Au pays de Duclair, ils en auront vu de toutes les couleurs, les chirurgiens nommés Beyries. Là un meunier écorché par le croc du boucher, ailleurs un pauvre jardinier lapidé par des voleurs de pommes. Voici comment s'établit leur dynastie...

Jacques Beyries (de 1722 à 1749)

Reçu chirurgien de Duclair en 1722, originaire de Saint-Pierre-du-Nogaret, actuelle Lozère, Jacques Berries épousa l'année de sa réception Cécile Lemercier qui mourut deux ans plus tard, lui laissant un fils qui ne survécut guère.

Après cinq années de veuvage, Jacques Berries se remaria avec Marguerite Gresset, le 4 juillet 1729. Elle ne lui apportera aucun héritier.

Sur la place du marché de Duclair, Jacques Beyries tenait boutique de barbier-chirurgien quand, en 1733, il vit venir à lui un "pays" qui exerçait le même état que lui et portait aussi le même nom. Il s'appelait Jean Beyrie, originaire de Caumont, à une dizaine de kilomètres de Saint-Pierre-du-Nogaret. Comment ne pas voir en cet homonyme un sien parent.

Moins d'un an plus tard, ce jeune associé manifesta le désir de voler de ses propres ailes en saisissant une opportunité. A Jumièges, Louis Claverie, le chirurgien du cru, était décédé depuis maintenant quatre ans. Son épouse avait ainsi hérité du privilège de sa boutique et c'est celle-ci que convoita alors Jean Beyries.

Il lui fallut pour cela faire une demande auprès de la haute justice de Duclair et voici comment elle fut examinée...
Le nom sera orthographié par nos scribes sous mille variantes : Beyries, Bairies,  Berryes...

Jean Beyries (1731-1768)

Le mardi 26 octobre 1734 était jour de marché à Duclair. Jean Beyries formula ainsi sa requête au bailli, Nicolas Delamarre.

Supplie humblement Jean Beyries, chirurgien, ayant le privilège de Elisabeth Daureroux, veuve de feu maître Louis Claverie, vivant demeurant au bourg de Jumièges, natif de la paroisse de Caumont, province de Gascogne, âgé de 25 ans, il vous remontre, Monsieur, que depuis plus de douze années, il exerce la profession de chirurgien, ayant travaillé dans plusieurs villes de ce royaume, notamment dans celles de Bordeaux, La Rochelle, Orléans, Paris et Rouen où il s'est exercé et professé sans aucun reproche. même que depuis un, il a travaillé chez le sieur Jacques Beyries, maître chirurgien en ce bourg de Duclair, lequel attestera de sa capacité, ce qui l'a engagé, étant en état de tenir boutique ouverte de la dite profession, de prendre le droit de la dite Dauceroux, veuve dudit défunt Louis Clavery, chirurgien demeurant en ladite paroissse de Jumièges, pour ce quoy il vous présente sa requête.
A ce qu'il vous plaise, Monsieur, permettre autoriser le suppliant d'ouvrir et de tenir boutique ouverte de la dite profession de chirurgien et de le recevoir dans l'étendue de votre haute justice et baronnie à l'effet de quoi prendre de luy le serment et vous ferez justice.

Le bailli Delamarre communiqua aussitôt cette requête au procureur fiscal qui, avant de se prononcer, demanda que soient certifiés la vie, mœurs et religion catholique et apostholique du suppliant et enfin sa capacité à exercer cette profession. Louis Claverie, chirurgien de Jumièges, était originaire du diocèse  de Bordeaux, paroisse de Macan.
Le 15 avril 1700, il avait épousé, toujours à Jumièges, Elisabeth Daureroux, de la paroisse de Saint-Pierre-d'Aire, en Artois. Ce fut en fait la réhabilitation d'un mariage déjà célébré ainsi que la reconnaissance d'une fille âgée de 3 ans.
Louis Claverie est mort à Jumièges le 21 août 1727 à l'âge de 66 ans.

Christophe Letourneur, le sergent royal, scella sans attendre son cheval et partit assigner avant midi trois témoins. Furent ainsi convoqués aux halles Guillaume Legrand, chapelain de la paroisse Notre-Dame-de-Bonport, à Anneville, François Letanneur, 23 ans, chandelier de Duclair et enfin Jacques Berryes, 37 ans, le chirurgien en place.

