39-40. A nouveau la guerre. A nouveau les hommes qui partent. Comme l’abbé Coupel, rappelé sous les drapeaux. L’abbé Coupel qui, en juin 40, se distingue. Il est de passage avec d’autres soldats dans la ville d’Evreux qui, une semaine durant, va être la proie des flammes. Le curé de Jumièges est remarqué dans sa bravoure à combattre le sinistre.

La mort mystérieuse de Georges Jamet

Il travaillait aux chantiers du Trait et avait 33 ans. Le 3 août 1940, en fin de journée, il sor du café de l'Eglise, à Yainville. Parvenu à hauteur du portail des Zoaques, il est renversé par une voiture qui ne s'arrête pas. Et décéda le lendemain à l'Hôtel-Dieu de Rouen. Les Allemands certifièrent qu'aucun de leurs véhicules n'était en cause. Alors qui avait bien pu renverser Georges Jamet ? Les voitures étaient peu nombreuses à l'époque. La veuve de la victime dut faire mille métiers pour élever ses cinq enfants : des ménages, des lessives, le ramassage des haricots. Longtemps après, quelqu'un voulut faire des révélations sur cette affaire. La mort ne lui en laissa pas le temps.

1940, c'est aussi l'année où, au Mesnil, un projet de drainage du marais évalué à 37.000 F est rejeté.

Durant la guerre, les Allemands occuperont notamment l'abbaye et l'ancien manoir de Sacha  Guitry, à Yainville.

1941. 26 août : M. Rage est nommé cantonnier au Mesnil.

1942. 14 mars : le ravitaillement est difficile. Au Mesnil, on demande à la Kommandantur un permis de circuler sur la commune.

1943. 9 août : face aux bombardements sur la ville du Havre, on recense les logements au Mesnil pour accueillir 480 réfugiés au cas où la cité portuaire venait à être évacuée...

1944. Avril : toute bête réquisitionnée au marais du Mesnil pourra être remplacée sans taxe.

Juillet 1944: deux maquisards parviennent à désarmer quatre Allemands. Quatorze prisonniers seront remis aux Alliés. Des embuscades sont tendues, des battues organisées en forêt avec les gendarmes du Trait. Une femme sera tondue à la mairie après un sommaire procès devant une vingtaine de personnes.

Novembre 44: Lionel Lemoine est nommé maire du Mesnil où l'on loue pour 15 ans aux carrières Drouard cinq hectares à raison de 3F le m3.

1er décembre 1944: Charles Guillemot-Treffainguy est nommé officiellement maire.

1945. 19 janvier : Lionel Lemoine est élu maire du Mesnil.

Mars 45 verra la nomination de Nicolas Pruvost comme insituteur du Mesnil en remplacement de M. Hequet.

13 mars 1945: Estor Cadinot élu maire de Jumièges. Mandat record car, le 19 mai, Georges Boutard lui succède. Entre temps, le 13, Louis Duparc a été élu maire du Mesnil.

Le canton aura un conseiller général SFIO : Raymond Brétéché, le maire du Trait.

1946: Conservation des hautes murailles de Notre-Dame et certaines parties de Saint-Pierre.


Douce enfance

1947: l'Etat devient propriétaire des ruines. 1er mai: on donne une revue intitulée Jumièges en Chine.  Y participent Mlles Yvette Couroyer, Janine Lafosse, Hélène Chambry, Jacqueline Plichon, Lucienne Lamy, Etiennette Martin, Madeleine Grain, Odette Chambry, Mme Gilberte Goule (la comère), Robert Chouard (le compère), Jean Dorival, Alex Lenoir, Jacques Coupez, Claude Houssais, Claude Deuil, Michel Blondel, Jacques Canu, Jean Havard...

Gisèle Vestu se souvient de ces années qui suivirent la Libération.  Avec ses animations à l'hôtel Grèverie, l'ancien hôtel Littré. "Cinéma le jeudi soir. Une dame Léon Grain, de Yainville, était assistante. Théâtre: un certain Alex Lenoir animait un groupe de jeunes qui se produisaient le dimanche. Une revue connut un cetain succès: "Oui, c'est à l'hôtel des ruines, où l'on s'enva, ça s'devine..." 

