodore Simion père, 71 ans, cultivateur et Séraphin Gouger, 63 ans, le tailleur d'habits de Jumièges.
Pierre Mainberte (1842-1904)
Né à Jumièges le 4 novembre 1842 à 10h le matin aux Fontaines sous le règne de Louis-Philippe, mon arrière-grand-père reçut les prénoms de Pierre Charles. Il fut cultivateur puis journalier et enfin carrier à Yainville.
En 1863, Pierre et son père Charles se fendirent de 50 centimes pour venir en aide aux ouvriers sans travail. Une souscription lancée par Billeray, entrepreneur des travaux de la Basse-Seine ainsi que des carriers et marins employés en amont de Tancarville.
Le 26 mai 1869, à 26 ans, il fut le témoin du mariage de son frère, Emile avec Virginie Landrin, en compagnie de Simon Cabut, propriétaire, 71 ans, ami de l'époux, Pierre Antoine Glatigny, cultivateur, 37 ans, beau-frère de l'épouse, de Charles Gruley, l'instituteur, 36 ans, proche de l'épouse. C'est Honoré Aimé Lepel-Cointet qui officia. Euphronie Mainberte, le père, était présent. Et déjà veuf.
Quand il se marie le 11 octobre 1871, à 28 ans, il demeure à Jumièges. Son père aussi. Il était alors journalier et son père, présent, cultivateur. Sa mère n'était plus de ce monde. La mariée,
Augustine Levreux 1840-1898 (Parents : Louis Alphonse Levreux 1815-1895 & Clarisse Françoise Gruley 1809). 31 ans, était cultivatrice, ses parents aussi et elle vivait chez eux. Elle était veuve depuis deux ans d'un certain Barnabé, cadet d'une famille de 11 enfants. De ce premier lit était né un garçon, Alphonse, 4 ans au moment du mariage, que Pierre Mainberte allait accueillir jusqu'à ses 24 ans, âge auquel il mourut à Yainville.
Un contrat de mariage avait été passé chez Bicheray le 27 septembre 71. Ils optèrent pout le régime dotal et fondèrent à parts égales une société d'acquet en tous biens meubles et immeubles. Charles apportait une valeur de 600 F en meubles, effets et deniers.
Trois fois plus riche, la mariée apportait de son côté un trousseau ainsi conçu : 48 chemises, 24 draps, 12 nappes, 18 serviettes, 24 essuie-mains, 24 torchons, 12 paires d'habits, 6 caracos, 2 châles de laine, 12 tabliers, 24 mouchoirs de poche, 30 bonnets, 12 taies d'oreiller, 3 parapluies, une armoire de chêne, une commode en noyer, une courte-pointe, un tour de lit, une couverture de laine, un traversin, 2 oreillers, un lit de plumes, un matelas en laine, une montre en or, une chaine et une broche et divers objets à l'usage particulier de la future épouse, le tout estimet de concert entre les parties à la somme de quatorze cents francs sans que cette estimation en fasse ente au mari, la propriété en étant expressément réservée au profit de la future épouse qui dans toutes circonstances donneant lieu à l'exercice de ses reprises aura roujours le droit de emporter le dit trousseau en nature ou à son choix le montant de son estimation actuelle en argent.
Augustine apportait elle aussi une somme de 600 F en argent.
Le 4 octobre, une semaine avant les noces, Pierre Mainberte signe avec Jean Baptiste Alexandre Dossier un bail pour la location d'une ferme "à Jumièges et par extension à Yainville, contenant une maison d'habitation, prairie, oseraie, verger planté, terres en labour de sablon, le tout contenant environ trois hectares 40 ares moyennant 850 F de prix principal."
Deux mois plus tard, le propriétaire vint à mourir. C'était le 20 décembre, au bourg, Augustin Chantin, commerçant et voisin en fit la déclaration en compagnie de Gruley, l'instituteur. Fils de feu Antoine Dossier et de Marie-Anne Bettencourt, veuf d'Appoline Désirée Varin, ancien agriculteur devenu rentier, Dossier avait 75 ans. Il laissait notamment une fille pour héritière. Et pas n'importe qui. Depuis 1854, Pauline Alexandrine est l'épouse de Charles Sosthène Sabatier, membre de cette fameuse famille d'entrepreneurs qui fait tant de bruit dans les carrières d'Yainville et du Trait. Elle en divorcera en 1881. Silvestre, maire d'Yainville et concurrent des Sabatier, se fera un plaisir de rédiger l'acte d'état civil.