Ce dernier, comme les autres, jura solennellement n'être ni parent, ni allié, serviteur, domestique ou partie du requêrant. Serment étonnant qui ne sembla pas intriguer nos magistrats. Voilà pourtant deux hommes originaires de la même région et qui portent le même nom. Jacques Beyries attesta en tout cas que son homonyme était parfaitement capable de remplir les fonctions de chirurgien.

Après sa réception et sa prestation de serment, Jean Berryes alla donc s'intaller à Jumièges om l'année suivante, 1735, il épousa Catherine Vastey dont il aura neuf enfants. Il est ainsi l'oncle de Jean-Valentin Vastey qui fut colon à Saint-Domingue et père du fameux baron de Vastey.

Le 2 septembre 1739, Jean Berryes fut parrain en compagnie d'Anne Cauvin d'une petite-fille de mon ancêtre meunier, Michel Gruley. Elle fut nommée Anne Angélique Chéron. Hélas, elle ne vécut que trois ans. Le 28 juin 1744, l'épouse de Jean Berryes, Catherine Vastey, fut à son tour marraine chez les Chéron, en compagnie du meunier Gruley.

Pendant ce temps, Jacques Berryes tenait toujours une échoppe à Duclair où l'on venait se faire raser. Il était commis par la justice pour faire des rapports sur les blessés dans le cadre de faits divers. Ainsi intervenait-il aussi à Jumièges, secteur de son homonyme. Ce fut le cas dans la rixe qui opposa des meuniers le 14 août 1741.
Jacques, qui signe Beyries, mourut le 25 septembre 1749 et fut inhumé dans l'église de Duclair devant la chapelle de la Vierge. Les témoins de sa mort furent encore deux homonymes. D'abord un certain Jean Berrye, chirugien, de Saint-Pierre-de-Nogaret, dit cousin du défunt. Et puis notre Jean Beyries, le chirurgien établi à Jumièges. Lui, aucun lien de parenté n'est précisé. On se borne à le présenter comme étant natif de la paroisse Saint-Germain, à Caumont. Là, les registres paroissiaux en font le  fils d'un maître tailleur.
Jacques Bayries étant mort, sa veuve s'empressa d'épouser un nouveau chirurgien apparu à Duclair : Amédée Cavoret.

En 1754 Jean Berrye est quant à lui commis aux rapports dénominatifs des personnes malades ou blessées à Duclair. On le retrouve au chevet de nombreux estropiés dans des faits divers à Jumièges.

Michel Renault se fait lapider par des voleurs de pommes. Lire :

Charles de la Metterie et Valentin Gruley s'étripent à propos d'un agneau : 

La petite Rose Lambert  est tuée à coup de lance-pierre par les frères Porgueroult :

Le fils Renault se fait désarçonner par les mêmes :


Berrye forma son fils comme "apprentif"...

Jean-Baptiste-Benoît Bairies (1764-1792)


Jean-Baptiste-Benoit Bairies est né en 1737 à Jumièges. Son parrain fut Pierre Vastey, père de Jean-Valentin Vastey. En 1762, il est poursuivi pour exercer sans mandat à Duclair. Mais il y sera officiellement nommé en 1764. A Jumièges, son père, toujours chirurgien, meurt quatre ans plus tard. L'inventaire de ses biens fut dressé le 18 mai 1768 par Romain Dépouville, tabellion de Saint-Georges-de-Boscherville. Entre temps, Baries fils aura épousé Marie-Rose Lasne dont il eut trois filles. Le 20 juin 1769, Bernard Bayries donne procuration à Jean-Baptiste-Benoît. (Archives Dépouville).

En 1776, Jean-Benoît Bairies dressa un rapport sur les maladies du canton.

Lettre de Jean-Baptiste Bairies à Monseigneur de Crosne, intendant de la généralité de Rouen,

"Supplie humblement, Jean-Baptiste Bairies, cy devant chirurgien à la suitte des armées du roy en Allemagne, chirurgien de la Marine, reçu au collège des maistres en chirurgie de Rouen et demeurant au bourg de Duclair,

"Vous remontre que depuis deux ans, il règne aux environs de Duclair une espèce de maladie épidémique qui a enlevé depuis le printemps, dans la seule paroisse de Jumièges, environ cinquante personnes, pourquoy (le signataire) auroit été obligé de se déplacer souvent pour donner secours aux pauvres malades qu'il a traités non seulement de la ditte maladie mais encore de nombre de maladies chirurgicales qu'il a conduites à leur parfaite guérison et dont l'estat est joint à la présente, la maison du suppliant est en outre ouverte à tous les pauvres qu'il traitte de touttes sortes de maladies sans épargner son temps et les dépenses pour les médicaments qu'il leur fournit gratis et cependant le suppliant est chargé de trois enfants et d'une femme âgée de trente six ans percluse depuis deux ans, la modicité de sa fortune ne répondant pas à son zèle pour secourir l'humanité, il entreprend exprès le voyage de Paris pour prendre la liberté de vous présenter sa requête.

