LE PILOTAGE
EN VALLÉE DE SEINE
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Depuis 2000 ans, les pilotes de Seine guident les navires, de plus en plus gros, entre Rouen et la mer.

Les pilotes de Seine... les virtuoses de la barre


Chapitre 1 : le pilotage aujourd'hui
  • Rouen, port de fond d'estuaire accueille 3 500 à 4 000 navires par an.
  • D'une longueur pouvant atteindre 280 m et d'un tirant d'eau garanti à 10 m, les commandants des navires laissent volontiers la barre à ces "artistes". Le pilote possède en effet une parfaite connaissance du fleuve. Légalement il est le conseiller du commandant qui reste maître à bord... dans la pratique, le pilote prend tout en charge... l'usage veut que le commandant n'intervienne pas. Il sait d'ailleurs que les pilotes, sont tout comme lui-même, capitaines au long cours ou capitaines de première classe, c'est-à-dire titulaire des plus hauts et des plus difficiles brevets de la Marine marchande française.
  • Lorsque les navires "atterrissent" sur la rade de la Carosse, au Havre, la pilotine (vedette de couleur orange, très puissante) bondit vers le navire. D'un geste sûr, elle s'accole au navire et le pilote monte par l'échelle de bord et rejoint ensuite le commandant à la passerelle. Il remonte ainsi jusqu'à Caudebec-en-Caux où a lieu la relève.
  • La relève  à CAUDEBEC-EN-CAUX
    C'est le changement de pilote qui fera le trajet jusqu'à Rouen.
    La station de pilotage de Caudebec
    photos : SEQUANA-NORMANDIE
A gauche : ancienne station de pilotage à Villequier
à droite : depuis 1985, la station a jeté l'ancre à Caudebec
Infos marines dans le bureau des pilotes
Courbes et contre-courbes... la Seine décortiquée
Gérald est l'un des trois canotiers à se relayer au poste 24h/24h. ses compétences sont variées : transfert informatique des données et pilotage de la vedette
L'embarque du pilote.... qui grimpe à l'échelle de corde



Si vous n'avez ni le mal de mer, ni le vertige...
SEQUANA-NORMANDIE vous propose un reportage photos
sur la relève du pilote.

Cliquez sur la photo ci-dessus
  • A l'entrée du port de Rouen, les pilotes font alors appel, éventuellement, aux remorqueurs pour les manœuvres d'accostage.
  • La vitesse des navires est limitée à 28 km/h à l'amont de Tancarville; puis à 14 km/h jusqu'au port de Rouen.
  • Le pilote de Seine est obligatoire pour tous les navires français et étrangers de plus de 45 mètres de long.

Dans les méandres du fleuve,
ces navires
qui frôlent les maisons remettent leur destin entre les mains des pilotes de Seine...
...des artistes de la barre.
  • Deux pilotes majors élus pour deux ans par leurs pairs et installés l'un à Rouen et l'autre au Havre.

  • Chaque jour, ils établissent "l'équation" : planification de l'engainement des navires dans le chenal tout en conservant une marge de sécurité suffisante appelée le "pied de pilote".
     
  • Ils étaient 117 pilotes de la Seine en 1960.
  • En 1999, ils sont 68 soit 38 au Havre & 30 à Rouen.
  • En 2002, ce chiffre s'élève à 65.

  • Ne soyez pas surpris si vous voyez une femme dans l'équipe....
    En effet, Catherine est la seule femme pilote de Seine.
    Elles sont seulement cinq ou six au monde à exercer ce métier !!!
  • La Seine est divisée en deux secteurs géographiques :

  • Les pilotes du secteur
    Seine aval (trajet Le Havre -Caudebec) sont surnommés les "Margats" (oiseaux de mer)
    Les pilotes du secteurs Seine amont (trajet Caudebec - Rouen) sont surnommés les "Perroquets" (oiseaux de terre).

    Remarque : La Station de pilotage de la Seine a aussi compétence à l'intérieur des zones suivantes :

    • la zone de Dieppe : les limites sont fixées à une distance de quatre milles au large des jetées.
    • la zone de Caen-Ouistreham : la zone est définie à l'ouest par le méridien de la bouée des Essarts ; à l'est par le méridien du feu de Dives-sur-Mer ; au nord par le parallèle de la bouée des Essarts et au sud par la côte et le chenal maritime jusqu'au sud du Bassin Saint-Pierre.
  • Les tarifs de pilotage de la station de la Seine sont calculés sur la base du volume des navires.

  •  

...quelques noms de pilotines.
Remarquez l'inscription "MARGAT LE HAVRE" à l'arrière de la pilotine



UNE ORGANISATION EN COOPÉRATIVE OUVRIÈRE

  • Tout nouveau promu devra devenir co-propriétaire du matériel qu'il utilisera, il devra acquitter sa quote part.
  • Dans chaque station, chaque pilote assure le travail qui lui échoit suivant son tour de liste. Les recettes totalisées en fin de mois et réparties suivant des règles bien définies.
    • Une part est tout d'abord réservée et versée à la "Caisse du matériel" qui a la charge de l'exploitation, de l'entretien et du renouvellement du matériel.(4 vedettes au Havre + 2 vedettes à Caudebec-en-Caux +1 vedette à Caen + 1 vedette à Dieppe + 1 vedette réservée au sondage de la Seine)
    • Une autre part sert à couvrir les frais généraux de toute nature et les frais d'administration de la communauté.
    • Une part est réservée aux paiements des pensions des pilotes retraités, des veuves et éventuellement des orphelins.
    • Tous les mois, les pilotes reçoivent la même part des excédents.
  • Mais il est des cas particulièrement difficiles ou graves, où le secours que peut apporter la station à l'un des siens s'avère insuffisant. C'est alors que l'on demande à la Fédération d'intervenir. En fait, ce sont tous les pilotes de toutes les stations qui unissent leurs efforts dans un geste de solidarité unanime.
  • Les pilotes sont soumis au contrôle des Pouvoirs publics représentés à l'échelon central par le Ministère des Transports via la Direction du Transport Maritime, via la Direction des Affaires Maritimes.
  