Du couple Mainberte-Levreux sont issus :
Le 18 juin 1873, Pierre Charles Mainberte ainsi que sa femme confièrent une procuration en blanc au notaire de Jumièges. (2 E 71/292 - P.99)
En juillet 1873, tous les héritiers Barnabé firent requête pour vente de récolte. En août ils déposèrent un cahier des charges chez le notaire de Jumièges. Puis il y eut adjudication le 7 septembre de divers vergers et autres prairies. (P. 104)
Un second garçon vint à naître qui ne vécut que dix jours.
Le 12 janvier 1874, Pauline Alexandrine Dossier résilia le bail des Mainberte à la ferme des Fontaines. Elle était alors séparée de bien d'avec son mari qui venait tout juste de revendre un bateau... nommé Alexandrine! Ma famille est donc restée un peu plus de deux ans dans sa ferme en bordure de Seine. Les raisons de ce départ ? Un arrangement à l'amiable, semble-t-il. Ce fut en effet le frère de Pierre, Emile, qui lui succéda dans la maison par bail signé le 9 février.
Mon arrière-grand-père et sa famille élirent alors domicile à Yainville dans une des trois maisons isolées recensées. Les autres habitations sont agglomérées au village, aux Carrières et au Claquevent. C'est là que naquit Marie Mainberte, le 13 mai 1875, la mère d'un futur maire de Jumièges...
Entre temps, en mars 74, les héritiers Barnabé, dont Louise Levreux, firent une vente de foin (P. 115)
La liquidation de la succession de Valentin Désiré Barnabé intervint enfin en juillet 1874 avec celle de Rose Justine Duquesne. (p. 122)
Pierre perdit sa belle-mère, Clarisse Gruley, en décembre 1877. L'inventaire eut lieu le 7 janvier 1878. L'épouse de Pierre, Louise Levreux, héritait ainsi de plus 1.700 F en mobilier, argent, rentes et créances. Le 28 mars suivant, elle fit cession de ses droits successifs mobiliers à son père, moyennant le prix principal de 216,50 F. Elle comme son mari et son père sont dits "tous de Jumièges" par Me Peschard alors que le couple Mainberte a bien été recensé à Yainville en 1876.
En 1881, Pierre et sa famille semblent encore avoir encore déménagé sur Yainville. Mon arrière-grand-père est alors carrier. Marthe, la petite dernière à 1 an. Mais pas de Julie, comme le pensait ma tante Marie-Louise. Et il n'y en aura pas. Louise Levreux a 41 ans. Ils ont pour voisins les Péresy. Pas loin sont les Mauger qui tiennent café, Flore Groult, femme Primoult, est épicière et débitante. Silvestre est à deux pas. C'est le quartier des Carrières, semble-t-il.
Le 5 mai 1895, Alphonse Levreux, veuf depuis près de 20 ans, est décédé au domicile de son gendre, Pierre Mainberte, en cette commune, aujourd'hui à 6 heures du soir, garde particulier âgé de 79 ans 1/2, demeurant à Yainville, fils de feu Levreux Dominique et de feue Duparc Marie Prudence, veuf de Gruley Clarisse Françoise avec laquelle il avait contracté mariage à Jumièges le 24 octobre 1839, sur déclaration faite à nous par Pierre Mainberte, demeurant à Yainville, journalier, âgé de 51 ans, gendre du défunt, et de Hébert Charles, instituteur, âgé de 30 ans. Le premier témoin à déclaré ne savoir signer.
Pierre Mainberte était un homme qui ne se déplaçait qu'avec une canne dont il menaçait volontiers son entourage. Une tradition familiale veut qu'il fit un procès à ses filles au prétexte qu'elles ne subvenaient pas à ses besoins. Mais les traditions familiales...
En 1901, il vivait en tout cas chez sa fille Marie, épouse Callais, au Conihout de Jumièges, où l'on était vannier pour le compte du sieur Lambert. Pierre Mainberte avait 59 ans et était toujours journalier. Curieusement, il est inscrit sur les listes électorales d'Yainville en 1903. Pierre Mainberte est décédé le 21 janvier 1904 à l'âge de 61 ans et fut inhumé à Jumièges.
Emile Mainberte (1872 - 1916)