"A ce qu'il vous plaise, Monseigneur, lui accorder une gratification qui le récompense de ses peines afin qu'il puisse continuer de secourir les pauvres et luy faire fournir des boettes de médicamens que la bonté du Roy fait distribuer dans les provinces pour le soulagement des pauvres qui béniront à jamais la bienfaisance du Roy et qui prient sans cesse avec le suppliant pour la conservation des jours précieux de votre grandeur et vous ferez justice.

"Présenté à Paris, le 27 janvier 1777.

BAIRIES.


Estat des maladies traittées par le sieur Bairies, chirurgien, dans les paroisses de Duclair, Jumièges, Yainville, Le Trait, Le Vaurouy, Launay pendant les années 1775 et 1776.

Fait l'opération d'un bubonocèle à la veuve His, de Jumièges, avec étranglement et gangrène à la circonférence du sac herniaire, conduit la maladie pendant trente jours jusqu'à la guérison.

Réduit une fracture au nommé Hardy, de Duclair, située à la clavicule, conduit jusqu'à parfaite guérison.

Réduit une fracture à la partie moyenne de la jambe au nommé Naubert, de Jumièges,et  conduit la maladie jusqu'à parfaite guérison.

Traitté pendant quarante jours le nommé Vincent, journalier à la paroisse de Launay, d'une plaie qui a été faite par un instrument tranchant qui a coupé entièrement l'artère radiale avec plaie à l'os, guéry radicalement.

Fait l'opération d'un cancert situé sur l'omoplate au nommé Dorléans, du Vaurouy, la tumeur pesant trois livres et demie, conduit la maladie jusqu'à parfaite guérison après quatre vingt jours de traittement.

Réduit une fracture compliquée au carpe de la main droite au nommé Lajeunesse, carrieur de profession, pansé et médicamenté pendant quarante jours et guéry radicalement.

Traitté la fille Charles, de Duclair, d'un phlegmon au bras, fait quatre ouvertures profondes et pansé pendant douze jours.

Traitté et médicamenté la veuve Mareschal d'une plaie considérable sur les vertèbres lombaires dont une partie des dites vertèbres carriée, la plaie portant dix huit pouces de circonférence, la plaie ayant été occasionnée par un dépôt à la suite d'une fièvre putride, pansé la malade pendant quatre vingt jours et guérye radicalement, la malade étant âgée de 75 ans.

Le nommé Vauquelin, de Duclair, traitté d'un dépôt phlegmoneux au bras et guéry radicalement.

Le nommé Conihout, de Jumièges, traitté d'une humeur scorbutique et scropuleux, fait huit opérations aux bras, aux jambes, aux cuisses, de dépôt, après deux mois de traittement, guéry radicalement.
Infecté par un nourrisson

Le nommé Bacheley, de la paroisse de Yainville, traitté jusqu'à parfaite guérison de la vérole invétérée occasionnée par un nourrisson qui a occasionné et communiqué la maladie à la nourrice et ensuite au père nourrisson.

Traitté le nommé Cousin, de Duclair, d'u volvulus et de vomissements qui ont duré quarante jours, guéry radicalement.

La fille Blanchard, du Vaurouy, traittée jusqu'à parfaite guérison d'une gangrène humide à la suite d'un dépôt dans l'articulation de la jambe avec le pied et ce pendant deux mois de traittement et pansement.

La fille Thiery, de la paroisse de Jumièges, traittée d'un ulcère à l'hypocondre gauche à la duite d'un dépôt et traittée pendant trente jours.

Traitté le nommé Fleury, du Mesnil, d'un dépôt gangréneux, guéry après trente jours.

Traitté le nommé Baulieu d'une fracture annulaire avec une plaie grave au carpe, guéry après quarante jours de traittement.