"Il y avait des bals réguliers animés par Claude Deuil, Claude Lemire, actuellement accordéoniste dans la compagnie Nicollet. La salle de l'auberge servait de salle des fêtes pour certaines occasions. Elle servit même de salle de classe..." On y donnera des spectacles jusque dans les années 60.

31 octobre 47: réélection de Georges Boutard.

Crime dans la plaine de Yainville !
Un jour, Monsieur Chambry découvrit un cadavre dans les sablières du Mesnil, l'actuel parking du golf. L'endroit tenait lieu de décharge publique et était très fréquenté. Les soldats américains y jetaient des trésors aux yeux des enfants.  Que faisait là ce corps? Sombre histoire. L'épouse d'un garçon du pays avait pris pour amant un gars "en déplacement" comme on dit. Brave type. Mais qui va devenir un assassin. Alors que les deux hommes sont en voiture, dans la plaine de Yainville, il demande au mari trompé d'arrêter un instant le véhicule. Le temps de satisfaire à un besoin naturel. Il fait discrètement le tour du véhicule. Et tue son rival. Au procès, la thèse d'un crime commandité par l'épouse est développée. Mais cette fille d'un notable de Duclair ne sera pas inquiétée.  Le père de la victime était quant à lui l'un des meilleurs amis de mon père. Jamais il ne m'en a touché un mot...


1948:  Remise en état des ruines de la chapelle orientale de la grande église et du chœur de l'église Saint-Pierre.

1949: Jean Martine, agriculteur de 19 ans, se classe premier coureur de Seine-Maritime aux journées sportives de Dieppe. Préservation des fragments de voûtes du grand cellier.

Le 6 octobre 49, au Mesnil, Denise Morel est nommée institutrice.

1951: restauration sur deux ans de la tour occidentale sud. C’est dans ces années 50 que 37 panneaux de chêne originaires de Jumièges, the cloisters, sont exposés au Metropolitan museun de New-York.

1952. Décès de Détienne, l’ancien gardien de l’abbaye.

1953. Le 7 mai 1953, Henri Lefrançois est élu maire de Jumièges. 1953, c’est aussi la sauvegarde de l'angle N.-E. de la porterie primitive. Protection du tracé du chœur roman de Notre-Dame. Déblaiement, à la sacristie, des reliques dont on retrouve des fragments de dallage. Réfection du sol de la salle capitulaire.

1954: Claude Deuil est nommé lieutenant et chef des pompiers. Jusqu'à la dissolution du corps qui interviendra le 1er mars 1972. Aménagement du musée lapidaire à l'abbatiale. L'abbé Maurice publie en réplique à Emile Savalle, près de cent ans plus tôt, L'abbatiale de Jumièges, quels furent les vrais responsables de sa destruction.

Cette même année, la bibliothèque de Rouen donne une exposition sur Jumièges.

Alphonse Callais entouré ici de Raymonde et Marie-Louise Mainberte.

11 juin 1954 : notre cousin Alphonse Callais est élu maire de Jumièges.

 7 Décembre 1954. Le navire charbonnier "Capitaine-Saint-Martin" de l'Union industrielle et maritime  montait à Rouen lorsqu'il a été abordé par tribord arrière à hauteur d'Heurteauville par une péniche anglaise qu'il venait de dépasser. Sous la violence du choc, la péniche "Virtus-IV" chavira sous son étrave. Les occupants de la péniche moururent noyés (père, mère et enfants) le seul rescapé fut le matelot. Les corps furent transportés au local des sapeurs-pompiers de Jumièges.

1955 : Le 18 janvier 1955, la Seine-Inférieure devient la Seine-Maritime. En ces années-là, Pierre-René Wolf, le patron de Paris-Normandie, vient souvent déjeuner sous les murs lambrissés du père Shmidt,  à l'hôtel du Parc de Duclair.  En compagnie d'Armand Salacrou.