Chapitre 2 : Les origines du pilotage

L'existence des pilotes est aussi ancienne que celle de la navigation. Les Grecs anciens évoquent leur présence à bord des navires.
Plus tard, les auteurs romains en parlent à leur tour, parlant des "hommes de sonde" à l'embouchure des rivières ou de la "résistance des marins qui ne prennent pas les pilotes".
   
Chapitre 3 : le pilotage sous l'Ancien Régime

C'est une ordonnance royale du 1er avril 1566 qui organise officiellement le pilotage en Vallée de Seine (sous le Roi Henri III). On la doit à l'Amiral de France, Jean de Mouy, seigneur de La Mailleraye.
Il s'agit alors d'organiser et de responsabiliser une sorte d'artisanat.

Ce règlement définit l'exercice de la profession jusqu'en 1792 :

  • Les limites territoriales de la station
  • La nomination des pilotes chargés de jauger les navires
  • Collecter les taxes de pilotage et en délivrer quittance
  • Interpréter le règlement en cas de désaccord sur les salaires des pilotes
  • Faire baliser les endroits dangereux
  • Examiner les candidats pilotes...
  • Le tarif du pilotage (qui est fonction de l'origine locale ou non du navire, de sa nationalité, s'il monte ou descend le fleuve..)
  • Le nombre de pilotes : il est fixé à 100 pour Quillebeuf et 40 pour Villequier.

(en fait, Henri IV, qui avait le sens du symbole, avait fixé leur nombre à  99 à Quillebeuf, lui-même se considérant comme le centième!!!)
    C'est au XVII ème qu'apparaît la première mention de bateau-pilote (= chaloupe)
  • La faute professionelle : à l'époque les règles étaient particulièrement féroces. Elles prévoyaient notamment le "dernier supplice" c'est-à-dire la mort par pendaison pour les pilotes qui échouaient volontairement les navires dont ils avaient la responsabilité. L'ordonnance précise que la potence devait être dressée sur les lieux même de l'échouage, à proximité de l'épave. Si la faute était involontaire, c'était le fouet. Et si le pilote prenait la barre en étant ivre, c'était une amende!!!

→ Les pilotes devaient donc connaître, pour chaque jour, les modifications de la Seine (déplacement du chenal et modification des fonds) afin d'avoir toujours assez d'eau sous la quille.
Les premières méthodes étaient rudimentaires : la perche ou la sonde (voir collection au Musée de la Marine de Seine à Caudebec-en-Caux / Normandie/France)
A cette époque, les cartes, à peine achevées, étaient déjà périmées. Aujourd'hui, les sondeurs à ultrasons et l'informatique permettent de tenir à jour les cartes des fonds de manière précise.
 
    Chapitre 4 : La réorganisation du pilotage



    Bateau pilote "L'Émile DUCHEMIN"

    huile -  1892 -  par Eugène Grandin
    En 1891, Amédée Dormoy, chef du pilotage, décide l'achat de trois côtres pour se porter au devant des navires dans l'estuaire.
    Auparavant, les navires devaient prendre leur pilote au Havre.
    L'Émile DUCHEMIN sera abordé et coulé le 24 novembre 1894 par un vapeur anglais.

    Remarquez en tête du mat, le pavillon rouge à ancre blanche qui est le symbole des pilotes de Seine




    Bateau pilote :"Émile DUCHEMIN"
    Huile sur toile - E. Lemetayer
    En 1895, les pilotes achètent ce vapeur, baptisé lui aussi Émile DUCHEMIN ;
    les côtres étant mal adaptés au service des navires à vapeur de plus en plus nombreux.



    Médaille commémorative du pilotage
    Don du Pilotage au musée de la Marine de Seine à Caudebec-en-Caux
    Remarquez les deux types de bateaux ayant servi au pilotage à travers les âges.






RENSEIGNEMENTS COMPLEMENTAIRES

Les candidats aux fonctions de pilotes de la station de Seine doivent réunir entre autres les conditions suivantes:

  • Etre titulaire de l'un des brevets : Capitaine au Long Cours ; Capitaine de 1ère Classe de la Navigation Maritime ; Capitaine de 2ème Classe de la Navigation Maritime.
  • Justifier de 24 mois de navigation effective en qualité de capitaine ou d'officier chef de quart "Pont", à bord des navires de commerce.
  • Avoir 24 ans au moins et 35 ans au plus,
  • Justifier  de 72 mois de navigation pour des bâtiments de l'État ou de la Marine Marchande dont 48 mois au moins au service Pont.

POUR COMPRENDRE LA NÉCESSITE DU PILOTAGE :

 Difficulté de la navigation Le mascaret en Seine Comprendre les marées





Dossier créé par Sequana-Normandie
Le 25 octobre 1999
Modifié mai & juillet 2002
Renfloué en avril 2023









 
 













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