Mordue par un cheval

La femme du nommé Talbot, de Varengeville, traittée d'une morsure de cheval au bras droit qui a occasionné gangrène, après soixante jours de traittement, guérye radicalement.

Traitté la fille Duparc, de Jumièges, fait l'ouverture d'un dépôt à l'omoplate, après trente jours de traittement, guérye radicalement.

Le nommé Fauvel, du Trait, fait l'ouverture d'un dépôt à la partie moyenne de l'hypocondre gauche occasionné par une chute, disséqué une partie des muscles travers du bas-ventre gangréné avec un fossé du costé de l'aine, après trente jours de traitement, guéry radicalement.

Paralysée par la peur

La fille Lamoureux, d'Erteauville, âgée de douze ans, percluse de tous ses membres, après huit mois de traitement, elle a marché et s'est servie de ses mains pour manger et elle commence maintenant à travailler. La cause de sa maladie a été occasionnée par une peur qui a noué toutes ses articulations par l'épaississement de la sinovie et de la limphe, il y a tout lieu d'espérer au Renouveau prochain une guérison radicale en luy faisant prendre les bains et les douches.

Traitté le nommé Bernard, de Duclair, d'une fièvre maligne, après trente jours de traittement, guéry radicalement.

La fille Ivelin, de Duclair, guérye d'une inflammation du bas-ventre après vingt jours de traittement.

Réduit une luxation très compliquée à la jambe au nommé Capel, de la paroisse de Yainville.

Réduit une luxation de l'humérus à la femme Capel, de la paroisse du Trait.

Traitté la veuve Thirel, de la paroisse de Jumièges, d'une colique néphrétique pendant quinze jours et guérye radicalement.

Traitté le nommé Buley, de la paroisse de Duclair, d'une fluxion de poitrine pendant quinze jours et guérye radicalement.

Piquée par une vipère

Traitté la femme Boinlliau (?) de la paroisse de Duclair d'une piqûre d'aspic a la main qui a occasionné des accidents graves, fait six scarifications aux bras, à l'avant-bras et l'omoplate pour empêcher la mortification à cause d'un étranglement considérable sur toute la bras et de l'omoplate, traittée pendant quinze jours et guérye radicalement.

Traitté à Jumièges, hameau d'Erteauville, les nommés Le Roy, trois frères, d'une fièvre putride qui à duré trente jours et ayant été secourus tous trois dans le même temps et tous trois guérys radicalement.

Le nommé Pierre la Fontaine traitté d'une humeur scorbutique, terminé la maladie pendant quarante jours.

Traitté le nommé Lefebvre, de la paroisse de Duclair, d'une faiblesse aux yeux pendant un mois et guéry radicalement.

Traitté le nommé Mareschal, du Trait, d'une fièvre putride pendant vingt jours et guéry radicalement.

Traitté un mendiant au Tailly d'une humeur scrophuleuse pendant quarante jours, fait l'ouverture de quatre dépôts, guéry.

Traitté la femme du nommé Orléans d'une fièvre maline avec une hémorragie considérable, guérye radicalement après vingt jours de traittement.

Le nommé Bourgachard, de Jumièges, traitté d'une fluction de poitrine suivie de suppuration, après vingt jours de traittement, guéry radicalement.

Traitté le nommé Vigé, d'Herteauville, d'un dépôt gangréneux pendant vingt jours.

Traitté la femme La Bisque, de Jumièges, d'une tumeur en forme de goettre à la gorge, guérye radicalement.

Traitté la femme Rogé, d'Herteauville, d'une attaque d'apoplexie et de paralysie pendant huit jours.

Les vapeurs de Mme Boutard

Traitté la femme d'un nommé Boutard, de la paroisse de Jumièges, de vapeurs histériques, guérye radicalement.

Traitté le nommé Lambert, de Jumièges, d'une luxatino à la jambe, guéry radicalement.

Je traitte encore maintenant la femme Benard, de Jumièges, d'une supression de couches qui s'est terminée par une éruption milliaire considérable ensuite est survenu des dépôts laiteux aux bassin, traitté la dite Benard pendant vingt jours consécutifs, distance de Duclair d'une lieue et demie, elle est maintenant convalescente.

Je traitte maintenant Louis Le Carpentier, de Jumièges, un dépôt à la suite d'une fièvre maligne dans l'articulation du bras ou pt y avoir carie, je ... le cubitus et détruit la carie, traitté le malade pendant soixante dix jours et commence à retravailler.