A 20 ans, patron de gribane chez Silvestre, il fut accusé d'un vol de cordage et écopa d'un mois de prison.

Marié le 1er février 1896, Yainville, avec Julia Chéron 1872-1919 (Parents : Pierre Delphin Chéron 1838-1908 & Adelaïde Pascaline Mauger 1846-1927)
"... batelier et demeurant à Yainville, fils de Pierre Charles Mainberte, journalier et de Louise Augustine Levreux, demeurant tous deux à Yainville et de Julia Chéron, née à Guerbaville, le 15 octobre 1872, demeurant à Yainville, fille Pierre Delphin Chéron, pêcheur, et de Adelaïde Pascaline Mauger, cabaretière, demeurant à Yainville. Témoins: Eugène Groult, oncle du futur, 37 ans, Jumièges, Onésime Callais, vannier, beau-frère du futur, 25 ans, Yainville, Sosthène Chéron, douanier, Le Mesnil-sous-Jumièges."
dont :
Thérèse Mainberte 1896-1981
Marguerite Mainberte 1899-1933

Marie-Louise Mainberte 1901-1996
Emile Pierre Mainberte 1903-1961
Raymond Léonide Mainberte 1905-1981
Hélène Juliette Mainberte 1907-1914
André Henri Mainberte 1910-1911
Andréa Eva Mainberte 1912-1958
La famille fut considérée comme indigente. A ce titre, ma mère reçut de la commune une paire de galoches pour se rendre à l'école. Les Mainberte prirent un enfant de Rouen en nourrice qui mourut. Ils tenaient le café du Passage à Yainville. Emile Mainberte, malgré sa floppée d'enfant fut mobilisé durant la Grande guerre. Il contracta la tuberculose.
"Le huit mai 1917, huit heures du soir, Mainberte Henri Emile, né à Jumièges, le onze août 1872, fils de feu Mainberte Pierre Charles et de Levreux Louis Augustine, époux de Chéron Julia est décédé à Yainville. Dressé le 10 mai 1917, 7h du matin, sur la déclaration de Chéron Georgette, épouse Lemaréchal Louis Georges, demeurant à Jumièges, cultivatrice, âgée, de 47 ans, belle-sœur du défunt, et de Chéron Julia, veuve du défunt, 44 ans, sans profession, demeurant à Yainville qui, lecture faite, ont signé avec nous Leroy Athanase, maire de la commune d'Yainville."
L'épouse d'Emile Mainberte ne lui survécut guère et les enfants furent recueillis par une tante de Boscherville.

Après quoi, ils s'établirent dans la région parisienne.

Andréa Mainberte (1912 - 1958)
Ma mère est née au village de Claquevent, à Yainville.
Née à Yainville en 1912 sous la présidence d'Armand Fallières, elle reçut les prénoms d'Andréa Eva. Tôt orpheline, Andréa échappa à l'Assistance en étant recueillie par des membres de sa famille à Boscherville. Elle suivit son clan à Paris où elle pratiqua la haute-couture au 26 de la place Vendôme puis revint vivre dans sa commune de naissance, Yainville, en épousant Raphaël Quevilly. Je suis né de cette union.
Les Mainberte à Boscherville

