A Jumièges, vers le VIIe siècle, les moines ont
doté le pays de diverses espèces de bonnes pommes
et
poires et notamment le long du rivage ; les fruits tendres, tels que
prunes, poires fondantes, et de bonnes variétés,
qui se
sont propagées abondamment ; de sorte
qu’aujourd’hui, il y a de belles récoles
dans
certaines années.
Ce fut pendant un certain temps la richesse du pays, et l’on
doit
cela aux anciens Bénédictins de
Jumièges. Eux ont
disparu, mais les espèces de fruits ont resté en
souvenir, et ce, avec les ruines de leur ancienne abbaye.
C’étaient eux qui avait apporté au pays
la vigne,
les pêches et les abricots ; ils ont même
cultivé la
vigne à Jumièges et au Mesnil et le vin passait
pourêtre assez bon, surtout celui de Conihout.
C’est aussi au Religieux de Jumièges
qu’est dû
l’établissement du marché de Duclair,
le mardi de
chaque semaine, il y aura le 28 aoît prochain sept cents ans
qu’il est établi.

Autre notice :
Jumièges a eu des famines affreuses en 1538, 1197, 1417 et
en
1789 le boisseau de blé se vendait cette
année-là
au marché de Duclair, le 30 juin, 40 livres, ce qui ferait
80 la
mine. A ce prix, combien de monde sans pain. L’on voyait des
bandes affamées dans les champs cueillir des herbes pour
manger.
Cela ne devait pas valoir mieux qu’aujourd’hui la
sciure de
bois, le blanc d’Espagne etc., etc. et autres
mauvaises
choses employées à fabriquer le pain.
Puisque nous parlons du pain, un mot : en 1867, au marché de
Duclair, le blé valait 33 à 34 fr. le quintal, le
pain 2
fr. 50 à 2 fr. 60 la douzaine. En 1896, le 20 octobre, le
blé valait de 16 à 18 fr. le quintal et le pain 1
fr. 50
la douzaine, le blé valait moitié moins, mais le
pain lui
n’était pas diminué de
moitié ; car la
moitié aurait été de 1 fr. 25
à 1 fr. 30,
donc diminution au préjudice du cultivateur seul.
Manifestement, notre agriculteur vient de lire l'Histoire de l'abbaye de Jumièges, publié par Julien Loth. Qui était-il, ce paysan lettré ? Sever Boutard ?...