Je traitte maintenant le nommé Caron, de Jumièges, d'une humeur scrophuleuse qui a formé des nodus dans l'articulation des doigts et du poignet, le malade depuis deux ans, il commence à aller mieux.

Traitté la femme Mase (?) de vapeurs histériques, guérye radicalement.

Traitté le nommé Ponty, de Jumièges, d'une luxation aux vertèbres cervicales et de l'humérus.

Traitté la femme Bouchard (?) d'une fièvre putride jusqu'à parfaite guérison.

Je certifie le présent certificat véritable en tout son contenu, fait à Paris le 26 janvier 1777.

Le 22 mars 1782 paraît cette annonce dans Le Journal de Rouen : "A vendre une maison sise à Duclair, sur la place, près des halles, appartenante à M. Bayries, chirurgien, consistante en cuisine, chambres, salle, le tout lambrissé, greniers etc. On vendra avec la maison les lambris, table de marbre et autres objets tenant nature de fonds, l'acquéreur aura toutes les facilités possibles et prendra tels arrangements qu'il voudra. S'adresser audit sieur Bayries  ou a M. Varanguien, notaire à Jumièges."

En 1786, on le voit intervenir après l'agression du haleur, Pierre Bigot.


Médecin des gens de mer

En 1780, Bairie sollicité un brevet de chirurgien de Marine auprès du ministère. Le 2 février, du Havre, le sieur Mistral répond à ce sujet au ministre de Sartines :

 " Monseigneur. J'ai reçu avec la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 29 du mois dernier le mémoire apostillé par M. de Langerie que le sieur Bairies, chirurgien  établi depuis longtemps au bourg de Duclair a eu celui de vous présenter  à l'effet que vous daigniez lui accorder un brevet de chirurgien de la Marine en considération des services pour les gens de mer du quartier de Rouen.
Dans deux inspections des classes que j'ai fait dans ce département, pendant les années 1769 et 1775, le Sr Bairies n'y a té employé pour la visite des gens de mer suspectés d'invalidité que pour les paroisses du quartier de Rouen qui avoisinent La Mailleraye et qui forment la plus petite partie de ce quartier ; et la visite de toutes les autres a été faite, à Rouen, par le Sieur Gravé, chirurgien établi dans cette capitale de cette province. A chacune de ces inspections, j'ai sollicité des gratifications qui lui ont été accordées pour le dédommager de ses peines ; qu pour le récompenser de quelques gens de mer, voisins de Duclair, auxquels je savais qu'il avait donné des soins.

Dans les revues que MM. de la Touche Tréville et Pinet ont depuis faites, il est à croire d'après l'apostille de M. de Langerie, qu'il a été alors employés dans toutes la totalité du quartier de Rouen, ce qui, Monseigneur, peut vous être également constaté par ces Messieurs. Mais en le supposant, je crois qu'une gratification de 200 # ou 300 # au plus sera suffisante au Sr Bairies pour qu'il soit amplement récompensé de ces revues.

Outre, monseigneur, que ne n'ai pas oublié combien peu vous êtes disposé à accorder des brevêts de chirurgien de la Marin à cette classe de chirurgiens, quand vous seriez dans des dispositions contraires, le Sr Bairies ne serait pas, il me semble, dans le cad de l'btenir. Il vaudrait mieux accorder la préférence à un des habiles chirurgiens établise à Rouen, dont les talents sont plus reconus, assurés et exercés que ne le sont ceux du St Bairies et qui étant dans le chef-lieu du quartiers est toujours à portée de visiter les gens de mer que jurnellement l'officier des classes est à même de lui envoyer. Au lieu que les secours du Sr Bairies, outre qu'ils sont inférieurs, ne son mis en activité que lors d'une levée et d'une revue des classes dans son canton. J'ai l'honneur de vous envoyer si joint le mémoire de ce chirurgien.

Je suis avec un profond respect, Monseigneur, votre humble et très obéissant serviteur.
Mistral.