Les Mainberte à Paris


ANNEXE

Le nom des Mainberte
A ma connaissance, en Normandie, il n'est qu'à Jumièges que le nom de famille Mainberte fut porté. On ne le trouve que de façon anecdotique à Caudebec et au Vaurouy. On serait tenté de penser qu'un Mainberte vint d'ailleurs pour s'implanter à Jumièges, attiré là par l'abbaye.
L'origine du nom Mainberte est germanique comme beaucoup de patronymes. Il vient de Magin, force, puissance et de Berht, brillant, illustre... Maginberta ou encore Magimberta était un nom de femme porté entre le VIe et le XIIe siècle sur le territoire de l'ancienne Gaule. En Normandie, beaucoup de patronymes viennent de noms germaniques et féminins. Ils se sont formés aux XIIe et XIIIe.
Voici ce que l'on peut lire à propos des noms de personnes sous Charlemagne dans le Polyptyque de l'abbaye de Saint-Germain :
Magan-. Cet élément onomastique, dont le sens nous est connu grâce au v. h; allemand magan, megin, force, paraît dans le Polyptyque sous les graphies magan-, magen-, magin-, magn-, maien- et main-, et a conservé cette dernière forme en frangais, où on l'écrit men- devant une voyelle, comme dans Menard, de Magenhardus.
[Maganbaldus], Magamboldus, Magemboldus. Magembertus, Maginbertus, Mainbertus. Mainbodus. Magenfredus. [Magenhadus], Magenadus. [Magenhardus], Magenardus 4, Maienardus, Mainardus. [Magenharius], Magenarius 3, Magenarus, Magnarius. [Maganoaldus], Magenoldus. Mainoardus. Magenulfus.
Mainberga. Magimberta, Mainberta. Magenildis 2.
Variantes : Maimbert, Mainberti en Provence.
A Camembert, dans l'Orne, on note, retranscrit dans les archives, un Campo Mamberti, dit encore Campum Maimberti à la fin XIIe siècle, ce qui signifie le champ de Mainbert formé à partir du nom d'homme d'origine francique Magin Berht.
Les seigneurs de Mainberte avaient droits de fondation et prééminences dans l'église de Marpiré dédiée à saint Pierre-ès-Liens.
La verrerie, métier de familles nobles, fut une activité de cette région.
L'ancien manoir de Mainberte fut la propriété successive des familles Busson, seigneurs de Gazon (1448, 1513), Matz, seigneurs de Gazon (avant 1627), Morel, sieurs de la Trognardière (1627). Françoise Morel épousa honorable homme Pierre Nicolle qui prit le titre de sieur de Mainberte vers 1667. Puis la maison fut la possession des Beziel. Marguerite Bislange, femme de noble homme Pierre Beziel y est morte le 16 mars 1689 à 29 ans.
Le même Pierre Beziel, sieur de La Goupillère, devait trépasser le 26 mars suivant à l'âge de 34 ans. Il fut inhumé par Julien Beziel, recteur de Saint-Christophe-des-Champs.
Les Beziel laissaient un fils, né le 6 août 1685, nommé par Guillaume Bislange, sieur de La Gendronnière et par Jeanne Beziel, dame du Bas-Chemin.
Le manoir de Mainberte passa ensuite entre les mains des Bénédictines de Vitré qui l'avaient encore en 1791.
Un capitaine Mainberte se distingua dans l'Histoire. Il fut de la prise de Montgommery en 1574.
La ville d'Angers possède en 1545 une rue Mainberte, alias Gauvaig, dite encore Menbert.
Dans le Dictionnaire historique du Maine-et-Loire, on apprend que la commune de Huillé possédait un fief Maimberte. — Anc. fief et seigneurie avec maison noble, dont est sieur n. h. François du Breil 1582, Suzanne Ogeron, veuve de René Dubreil, écuyer, 1627, n. h. Math. d’Estriché 1675, 1690, Suzanne-Franç. de Broc 1748.
Dans l'histoire du canton de Melan, Seine-et-Oise : Lantbert, lide, et sa femme, colone, nommée Aidramne, hommes de St-Germain. Leurs enfants sont: Mainbert, Aginilde, Maginberte, Ermenilde, Ermengarde. Il habite Maule. Il tient un manse servile, contenant 12 bonniers de terre arable, 1 arpent de vigne, 1 arpent de pré, 1 bonnier de bois. Il paie les mêmes redevances.
Le nom est porté jusque dans le sud de la France. Le 18 mai 1550, à Aix-en-Provence, une Magdallène Mainberte, épouse de Jehan Dangery, marie sa fille Catherine à Jehan Allexy, fils de Jacques et Jehanne Dollonny.
Pourly, près d'Arcy-sur-Cure, a sept lieues d'Auxerre, a dans son territoire la côte dite Mainberthe, qui donne des vins très estimés.
En Alsace, du côté de Belfort, est un chemin de la Mainberte.
Une tour de Mainberte se trouve du côté de Tours.
Mainbert est un nom d'homme rencontré un peu partout jusque dans des chartes en langue d'oc.
9H349 : aveu de Jean Mainberte, document numérisé par Josiane Marchand.
La référence à Gilles de Mainberte m'a été communiquée par l'archiviste de l'abbaye de Saint-Wandrille qui traduisait Egidius par Guy.
Dossier aveux du fief Mainberte de Jean-Claude Quevilly commenté par Patrick Sorel.