Un vieux cultivateur de Jumièges, auquel je dois plus d'un renseignement précieux, me racontait qu'il avait été, dans sa jeunesse, envoyé par sa femme en pèlerinage à St-Antoine-du-Feu, dans la petite église de Rançon, commune de St-Wandrille. Il ne niait pas avoir été guéri de ses « dartres savonneuses » par le saint étranger, mais il ajoutait : « ma femme y croyait parce qu'elle était de ce pays-là ; mais pas moi. On ne croit jamais qu'aux saints de chez soi ! »

Gorce-Mortier, 1960, Histoire générale des religions

1963. Dans la nuit du 7 au 8 octobre, un bateau de navigation intérieure l'automoteur Gajak-II remontait  la Seine venant de Tancarville pour gagner Jumièges précédant le navire Benoick qui remontait sur Rouen. Un peu en amont de Caudebec, la visibilité devenant moins bonne, le marinier décida de virer de bord pour accoster. C'est durant cette manœuvre, non signalée semble-t-il, par l'automoteur, que la collision eut lieu. Le Cajak-II coula pendant que les deux hommes d'équipage, le père et le fils, réussissaient à se sauver. L'enquête en cours déterminera les responsabilités..

Dimanche 12 juillet 1964. C’est l’installation officielle de l’abbé Luc Leblond. Au premier rang de l’assistance, les maires des trois communes sont là. MM Callais, Passerel et Duparc. A leurs côtés : leurs homologues des paroisses qui dépendaient jusque là de l’abbé Leblond : Ouville-la-Rivière, Longueil et Saint-Denis-d’Aclon. On note encore la présence du chanoine Christophe, doyen de Duclair, des prêtres des communes environnantes comme les abbés Hallegoët et Couillet qui avaient assuré l’intérim.
Selon le cérémonial, Alphonse Callais remet les clef de l’église de Jumièges à son nouveau pasteur avec un mot de bienvenue. La procession s’engouffre dans la nef. L’abbé Leblond prend ses fonctions en se rendant au tabernacle, aux fonts baptismaux, au clocher et au confessionnal. Le chanoine Christophe monte en chaire et retrace le parcours du prêtre brayon, ordonné en 1938 et nommé à Sainte-Madeleine de Rouen. De 1943 à 1956, on le retrouve aumônier de l’hospice général. Puis curé d’Ouville.
A son tour l’abbé Leblond monte en chaire. Remerciements.  Vœux d’un long sacerdoce dans la presqu’île. Il rappelle aussi les 26 années passées à cette charge par l’abbé Coupel. Vatican II encourage la collaboration entre clergé et laïques. Qu’il en soit de même ici à travers tous les organismes existants ou à développer.
La cérémonie religieuse s’achève. On se rend au presbytère, tout juste rénové par la municipalité, pour un vin d’honneur.

1966. Tournage de "Meurtre dans la cathédrale" de Jean Deschamps à Jumièges le 13 mai 1966.

1969. Mai  : campagne pour les présidentielles. Des inscriptions sont peintes au sol dans la traversée du Trait

19 août 1969. Une 403 dévale dans la Seine à la cale du bac de Port-Jumièges. Ses occupants achetaient des prunes....

1974 : Charles Carré, élu de Varengeville, ancien directeur de l’école d’agriculture de Duclair est le conseiller général.

1976 : le musée victime d’un incendie.

1977. 26 mars  : André Fressard maire de Jumièges.

1983. 19 mars : Roland Maillet maire de Jumièges.

1992 : Bernard Léger, maire de Varengeville, élu conseiller général en mars.        

1995. 23 juin  : Jean-René Le Ru maire de Jumièges.

2001: Joëlle Tétard est la première femme élue maire de Jumièges.

2008: élection de Jean Dupont le 16 mars.
 

Voilà. nous avons traversé les siècles avec mes ancêtre. Aujourd'hui, alors que le nom s'est transmis ici pendant plus de 800 ans, plus personne ne s'appelle Mainberte dans la presqu'île de Jumièges. En novembre 2005, le bulletin municipal posa cette question dans ses colonnes: "Quelle est l'une des plus vieilles familles de Jumièges honorée ce jour par le nom d'une rue?" Dans le numéro suivant, on donna la réponse : "La famille Mainberte !" J'avoue que ces quelques lignes m'allèrent droit au cœur…


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