A Monseigneur de Sartine, Ministre et secrétaire d'Etat de la Marine,

Monseigneur,
Jean Bairies à l'honneur de vous représenter qu'il a fait au service de Sa Majesté en qualité de chirurgien les campagnes de 1757, 1758 et 1759 sur les frégates le Malicieuse et la Danaë et le vaisseau le Héros, qu'atant venu se fixer au bourg de Duclair pour y exercer sa profession, il a toujours été employé depuis 1764 à la visitte des gens de mer dans différentes revues des classes et notamment dans les dernières années aux revues générales de Monsieur le marquis de la Touche Tréville, inspecteur, et de M. Pinet, ce qui lui a fourni l'occasion de traitter nombre de marins de fistules, de faire de playes d'ulcères , du scorbut et autre maladies et de faire différents opérations et traittements auxquels il s'est livré avec zèle presque toujours grattuitement, et qu'il a eu le bonheur de le faire avec succès ce qui fait espérer au suppliant d'obtenir les bontés de Monseigneur le titre de chirurgien de la Marine à Rouen et à tels appointements qu'on jugera convenable ; cette récompense seroit un motif pour refoubler ses soins et son activité, et il ne cesserera d'adresser ses vœux au ciel pour la conservation des jours précieux de Monseigneur.
Bairies.

Nous commissaire des classes de la Marine à Rouen, certifions que depuis trois ans que je suis chargé du service des classes dans le département de Rouen, le Sr Jean Bairies, chirurgien à Duclair, ayant toujrs été employé dans les diverses revues aux visites des gens de mer dans toute l'étendue de ce quartier, s'est porté avec le plus grand zèle et la plus exacte assidutuité à procurer aux marins les secours de son état et souvent gratuitement sans avoir obtenu depuis ce temps aucune gratification pour ses peines ni dédommagement de ses courses réitérées pour le service de classe ne luy ayant alloué aucunes vacations dans l'espoir que ce chirurgien conserve d'obtenir des bontés de Monseigneur le brevet de chirurgien de la Marine à Rouen.
De Langerie.

26 février 1780
Le Sr Bairies chirurgien
200 # de gratifications.

M. Mistral fait repasser le mémoire du Sr Bairies chirurgien qui sollicitoit le brevet de chirurgien de la Marine à Rouen pour récompense des soins qu'il donne depis plusieurs années aux gens de mer et pour lequel M. de Langerie, commissaire des classes, demandoit aussi cette grâce par une apostille au mémoire....

Et de reprendre les arguments de Mistral. On lui accorda donc une gratificatoin extraordinaire de 200 livres. La décision fut signée d'un certain Blouin. Après quoi, Mistral rendit compte au Ministère qu'il avait bien fait payer à Bairies les 200 livres accordées.

Jean-Baptiste-Benoit Bairies est mort en 1792. Il aura été successivement chirurgien major des vaisseaux du roi, chirurgien de Duclair et commandant de la garde nationale de Duclair.

Annexe


La descendance de Jean Berrye et de Catherine Vastey

Jean Berrye, né en 1710, Saint-Germain-de-Caumont, diocèse de Condon, décédé le 8 mai 1768, Jumièges à l’âge de 58 ans, Chirurgien de Jumièges. Marié le 5 mai 1735, Jumièges, avec Catherine Vastey, née le 24 janvier 1710 , Jumièges. 

... dont:


1) Jean Jacques Valentin Berrye, né le 4 mars 1736, Jumièges, décédé le 31 juillet 1737, Jumièges, à l’âge de 16 mois. 

2) Jean-Baptiste Benoit Berrye, né le 11 juillet 1737, Jumièges, décédé le 2 septembre 1792, Duclair, à l’âge de 55 ans, Chirurgien major des vaisseaux du roi, chirurgien de Duclair, commandant de la garde nationale de Duclair. Marié le 31 août 1763, Duclair, avec Marie-Rose Lasne... dont:

- Marie Catherine Françoise Berrye, née le 15 août 1764, Duclair, baptisée le 23 août 1764, Duclair. Mariée le 16 juillet 1793, Duclair, avec Jean-Baptiste Charles Bertrand, né en 1766, Homme de loi. Celle-ci eut des parrains huppés. En péril de mort, elle fut ondoyée par Me Jean Bouchet, maître chirurgien accoucheur, d'Epinay-sur-Duclair, en présence de Mmes Heurteault et Bertault. Ses parrains furent François Gabriel César de Margeot, écuyer et chevalier et seigneur de Saint-Ouen le Hoult, seigneur et patron de Saint-Georges du Mesnil, diocèse de Lisieux, et Marie Catherine Geneviève Lebas de Fresne, femme de Louis François Léopold de Bernières, Seigneur du Villers en Caux, paroisse de Saint-Pierre de Manneville.  Seule Marie-Catherine fonda un foyer.

- Marie Jeanne Aimée Berrye, née le 27 juillet 1771, Duclair, décédée le 25 janvier 1793, Duclair à  l’âge de 21 ans. Son père est absent au moment de sa naissance. Ses parrains furent Jean-Pierre David, chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu de Rouen et Catherine Panié, épouse de M. de Fréville du Vaurouy. Les témoins de sa mort furent Emmanuel Adam, maréchal de 38 ans et Louis Rivière, tourneur de 60 ans.

- Honorine Catherine Félicité Berrye, née le 12 septembre 1773, Duclair, décédée en 1777, Duclair, à l’âge de 4 ans. Son père est absent au moment de sa naissance. Ses parrains : Pierre Valette, marchand fleuriste de St Louis de Rouen, Honorine Heugue, femme de Michel Valette, maître de manufacture de faïence de St Louis. Elle fut inhumée en présence de René Hardy, clerc, et Pierre Gaudray, cordonnier.

3)  Michel Etienne Berrye, né le 9 novembre 1740, Jumièges, décédé le 28 octobre 1814, Saint-Martin-de-Boscherville à l’âge de 73 ans, Employé dans les fermes du Roi à Saint-Georges-de-Boscherville puis lieutenant aux Douanes. Marié avec Marie Fleury... dont: 

- Jacques Etienne Félix Berrye, né en 1771, Saint-Martin-de-Boscherville.

- Rose Berrye, née à Lillebonne, décédée en 1856, Saint-Martin-de-Boscherville. Mariée en 1801, Saint-Martin-de-Boscherville, avec Michel Chandelier. En 1800, Rose Berrye était garde malade. Elle fut témoin du décès de Marie-Anne Bréant, le 14 décembre. Elle était âgée de 80 ans et avait été l'épouse de Pierre Eustache Bucaille. La défunte était la fille de Gabriel Bréant, greffier criminel, et Louise Langlois. Rose signa l'acte en compagnie de Marguerite Bellencombre, veuve de François Duval.
4) Marie Catherine Rose Berrye, née le 19 avril 1743, Jumièges, baptisée le 20 avril 1743, Jumièges, décédée le 13 janvier 1750 , Jumièges à l’âge de 6 ans.

5) Thomas Berrye, né le 11 novembre 1745, Jumièges, Chirurgien en la paroisse de Guerbaville puis Monfort. Marié à Guerbaville le 27 août 1764 avec Catherine Rogerel, fille de Thomas et Marguerite Martin. Mariage précipité dont :

- Thomas Berrye, né le 29 octobre 1764 à Guerbaville, parrainé le 2 novembre par Thomas Rogerel, de Guerbaville, son grand-père et Catherine Vastey, sa grand-mère, de Jumièges, décédé le 31 juillet 1767 à Jumièges à l’âge de 3 ans.

- André Benjamin Berrye, né le 27 février 1776, Montfort, décédé le 16 mai 1837, Bourneville à l’âge de 61 ans, Chirurgien et maire de Bourneville. Marié avec Marie Anne Hébert... dont:

- Célestine Berrye, née en 1812, Bourneville. Mariée avec Pierre Victor Condor, Médecin, maire provisoire de Jumièges


6) Augustin Berrye, né le 11 octobre 1747, Jumièges, décédé le 11 mai 1749, Jumièges à l’âge de 19 mois.

7) Noël Louis Grégoire Berrye, né le 2 septembre 1749, Jumièges, décédé le 13 octobre 1749, Jumièges à l’âge de un mois
8) Marie Catherine Berrye, née le 5 avril 1751, Jumièges. Mariée le 19 janvier 1773, Jumièges, avec Laurent Mazot.
9) Rosalie Berrye, née le 22 mars 1753, Jumièges. Mariée le 28 avril 1779, Jumièges, avec Louis Romain Dépouville, fils du notaire royal. Le couple eut un garçon prénommé Etienne, né le 30 janvier 1780 et qui fut grognard d'Empire au sein du 155e régiment d'infanterie de ligne.

SOURCES

Archives départementales de la Seine-Maritime, cote 199BP37 et C 86, documents numérisés par Jean-Yves et Josiane Marchand. Rédaction : Laurent Quevilly.